Religion bahá'íe

L'appel du seigneur des armées

L'appel du seigneur des armées (Bahá'u'lláh)
Auteur: Bahá'u'lláh (révélation 1865-69)
Edition : MEB 2004 - ISBN 2-87203-064-6

Table des matières

Introduction
1. SÚRIY-I-HAYKAL
   A) Sourate du Temple
   B) Tablette au pape Pie IX
   C) Tablette à Napoléon III
   D) Tablette au tsar Alexandre II
   E) Tablette à la reine Victoria
   F) Tablette à Násiri'd-Dín Sháh (Lawh-i-Sultan)
2. SÚRIY-I-RA’ÍS
3. LAWH-I-RA’ÍS
4. LAWH-I-FU’AD
5. SÚRIY-I-MULÚK
Index

[nota : exemple de lien pour accéder directement à un verset en ajustant sa référence dans l'adresse de la page]
[nota : voir aussi l’ouvrage « La proclamation de Bahá'u'lláh » contenant d'autres tablettes saintes envoyées aux rois et dirigeants du monde :
- Kaiser Guillaume Ier d'Allemagne,
- Empereur François-Joseph d'Autriche,
- Sultan Abdu'l-Aziz de Turquie,
- Dirigeants d'Amérique,
- Clergés et chefs religieux du monde,
- et à un appel toute l'humanité...]


Introduction

Au cours des années qui suivirent l’arrivée de Bahá’u’lláh à Andrinople, sa révélation atteignit, selon les paroles de Shoghi Effendi, « l’apogée de sa gloire » dans la proclamation du message de son auteur aux rois et dirigeants du monde. Pendant cette période relativement brève, mais combien agitée, de l’histoire de la Foi et durant les premières années de son exil dès 1868 dans la ville-prison d’Acre, il lança un appel collectif aux monarques de l’Orient et de l’Occident et individuel à certains d’entre eux pour qu’ils acceptent le Jour de Dieu et reconnaissent celui que promettent les Écritures des religions professées par les destinataires de son appel. « Jamais depuis le commencement du monde », déclare Bahá’u’lláh, « un message n’a été si ouvertement proclamé ».

Le présent volume propose la traduction française de la première collection normative en langue anglaise de tous ces écrits importants. Parmi ceux-ci figure le texte complet de la Súriy-i-Haykal, la Sourate du Temple, une des oeuvres des plus audacieuse de Bahá’u’lláh. À l’origine, elle fut révélée lors de son exil à Andrinople et remaniée plus tard après son arrivée à Acre, pour comprendre les messages individuels à des potentats : le Pape Pie IX, Napoléon III, le Tsar Alexandre II, la reine Victoria et Náṣiri’d-Dín Sháh.

C’est cette oeuvre composite qui fut, selon les instructions de Bahá’u’lláh, présentée sous la forme d’un pentacle symbolisant le temple humain. Bahá’u’lláh y ajouta en guise de conclusion ce que Shoghi Effendi décrivit comme : « des paroles qui dénotent l’importance qu’il attachait à ces messages et indiquent leurs liens directs aux prophéties de l’Ancien Testament » :
« Ainsi avons-nous bâti le Temple des mains de puissance et de pouvoir, si vous pouviez le savoir. C’est le Temple que le Livre vous a promis. Approchez-vous ! C’est ce qui vous sera profitable, si seulement vous pouviez le comprendre. Soyez justes, ô peuples de la terre ! Qu’est-ce qui est préférable, ceci ou un temple construit d’argile ? Tournez vos visages vers lui. Voilà ce que vous ordonne Dieu, le Secours, l’Absolu. »

Pendant les dernières années de son ministère, Bahá’u’lláh prit des dispositions pour faire publier pour la première fois la version définitive de quelques-uns de ses écrits les plus importants. La Súriy-i-Haykal y a une place prééminente.

Parmi les écrits qui composent la Súriy-i-Haykal, il faut en mentionner un plus particulièrement. La Lawh-i-Sultán, l’épître à Náṣiri’Dín Sháh, qui est la plus longue des épîtres adressées par Bahá’u’lláh à un souverain individuel, fut révélée au cours des semaines qui précédèrent son exil à Acre. Elle fut effectivement remise plus tard au souverain par Badí’, un jeune homme de dix-sept ans qui avait supplié Bahá’u’lláh de lui octroyer l’honneur d’un service. Cet acte lui valut la couronne du martyre et immortalisa son nom. L’épître contient le passage bien connu qui décrit les circonstances dans lesquelles l’appel divin fut transmis à Bahá’u’lláh et l’effet qu’il produisit. Nous y trouvons également son offre sans équivoque de rencontrer le clergé musulman en présence du Chah, et de fournir toute preuve de sa révélation que ce clergé aurait à accepter définitivement, un test d’intégrité spirituelle auquel les gardiens du message du Coran échouèrent lamentablement.

Cet ensemble comprend également une traduction complète, pour la première fois de manière normative, de la Súriy-i-Mulúk, la Sourate aux rois, que Shoghi Effendi décrit comme « la plus importante des épîtres révélées par Bahá’u’lláh, dans laquelle, pour la première fois, il s’adresse collectivement à l’ensemble des monarques de l’Orient et de l’Occident ». Elle expose à la fois le caractère de sa mission et les normes de justice qui doivent présider à l’exercice de leur pouvoir en ce Jour de Dieu :
« Ne négligez pas la crainte de Dieu, ô rois de la terre, et veillez à ne pas transgresser les limites fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions de son livre, et gardez-vous d’en outrepasser les limites. Veillez à n’être injustes envers personne, ne fût-ce que dans la mesure d’un grain de moutarde. Suivez le sentier de la justice, car c’est là, en vérité, le droit sentier. »

L’épître inaugure quelques-uns des grands thèmes qui allaient prendre une place prééminente dans les écrits de Bahá’u’lláh au cours des deux décennies et demie qui suivirent : l’obligation de promouvoir le règne de la justice pour ceux dans les mains de qui Dieu a remis l’autorité civile, la nécessité de réduire les armements, de résoudre les conflits entre nations et de mettre fin aux dépenses excessives qui appauvrissent les sujets des dirigeants.

Dans son étude du contenu de cet appel majestueux de Bahá’u’lláh aux rois et dirigeants du monde, Shoghi Effendi a écrit :
« L’ampleur et la diversité du thème, la puissance de l’argument, la sublimité et l’audace du langage retiennent l’attention et étonnent l’esprit. Empereurs, rois et princes, présidents et ministres, le Pape lui-même, prêtres, moines et philosophes, dispensateurs de savoir, parlementaires et députés, riches de la terre, adeptes des religions, et le peuple de Bahá, tous sont interpellés par l’auteur de ces messages et reçoivent, chacun selon sa condition, les conseils et admonestations qu’ils méritent. La diversité des sujets abordés dans ces épîtres n’en est pas moins étonnante. La majesté transcendante et l’unité d’un Dieu inconnaissable et inabordable est affirmée, l’unité de ses messagers proclamée et soulignée. Le caractère exceptionnel, l’universalité et les potentialités de la foi Bahá’íe sont mis en évidence, et le but ainsi que le caractère de la Révélation bábíe sont dévoilés. »

Le contenu met en lumière le jugement irréductible de Bahá’u’lláh sur les conditions d’une société humaine dont les dirigeants sont tenus responsables au premier chef :
« Sont racontés des épisodes, à la fois émouvants et merveilleux, au cours des différentes phases de son ministère ; est catégoriquement affirmé le caractère passager de la pompe humaine, de la renommée, de la richesse et de la souveraineté ; sont lancés avec force et insistance, des appels à l’application des principes les plus nobles dans les relations humaines et internationales ; est enjoint l’abandon d’usages indignes, de pratiques nuisibles au bonheur, à la croissance, à la prospérité et à l’unité du genre humain. Des rois sont critiqués, des ecclésiastiques accusés, des ministres et parlementaires condamnés. L’assimilation de son avènement avec la venue du Père lui-même est évoquée de manière catégorique et proclamée à plusieurs reprises. La chute violente de quelques-uns de ces rois et empereurs est prophétisée, deux d’entre eux sont mis en cause sans le moindre doute, la plupart sont mis en garde, tous sont appelés et exhortés. »

