Religion bahá'íe

La proclamation de Bahá'u'lláh

La proclamation de Bahá'u'lláh
Auteur: Bahá'u'lláh (révélation 1865-68)
Edition : MEB 1983 - ISBN 0877430640

Table des matières

Préface
Introduction
1. Appel aux rois et dirigeants du monde
2. Appel à l'empereur Napoléon III
3. Appel au Tsar Alexandre II
4. Appel à la reine Victoria
5. Appel au Kaiser Guillaume Ier
6. Appel à l'Empereur François-Joseph
7. Appel au Sultan Abdu'l-Aziz
8. Appel à Nasiri'd-Din Shah
9. Appel aux Dirigeants d'Amérique
10. Appel aux représentants élus des peuples
11. Appel aux chefs religieux du monde
12. Appel au Pape Pie IX
13. Appel au Clergé et aux fidèles des différentes religions
14. La grande proclamation à l'humanité

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[nota : voir aussi l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées » contenant d'autres tablettes saintes envoyées aux rois et dirigeants du monde :
- Sourate du Temple
- SÚRIY-I-RA’ÍS
- LAWH-I-RA’ÍS
- LAWH-I-FU’AD
- SÚRIY-I-MULÚK]


Préface

"Nous ne désirons que le bien du monde et le bonheur des nations; pourtant on nous considère comme un élément de désordre et de sédition méritant la captivité et le bannissement... Que toutes les nations deviennent une dans la foi et que tous les hommes soient des frères; que les liens d'affection et d'unité entre les enfants des hommes soient fortifiés; que la diversité des religions cesse et que les différences de race soient abolies; quel mal y a-t-il en cela ?... Cela sera malgré tout ! Ces luttes stériles, ces guerres ruineuses passeront, et la paix suprême viendra... Pourtant Nous voyons vos rois et vos dirigeants prodiguer plus facilement leurs trésors à des fins destructrices de la race humaine, qu'à les consacrer au bonheur de l'humanité... Ces luttes, ces massacres et ces discordes doivent cesser et tous les hommes doivent être comme les membres d'une même famille... Que l'homme ne se glorifie pas d'aimer son pays, mais qu'il cherche plutôt sa gloire dans son amour du genre humain... "

Bahá'u'lláh
[nota : Bahá'u'lláh s'adressait ici au professeur Ed. G. Browne de l'Université de Cambridge, un orientaliste venu lui rendre visite dans la maison de Bahji à Akka en 1890]


Introduction

Il y a cent ans, Bahá'u'lláh, fondateur de la Foi bahá'íe s'adressa en termes clairs et indubitables aux rois, aux dirigeants du monde, à ses chefs religieux, et à tout le genre humain pour annoncer que l'époque longtemps promise de paix et de fraternité mondiales avait enfin vu le jour.

Lui-même, proclamait-il, était le porteur du nouveau message et du pouvoir de Dieu, appelés à transformer le régime d'antagonisme et d'inimitié régnant chez les hommes et créer dans l'esprit et la forme l'ordre mondial prédestiné. A cette époque la splendeur et les trophées des monarques étaient à la mesure de l'immense pouvoir qu'ils exerçaient, souvent de façon autocratique, sur la majeure partie de la terre. Exilé de sa Perse natale à cause de son enseignement religieux, Bahá'u'lláh était le prisonnier du tout-puissant et tyrannique Sultan de l'Empire ottoman. C'est en de telles circonstances qu'il s'adressa aux dirigeants du monde. Ses tablettes à certains rois et au pape, bien que délivrées à leur destinataire, furent ignorées ou rejetées; leurs sages conseils et leurs terribles avertissements passèrent inaperçus et il arriva qu'un des messagers fut même mis à mort après avoir été cruellement torturé. Observant ce vieux monde et le voyant "à la merci de dirigeants ivres d'orgueil au point de ne plus pouvoir discerner leur véritable intérêt" Bahá'u'lláh déclara: "Le conflit qui divise et afflige la race humaine grandit de jour en jour. Des signes de chaos et d'imminents bouleversements peuvent être à présent discernés, d'autant que l'ordre prévalant maintenant se révèle d'une lamentable insuffisance." Bien que dépeignant sous de sombres couleurs "le châtiment divin" qui doit assaillir la plupart des dirigeants et entraîner dans la ruine les peuples du monde, Bahá'u'lláh ne permet cependant aucun doute quant à l'issue finale. "Bientôt, affirme-t-il, le présent ordre de choses sera révolu et un nouvel ordre se déploiera à sa place. " Depuis l'ascension de Bahá'u'lláh en Terre Sainte, en 1892, le repli de l'ordre ancien est devenu un fait d'expérience quotidienne, et l'on ne discerne aucune atténuation de ce processus. L'essence de l'Ordre mondial de Bahá'u'lláh est l'unité de la race humaine.

"O vous enfants des hommes, écrit-il, le dessein fondamental animant la Foi de Dieu et sa Religion est de protéger les intérêts de la race humaine et de promouvoir son unité." Et il donne cet avertissement: "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité resteront inaccessibles tant que son unité ne sera pas fermement établie." Atteindre cette unité, tel est l'objet de la mission de Bahá'u'lláh ainsi que le but de toute activité bahá'íe. L'extrait suivant, tiré des écrits de Shoghi Effendi, arrière-petit-fils de Bahá'u'lláh et Gardien de la Foi bahá'íe, donne le schéma et la structure de cette unité. "L'unité de la race humaine telle que l'a envisagée Bahá'u'lláh implique l'établissement d'une Fédération universelle au sein de laquelle toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies; où l'autonomie des Etats membres, la liberté personnelle, ainsi que l'initiative des individus, seront complètement et pour toujours sauvegardées. Cette Fédération pour autant que nous puissions l'imaginer doit comporter un corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de toute l'humanité auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; ce corps édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un Exécutif mondial s'appuyant sur une Force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera les lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté tout entière. Un Tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends pouvant surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système.

Un mécanisme d'intercommunication mondiale sera établi en faveur de toute la planète; il sera affranchi de toutes pressions ou restrictions nationales et fonctionnera avec une merveilleuse rapidité et une parfaite régularité. Une métropole mondiale, foyer vers lequel convergeront toutes les forces unifiantes de la vie et d'où rayonneront ses influences vitalisantes, oeuvrera en tant que centre nerveux d'une civilisation mondiale. Une langue universelle inventée ou choisie entre celles existant déjà, sera enseignée dans toutes les écoles des nations fédérées comme auxiliaire de la langue maternelle. Une écriture universelle, une littérature universelle, un système universel de monnaie et de poids et mesures viendront simplifier et faciliter les relations et la compréhension parmi les nations et entre les groupes ethniques. Dans une telle société mondiale les deux grandes forces de la vie humaine, la science et la religion seront réconciliées, coopéreront et se développeront dans l'harmonie. La presse dans un tel système, tout en donnant libre champ à l'expression des vues et convictions diversifiées du genre humain, cessera d'être pernicieusement manipulée par des droits acquis, privés ou publies et sera libérée de l'influence de gouvernements et de peuples en litige. Les ressources économiques du monde seront contrôlées, ses sources de matières premières seront captées et pleinement utilisées, ses marchés coordonnés et développés, et la distribution de ses produits équitablement réglée. Rivalités, haines et intrigues cesseront entre nations; animosités et préjugés raciaux feront place à l'amitié, à la coopération et à la compréhension réciproque. Les causes de confit religieux seront à jamais écartées, les barrières et restrictions économiques complètement abolies, et l'écart démesuré entre classes aura disparu. Le dénuement d'une part, et une forte accumulation de biens en un petit nombre de mains d'autre part, disparaîtront.

Les immenses énergies dissipées et gâchées pour la guerre économique ou politique seront consacrées à étendre la portée des inventions et du développement technique, à accroître la productivité de l'humanité, à exterminer la maladie, à promouvoir les recherches scientifiques, à relever le niveau de la santé physique, à rendre le cerveau humain plus aigu et subtil, à exploiter les ressources de la planète jusque-là inemployées et insoupçonnées, à prolonger la vie humaine, et à développer tout autre moyen propre à stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière. Un système fédéral mondial régissant la terre entière et exerçant sur ses ressources d'une inimaginable ampleur une autorité à l'abri de toute discussion; incorporant et alliant les idéaux de l'orient et de l'occident; affranchi des malédictions de la guerre et de ses misères; veillant à l'exploitation de toutes les sources d'énergie disponibles sur toute la surface de la planète, un système dans lequel la force sera mise au service du droit et dont la vie sera soutenue par la reconnaissance universelle d'un seul Dieu et par la fidélité à une Révélation commune, tel est le but vers lequel les forces unifiantes de la vie poussent l'humanité." Le message de Bahá'u'lláh est un message d'espoir, d'amour et de reconstruction pratique. Nous recevons aujourd'hui les navrants contrecoups du rejet, par nos aïeux, de son appel divin. Mais il y a maintenant de nouveaux dirigeants et de nouvelles générations qui, par chance, entendront cet appel et qui éviteront ou tempéreront la rigueur d'une imminente catastrophe. C'est dans cet espoir et en le tenant pour un devoir sacré, que la Maison Universelle de Justice, organisme international gouvernant la Foi bahá'íe, proclame à nouveau par la publication de ces extraits choisis, l'essence de ce puissant appel d'il y a un siècle.

Dans le même espoir, la même croyance, les bahá'ís du monde entier feront de leur mieux, pendant cette période du centenaire (1968), pour attirer l'attention de leurs contemporains sur l'action rédemptrice de cette nouvelle effusion d'amour et d'impulsion divine. Nous croyons que leurs efforts ne seront pas vains.

Haifa 1967


1. Appel aux rois et dirigeants du monde

(1.1)
O rois de la terre ! Celui qui est le souverain Seigneur de tous est venu. Le royaume est à Dieu, l'omnipotent protecteur, l'Etre subsistant par Lui-même. N'adorez que Dieu et, d'un coeur rayonnant de joie, levez vos visages vers votre Seigneur, le Seigneur de tous les noms.

(1.2)
Voici une Révélation à laquelle tout ce que vous posséderiez ne pourra jamais se comparer puissiez-vous le savoir.

(1.3)
Nous vous voyons vous réjouir de ce que vous avez amassé aux dépens d'autrui, et vous exclure vous-mêmes des mondes que rien, sauf ma Tablette préservée, ne pourrait dénombrer.

(1.4)
Les trésors que vous avez accumulés vous ont détournés de votre but ultime. Cela ne vous sied pas, puissiez-vous le comprendre.

(1.5)
Purifiez vos coeurs de toutes souillures terrestres et hâtez-vous d'entrer au royaume de votre Seigneur, le créateur de la terre et du ciel, qui a fait trembler le monde et gémir tous ses peuples, excepté ceux qui ont renoncé à tout et se sont attachés à ce qu'ordonnait la Tablette cachée...

(1.6)
O rois de la terre ! En cet endroit, sur cette scène de splendeur transcendante, a été révélée la plus grande Loi.

(1.7)
Toute chose cachée fut mise en lumière en raison de la volonté du Maître suprême, celui qui inaugura l'heure dernière, par qui la lune fut fendue, et par qui fut exprimé chaque irrévocable décret.

(1.8)
Vous n'êtes que des vassaux, ô rois de la terre ! Celui qui est le roi des rois est apparu, paré de sa Gloire la plus merveilleuse, et il vous appelle à lui, le Protecteur dans le danger, l'Etre subsistant par lui-même.

(1.9)
Prenez garde que l'orgueil ne vous empêche de reconnaître la source de la Révélation et que les choses de ce monde ne vous séparent comme par un voile, de celui qui est le désir de toutes les nations, celui qui est le créateur du ciel, celui qui vous a créés d'une de ses paroles et vous a destinés à être, de tout temps, les emblèmes de sa souveraineté.

(1.10)
Par la Justice de Dieu ! Nous n'avons pas l'intention de mettre la main sur vos royaumes. Notre mission est de nous emparer des coeurs des hommes et de les garder. Sur eux sont fixés les regards de Bahá. De ceci le royaume des noms porte témoignage, puissiez-vous le comprendre.

(1.11)
Quiconque suit son Seigneur renoncera au monde et à tout ce qu'il contient; combien plus grand encore doit être alors le détachement de celui qui occupe un rang si auguste !

(1.12)
Délaissez vos palais et hâtez-vous d'obtenir l'accès à son royaume. Cela en vérité vous sera profitable à la fois en ce monde et dans l'autre; le Seigneur du royaume d'en-haut s'en porte garant, puissiez-vous seulement le savoir.

(1.13)
Combien grande est la bénédiction réservée au roi qui se lèvera pour servir ma cause en mon royaume et se détachera de tout autre que moi !

(1.14)
Un tel roi sera rangé parmi les compagnons de l'Arche pourpre que Dieu a préparée pour le peuple de Bahá.

(1.15)
Tous devront glorifier son nom, révérer son rang, et l'aider à ouvrir les portes des cités par la clé de mon nom, l'omnipotent Protecteur de tous les habitants des royaumes visibles et invisibles.

(1.16)
Un tel roi sera l'oeil même de l'humanité, la lumineuse parure au front de la création, la source de bénédictions pour le monde entier.

(1.17)
O peuple de Bahá, faites-lui l'offrande de vos biens, que dis-je, de vos vies mêmes pour l'assister.

(1.18)
Nous ne vous avons rien demandé. C'est en vérité pour l'amour de Dieu que Nous vous exhortons, et Nous prendrons patience comme Nous l'avons fait dans tout ce que Nous avons enduré de votre part, ô assemblée de rois.

(1.19)
O rois de la terre ! Prêtez l'oreille à la voix de Dieu, qui vous appelle de cet arbre sublime et chargé de fruits, jailli de la Colline pourpre sur la sainte plaine, et qui proclame: "Il n'est pas d'autre Dieu que Lui, le Puissant, l'Omnipotent, le Très-Sage."

(1.20)
Craignez Dieu, ô assemblée de rois et ne vous laissez pas priver de cette très sublime grâce. Aussi rejetez loin de vous ce que vous possédez et tenez-vous fermement à la corde de Dieu, le Très-Haut, le Grand.

(1.21)
Tournez vos coeurs vers la face de Dieu, abandonnez ce que vos désirs vous poussaient à rechercher et ne soyez pas de ceux qui périssent.

(1.22)
Conte-leur, ô serviteur, l'histoire d'Ali (le Bab) qui vint à eux avec sincérité, apportant son glorieux et puissant livre et tenant en ses mains une preuve et un témoignage de Dieu ainsi que ses signes bénis et sacrés.

(1.23)
Malgré cela, ô rois, vous n'avez pas su prêter attention au souvenir de Dieu en ses jours ni vous laisser guider par les lumières qui se levèrent pour briller sur l'horizon d'un ciel resplendissant. Vous n'avez pas examiné sa cause alors que cela eut mieux valu pour vous que posséder tout ce qu'éclaire le soleil, puissiez-vous en prendre conscience.

(1.24)
Vous êtes restés indifférents jusqu'à ce que les prêtres de la Perse, ces êtres cruels, rendent leur sentence contre lui et l'immolent injustement.

(1.25)
Son esprit s'éleva vers Dieu, et cette cruauté arracha des larmes douloureuses aux habitants du paradis et aux anges qui sont près de Dieu.

(1.26)
Gardez-vous à l'avenir d'être aussi négligents que dans le passé. Retournez donc vers Dieu, votre créateur, et ne soyez pas parmi les insouciants...

(1.27)
Ma face a rejeté ses voiles et a projeté son éclat sur tout ce qui est dans le ciel et sur terre; et pourtant, bien que vous fussiez créés pour Lui, vous ne vous êtes pas tournés vers Lui, ô assemblée de rois !

(1.28)
Suivez donc mes conseils, écoutez-les de tout votre coeur et ne soyez pas de ceux qui détournent la tête. Car votre gloire ne consiste pas en votre souveraineté mais bien en votre proximité de Dieu et en votre observance de son commandement tel qu'il fut envoyé dans ses saintes Tablettes préservées.

(1.29)
Si l'un quelconque d'entre vous régnait sur toute la terre et sur tout ce qu'elle renferme et montre à sa surface: ses mers, ses continents, ses montagnes et ses plaines, mais que Dieu ne se souvînt pas de lui, tout cela ne lui serait d'aucun profit, si seulement vous pouviez le savoir...

(1.30)
Levez-vous donc, affermissez vos pas et, vous repentant de vos manquements, dirigez-vous vers sa sainte cour, sur le rivage de son puissant océan, afin que vous soient révélées les perles de savoir et de sagesse que Dieu a mises en réserve dans la nacre de son coeur rayonnant...

(1.31)
Gardez-vous d'empêcher la brise de Dieu de souffler sur vos coeurs, cette brise qui peut ranimer les coeurs de ceux qui se sont tournés vers Lui...

(1.32)
Gardez-vous de traiter injustement qui en appelle à vous et s'en remet à votre protection. Marchez dans la crainte de Dieu et soyez de ceux qui mènent une vie pieuse. Ne vous reposez pas sur votre pouvoir, vos armées et vos trésors.

(1.33)
Placez tout votre espoir et toute votre confiance en Dieu qui vous a créés et recherchez son aide en toutes vos affaires. Le secours ne vient que de Lui. Il l'accorde à qui Il veut, à l'aide des armées du ciel et de la terre.

(1.34)
Sachez que les pauvres sont un dépôt que Dieu a placé parmi vous. Veillez à ne pas trahir sa confiance en les traitant injustement et à ne pas marcher dans la voie des félons.

(1.35)
Vous serez certainement appelés à rendre compte de ce dépôt le jour où sera dressée la balance de la Justice, où chacun recevra ce qui lui est dû, et où seront pesés les actes de tous, riches ou pauvres.

(1.36)
Si vous ne prenez pas garde aux avis qu'en un clair et incomparable langage Nous avons révélés dans cette Tablette, le châtiment de Dieu vous assaillira de toutes parts, et la sentence de sa Justice sera prononcée contre vous. Ce Jour-là vous n'aurez aucun moyen de Lui résister et vous connaîtrez votre impuissance.

(1.37)
Ayez pitié de vous-mêmes et de vos sujets. Jugez entre eux d'après les instructions prescrites par Dieu dans sa sublime et très sainte Tablette, où Il assigna à toutes choses et à chacune sa limite fixée et donna une claire explication de toutes choses, Tablette qui est, par elle-même, un avertissement pour ceux qui croient en Lui.

(1.38)
Examinez notre cause, informez-vous de ce qui Nous est arrivé, décidez avec justice entre Nous et nos ennemis et soyez de ceux qui agissent équitablement envers leur prochain.

(1.39)
Si vous n'arrêtez pas la main de l'oppresseur, si vous ne faites rien pour sauvegarder les droits des opprimés, quel droit aurez-vous donc à vous vanter devant les hommes ? De quoi au juste pourrez-vous être fiers ?

(1.40)
Vous ferez-vous gloire de ce que vous mangez et buvez, des richesses que vous avez amassées dans vos coffres et de la variété des ornements dont vous vous couvrez ?

(1.41)
Si la vraie gloire consistait en la possession de ces choses périssables, la terre sur laquelle vous marchez devrait alors se vanter de vous être supérieure car c'est elle qui, par un décret du Tout-Puissant, vous procure et vous donne tous ces biens.

(1.42)
Elle contient dans ses entrailles, selon ce que Dieu a ordonné, tout ce que vous possédez; d'elle, en signe de Sa miséricorde, vous tirez vos richesses.

(1.43)
Voyez donc quelle est votre condition et de quoi vous vous glorifiez. Et puissiez-vous en prendre conscience !

(1.44)
Certes - par Celui qui tient dans sa main le royaume tout entier de la création - votre gloire vraie et durable ne réside que dans votre ferme attachement aux préceptes de Dieu, dans votre observation sincère de ses lois, votre résolution de veiller à leur application et de suivre avec conscience le droit chemin...

(1.45)
Vingt années se sont écoulées, ô rois, pendant lesquelles Nous avons connu chaque jour l'agonie d'une nouvelle tribulation. Nul de ceux qui nous ont précédés n'a enduré ce que Nous avons supporté. Puissiez-vous en prendre conscience !

(1.46)
Ceux qui se sont levés contre Nous, Nous ont mis à mort, ils ont répandu notre sang, pillé nos biens et violé notre honneur. Encore qu'informés de la plupart de nos malheurs, vous n'avez toutefois pas arrêté la main de l'agresseur.

(1.47)
N'est-ce pourtant pas votre devoir évident de refréner la tyrannie de l'oppresseur et de traiter équitablement vos sujets, afin de montrer pleinement à l'humanité que vous avez un sentiment élevé de la Justice ?

(1.48)
Dieu a placé entre vos mains les rênes du gouvernement du peuple pour que vous le gouverniez avec justice, que vous sauvegardiez les droits des opprimés et que vous punissiez les fauteurs d'injustice.

(1.49)
Si vous négligez les devoirs que Dieu vous a prescrits dans son Livre, vos noms figureront parmi ceux qu'Il juge injustes; grave serait assurément votre erreur.

(1.50)
Pour vous attacher à ce qu'ont tramé vos imaginations, rejetterez-vous les commandements de Dieu, le Plus Elevé, l'Inaccessible, l'Irrésistible, le Tout-Puissant ? Rejetez plutôt ce que vous possédez pour vous attacher à ce que Dieu vous a ordonné d'observer. Cherchez sa grâce, car celui qui la cherche foule son droit sentier...

(1.51)
Le jour approche où Dieu exaltera sa cause et magnifiera son témoignage aux yeux de tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre.

(1.52)
En toutes circonstances, mets toute ta confiance en ton Seigneur fixe ton regard sur Lui et détourne-toi de ceux qui répudient sa vérité. Que Dieu, ton Seigneur, soit ta seule aide et ton unique secours.

(1.53)
Nous nous sommes engagés à assurer Ton triomphe sur la terre et à exalter notre cause au-dessus de tous les hommes, encore qu'aucun roi ne se soit trouvé qui veuille se tourner vers Toi...

(1.54)
O Rois de la terre ! Nous vous voyons accroître chaque année vos dépenses et en faire peser le fardeau sur vos sujets. Cela est, sans conteste, une totale et lourde injustice.

(1.55)
Craignez les soupirs et les larmes de cet opprimé et ne chargez pas vos peuples de fardeaux abusifs. Ne les dépouillez pas, pour vous construire des palais; et même, choisissez pour eux ce que vous choisiriez pour vous. Nous vous exposons ainsi ce qui vous sera profitable, le puissiez-vous comprendre.

(1.56)
Vos peuples sont vos trésors. Prenez garde de violer, par vos lois, les commandements de Dieu en livrant aux voleurs ceux dont vous avez la garde. C'est par eux que vous régnez et que votre subsistance est assurée, et c'est avec leur aide que vous faites des conquêtes. Et cependant avec quel dédain vous les considérez. Etrange, très étrange en vérité !

(1.57)
Mais puisque vous avez refusé la Très Grande Paix, attachez-vous du moins à celle-ci: la Moindre Paix, qui vous permettra quand même d'améliorer quelque peu votre propre condition et celle de vos sujets.

(1.58)
O Souverains de la terre ! Réconciliez-vous afin de n'avoir à vous armer que dans la mesure nécessaire à la défense de vos territoires et de vos empires. Gardez-vous de négliger le conseil de celui qui est l'Omniscient, le Fidèle.

(1.59)
Soyez unis, ô rois de la terre, car ainsi la tempête de la discorde s'apaisera parmi vous et vos peuples trouveront le repos, si vous êtes de ceux qui comprennent.

(1.60)
Si l'un d'entre vous prenait les armes contre un autre, levez-vous tous contre lui, car ce ne sera là que justice manifeste.

(1.61)
Le seul vrai Dieu, exaltée soit sa gloire, a toujours considéré et continuera de considérer les coeurs des hommes comme son bien propre et exclusif. Tout le reste, soit venant de la terre ou des mers, soit richesses, soit gloire, Il l'a légué aux rois et dirigeants de la terre.

(1.62)
Depuis le commencement qui n'a pas de commencement, l'étendard qui proclame: "Il fait ce qu'il veut" a toujours été déployé dans toute sa splendeur devant sa manifestation.

(1.63)
Ce dont l'humanité a besoin en ce jour, c'est l'obéissance à ceux qui détiennent l'autorité et l'attachement sincère à la corde de la sagesse.

(1.64)
Les instruments essentiels à l'immédiate protection de la race humaine, à sa sûreté et à sa sécurité, sont détenus par les dirigeants de la société auxquels ils ont été confiés. Tel est le désir de Dieu, tel est son décret...

(1.65)
Nous caressons l'espoir qu'un des rois de la terre se lèvera pour l'amour de Dieu, afin de faire triompher ce peuple opprimé et persécuté. Ce roi sera à jamais glorifié et exalté.

(1.66)
Dieu a prescrit à ce peuple d'aider qui l'aidera, de servir au mieux les intérêts d'un tel roi et de lui témoigner un constant loyalisme.

(1.67)
Ceux qui Me suivent doivent donc s'efforcer, en toutes circonstances, de travailler à la prospérité de celui qui se lèvera pour le triomphe de ma Cause, et de lui prouver en tout temps, leur fidélité et leur dévouement.

(1.68)
Heureux l'homme qui écoute et observe mes conseils. Et malheur à qui néglige d'obéir à mon désir.


2. Appel à l'empereur Napoléon III

[nota : ce chapitre a été remplacé par la traduction plus récente et complète tirée de l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées »]

(2.1)
Ô roi de Paris [nota : il s’agit de la seconde épître adressée par Bahá’u’lláh à l’empereur des Français ; une première épître avait été révélée à Andrinople], dis aux prêtres de ne plus faire sonner les cloches. Par Dieu, le Vrai, celui qui est le plus grand Nom lance l’appel le plus puissant et les doigts de la volonté de ton Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime, le font résonner en son Nom au ciel d’immortalité. Ainsi, une fois encore descendent sur toi les versets puissants de ton Seigneur, afin que tu te lèves pour mentionner Dieu, le créateur de la terre et du ciel, en ces jours où gémissent tous les peuples de la terre, où sont ébranlées les colonnes des cités, et où la poussière de l’irréligion enveloppe tous les hommes sauf ceux qu’il a plu à Dieu, le Savant, le Sage, d’épargner. Dis : Celui qui est l’Inconditionné est venu, entouré de nuées de lumière, pour vivifier toutes choses créées par la brise de son Nom, le Très-Miséricordieux, pour unir le monde et pour rassembler tous les hommes autour de cette table descendue du ciel. Garde-toi de refuser la grâce de Dieu alors qu’il te l’a envoyée. Meilleure est-elle pour toi que tout ce que tu possèdes car disparaît ce qui est tien, alors que perdure ce qui est à Dieu. En vérité, il ordonne ce qui lui plaît. Oui, elles se lèvent les brises du pardon dispensées par ton Seigneur, le Dieu de miséricorde. Qui se tourne vers elles est purifié de ses péchés, de toute souffrance et de toute maladie. Heureux celui sur qui s’expose à ces brises et malheur à qui s’en protège.

(2.2)
Si tu tendais ton ouïe intérieure vers toutes choses créées, tu entendrais : « L’Ancien des Jours est apparu dans sa grande gloire ! » Tout célèbre la gloire du Seigneur. Certains ont connu Dieu et le mentionnent, d’autres le mentionnent sans le connaître. Aussi avons-nous consigné notre décret sur une tablette évidente.