Dans une épître dont l’original est perdu, Bahá’u’lláh avait déjà condamné très sévèrement
la mauvaise administration du sultan ‘Abdu’l-’Azíz. Le présent volume contient trois autres épîtres interpellant deux ministres du sultan, dont l’influence égoïste et peu scrupuleuse joua un rôle important dans les exils successifs de Bahá’u’lláh. La Súriy-i-Ra’is qui interpelle ‘Álí Páshá, le Premier Ministre ottoman, fut révélée en août 1868, alors que les exilés se déplaçaient d’Andrinople à Gallipoli, elle expose magistralement les abus de pouvoir civil commis par le ministre. La Lawh-i-Ra’is qui contient des passages adressés à ‘Álí-Páshá, fut révélée peu après l’incarcération de Bahá’u’lláh dans la forteresse d’Acre et contient une terrible dénonciation du caractère du ministre. La troisième épître, Lawh-i-Fu’ád, fut révélée en 1869, peu après le décès de Fu’ád Páshá, le ministre ottoman dont elle dénonce les machinations. Elle décrit les conséquences de l’abus de pouvoir et prédit la chute imminente de son collègue, ‘Álí Páshá, ainsi que le renversement du sultan lui-même - prophéties qui circulèrent abondamment et dont les réalisations dramatiques ajoutèrent grandement au prestige de leur auteur.

Il nous paraît particulièrement opportun, alors que l’influence de Bahá’u’lláh pénètre de plus en plus dans la société à travers le monde, de mettre à la disposition des lecteurs le texte intégral de ces grandes épîtres. Nous exprimons aux comités qui reçurent la tâche d’entreprendre et de revoir ces traductions, la gratitude que nous éprouvons pour le soin et la sensibilité qu’ils ont apportés à ce travail. Les Bahá’ís reconnaîtront les passages importants déjà mis à la disposition de l’Occident par Shoghi Effendi. Ses traductions en anglais des Textes sacrés Bahá’ís fournissent un modèle à ceux qui relèvent le défi de préparer des transpositions adéquates en anglais de ces trésors de la foi.

La Maison universelle de justice


1. SÚRIY-I-HAYKAL

A) Sourate du Temple

Voici la sourate du Temple que Dieu a choisi pour être le miroir de ses Noms entre les cieux et la terre, et le signe de son souvenir parmi les peuples du monde. Il est le Très-Merveilleux, le Très-Glorieux !

(1.1)
Gloire à celui qui révèle ses versets à ceux qui comprennent. Gloire à celui qui révèle ses versets à ceux qui perçoivent. Gloire à celui qui guide en son sentier qui lui plaît. Dis : En vérité, je suis le Sentier de Dieu pour tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Bonheur à ceux qui s’y hâtent!

(1.2)
Gloire à celui qui envoie ses versets à ceux qui comprennent. Gloire à celui qui parle du Royaume de sa révélation, et qui reste inconnu de tous sauf de ses serviteurs honorés. Gloire à celui qui éveille quiconque il veut en vertu de sa parole « Sois », et cela est ! Gloire à celui qui fait monter quiconque il veut vers les cieux de grâce, et qui envoie de là ce qu’il désire selon une mesure prescrite.

(1.3)
Béni celui qui fait ce qu’il veut par une parole de son ordre. Il est, en vérité, le Véritable, l’Omniscient. Béni celui qui inspire quiconque il veut avec ce qu’il désire par son irrésistible et inscrutable commandement. Béni celui qui aide quiconque il désire par les armées de l’invisible. Sa puissance, en vérité, égale son but et il est vraiment le Très-Glorieux, l’Absolu. Béni celui qui exalte quiconque il veut par le pouvoir de sa puissance souveraine, et confirme quiconque il choisit selon son bon plaisir ; Béatitude pour ceux qui comprennent !

(1.4)
Béni celui qui, dans une Tablette préservée, a prescrit à toutes choses une mesure fixée. Béni celui qui a révélé à son Serviteur ce qui illuminera le coeur et l’esprit des hommes. Béni, celui qui a envoyé sur son Serviteur ces tribulations qui ont fait fondre le coeur de ceux qui habitent au sein du Tabernacle d’éternité et les âmes de ceux qui se sont approchés de leur Seigneur. Béni celui qui a décoché sur son Serviteur, des nuées de son décret, les flèches du chagrin, et qui m’a vu les supporter avec patience et endurance. Béni celui qui a décrété pour son Serviteur ce qu’il n’a destiné à aucune autre âme. Il est, en vérité, l’Unique, l’Incomparable, l’Absolu.

(1.5)
Béni celui qui, des nuées de la haine, a fait se déverser sur son Serviteur, aux mains du peuple du déni, les traits des épreuves et des tribulations, et qui pourtant, voit notre coeur empli de gratitude. Béni celui qui a fait reposer sur les épaules de son Serviteur le poids des cieux et de la terre - un poids dont nous lui rendons grâce, bien que personne ne puisse le comprendre sauf ceux doués de compréhension. Gloire à celui qui a remis l’incarnation de sa Beauté entre les griffes des envieux et des méchants - un destin auquel nous nous sommes complètement résigné, bien que personne ne puisse en percevoir la raison sauf ceux qui sont dotés d’intuition. Gloire à celui qui a laissé Husayn demeurer au milieu de l’armée de ses ennemis, et exposer chaque souffle de son corps aux pointes de la haine et de la colère. Pourtant, nous le remercions pour tout ce qu’il a décrété pour son Serviteur qui a recours à lui dans son chagrin et son affliction.

(1.6)
Alors que j’étais cerné par les tribulations, j’entendis une voix des plus merveilleuses, des plus douces, appelant au-dessus de ma tête. Tournant mon visage, je vis, suspendue dans les airs devant moi, une vierge, incarnation du souvenir du nom de mon Seigneur Son âme était si réjouie que son visage resplendissait de l’ornement du bon plaisir de Dieu, et ses joues luisaient de la splendeur du Très-Miséricordieux. Entre le ciel et la terre, elle lançait un appel qui captivait le coeur et l’esprit des hommes. Elle faisait part tant à mon être intérieur qu’à mon être extérieur de joyeuses nouvelles qui réjouissaient mon âme et les âmes des serviteurs honorés par Dieu.

(1.7)
Pointant son index vers ma tête, elle s’adressa à tous dans le ciel et sur la terre, disant : Par Dieu ! Voici le Bien-Aimé des mondes et cependant vous ne comprenez pas. Voici la Beauté de Dieu et le pouvoir de sa souveraineté parmi vous, si vous pouviez comprendre. C’est le Mystère de Dieu et son trésor, la Cause de Dieu et sa gloire pour tous ceux qui sont dans les royaumes de la révélation et de la création, si vous êtes de ceux qui perçoivent. Voici celui dont la présence est l’ardent désir des habitants du Royaume d’éternité, et de ceux qui vivent dans le Tabernacle de gloire, et pourtant, vous vous détournez de sa beauté

(1.8)
Ô peuple du Bayán, si vous ne l’aidez pas, Dieu assurément l’assistera des pouvoirs de la terre et du ciel et le soutiendra par les armées de l’invisible, grâce à son ordre « Sois », et cela est ! Le jour est proche où Dieu aura suscité, par un acte de sa volonté, une race d’hommes dont la nature est insaisissable à tous sauf à Dieu, le Tout-Puissant, l’Absolu. Il les purifiera de la souillure des imaginations futiles et des désirs corrompus, il les élèvera jusqu’aux hauteurs de sainteté et il les fera manifester les signes de sa souveraineté et de sa puissance sur terre. Ainsi en a-t-il été décrété par Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Bon.