(2.3)
Ô Souverain, écoute la voix du feu allumé dans cet arbre verdoyant, sur ce Sinaï élevé en ce lieu sacré et nivéen, par-delà la Cité éternelle : « Certes, il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Clément, le Très-Miséricordieux. » En vérité, nous envoyons celui que nous soutenons par le Saint-Esprit afin qu’il vous annonce cette Lumière qui brille de l’horizon de la volonté de votre Seigneur, le Sublime, le Très-Glorieux et dont les signes se manifestent en Occident. Tournez vos visages vers lui en ce jour que Dieu exalte au-dessus de tous les autres jours, et où le Très-Miséricordieux répand la splendeur de sa gloire rayonnante sur tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Lève-toi pour servir Dieu et soutenir sa cause. Il t’aidera vraiment par les armées du visible et de l’invisible et fera de toi le roi de tout ce qu’éclaire le soleil. Ton Seigneur est vraiment le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(2.4)
Les brises du Très-Miséricordieux soufflent sur toutes choses créées ; heureux l’homme qui découvre leur parfum et qui d’un coeur pur se dirige vers elles. Orne ton temple de la parure de mon Nom, ta parole de mon souvenir et ton coeur de ton amour pour moi, le Tout-Puissant, le Très-Haut. Nous ne désirons pour toi que le meilleur, meilleur que ce que tu possèdes et que tous les trésors de la terre. Ton Seigneur est réellement celui qui sait, il est informé de tout. Lève-toi en mon Nom parmi mes serviteurs et dis : « Ô peuples de la terre, tournez-vous vers celui qui se tourne vers vous. Il est en vérité le visage de Dieu parmi vous, son témoin et son guide pour vous. Il vient vers vous avec des signes qu’il est seul à présenter ». La voix du Buisson ardent retentit au centre du monde et le Saint-Esprit annonce aux nations : « Voyez ! Le Promis est venu avec un pouvoir évident. »

(2.5)
Ô Roi, elles sont tombées, les étoiles du ciel du savoir : celles qui cherchent à établir la vérité de ma cause par leurs propres moyens et font mention de Dieu en mon Nom. Et cependant quand je suis venu vers elles dans toute ma gloire, elles se sont détournées de moi. Elles sont, certes, parmi les déchues. Voilà ce que l’esprit de Dieu annonça quand il vint avec la vérité parmi vous, lui que les docteurs juifs contestèrent jusqu’à commettre ce qui provoqua les lamentations du Saint-Esprit et les larmes de ceux qui sont proches de Dieu. Pense à ce Pharisien qui adora Dieu pendant soixante-dix ans et rejeta le Fils lorsqu’il apparut alors que fut admis dans le Royaume quelqu’un qui avait commis l’adultère. Ainsi te conseille la Plume, selon l’ordre du Roi éternel, pour que tu saches ce qu’il advint dans le passé et que tu sois compté, en ce jour, parmi ceux qui croient sincèrement.

(2.6)
Dis : ô assemblée de moines, ne vous enfermez pas dans vos églises et vos cloîtres. Avec ma permission, sortez et travaillez à ce qui vous profitera et profitera aux autres. Ainsi vous ordonne celui qui est le Seigneur du jour de la résurrection. Enfermez-vous dans la forteresse de mon amour. Voici vraiment la réclusion qui vous convient si vous pouviez le savoir. Celui qui s’enferme chez lui est comme mort. Il convient à l’homme de produire ce qui bénéficie à l’humanité. Celui qui ne produit pas de fruit est destiné au feu. Ainsi vous conseille votre Seigneur. En vérité, il est le Fort, le Généreux. Mariez-vous afin que de vous naisse quelqu’un pour prendre votre place. Certes, nous interdisons la lubricité, mais pas ce qui favorise la fidélité. Etes-vous esclaves des inclinaisons de votre nature et rejetez-vous les lois de Dieu ? Craignez Dieu et ne soyez pas insensés. Si ce n’est l’homme, qui sur ma terre se souviendrait de moi, comment mes Noms et attributs pourraient-ils être connus ? Réfléchissez et ne soyez pas de ceux qui se cachent de lui derrière un voile et s’enfoncent rapidement dans le sommeil. Celui qui ne se maria pas [nota : Jésus] ne trouva aucune place pour demeurer ou pour poser sa tête à cause de ce qu’accomplirent les traîtres. Sa sainteté ne consistait pas en ce que vous pensez ou imaginez, mais plutôt en ce que nous possédons. Demandez à appréhender son rang qui est exalté au-dessus des imaginations vaines de tous les peuples. Bénis ceux qui comprennent.

(2.7)
Ô Roi ! Nous avons entendu la réponse que tu adressas au Tsar de Russie concernant ta décision au sujet de la guerre [nota : guerre de Crimée 1853-1856]. Certes, ton Seigneur sait, il est informé. Tu dis : « J’étais endormi sur ma couche et fus réveillé par les cris des malheureux qu’on noyait dans la Mer Noire. » Voilà ce que nous t’avons entendu dire, et ton Seigneur est vraiment le témoin de mes paroles. Nous affirmons que ce ne sont pas leurs cris qui t’ont réveillé mais l’aiguillon de tes propres passions, car nous t’avons mis à l’épreuve et nous t’avons pris en défaut. Comprends le sens de mes propos et sois perspicace. Nous ne souhaitons pas t’adresser de blâme en raison du haut rang que nous t’avons conféré en ce monde mortel. Nous préférons la courtoisie dont nous avons fait le signe distinctif de ceux qui sont proches de lui. La courtoisie est réellement le vêtement qui sied à tous les hommes, jeunes ou vieux. Heureux celui qui s’en pare et malheur à celui qui se prive de cette magnificence. Si ton discours avait été sincère, tu n’aurais pas rejeté le Livre de Dieu, lorsque le Tout-Puissant, le Très-Sage te l’a envoyé. Ainsi t’avons-nous éprouvé et nous ne t’avons pas trouvé tel que tu te prétendais. Lève-toi et fais amende honorable pour ce qui t’a échappé. Avant peu, le monde, et avec lui tout ce que tu possèdes, périra mais le Royaume appartiendra toujours à Dieu, ton Seigneur, le Seigneur de tes pères. Il ne te convient pas de gérer tes affaires selon les exigences de tes désirs. Redoute les soupirs de cet opprimé et protège-le contre les traits des fauteurs d’injustice.

(2.8)
Pour ce que tu as fait et en punition de ce que tu as tramé, ton empire s’échappera de tes mains et ton royaume sera jeté dans le chaos [nota : dans l’année, Napoléon III fut vaincu à la bataille de Sedan (1870) et envoyé en exil]. Tu comprendras alors à quel point tu t’es trompé. Dans ton pays, l’agitation s’emparera du peuple, à moins que tu ne te décides à soutenir cette cause et à suivre dans ce droit chemin celui qui est l’Esprit de Dieu. Ton faste t’a-t-il enorgueilli ? Par ma vie, il ne durera guère et s’évanouira bientôt, à moins que de ne pas renoncer à cette Corde solide. Nous voyons l’humiliation à tes trousses aussi longtemps que tu seras compté parmi ceux qui dorment profondément. Maintenant que tu entends voix venant du siège de gloire, il t’appartient d’abandonner tout ce que tu possèdes et de t’écrier : « Me voici, ô Seigneur de tout ce qui est au ciel et sur la terre. »

(2.9)
Ô, Roi, nous étions en Irak quand vint l’heure de la séparation [nota : lorsque Bahá’u’lláh reçut l’ordre de se rendre à Constantinople]. Sur l’ordre du roi de l’islam [nota : le sultan de Turquie], nous nous dirigeâmes vers son pays. Là, il nous advint de la part des méchants ce que les livres ne pourront jamais raconter, dont se lamentent sa les habitants du paradis et ceux qui demeurent dans les retraites sacrées ; et malgré cela, les gens sont toujours enveloppés d’un voile épais. Dis : Contestez-vous celui qui vient vers vous, porteur du seing de Dieu et de ses preuves, du témoignage de Dieu et de ses signes ? Ces choses ne sont pas de lui, mais de celui qui lui a ordonné de se lever, l’a envoyé avec le pouvoir de la vérité et en a fait une lampe pour l’humanité tout entière.

(2.10)
De jour en jour, que dis-je ! D’heure en heure, notre déplorable situation s’aggrava jusqu’à ce qu’on nous fit sortir de notre prison pour nous enfermer, avec une injustice flagrante, dans la plus grande Prison. Et si on leur demande : « Pour quels crimes les avez-vous emprisonnés ? », ils répondent : « Ils ont voulu remplacer la Foi par une nouvelle religion. » Si vous préférez ce qui est ancien, pourquoi avez-vous rejeté ce qui a été révélé dans la Torah ou dans l’Évangile. Soyez clairs, ô peuple ! Par ma vie ! Il n’y a pas de refuge pour vous en ce jour. Si tel est mon crime, Muhammad, l’apôtre de Dieu, l’a commis avant moi, et avant lui, celui qui est l’Esprit de Dieu, et encore avant, celui qui conversa avec Dieu. Si mon péché est d’avoir exalté la parole de Dieu et d’avoir révélé sa cause, alors je suis le plus grand des pécheurs. Un tel péché, je ne l’échangerai pas pour les royaumes du ciel et de la terre.

(2.11)
Dès notre arrivée dans cette prison, nous décidâmes d’adresser aux rois les messages de leur Seigneur, le Fort, le Loué. Bien que nous leur ayons transmis, en plusieurs épîtres, ce qui nous fut ordonné, nous le faisons une fois de plus en signe de la grâce de Dieu. Peut-être reconnaîtront-ils le Seigneur venu sur les nuages avec une souveraineté évidente.

(2.12)
À mesure que mes tribulations augmentaient, croissait mon amour pour Dieu et pour sa cause au point que ne pouvait me détourner de mon but tout ce qui m’advenait des mains des armées des récalcitrants. Me cacheraient-ils dans les profondeurs de la terre qu’ils me trouveraient chevauchant les nuages et lançant l’appel de Dieu, le Seigneur de force et de puissance. Je me suis offert en sacrifice dans le chemin de Dieu, et j’aspire aux tribulations dans mon amour pour lui et par égard à son bon plaisir. En témoignent les malheurs qui m’ont affligé et n’ont rien de comparable à ce que d’autres ont souffert. Chaque cheveu de ma tête fait retentir l’appel que le Buisson ardent a lancé sur le Sinaï et chaque veine de mon corps invoque Dieu en disant : « Puis-je mourir dans ton sentier pour que bouge monde et que s’unissent ses peuples ! ». Ainsi en a-t-il été décrété par celui qui est l’Omniscient, l’Informé.

(2.13)
Sachez que vos sujets sont un dépôt que Dieu vous a confié. Aussi, veillez sur eux comme sur vous-mêmes. Attention à ne pas laisser les loups devenir les bergers du troupeau, et que l’orgueil et la vanité ne vous empêche pas de vous) occuper des pauvres et des affligés. Si tu pouvais boire le vin mystique de la vie éternelle au calice des paroles de ton Seigneur, le Magnanime, tu serais capable d’abandonner tout ce que tu possèdes et de proclamer mon Nom à toute l’humanité. Purifie donc ton âme par les eaux du détachement. En vérité, il est le Souvenir qui luit au-dessus de l’horizon de la création, il lavera ton âme de la poussière du monde. Abandonne tes palais aux peuples des tombeaux et ton empire à qui le désire. Puis tourne-toi vers le Royaume. C’est cela que Dieu a vraiment choisi pour toi, si tu étais de ceux qui se tournent vers lui. Ils sont comme privés de vie ceux qui ont manqué de se tourner vers la face de Dieu en cette révélation. Ils agissent sous l’impulsion de leurs désirs égoïstes : en réalité, ils appartiennent aux morts. Mais si tu souhaites porter le poids de ta souveraineté, fais le pour venir en aide à la cause de ton Seigneur. Glorifié soit ce rang ! Celui qui y parvient reçoit toutes les faveurs que dispense l’Omniscient, le Très-Sage.

(2.14)
Lève-toi, en mon Nom, au-dessus de l’horizon du renoncement et au commandement de ton Seigneur, le Fort, le Puissant, tourne ta face vers le Royaume. Par le pouvoir de ma souveraineté, dresse-toi devant les habitants du monde et dis : « Ô peuple, le Jour est venu et les bénédictions de Dieu se répandent sur la création tout entière. Ceux qui se sont détournés de son visage sont les victimes impuissantes de leurs inclinations corrompues. Ils se sont vraiment égarés.»

(2.15)
Pare le corps de ton royaume du vêtement de mon Nom, et lève-toi pour enseigner ma cause. Cela vaut mieux pour toi que tout ce que tu possèdes. Alors Dieu exaltera ton nom devant tous les rois. Il a pouvoir sur toutes choses. Au nom de Dieu, avance parmi les hommes, et par son pouvoir et sa puissance, fais connaître ses signes aux peuples. Brûle de la flamme du feu éternel que le Magnanime a allumé au coeur de la création afin que, par toi, la chaleur de son amour réchauffe le coeur de ses élus. Suis mon chemin et ravis le coeur des hommes par le souvenir de moi, le Tout-Puissant, le Très-Exalté.

(2.16)
Dis : Celui qui, en ce jour, n’a pas diffusé les doux parfums du souvenir de son Seigneur est vraiment indigne du rang d’homme. En vérité, il appartient à ceux qui suivent leurs désirs et se trouvera avant peu dans un profond désarroi. Pouvez-vous vous réclamer de celui qui est le Dieu de miséricorde et commettre ce que commet le Malin ? Par la beauté du Très-Glorifié, cela ne se peut, si vous pouviez le savoir. Purifiez vos coeurs de l’attrait du monde, vos langues de la calomnie et vos membres de tout ce qui vous empêche d’approcher Dieu, le Fort, le Loué. Dis : Par le monde, on entend ce qui vous tient éloigné de celui qui est l’aurore de la révélation et vous incline vers ce qui ne vous profite en rien. En vérité, ce qui, en ce jour, vous tient à l’écart de Dieu, est essentiellement le l’amour du monde. Rejetez-le et approchez-vous de cette vision sublime, de ce siège lumineux et resplendissant. Béni est celui qui ne permet à rien de s’interposer entre lui et son Seigneur. Assurément, rien ne peut lui arriver s’il goûte avec justice aux avantages de ce monde car nous avons créé toutes choses pour ceux de nos serviteurs qui croient sincèrement en Dieu.

(2.17)
Ô peuple, si vos paroles diffèrent de vos actes, qu’est-ce qui vous différenciera de ceux qui, tout en professant leur foi en leur Seigneur, leur Dieu, le rejettent lorsqu’il vient vers eux, entouré des nuages et font montre d’orgueil devant Dieu, l’Incomparable, l’Omniscient ? Ne répandez le sang de personne, ô peuple, et ne portez de jugement injuste envers personne. Ainsi vous commande celui qui sait et connaît toute chose. Ceux qui sèment le désordre dans le pays lorsque l’ordre est bien établi, outrepassent les limites fixées dans le Livre. Misérable sera le séjour des transgresseurs !

(2.18)
Dieu prescrit à chacun d’enseigner sa cause. Qui se lève pour accomplir ce devoir doit, avant de proclamer son message, s’orner d’un caractère empreint de droiture et digne de louange pour que ses paroles captivent le coeur de ceux qui entendent son appel. Sans cela, il n’a aucun espoir d’influencer ses auditeurs. Ainsi vous en instruit Dieu. En vérité, il est le Magnanime, le Très-Compatissant.

(2.19)
Ceux qui exhortent les autres à pratiquer la justice, alors qu’eux-mêmes commettent des iniquités, sont accusés de fausseté en raison de ce que leur langue profère, par les habitants du Royaume et par ceux qui gravitent autour du trône de leur Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Ne faites pas, ô peuple, ce qui déshonore votre nom et la renommée de la cause parmi les hommes. Prenez garde de ne pas toucher à ce qu’abhorre votre raison. Craignez Dieu et ne suivez pas ceux qui s’égarent. Ne passez pas des accords trompeurs avec vos voisins. Soyez dignes de confiance sur la terre et ne privez pas les pauvres de ce que Dieu, dans sa bonté, vous a donné. En vérité, il vous gratifiera du double de ce que vous possédez. Il est vraiment le Dieu de toute bonté, le Munificent.

(2.20)
Dis : Nous ordonnons d’enseigner notre cause par le pouvoir de la parole. Prenez garde d’entrer en confrontation stérile avec quelqu’un. L’Esprit-Saint fortifiera celui qui se lève pour enseigner sa cause uniquement par amour de son Seigneur et lui inspirera ce qui illumine le coeur du monde et plus encore le coeur de ceux qui le cherche. Ö peuple de Bahá, partez à la conquête du coeur des hommes, armés de l’épée de la sagesse et des paroles. Un voile épais enveloppe vraiment ceux qui contestent, poussés par leurs désirs. Dis : L’épée de la sagesse est plus brûlante que la chaleur de l’été et plus tranchantes que des lames d’acier, si vous êtes en mesure de comprendre. Tirez-la en mon nom et par la force de ma puissance ; employez-la pour conquérir les cités du coeur de ceux qui se sont retranchés dans la forteresse de leurs désirs corrompus. Ainsi vous en prie la Plume du Très-Glorieux, alors que les épées des rebelles sont suspendues au-dessus de sa tête.

(2.21)
Si vous avez connaissance d’un péché commis par quelqu’un, taisez-le afin que Dieu cache vos propres péchés. Il est l’oeil aveugle, le Seigneur de grâce abondante. Ô vous, les riches de la terre, si vous croisez un pauvre sur votre chemin, ne le traitez pas avec dédain. Pensez à ce dont vous fûtes créés. Tous furent créés d’une goutte d’eau vile [voir Coran : 32.8, 77.20]. Il vous convient d’observer la sincérité qui ornera vos temples, glorifiera votre nom, exaltera votre rang parmi les hommes et vous assurera d’une récompense généreuse devant Dieu.

(2.22)
Ô peuples de la terre, écoutez ce que vous commande la Plume du Seigneur des nations. Sachez que les révélations du passé atteignent leur plus haute et finale consécration dans la loi que ce très puissant Océan dispense. À notre commandement, hâtez-vous de la connaître. En vérité, nous ordonnons ce qui nous plait. Considère le monde comme le corps d’un homme affligé de maux divers, et dont la guérison dépend de l’agencement harmonieux de toutes ses composantes. Rassemblez-vous autour de ce que nous prescrivons et ne marchez pas sur les traces de ceux qui sèment la dissension.

(2.23)
Toutes les fêtes reçoivent leur consécration dans les deux plus grandes fêtes et dans deux autres fêtes qui tombent les jours jumeaux - La première de ces plus grandes fêtes évoque ces jours où Dieu répandit la gloire resplendissante de son Nom sublime sur tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, et la seconde est ce jour où nous avons fait se lever celui qui annonça la joyeuse nouvelle de cette grande Proclamation [nota : les deux plus grandes fêtes sont la Fête du Ridván, au cours duquel Bahá’u’lláh fit la première proclamation de sa mission, et la déclaration du Báb. Les « jours jumeaux » se réfèrent aux naissances du Báb et de Bahá’u’lláh - voir « Kitáb-i-Aqdas » MEB 2011 §110]. Ainsi en a-t-il été décrété dans le Livre par celui qui est le Fort, le Puissant. Les autres jours, vaquez à vos occupations journalières et n’hésitez pas à vous consacrer à vos commerces et à vos métiers. Voilà le commandement et la loi promulgués par celui qui est votre Seigneur, l’Omniscient, le Très-Sage.

(2.24)
Dis : Ô assemblée de prêtres et de moines, mangez ce que Dieu vous permet et ne vous abstenez pas de nourriture. En signe de sa grâce, Dieu vous autorise d’en user sauf pendant une brève période. En vérité, il est le Fort, le Bienfaisant. Renoncez à ce que vous possédez et attachez-vous aux desseins de Dieu. Voilà ce qui vous est profitable si vous êtes de ceux qui comprennent. Nous vous ordonnons un jeûne de dix-neuf jours lors de la saison la plus tempérée et vous libérons, en cette révélation resplendissante, de faire davantage. Ainsi donc, nous vous ordonnons clairement ce qui doit être observé pour vous permettre de suivre les commandements de Dieu et vous unir en ce que le Tout-Puissant, le Très-Sage vous a prescrit. Celui qui est le Seigneur, le Très-Miséricordieux, chérit en son coeur de voir la race humaine unie en une seule âme et un seul corps. Hâtez-vous de prendre votre part des bienfaits de Dieu et rendez grâce en ce jour qui éclipse tous les autres jours. Grand est le bonheur de l’homme qui se détache de tout ce qu’il a pour souhaiter obtenir ce qui est à Dieu. Un tel homme, nous en témoignons, est comptés parmi les élus de Dieu.

(2.25)
Ô Roi, témoigne de ce que Dieu a lui-même et pour lui-même témoigné avant la création du ciel et de la terre : « Il n’est d’autre Dieu que moi, l’Unique, le Suprême, l’Incomparable, l’Inaccessible ». Lève-toi résolument en faveur de la cause de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ainsi t’en instruit cette épître merveilleuse. En vérité, nous ne désirons rien d’autre pour toi que ce qui te bénéficiera plus que tous les biens de la terre. En témoignent toutes les choses créées et plus encore, ce Livre explicite.

(2.26)
Méditez sur le monde et sur la condition de ses peuples. Celui pour lequel fut créé le monde est emprisonné dans la plus désolée des cités [nota : Acre] à cause de ce qu’ont forgé les mains des égarés. De l’horizon de cette ville-prison, il appelle les hommes à l’Aurore de Dieu, le Suprême, le Très-Haut. Te félicites-tu des trésors en ta possession, tout en sachant qu’ils périront ? Te réjouis-tu de régner sur un arpent de terre alors que le monde entier, pour les gens de Bahá, n’a pas plus de valeur que la noire prunelle d’une fourmi morte ? Abandonne-le à ceux qui le chérissent et tourne-toi vers celui qui est le désir de l’Univers. Que sont devenus les orgueilleux et leurs palais ? Contemple leurs tombes et profite de cet exemple, car nous en avons fait une leçon pour ceux qui observent. Si les brises de la Révélation te saisissent, tu fuiras le monde pour te diriger vers le Royaume et tu dépenseras tout ce que tu possèdes pour te rapprocher de cette sublime vision.

(2.27)
Nous voyons la plupart des gens adorer des noms et s’exposer, comme tu le constates, à de terribles périls dans le seul espoir de perpétuer leur nom, alors que toute âme perspicace atteste qu’un nom ne servira en rien à son porteur, après la mort de celui-ci, si ce nom n’exprime pas sa relation avec Dieu, le Tout-Puissant, le Magnifié. Ainsi leurs vaines imaginations les rendent esclaves en punition de ce que leurs mains ont forgé. Vois l’étroitesse d’esprit des hommes. Ils courent furieusement après ce qui ne leur est d’aucun profit. Si tu leur demandais : « Y a-t-il un quelconque avantage en ce que vous désirez ? », tu les verrais terriblement perplexes. S’il se trouvait une âme impartiale, elle répondrait : « Non, par le Seigneur des mondes ! » Telle est la condition des hommes et de ce qu’ils possèdent. Laisse-les à leur folie et tourne ton regard vers Dieu. En vérité, c’est cela qui te convient. Hâte-toi de suivre le conseil de ton Seigneur et dis : Loué sois-tu, ô Dieu de tout ce qui est au ciel et sur la terre.


3. Appel au Tsar Alexandre II

[nota : ce chapitre a été remplacé par la traduction plus récente et complète tirée de l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées »]

(3.1)
Ô tsar de Russie ! Prête l’oreille à la voix de Dieu, le Roi, le Très-Saint, et tourne-toi vers le paradis où demeure celui qui, dans l’Assemblée suprême, porte les titres les plus éminents et qui, dans le monde de la création est appelé par le nom de Dieu, le Resplendissant, le Très-Glorieux. Prends garde que tes désirs ne t’empêchent de te tourner vers la face de ton Seigneur, le Compatissant, le Très-Miséricordieux. Nous avons entendu ce que tu as demandé à ton Seigneur lorsque tu l’interpellais secrètement. Alors les brises de ma tendre bonté soufflèrent, les vagues de ma miséricorde se soulevèrent, et nous t’avons répondu. Ton Seigneur est certes l’Omniscient, le Très-Sage. Tandis que je languissais en prison, chargé de chaînes et de fers, un de tes ministres me proposa son aide. C’est pourquoi Dieu t’a assigné un rang dont nul sauf lui ne peut avoir connaissance. Prends garde à ne pas aliéner cette sublime position. Ton Seigneur, certes, fait ce qu’il veut. Dieu abrogera ou confirmera ce qui lui plaît, car la connaissance de toutes choses est chez lui dans la Tablette préservée.

(3.2)
Crains que ta souveraineté ne te retienne loin de celui qui est le Souverain suprême. En vérité, il est venu avec son Royaume, et tous les atomes proclament ; « Voyez ! Le Seigneur est apparu dans toute sa majesté. » Celui qui est le Père est venu, et le Fils, dans la sainte Vallée, s’écrie : « Me voici ô Seigneur, mon Dieu, me voici ! » Tandis que le Sinaï gravite autour de la Demeure et que le Buisson ardent annonce à haute voix: « Le Très-Généreux est venu sur les nuages ! Béni est celui qui s’approche de lui et malheur à ceux qui se tiennent à l’écart. »

(3.3)
Lève-toi parmi les hommes au nom de cette cause impérative, et appelle les nations à Dieu, le Grand, le Suprême. Ne sois pas de ceux qui appellent Dieu par l’un de ses Noms, puis lorsque paraît celui qui est l’essence de tous les noms, le renient, se détournent de lui et finalement le condamnent avec une évidente injustice. Réfléchis et rappelle-toi les jours où l’Esprit de Dieu apparut, et où Hérode rendit son verdict contre lui. Dieu le secourut cependant par les armées de l’invisible ; il le protégea vraiment et l’envoya dans un autre pays, selon sa promesse. En vérité Il ordonne ce qui lui plaît. Certes, ton Seigneur protège qui il veut, qu’il soit au coeur de l’océan, dans la gueule du dragon ou sous l’épée du tyran.

(3.4)
Béni soit le roi que les voiles de gloire n’ont pas empêché de se tourner vers l’Aurore de beauté et qui a tout abandonné dans son désir d’obtenir ce qui est à Dieu. E, vérité, il est, aux yeux de Dieu, compté parmi les hommes d’excellence et loué par les habitants du paradis et par ceux qui gravitent jour et nuit autour du Trône suprême.

(3.5)
Je dis encore : Ecoute ma voix qui de ma prison, s’élève afin que je t’apprenne ce que ma beauté a souffert aux mains de ceux qui sont les manifestations de ma gloire, et afin que tu saches combien grande fut ma patience malgré mon pouvoir, et combien immense ma longanimité malgré ma puissance. Sur ma vie ! si seulement tu savais ce qu’a révélé ma plume, si tu découvrais les trésors de ma cause, les perles des mystères reposant au fond des mers de mes noms et dans les calices de mes paroles, tu sacrifierais ta vie dans mon chemin dans la soif d’entrer dans mon Royaume sublime et glorieux, et pour l’amour de mon Nom. Sache que même si mon corps se trouve sous les épées de mes ennemis et mes membres environnés d’innombrables dangers, mon esprit est, malgré tout, rempli d’une allégresse sans nulle comparaison avec les joies de la terre.

(3.6)
Tourne ton coeur vers celui qui est le centre d’adoration du monde et dis : « Ô peuples de la terre, avez-vous rejeté celui dans le sentier duquel le précurseur de votre Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime souffrit le martyre ? ». Dis : c’est une nouvelle dont se sont réjouis les coeurs des prophètes et des Messagers. C’est celui dont se souvient l’âme de la création et qui est promis dans les Livres de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Dans leur désir de me rencontrer, les messagers ont levé leurs mains en supplication vers Dieu, le Puissant, le Glorifié. En témoigne ce que celui qui est le Seigneur de force et de puissance a révélé dans les Écritures saintes.

(3.7)
D’aucuns se sont lamentés d’être séparés de moi, d’autres ont supporté des épreuves dans mon chemin, d’autres encore ont fait le sacrifice de leur vie pour l’amour de ma beauté, puissiez-vous le savoir. Dis : Je n’ai certes pas cherché à prôner ma personne, mais plutôt à louer Dieu lui-même, si vous jugiez équitablement. On ne voit en moi rien d’autre que Dieu et sa cause, puissiez-vous le comprendre. Je suis celui qu’Isaïe a célébré, celui dont le nom orne la Thora et l’Évangile. Ainsi en est-il décrété dans les Écritures du Seigneur, le Magnanime. Il m’a, en vérité, rendu témoignage comme je témoigne de lui. Et Dieu atteste la véracité de mes paroles.

(3.8)
Dis : Les Livres n’ont été révélés que pour m’évoquer. Quiconque entendra leur appel, en percevra les fragrances délicieuses de mon nom et de ma glorification ; et celui qui n’a pas fermé l’accès de son oreille à son coeur en entendra chaque mot : « Le Véridique est venu ! Il est, en vérité, le bien-aimé des mondes ! »

(3.9)
C’est par égard pour Dieu que ma langue te conseille et que ma plume se meut pour te mentionner, car ni la malice ni le déni des habitants de la terre ne peuvent me nuire, pas plus que l’allégeance de toute la création ne peut me profiter. En fait, nous t’exhortons à accepter ce qui nous a été commandé et nous ne désirons pour toi rien d’autre que te voir bénéficier de ce qui te profitera en ce monde et dans l’autre. Dis : Ferez-vous périr celui qui vous somme d’accéder à la vie éternelle ? Craignez Dieu et ne suivez pas les oppresseurs rebelles.