(1.9)
Ô peuple du Bayán, renieriez-vous celui dont la présence est l’objet même de votre création, tandis que vous vous réjouissez avec indolence sur votre couche ? Iriez-vous jusqu’à la raillerie et le mépris, Vous opposeriez-vous à celui dont un seul cheveu surpasse, aux yeux de Dieu, tous les habitants du ciel et de la terre ? Ô peuple du Bayán, produisez donc les preuves que vous possédez, afin que je puisse connaître celle qui vous a porté à croire jusqu’ici dans les Manifestations de sa cause, et pour quelle raison vous devenez à présent si dédaigneux !

(1.10)
Je le jure par celui qui m’a créé de la lumière de sa propre Beauté ! Je n’ai jamais vu quelqu’un qui vous surpasse dans l’insouciance ou l’aveuglement. Vous cherchez à prouver votre foi en Dieu par ces Épîtres sacrées que vous possédez. Mais lorsque les versets de Dieu sont révélés et sa lampe allumée, vous vous détournez de celui dont la plume elle-même a fixé la destinée de toutes choses dans la Tablette préservée. Vous récitez les versets sacrés et pourtant vous reniez celui qui est leur source et leur révélateur. Ainsi Dieu a-t-il aveuglé vos yeux en punition de vos actes, si vous pouviez le comprendre. Jour et nuit, vous transcrivez les versets de Dieu, et cependant, vous restez séparés, comme par un voile, de celui qui les a révélés.

(1.11)
En ce jour, l’Assemblée céleste vous regarde perpétrer vos méfaits et se détourne de votre compagnie, et pourtant vous ne vous en rendez pas compte. Ils demandent aux uns et aux autres : « Quelles sont les paroles que prononcent ces fous, et dans quelle vallée ont-ils l’habitude de paître ? Renient-ils ce que leur âme même atteste, et ferment-ils les yeux à ce qu’ils voient clairement ? » Je le jure par Dieu, ô peuple ! Ceux qui habitent les cités des Noms de Dieu sont déconcertés par vos actions, tandis que vous errez, sans but et inconscients, sur une terre stérile et aride.

(1.12)
Ô Plume du Très-Haut, écoute l’appel de ton Seigneur, lancé par l’Arbre divin depuis ce Lieu sacré et lumineux, afin que les doux accents de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, emplissent ton âme de joie et de ferveur, et que les brises qui émanent de mon nom, celui qui toujours pardonne, dissipent tes soucis et tes chagrins. Elève donc, de ce Temple, les temples de l’Unité de Dieu, afin qu’ils fassent part, dans les royaumes de la création, des joyeuses nouvelles de leur Seigneur, le Très-Exalté, le Très-Glorieux, et qu’ils soient de ceux qui sont illuminés par sa lumière.

(1.13)
Nous avons, en vérité, décrété que ce Temple soit la source de toute existence dans cette nouvelle création, afin que tous tiennent pour certain mon pouvoir d’accomplir mon dessein par ma parole “Sois”, et cela est ! À l’ombre de chaque lettre de ce Temple, nous avons suscité un peuple dont personne ne peut compter le nombre sauf Dieu, le Secours, l’Absolu. Sous peu, Dieu fera sortir de son Temple ces âmes qui demeureront imperturbables face aux insinuations des rebelles, et boiront à tout moment de cette coupe qui est la vie même. Ceux-là sont, en vérité, parmi les bienheureux.

(1.14)
Voici les serviteurs qui demeurent à l’abri de la tendre miséricorde de leur Seigneur, et restent impassibles face à ceux qui cherchent à obstruer leur sentier. Sur leur visage, on peut voir la lumière resplendissante du Très-Miséricordieux et de leur coeur, on peut entendre le souvenir de mon Nom très glorieux et inaccessible. S’ils déliaient leur langue pour louer leur Seigneur, les habitants du ciel et de la terre se joindraient à eux dans leurs chants de louange - et pourtant, si peu nombreux sont ceux qui entendent ! Et s’ils exaltaient leur Seigneur, toutes les choses créées les accompagneraient dans leurs hymnes de gloire. Ainsi Dieu les a-t-il glorifiés au-dessus du reste de sa création, et pourtant le peuple reste inconscient !

(1.15)
Ce sont eux qui gravitent autour de la cause de Dieu, même si les ombres entourent le soleil. Ouvrez alors vos yeux, ô peuple du Bayán, afin que peut-être vous puissiez les contempler ! C’est en vertu de leur mouvement que toutes les choses sont mues, et en vertu de leur immobilité que toutes les choses sont amenées à reposer, si vous pouviez en avoir la certitude ! Par eux, les croyants en l’Unité divine se sont tournés vers celui qui est l’objet de l’adoration de l’ensemble de la création, et par eux le coeur des justes a trouvé le repos et la sérénité, si seulement vous pouviez le savoir ! Par eux, la terre a été créée, les nuées ont déversé leur générosité et le pain de sainteté est descendu du ciel de grâce, si seulement vous pouviez le comprendre !

(1.16)
Ces âmes sont les protectrices de la cause de Dieu sur terre ; elles préserveront sa beauté de la noire poussière soulevée par tout croyant renié. Dans le sentier de leur Seigneur, elles ne craindront pas pour leur vie ; plutôt sacrifieront-elles tous leurs biens, dans leur enthousiasme à contempler la face de leur Bien-Aimé, et son élévation en ce Nom, le Tout Puissant, l’Omnipotent, le Très-Glorieux, le Plus-Saint.

(1.17)
Ô Temple vivant, lève-toi par le pouvoir de ton Moi, de telle manière que toutes les choses créées soient mises en mouvement pour se lever avec toi. Aide ainsi ton Seigneur par cette ascendance et ce pouvoir que nous t’avons accordés. Prends garde de crainte de faillir en ce jour où toutes les choses créées sont consternées. Sois plutôt le révélateur de mon nom, l’Absolu. Assiste ton Seigneur au mieux de tes capacités et ne prête pas attention aux peuples du monde, car ce qui sort de leur bouche est comparable au bourdonnement d’un moustique dans une vallée sans fin. Bois l’eau de la vie en mon nom, le Très-Miséricordieux, et invite ceux qui sont proches parmi les habitants de ce jardin céleste à se détacher de tous les noms et à se placer sous cette ombre bénie et universelle.

(1.18)
Ô Temple vivant, par toi, nous avons rassemblé toutes les choses créées, qu’elles soient sur la terre ou dans le ciel, et nous les avons appelées à reconnaître ce dont nous étions convenus avec elles avant la fondation du monde. Pourtant voyez, à part quelques visages radieux et quelques langues éloquentes, nous avons trouvé que la plupart des gens étaient confus, leurs yeux figés par la peur. Grâce aux premiers, nous avons engendré la création de tout ce qui a été et sera. C’est leur visage que Dieu a miséricordieusement détourné de la face des incroyants, et qu’il a abrité sous l’arbre de son propre Être. C’est à leur coeur qu’il a accordé le don de paix et de tranquillité, et c’est ce coeur qu’il a renforcé et assisté par les armées du visible et de l’invisible.