(3.10)
Ô prétentieux de la terre, croyez-vous pouvoir vivre dans des palais alors que le Roi de la révélation habite le plus dévasté des lieux ? Non, par ma vie ! Des tombes sont vos demeures si vous pouviez comprendre. En vérité, celui qui, en ces jours, échappe à la caresse de la brise divine est compté parmi les morts aux yeux de celui qui est le Seigneur des noms et des attributs. Sortez donc des tombes de l’ego et du désir et tournez-vous vers le royaume de Dieu, le Possesseur du trône en haut et ici-bas afin de contempler ce que vous a promis de tout temps votre Seigneur, l’Omniscient.

(3.11)
Pensez-vous profiter des choses que vous possédez ? Elles appartiendront bientôt à d’autres et vous redeviendrez poussière sans personne pour vous aider ou vous secourir. Où est l’avantage d’une vie que la mort peut rattraper, d’une existence condamnée à la disparition ou d’une prospérité sujette au changement ? Détachez-vous des choses que vous possédez et tournez vos visages vers les faveurs que Dieu a dispensées en ce Nom merveilleux.

(3.12)
Ainsi la Plume du Très-Haut te diffuse ses mélodies avec la permission de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ecoute-les et chante-les : « Loué sois-tu, ô Seigneur des mondes, car tu m’as évoqué par la langue de celui qui est la Manifestation de toi-même alors qu’il croupissait dans la plus grande Prison pour que le monde entier accède à la vraie liberté. »

(3.13)
Béni soit le roi que sa souveraineté n’a pas écarté de son Souverain et qui, de tout son coeur, s’est tourné vers Dieu. Il est, en vérité, de ceux qui ont accompli la volonté de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Avant peu un tel roi sera compté parmi les monarques des nations du Royaume. Ton Seigneur a vraiment la suprématie sur toutes choses. À qui il veut, il donne ce qui lui plaît et, à qui il veut, il le refuse. Il est certes le Tout-Puissant, le Fort.


4. Appel à la reine Victoria

[nota : ce chapitre a été remplacé par la traduction plus récente et complète tirée de l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées »]

(4.1)
Ô reine de Londres, prête l’oreille à la voix de ton Seigneur, le Seigneur de l’humanité, qui appelle de l’arbre divin : En vérité, il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très Sage ! Rejette loin de toi tout ce qui est sur terre et pare la tête de ton royaume de la couronne du souvenir de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Il est certes venu en ce monde dans sa gloire suprême, et tout ce qui est mentionné dans l’Evangile est accompli. La terre de Syrie est honorée par les pas de son Seigneur, le Seigneur de tous les hommes, et le Nord et le Sud sont tous deux enivrés du vin de sa présence. Béni est l’homme qui, en cette aube resplendissante, respire l’effluve du Très-Miséricordieux et se tourne vers l’Orient de sa beauté. La mosquée d’Aqsa frémit sous les brises de son Seigneur, Le Très-Glorieux, tandis que Bathá [nota : la Mecque] tremble à la voix de Dieu, le Très-Elevé, le Sublime. Aussi chacune de leurs pierres loue le Seigneur par ce Nom majestueux.

(4.2)
Mets tes désirs de côté et tourne ton coeur vers ton Seigneur, l’Ancien des Jours. Nous faisons mention de toi pour l’amour de Dieu et nous désirons que ton nom soit magnifié pour ta souvenance de Dieu, le créateur du ciel et de la terre. En vérité, il est témoin de ce que je dis. Nous avons appris que tu as interdit le commerce des esclaves, hommes et femmes. C’est précisément ce que Dieu recommande dans cette merveilleuse Révélation. Pour cela, Dieu te réserve une récompense certaine. Il rétribue selon son dû l’auteur de toute bonne action, si tu agis selon ce que t’envoie celui qui est l’Omniscient, l’Informé. Quant à celui qui se détourne de Dieu et s’enfle d’orgueil après avoir reçu les témoignages évidents de celui qui révèle les signes, Dieu réduira son oeuvre à néant. Certes il a pouvoir sur toutes choses. Les actes d’un homme ne sont acceptables que s’il la reconnaît la Manifestation. Quiconque se détourne du Véridique est la plus aveugle de ses créatures. Ainsi en a décrété celui qui est le Fort, le Tout-Puissant.

(4.3)
Nous avons appris également que tu as remis les rênes du gouvernement entre les mains des représentants du peuple. Tu as certes bien agi car cela renforcera les fondations de l’édifice de tes affaires et rassurera les coeurs de ceux qui vivent sous ton ombre, riches ou pauvres. Il faut cependant qu’ils soient dignes de la confiance des serviteurs de Dieu et qu’ils se considèrent comme les représentants de tous ceux qui habitent sur terre. Voilà ce que leur conseille dans cette Tablette celui qui est le Souverain, le Très-Sage. Quand l’un d’entre eux se dirige vers l’Assemblée, qu’il tourne son regard vers l’Horizon suprême et dise : « Ô mon Dieu, par ton Nom le plus glorieux, je te demande de m’aider à faire prospérer les affaires de tes serviteurs et fleurir tes cités. En vérité, tu as suprématie sur toutes choses ! » Béni celui qui entre dans l’Assemblée pour l’amour de Dieu et rend saine justice entre les hommes. En vérité, il est compté parmi les bienheureux.

(4.4)
Ô vous qui, en chaque pays, représentez les peuples ! Réunissez-vous pour vous consulter et souciez-vous seulement de ce qui profite à l’humanité et en améliore les conditions, si vous êtes de ceux qui sont scrupuleux. Considérez le monde comme s’il était un corps humain qui, bien que créé complet et parfait, souffre de désordres et de maladies graves pour beaucoup de raisons. Il n’est pas un jour où il s’améliore ; au contraire, sa maladie croît en sévérité car il est traité par des médecins ignorants qui donnent libre cours à leurs désirs et errent cruellement. Et même si de temps à autre, un organe de ce corps est guéri, les autres n’en restent pas moins affligés. Ainsi vous en informe l’Omniscient, le Très-Sage.

(4.5)
Nous le trouvons aujourd’hui à la merci de dirigeants si imbus d’orgueil qu’ils ne discernent même pas leurs propres avantages, encore moins une révélation aussi déroutante et aussi provocatrice que celle-ci. Et si l’un d’entre eux s’efforce d’améliorer sa condition, c’est par appât du gain, qu’il l’avoue ou non ; et l’indignité de ses motifs limite ca capacité à guérir ou soigner.

(4.6)
Le remède souverain et l’instrument tout puissant de la guérison du monde entier est l’union de ses peuples en une Cause universelle, une seule et même Foi : voilà ce qu’ordonne le Seigneur. Rien ne peut réaliser cela, sauf le pouvoir d’un médecin habile, tout puissant et inspiré. Voilà la seule vérité, tout le reste n’est qu’erreur. Chaque fois qu’est apparu cet Instrument tout puissant et que l’Aurore ancienne a lui, des médecins ignorants l’en ont empêché et, comme des nuages, se sont interposés entre lui et le monde. Celui-ci ne peut donc guérir et sa maladie persiste jusqu’aujourd’hui. Ces médecins ne peuvent le protéger ni le soigner alors que celui qui est la Manifestation de puissance parmi les hommes est empêché d’atteindre son but en raison de ce qu’ont forgé les mains des médecins ignorants.

(4.7)
Etudie ces jours pendant lesquels est venu la Beauté ancienne sous le plus grand Nom pour vivifier le monde et unir ses peuples. Ceux-ci se sont cependant dressés contre lui, brandissant des épées affûtées et ont commis ce qui a provoqué les lamentations de l’Esprit de fidélité. Finalement, ils l’ont emprisonné dans la plus désolée des cités et rompu le lien qui attachait les fidèles au pan de son vêtement. Que quelqu’un leur dise : « Le Réformateur du monde est venu », ils répondaient : « Il est prouvé qu’il est un semeur de discorde », et pourtant, ils ne s’étaient associés à lui en aucune façon ni avaient compris qu’à aucun moment, il avait cherché à se protéger. Il était en permanence à la merci des malfaiteurs. D’abord, ils l’ont jeté en prison, puis ils l’ont banni et enfin ils l’ont ballotté de pays en pays. Telle est la manière dont ils nous ont jugés et vraiment, Dieu sait ce que je dis. De telles personnes, Dieu les tient pour les plus ignorantes de ses créatures. Ils ont amputé leurs propres membres et ne le voient pas ; ils se sont privés de ce qu’il leur convient le mieux et ne le savent pas. Ils ressemblent à ces jeunes enfants qui ne distinguent pas le malfaiteur du réformateur, ni le mauvais du bon. Nous les voyons aujourd’hui enveloppés dans un voile évident.

(4.8)
Ô dirigeants de la terre, Pourquoi obscurcir l’éclat du soleil et l’empêcher de briller ? Écoutez le conseil que vous donne la plume du Très-Haut afin d’atteindre, vous et le pauvre, la paix et la tranquillité. Nous supplions Dieu d’aider les rois à établir la paix sur la terre. En vérité, il fait ce qu’il veut.

(4.9)
Ô rois de la terre, nous vous voyons augmenter chaque jour vos dépenses et en faire peser le fardeau sur vos sujets. Quelle honte et quelle injustice ! Craignez les soupirs et les larmes de cet Opprimé, et n’imposez pas de charges trop lourdes sur vos peuples. Ne les dépouillez pas pour vous construire des palais ; au contraire, choisissez pour eux ce que vous choisissez pour vous-mêmes. Ainsi ouvrons-nous vos yeux sur ce qui vous profite, si vous pouvez le voir. Vos peuples sont votre trésor. Prenez garde de ne pas violer par vos décrets les commandements de Dieu et de ne pas livrer vos états aux mains des voleurs. C’est par eux que vous régner, par eux que vous vous maintenez et avec leur aide que vous conquérez. Et pourtant quel dédain dans le regard que vous leur jetez. Étrange, vraiment étrange !

(4.10)
Maintenant que vous refusez la très grande paix, attachez-vous au moins à promouvoir une moindre paix, afin d’améliorer votre condition et celle de vos sujets.

(4.11)
Ô dirigeants de la terre, réconciliez-vous de manière à vous passer d’armements sauf pour maintenir la sécurité de vos territoires et possessions. Faites attention de ne pas méconnaître le conseil de l’Omniscient, du Fidèle.

(4.12)
Soyez unis, ô rois de la terre, pour apaiser la tempête de la discorde entre vous et apporter la tranquillité à vos peuples, si vous pouvez le comprendre. Si l’un de vous prend les armes contre un autre, levez-vous pour vous opposer à lui, car ce n’est que justice évidente. Ainsi vous en avions-nous déjà adjurés dans une tablette antérieure [nota : Súriy-i-Mulúk], et vous sommons à nouveau de suivre ce qu’a révélé celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Sage. Si quelqu’un cherche refuge auprès de vous, accordez-lui votre protection et ne le trahissez pas. Tel est le conseil de la plume du Très-Haut, que vous prodigue celui qui est l’Omniscient, l’Informé.

(4.13)
Prenez garde de ne pas agir comme le fit le roi de l’islam [nota : le Sultan de Turquie] lorsque nous répondîmes à son invitation. Ses ministres prononcèrent contre nous un jugement inique qui provoqua les lamentations de toute la création et consuma le coeur de ceux qui sont proches de Dieu. Les vents de l’ego et de la passion les ont ballottés à leur gré et nous les avons tous trouvés privés de constance. En vérité, ils sont au nombre des égarés.

(4.14)
Donne-toi libre cours, ô Plume de l’Ancien des jours, et laisse les à eux-mêmes car ils sont plongés dans leurs vaines imaginations. Invoque la Reine pour qu’elle dirige un coeur pur vers la scène de la gloire transcendante, n’empêche pas son regard de se porter sur son Seigneur, l’Ordonnateur suprême et informe-toi de ce qui est révélé dans les livres et tablettes du Créateur - Lui, qui jette son ombre sur le soleil et éclipse la lune ; lui, par qui l’appel est lancé entre ciel et terre.

(4.15)
Tourne-toi vers Dieu et dis : O Seigneur, mon Roi, je ne suis pour toi qu’un vassal et toi, en vérité, tu es le Roi des rois. Je tends des mains suppliantes vers le ciel de ta grâce et de ta générosité. Fais descendre sur moi des nuées de ta munificence ce qui me détachera de tout autre que toi, et me rapprochera de toi. Ô mon Seigneur, par ton nom que tu as fait le roi des noms et la manifestation de toi-même pour tous ceux qui sont au ciel et sur terre, je te supplie de déchirer les voiles qui s’interposent entre moi et la reconnaissance de l’Aurore de tes signes, et de l’Aube de ta révélation. Tu es en vérité, le Tout-Puissant, l’Omnipotent, le Très-Généreux. Ô mon Seigneur, ne me prive pas, en tes jours, des parfums suaves du vêtement de ta clémence et écris pour moi ce que tu as écrit pour tes servantes qui ont cru en toi et en tes signes, qui t’ont reconnu, et ont tourné leur coeur vers l’horizon de ta cause. Tu es en vérité, le Seigneur des mondes et de ceux dont a pitié le Magnanime. Ô mon Dieu, aide-moi à rappeler ton souvenir parmi tes servantes et à soutenir ta cause sur la terre. Oublie ce qui m’a échappé lorsque ta face rayonna de lumière. Certes, tu as pouvoir sur toutes choses. Que la gloire soit sur toi, ô toi qui tiens dans ta main le royaume des cieux et de la terre !


5. Appel au Kaiser Guillaume Ier

(5.1)
O roi de Berlin ! Prête l'oreille à la Voix qui, de ce Temple manifeste s'écrie: En vérité il n'y a pas d'autre Dieu que Moi, l'Eternel, l'Incomparable, l'Ancien des Jours.

(5.2)
Prends garde que l'orgueil ne te prive de reconnaître l'aube de la divine Révélation, et que les désirs terrestres ne te séparent, comme par un voile, du trône de la terre et du ciel. Ainsi te conseille la Plume du Très-Haut. Il est en vérité, le Très-Bienveillant, le Très-Généreux.

(5.3)
Te souviens-tu de celui dont la puissance dépassait ta puissance (Napoléon III) et dont le rang surpassait le tien ? Où est-il ? Où sont allées les choses qu'il possédait ? Tires-en la leçon et ne sois pas de ceux qui dorment profondément.

(5.4)
C'est lui qui jeta à terre la Tablette de Dieu lorsque nous lui fîmes savoir ce que les armées de la tyrannie Nous avaient fait subir. Alors le déshonneur l'assaillit de toutes parts, et il s'écroula dans la poussière avec pertes et fracas.

(5.5)
O roi, médite sur lui et sur ceux qui, comme toi, ont conquis des cités et régné sur des hommes. De leurs palais, Dieu les fit descendre dans la tombe. Sois averti et sois de ceux qui réfléchissent...

(5.6)
O rives du Rhin: Nous vous avons vues couvertes de sang, car les épées du châtiment étaient tirées contre vous. Et cela vous arrivera encore une autre fois. Et nous entendons les lamentations de Berlin bien qu'en ce jour, sa gloire soit évidente.


6. Appel à l'Empereur François-Joseph

(6.1)
O empereur d'Autriche ! Celui qui est l'aurore de la lumière de Dieu se trouvait dans la prison d'Akka lorsque tu te mis en route pour visiter la mosquée d'Aqsa (Jérusalem). Tu passas près de lui sans t'informer de celui par qui toute demeure est exaltée et toute porte altière est ouverte.

(6.2)
En vérité, Nous avons fait d'elle (Jérusalem) une ville vers laquelle le monde devrait se tourner pour évoquer mon souvenir; et pourtant, tu repoussas celui qui est l'objet de ce souvenir quand il parut avec le Royaume de Dieu, ton Seigneur, le Seigneur des mondes.

(6.3)
Nous fûmes constamment près de roi et Nous t'avons trouvé accroché à la Branche mais insoucieux de la Racine. Ton Seigneur, en vérité, est témoin de ce que je dis.

(6.4)
Nous avons été peiné de te voir tourner autour de notre Nom, tout en Nous ignorant, bien que Nous fussions devant toi.

(6.5)
Ouvre les yeux afin de pouvoir contempler cette glorieuse vision, reconnaître celui que tu invoques jour et nuit et fixer ton regard sur la lumière qui brille au-dessus de cet horizon lumineux.


7. Appel au Sultan Abdu'l-Aziz

(7.1)
Ecoute ô Roi, les paroles de celui qui dit la vérité et qui n'attend pas que tu lui donnes, en récompense, les biens que Dieu a voulu t'octroyer, et qui sans jamais faillir, marche dans le droit sentier.

(7.2)
C'est lui qui t'appelle à Dieu, ton Seigneur; c'est lui qui te montre la bonne direction, le chemin qui mène à la vraie félicité, afin que, par bonheur, tu sois parmi les heureux.

(7.3)
Garde-toi, ô Roi, de t'entourer de ministres qui suivent leurs inclinations corrompues, qui délaissent la tâche qui leur a été confiée et trahissent manifestement leur mission.

(7.4)
Sois bienfaisant pour les autres comme Dieu l'a été pour toi, ne laisse pas les intérêts de ton peuple à la merci de ministres tels que ceux-là. Ne délaisse pas la crainte de Dieu et sois de ceux qui agissent avec droiture.

(7.5)
Entoure-toi de ces ministres dans lesquels tu perçois la fragrance de foi et de justice, délibère avec eux, décide de ce qui te semble préférable, et sois de ceux qui se comportent avec générosité.

(7.6)
Tiens pour certain que celui qui ne croit pas en Dieu n'est ni véridique, ni digne de confiance. Telle est en fait, la vérité, l'indubitable vérité.

(7.7)
Celui qui trahit Dieu, trahit aussi son roi. Rien ne peut détourner du mal un tel homme, ni l'empêcher de trahir son prochain, rien ne peut l'inciter à suivre la voie droite.

(7.8)
Garde-toi d'abandonner à d'autres la direction des affaires de l'Etat, ne fais pas confiance à des ministres qui ne le méritent pas et ne sois pas de ceux qui vivent dans l'insouciance.

(7.9)
Evite ceux dont le coeur s'est détourné de toi, ne place pas en eux ta confiance et ne les charge pas de régler tes affaires ni celles de ceux qui partagent ta foi.

(7.10)
Veille à ne pas permettre au loup de devenir le berger du troupeau de Dieu et ne laisse pas ses bien-aimés à la merci des malveillants.

(7.11)
Ne t'attends pas à voir les transgresseurs des commandements de Dieu devenir honnêtes ou sincères dans la foi qu'ils professent. Evite-les et prends bien garde d'être victime de leurs ruses et de leurs méfaits. Détourne-toi d'eux et fixe ton regard sur Dieu, ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Généreux.

(7.12)
Qui se donne entièrement à lui, Dieu sera sans nul doute avec lui. Celui qui met toute sa confiance en Dieu, en vérité, Dieu le gardera de tout mal et le protégera contre les méfaits des comploteurs.

(7.13)
Si tu écoutais ce que je te dis et suivais mon conseil, Dieu t'élèverait à une si éminente position que, sur la terre entière, les desseins d'aucun homme ne pourraient jamais t'atteindre ni te léser.

(7.14)
Observe, ô Roi, de tout ton coeur et de toutes tes forces, les préceptes de Dieu et ne suis pas la voie de l'oppresseur.

(7.15)
Saisis et tiens fermement dans la main de ton pouvoir la direction des affaires de ton peuple, examine toi-même tout ce qui s'y rapporte et que rien ne t'échappe, car là se trouve le souverain bien.

(7.16)
Rends grâce à Dieu de t'avoir choisi entre tous pour régner sur ceux qui professent ta foi. Il te convient d'apprécier les merveilleuses faveurs dont Dieu t'a gratifié et de magnifier constamment son Nom.

(7.17)
La plus belle louange que tu puisses lui offrir, c'est d'aimer ceux qu'Il aime, de veiller sur ses serviteurs et de les préserver de la perfidie des traîtres, afin que cesse toute oppression.

(7.18)
Enfin tu devrais te décider à leur appliquer la loi de Dieu pour pouvoir être toi-même, solidement ancré dans cette loi.

(7.19)
Si grâce à toi, des fleuves de justice répandaient leurs flots sur tes sujets, Dieu t'aiderait sûrement par les armées du visible et de l'invisible et t'affermirait dans tes entreprises. Il n'est pas d'autre Dieu que Lui. La création entière et son empire Lui appartiennent et les oeuvres des fidèles retournent à Lui.

(7.20)
Ne te repose pas sur tes trésors. Ne compte que sur la grâce de Dieu, ton Seigneur. Confie-toi à Lui dans tout ce que tu fais, et sois de ceux qui se sont soumis à sa volonté.

(7.21)
Puisses-tu t'en remettre à Lui pour qu'Il t'assiste et t'enrichisse de ses trésors, car les trésors de la terre et des cieux sont à Lui. Il les accorde à qui Il veut, et à qui Il veut, Il les retire. Il n'est pas d'autre Dieu que Lui, le Possesseur, le Loué.

(7.22)
Tous ne sont que des indigents au seuil de sa miséricorde; ils sont impuissants devant la révélation de sa souveraineté et implorent ses faveurs.

(7.23)
Ne dépasse pas les bornes de la modération et traite équitablement ceux qui te servent. Donne-leur de quoi satisfaire leurs besoins, mais non pas au point de leur permettre d'accumuler des richesses pour eux-mêmes, de se parer, de décorer leurs maisons, d'acquérir ce qui ne leur est d'aucun profit et de passer ainsi pour des extravagants.

(7.24)
Traite-les avec une rigide justice afin que nul d'entre eux ne soit dans le besoin ni ne se complaise dans un luxe excessif. Ce n'est là qu'évidente justice.

(7.25)
Ne permets pas à des êtres abjects de diriger ni de dominer des âmes nobles et honorables et ne souffre pas que des esprits supérieurs soient à la merci d'êtres indignes et sans valeur.

(7.26)
Or, Nous l'attestons, c'est ce que Nous avons constaté lors de notre arrivée dans la ville (Constantinople). Nous avons vu certains de ses habitants pourvus d'une opulente fortune et vivant dans une richesse excessive, alors que d'autres sont dans une indigence cruelle ou dans une misère sordide. Cela ne convient pas à ta souveraineté et n'est pas digne de ton rang.

(7.27)
Accepte le conseil que je te donne et efforce-toi de gouverner avec équité, afin que Dieu puisse célébrer ton nom et répandre au loin dans le monde la renommée de ta justice.

(7.28)
Garde-toi d'élever la puissance de tes ministres aux dépens de tes sujets.

(7.29)
Crains les soupirs des pauvres et des gens au coeur droit qui, à chaque aurore, se lamentent sur leur triste sort, et sois pour eux un souverain bienveillant. Ils sont, en vérité, les trésors de la terre. Il te convient donc de mettre tes trésors à l'abri des attaques de ceux qui voudraient te les dérober.

(7.30)
Informe-toi de leurs affaires et, chaque année, que dis-je, chaque mois, assure-toi de leur condition; ne sois pas de ceux qui négligent leur devoir.

(7.31)
Garde sous les yeux l'infaillible balance de Dieu et, comme si tu étais en sa présence, chaque jour, à chaque instant, pèse tes actions.

(7.32)
Fais volontairement tes comptes avant d'y être convié, au Jour où nul homme n'aura la force de rester debout et où, par crainte de Dieu, les coeurs des inconscients ne pourront que trembler.

(7.33)
Il convient à tout roi d'être aussi généreux que le soleil qui stimule la croissance de tous les êtres, qui donne à chacun ce qui lui revient et dont les bienfaits ne sont pas son fait mais proviennent de la volonté du Tout-Puissant, de l'Omnipotent.

(7.34)
Un roi devrait être aussi généreux, aussi libéral dans sa grâce, que les nuages qui, sur l'ordre du Maître suprême, de l'Omniscient, déversent leurs ondées bienfaisantes sur toute la terre.

(7.35)
Aie soin de ne pas confier entièrement les affaires de l'Etat aux mains des autres. Nul mieux que toi-même, ne pourrait assumer tes fonctions.

(7.36)
Ainsi, Nous t'expliquons clairement nos paroles de sagesse et t'adressons ce qui te permettra de remplacer la main gauche de l'oppression par la main droite de la justice, et de t'approcher du resplendissant océan des faveurs de Dieu. Telle est la voie que suivirent avant toi, les rois qui traitèrent leurs sujets avec équité sans jamais s'écarter d'une justice rigoureuse.

(7.37)
Tu es l'ombre de Dieu sur la terre. Efforce-toi donc d'agir de la manière qui sied le mieux à un rang aussi éminent, aussi majestueux. Certes, si tu t'abstenais de suivre les enseignements que nous avons fait descendre sur toi, tu dérogerais à cet insigne et inestimable honneur.

(7.38)
Retourne donc à Dieu et attache-toi étroitement à Lui; purifie ton coeur du monde et de ses vanités et ne laisse l'amour de nul autre s'y glisser et y demeurer.

(7.39)
Tant qu'il ne sera pas purifié de toute trace d'un tel amour, la clarté et la lumière divine ne pourront irradier en lui car, à personne, Dieu n'a donné plus d'un coeur. Tel est, en vérité, le Décret enregistré dans son ancien Livre.

(7.40)
Et puisque le coeur humain, tel que Dieu l'a fait, est un et indivisible, il te convient de veiller à ce que tes affections, elles aussi, soient une et sans partage. Attache-toi donc avec tout le penchant de ton coeur, à l'amour de Dieu et renonce à l'amour de tout autre pour qu'Il t'aide à te plonger dans l'océan de son unité et à devenir un véritable défenseur de cette unité.

(7.41)
Dieu m'en est témoin: je n'ai d'autre objet en te révélant ces paroles que de te sanctifier des choses transitoires de la terre et de t'aider à entrer dans le royaume de gloire éternelle, pour qu'avec la permission de Dieu, tu sois de ceux qui y demeurent et qui y règnent.

(7.42)
Que ton oreille, ô Roi, soit attentive aux paroles que Nous t'avons adressées. Oblige l'oppresseur à renoncer à sa tyrannie et, parmi ceux qui professent ta foi, sépare-toi de ceux qui commettent l'injustice.

(7.43)
Par la justice de Dieu ! Les tribulations que Nous avons endurées sont telles que quiconque voudrait les raconter serait envahi par l'angoisse. Personne parmi les croyants sincères et les défenseurs de l'unité de Dieu, n'en pourrait supporter l'accablant récit. Si grandes ont été nos souffrances que toute personne douée de discernement, et même nos ennemis, en ont pleuré.

(7.44)
Et toutes ces épreuves Nous ont été infligées malgré notre démarche auprès de toi, et bien que Nous ayons recommandé au peuple de s'abriter sous ton ombre, afin que tu sois comme une forteresse pour les croyants et les défenseurs de l'unité de Dieu.

(7.45)
T'ai-je, ô Roi, jamais désobéi ? Ai-je un seul instant, transgressé l'une de tes lois ? Qui parmi tes ministres en Iraq, pourrait donner une preuve de ma déloyauté à ton égard ? Non, par Celui qui est le Seigneur de tous les mondes ! Pas un seul instant Nous ne nous sommes rebellé contre toi ni contre l'un de tes ministres.

(7.46)
Jamais, si Dieu le veut, Nous ne nous révolterons contre toi, serions-nous soumis à des épreuves plus cruelles encore que celles du passé.

(7.47)
Jour et nuit, matin et soir, Nous prions Dieu pour toi; qu'Il veuille bien t'aider à devenir obéissant envers Lui et fidèle à ses commandements, et qu'Il te protège contre l'assaut des méchants. Fais donc ce qu'il te plaît, traite-Nous comme il convient à ta condition et comme il sied à ta souveraineté.

(7.48)
Quoi que tu entreprennes en ce jour ou dans l'avenir, n'oublie jamais la loi de Dieu, le Seigneur de tous les mondes !


8. Appel à Nasiri'd-Din Shah

[nota : ce chapitre a été remplacé par la traduction plus récente et complète tirée de l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées »]

(8.1)
Ô roi terrestre ! Entends l’appel de ce vassal : En vérité, je suis un serviteur qui croit en Dieu et en ses signes et qui s’est sacrifié en son chemin. En portent témoignage les malheurs qui m’affligent, malheurs tels qu’aucun homme n’en a jamais supporté. Mon Seigneur l’Omniscient témoigne de la vérité de mes paroles. Je n’ai fait qu’appeler les hommes à Dieu, ton Seigneur et le Seigneur des mondes, et par amour de lui j’ai enduré des afflictions telles que la création n’en avait jamais vues. En témoignent ceux que les voiles de l’imagination humaine n’ont pas empêché de se tourner vers la plus sublime vision et, au-delà d’eux celui qui possède la connaissance de toute chose sur la Tablette préservée.

(8.2)
Chaque fois que les nuages de tribulations laissaient pleuvoir les flèches de l’affliction sur le chemin de Dieu, le Seigneur de tous les noms, je me suis hâté à leur rencontre, ainsi qu’en attestera toute âme juste et judicieuse. Nombreuses furent les nuits pendant lesquelles les bêtes des champs reposaient dans leur tanière et les oiseaux du ciel dans leurs nids alors que cet Adolescent languissait dans ses chaînes et ses fers avec personne pour le secourir !

(8.3)
Souviens-toi de la miséricorde de Dieu ; comment, alors que tu étais emprisonné avec d’autres, il te délivra et t’aida, par les milices du visible et de l’invisible, jusqu’à ce que le Roi t’envoie en Irak après que nous lui ayons montré que tu ne faisais pas partie des fauteurs de troubles. Ceux qui suivent leurs désirs corrompus et rejettent la crainte de Dieu font vraiment une grave erreur. Nous nous tenons à l’écart de ceux qui mettent le désordre dans un pays, répandent le sang des uns et s’approprient le bien des autres ; nous supplions Dieu de ne pas nous associer avec eux, que ce soit dans ce monde où dans le monde à venir, sauf s’ils s’en repentaient devant lui. Il est vraiment le plus miséricordieux des miséricordieux.

(8.4)
Quiconque se tourne vers Dieu doit se distinguer des autres par chacun de ses actes et doit suivre ce que le Livre lui enjoint. Ainsi en est-il décrété dans une épître explicite. Quant à ceux qui rejettent les commandements de Dieu et suivent les incitations de leurs propres désirs, ils font vraiment une erreur grave

(8.5)
Ô roi ! Par ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, je te supplie de jeter un regard généreux sur tes serviteurs et de les traiter avec justice, afin que Dieu puisse te traiter avec miséricorde. Ton Seigneur a le pouvoir de faire ce qu’il lui plaît. Le monde, ses humiliations et sa gloire passeront mais la souveraineté sera toujours à Dieu, le Plus-Loué, l’Omniscient.

(8.6)
Dis : Il alluma la lampe de la parole et la nourrit de l’huile de la sagesse et de la compréhension. Ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, est trop élevé pour que quiconque dans l’univers résiste à sa Foi. Il révèle ce qu’il veut par le pouvoir de sa souveraine puissance et protège sa révélation d’une armée de ses anges préférés. Il est exalté au-dessus de ses serviteurs et exerce un pouvoir indiscutable sur sa création. Il est, en vérité, l’Omniscient, le Très-Sage.

(8.7)
Ô roi ! Je n’étais qu’un homme comme tant d’autres, endormi sur ma couche, lorsque soudain les brises du Très-Glorieux passèrent sur moi et m’enseignèrent la science de tout ce qui fut. Ceci ne vient pas de moi mais de celui qui est le Tout-Puissant et l’Omniscient. Il m’ordonna d’élever la voix entre la terre et le ciel et, pour cela, il m’advint ce qui a fait couler les larmes de tout homme de discernement. Les sciences répandues parmi les hommes, je ne les ai pas étudiées ; leurs écoles, je ne les ai jamais fréquentées. Renseigne-toi dans la ville où j’habitais pour t’assurer que je ne mens pas. Voici une simple feuille qu’agitent les vents de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant, le Loué. Peut-elle rester immobile alors qu’ils se déchaînent ? Par le Seigneur de tous les noms et attributs, ils la déplacent à leur gré. L’éphémère n’est que néant face à l’éternel. Son ordre irrésistible me parvint et me fit célébrer sa louange parmi les peuples. En vérité, quand cet ordre me parvint j’étais comme mort ; la main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, me transforma. Par celui qui révéla les mystères éternels à la Plume, qui, sinon celui qui fut fortifié par la grâce du Tout-Puissant, de l’Omnipotent, pourrait de lui-même clamer ce que contesteront tous les hommes, grands et petits ?

(8.8)
La plume du Très-Haut s’adressa à moi, disant : N’aie crainte ! Conte à sa majesté le Shah ce qui t’est arrivé. En vérité, son coeur est entre les mains de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, afin que brille le soleil de justice et de générosité depuis l’horizon de son coeur. Ainsi le décret fut-il révélé par celui qui est le Très-Sage.

(8.9)
Ô roi, considère cet Adolescent avec justice puis porte un jugement impartial sur ce qui lui est arrivé. En vérité, Dieu a fait de toi son ombre parmi les hommes et le symbole de son pouvoir sur tous ceux qui vivent sur terre. Tranche entre nous et ceux qui nous firent du mal sans preuve ni livre probant. Ceux qui t’entourent ne t’aiment que par intérêt alors que cet Adolescent t’aime pour ton bien et n’a d’autre désir que de t’attirer vers le siège de grâce et de te placer à la droite de la justice. Ton seigneur témoigne de ce que je dis.

(8.10)
Ô roi, tends l’oreille vers le grincement de la plume de gloire et vers le roucoulement de la colombe d’éternité qui, sur les branches de l’arbre sacré au-delà duquel nul ne passe, chante les louanges de Dieu, l’auteur de tous les noms, et le créateur de la terre et du ciel. Alors tu t’élèveras en un lieu d’où tu ne verras rien d’autre dans le monde de l’existence que l’éclat de l’Adoré, tu considéreras ta souveraineté comme la plus méprisable de tes possessions l’abandonnant à quiconque la convoiterait, et tu tourneras ton visage vers l’horizon éclairé de la lumière de sa Face. Tu refuseras à jamais de supporter le poids du pouvoir sauf dans le but d’aider ton Seigneur, l’Exalté, le Très-Haut. Béni seras-tu alors par l’assemblée céleste. Ô que cet état sublime est excellent, si tu peux y parvenir grâce au pouvoir d’une souveraineté que l’on sait découler du Nom de Dieu !

(8.11)
Il en est qui affirment que cet Adolescent n’a d’autre but que de perpétuer son nom, alors que d’autres prétendent qu’il recherche pour lui-même les vanités terrestres, en dépit du fait que jamais, au cours de ma vie, je n’ai trouvé d’endroit sûr, si petit soit-il. J’ai toujours été immergé dans une mer de tribulations dont seul Dieu connaît l’ampleur. Il sait de quoi je parle. Combien de fois mes bien-aimés furent-ils profondément choqués par mes afflictions, combien de nuits mes proches ont-ils pleuré amèrement et se sont-ils lamentés en craignant pour ma vie ! Qui peut nier cela si ce n’est un menteur ? Est-il concevable que celui qui s’attend à perdre la vie à tout instant recherche les vanités terrestres ? Quelles étranges idées ont ceux qui parlent poussés par leurs lubies et qui errent dans le désert de l’égoïsme et des passions ! Avant peu, on leur demandera compte de leurs paroles et alors ils ne trouveront aucun ami pour les aider.

(8.12)
Il en est d’autres qui prétendent qu’il ne croit pas en Dieu ; pourtant chaque membre de mon corps témoigne qu’il n’est pas d’autre Dieu que lui ; que ceux qu’il a élevés en vérité et envoyés au loin sous sa guidance sont les manifestations de ses noms les plus excellents, les révélateurs de ses attributs très exaltés et les dépositaires de sa révélation dans le royaume de sa création. Grâce à eux, la preuve de Dieu se parfait pour tous sauf pour lui, l’étendard de l’unité divine se dresse et le symbole de la sainteté devient manifeste ; par eux, chaque âme trouve un chemin vers le Seigneur du Trône céleste. Nous témoignons qu’il n’est d’autre Dieu que lui, qu’éternellement il est seul, que personne n’est à ses côtés et qu’il sera pour l’éternité ce qu’il a toujours été. Trop élevé est le Très-Miséricordieux pour que le coeur de ceux qui l’ont reconnu appréhende sa vraie nature ou pour que l’intelligence des hommes espère sonder son essence. Il est exalté au-dessus de la compréhension de tous sauf de lui-même et sanctifié au-delà de la compréhension de tout autre que lui. De toute éternité il est indépendant de la création tout entière.

(8.13)
Souviens-toi des jours où le soleil de Bathá [nota : Muhammad] brillait à l’horizon de la volonté de ton Seigneur, l’Exalté, le Très-Haut ; rappelle-toi de quelle manière les religieux de ce temps-là se détournèrent de lui, comment les érudits s’opposèrent à lui et tu auras peut-être une chance d’appréhender ce qui, en ce jour, reste caché derrière les voiles de gloire. Son sort devint si terrible qu’il demanda à ses compagnons de se disperser. Tel fut le décret révélé du ciel de la gloire divine. Souviens-toi aussi que, lorsque l’un de ces mêmes compagnons arrivant devant le roi d’Éthiopie, lui récita une sourate du Coran, celui-ci déclara à ses serviteurs : « En vérité, ceci a été révélé par celui qui est l’Omniscient, le Très-Sage. Quiconque reconnaît la vérité et croit dans les enseignements de Jésus, ne peut renier ce qui vient d’être récité. En vérité, nous témoignons de son exactitude de même que nous témoignons qu’en vérité, nous possédons des Livres de Dieu, le Secours, l’Absolu. »

(8.14)
Ô roi ! Je le jure par Dieu ! Si tu tendais l’oreille aux mélodies de ce rossignol qui, selon l’ordre de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, module des chants mélodieux dans le buisson mystique, tu renoncerais à ta souveraineté, tu te tournerais vers cette scène de gloire transcendante, cet état à l’horizon duquel brille le Livre de l’Aube [voir : Coran 17.78] et tu dépenserais tout ce que tu possèdes dans ton ardeur à obtenir ce qui est à Dieu. Tu te trouverais alors au sommet de l’exaltation et de la gloire, au pinacle de la majesté et de l’indépendance. Le décret en est inscrit dans le Livre-Mère par la plume du Très-Miséricordieux. À quoi sert ce que tu possèdes aujourd’hui et qui demain sera à d’autres ? Choisis pour toi ce que Dieu a choisi pour ses élus et Dieu t’accordera une puissante souveraineté dans son royaume. Nous supplions Dieu d’aider Ta Majesté à entendre ce verbe dont la lumière enveloppe le monde, et de te protéger de ceux qui sont loin de la cour de sa présence.

(8.15)
Gloire à toi, ô Seigneur, mon Dieu ! Nombreuses en ton sentier sont les têtes dressées à la pointe des piques et nombreuses les poitrines qui sont la cible des flèches pour ton bon plaisir ! Nombreux les coeurs lacérés pour l’exaltation de ton Verbe et la promotion de ta cause, et innombrables les yeux qui pleurent à chaudes larmes pour l’amour de toi ! Ô toi qui es le Roi des rois et qui as pitié des humbles ! Par ton Plus grand Nom dont tu as fait l’Aurore de tes noms les plus excellents et l’Orient de tes attributs très exaltés, je t’implore de supprimer les voiles qui s’interposent entre toi et tes créatures et de supprimer ce qui les empêche de se tourner vers l’horizon de ta révélation. Ô mon Dieu, par ton Nom très exalté, fais qu’ils se tournent de la gauche de l’oubli et de l’illusion vers la droite de la connaissance et de la certitude, afin qu’ils comprennent ce que ta générosité et ta grâce désirent pour eux et qu’ils dirigent leurs visages vers celui qui est la Manifestation de ta cause et le Révélateur de tes signes.

(8.16)
Ô mon Dieu ! Tu es le Très-généreux dont la grâce est infinie. Ne retiens pas tes serviteurs loin de l’océan très puissant où gisent les perles de ta connaissance et de ta sagesse, et ne les détourne pas du portail que tu as largement ouvert pour tous ceux qui sont au ciel et pour tous ceux qui sont sur la terre. Ô Seigneur ! Ne les abandonne pas à eux-mêmes car ils ne comprennent rien et s’éloignent de ce qui est meilleur pour eux que tout ce que tu as créé sur la terre. Ô mon Dieu, jette sur eux un regard favorable et bienveillant, libère-les de l’égoïsme et de la passion afin qu’ils se rapprochent de ton horizon très exalté, goûtent à la douceur de ton souvenir et se régalent de ce pain que tu as fait descendre du ciel de ta volonté et du firmament de ta grâce. De toute éternité ta générosité embrasse la création tout entière et ta miséricorde surpasse tout. Il n’est de Dieu que toi, qui toujours pardonnes, le Très-Compatissant.

(8.17)
Sois glorifié, ô Seigneur, mon Dieu ! Tu sais que mon coeur fond pour ta cause et que le feu de ton amour fait bouillir le sang dans mes veines à tel point que chaque goutte proclame au plus profond de moi-même : « Ô mon seigneur, le Très-Haut, laisse-moi me répandre sur le sol par amour de toi pour que de ce coeur jaillisse ce que tu as décidé dans tes épîtres et que tu as caché aux yeux de tous à l’exception de ceux de tes serviteurs qui ont goûté, des mains de ta grâce, au flot cristallin de la connaissance, et qui ont bu, à la coupe de tes dons, l’eau fraîche de la compréhension.

(8.18)
Ô mon Dieu, tu sais que dans toutes mes affaires, je n’ai cherché qu’à obéir à ton ordre, que dans chacune de mes paroles je n’ai voulu que chanter tes louanges et que dans tout ce qui est issu de ma plume je n’ai voulu que gagner ton bon plaisir et révéler ce que tu m’as ordonné par ta souveraineté.

(8.19)
Ô mon Dieu, tu me vois perdu dans ton pays. Chaque fois que j’évoque ce que tu m’as commandé de dire, tes créatures se moquent de moi. Et pourtant, si je négligeais ce que tu m’as demandé d’observer, je mériterais la verge de ta colère et serais éloigné des prairies de ton approche. Mais, par ta gloire ! J’ai tourné mon visage vers ton bon plaisir et me suis détourné de ce en quoi tes serviteurs ont placé leurs affections. J’ai pris tout ce qui est à toi en abandonnant tout ce qui me conduirait loin des retraites de ta proximité et des hauteurs de ta gloire. Je le jure par ton pouvoir ! Le coeur plein de ton amour, rien ne peut m’alarmer et dans le chemin de ton bon plaisir toutes les afflictions du monde ne peuvent me décourager. Mais tout ceci n’est dû qu’à ton pouvoir et à ta puissance, à ta générosité et à ta grâce, et non à mon propre mérite.

(8.20)
Cette épître, ô mon Dieu, j’ai décidé de l’envoyer au roi. Tu sais que mon seul souhait c’est qu’il soit juste envers tes serviteurs et qu’il étende ses faveurs au peuple de ton royaume. Je ne désire pour moi que ce que tu désires, et par ton aide, je ne souhaite que ce que tu souhaites. Périsse l’âme qui recherche près de toi un autre que toi ! Je le jure par ta gloire ! Mon souhait le plus cher est ton bon plaisir et ton dessein mon plus grand espoir. Ô mon Dieu, aie pitié de cette pauvre créature qui s’accroche au pan du vêtement de tes richesses, de cette âme suppliante qui te conjure par ces mots : « Tu es en vérité le Seigneur de puissance et de gloire ! » Ô mon Dieu, aide Sa Majesté le Shah, à garder tes lois parmi tes serviteurs et à manifester ta justice parmi tes créatures, afin qu’il traite ces gens comme il traite les autres. Tu es, en vérité, le Dieu de pouvoir, de gloire et de sagesse.

(8.21)
Avec la permission du roi de ce jour, ce serviteur voyagea du siège de la souveraineté [nota : Téhéran] jusqu’en Irak où il séjourna douze ans. Pendant toute cette période, aucune explication sur notre situation ne fut présentée à la cour de ta présence et aucun rapport ne fut envoyé aux Puissances étrangères. Plaçant toute notre confiance en Dieu, nous restâmes dans ce pays jusqu’à l’arrivée d’un haut fonctionnaire [nota : Mírzá Buzurg Khán, Consul général persan à Bagdad] qui dès son arrivée entreprit le harassement de cette pauvre communauté d’exilés. À l’instigation de quelques soi-disant érudits et d’autres individus, il créa, jour après jour, des problèmes à ces serviteurs bien que ceux-ci n’aient jamais commis aucun acte répréhensible contre l’État et ses peuples ou contraire aux lois et coutumes des citoyens du royaume.

(8.22)
Craignant que les actes de ces transgresseurs produisent des effets contraires à ton jugement souverain, ce serviteur écrivit un bref récit de la situation à Mírzá Sa’íd Khán [nota : le Mu’taminu’l-Mulk, Mírzá Sa’íd Khán-i-Anṣarí, ministre des Affaires étrangères] des Affaires étrangères. Il aurait pu ainsi le soumettre à la royale présence de sorte qu’aurait été respecté quoique ce soit que tu aies décrété à ce sujet. Un long temps s’écoula, et aucun décret ne fut publié. Les choses en arrivèrent à un point tel que d’imminentes luttes et tueries furent à craindre. Le besoin de protéger les serviteurs de Dieu contraignit quelques-uns d’entre eux à faire appel au gouverneur d’Irak.

(8.23)
Si tu regardais ces évènements avec équité, il serait clair et évident dans le miroir de ton coeur que ce qui arriva était le résultat des circonstances et qu’il n’y avait pas d’autre choix. Sa Majesté elle-même constate que dans toutes les villes où réside un certain nombre de ces gens, l’hostilité de certains fonctionnaires a allumé la flamme de la dispute et de la discorde. Cette âme humble, depuis son arrivée en Irak, a interdit à tous de s’engager dans la lutte et les dissensions. Les témoins de ce serviteur sont ses actes, et tous savent et peuvent témoigner qu’en Irak, où vivent ces gens en nombre plus grand que nulle part ailleurs, jamais aucun d’eux n’a outrepassé ses limites, ni agressé ses voisins. Fixant leur regard sur Dieu et plaçant en lui toute leur confiance, ils vivent en paix maintenant depuis plus de quinze ans et, dans tous les évènements qui leur sont arrivés ils se sont montrés patients et résignés à la volonté de Dieu.

(8.24)
Après l’arrivée de ce serviteur en la cité d’Andrinople, quelques individus, d’Irak et d’ailleurs, s’enquirent du sens de l’expression « porter assistance à Dieu » qui est citée dans les Écritures saintes. On donna plusieurs réponses, dont l’une est formulée dans ce texte, qui peut prouver clairement, en la cour de ta présence, que ce serviteur n’a d’autre but que de promouvoir l’amélioration et le bien-être du monde. Et si certaines des faveurs divines qui, aussi indigne que je sois, me furent octroyées par le bon plaisir de Dieu ne sont pas évidentes et manifestes, il sera au moins établi que dans sa miséricorde et sa grâce infinies, il n’a pas privé mon coeur de l’ornement de la raison. Voici le passage concernant le sens de « porter assistance à Dieu ».

Il est Dieu. Que sa gloire soit exaltée !

(8.25)
Il est clair et évident que le seul vrai Dieu - Glorifiée soit sa mention ! - est sanctifié au-delà du monde et de tout ce qu’il contient. Par « porter assistance à Dieu » nous n’entendons pas qu’une âme doive se battre ou en affronter une autre. Le souverain Seigneur qui fait ce qui lui plaît a confié le royaume de la création, ses terres et ses mers, aux mains des rois qui sont, selon ce qu’il a décrété, les manifestations de son pouvoir divin. S’ils s’abritaient à l’ombre du Véridique, ils seraient considérés comme du parti de Dieu ; sinon, ton Seigneur sait vraiment et remarque tout.

(8.26)
Ce que Dieu - que son nom soit glorifié - désire pour lui-même, c’est le coeur de ses serviteurs, qui sont les trésors de son amour et de son souvenir ainsi que les châsses de sa connaissance et de sa sagesse. C’est le voeu permanent du Roi éternel de libérer le coeur de ses serviteurs des choses de ce monde et de tout ce qui en dépend afin qu’ils deviennent les dignes bénéficiaires de la splendeur de celui qui est le Roi de tous les noms et de tous les attributs. Ainsi, aucun étranger ne doit être admis dans la cité du coeur afin que l’Ami incomparable puisse entrer dans son foyer. Par là on entend la splendeur de ses noms et de ses attributs, non pas son essence exaltée car ce Roi incomparable a toujours été et sera toujours sanctifié de l’élévation et de l’abaissement.

(8.27)
Il s’ensuit que l’expression « porter assistance à Dieu » ne signifie pas, en ce jour, affronter quelqu’un ou entrer en conflit avec lui. Loin de là ! Ce qui est préférable aux yeux de Dieu, c’est que les cités du coeur des hommes, qui sont dirigées par les armées de l’égoïsme et de la passion, soient soumises par l’épée de la parole, de la sagesse et de la compréhension. Ainsi, quiconque cherche à aider Dieu doit, avant toute chose, conquérir par l’épée du sens spirituel et de l’explication, la cité de son propre coeur, la protéger du souvenir de tout sauf Dieu et ensuite seulement partir à la conquête des cités du coeur des autres.

(8.28)
C’est cela le vrai sens de l’expression « porter assistance à Dieu ». La sédition n’a jamais plu à Dieu, pas plus qu’il n’accepta les actes commis dans le passé par certains sots. Sache qu’être tué dans la voie de son bon plaisir vaut mieux pour toi que tuer. En ce jour, les bien-aimés du Seigneur doivent se conduire parmi ses serviteurs, en sorte que leurs actes guident les hommes vers le paradis du Très-Glorieux.

(8.29)
Par celui qui brille à l’orient de sainteté ! Les amis de Dieu ne placent pas et ne placeront jamais leurs espoirs dans le monde et dans ses possessions éphémères. Le seul vrai Dieu a toujours considéré que le coeur des hommes lui appartient d’une manière exclusive. C’est aussi une expression de sa miséricorde qui surpasse tout, afin qu’ainsi les âmes mortelles soient épurées et sanctifiées de tout ce qui appartient au monde de poussière et entrent aux royaumes d’éternité. Sinon, ce Roi idéal, en lui-même et par lui-même, se suffit à lui-même et est indépendant de tout. L’amour de ses créatures ne saurait lui profiter et leur malveillance ne saurait lui nuire. Tous viennent de la poussière, tous retourneront à la poussière cependant que le vrai Dieu, le seul et l’unique, est établi sur son trône, un trône qui est au-delà du temps et de l’espace, sanctifié au-delà de toute parole ou expression, allusion, description et définition, exalté au-delà de toute notion d’abaissement et de glorification. Cela nul ne le sait sauf lui et ceux qui ont la connaissance du Livre. Il n’est de Dieu que lui, le Tout-Puissant, le Bienfaisant.

(8.30)
Mais il revient à la bienveillance du souverain d’examiner tous les problèmes avec l’oeil de la justice et de la miséricorde et de ne pas se contenter des accusations sans fondements de certains individus. Nous supplions Dieu d’aider généreusement le roi à accomplir ce qu’il Lui plaît ; en vérité, ce qu’il désire devrait être le désir de tous les mondes.

(8.31)
Plus tard, ce serviteur fut sommé de venir à Constantinople où nous arrivâmes en compagnie de quelques pauvres exilés. Nous n’avons jamais cherché à rencontrer quelqu’un puisque nous n’avions rien à demander et que notre seul but était de démontrer à tous que ce serviteur n’avait pas l’esprit malfaisant et ne s’était jamais associé à des semeurs de discorde. Par Celui qui pousse la langue de tous les êtres à chanter ses louanges, il fallut bien prendre des mesures pour protéger certaines âmes puisque certaines circonstances rendaient difficiles l’installation dans n’importe quel quartier. Mon Seigneur sait ce qui est en moi et il témoigne de la vérité de ce que je dis.

(8.32)
Un roi juste est l’ombre de Dieu sur la terre. Tous devraient chercher refuge à l’ombre de sa justice et se reposer à l’abri de ses faveurs. Il ne s’agit pas d’un sujet particulier ou limité dans ses perspectives, que l’on pourrait appliquer à l’un ou à l’autre car l’ombre nous rappelle celui qui la projette. Dieu, glorifié soit son souvenir, s’est appelé lui-même le Seigneur des mondes car il a nourri et nourrit toujours tout le monde. Et glorifiée soit sa grâce qui précède toutes choses créées et sa miséricorde qui surpasse les mondes.

(8.33)
Il est clair et évident que ceux qui se sont associés à cette Cause, qu’elle soit considérée par les autres comme juste ou non, l’ont acceptée comme vraie et qu’ils ont tout abandonné dans leur désir de participer aux choses divines. Qu’ils montrent une telle renonciation dans la voie de l’amour du Très-Miséricordieux est un témoignage fidèle et éloquent de la vérité de leurs convictions. A-t-on jamais vu un homme de bon sens sacrifier sa vie sans motif ni raison ? Il est tout aussi improbable de suggérer que ces gens ont perdu l’esprit, car une telle attitude n’est pas l’apanage d’une ou deux personnes. Au contraire, une grande multitude de gens venant de classes différentes burent leur content des eaux vivifiantes de la connaissance divine et, intoxiqués, se précipitèrent, coeur et âme, vers le champ du sacrifice dans la voie du Bien-aimé.

(8.34)
Si ces âmes, qui ont renoncé à tout sauf à Dieu par amour de lui et ont offert leur vie dans son sentier, doivent être vues comme des imposteurs, qu’offrent les autres pour prouver leurs assertions en ta présence ? Feu Hájí Siyyid Muhammad [nota : Áqá Siyyid Muhammad-i-Ṭabátabá’iy-i-Iṣfáhání, connu comme « Mujáhid »] - Que Dieu exalte son rang et le plonge dans l’océan de son pardon et de sa miséricorde ! - fut l’un des clercs les plus érudits de son temps, l’un des hommes les plus dévot et pieux. Il était si bien considéré que tous le louaient et reconnaissaient sa droiture et sa piété. Pourtant, lors de la guerre avec la Russie [nota : la seconde guerre russo-persane de 1825-28] lui qui avait signé le décret de la guerre sainte et qui, bannière au vent, avait quitté son pays natal pour défendre sa foi, abandonna, après la violence d’une brève échauffourée, toutes ses bonnes intentions et s’en retourna d’où il était venu. Si seulement le voile pouvait se lever et les yeux des hommes découvrir ce qui était jusqu’à présent caché !

(8.35)
Depuis plus de vingt ans, ces gens sont, jour et nuit, victimes du courroux furieux du souverain et les orages impétueux de son déplaisir les ont disséminés dans différents pays. Combien d’enfants devinrent orphelins et combien de pères perdirent leurs fils ! Combien de mères n’eurent pas le courage, sous la peur ou la menace, de pleurer leurs enfants assassinés ! Combien qui, riches et influents le soir, se virent au matin destitués et profondément humiliés ! Il n’est pas de pays dont le sol ne soit pas teinté de leur sang et nul endroit du ciel où leurs soupirs ne soient pas montés. Au long des années, les flèches des tourments n’ont cessé de pleuvoir des nuages de la volonté divine et malgré toutes ces calamités, toutes ces tribulations, la flamme de l’amour divin brûle toujours dans leur coeur au point que si l’on déchiquetait leurs corps, non seulement ils n’abandonneraient pas leur amour de celui qui est le Bien-Aimé des mondes, mais ils accueilleraient de tout coeur ce qui peut leur advenir dans le chemin de Dieu.

(8.36)
Ô roi, les brises de la grâce du Très-Miséricordieux ont transformé ces serviteurs et les ont attirés jusqu’à sa Cour sacrée. «Les preuves d’un vrai amour se voient sur les manches de l’amant ». Et pourtant, quelques soi-disant érudits ont troublé le coeur lumineux du roi de ce jour, concernant ces âmes qui gravitent autour de la tente du Très-Miséricordieux et cherchent à atteindre le sanctuaire de la vraie connaissance. Si seulement Sa Majesté daignait décider que ce serviteur soit mis face à face avec les religieux de ce temps afin qu’il produise des preuves et des témoignages en présence de sa majesté le Shah ! Ce serviteur est prêt et il place en Dieu son espoir que cette réunion sera organisée afin que la vérité de cette question soit claire et évidente devant Sa Majesté le Shah. C’est à toi d’ordonner et je me tiens prêt devant le trône de ta souveraineté. Décide donc, pour ou contre moi.

(8.37)
Dans le Coran, son témoignage éternel à tous les peuples du monde, le Très-Miséricordieux affirme : « Souhaitez la mort si vous êtes des hommes de vérité » [voir Coran : 2.94 ; 62.6]. Vois comme il a désigné le désir de la mort comme preuve de la sincérité ! Et ton jugement lumineux sait clairement, sans aucun doute et avec évidence, lesquels ont choisi, en ce jour, de donner leur vie dans le sentier du Bien-Aimé des mondes. Si l’on écrivait des livres exposant les croyances de ces gens avec le sang qu’ils ont répandu dans le sentier de Dieu - exalté soit sa gloire ! - on pourrait déjà en lire d’innombrables volumes.