(1.19)
Ô regard de ce Temple, ne considère pas les cieux et ce qu’ils contiennent, ni la terre et ceux qui l’habitent, car nous t’avons créé pour contempler notre seule Beauté : Vois ! Elle est à présent devant toi ! Ne détourne pas ton regard d’elle, et ne te prive pas de la beauté de ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Bien-Aimés. Sous peu, nous créerons à travers toi des yeux perçants et pénétrants qui contempleront les signes multiples de leur Créateur et se détourneront de tout ce qui est perçu par les peuples du monde. Par toi, nous accorderons le pouvoir de la vision à quiconque nous désirerons, et nous nous saisirons ceux qui se sont privés de cette générosité. Ceux-là, en vérité, ont bu à la coupe des illusions, bien qu’ils ne le sachent pas.

(1.20)
Ô oreilles de ce Temple, purifiez-vous de toute clameur inutile et écoutez les mélodies de votre Seigneur. Du Trône de gloire, il révèle, en vérité, qu’il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant, le Secours, l’Absolu. Sous peu, nous créerons par vous, des oreilles pures de toute souillure, qui seront attentives à la Parole de Dieu et à ce qui découle du Jour de la parole de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux. Assurément, elles percevront les doux accents de la divine révélation qui proviennent de cet enclos béni et sacré.

(1.21)
Ô langue de ce Temple, en vérité, nous t’avons créée par notre nom, le Très-Miséricordieux, nous t’avons enseignée ce qui était resté caché dans le Bayán, et t’avons accordé le pouvoir de la parole, afin que tu fasses mention de mon être exalté parmi mes créatures. Proclame alors ce souvenir puissant et merveilleux et ne crains pas les manifestations du Mal. Tu fus appelée à l’existence dans ce but même, en vertu de mon ordre transcendant et irrésistible. Par toi, nous avons libéré la langue de la parole pour expliquer tout ce qui a été, et nous le ferons encore, par notre pouvoir souverain, afin qu’elle parle de ce qui doit encore advenir. Sous peu, nous créerons par toi des langues éloquentes qui nous loueront et nous glorifieront au sein de l’Assemblée céleste et parmi les peuples du monde. Ainsi sont révélés les versets de Dieu, et en est-il décrété par le Seigneur de tous les noms et attributs. Ton Seigneur, en vérité, est le Véritable, celui qui connaît les choses invisibles. Rien n’empêchera ces langues de magnifier leur Créateur. Par elles, toutes les choses créées se lèveront pour exalter le Seigneur des noms et attester qu’il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Bien-Aimé. Et feront mention de moi, parleront de moi seulement ceux qui sont inspirés par cette langue issue de son jardin céleste. Rare, cependant, sont ceux qui comprennent ! Il n’y a pas de langue qui ne fasse l’éloge de son Seigneur ni ne mentionne son Nom. Parmi le peuple, pourtant, il s’en trouve qui comprennent et chantent des louanges, et d’autres qui chantent des louanges mais pourtant ne comprennent pas.

(1.22)
Ô Vierge des significations intérieures, sors de la chambre de la parole avec la permission de Dieu, le Seigneur des cieux et de la terre. Révèle-toi parée du vêtement du Royaume céleste et propose de tes mains de rubis, le vin de la souveraineté céleste afin que les habitants de ce monde puissent percevoir que le Soleil de l’éternité s’est levé à l’horizon du Royaume, paré du vêtement de gloire. Par chance, il se peut qu’ils se lèvent devant les habitants du ciel et de la terre pour chanter et magnifier cet Adolescent qui s’est établi au coeur du Paradis, sur le trône de son nom, le Très-Bienfaisant, dont le visage resplendit de l’éclat du Très-Miséricordieux, dans les yeux duquel apparaît le regard du Très-Glorieux, et dont les manières révèlent les signes et les preuves de Dieu, le Secours, l’Absolu.

(1.23)
Ne t’afflige point si nul ne se trouve pour accepter le vin vermeil offert par ta blanche main et pour le déguster au nom de ton Seigneur, le Très-Exalté, le Très-Haut, celui qui est apparu à nouveau en son nom, le Très-Glorieux. Abandonne ces gens à eux-mêmes et retire-toi dans le tabernacle de majesté et de gloire, là où tu rencontreras un peuple dont le visage resplendit autant que le soleil à son zénith, un peuple qui loue et chante son Seigneur en ce Nom qui s’est levé dans la plénitude de la puissance et du pouvoir pour occuper le trône de la souveraineté indépendante. De ses lèvres, tu n’entendras que les accents de ma louange. De ceci ton Seigneur me porte témoignage. L’existence de ce peuple, cependant, est restée cachée aux yeux de tous ceux qui, de toujours, ont été créés par la Parole de Dieu. Ainsi avons-nous rendu explicite notre signification et mis en avant nos versets pour que les hommes réfléchissent sur les signes et les preuves de leur Seigneur.

(1.24)
Voici ceux qui, en vérité, ne furent pas enjoints de se prosterner devant Adam [voir Coran: 2.30-34, 38.71-75 - les citations sont tirées de la traduction de D. Masson, La Pléiade, Paris, Gallimard 1967]. Ils ne se sont jamais détournés de la face de ton Seigneur, et ils prennent leur part à chaque instant des dons et des délices de la sainteté. Ainsi la plume du Très-Miséricordieux a-t-elle établi les secrets de toutes choses, qu’ils soient du passé ou de l’avenir. Si le monde pouvait comprendre ! Sous peu, Dieu rendra manifeste sur terre ce peuple, et par lui, il exaltera son nom, diffusera ses signes, soutiendra ses paroles et proclamera ses versets, en dépit de ceux qui ont renié sa vérité, contredit sa souveraineté et ergoté sur ses signes.

(1.25)
O Beauté du Très-Glorieux, si par hasard tu devais te trouver en présence de ce peuple relate-lui ce que cet Adolescent t’a raconté sur lui-même ainsi que les choses qui lui sont advenues, afin que ce peuple soient amené à connaître ce qui a été inscrit sur la Tablette préservée. Familiarise-le avec les joyeuses nouvelles de cet Adolescent, et avec les épreuves et les tribulations qu’il a endurées, pour qu’il prenne conscience de mes afflictions et être de ceux qui se consacrent à son Souvenir. Alors, dis-lui la façon dont nous avons choisi d’accorder notre faveur à l’un de nos frères [nota : Mírzá Yahyá], la manière dont nous lui avons accordé une goutte de rosée de cet océan sans fin de la connaissance, dont nous l’avons revêtu de l’habit de l’un de nos Noms, dont nous l’avons glorifié à un tel rang que tous furent incités à chanter ses louanges, et dont nous l’avons protégé de la méchanceté des malveillants pour désarmer même le plus puissant d’entre eux.

(1.26)
Nous nous sommes levés seul face aux peuples de la terre et du ciel à un moment où tous avaient résolu de nous tuer. Alors que nous habitions parmi eux, nous avons continuellement fait mention du Seigneur et chanté ses louanges. Nous sommes restés fermes en sa Cause, jusqu’à ce qu’enfin la Parole de Dieu fût justifiée parmi ses créatures, ses signes répandus à l’extérieur, son pouvoir exalté et sa souveraineté révélée à l’apogée de son éclat. De ceci, ses serviteurs honorés en témoignent. Pourtant, lorsque mon frère vit la renommée grandissante de la Cause, il se gonfla d’arrogance et d’orgueil. Il sortit alors de derrière le voile de la dissimulation, se dressa contre moi, argumenta sur mes versets, renia mon témoignage et répudia mes signes. Sa faim n’aurait connu d’apaisement que s’il avait pu dévorer ma chair et boire mon sang. En attestent ces serviteurs de Dieu qui l’accompagnèrent en exil, ainsi que ceux qui le côtoient.

(1.27)
À cette fin, il s’entretint avec l’un de mes serviteurs [nota : Ustád Muhammad-‘Alíy-i-Salmání - voir aussi « Dieu passe près de nous » par Shoghi Effendi - MEB 1976 page 158-159 - pour un récit des événements auxquels Bahá’u’lláh fait allusion dans ce paragraphe et les suivants] et chercha à le gagner à ses propres vues. Mais le Seigneur m’envoya l’aide des armées du visible et de l’invisible, me protégea par le pouvoir de la vérité et envoya sur moi ce qui contrecarra son projet. Ainsi furent déjoués les complots de ceux qui ne croient pas aux versets du Très-Miséricordieux. En vérité, ils forment un peuple rejeté. Lorsque se répandit la nouvelle des actes de mon frère, que les pulsions de son ego avaient poussé à perpétrer, et que nos compagnons d’exil eurent vent de ses plans infâmes, la voix de leur indignation et de leur chagrin s’éleva et menaça de se répandre dans toute la ville. Nous avons interdit, cependant, ces récriminations et leur avons enjoint la patience, afin qu’ils soient de ceux qui supportent avec fermeté.

(1.28)
Par Dieu, à côté duquel il n’est pas d’autre Dieu, nous avons supporté toutes ces épreuves avec endurance, et avons enjoint aux serviteurs de Dieu de faire preuve de patience et de courage. Nous nous sommes retirés de leur présence et nous sommes allés vivre dans une autre demeure, afin que la flamme de l’envie s’éteigne dans le coeur de notre frère, et qu’il soit guidé dans le droit chemin. Nous ne nous sommes pas opposé à lui, ni ne l’avons revu après. Au contraire, nous sommes restés chez nous, plaçant nos espoirs en la miséricorde de Dieu, le Secours, l’Absolu. Lorsque pourtant, il comprit que ses actions avaient été dévoilées, il saisit la plume de la calomnie et écrivit aux serviteurs de Dieu, attribuant à ma propre Beauté à la fois incomparable et lésée ce qu’il avait lui-même commis. Il n’avait d’autre but que de semer la discorde parmi les serviteurs de Dieu, et d’instiller la haine dans le coeur de ceux qui avaient cru en Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Bon.

(1.29)
Par celui qui tient mon âme en sa main, nous avons été consterné par sa malhonnêteté - que dis-je, accablées furent toutes les choses visibles et invisibles. Ce qu’il abritait en son sein ne lui laissa pas de répit jusqu’à ce qu’il commît ce qu’aucune plume n’ose décrire, et ce par quoi il dégrada la dignité de mon rang et profana la sainteté de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Loué. Si Dieu devait changer tous les océans de la terre en encre et toutes les choses créées en plumes, cela ne me suffirait pas pour faire la liste complète de ses méfaits. Ainsi nous relatons ce qui nous est advenu, afin que peut-être vous soyez de ceux qui comprennent.

(1.30)
Ô Plume d’Éternité, ne t’afflige pas des choses qui te sont advenues car, sous peu, Dieu suscitera un peuple qui verra par ses propres yeux et se souviendra de tes tribulations. Retiens ta plume de mentionner tes ennemis, et encourage-la dans la louange du Roi éternel. Renonce à toutes les choses créées et bois le vin scellé de mon souvenir. Crains de ne te préoccuper que de la mention de ceux dont on ne perçoit que les saveurs putrides de l’inimitié, de ceux qui sont tellement esclaves de leur appétit pour le pouvoir qu’ils n’hésiteraient pas à se détruire dans leur désir d’inscrire leur renommée et de perpétuer leur nom. Dieu a noté ces âmes dans la Tablette préservée comme simples adorateurs des noms. Narre alors ce que tu as conçu pour ce Temple, afin que ses signes et preuves soient rendus manifestes sur terre, et que l’éclat de cette Lumière illumine l’horizon du monde et purifie la terre de la souillure des mécréants. Ainsi avons-nous établi les versets de Dieu et donné l’explication à ceux qui comprennent.

(1.31)
Ô Temple vivant, étends ta main sur tous ceux qui sont sur la terre et dans le ciel, et que ta volonté saisisse les rênes du commandement. En vérité, nous avons placé dans ta main droite l’empire de toutes choses. Agis selon ta volonté et ne crains pas les ignorants. Empare-toi de la Tablette qui s’est levée au-dessus de l’horizon de la plume de ton Seigneur, et saisis-toi d’elle de sorte que, par ton intermédiaire, les mains de tous les habitants de la terre soient capables de s’en emparer. C’est, en vérité, ce qui te convient, si tu es de ceux qui comprennent. Par le soulèvement de ta main vers le ciel de ma grâce, les mains de toutes les choses créées seront soulevées vers leur Seigneur, le Puissant, le Gracieux. Sous peu, nous susciterons, à l’aide de ta main, d’autres mains dotées de pouvoir, de force et de puissance, et nous établirons par elles notre empire sur tout ce qui vit dans les royaumes de la révélation et de la création. Ainsi les serviteurs de Dieu reconnaîtront la vérité selon laquelle il n’est d’autre Dieu que moi, le Secours, l’Absolu. C’est aussi par ces mains que nous donnerons et nous reprendrons, mais personne ne peut le comprendre, sauf ceux qui voient par l’oeil spirituel.

(1.32)
Dis : Ô peuple, pouvez-vous jamais espérer échapper au pouvoir souverain de votre Seigneur ? Par la rectitude de Dieu, vous ne trouverez aucun refuge en ce jour ni personne pour vous protéger, sauf si vous êtes de ceux à qui Dieu a accordé la faveur de sa miséricorde. Il est, en vérité, celui qui toujours pardonne, le Très-Compatissant. Dis : Ô peuple, renoncez à tout ce que vous possédez, et entrez à l’ombre de votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Cela vaut mieux pour vous que toutes vos oeuvres passées et futures. Craignez Dieu et ne vous privez pas des douces saveurs dispensées lors des jours de Dieu, le Seigneur de tous les noms et attributs. Prenez garde de peur d’altérer ou de pervertir le texte de la Parole de Dieu. Marchez dans la crainte de Dieu et soyez du nombre des justes.

(1.33)
Dis : Ô peuple, voici la Main de Dieu qui a toujours été au-dessus de vos propres mains, si vous pouviez comprendre. Entre ses mains, nous avons ordonné tout le bien du ciel et de la terre, afin que seul soit rendu manifeste le bien qui en découle. Ainsi en avons-nous fait la source et le trésor de tout bien, par le passé et à l’avenir. Dis : Les rivières de la sagesse et de la parole divines qui s’écoulent des Tablettes de Dieu ont rejoint ce plus grand Océan, si seulement vous pouviez le percevoir, et tout ce qui a été établi dans ses Livres a atteint sa consommation finale dans cette Parole la plus exaltée, une Parole resplendissant au-dessus de l’horizon de la volonté du Très-Glorieux dans cette révélation qui a rempli de délices toutes les choses visibles et invisibles.

(1.34)
Sous peu Dieu tirera, du sein du pouvoir, les mains de l’ascendance et de la puissance, mains qui se lèveront pour remporter la victoire pour cet Adolescent, et purgera l’humanité de la souillure des proscrits et des impies. Ces mains se mobiliseront pour se faire les champions de la Foi de Dieu et, en mon nom, l’Absolu, le Puissant, elles subjugueront les peuples et les tribus de la terre. Elles entreront dans les villes et inspireront la crainte dans le coeur de tous leurs habitants. Voici les preuves de la puissance de Dieu ! Terrible, et véhémente est la puissance de Dieu, et il la manie avec justesse ! En vérité, il règne et transcende tous ceux qui sont dans le ciel et sur la terre et il révèle ce qu’il désire selon une mesure prescrite.