(8.38)
Nous osons demander comment il est possible d’attaquer ces gens dont les actes sont en conformité avec leurs paroles et de croire plutôt ceux qui refusent d’abandonner un iota de leur autorité mondaine dans le chemin de celui qui est l’Indépendant ? Quelques-uns des religieux qui ont déclaré infidèle ce serviteur ne m’ont jamais rencontré. Sans m’avoir jamais vu, sans connaître mon dessein, ils ont parlé et agi selon leur désir. Pourtant, chaque prétention exige une preuve et pas seulement des mots et des étalages d’apparente piété.

(8.39)
À ce propos, plusieurs passages du Livre caché de Fátimih - que Dieu la bénisse ! - sont pertinents et seront cités en persan afin que certains sujets, jusqu’à maintenant cachés, soient révélés en ta présence. Les personnes à qui s’adresse ce livre, qu’on appelle aujourd’hui Les paroles cachées, sont celles qui, bien que connues pour leurs apparentes connaissance et piété, ne sont au fond d’eux-mêmes qu’esclaves de l’égoïsme et de la passion.

(8.40)
Il dit : Ô vous qui êtes sots et cependant, passez pour sages ! Pourquoi prenez-vous l’apparence de bergers alors qu’au fond, vous êtes devenus des loups acharnés contre mon troupeau ? Vous êtes comme l’étoile qui précède l’aurore, elle paraît brillante et lumineuse alors qu’elle égare les voyageurs de ma cité sur les chemins de perdition.

(8.41)
De même, il dit : Ô vous qui paraissez justes, mais qui au fond êtes perfides ! Vous êtes comme une eau claire et amère apparemment pure comme du cristal, mais le divin Dégustateur n’en accepte aucune goutte. Certes, le rayon de soleil tombe sur la poussière comme sur le miroir, mais leur reflet diffère comme diffère l’étoile de la terre ; immense est la différence !

(8.42)
Il dit encore : Ô essence de désir ! Bien des fois, à l’aurore, depuis les royaumes de l’infini, je suis venu vers ta demeure et t’ai trouvé sur la couche de repos, occupé avec d’autres que moi. Aussi, tel l’éclair de l’esprit, je suis retourné au royaume de gloire céleste et, dans mes retraites d’en-haut, je n’en ai soufflé mot aux armées de sainteté

(8.43)
Et de nouveau, il dit : Ô esclave du monde ! Que de fois, à l’aurore, la brise de ma tendre bonté est passée sur toi et t’a trouvé profondément endormi. Alors, pleurant sur ta condition, elle est repartie d’où elle était venue. [voir : « Paroles cachées » en persan : 24, 25, 28 et 30]

(8.44)
Ainsi, dans l’exercice de la justice royale, il n’est pas suffisant d’écouter le seul plaignant. Dans le Coran, la balance qui distingue sans erreur le vrai du faux, Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Si un méchant homme vous apporte une nouvelle, vérifiez-la de suite, de peur que par ignorance vous ne fassiez du mal à d’autres et que vous vous repentiez ensuite de ce que vous avez fait » [voir : Coran 49.6]. Les saintes traditions contiennent en outre ce conseil : «Ne croyez pas le conteur d’histoires » Certains des religieux qui ne nous ont jamais vu ont mal interprété la nature de notre cause. Mais ceux qui nous ont rencontré témoigneront que ce serviteur ne parle qu’en accord avec ce que Dieu commande dans le Livre et qu’il a rappelé ce verset béni - qu’exaltée soit sa parole - : « Nous rejetez-vous seulement parce que nous croyons en Dieu, en ce qu’il nous a révélé et en ce qu’il révéla dans le passé ? [voir : Coran 5.59 - « De quoi nous accusez-vous ? Sinon de croire en Dieu, à ce qui est descendu vers nous et à ce qui était descendu auparavant ? »]

(8.45)
Ô roi de ce temps ! Les yeux de ces réfugiés se tournent vers le Très-Miséricordieux et comptent sur sa clémence. Il ne fait aucun doute que ces tribulations seront suivies par une effusion de grâce divine et qu’à ces dures adversités succèdera une prospérité abondante. Nous osons pourtant espérer que Sa Majesté, le Shah, examinera lui-même ces questions et apportera de l’espoir au coeur. Ce que nous soumettons à ta majesté n’est vraiment que pour ton plus grand bien. En vérité, Dieu m’en est un témoin suffisant.

(8.46)
Glorifié sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu ! Je témoigne que le coeur du roi est vraiment entre les doigts de ton pouvoir. Si c’est ton souhait, ô mon Dieu, incline le vers la charité et la miséricorde. Tu es, en vérité, le Tout-Puissant, le Très-Exalté, le Très-Généreux. Il n’est de Dieu que toi, le Très-Glorieux, celui dont tous recherchent le secours.

(8.47)
En ce qui concerne les qualités des érudits, il dit : « Si, un érudit reste calme, défend sa foi, réfrène ses désirs et obéit aux commandements de son Seigneur, tous se doivent de l’imiter... » [nota : tradition attribuée au onzième Imám, Abú Muhammad al Hasan al-’Askarí]. Si le roi de ce jour méditait cette affirmation, sortie de la bouche de celui qui est l’Aurore de la révélation du Très-Miséricordieux, il réaliserait que ceux qui sont ornés des attributs énumérés dans cette sainte tradition sont plus rares que la pierre philosophale. Il s’ensuit que tout le monde ne peut prétendre à un savoir digne d’être cru.

(8.48)
Concernant les religieux du Temps de la fin, il dit encore : « Les docteurs en religion de ces jours-là seront les religieux les plus vicieux qu’ont aie vus sous les cieux. D’eux sortira la malfaisance et vers eux elle retournera. » Il dit aussi : « Quand l’étendard de la vérité sera visible, les peuples de l’Orient et de l’Occident le maudiront » [nota : tradition attribuée au sixième Imám, Abú ‘Abdu’lláh Ja’far aṣ-Sádiq]. Si quelqu’un conteste ces traditions ce serviteur entreprendra d’établir leur validité car, par souci de brièveté, on a omis de citer les détails de leur transmission.

(8.49)
Les théologiens qui ont bu à la coupe de la renonciation n’ont jamais fait obstacle à ce serviteur. Ainsi, par exemple, Shaykh Murtadá [nota : Shaykh Mutadáy-i-Anṣarí, un éminent mujtahid] - Que Dieu exalte son rang et fasse qu’il repose à l’ombre de sa grâce ! - nous a traité avec bonté lors de notre séjour en Irak et n’a jamais parlé de cette cause autrement que selon ce que Dieu permet. Nous supplions Dieu d’aider généreusement chacun à faire sa volonté et son bon plaisir.

(8.50)
Pourtant, ils ont maintenant tous perdu de vue toute autre considération et ils ne font que persécuter ces gens. Ainsi de certaines personnes qui, par la grâce de leur Seigneur, reposent à l’ombre de ta royale miséricorde et jouissent de faveurs innombrables, à qui l’on demanderait : « Quel service avez-vous rendu en retour de ces faveurs royales, avez-vous, par une politique habile, annexé un nouveau territoire au royaume, vous êtes-vous consacrés exclusivement à ce qui assurerait le bien-être du peuple, la prospérité du royaume et la gloire durable de l’État ? », la seule réponse est de désigner en ta royale présence un groupe de gens comme étant, à tort ou à raison, bábís et de pratiquer ensuite massacres et pillage. À Tabríz par exemple, comme dans la ville égyptienne de Manṣúríyyih, plusieurs personnes furent ainsi rançonnées, de grandes sommes d’argent volées, et pourtant aucun rapport ne fut fait sur ces évènements à la cour de ta présence.

(8.51)
Tout cela est arrivé parce que, trouvant ces infortunés sans protection, leurs persécuteurs oublièrent les problèmes plus importants et consacrèrent leur temps à harasser ces malheureux. Nombreuses sont les confessions et diverses sont les croyances qui vivent en paix à l’ombre de ta souveraineté. Fais que ces gens soient comptés parmi elles. Ceux qui servent le roi devraient être animés par des buts si élevés et des intentions si sublimes qu’ils s’efforceraient constamment de placer toutes les religions à l’abri de son ombre et de les administrer en parfaite justice.

(8.52)
Appliquer les lois de Dieu n’est que justice et c’est la source du bien-être général. Bien mieux, les lois divines ont toujours été et seront toujours la cause et l’instrument de la protection de l’humanité, ainsi qu’en témoignent ses paroles exaltées : « Dans la punition vous trouverez la vie, ô hommes de compréhension ! » [voir : Coran 2.179] Mais il ne convient pas à la justice de Ta Majesté que tout un groupe soit soumis à la verge de ton courroux pour la faute d’une seule âme. Le seul vrai Dieu - glorifié soit son nom ! - dit : « Aucune ne portera le fardeau d’une autre » [voir : Coran 6.164 ; 17.15 ; 35.18 ; 39.7 ; 53.38] Il est clair et évident qu’en chaque communauté il y a toujours eu et il y aura toujours l’érudit et l’ignorant, le sage et le sot, le débauché et le pieux. Qu’une âme sage et réfléchie commette un acte odieux est très improbable car une telle personne, soit recherche ce monde, soit le rejette. Dans le second cas, il ne regarderait rien d’autre que Dieu et la crainte de Dieu l’empêcherait encore plus de commettre tout acte illégal ou répréhensible. Dans le premier cas, il éviterait certainement tout acte qui alarmerait et ferait peur aux gens, il agirait de telle sorte qu’il gagnerait leur confiance. Il est donc évident que des actes répréhensibles ont toujours été accomplis, et le seront toujours, par des âmes sottes et ignorantes. Nous implorons Dieu d’empêcher ses serviteurs de se tourner vers tout autre que lui et de les attirer vers sa présence. Son pouvoir, en vérité, égale tout.

(8.53)
Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Tu entends la voix de mes lamentations, tu vois ma condition, ma détresse, mon affliction. Tu sais tout ce qui est en moi. Si je ne lance cet appel que par amour de toi, attire le coeur de tes créatures vers le paradis de ta connaissance et le coeur du souverain vers la droite du trône de ton nom, le Très-Miséricordieux. Ô mon Dieu, accorde-lui une part de cette bonne nourriture qui vient du ciel de ta générosité et des nuages de ta miséricorde afin qu’il renonce à tout et se tourne vers la cour de ta faveur. Aide-le ô mon Dieu, à soutenir ta cause et à exalter ton verbe parmi tes créatures. Renforce-le des armées visibles et invisibles afin qu’il conquière toutes les villes en ton nom et domine, par ta souveraineté et ton pouvoir, tout ce qui vit sur terre. Ô toi qui tiens entre tes mains le royaume de la création ! Tu es l’Ordonnateur suprême du commencement à la fin. Il n’est de Dieu que toi, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Sage.

(8.54)
Notre cause a été si dénaturée en ta royale présence que chaque acte inconvenant commit par l’un de ses adeptes, est présenté comme suscité par leurs croyances. Par celui auprès de qui il n’est pas d’autre Dieu, ce serviteur a refusé de sanctionner le fait de commettre des actions réprouvées, que dire alors de celles qui sont explicitement interdites dans le Livre de Dieu.

(8.55)
Dieu interdit aux hommes de boire du vin et cette interdiction est révélée et inscrite dans son Livre. Malgré tout et en dépit du fait que les érudits d’aujourd’hui - que Dieu augmente leur nombre ! - ont interdit à tous cet acte misérable, quelques-uns le font toujours. La punition qu’un tel acte appelle, ne doit pourtant s’appliquer qu’aux négligents qui l’accomplissent alors que les nobles Manifestations de la sainteté suprême sont sanctifiées et exemptes de tout blâme. En fait, toute la création visible et invisible, témoigne de leur sainteté.

(8.56)
Ces serviteurs regardent le seul vrai Dieu comme étant celui qui « fait ce qu’il veut » [voir : Coran 3.40 ; 14.27 ; 22.18] et qui « ordonne ce qui lui plaît » [voir : Coran 5.1]. C’est pourquoi ils ne voient pas comme impossible l’apparition continue dans le monde contingent des Manifestations de son unité. Si quelqu’un croit le contraire, comment peut-il être différent de ceux qui croient que Dieu est « enchaîné » ? [voir : Coran 5.64] Et si le seul vrai Dieu - Glorifiée soit sa mention ! - doit être vraiment considéré comme libre, alors toute cause qu’il plaît à cet ancien Roi de manifester depuis la source de son commandement doit être embrassée par tous. Il n’y a de refuge pour personne et nul abri où se précipiter si ce n’est auprès de Dieu ; il n’y a de protection pour personne et nul abri si ce n’est auprès de lui.

(8.57)
La condition essentielle de celui qui avance une prétention c’est de pouvoir la prouver par des preuves et des témoignages évidents. Sinon, le rejet par les hommes, qu’ils soient ignorants ou érudits, n’a et n’a jamais eu d’importance. Les prophètes de Dieu, ces perles de l’océan de l’unité divine et dépositaires de la révélation divine, ont toujours été rejetés et refusés par les hommes. Comme il dit : « Chaque nation couvait de mauvais desseins contre son Messager pour s’en saisir ; on disputait avec des mensonges pour détruire la vérité » [voir : Coran 40.5] et aussi : « Aucun messager n’est venu vers eux qu’ils ne l’eussent pris pour l’objet de leurs railleries. » [voir : Coran 36.30]

(8.58)
Considère la révélation de celui qui est le Sceau des prophètes et le Roi des élus - que les âmes de toute l’humanité soient offertes par amour de lui ! Le soleil de vérité s’étant élevé au-dessus de l’horizon du Hijáz, grandes furent alors les cruautés que les tenants de l’erreur infligèrent à cette incomparable manifestation du Très-Glorieux ! Leur irréflexion était telle qu’ils considéraient chaque blessure infligée à cet être sacré comme un acte des plus louable, comme un moyen d’arriver à Dieu, le Très-Haut. Car dans les premières années de sa mission les religieux de ce temps, qu’ils fussent juifs ou chrétiens, se détournaient de ce Soleil du ciel de gloire et tous, grands ou petits, s’affairaient à éteindre la lumière de cet Astre de l’horizon du sens spirituel. Le nom de ces religieux sont mentionnés dans les livres anciens ; parmi eux on trouve Wahb Ibn-i-Ráhib, Ka’b Ibn-i-Ashraf, ‘Abdu’lláh-i-Ubayy et d’autres tous pareils.

(8.59)
Les choses en arrivèrent au point où ces hommes se réunirent et conspirèrent pour répandre son sang pur, comme Dieu - glorifiée soit sa mention ! - le dit : « Et souviens-toi quand les infidèles tramaient un complot contre toi, quand ils voulaient te saisir, te tuer ou te chasser, Dieu, à son tour, complota contre eux, et certes Dieu est le plus habile à nouer un complot. » [voir : Coran 8.30] Il dit aussi : « Leur opposition te pèse ; certes, si tu le pouvais, tu désirerais pratiquer un antre dans la terre ou une échelle pour monter au ciel, afin de leur montrer un mirage. Si Dieu voulait, ils se réuniraient tous dans la direction du chemin droit. Ne soit donc pas du nombre des ignorants. » [voir : Coran 6.35] Par Dieu ! Le coeur de ses favoris se consume devant le sens de ces deux versets bénis. Ces faits, bien établis et indiscutables, sont oubliés et plus personne, ni hier ni aujourd’hui, ne s’arrête pour réfléchir à ce qui fit les hommes se détourner des Révélateurs de la lumière de Dieu au temps de leur manifestation.

(8.60)
De même, avant l’apparition du Sceau des Prophètes, considère Jésus, fils de Marie. Quand cette manifestation du Très-Miséricordieux se révéla, tous les prêtres accusèrent cette quintessence de la foi d’impiété et de rébellion. Finalement, avec la caution d’Anne, le plus érudit des prêtres de son temps et de Caïphe, le grand prêtre, sa personne bénie souffrit ce que la plume a honte de mentionner et est impuissante à décrire. Le monde entier dans toute sa grandeur ne pouvait plus le contenir et Dieu finit par l’élever jusqu’aux cieux.

(8.61)
Conter en détail l’histoire de tous les Prophètes serait fastidieux. Les docteurs de la Torah, par exemple, affirment qu’aucun prophète indépendant ne viendra avec une nouvelle loi après Moïse. Ils affirment qu’un rejeton de la maison de David sera manifesté, qui promulguera la Loi de la Torah et contribuera à établir et à appliquer ses commandements tant en l’Orient qu’en Occident.

(8.62)
Les disciples de l’Évangile tenaient aussi pour impossible qu’après Jésus, fils de Marie - que la paix soit sur lui ! - le porteur d’une nouvelle révélation brille de nouveau à l’orient de la volonté de Dieu. Pour preuve de cette position, ils s’appuient sur le verset suivant de l’Évangile : « Le ciel et la terre passeront, mais les paroles du Fils de l’homme ne passeront pas. » [voir : Matthieu, 24.35, Marc 13.31, Luc 21.33] Ils maintiennent que ni les enseignements ni les commandements de Jésus - Paix sur lui ! - ne peuvent jamais être altérés.

(8.63)
Il dit dans l’Évangile : « Je m’en vais et je reviendrai » [voir : Jean 14.28] De même, dans l’évangile de Jean, il prédit la venue d’un Consolateur qui viendra après lui [voir : Jean 14.16, 14.26, 15.26, 16.7]. Dans l’évangile de Luc aussi un certain nombre de signes et de prodiges sont mentionnés. Certains religieux de cette religion ont pourtant interprété ces affirmations selon leur fantaisie et n’ont pas réussi à comprendre leur vrai sens.

(8.64)
Ô Shah, si seulement tu pouvais me permettre de t’envoyer ce qui réjouirait les yeux, calmerait les âmes et persuaderait toutes personnes équitables qu’il a la connaissance du Livre. Certains, incapables de répondre aux objections élevées par ses opposants, prétendent que la Torah et l’Évangile ont été corrompus ; en réalité, les références à la corruption ne concernent que certains cas précis. Sans le rejet des sots et la connivence des religieux, j’aurais prononcé un discours qui aurait ravi les coeurs, les transportant jusqu’en un royaume d’où l’on perçoit dans le murmure des vents : Il n’est de Dieu que Lui ! ». Mais le temps n’est pas encore venu, aussi la langue de mon éloquence est-elle immobile et le vin de l’explication reste-t-il scellé jusqu’à ce que Dieu, par la force de son pouvoir, daigne l’inaugurer. Il est le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(8.65)
Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Par ton Nom, par lequel tu soumets tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, je te demande de protéger la lampe de ta cause au sein du globe de ton omnipotence et de ta généreuse faveur, de crainte que ceux qui sont insouciants des mystères de ton nom, l’Indépendant, ne l’exposent aux coups de la dénégation. Que l’huile de ta sagesse augmente alors la radiance de sa lumière ! Tu as vraiment pouvoir sur tous les habitants de la terre et du ciel.

(8.66)
Ô mon Seigneur, par ton Verbe très exalté qui frappe de terreur le coeur de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, à l’exception de ceux qui tiennent fermement ta Poignée sûre, je t’implore de ne pas m’abandonner au milieu de tes créatures. Élève-moi vers toi, fais-moi entrer à l’ombre de ta miséricorde et donne-moi à boire du vin pur de ta providence afin que je vive sous la tente de Ta Majesté, sous le dais de ta bienveillance. Tu as le pouvoir de faire ce qui te plaît. Tu es vraiment le Secours, l’Absolu.

(8.67)
Ô roi, la lampe de la justice est éteinte et le feu de la tyrannie brûle de tout côté à tel point que mon peuple fut conduit captif de Zawrá’ [nota : Bagdad] vers Mosul, connue sous le nom de Hadbá’. Ce n’est pas le premier outrage subi dans la voie de Dieu. Chacun doit examiner ce qui est arrivé aux parents du Prophète lorsqu’on les entraîna, captifs, jusqu’à Damas, connue sous le nom de Fayhá’. Parmi eux, on trouvait le prince des adorateurs de Dieu, le soutien de ceux qui sont proches de Lui, le sanctuaire de ceux qui recherchent sa présence - que la vie de tous lui soit offerte en sacrifice ! [nota : ‘Alí Ibn Husayn, connu comme « Zaynu’l-Ábidín », le deuxième fils de l’Imám Husayn, qui devint le quatrième Imám]

(8.68)
On leur demanda : «Êtes-vous du parti des Sortants ? » [voir : Coran 57.16] Ils répliquèrent : « Par le Seigneur Tout-Puissant, nous sommes des serviteurs qui croient en Dieu et en ses versets. Grâce à nous, le visage de la foi resplendit de joie. Grâce à nous le signe du Très-Miséricordieux brille. À la mention de nos noms le désert de Bathá [nota : La Mecque] se couvre d’eau et l’obscurité qui sépare le ciel et la terre s’évanouit.

(8.69)
On leur demanda : « Avez-vous interdit ce que Dieu a rendu légal, ou permis ce qu’il a interdit ? » Il répondit : « Nous sommes les premiers à suivre les commandements divins. Nous sommes la racine et l’origine de sa cause, le début de tout bien et sa fin. Nous sommes le signe de l’Ancien des Jours et son souvenir parmi les nations »

(8.70)
On leur demanda : « Avez-vous oublié le Coran ? » Il répondit : « C’est dans notre maison que le Très-Miséricordieux le révéla. Nous sommes les brises du Très-Glorieux parmi sa création. Nous sommes les eaux qui jaillissent du très grand Océan et par lesquelles Dieu revivifie la terre, et la revivifiera encore après sa mort. Grâce à nous ses signes se diffusent, ses preuves se révèlent, ses symboles se dévoilent. Nous connaissons ses sens cachés et ses mystères inouïs. »

(8.71)
On leur demanda : « Pour quel crime êtes-vous punis ? » Il répondit : « Pour notre amour de Dieu et notre détachement de tout sauf de lui. »

(8.72)
Que la paix soit sur lui ! Nous n’avons pas relaté ses paroles exactes, nous avons plutôt dispensé quelques gouttes de cet océan de vie éternelle qui gît en elles afin que ceux qui entendent soient ranimés et prennent conscience de ce qui est arrivé aux fidèles de Dieu livrés aux mains d’une génération méchante et égarée. Nous voyons aujourd’hui les gens blâmer les oppresseurs du passé alors qu’eux-mêmes commettent des vilenies encore plus grandes et ne le savent pas !

(8.73)
Dieu m’est témoin que mon but n’est pas de fomenter la sédition mais de purifier ses serviteurs de tout ce qui les empêche de s’approcher de lui, le Seigneur du Jour du jugement. J’étais endormi sur ma couche et voilà que les brises de mon Seigneur, le Très-Miséricordieux, soufflèrent sur moi, me tirèrent de mon sommeil et me forcèrent à élever la voix entre ciel et terre. Cela ne vient pas de moi, mais de Dieu. En témoignent les habitants de son Empire et de son Royaume, ainsi que les citoyens des villes de sa gloire impérissable. Par lui qui est la vérité, je ne crains ni tribulation en son chemin, ni affliction en raison de mon amour pour lui et dans le sentier de son bon plaisir. En vérité, Dieu a voulu que l’adversité soit une rosée matinale pour son vert pâturage et une mèche pour sa lampe qui éclaire le ciel et la terre.

(8.74)
La fortune d’un homme dure-t-elle toujours ? Peut-elle le protéger de celui qui, avant peu, le saisira par les cheveux ? En contemplant ceux qui dorment dans les tombes, couchés dans la poussière, peut-on distinguer le crâne effrité du souverain des os désagrégés d’un de ses sujets ? Par celui qui est le Roi des rois, peut-on faire la différence entre le suzerain et le vassal, entre le riche, le nanti, et celui qui n’avait ni chaussures ni matelas ? Par Dieu ! Toute distinction est gommée sauf pour ceux qui défendirent le droit et gouvernèrent avec justice.

(8.75)
Où sont les érudits, les religieux, les potentats du passé ? Que sont devenues leurs vues pénétrantes, leur perception sagace, leurs idées subtiles et leurs sages décisions ? Où sont leurs coffres cachés, leurs ornements prétentieux, leurs couches dorées, leurs tapis et leurs coussins éparpillés ? Disparue à jamais leur génération ! Tous ont péri et, par décret de Dieu, rien ne reste d’eux que poussière disséminée. Dissipée la richesse qu’ils avaient accumulée, dispersées les réserves qu’ils avaient thésaurisées, épuisés les trésors qu’ils avaient cachés ! On ne voit plus que leurs demeures désertes, leurs maisons sans toit, leurs arbres déracinés et leur splendeur flétrie. Aucun homme perspicace ne laissera la richesse le distraire de son objectif ultime, aucun homme de compréhension ne laissera la fortune l’empêcher de se tourner vers celui qui possède tout, le Très-Haut.

(8.76)
Où est celui qui dominait partout où brille le soleil, qui vivait avec extravagance, et recherchait les pompes de la terre et de tout ce s’y trouve ? Où est le commandeur de la légion basanée qui portait haut l’étendard doré ? Où est le dirigeant de Zawrá’, le tyran de Fayhá’? [nota : les Abassides dont la forteresse était Zawrá (Bagdad) étaient célèbres par leur légion basanée tandis que les Omeyyades dont la forteresse était Fayhá’ (Damas) avaient des étendards rouges et or] Où sont ceux dont la munificence faisait honte aux trésors de la terre, dont les largesses et l’enflure orgueilleuse humiliaient l’océan lui-même ? Où est celui qui leva le bras en signe de rébellion et se retourna contre le Très-Miséricordieux ?

(8.77)
Où sont ceux qui recherchèrent les plaisirs terrestres et les fruits des désirs charnels ? Ou se sont enfuies leurs belles et charmantes femmes ? Où sont leurs arbres ondulants, leurs buissons verdoyants, leurs beaux manoirs, leurs jardins bien dessinés ? Et qu’en est-il des délices de ces jardins : le sol meuble, les brises fraîches, le murmure des ruisseaux, le chuchotement du vent, le roucoulement des colombes et le bruissement des feuilles ? Où sont maintenant leurs matins splendides et les sourires qui éclairaient leurs visages ? Hélas ! Ils ont tous péri et reposent maintenant sous un dais de poussière. Nul n’en parle ni ne les mentionne, nul ne connaît leur histoire et rien ne reste de leurs traces.

(8.78)
Quoi ! Va-t-on contester ce dont on est témoin ? Va-t-on nier ce qu’on sait être vrai ? Quelle confusion ! Ne voit-on pas qu’on est embarqué pour un voyage dont on ne revient pas ? Va-t-on longtemps encore errer de montagne en vallée, de colline en ravin ? « N’est-ce pas le temps, pour les croyants, d’humilier leur coeur à la mention de Dieu ? » [voir : Coran 57.16] Heureux celui qui a dit ou qui dira : « Oui, par mon Seigneur ! Voici que le temps est venu, que l’heure a sonné ! » et qui, ensuite, se détachera de tout ce qui fut et se donnera entièrement à celui qui est le Possesseur de l’univers et le Seigneur de toute la création.

(8.79)
Et pourtant, quelle espérance ! Car rien ne se récolte qui n’ait été semé, et rien n’est relevé qui n’ait été couché [voir : Luc 19.21] si ce n’est par la grâce et les dons du Seigneur. Le monde a-t-il déjà conçu dans son sein celui dont les voiles de gloire ne l’empêchent pas de monter jusqu’au royaume de son Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Haut ? Nous appartient-il encore d’accomplir ces actes qui dissipent nos afflictions et nous rapprochent de celui qui est la Cause des causes ? Nous supplions Dieu de nous traiter avec générosité, non avec justice, et de nous accorder d’être de ceux qui se sont tournés vers leur Seigneur et se sont détachés de tout le reste.

(8.80)
Ô Shah ! J’ai subi dans le sentier de Dieu ce qu’aucun oeil n’a vu et aucune oreille entendu. Mes connaissances m’ont répudié et mes chemins se sont étrécis. La fontaine du bien-être s’est asséchée et la demeure confortable est tombée en ruine. Nombreuses sont les épreuves qui ont plu et pleuvront bientôt sur moi ! Je m’avance, le visage tourné vers le Tout-Puissant, le Très Généreux, tandis que derrière moi rampe le serpent. Mes yeux ont tant pleuré que mes larmes ont trempé ma couche.