(1.35)
Si, parmi ce peuple, une personne devait être appelée à affronter toutes les armées de la création, assurément elle prévaudrait par l’ascendance de ma volonté. En vérité, c’est une preuve de mon pouvoir, bien que mes créatures ne le saisissent pas. En vérité, c’est un signe de ma souveraineté, bien que mes sujets ne le comprennent pas. En vérité, c’est un gage de mon commandement, bien que mes serviteurs ne le perçoivent pas. En vérité, c’est une preuve de mon ascendance, bien que personne n’en soit véritablement reconnaissant, sauf ceux dont Dieu a illuminé les yeux par la lumière de sa connaissance, dont il a fait les coeurs un réceptacle de sa révélation et sur les épaules desquels il a placé le poids de sa Cause. Ceux-là inhaleront les parfums du Très-Miséricordieux, exhalés par le vêtement de son Nom, et ils se réjouiront à chaque instant dans les signes et les versets de leur Seigneur. Quant à ceux qui ne croient pas en Dieu et lui donnent des associés, ils encourront sa colère, ils seront jetés au feu, et contraints de demeurer dans ses profondeurs, emplis d’effroi et de désarroi. Ainsi expliquons-nous nos versets et clarifions la vérité par des preuves évidentes, afin que le peuple puisse réfléchir aux signes de leur Seigneur.

(1.36)
Ô Temple vivant, par notre parole « Sois » et cela est, nous t’avons désigné pour être le signe de notre majesté parmi tout ce qui a été et tout ce qui sera, et nous t’avons suscité pour être l’emblème de notre Cause entre le ciel et la terre.

(1.37)
Ô première lettre de ce Temple, exprimant l’essence de Divinité [nota : le mot Haykal (Temple) est composé en arabe des quatre lettres Há’, Yá’, Káf et Lám (HYKL) ; sa première lettre symbolise le mot Huvíyyah (Essence de Divinité) ; sa deuxième lettre pour le mot Qadír (Tout-Puissant), dont Yá’ est la troisième lettre ; sa troisième lettre pour le mot Karím (Très-Généreux) ; et sa quatrième lettre pour le mot Fadl (Grâce), dont Lám est la troisième lettre], nous avons fait de toi le trésor de notre Volonté et le récipiendaire de notre Dessein pour tous ceux qui sont dans les royaumes de révélation et de création. Ce n’est qu’un gage de la grâce de celui qui est le Secours, l’Absolu.

(1.38)
Ô deuxième lettre de ce Temple, exprimant mon nom, le Tout-Puissant ! Nous avons fait de toi la manifestation de notre souveraineté et l’aube de nos Noms. Puissant je suis pour accomplir ce que ma langue profère.

(1.39)
Ô troisième lettre de ce Temple, exprimant mon nom, le Très-Généreux ! Nous avons fait de toi l’aube de notre bonté parmi nos créatures et la source de notre générosité parmi notre peuple. Puissant je suis en mon empire. Rien de ce qui a été créé dans les cieux ou sur la terre ne peut échapper à notre connaissance, et je suis le seul Vrai, celui qui connaît les choses invisibles.

(1.40)
Fais descendre des nuées de ta générosité ce qui enrichira toutes les choses créées, et ne retire pas tes faveurs du monde de l’existence. Tu es en vérité, le Très-Généreux dans le ciel de ton éternité, et le Seigneur de grâce infinie pour tous ceux qui habitent le royaume des noms. Ne regarde pas les gens et les choses qu’ils possèdent. Considère plutôt les merveilles de tes dons et de tes faveurs. Rassemble alors tes serviteurs sous ton ombre qui recouvre toute l’humanité. Étends la main de la générosité sur toute la création et les doigts de la faveur sur toute l’existence. C’est, en vérité, ce qui te convient, bien que le peuple ne le comprenne pas. Quiconque tourne son visage vers toi, le fait par ta grâce, et quant à celui qui se détourne de toi, ton Seigneur est vraiment indépendant de toutes choses créées. De cela témoignent ses véritables et dévoués serviteurs.

(1.41)
Sous peu Dieu suscitera, par ton intermédiaire, des mains d’une force indomptable et des bras de puissance invincible, surgiront de derrière les voiles, rendront victorieux le Très-Miséricordieux parmi les peuples du monde. Il poussera un cri si puissant qu’il en fera trembler de peur tous les coeurs. Ainsi en a-t-il décrété dans une Tablette écrite. Tel sera l’ascendant dont feront preuve ces âmes, que la consternation et l’effarement saisiront tous les habitants de la terre.

(1.42)
Prenez garde de ne verser le sang de personne. Sortez l’épée de votre langue du fourreau de la parole, car c’est ainsi que l’on conquiert la citadelle du coeur des hommes. Nous avons aboli la loi de faire la guerre sainte les uns contre les autres. En vérité, la miséricorde de Dieu a embrassé toutes les choses créées, si vous êtes de ceux qui comprennent. Aidez votre Seigneur, le Dieu de Miséricorde, avec l’épée de la compréhension. Plus tranchante est-elle, en effet, et plus finement aiguisée que celle de la parole, si vous réfléchissiez aux paroles de votre Seigneur. Ainsi les armées de la révélation divine sont-elles envoyées par Dieu, le Secours, l’Absolu. Ainsi les troupes de l’inspiration divine sont-elles déployées par la Source de commandement, comme ordonné par Dieu, le Très-Glorieux, le Bien-Aimé.

(1.43)
Dis : Ce Temple, caché et manifeste à la fois, est la mesure de toute la création ; en lui est enchâssée la connaissance du ciel et de la terre, et de toutes les choses passées et futures. Le doigt de l’oeuvre de Dieu a gravé sur cette Tablette ce que les hommes les plus sages et les plus érudits ne peuvent comprendre. Il y a créé des temples que personne ne peut scruter, sauf son propre Soi [nota : le Soi de Dieu est sa Manifestation, en l’occurrence Bahá’u’lláh], si vous pouviez saisir cette vérité. Béni est celui qui la lit, qui médite son contenu et qui est du nombre de ceux qui comprennent !

(1.44)
Dis : On ne peut voir dans mon temple que le Temple de Dieu, et dans ma beauté, que sa Beauté, et dans mon être, que son Être, et dans mon moi, que son Moi, et dans mon mouvement, que son Mouvement, et dans mon consentement, que son Consentement, et dans ma plume, que sa Plume. Il est le Tout-Puissant, le Très-Loué. Il n’y a en mon âme que la Vérité, et l’on ne peut voir en moi rien d’autre que Dieu.

(1.45)
Prenez garde de parler de dualité en ce qui concerne ma nature, car tous les atomes de la terre proclament qu’il n’est d’autre Dieu que lui, l’Unique, le Seul, le Puissant, l’Aimant. Depuis le commencement qui n’a pas de commencement, j’ai proclamé, du royaume de l’éternité, que je suis Dieu, qu’il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Secours, l’Absolu. Et jusqu’à la fin qui n’a pas de fin, je proclamerai, parmi le royaume des noms, que je suis Dieu, qu’il n’est d’autre Dieu que moi, le Très-Glorieux, le Bien-Aimé. Dis : Mon Nom est « souveraineté » d’où j’ai créé des manifestations dans le monde de l’existence, tandis que nous restions nous-mêmes sanctifié au-dessus d’elles, si vous pouviez méditer cette vérité. Et mon Nom est « divinité » d’où nous avons tiré des interprètes dont le pouvoir embrassera le peuple de la terre et fera d’eux de véritables adorateurs de Dieu, si vous pouviez le reconnaître. Ainsi devriez-vous considérer l’ensemble de nos Noms, si vous êtes dotés d’intuition.

(1.46)
Ô quatrième lettre de ce Temple, exprimant l’attribut de la Grâce ! Nous avons fait de toi la manifestation de la grâce entre le ciel et la terre. De toi, nous avons engendré toute grâce dans le monde contingent et à toi, nous ferons en sorte qu’elle retourne. Et de toi, nous la manifesterons encore par une parole de notre commandement. Puissant suis-je pour accomplir ce que je désire par ma parole « Sois », et cela est ! Chaque grâce qui apparaît dans le monde de l’existence trouve son origine en toi, et à toi elle retournera. C’est, en vérité, ce qui est décrété dans une Tablette que nous avons préservée derrière le voile de gloire et cachée aux yeux des mortels. Bonheur à ceux qui ne se privent pas de cette grâce qu’il dispense et qui ne tarit pas.

(1.47)
Dis : En ce jour, les vents fécondants de la grâce de Dieu passent sur toutes choses. Chaque créature est dotée de toutes les potentialités qu’elle peut porter. Et pourtant, les peuples du monde ont renié cette grâce. Chaque arbre est doté des fruits les plus choisis, chaque océan enrichi des gemmes les plus lumineuses. L’être humain lui-même est investi des dons de la compréhension et de la connaissance. L’ensemble de la création est faite le réceptacle de la révélation du Très-Miséricordieux, et la terre, la dépositaire de choses imperceptibles à tous sauf à Dieu, le Vrai, celui qui connaît les choses invisibles. Le temps approche où chaque chose créée aura rejeté son fardeau. Glorifié soit Dieu qui a accordé cette grâce qui embrasse toutes choses, visibles ou invisibles ! Ainsi avons-nous recréé toute la terre en ce jour, pourtant la plupart des gens manquent de le percevoir. Dis : La grâce de Dieu ne peut jamais être comprise de manière adéquate. Combien moins encore peut être saisi son propre Soi, le Secours, l’Absolu !

(1.48)
Ô Temple de la cause, ne t’afflige pas si tu ne trouves personne prêt à recevoir tes dons. Tu as été créé pour moi ; en conséquence, occupe-toi de me louer parmi mes serviteurs. Voici ce qui est décrété pour toi dans la Tablette préservée. Ayant trouvé sur terre plus d’une main souillée, nous avons sanctifié l’ourlet de ton vêtement de l’impiété de leur atteinte et l’avons placé hors de la portée des impies. Sois patient dans la cause de ton Seigneur, car sous peu il suscitera des coeurs sanctifiés et des yeux illuminés qui fuiront de partout vers ta grâce universelle et sans limites.

(1.49)
Ô Temple de Dieu, les armées de la révélation divine étaient-elles à peine envoyées par le Seigneur de tous les noms et attributs, brandissant les bannières de ses signes, qu’étaient mis en déroute les interprètes du doute et de l’imagination. Ils ne crurent pas aux preuves évidentes de Dieu, le Secours, l’Absolu, et ils se dressèrent contre lui avec inimitié et opposition. Parmi eux se trouvent ceux qui proclament : « Ces versets ne viennent évidemment pas de Dieu, pas plus qu’ils ne proviennent d’une nature innée et spontanée ». Ainsi les incroyants cherchent-ils à remédier au mal de leur coeur, insouciants au point de se faire maudire de tous ceux qui vivent au ciel et sur la terre.

(1.50)
Dis : L’Esprit-Saint lui-même a été engendré par l’action d’une seule lettre révélée par ce très grand Esprit, si vous pouviez être de ceux qui saisissent. Et cette nature innée et spontanée dans son essence est appelée à l’existence par les versets de Dieu, le Secours, le Très-Glorieux, le Bien-Aimé. Dis : Cette nature tire orgueil de cette relation à notre Vérité transcendante, tandis que nous, pour notre part, ne tirons gloire ni de cela ni de rien d’autre, car tout, à part moi, est créé par la puissance de ma parole, si vous pouviez le comprendre.

(1.51)
Dis : Nous avons révélé nos versets en neuf modes différents [nota : ces styles ont été définis par Jináb-i-Fádl-i-Mázindarání, voir Adib Taherzadeh, « The Revelation of Bahá’u’lláh », Oxford, George Ronald, 1974, Vol. I, p. 43. Voir également Shoghi Effendi, « Dieu passe près de nous », op. cit. pp. 131 et 210]. Chacun d’eux parle de la souveraineté de Dieu, le Secours, l’Absolu. Un seul d’entre eux suffit comme preuve devant tous, au ciel et sur la terre. Pourtant le peuple, dans sa majorité, persiste dans son insouciance. Si telle était notre souhait, nous les révélerions en d’autres modes innombrables.

(1.52)
Dis : Ô peuple, craignez Dieu et ne laissez pas votre langue prononcer, dans sa duplicité, ce qui lui déplaît. Soyez confondus devant celui qui, vous le savez, vous a créés d’une goutte d’eau [voir Coran : 21.30 ; 24.45 ; 25.54]. Dis ; Nous avons créé tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre dans la nature façonnée par Dieu. Quiconque se tourne vers ce Visage béni, manifestera les potentialités de cette nature innée, et quiconque en reste séparé par un voile, sera privé de cette grâce invisible et universelle. En vérité, il n’y a rien qui n’ait bénéficié de notre faveur dans la mesure où nous avons agi équitablement en les créant tous et chacun, et, par une parole issue de notre bouche, nous leur avons offert le don de notre amour. Ceux qui l’ont accepté sont, en effet, en sécurité et ne sont pas affectés par les terreurs de ce Jour. Quant à ceux qui l’ont rejeté, ils n’ont pas cru en Dieu, le Secours, l’Absolu. Ainsi distinguons-nous entre le peuple et prononçons sur eux le jugement. Assurément, nous avons le pouvoir de faire la différence.

(1.53)
Dis : La Parole de Dieu ne peut jamais être confondue avec les paroles de ses créatures. Il est le Roi de paroles, car, en vérité, il est le Seigneur souverain de tout, et sa Cause transcende tout ce qui fut et tout ce qui sera. Pénètre, ô peuple, dans la Cité de la certitude où est établi le trône de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux. Ainsi vous l’ordonne la Plume du Très-Glorieux, en gage de sa grâce intarissable. Puissiez-vous faire en sorte que sa révélation ne soit pas une cause de dissension entre vous.

(1.54)
Parmi les infidèles, se trouvent ceux qui répudient son Soi, s’opposent à sa Cause, et proclament que ces divins versets sont inventés. C’étaient aussi les objections des détracteurs de jadis, qui à présent supplient que le feu de l’enfer leur soit évité. Dis : Que l’affliction soit sur vous pour les vaines paroles qui sortent de votre bouche ! Si ces versets sont inventés, par quelle preuve croyez-vous en Dieu ? Produisez-la, si vous être des hommes d’entendement ! Lorsque nous leur révélâmes nos versets évidents, ils les rejetèrent, et lorsqu’ils virent ce que les forces combinées de la terre sont impuissantes à produire, ils déclarèrent que c’était de la sorcellerie.

(1.55)
De quoi souffre ce peuple pour parler de ce qu’ils ne comprennent pas ? Ils soulèvent les mêmes objections que les disciples du Coran lorsque leur Seigneur vint à eux avec sa Cause. En vérité, ils forment un peuple rejeté. Ils empêchèrent les autres de paraître devant celui qui est la Beauté ancienne, et de partager le pain de ses bien-aimés. « N’approche pas d’eux », entendit-on même dire, « car ils jettent un sort sur les gens et les éloignent du sentier de Dieu, le Secours, l’Absolu. » Par la rectitude du seul vrai Dieu, celui qui est incapable de parler en notre présence profère des paroles que personne, parmi les précédentes générations, n’a jamais prononcées, et a commis des actes qu’aucun des croyants des âges anciens n’a jamais commis.