(8.81)
Mais ce n’est pas sur moi que je m’attriste. Par Dieu ! Ma tête désire ardemment la lance pour l’amour de son Dieu. Je ne suis jamais passé près d’un arbre sans que mon coeur ne lui dise : « Ô ! Puisses-tu être abattu en mon nom pour que mon corps soit crucifié sur toi, dans le chemin de son Seigneur ! » car je vois les gens errer dans l’affliction et inconscients dans leur stupeur éthylique. Ils adorent leurs passions et ont détrôné leur Dieu. Peut-être ont-ils pris sa cause pour une plaisanterie et la considèrent-ils comme un jouet ou un passe-temps, tout en pensant qu’ils font le bien et vivent en sécurité dans la citadelle de sûreté. Cependant les choses ne sont pas ce qu’ils aiment imaginer : ils découvriront demain ce qu’aujourd’hui ils nient.

(8.82)
Avant peu les riches et les puissants nous banniront du pays d’Andrinople vers la ville d’Acre. On raconte que c’est la plus désolée des villes du monde, la plus désagréable en apparence, au climat le plus détestable et à l’eau la plus immonde. Elle ressemble à une ville de hiboux dans l’enceinte de laquelle on n’entend que leur cri. C’est là qu’ils ont décidé d’emprisonner cet Adolescent, de nous refuser l’accès au bien-être et au confort et de nous priver de tous les bienfaits terrestres pour le reste de nos jours.

(8.83)
Par Dieu ! La fatigue m’abat, la faim m’épuise, la roche nue me sert de lit et les bêtes sauvages sont mes compagnons, mais je ne me plaindrai pas, je le supporterai patiemment comme tant d’autres l’ont supporté avec patience, constance et fermeté par le pouvoir de Dieu, l’éternel Souverain, le Créateur des nations. Et je rendrai grâce à Dieu en toutes circonstances. Nous prions pour que, dans sa bonté, Dieu - loué soit-il - délivre, par cet emprisonnement, les hommes des chaînes et des fers, et leur permette de se tourner, avec sincérité, vers la face de celui qui est le Tout-Puissant, le Généreux. Il est prêt à répondre à quiconque l’invoque et il est proche de celui qui communie avec lui. Nous le supplions aussi de faire de cette sombre épreuve un bouclier pour le temple de sa cause et de la protéger des assauts des épées aiguisées et des poignards affûtés. L’adversité a toujours donné lieu à l’élévation de sa cause et à la glorification de son nom. Telle est la méthode de Dieu depuis des siècles et des âges. Ce qu’aujourd’hui les gens ne peuvent comprendre, ils le découvriront bientôt, le jour où leur monture trébuchera, où leurs atours seront repliés, leurs lames émoussées et où leurs pieds achopperont.

(8.84)
Je ne sais pas pendant combien de temps ils éperonneront le destrier de l’ego et des passions pour se perdre dans le désert de l’erreur et de la négligence. La pompe du puissant ou le malheur de l’humilié dureront-ils ? Celui qui repose sur le siège le plus élevé, au pinacle de la gloire et de la puissance, y restera-t-il toujours ? Non ! Par mon Seigneur, le Très-Miséricordieux. Tout ce qui est sur la terre passera. Seule restera la face de Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Généreux. [voir : Coran 55.26]

(8.85)
Quelle armure n’est pas percée par la flèche de destruction et quel front royal n’est pas dépouillé par la main du destin ? Quelle forteresse résiste à l’approche du messager de la mort, quel trône n’est pas réduit en pièces, quel palais changé en ruines ? Si ces gens goûtaient au vin choisi par la miséricorde de son Seigneur, le Tout-Puissant, l’Omniscient, et mis en réserve pour eux dans l’au-delà, ils arrêteraient leur censure et ne rechercheraient que le bon plaisir de cet Adolescent. Pourtant, ils m’ont caché derrière un voile de noirceur tissé par les mains des désirs oiseux et des vaines imaginations. Avant peu, la main nivéenne de Dieu déchirera la noirceur de cette nuit et ouvrira un grand portail dans cette ville. Alors ils y pénétreront par troupes en proclamant ce que les accusateurs proclamaient dans le passé [voir : Coran 12.31], ainsi sera manifeste à la fin ce qui apparut au commencement.

(8.86)
Désirent-ils s’attarder ici alors qu’ils ont déjà un pied dans l’étrier ? Veulent-ils revenir alors qu’ils s’en sont allé ? Non, par celui qui est le Seigneur des seigneurs ! Pas avant le jour du jugement, le jour où les hommes sortiront de leurs tombes et devront rendre compte. Bienheureux celui qui ne sera pas écrasé par son fardeaux ce jour-là, le jour où les montagnes disparaîtront et où tous seront réunis pour être interrogés en présence de Dieu, le Très-Exalté. Sévère est-il dans ses punitions !

(8.87)
Nous supplions Dieu de purger le coeur de certains religieux de l’inimitié et de l’hostilité afin qu’ils regardent les choses d’un oeil dégagé de mépris. Puisse-t-il les élever jusqu’à un état où ni l’attrait du monde ni la fascination pour le pouvoir ne parviendront à détourner leur regard de l’horizon suprême et où ni les bienfaits terrestres ni les désirs charnels ne les empêcheront d’arriver à ce jour où les montagnes seront réduites en poussière. Ils se réjouissent aujourd’hui des malheurs qui nous atteignent mais bientôt viendra le temps où ils se lamenteront et pleureront. Par mon Seigneur ! Si je pouvais choisir entre, d’une part, la richesse et l’opulence, le confort et l’aisance, les honneurs et la gloire qu’ils connaissent et, d’autre part, les adversités et les épreuves qui sont miennes, je choisirais sans hésiter ma présente condition et je refuserais d’échanger un seul atome de ces malheurs contre tout ce qui fut créé dans le monde de l’être.

(8.88)
Si ce n’était pour les épreuves que j’ai subies dans le chemin de Dieu, la vie n’aurait pour moi aucune douceur et mon existence ne m’aurait pas profité. Pour ceux qui sont dotés de discernement et dont les yeux sont fixés sur cette vision sublime, ce n’est pas un secret que je fus, pendant presque toute ma vie, comme un esclave assis sous une épée suspendue par un fil, ne sachant pas si elle tomberait ou non sur lui. Et néanmoins nous remercions Dieu, le Seigneur des mondes et nous le louons toujours et en toutes conditions. En vérité, il est témoin de tout.

(8.89)
Nous supplions Dieu d’étendre largement son ombre afin que le vrai croyant et l’amoureux sincère s’y abritent. Puisse-t-il offrir aux hommes les fleurs de sa bonté et les étoiles du ciel de sa providence. Nous prions Dieu, de plus, d’aider avec bienveillance le roi à faire Sa volonté et Son bon plaisir et de le confirmer dans ce qui le rapprochera de la Source des noms de Dieu les plus excellents. Ainsi il ne cèdera pas à l’injustice à laquelle il assiste, il verra ses sujets avec des yeux pleins de tendresse et il les protègera de l’oppression. Nous supplions encore Dieu, exalté soit-il, de réunir toute l’humanité autour du Golf de ce Très-Grand-Océan dont chaque goutte proclame qu’il est le messager de joie pour le monde et le vivificateur de tous ses peuples. Loué soit Dieu, le Seigneur du jour du jugement.

(8.90)
Enfin nous supplions Dieu, exaltée soit sa gloire, de te permettre d’aider sa Foi et de te tourner vers sa justice afin que tu juges entre les gens comme tu jugerais entre les membres de ta famille, afin que tu choisisses pour eux ce que tu choisirais pour toi-même. Il est le Tout-Puissant, le Très-Exalté, le Secours, l’Absolu.

(8.91)
Ainsi, des mains du pouvoir et de la puissance, avons-nous construit le Temple, si tu le savais. C’est lui le Temple qui t’est promis dans le Livre. Approches-en. C’est ce qui te sera profitable, si tu pouvais le comprendre. Soyez justes, ô peuples de la terre ! Lequel est préférable, ce Temple ou un temple d’argile ? Tournez-vous vers lui. Ainsi vous l’ordonne Dieu, le Secours, l’Absolu. Suivez ses commandements et louez Dieu, votre Seigneur, pour les dons qu’il vous a fait. Il est la Vérité. Il n’est de Dieu que lui. Il révèle ce qui lui plaît par ses mots « sois et c’est ».


9. Appel aux Dirigeants d'Amérique

(9.1)
O Vous, Dirigeants et Présidents des républiques d'Amérique ! Ecoutez le chant que susurre la Colombe sur la Branche d'éternité: Il n'y a pas d'autre Dieu que Moi, l'Immuable, le Clément, le Très-Généreux.

(9.2)
Ornez le temple de l'Empire de la parure de la justice, et parez son dôme de la couronne du souvenir de votre Seigneur, le créateur des cieux. Ainsi vous conseille celui qui est la source des noms selon l'ordre de l'Omniscient, du Très-Sage.

(9.3)
Le Promis est apparu dans cette glorieuse condition, et toutes les créatures des mondes visibles et invisibles se sont réjouies.

(9.4)
Tirez profit de ce Jour de Dieu. En vérité, Le rencontrer vaut mieux pour vous que tout ce qu'éclaire le soleil, le puissiez-vous comprendre.

(9.5)
O vous assemblée de dirigeants ! Prêtez l'oreille à ce qu'a fait entendre la Source de grandeur: En vérité, il n'est pas d'autre Dieu que moi, le Maître des paroles, l'Omniscient.

(9.6)
Pansez les meurtris avec les mains de la Justice et par le sceptre des commandements de votre Seigneur, le Maître Suprême, le Très-Sage, rabaissez l'oppresseur prospère.


10. Appel aux représentants élus des peuples

(10.1)
O vous, élus du peuple en chaque pays ! Consultez-vous et ne vous occupez que de ce qui est profitable à l'humanité et propre à en régénérer la condition, si vous êtes de ceux qui observent avec soin.

(10.2)
Voyez dans le monde une image du corps humain qui, sain et parfaitement constitué lors de sa création s'est vu, ensuite, sous l'effet de causes diverses, affligé de maladies et de graves désordres. Pas un seul jour, il n'a connu le bien-être, et pis encore, sa maladie s'est aggravée lorsqu'il fut soumis au traitement d'ignorants médecins qui, donnant libre cours à leurs désirs personnels, ont gravement errés.

(10.3)
Et si, autrefois, sous les soins d'un médecin compétent, l'un de ses membres fut guéri, les autres parties du corps restèrent affligées comme avant. Ainsi vous informe l'Omniscient, le Très-Sage.

(10.4)
Aujourd'hui, Nous voyons le monde à la merci de dirigeants ivres d'orgueil, incapables de discerner clairement où réside leur véritable intérêt et moins encore de reconnaître une Révélation aussi stupéfiante et provocante que celle-ci.

(10.5)
Et chaque fois que l'un d'entre eux a tâché d'améliorer la condition du monde, qu'il l'avoue ou non, il était poussé par son propre intérêt; aussi, l'indigne nature de son mobile a-t-elle limité son pouvoir de guérir ou de soulager.

(10.6)
Ce que le Seigneur a ordonné comme souverain remède et comme plus puissant moyen de guérison du monde, c'est l'union de tous ses peuples en une cause universelle, en une foi commune.

(10.7)
Ceci ne peut d'aucune façon être accompli que par le pouvoir d'un habile médecin, tout-puissant et inspiré. Telle est la vérité et tout le reste n'est qu'erreur...


11. Appel aux chefs religieux du monde

(11.1)
O chefs de religion ! Ne pesez pas le Livre de Dieu selon les normes et les connaissances qui ont cours parmi vous, car ce Livre est lui-même l'infaillible balance établie chez les hommes. C'est sur cette balance que doit être pesé tout ce que possèdent les peuples et tribus de la terre, tandis que l'exactitude de sa mesure doit être estimée selon son propre étalon, puissiez-vous le savoir.

(11.2)
L'oeil de ma tendre bonté pleure amèrement sur vous à la pensée que vous n'avez pas su reconnaître celui que vous appelez nuit et jour, soir et matin.

(11.3)
Le visage blanc comme neige, avance d'un coeur radieux, ô peuple, vers le Lieu pourpre et béni où s'écrie le Sadratu'l-Muntaha: "Il n'y a: en vérité, d'autre Dieu que Moi, le Tout-Puissant, Celui qui est par Lui-même !"

(11.4)
O vous, chefs de religion ! Qui, parmi vous, possède une perception ou un entendement comparable au mien ? Où est celui qui émettra la prétention d'être mon égal en paroles ou en sagesse ? Aucun, par Dieu, le Très-Miséricordieux !

(11.5)
Tout ce qui est sur terre passera; et voici la Face de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Bien-Aimé.

(11.6)
Nous avons décrété, ô peuple, que le but suprême et la fin la plus haute de toute connaissance sont la reconnaissance de celui qui est l'objet de toute science; et pourtant, voyez comme vous avez laissé votre savoir vous dissimuler comme par un voile, celui qui est l'aurore de cette Lumière, et par qui toute chose cachée a été révélée.

(11.7)
Si seulement vous pouviez découvrir la source d'où provient ce message merveilleux, vous renonceriez aux peuples du monde et à tout ce qu'ils possèdent pour vous rapprocher de ce Siège de gloire tant béni.

(11.8)
Dis: Voici en vérité le Paradis où le Livre-mère est précieusement conservé, puissiez-vous le comprendre.

(11.9)
Voici celui qui fit s'exclamer le rocher et qui incita le buisson ardent à élever la voix sur la montagne dominant la Terre Sainte, pour proclamer: "Le Royaume est à Dieu, le souverain Seigneur de tous, le Tout-Puissant, Celui qui aime."

(11.10)
Nous n'avons fréquenté aucune école ni lu aucune de vos dissertations. Prêtez l'oreille à ce que vous déclare cet illettré pour vous amener à Dieu, l'Eternel. Cela vaut mieux pour vous que tous les trésors de la terre, puissiez-vous le comprendre.

(11.11)
O assemblée de prêtres ! Lorsque mes versets vous furent envoyés et que mes signes évidents vous furent révélés, Nous vous trouvâmes derrière des voiles...

(11.12)
Nous avons déchiré les voiles. Gardez-vous de maintenir le peuple à l'écart par un autre voile. Au nom du Seigneur de tous les hommes, brisez les chaînes des vaines imaginations et n'induisez pas les gens en erreur.

(11.13)
Si vous vous tournez vers Dieu et si vous embrassez sa Cause, n'y répandez pas la confusion et ne jaugez pas le Livre de Dieu selon vos désirs égoïstes. Tel est le conseil de Dieu, dans le passé et pour l'avenir...

(11.14)
Si vous aviez cru en Dieu lorsqu'il s'est révélé, le peuple ne se serait pas détourné de Lui et les choses dont vous êtes aujourd'hui témoins ne Nous seraient pas advenues. Craignez Dieu et ne soyez pas du nombre des insouciants...

(11.15)
Voici la Cause qui a ébranlé toutes vos superstitions et vos idoles...

(11.16)
O assemblée de prêtres ! Gardez-vous d'être source de conflit dans le pays comme vous avez été cause du reniement de la Foi aux premiers jours.

(11.17)
Rassemblez les gens autour de cette Parole qui a poussé les pierres à s'exclamer: "Le Royaume est à Dieu, l'Aurore de tous les signes ! ...

(11.18)
Déchirez les voiles de telle façon que les habitants du Royaume l'entendent. Tel est le commandement de Dieu dans les jours passés et pour les jours à venir. Béni l'homme qui observe ce qui lui fut commandé et malheur aux négligents..."

(11.19)
O assemblée de prêtres, combien de temps encore pointerez-vous vos lances de haine à la Face de Bahá ?

(11.20)
Rangez vos plumes. Car voici qu'entre ciel et terre, la très sublime Plume proclame: Craignez Dieu et ne suivez pas vos désirs qui ont altéré la face de la création.

(11.21)
Purifiez vos oreilles afin qu'elles entendent la voix de Dieu. Par Dieu ! Elle est comme le feu qui consume les voiles et comme l'eau purifiant les âmes de ceux qui sont dans l'Univers.

(11.22)
O assemblée de prêtres ! Qui, parmi vous pourra se mesurer avec l'Adolescent divin dans l'arène de la sagesse et de la parole, ou qui pourra s'élever avec lui vers le ciel de l'explication et des significations intimes ? Aucun, par mon Seigneur, le Dieu de miséricorde !

(11.23)
Tous, en ce jour ont défailli devant le Verbe de leur Seigneur. Ils sont comme des morts ou des êtres inertes, sauf celui que Dieu, le Tout-Puissant, l'Indépendant, a voulu exempter. Celui-là est vraiment de ceux qui sont revêtus de connaissance au regard de Celui qui est l'Omniscient. Les hôtes du Paradis et les habitants des Bercails sacrés le bénissent à l'aube et au crépuscule.

(11.24)
Un homme aux jambes de bois peut-il résister à celui que Dieu a pourvu de pieds d'airain ? Non par Celui qui répand la lumière sur l'entière création !

(11.25)
Lorsque nous observâmes avec attention, Nous découvrîmes que nos ennemis étaient pour la plupart, des prêtres... Dans le peuple, il en est qui disent: "Il a répudié les prêtres." Dis: Oui par mon Seigneur ! Je suis vraiment Celui qui a aboli les idoles.

(11.26)
Certes, nous avons fait sonner la trompette, qui n'est autre que notre sublime Plume. Et voyez comment alors, prêtres, savants, théologiens et gouvernants ont défailli, excepté ceux que Dieu a préservés en gage de sa grâce. Il est réellement le Très-Généreux, l'Ancien des Jours.

(11.27)
O assemblée de prêtres ! Chassez loin de vous vos illusions futiles et vos vaines idées, puis tournez-vous vers l'Horizon de la Certitude.

(11.28)
Je le jure, par Dieu ! Rien de ce que vous possédez ne vous profitera, ni tous les trésors de la terre, ni le pouvoir que vous avez usurpé. Craignez Dieu et ne soyez pas de ceux qui se perdent...

(11.29)
Dis: O assemblées de prélats ! Débarrassez-vous de vos voiles et de vos accoutrements. Tendez l'oreille vers l'endroit d'où vous appelle la Plume suprême en ce Jour merveilleux...

(11.30)
Le monde s'est recouvert de poussière à cause de vos vaines imaginations et les coeurs de ceux qui jouissent de l'approche de Dieu sont peinés de votre cruauté. Craignez Dieu et soyez de ceux qui Jugent avec équité.

(11.31)
O vous les sources du savoir, gardez-vous de refuser d'être transformés; car à mesure que vous changerez, la plupart des hommes le feront également. S'il n'en était pas ainsi, ceci serait vraiment une injustice envers vous-mêmes et envers les autres...

(11.32)
Vous êtes comparables à une source: si on la transforme, les ruisseaux qu'elle engendre seront transformés aussi.

(11.33)
Craignez Dieu et soyez du nombre des pieux. De même si l'âme de l'homme est corrompue, ses membres le seront aussi. Lorsque la racine d'un arbre pourrit, ses branches, ses rejetons, ses feuilles et ses fruits se corrompent aussi.

(11.34)
O assemblée de prêtres ! Je vous en adjure par Dieu, soyez justes, n'annulez pas la vérité au moyen de choses qui sont vôtres. Prenez connaissance de ce qu'avec sincérité, Nous vous avons communiqué. Cela vous aidera vraiment et vous rapprochera de Dieu, le Puissant, le Grand.

(11.35)
Réfléchissez et rappelez-vous comment les hommes renièrent Muhammad, l'Apôtre de Dieu lorsqu'il parut. Ils lui imputèrent ce qui fit se lamenter l'Esprit (Jésus) dans son rang très sublime, et se récrier l'Esprit de Foi.

(11.36)
Considérez encore les choses qui avant lui, advinrent aux Apôtres et aux Messagers de Dieu à cause de ce qu'avaient forgé les mains des injustes.

(11.37)
Nous faisons mention de vous pour l'amour de Dieu; Nous vous rappelons ses signes, et vous annonçons ce qui est ordonné pour ceux qui sont près de Lui dans le très sublime Paradis et au plus haut des cieux; en vérité, Je suis le Messager, l'Omniscient.

(11.38)
Il est venu pour votre salut et il a enduré les tribulations pour vous permettre de vous élever sur les degrés de la parole jusqu'au sommet de la compréhension...

(11.39)
Avec justice et impartialité, lisez le Message qui vous fut adressé. Il vous élèvera dans la vérité, vous fera voir les choses qui vous étaient cachées et vous permettra de boire à longs traits ce vin pétillant.

(11.40)
Ces prêtres qui sont vraiment parés de l'ornement du savoir et d'une bonne conduite sont pour le monde ce que la tête est au corps; ils sont des yeux pour les nations. En tout temps les hommes ont été guidés et le sont encore par ces âmes bénies.

(11.41)
Le prêtre dont la conduite est droite et le sage qui pratique la droiture sont comme l'esprit pour le corps du monde.

(11.42)
Heureux le prélat dont la tête est ornée de la couronne de la justice et dont le temple se pare de l'ornement de l'équité.

(11.43)
Le prêtre qui, au nom du souverain Ordonnateur, s'est saisi du vin très sacré et l'a bu à longs traits est comme un oeil pour le monde. Heureux ceux qui lui obéissent et qui évoquent son souvenir.

(11.44)
Grande est la bénédiction de ce prélat qui n'a pas laissé son savoir devenir un voile entre lui et Celui qui existe par lui-même, a tourné vers Lui un visage radieux. Celui-là est au nombre des instruits.

(11.45)
Les hôtes du Paradis recherchent la bénédiction de son souffle et sa lampe répand sa clarté sur tout ce qui est au ciel et sur la terre.

(11.46)
Il est, certes, parmi les héritiers des Prophètes. Quiconque le voit a en vérité contemplé Celui qui est le Véridique; et qui s'est tourné vers lui s'est, en fait, tourné vers Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage.

(11.47)
O assemblée de prêtres ! Vous ne serez plus désormais détenteurs d'aucun pouvoir car Nous vous l'avons retiré et Nous le destinons à ceux qui ont cru en Dieu, l'Unique, le Tout-Puissant, l'Omnipotent, l'Indépendant.


12. Appel au Pape Pie IX

[nota : ce chapitre a été remplacé par la traduction plus récente et complète tirée de l’ouvrage « L'appel du seigneur des armées »]

(12.1)
Ô Pape, déchire les voiles : le Seigneur des Seigneurs est venu à l’ombre des nuées, et Dieu, le Tout-Puissant, l’Indépendant, a tenu sa promesse. Disperse les brumes par le pouvoir de ton Seigneur et élève-toi jusqu’au royaume de ses noms et de ses attributs. Ainsi te commande la Plume du Très-Haut sur l’ordre de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Oui, il est venu du ciel comme il en vint la première fois. Garde-toi d’argumenter avec lui comme le firent les pharisiens, sans aucun signe ni preuve évidente. À sa droite coulent les eaux vives de sa grâce, et à sa gauche le vin choisi de la justice, tandis que devant lui, porteurs des bannières de ses signes, marchent les anges du Paradis. Prends garde qu’un nom ne te cache Dieu, le créateur de la terre et du ciel. Oublie le monde pour te tourner vers ton Seigneur, par qui la terre tout entière fut illuminée.

(12.2)
De notre nom, le Très-Glorieux, nous avons décoré le Royaume. Ainsi en a décrété Dieu, qui façonne tout. Prends garde que tes vaines imaginations ne te retiennent, maintenant que le Soleil de certitude s’est levé à l’horizon de la parole de ton Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Peux-tu vivre dans des palais, alors que celui qui est le Roi de la révélation habite la plus délabrée des demeures? Laisse ces imaginations à ceux qui les désirent, et avec joie et ravissement, tourne ton visage vers le Royaume.

(12.3)
Dis : Ô peuples de la terre, détruisez les demeures de négligence par les mains du pouvoir et de l’assurance puis, au creux de votre coeur, construisez les palais du vrai savoir afin que le Très-Miséricordieux les inonde de la radiance de sa lumière. Cela vaut mieux pour vous que tout ce qui est sous le soleil comme en témoigne celui qui tient en sa main l’ultime décret. Lors de l’avènement du Désiré dans toute sa gloire, la brise de Dieu a soufflé sur le monde et chaque pierre, chaque motte de terre s’est exclamée : «Voici le Promis ! Le royaume est à Dieu, le Puissant, le Généreux, l’Indulgent.»

(12.4)
Prends soin que la sagesse humaine ne t’éloigne de celui qui est l’objet suprême de toute connaissance ou que le monde ne te détourne de celui qui l’a créé et l’a mis en mouvement. Lève-toi au milieu des peuples du monde, au nom de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, et prends avec confiance la coupe de vie. Bois-en d’abord puis offres-en à ceux qui, parmi toutes les croyances, se tournent vers elle. Ainsi la lune de la parole se lève à l’horizon de la sagesse et de la compréhension.

(12.5)
Déchire le voile de la connaissance humaine de crainte qu’il ne te retienne loin de celui qui est mon nom, l’Absolu. Souviens-toi de celui qui était l’Esprit. Lorsqu’il vint, les plus érudits le condamnèrent en son propre pays alors qu’un simple pêcheur crut en lui. Prenez exemple, hommes au coeur éclairé. Tu es, en vérité, un des soleils du firmament de ses noms. Redoute que le voile des ténèbres ne s’étende sur toi et ne te prive de sa lumière. Médite sur ce qui fut révélé dans le Livre par ton Seigneur, le Puissant, le Très-Généreux.

(12.6)
Dis : immobilisez vos plumes, ô assemblée de prêtres, car voici que le crissement de la Plume de gloire s’élève entre le ciel et la terre. Rejetez tout ce que vous possédez et saisissez fermement ce que nous vous avons révélé avec puissance et autorité. L’Heure occultée dans la connaissance de Dieu a sonné et tous les atomes de la terre proclament : « L’Ancien des jours est venu dans sa grande gloire ! D’un coeur humble et contrit, hâtez-vous vers lui, ô peuples de la terre.» Dis : En vérité, nous nous sommes offerts en rançon pour vos vies. Hélas, lorsque nous revînmes, nous vous vîmes fuyant loin de nous et les yeux de ma tendre générosité pleurèrent amèrement sur mon peuple. Craignez Dieu, ô vous qui savez voir.

(12.7)
Considère ceux qui s’opposèrent au Fils quand il vint vers eux avec son souverain pouvoir. Combien de pharisiens attendaient sa venue et se lamentaient d’être séparés de lui ! Et pourtant lorsque leur parvint le parfum de sa présence et que sa beauté se dévoila, ils se détournèrent et entrèrent en contestation avec lui. Ainsi te rappelons-nous ce qui est écrit dans les Livres et les Écritures. Personne ne se tourna vers lui, sauf quelques-uns, dénués de tout pouvoir. Et cependant, aujourd’hui, tout homme doté de puissance et d’autorité s’enorgueillit de son Nom ! De même, considère combien sont nombreux aujourd’hui ces moines qui se cloîtrent dans leurs églises en se revendiquant de mon Nom ; ils ne nous reconnurent pas lorsqu’arriva le temps prévu pour dévoiler notre beauté alors qu’ils nous invoquaient soir et matin. Nous les voyons accrochés à mon Nom mais se détournant de moi. Quelle chose vraiment étrange !

(12.8)
Dis : Ne laissez pas vos dévotions vous retenir loin de celui qui est l’objet de toute dévotion, ni votre adoration vous éloigner de celui qui est l’objet de toute adoration. Lacérez les voiles de vos folles imaginations ! Voici votre Seigneur, le Puissant, l’Omniscient, qui vient revivifier le monde et unir tous ceux qui vivent sur terre. Tournez-vous vers la source de la révélation, ô peuple, et ne tardez pas, fut-ce d’un battement de paupière. Lisez-vous l’Évangile tout en refusant de reconnaître de Seigneur très glorieux ? Ceci ne vous convient pas, ô assemblée d’érudits !

(12.9)
Dis : Si vous reniez cette révélation, sur quelle preuve croyez-vous en Dieu ? Produisez-la. Ainsi l’appel pressant de votre Seigneur est révélé par la Plume du Très-Haut, sur l’ordre de ton Seigneur, le Très-Glorieux, dans cette épître à l’horizon de laquelle brille la splendeur de sa lumière. Nombreux sont nos serviteurs dont les actes, voiles entre eux et leur être propre, les ont retenus loin de Dieu, celui qui fait souffler les vents.

(12.10)
Ô assemblée de moines ! La création embaume la fragrance du Très-Miséricordieux. Béni celui qui oublie ses désirs et se cramponne à cet avis. Il est de ceux qui atteignent la présence de Dieu en ce jour où les habitants de la terre sont traumatisés et où tous sont désespérés à l’exception de ceux que Dieu protège, lui qui fait ployer le cou des hommes.

(12.11)
Alors qu’aux mains des êtres de négation, le manteau de Dieu est taché du sang de la haine, vous ornez vos corps ! Sortez de vos habitations et appelez le peuple à pénétrer dans le Royaume de Dieu, le Seigneur du jour du jugement. La parole cachée par le Fils est rendue manifeste. Elle est révélée en ce jour sous la forme du temple humain. Béni soit le Seigneur qui est le Père ! Il vient vers les nations dans sa grande majesté. Tournez-vous vers lui, ô assemblée de justes !

(12.12)
Ô disciples de toutes les religions ! Nous vous voyons errer, perdus dans la solitude de l’erreur. Vous êtes les poissons de cet océan ; pourquoi vous éloigner de ce qui vous fait vivre ? Voyez : il s’enfle devant vous. Depuis toutes les collines, hâtez-vous vers lui. Voici le jour où le Rocher crie, s’exclame et célèbre la louange de son Seigneur, le Très-Haut, le Possesseur de toutes choses ; il dit : « Voyez ! Le Père est venu et ce qui vous fut promis dans le royaume est accompli ! » Cette parole, préservée derrière le voile de grandeur, répand, avec évidence, sa lumière à l’horizon de la volonté divine, lorsque la Promesse s’accomplit.

(12.13)
Mon corps supporte l’emprisonnement afin que vos âmes soient libérées de leurs chaînes et nous consentons à être abaissés afin que vous soyez exaltés. Écoutez le Seigneur de gloire et de puissance plutôt que n’importe quel oppresseur impie. Mon corps désire ardemment la croix et ma tête espère le coup de lance dans le sentier du Très-Miséricordieux, pour que le monde soit purifié de ses transgressions. Ainsi le soleil de l’autorité divine brille à l’horizon de la révélation de celui qui est le possesseur de tous les noms et attributs.

(12.14)
Le peuple du Coran s’est rebellé contre nous et nous inflige de tels tourments que l’Esprit saint se lamente, que l’orage tonne et que les nuages pleurent sur nous. L’un de ces impies s’imagine que les calamités peuvent détourner Bahá d’accomplir le dessein de Dieu, le Créateur de tout. Dis : Par celui qui fait pleuvoir la pluie, rien, absolument rien, ne peut l’empêcher de se souvenir de son Seigneur.

(12.15)
Par la droiture de Dieu ! Qu’ils le jettent dans une fournaise allumée sur la terre et sa tête émergera au coeur de l’océan pour proclamer : « Il est le Seigneur de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre ! » Qu’ils le précipitent au fond d’un puits ténébreux et ils le trouveront siégeant sur les plus hauts sommets, proclamant d’une voix forte à toute l’humanité : « Voici le Désir du monde, venu dans sa majesté, sa souveraineté et son empire transcendant ! » Qu’ils l’enterrent au tréfonds de la terre et son Esprit, s’élevant au sommet du ciel, lancera cet appel : « Voyez la venue de la Gloire. Contemplez le Royaume de Dieu, le Très-Saint, le Très-Puissant ! » Et qu’ils répandent son sang, chaque goutte s’époumonera en invoquant Dieu en ce Nom par lequel les fragrances de son vêtement se diffusent dans toutes les directions.

(12.16)
Menacé par l’épée de nos ennemis, nous appelons néanmoins toute l’humanité à Dieu, qui créa la terre et le ciel ; l’aide que nous lui offrons ne peut être perturbée ni par les armées de la tyrannie ni par le pouvoir des iniques. Dis : Ô peuples de la terre, détruisez les idoles de vos vaines imaginations au nom de votre Seigneur, le Très-Glorieux, l’Omniscient, et tournez-vous vers lui, en ce jour que Dieu a fait le Roi des jours.

(12.17)
Ô souverain Pontife ! Tends l’oreille vers ce que te conseille celui qui ranime les os tombés en poussière, par la voix de celui qui est son plus grand Nom. Vends les somptueux vêtements que tu possèdes et dépenses-en le prix dans le chemin de Dieu, celui qui assure le retour des jours et des nuits. Abandonne ton royaume aux rois et, détaché du monde, le visage fixé sur le Royaume, sors de ta demeure pour chanter entre le ciel et la terre les louanges de ton Seigneur. Ainsi te l’ordonne, de la part de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l’Omniscient, celui qui est le possesseur des Noms. Exhorte les rois en ces termes : « Conduisez-vous de manière équitable avec les hommes. Veillez à ne pas transgresser les limites fixées dans le Livre ». Voilà ce qui te convient. Garde-toi de t’approprier les choses de ce monde et ses richesses. Laisse-les à ceux qui les désirent et attache-toi à ce que te prescrit celui qui est le Seigneur de la création. Quelqu’un t’offrirait-il tous les trésors de la terre, refuse d’y jeter même un simple coup d’oeil. Agis comme ton Seigneur a agi. Ainsi la langue de Révélation te transmet-elle les paroles dont Dieu fait l’ornement du Livre de la création

(12.18)
Regarde une perle dont la nature est de briller. Un voile de soie suffit à cacher son lustre et sa beauté. De même, la distinction de l’homme réside en l’excellence de sa conduite, dans l’acquisition de ce qui convient à son état et non dans la poursuite de jeux enfantins. Sache que l’ornement qui te convient est l’amour de Dieu et le détachement de tout sauf de lui, et non le luxe que tu possèdes. Abandonne celui-ci à ceux qui le recherchent et tourne-toi vers Dieu, qui fait couler les fleuves.

(12.19)
Tout ce qui est sorti de la bouche du Fils fut révélé en paraboles, alors que celui qui proclame en ce jour la Vérité ne s’en sert pas. Attention de ne pas t’accrocher à la corde des vaines imaginations et que cela t’écarte de ce qui est ordonné dans le Royaume de Dieu, le Puissant, le Bienfaisant. Si tu es grisé par le vin de mes versets, et décides de te présenter devant le trône de ton Seigneur, le créateur du ciel et de la terre, revêts-toi de mon amour, protège-toi avec mon souvenir et nourris-toi de la confiance en Dieu, qui dispense tout pouvoir.

(12.20)
Ô disciples du Fils ! Nous vous avons de nouveau envoyé Jean qui, en vérité, a crié dans le désert du Bayán : Ô peuples du monde, lavez vos yeux ! Voici qu’arrive le jour où vous pourrez contempler le Promis et vous en approcher. Ô disciples de l’Évangile, préparez la voie ! Le jour de l’avènement du Seigneur glorieux est proche. Préparez-vous à entrer dans le royaume. Ainsi l’ordonne Dieu qui fait se lever l’aurore.

(12.21)
Tendez l’oreille aux roucoulements de la colombe d’Éternité perchée sur les branches de l’Arbre divin : « Ô disciples du Fils, nous vous avons envoyé Jean pour vous baptiser avec de l’eau afin que vos corps soient purifiés dans l’attente de l’apparition du Messie. Celui-ci, à son tour, vous purifia du feu de l’amour et de l’eau de l’esprit dans l’attente de ces jours prévus par le Très-Miséricordieux pour vous purifier avec l’eau de la vie, des mains de sa généreuse bonté. Voici l’Incomparable annoncé par Isaïe, le Consolateur que l’Esprit vous a promis. Ouvrez les yeux, ô assemblée d’évêques, afin de contempler votre Seigneur trônant sur le siège de puissance et de gloire.

(12.22)
Ô membres de toutes les religions, ne marchez pas dans les pas de ceux qui suivirent les pharisiens et s’écartèrent ainsi de l’Esprit. Ils se sont vraiment égarés dans l’erreur. La Beauté ancienne est venue dans son plus grand Nom et elle désire accueillir toute l’humanité dans son très saint Royaume. Les coeurs purs contemplent le Royaume de Dieu dévoilé devant sa Face. Hâtez-vous vers lui et ne suivez pas l’infidèle et l’impie. Si ton oeil s’y oppose, arrache-le [voir : Matthieu 5.29, Marc 9.47]. Ainsi l’a décrété la Plume de l’Ancien des jours sur l’ordre du Seigneur de toute la création. Certes, il est venu de nouveau pour vous sauver, ô peuples de la terre ! Allez-vous assassiner celui qui désire vous offrir la vie éternelle ? Craignez Dieu, ô vous qui comprenez !

(12.23)
Ô peuple, écoutez ce qui vous est révélé par votre Seigneur très glorieux et tournez vos visages vers Dieu, le Seigneur de ce monde et du monde à venir. Ainsi vous commande celui qui est l’Orient du soleil de l’inspiration divine selon l’ordre du Façonneur de toute l’humanité. Certes, nous vous avons créés pour la lumière et nous ne désirons pas vous abandonner au feu. Émergez de l’ombre, ô peuple, par la grâce de ce Soleil qui brille à l’horizon de la providence divine et tournez-vous vers lui, le coeur sanctifié, l’âme assurée, l’oeil attentif et la face éclairée. L’Ordonnateur suprême vous le conseille depuis le lieu de sa gloire transcendante, afin qu’ainsi vous soyez attirés vers le Royaume de ses noms.

(12.24)
Béni celui qui reste fidèle à l’Alliance de Dieu et malheur à celui qui la brise et qui ne croit pas en lui, le Détenteur des secrets. Dis : Voici le jour des bénédictions ! Empressez-vous afin que je fasse de vous des rois dans les royaumes de mon empire. Suivez-moi, et vous contemplerez ce qui vous fut promis ; je ferais de vous mes compagnons dans le domaine de ma majesté et les intimes de ma beauté au ciel de mon pouvoir, à jamais. Si vous vous rebellez contre moi, dans ma clémence, je le supporterai patiemment espérant que vous vous éveillerez et vous lèverez de la couche de la négligence. Ainsi ma miséricorde vous entoure-t-elle. Craignez Dieu et ne suivez pas ceux qui se sont détournés de sa Face alors qu’ils invoquent son nom jour et nuit.

(12.25)
Le jour de la moisson est certes venu et toutes choses sont séparées. Le Moissonneur a engrangé dans les greniers de la justice ce qu’il a choisi, et jeté au feu ce qui en est digne. Tel est, en ce jour promis, le décret de votre Seigneur, le Puissant, le Dieu d’amour. En vérité, Il ordonne ce qui lui plaît. Il n’est pas d’autre Dieu que lui, le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Le désir du divin moissonneur est d’engranger toute bonne chose pour Moi. Il n’a parlé que pour vous faire connaître ma Cause et vous guider vers le chemin de celui dont la mention orne tous les Livres sacrés.

(12.26)
Dis : Ô assemblée de chrétiens ! Nous nous sommes déjà révélés à vous en une occasion précédente et vous ne nous avez pas reconnu. Voici qu’une autre occasion vous est offerte. Voici le jour de Dieu ; tournez-vous vers lui. Il est descendu du ciel comme il le fit la première fois et il désire vous abriter à l’ombre de sa miséricorde. Il est, en vérité, l’Éminent, le Puissant, l’Aide suprême. Le Bien-Aimé n’aime pas vous voir consumés par le feu de vos désirs. Si un voile vous sépare de lui, ce n’est qu’en raison de votre égarement et de votre ignorance. Vous me mentionnez sans me connaître. Vous faites appel à moi, mais rejetez ma révélation bien que je sois venu vers vous dans ma gloire depuis le ciel de la préexistence. En mon Nom et par le pouvoir de ma souveraineté, déchirez les voiles pour découvrir un chemin vers votre Seigneur.

(12.27)
Depuis la tente de majesté et de grandeur, le roi de gloire proclame et dit : Ô peuple de l’Évangile, ceux qui n’étaient pas dans le royaume y sont maintenant entrés alors que nous vous voyons, en ce jour, vous attarder à la porte. Déchirez les voiles par le pouvoir de votre Seigneur le Puissant, le Très-Généreux et, en mon Nom, entrez dans mon Royaume. Ainsi vous le demande celui qui désire pour vous la vie éternelle. Il a en vérité pouvoir sur toutes choses. Bénis ceux qui ont reconnu la lumière et se hâtent vers elle. En vérité, ils résident dans le royaume et partagent la nourriture et la boisson des élus de Dieu.

(12.28)
Ô enfants du royaume, nous voyons que vous êtes dans l’ombre. Cela ne vous convient pas. Vos actes vous rendent-ils craintifs face à la Lumière ? Dirigez-vous vers lui. Les pas de votre Seigneur très glorieux ont béni les pays qu’ils ont foulés. Ainsi nous aplanissons pour vous le chemin de celui que l’Esprit a prophétisé. Je témoigne de lui comme il a témoigné de moi. Il a dit, en vérité : « Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Mais en ce jour nous disons : « Suivez-moi et je ferai de vous les vivificateurs de l’humanité ». Ainsi la Plume de la révélation a inscrit ce décret dans cette épître.

(12.29)
Ô Plume du Très-Haut, remue-toi en pensant à d’autres rois cités dans ce Livre lumineux et béni afin qu’ils se lèvent de la couche de négligence, écoutent les chants du Rossignol niché sur les branches de l’Arbre divin et se hâtent vers Dieu dans cette merveilleuse et sublime révélation.


13. Appel au Clergé et aux fidèles des différentes religions

(13.1)
Autrefois, Nous nous adressâmes au peuple de la Thora. Nous l'invitâmes à s'avancer vers celui qui révèle les versets et qui vient de la part de Celui qui fait courber les têtes...

(13.2)
Une autrefois, Nous nous adressâmes, en ces termes, au peuple de l'Evangile: Le Très-Glorieux est apparu sous ce Nom d'où la brise de Dieu s'est répandue vers toutes les régions...

(13.3)
Une autrefois encore, Nous nous adressâmes au peuple du Qur'an [nota : Coran], lui disant: Craignez le Très-Miséricordieux et n'argumentez pas spécieusement avec Celui par qui furent fondées toutes les religions...

(13.4)
Sachez encore que Nous envoyâmes aux Mages nos Tablettes en les ornant de notre Loi... Nous y avons dévoilé l'essence de tous les signes et allusions celés dans leurs livres. En vérité, le Seigneur est le Tout-Puissant, l'Omniscient.

(13.5)
Hèle Sion, ô Carmel, et annonce la joyeuse nouvelle: Celui qui était caché aux yeux des mortels est venu. Sa souveraineté triomphante est manifeste; sa splendeur tout englobante s'est révélée.

(13.6)
Garde-toi d'hésiter ou de t'arrêter. Hâte-toi de faire le tour de la Cité de Dieu descendue du ciel, la céleste Kaaba autour de laquelle ont circulé, en adoration, l'élite des anges et les élus de Dieu, ceux qui ont le coeur pur.

(13.7)
Oh avec quelle ardeur, Je désire annoncer à tous les points du globe, et apporter à toutes ses villes, les bonnes nouvelles d'une Révélation vers laquelle fut attiré le coeur du Sinaï, et au nom de laquelle le Buisson ardent s'écrit: "A Dieu, le Seigneur des Seigneurs, appartiennent les royaumes de la terre et du ciel."

(13.8)
En vérité, voici le Jour où terre et mer se réjouissent de cette proclamation, le Jour en vue duquel furent réservées ces choses que Dieu, dans sa bonté inconcevable au coeur et à l'esprit des hommes, avait destinées à la Révélation.

(13.9)
Bientôt vers Toi, Dieu fera naviguer son Arche et manifestera le peuple de Bahá dont parle le Livre des Noms.

(13.10)
Elle est venue la Très-Grande Loi et, sur le trône de David, règne la Beauté ancienne. Ainsi ma Plume a rapporté ce que contait l'histoire des temps anciens.

(13.11)
Cette fois cependant, David s'écrie d'une voix forte: "O Seigneur bienfaisant, me comptes-tu parmi ceux qui sont restés fermes dans ta Cause, ô Toi, par qui furent illuminés les visages et par qui survinrent les faux pas ?"

(13.12)
Le souffle a passé, la Brise a soufflé, de Sion est apparu ce qui était caché, et de Jérusalem se fait entendre la Voix de Dieu, l'Unique, l'Incomparable, l'Omniscient.

(13.13)
Prête l'oreille au chant de David. Il dit: "Qui me conduira dans la Ville forte ?" La Ville forte, c'est Akka qui fut nommée la Plus-Grande-Prison et où se trouvent une forteresse et de solides remparts...

(13.14)
Lis attentivement ce que dit Esaïe dans son Livre. Il dit: "Monte sur la plus haute montagne, ô Sion, pour annoncer la bonne nouvelle." Elève avec force la voix, ô Jérusalem, pour annoncer la bonne nouvelle.

(13.15)
Elève ta voix sans crainte, dis aux villes de Juda: "Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur, l'Eternel, qui vient avec puissance, étendant le bras de son commandement."

(13.16)
En ce jour, tous les signes sont apparus. Une grande Cité est descendue du ciel et Sion frémit, exultant de joie devant la Révélation de Dieu; car de tous côtés, elle a entendu sa Voix.

(13.17)
O assemblée de chrétiens ! Nous nous sommes révélés à vous en une précédente occasion et vous ne M'avez pas reconnu. Une autre occasion se présente à vous. Voici le Jour de Dieu; tournez-vous vers Lui...

(13.18)
Il n'est pas agréable au Bien-Aimé de vous savoir consumés par le feu de vos désirs. Si vous deviez être séparés de Lui comme par un voile, ce ne serait que par votre propre ignorance et par votre entêtement.

(13.19)
Vous faites mention de Moi mais ne Me connaissez pas. Vous M'invoquez mais ne vous souciez pas de ma Révélation...

(13.20)
O peuple de l'Evangile ! Ceux qui n'étaient pas dans le Royaume y sont maintenant entrés tandis qu'en ce Jour, Nous vous voyons attendre à la porte.

(13.21)
Déchirez les voiles, par le Pouvoir de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Généreux, et, en mon Nom, entrez dans mon Royaume. Ainsi vous invite celui qui désire pour vous une vie éternelle.

(13.22)
O enfants du Royaume ! Nous vous voyons dans les ténèbres. Cela ne vous sied vraiment pas. Face à la Lumière, avez-vous peur à cause de vos actes ? Avancez vers lui...

(13.23)
En vérité, il (Jésus) a dit: "Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes." [voir : Matthieu 4.19] En ce jour, cependant, Nous disons: Suivez-moi et Nous ferons de vous des animateurs du genre humain...

(13.24)
En vérité, Nous sommes venus pour votre bien et Nous avons supporté les infortunes du monde pour votre salut. Fuirez-vous celui qui a sacrifié sa vie pour que vous soyez vivifiés ?

(13.25)
Craignez Dieu, ô disciples de l'Esprit (Jésus) et ne suivez pas les traces des prêtres qui ont entièrement fait fausse route.

(13.26)
Ouvrez la porte de votre coeur. En vérité, celui qui est l'Esprit (Jésus) se tient devant elle. Pourquoi restez-vous éloignés de celui qui se propose de vous conduire vers un lieu resplendissant ?

(13.27)
Dis: En vérité, Nous avons ouvert les portes du Royaume. Allez-vous vous barricader devant sa Face ? Ce ne serait rien moins qu'une erreur lamentable.

(13.28)
O assemblée de Patriarches ! Celui qui vous fut promis dans les Tablettes est venu. Craignez Dieu et ne suivez pas les vaines imaginations des superstitieux.

(13.29)
Abandonnez ce que vous possédez et, par la souveraine puissance de Dieu, tenez-vous fermement à sa Tablette. Cela vous sera plus profitable que tous vos biens. De ceci rendront témoignage tout esprit pénétrant et tout homme perspicace.

(13.30)
Allez-vous tirer vanité de mon Nom, tout en vous séparant de Moi comme par un voile ? C'est là chose bien étrange.

(13.31)
O assemblée d'archevêques ! Celui qui est le Seigneur de tous les hommes est paru. De la plaine de la Direction, Il appelle l'humanité, mais vous êtes toujours parmi les morts.

(13.32)
Grande est la bénédiction de celui que ranime la Brise de Dieu et qui s'est levé parmi les morts à ce nom irréfutable !

(13.33)
O assemblée d'évêques ! Toutes les tribus du monde ont été saisies d'un frémissement, et Celui qui est le Père éternel appelle à haute voix entre ciel et terre.

(13.34)
Bénie est l'oreille qui a entendu, l'oeil qui a vu, et le coeur qui s'est tourné vers celui qui est le centre d'adoration de tous ceux qui sont dans les cieux et de tous ceux qui sont sur la terre.

(13.35)
O assemblée d'évêques ! Vous êtes les étoiles du ciel de mon savoir. Ma miséricorde ne désire pas vous voir tomber sur la terre.

(13.36)
Pourtant ma justice déclare: "C'est ce que le Fils (Jésus) a décrété." Et toute parole sortie de sa bouche irréprochable, véridique et irrécusable, ne pourra jamais être changée.

(13.37)
En vérité, les cloches carillonnent en mon Nom et se lamentent sur Moi, mais mon esprit est rempli d'une joie manifeste.

(13.38)
Le corps du Bien-Aimé aspire à la croix et sa tête désire ardemment la lance dans le chemin du miséricordieux. La suprématie de l'oppresseur ne peut, d'aucune manière, le détourner de son but...

(13.39)
Elles sont tombées les étoiles de la connaissance, ceux qui, pour démontrer la vérité de ma Cause produisent les preuves qu'ils possèdent et qui parlent de Dieu en mon Nom. Et cependant, lorsque dans ma majesté Je vins vers eux, ils se détournèrent de moi. Ils sont certes de ceux qui sont tombés.

(13.40)
C'est ce qu'a prophétisé l'Esprit (Jésus) quand il vint avec la vérité, et que les docteurs juifs contestèrent perfidement ce qu'il disait, jusqu'à commettre finalement ce qui provoqua les lamentations du Saint-Esprit et les pleurs de ceux qui ont la joie d'être proches de Dieu.

(13.41)
O assemblées de prêtres ! Abandonnez vos cloches et sortez de vos églises. En ce jour, il vous appartient de proclamer le Très-Grand Nom à haute voix parmi les nations.

(13.42)
Préférez-vous rester muets alors que chaque pierre et chaque arbre s'écrient avec force: "Le Seigneur est venu dans toute sa gloire !"

(13.43)
Celui qui appelle les hommes en mon Nom est vraiment des miens, et il manifestera ce qui est au-delà du pouvoir de tout ce qui est sur la terre...

(13.44)
Puisse la brise de Dieu vous réveiller ! Elle est vraiment passée sur le monde. Heureux qui en a découvert le parfum; il est compté au nombre des sauvegardés.

(13.45)
O assemblée de prêtres ! Le Jour du règlement est arrivé, ce Jour où est venu celui qui était aux cieux. Il est, en vérité, celui qui vous fut promis dans les Livres de Dieu, le Saint, le Puissant, le Loué.

(13.46)
Combien de temps encore allez-vous errer dans le désert de l'insouciance et de la superstition ? Tournez vos coeurs dans la direction de votre Seigneur, Celui qui pardonne, le Généreux.

(13.47)
O assemblée de moines ! Ne vous confinez pas dans des cloîtres et dans des églises. Avec ma permission, quittez-les et consacrez-vous à ce qui sera profitable à vos âmes et à celles des hommes. Ainsi vous l'ordonne le Roi du Jour du règlement.

(13.48)
Retirez-vous dans la forteresse de mon amour. C'est assurément la retraite qui vous convient, si vous pouviez vous en rendre compte.

(13.49)
Celui qui s'enferme dans une maison est vraiment comme un mort.

(13.50)
Il appartient à l'homme de faire connaître ce qui est utile à toutes les créatures, et celui qui ne produit pas de fruit est bon à jeter au feu. Ainsi vous conseille votre Seigneur et Il est certes, le Tout-Puissant, le Très-Généreux.

(13.51)
Entrez dans la vie conjugale afin que quelqu'un puisse vous succéder. Nous vous avons défendu les actes perfides, mais non ce qui prouve votre fidélité.

(13.52)
Allez-vous restés accrochés aux règles que vous vous êtes fixées et rejeter derrière vous les lois de Dieu ? Craignez Dieu et ne restez pas parmi les étourdis.

(13.53)
Si ce n'était l'homme, qui donc ferait mention de moi sur ma terre, et comment mon Nom et mes attributs seraient-ils révélés ? Réfléchissez et ne restez pas sous les voiles ou profondément endormis.

(13.54)
Celui qui ne se maria pas (Jésus) n'avait ni demeure ni place où reposer sa tête à cause de ce qu'avaient forgé les mains des traîtres. Sa sainte pureté ne venait pas de ce que vous croyez ou imaginez mais plutôt des choses que Nous possédons.

(13.55)
Demandez afin de pouvoir comprendre la grandeur de son rang qui fut élevé au-dessus de ce que peuvent imaginer les peuples de la terre. Bienheureux ceux qui en prennent conscience.

(13.56)
O assemblée des moines ! Si vous décidez de me suivre je ferai de vous les héritiers de mon Royaume; et si vous transgressez mes commandements, dans mon inlassable indulgence, je le supporterai patiemment; car je suis en vérité celui qui toujours pardonne, le Dieu de miséricorde.

(13.57)
Bethléem s'anime sous la brise de Dieu, et sa voix nous parvient: " O Toi, Seigneur très généreux, où s'est établie ta grande gloire ? Les parfums suaves de ta présence m'ont éveillée alors que je me languissais d'être séparée de Toi. Louange à Toi qui a soulevé les voiles et qui, dans une gloire évidente, est venu avec puissance."

(13.58)
Derrière le Tabernacle de majesté et de grandeur, Nous l'appelâmes: "O Bethléem ! Cette lumière s'est levée à l'Orient; elle s'est propagée vers l'Occident pour t'atteindre finalement au soir de sa vie.

(13.59)
Dis-moi: les fils reconnaissent-ils le Père et l'acceptent-ils, ou bien le renient-ils comme le renièrent les peuples d'autrefois (Jésus) ?" Alors elle s'écria: "Tu es vraiment l'Omniscient, Celui qui sait tout."

(13.60)
Songez encore à tous ces moines qui, de nos jours, se sont retranchés en mon Nom dans leurs cloîtres, et qui, lorsque vint le temps fixé et que Nous leur dévoilâmes notre beauté, n'ont pas su me reconnaître, alors qu'ils m'invoquaient à l'aube et au déclin du jour.

(13.61)
Vous lisez l'Evangile et refusez néanmoins de reconnaître votre Seigneur, le Très-Glorieux. Cela ne vous convient pas, ô assemblée d'érudits...

(13.62)
Les parfums du Très-Miséricordieux se sont répandus sur toute la création. Heureux l'homme qui a renoncé à ses désirs et qui s'est maintenu fermement dans la bonne direction.

(13.63)
N'avez-vous pas étudié le Qur'an ? Lisez-le pour y trouver, par bonheur, la vérité; car ce Livre est assurément le droit Sentier. C'est la voie même de Dieu pour tous ceux qui sont aux cieux et sur la terre.

(13.64)
Si vous avez négligé le Qur'an, vous ne pouvez toutefois dire que le Bayan soit loin de vous. Voyez-le grand ouvert sous vos yeux. Etudiez ses versets de crainte qu'il ne vous arrive de commettre ce qui ferait gémir et pleurer les Messagers de Dieu.

(13.65)
Hâtez-vous de sortir de vos sépulcres. Combien de temps encore resterez-vous endormis ? Le second coup de trompette a retenti.

(13.66)
Qui contemplez-vous ainsi ? Voici votre Dieu, le Seigneur de miséricorde. Voyez comment vous réfutez ses signes. Une forte secousse a ébranlé la terre, et elle a rejeté ses fardeaux. Ne l'admettez-vous pas ?

(13.67)
Dis: Ne reconnaîtrez-vous pas que les montagnes sont devenues comme des flocons de laine, et que les hommes sont cruellement éprouvés devant l'impressionnante grandeur de la Cause de Dieu ?

(13.68)
Voyez ! Leurs maisons ne sont plus que ruines désertes, tandis qu'eux-mêmes ont l'air d'une armée en déroute.

(13.69)
Voici le Jour où le Très-Miséricordieux est descendu sur les nuées de la connaissance, paré d'une souveraineté manifeste. Il connaît parfaitement les actions des hommes. Il est Celui dont nul ne peut méconnaître la gloire, puissiez-vous le comprendre.

(13.70)
Le ciel de toute religion s'est déchiré, la terre de l'entendement humain s'est fendue, et l'on voit descendre les anges de Dieu.

(13.71)
Dis: C'est le Jour de la duperie réciproque; vers où fuyez-vous ? Les montagnes ont disparu, les cieux ont été repliés et la terre entière est entre ses mains, si seulement vous pouviez le comprendre.

(13.72)
Qui pourrait vous protéger ? Personne, par Celui qui est le Clément ! Personne, sauf Dieu le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Bienfaisant.

(13.73)
Toute femme enceinte s'est délivrée de son fardeau. En ce Jour, Nous voyons les hommes comme pris de boisson; c'est le Jour où anges et hommes ont été rassemblés.

(13.74)
Existe-t-il un doute quelconque concernant Dieu ? Voyez comme Il est descendu du ciel de sa grâce, revêtu de souveraineté et ceint de puissance. Y a-t-il un doute sur ses signes ? Ouvrez les yeux et vous en verrez l'évidence.

(13.75)
Le Paradis est à votre droite; il a été placé à votre portée, tandis que l'enfer a été mis à feu. Voyez ses flammes dévorantes.

(13.76)
Hâtez-vous d'entrer au Paradis, par un effet de notre clémence envers vous et, des mains du Très-Miséricordieux, recevez le vin qui, en vérité, est la vie.

(13.77)
Par Celui qui est le grand Message ! Le Très-Miséricordieux est venu, entouré d'une indiscutable souveraineté. La balance a été installée, et tous les habitants de la terre ont été rassemblés.

(13.78)
La trompette a retenti. Et voyez: tous les yeux se sont agrandis de terreur, et les coeurs de tous ceux qui sont au ciel et sur terre ont frémi sauf ceux que le souffle des versets de Dieu a vivifiés et, qui se sont détachés de toutes choses.

(13.79)
Voici le jour où la terre fera connaître ses nouvelles. Les fauteurs d'iniquité sont pour elle des fardeaux, si seulement vous le saviez.

(13.80)
La lune des futiles imaginations s'est fendue et le ciel a fait paraître une fumée tangible. Nous voyons les gens abattus frappés de stupeur devant ton Seigneur, le Tout-Puissant, l'Omnipotent.

(13.81)
Le crieur a lancé un cri retentissant, et telle était la violence de sa colère que les hommes ont pris la fuite.

(13.82)
Ceux qui sont à sa gauche soupirent et se lamentent. Ceux qui sont à sa droite occupent de nobles demeures. Des mains du Très-Miséricordieux, ils reçoivent et boivent à longs traits le Vin qui, en vérité, est la Vie, et ce sont certes les bienheureux.

(13.83)
La terre a été secouée, les montagnes ont disparu, et les anges, en rangs serrés, sont descendus devant Nous.

(13.84)
La plupart des gens restent hébétés dans leur ivresse et montrent sur leur visage des signes de colère. Ainsi avons-nous rassemblé les auteurs d'iniquités. Nous les voyons se précipiter vers leur idole.

(13.85)
Dis: En ce Jour, nul ne sera à l'abri du décret de Dieu. C'est, en vérité, un Jour effroyable. Nous leur montrons ceux qui les ont égarés; ils les voient et ne les reconnaissent pourtant pas. Leur vision est troublée par l'ivresse; ce sont vraiment des aveugles.

(13.86)
Ils se sont justifiés en proférant des calomnies que Dieu, l'Eternel, le Protecteur dans le danger, a condamnées.

(13.87)
Le Malin a éveillé le mal dans leur coeur, et ils sont affligés d'un supplice que personne ne peut détourner. Ils se précipitent vers les méchants en portant le registre de ceux qui commettent l'injustice. Telles sont leurs oeuvres.

(13.88)
Dis: les cieux ont été repliés, la terre est dans les mains de Dieu, et les dépravés ont été suspendus par les cheveux au-dessus de l'abîme; et cependant ils ne comprennent toujours pas. Ils s'abreuvent aux sources malsaines et ne s'en rendent pas compte.

(13.89)
Dis: l'appel a été lancé, les morts sont sortis de leurs tombes et, debout, regardent autour d'eux.

(13.90)
Quelques-uns se sont hâtés d'atteindre la cour du Dieu de clémence, d'autres sont tombés sur la face dans le feu de l'enfer; tandis que d'autres encore sont frappés de stupeur.

(13.91)
Les versets de Dieu ont été révélés et, malgré tout, ils s'en sont détournés. Sa preuve s'est manifestée mais ils l'ignorent.

(13.92)
Et lorsqu'ils voient la Face du Très-Miséricordieux, leurs propres visages s'assombrissent, au milieu même de leurs divertissements.

(13.93)
Ils se pressent vers le feu de l'enfer, le prenant pour une lumière. Ce qu'ils s'imaginent naïvement est bien loin de Dieu.

(13.94)
Dis: Que vous soyez dans la joie ou dans une violente fureur, les cieux se sont ouverts, et Dieu est descendu dans sa rayonnante souveraineté. Toutes les choses créées s'écrient: "Le Royaume est à Dieu, le Tout-Puissant, l'Omniscient, le Très-Sage."

(13.95)
O assemblée de théologiens persans ! C'est en mon Nom que vous avez pris les rênes du gouvernement des hommes, et c'est en raison des liens qui vous rattachent à moi que vous occupez des sièges d'honneur.

(13.96)
Toutefois vous vous êtes écartés de moi lorsque je me suis révélé, et vous avez commis ce qui a fait couler les pleurs de ceux qui m'ont reconnu.

(13.97)
Avant qu'il soit longtemps, tout ce que vous possédez périra, votre gloire sera changée en la plus misérable des humiliations et vous verrez le châtiment de ce que vous aurez forgé; ainsi en a décrété Dieu, le Maître suprême, le Très-Sage.

(13.98)
O vous, prêtres de la ville ! Nous sommes venus avec la vérité et vous ne vous en êtes pas souciés. Vous me paraissez semblables à des morts, prisonniers du linceul de vos propres personnes.

(13.99)
Vous n'avez pas recherché notre présence alors que cela eût été, pour vous, préférable à tous vos agissements.

(13.100)
Sachez que si vos chefs - à qui vous devez obéissance et dont vous vous targuez, que vous mentionnez jour et nuit, et sur les traces desquels vous cherchez vos directives - si donc vos chefs avaient vécu de nos jours, ils auraient gravité autour de moi et, ni le soir ni le matin, ne se seraient séparés de moi.

(13.101)
Vous, par contre, n'avez pas tourné vos faces vers mon visage, fût-ce pour un court instant; vous vous êtes enflés d'orgueil, sans vous soucier de cet opprimé si tourmenté par les hommes qui agissaient à leur guise avec lui.

(13.102)
Vous avez négligé d'examiner les conditions dans lesquelles je me trouvais et de vous informer de ce qui m'était arrivé. Vous avez, par là même, écarté de vous les brises de sainteté et de générosité soufflant de ce site pur et lumineux.

(13.103)
Il me semble que vous vous êtes attachés aux sujets matériels, oublieux du domaine de l'esprit et disant des choses que vous ne faites pas.

(13.104)
Vous avez l'amour des noms et semblez vous être adonnés à eux. C'est pour cela que vous citez les noms de vos chefs. Et si quelqu'un de tel, ou supérieur à eux, venait à vous, vous fuiriez loin de lui.

(13.105)
C'est grâce à leurs noms que vous vous êtes élevés, que vous avez acquis une situation; c'est grâce à eux que vous vivez et prospérez. Et si vos chefs réapparaissaient, vous ne renonceriez pas à votre autorité, vous refusant d'aller à eux et de tourner vers eux vos visages.

(13.106)
Nous vous avons trouvés comme la plupart des hommes, en adoration devant les noms qu'ils mentionnent chaque Jour de leur vie et qui les occupent entièrement. Mais les porteurs de ces noms ne sont pas sitôt apparus que vous les reniez et tournez les talons.

(13.107)
Sachez qu'en ce jour, Dieu n'acceptera pas vos pensées, votre souvenir, vos dévotions ni votre vigilance, à moins qu'aux yeux de ce Serviteur, vous ne deveniez un être nouveau; si seulement vous en preniez conscience.

(13.108)
A cause de vous, l'Apôtre (Muhammad) s'est lamenté, la Chaste (Fatimih) a poussé des cris, la contrée a été dévastée et les ténèbres sont tombées sur toutes les régions.

(13.109)
O Assemblée de prêtres ! Par votre faute, le peuple a été humilié, la bannière de l'Islam a été abaissée et son trône puissant renversé.

(13.110)
Chaque fois qu'un homme de discernement s'efforçait de tenir solidement ce qui pouvait exalter l'Islam, vous éleviez vos clameurs, de sorte qu'il devait abandonner ses projets et que le pays restait plongé dans une ruine évidente.

(13.111)
De tous les peuples du monde, c'est le peuple de Perse qui a subi, et continue de subir, les pertes les plus grandes.

(13.112)
Je le jure par l'Etoile du matin de la Parole, brillant sur le monde dans l'apogée de sa gloire ! D'incessantes lamentations s'élèvent des chaires en ce pays. Dès les premiers jours, pareilles lamentations furent entendues sur la terre de Ta [nota : Tihran ou Téhéran] car les chaires, édifiées en vue d'évoquer le souvenir de Celui qui est la Vérité - exaltée soit sa gloire - sont maintenant devenues des endroits d'où sont proférés des blasphèmes contre celui qui est le Désir des mondes.

(13.113)
En ce jour, le souffle des parfums du vêtement de Révélation du Roi éternel, se répand sur la terre. Et cependant ils (les prêtres) se sont rassemblés, se sont installés sur leurs sièges et ont dit des choses qui feraient honte à un animal, et combien plus à l'homme lui-même !

(13.114)
S'ils venaient à se rendre compte d'un seul de leurs actes et percevaient le mal qu'il a produit, ils en finiraient d'eux-mêmes avec la vie et se hâteraient vers leur dernière demeure.

(13.115)
O assemblée de prêtres ! Abandonnez ce que vous possédez; gardez le silence et prêtez l'oreille à ce que dit la langue de Grandeur et de Majesté.

(13.116)
Combien de servantes, qui étaient voilées, se sont tournées vers moi et ont cru: et combien de porteurs de turban (ecclésiastiques) furent privés de moi et suivirent les traces des générations disparues.

(13.117)
O vous, les Grands-Prêtres ! On vous a donné des oreilles pour écouter le mystère de Celui qui est l'Indépendant, et des yeux pour le contempler. Pourquoi fuyez-vous ?

(13.118)
L'Ami incomparable s'est manifesté. Dans ce qu'il dit se trouve le salut.

(13.119)
Si vous pouviez, ô Grands-Prêtres, découvrir le parfum de la roseraie de l'entendement, vous ne chercheriez nul autre que lui; vous reconnaîtriez, sous son nouveau vêtement, le Très-Sage, l'Incomparable, et, vous détournant du monde et de tous ceux qui le recherchent, vous vous lèveriez pour lui apporter votre concours.

(13.120)
Tout ce qui vous fut annoncé dans les Livres a été dévoilé clairement. De tous côtés, les signes se sont manifestés.

(13.121)
En ce Jour, l'Omnipotent lance l'appel et annonce l'apparition du Ciel suprême.

(13.122)
Ce n'est pas le Jour où les Grands-Prêtres puissent commander ni exercer leur autorité. Dans votre Livre, il est spécifié qu'en ce Jour, les Grands-Prêtres égareront complètement les hommes et les empêcheront de s'approcher de lui.

(13.123)
En vérité, est réellement un grand-prêtre celui qui a vu la lumière et s'est hâté dans la voie menant au Bien-Aimé.

(13.124)
O grands-prêtres ! De derrière les nuées, la Main de l'Omnipotence est tendue: regardez-la avec des yeux nouveaux.

(13.125)
Les marques de sa majesté et de sa grandeur se sont dévoilées; examinez-les avec des yeux purs.

(13.126)
Dis: ô Grands-Prêtres ! On vous tient en révérence à cause de mon Nom, et cependant, vous me fuyez. Vous êtes les hauts prêtres du Temple; eussiez-vous été les hauts prêtres de l'Omnipotent, vous auriez été unis à Lui et L'auriez reconnu.

(13.127)
Dis: ô Grands-Prêtres ! En ce Jour, les actes de nul homme ne seront acceptables, si ce n'est de celui qui renonce au monde et à tous ses biens et tourne sa face vers l'Omnipotent.


14. La grande proclamation à l'humanité

(14.1)
Le temps qui fut fixé aux peuples et tribus de la terre est aujourd'hui venu. Les promesses de Dieu, enregistrées dans les saintes Ecritures, ont toutes été tenues.

(14.2)
De Sion est sortie la Loi de Dieu, et Jérusalem, et ses collines, et le pays d'alentour sont remplis de sa Révélation.

(14.3)
Heureux l'homme qui médite en son coeur ce qui fut révélé dans les livres de Dieu, le Protecteur dans le danger, Celui qui est par Lui-même.

(14.4)
Réfléchissez-y, ô vous, bien-aimés de Dieu, et que vos oreilles soient attentives à sa Parole afin que, par sa grâce et sa miséricorde, vous puissiez boire votre content des eaux cristallines de fidélité, et devenir, en sa Cause, aussi fermes et inébranlables que la montagne.

(14.5)
Je le dis en vérité; voici le Jour où l'humanité peut contempler la face et entendre la voix du Promis.

(14.6)
L'appel de Dieu s'est fait entendre, et la lumière de son visage s'est levée sur les hommes.

(14.7)
Il appartient à chacun d'effacer de la tablette de son coeur toute trace de vaine parole et, d'un esprit ouvert et exempt de préjugés, d'examiner les signes de sa Révélation, les preuves de sa Mission et les témoignages de sa gloire.

(14.8)
Grand est ce Jour, en vérité ! Les allusions qu'y font les Ecritures sacrées en tant que Jour de Dieu attestent sa grandeur.

(14.9)
Les âmes de chaque Prophète et de chaque Messager divin ont eu soif de ce Jour merveilleux, et toutes les tribus de la terre ont aussi soupiré après lui.

(14.10)
Mais l'Etoile du Matin de sa Révélation ne s'était pas plutôt manifestée dans le ciel de la volonté de Dieu que tous, sauf ceux qu'Il voulut bien guider, restèrent stupéfaits et insouciants.

(14.11)
O toi qui as gardé mon souvenir ! Le plus épais des voiles a exclu de sa gloire les peuples de la terre et les a empêchés d'entendre son appel.

(14.12)
Dieu veuille que la lumière de l'unité enveloppe la terre entière et que le sceau: "Le Royaume est à Dieu" soit apposé au front de tous ses habitants.

(14.13)
O vous, enfants des hommes ! L'objet fondamental de la Foi de Dieu et de sa religion est de sauvegarder les intérêts de la race humaine, de promouvoir son unité, et de stimuler parmi les hommes l'esprit d'amour et de fraternité.

(14.14)
Ne souffrez pas que cette Foi devienne une source de dissension et de discorde, de haine et d'inimitié.

(14.15)
Telle est la voie droite, la fondation fixée de manière immuable. Tout ce qui sera édifié sur une telle fondation, ni les changements et les vicissitudes du monde ne parviendront jamais à en réduire la force, ni le cours d'innombrables siècles à en miner la structure.

(14.16)
Nous espérons que les chefs religieux du monde et ses dirigeants se lèveront tous pour la réforme de cet âge et pour l'assainissement de son destin. Qu'ils se consultent après avoir réfléchi à ses besoins et que par une juste et consciencieuse délibération, ils appliquent à un monde malade et en grande détresse, le remède qu'il réclame...

(14.17)
Il incombe à ceux qui détiennent l'autorité d'être modérés en toutes choses. Tout ce qui franchit les limites de la modération cesse d'exercer une action bienfaisante.

(14.18)
Prenez, par exemple, la liberté, la civilisation et autres choses semblables. Bien qu'appréciées par de nombreux hommes intelligents, elles pourront, si on les pousse à l'excès être cause d'une pernicieuse influence.

(14.19)
Plût à Dieu que les peuples du monde, grâce aux nobles efforts des dirigeants, des sages et des savants, en viennent à reconnaître leurs véritables intérêts.

(14.20)
Jusqu'à quand l'humanité persistera-t-elle dans son obstination ? Combien de temps encore l'injustice sévira-t-elle ? Combien de temps le chaos et la confusion régneront-ils sur la terre et jusqu'à quand la discorde troublera-t-elle l'ordre de la société ?

(14.21)
Les vents du désespoir soufflent hélas de tous côtés, et les conflits qui divisent et affligent la race humaine s'aggravent de jour en jour.

(14.22)
Déjà, on peut entrevoir des signes de chaos et d'imminentes convulsions, d'autant que l'ordre qui maintenant prévaut s'avère d'une lamentable insuffisance.

(14.23)
Je prie Dieu - exaltée soit sa gloire - de bien vouloir, par sa bienveillance, éveiller les peuples de la terre, permettre que leur soient profitables les effets de leur conduite, et les aider à accomplir ce qui convient à leur condition.

(14.24)
O vous, peuples et tribus de la terre qui vous querellez ! Tournez vos visages vers l'unité et laissez briller sur vous les rayons de sa lumière. Rassemblez-vous tous et, par égard pour Dieu, décidez-vous à déraciner tout ce qui est source de lutte entre vous.

(14.25)
Alors, la splendeur du grand Luminaire du monde enveloppera toute la terre, et ses habitants seront désormais citoyens d'une seule cité et titulaires d'un seul et même trône.

(14.26)
Dès les premiers Jours de sa vie, cet opprimé n'a chéri d'autre désir que celui-là et n'en chérira jamais d'autre.

(14.27)
Il ne fait pas de doute que les peuples du monde, quelle que soit leur race ou leur religion, reçoivent leur inspiration d'une seule source céleste et sont les sujets du même Dieu.

(14.28)
Si les lois auxquelles on les voit soumis sont différentes, c'est qu'elles répondaient aux exigences et aux changeants besoins des âges où elles furent révélées.

(14.29)
A l'exception de quelques-unes dues à l'humaine perversité, elles furent toutes promulguées par Dieu et sont le reflet de sa volonté et de son dessein.

(14.30)
Levez-vous, et armés du pouvoir de la foi, brisez les idoles de vos vaines imaginations qui sèment la discorde parmi vous. Attachez-vous à ce qui peut vous rapprocher et vous unir. C'est là, en vérité, la plus sublime Parole que le Livre-mère vous ait transmise et révélée; et de sa demeure de gloire, c'est la Langue de Grandeur elle-même qui en rend témoignage.

(14.31)
Désirant révéler les conditions préalables à la tranquillité et à la paix du monde ainsi qu'au progrès des peuples, le Grand-Etre a écrit: Le temps doit venir où sera universellement ressentie l'impérieuse nécessité d'une vaste assemblée, formée d'hommes de toutes provenances.

(14.32)
Les rois et dirigeants de la terre devront en faire partie, prendre part à ses délibérations et envisager les voies et moyens propres à établir parmi les hommes les fondations de la grande Paix du monde. Celle-ci requiert que les grandes Puissances décident, en vue de la tranquillité des peuples, de se réconcilier entre elles pleinement.

(14.33)
Si un souverain quelconque prenait les armes contre un autre, tous devraient, d'un accord unanime, se lever pour l'en empêcher. Ces conditions étant réalisées, les nations n'auraient plus besoin d'armements que pour préserver la sécurité de leurs royaumes et maintenir l'ordre dans leurs territoires. Ainsi seraient garantis le calme et la paix de chaque peuple, gouvernement et nation.

(14.34)
Nous voulons espérer que les rois et les dirigeants, qui sont sur la terre les miroirs du bienveillant et tout-puissant Nom de Dieu, pourront parvenir à cet état de choses et protéger l'humanité des assauts de la tyrannie.

(14.35)
Le Jour approche où tous les peuples du monde adopteront une langue universelle et une écriture commune. Une fois cela réalisé, tout homme en quelque ville qu'il se rende, s'y sentira comme chez lui. Ces choses sont absolument essentielles et obligatoires; il appartient à tout homme de compréhension et de pénétration de les faire passer sur le plan des actes et de la réalité.

(14.36)
Est vraiment un homme celui qui, aujourd'hui, se consacre au service de la race humaine tout entière.

(14.37)
Le grand-Etre dit: Heureux et béni celui qui se lève pour servir les intérêts suprêmes des peuples et tribus de la terre. Dans un autre passage, Il proclame: Ce n'est pas à celui qui aime son propre pays qu'il convient de se glorifier, mais plutôt à celui qui aime le monde entier.

(14.38)
La terre n'est qu'un seul pays, et tous les hommes en sont les citoyens.

(14.39)
L'omniscient Médecin tient sous son doigt le pouls de l'humanité. Il décèle la maladie et, dans son infaillible sagesse, en prescrit le remède.

(14.40)
Chaque âge à son problème particulier et toute âme son aspiration propre. Le remède adéquat aux maux de ce jour ne peut être identique à celui que nécessitera un âge ultérieur.

(14.41)
Souciez-vous ardemment des besoins de l'époque où vous vivez et axez vos délibérations sur ses exigences et ses besoins.

(14.42)
Nous sentons très bien à quel point l'espèce humaine est entourée d'afflictions nombreuses et sévères. Nous la voyons languissante, sur son lit de misère, désillusionnée et cruellement éprouvée.

(14.43)
Ceux que grise leur vanité se sont interposés entre elle et le divin, l'infaillible médecin. Voyez comment, en s'y prenant eux-mêmes, ils ont entraîné les hommes dans les filets de leurs ruses.

(14.44)
Ils ne sont pas plus capables de découvrir la cause de la maladie que d'en trouver le remède. Pour eux la rectitude est duplicité et l'ami leur semble un ennemi.

(14.45)
Prêtez l'oreille à la douce mélodie de ce Prisonnier. Levez-vous et faites entendre vos voix afin que, par bonheur, s'éveillent ceux qui dorment d'un profond sommeil.

(14.46)
Dis: O vous qui ressemblez à des morts ! La main de la Bonté divine vous tend l'Eau de la Vie. Hâtez-vous d'étancher votre soif.

(14.47)
Quiconque, en ce Jour, est né de nouveau, ne mourra jamais; et celui qui sera resté parmi les morts jamais plus ne revivra.

(14.48)
O peuples de la terre ! Dieu, l'éternelle Vérité m'en est témoin; à travers la douceur des paroles de votre Seigneur, l'Indépendant, de doux ruisseaux d'eau fraîche sont sortis des rochers. Et pourtant vous restez endormis.

(14.49)
Rejetez loin de vous ce que vous possédez et, sur les ailes du détachement, prenez votre essor au-delà de toutes choses créées. Ainsi vous invite le Seigneur de la création qui, par le mouvement de sa Plume, a bouleversé l'âme de l'humanité.

(14.50)
Savez-vous de quels sommets vous appelle votre Seigneur, le Très-Glorieux ? Pensez-vous avoir reconnu la Plume par laquelle votre Seigneur, le Seigneur de tous les noms, vous transmet son commandement ? Non, par ma vie ! L'auriez-vous reconnue que vous renonceriez au monde pour vous hâter de tout votre coeur vers la présence du Bien-Aimé.

(14.51)
En entendant sa Parole, vos esprits seraient saisis d'un tel transport que le Monde supérieur en serait ébranlé, et combien plus encore ce petit monde insignifiant.

(14.52)
Ainsi, en gage de ma grâce, les ondées de ma générosité ont ruisselé du ciel de ma tendre bonté, afin que vous soyez du nombre des reconnaissants.

(14.53)
Craignez que les désirs charnels et les inclinations corrompues n'engendrent des divisions parmi vous. Soyez unis comme les doigts d'une seule main, les membres d'un même corps. Ainsi vous conseille la Plume de Révélation, si vous êtes de ceux qui croient.

(14.54)
Réfléchissez à la miséricorde de Dieu et à ses bienfaits. Ce qu'il vous prescrit est pour votre bien, car, Lui, peut se passer de toutes les créatures.

(14.55)
Vos mauvaises actions ne peuvent jamais Nous nuire, pas plus que ne peuvent Nous profiter vos bonnes oeuvres.

(14.56)
C'est uniquement pour l'amour de Dieu que Nous vous exhortons. Et de cela, rendra témoignage tout homme éclairé et d'esprit pénétrant.

(14.57)
L'équilibre du monde s'est trouvé rompu par la vibrante action de ce très grand, de ce nouvel Ordre mondial.

(14.58)
Le principe régissant la société a été révolutionné par l'effet de cet unique et merveilleux système dont les yeux des mortels n'avaient jamais encore contemplé l'équivalent.

(14.59)
Plongez-vous dans l'océan de mes paroles, afin d'en pénétrer les secrets et découvrir toutes les perles de sagesse que recèlent ses profondeurs.

(14.60)
Gardez-vous d'hésiter à embrasser la vérité de cette Cause, par laquelle furent révélées les facultés de la puissance de Dieu, et fut affirmée sa souveraineté. Le visage rayonnant de joie, hâtez-vous vers Lui.

(14.61)
Voici l'immuable Foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans l'avenir. Que celui qui la cherche y accède; et quant à celui qui se refuse à la chercher... Dieu, en vérité, se suffit à Lui-même et n'a nul besoin de ses créatures.

(14.62)
Dis: Voici l'infaillible balance que tient la main de Dieu, la balance où sont pesés tous ceux qui sont aux cieux et tous ceux qui sont sur terre, et qui fixe le sort de chacun, si vous êtes de ceux qui croient et reconnaissent cette vérité.

(14.63)
Dis: Par elle, les pauvres furent enrichis, les savants furent éclairés, et les chercheurs favorisés dans leurs efforts vers la présence de Dieu.

(14.64)
Prenez garde d'en faire une cause de discorde entre vous. Telle une montagne inébranlable, fixez-vous fermement dans la Cause de votre Seigneur, le Puissant, Celui qui aime.

(14.65)
O vous, peuples du monde ! Sachez, à n'en point douter, que mes commandements sont, pour mes serviteurs, les lampes de ma tendre providence, et les clés de ma clémence envers mes créatures. Tel est ce qui fut envoyé du ciel de la volonté de votre Seigneur, le Seigneur de la Révélation.

(14.66)
Si un homme goûtait à la douceur des paroles que les lèvres du Très-Miséricordieux ont voulu prononcer, cet homme possédât-il tous les trésors de la terre, il y renoncerait pour prouver la vérité même d'un seul de ses commandements brillant à l'orient de sa tendre sollicitude et de sa généreuse vigilance.

(14.67)
De mes lois se dégage le suave parfum de mon vêtement, et par elles les étendards de la victoire seront plantés sur les plus hauts sommets.

(14.68)
Du ciel de ma gloire toute-puissante, la Langue de mon pouvoir s'adressa en ces termes à ma création: "Observez mes commandements pour l'amour de ma beauté."

(14.69)
Heureux l'amant qui, en ces mots embaumés d'une grâce que nulle langue ne saurait décrire, a respiré les divins effluves de son Bien-Aimé.

(14.70)
Par ma vie ! Celui qui, des mains de ma généreuse faveur, a bu le vin de probité, gravitera autour de mes commandements brillant à l'orient de ma création.

(14.71)
Ne croyez pas que Nous vous ayons révélé un simple code de lois. Non, plus exactement, c'est le vin de choix que, des doigts de la puissance et du pouvoir, Nous avons décacheté pour vous. De cela porte témoignage ce qu'a dévoilé la Plume de Révélation. Méditez-le, ô hommes d'entendement !

(14.72)
Toutes les fois que paraissent mes lois, comme le soleil dans le ciel de ma Parole, elles doivent être fidèlement obéies de tous, dût le ciel de toute religion être fendu par mon décret.

(14.73)
Il fait ce qu'Il lui plaît. Il choisit; et nul ne peut discuter son choix. Tout ce que prescrit le Bien-Aimé est de même vraiment aimé. De cela, Celui qui est le Seigneur de toute la création me rend témoignage.

(14.74)
Quiconque a respiré le doux parfum du Très-Miséricordieux et reconnu la Source de cette parole, se réjouira en voyant de ses propres yeux voler vers lui les flèches de l'ennemi, car cela lui permettra d'établir la vérité des lois de Dieu parmi les hommes.

(14.75)
Heureux celui qui s'est tourné vers cette Source et a perçu la signification de son irrécusable décret.

(14.76)
Voici le Jour où les plus précieuses faveurs ont été diffusées sur les hommes, le Jour où sa plus puissante grâce a pénétré toutes choses créées.

(14.77)
Il incombe à tous les peuples de la terre de concilier leurs différends et, dans une unité et une paix parfaites, de demeurer à l'ombre de l'Arbre de sa sollicitude et de sa bonté. Il leur appartient de s'attacher, en ce Jour, à tout ce qui favorise l'élévation de leur condition et l'avancement de leurs suprêmes intérêts.

(14.78)
Heureux ceux dont la toute-glorieuse Plume fut portée à rappeler le souvenir, et bénis soient ces hommes dont, en vertu de notre impénétrable décret, Nous avons préféré taire les noms.

(14.79)
Suppliez le seul vrai Dieu d'accorder à tous les hommes une miséricordieuse assistance, afin qu'ils accomplissent ce qui est recevable à nos yeux.

(14.80)
Bientôt le présent ordre de choses sera retranché et un nouvel ordre sera déployé à sa place. Et certes, la vérité sort de la bouche de ton Seigneur, Celui qui connaît les choses cachées.


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