(1.56)
Les paroles et les actes de ces hommes témoignent avec éloquence de la vérité de mes paroles, si vous êtes de ceux qui jugent avec équité. Quiconque attribue les versets de Dieu à de la sorcellerie, ne croit en aucun de ses Messagers, vit et oeuvre inutilement, et fait partie de ceux qui parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. Dis : Ô serviteur, crains Dieu, ton Créateur et ton Façonneur, et ne pêche pas contre lui, mais juge avec équité et agis avec justice. Ceux que le Seigneur a dotés de la connaissance trouveront dans les objections soulevées par les incroyants, des preuves concluantes pour invalider leurs prétentions et justifier la vérité de cette Lumière manifeste. Dis : Répèteriez-vous ce que les incroyants profèrent quand un Message leur vient de leur Seigneur ? Que l’affliction soit sur vous, ô assemblée de fous, et que vos oeuvres soient flétries !

(1.57)
Ô Beauté ancienne, détourne-toi des incroyants et de ce qu’ils possèdent, et répands au-dessus de toutes les choses créées les doux parfums du souvenir de ton Bien-Aimé, l’Exalté, le Grand. Ce souvenir éveille le monde de l’existence et renouvelle le temple de toutes les choses créées. Dis : Il s’est, en vérité, assis sur le Trône de puissance et de gloire. Désires-tu contempler son visage ? Vois, il se tient devant toi ! Béni soit le Seigneur qui s’est révélé dans cette Beauté lumineuse et éclatante. Désires-tu écouter ses mélodies ? Écoute, tu les entends s’élever de ses lèvres resplendissantes et merveilleuses ! Et à ceux qui désirent être illuminés par les splendeurs de sa lumière, dis : Recherchez la cour de sa présence, car Dieu vous a, en vérité, accordé la permission de l’approcher, en gage de sa grâce envers toute l’humanité.

(1.58)
Dis : Ô peuple, nous vous poserons une question en toute véracité, prenant Dieu à témoin entre vous et nous. Il est, en vérité, le Défenseur des justes. Comparaissez devant son Trône de gloire et répondez avec justice et équité. Est-ce Dieu qui a le pouvoir de parvenir à ses fins, ou bien est-ce vous qui bénéficiez d’une telle autorité ? Est-ce celui qui est véritablement libre, comme vous l’affirmez lorsque vous dites qu’il fait ce qu’il lui plaît et qu’il ne lui sera pas demandé compte de ses actes, ou bien est-ce vous qui exercez le pouvoir, et qui avancez de telles assertions par imitation aveugle, comme le firent vos ancêtres à l’apparition de chaque autre Messager de Dieu ?

(1.59)
S’il est véritablement libre, regardez alors la manière dont il a envoyé la Manifestation de sa cause avec des versets contre lesquels personne au ciel ni sur la terre ne peut s’opposer. La manière dont ces versets furent révélés n’a rien de semblable ni de comparable dans le monde de l’existence, comme vous l’avez vu et entendu lorsque le Soleil du monde a resplendi au-dessus de l’horizon de l’Irak, avec un pouvoir évident. Toutes les choses atteignent leur consommation dans les versets divins, car ils sont les versets de Dieu, le Seigneur souverain, le Secours, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant. De plus, il a été confirmé comme le porteur d’une Cause dont la puissance souveraine est reconnue par toutes les choses créées. Cela, personne ne peut le nier sauf les pécheurs et les impies.

(1.60)
Ô peuple, est-ce votre souhait de cacher la beauté du Soleil derrière les voiles de vos propres désirs, ou d’empêcher l’Esprit de lancer ses mélodies du sein de cette poitrine sanctifiée et lumineuse ? Craignez Dieu, et ne rivalisez pas avec celui qui représente la Divinité. Ne vous disputez pas avec celui sur l’ordre duquel la lettre « K » fut créée et associée à sa puissante fondation [nota : c’est-à-dire la lettre « Nún » - dans tous les exemples où, dans les Écrits, il est fait mention de l’association des lettres Kaf et Nun, il est fait référence au mot Kun, qui est l’impératif du verbe « être » en arabe. Comme BE en anglais permet de faire aussi référence à deux lettres le B et E, mais cela n’est pas possible en français où l’on traduit par « sois »]. Croyez en les Messagers de Dieu, en son pouvoir souverain, et dans le Soi de Dieu et sa majesté. Ne suivez pas ceux qui répudient ce qu’ils ont cru autrefois, et qui cherchent pour eux-mêmes un rang d’après leurs propres imaginations. En vérité, ils font partie des impies. Attestez de ce que Dieu lui-même atteste, afin que la compagnie de ses favoris soit illuminée par les paroles qui sortent de vos lèvres. Dis : En vérité, nous croyons en ce qui fut révélé aux Apôtres d’autrefois, en ce qui a été révélé, par le pouvoir de la vérité, à ‘Alí [nota : le Báb], et en ce qui est à présent révélé depuis son Trône de gloire. Ainsi votre Seigneur vous instruit-il, en signe de sa faveur et en gage de sa grâce qui embrasse tous les mondes.

(1.61)
Ô pieds de ce Temple, en vérité, nous vous avons fait d’acier. Restez fermes en la Cause de votre Seigneur avec une constance qui affermira les pieds des âmes chancelantes dans le sentier de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage. Évitez que les tempêtes de l’inimitié et de la haine, ou les foudres des artisans d’iniquité, ne vous fassent chanceler. Soyez inébranlables en la Foi de Dieu, et ne vacillez pas. En vérité, nous vous avons suscités en vertu de ce Nom qui est la source de toute fermeté, et par la grâce de chacun de nos Noms les plus excellents qui sont révélés à tous, sur la terre et au ciel. Sous peu, nous appellerons à l’existence, grâce à vous, d’autres pieds, fermes et loyaux, qui marcheront impavides en notre sentier, alors même qu’ils seraient attaqués par des armées aussi formidables que les forces combinées des générations anciennes et nouvelles. Oui, nous tenons toute grâce au creux de notre main, et l’accordons comme il nous plaît à nos serviteurs préférés. Encore et encore, nous vous avons offert nos faveurs, afin que vous soyez si reconnaissants envers votre Seigneur, que toutes choses créées chantent mes louanges, à moi, le Très-Miséricordieux, le Très-Compatissant.

(1.62)
Lève-toi pour servir cette Cause grâce à une puissance et un pouvoir issus de nous. Divulgue aux serviteurs de Dieu tout ce que t’a transmis l’Esprit de Dieu, le Seigneur souverain, l’Incomparable, le Très-Glorieux, le Très-Sage. Dis : Ô peuple, vous détournerez-vous de celui qui est la Vérité éternelle, et choisiriez-vous à la place celui que nous avons créé d’une simple poignée de glaise ? Agir ainsi, c’est vous infliger une grave injustice, si vous êtes de ceux qui méditent sur les versets de votre Seigneur. Dis : Ô peuple, purifiez votre coeur et vos yeux, afin que vous puissiez reconnaître votre Créateur dans ces habits saints et lumineux. Dis : L’Adolescent céleste est monté sur le Trône de gloire, a rendu manifeste sa souveraineté indépendante et maintenant il lance entre terre et ciel, en accents doux et merveilleux, cet appel : « Ô peuples de la terre, pour quelle raison avez-vous cessé de croire en votre Seigneur, le Très-Miséricordieux, et vous êtes-vous détournés de celui qui est la Beauté du Très-Glorieux ? Par la justice de Dieu ! Voici son secret caché, qui s’est levé à l’aurore de la création. Et voici sa Beauté adorée, qui resplendit au-dessus de l’horizon de ce jardin céleste, investie de la souveraineté de Dieu, le Secours, le Très-Glorieux, le Conquérant, le Tout-Puissant. »

(1.63)
Ô Temple de sainteté, en vérité, nous avons purifié ta poitrine des murmures du peuple et l’avons sanctifiée des allusions terrestres, afin que la lumière de ma beauté y apparaisse et se reflète dans les miroirs de tous les mondes. Ainsi t’avons-nous distingué au-dessus de tout ce qui fut créé dans le ciel et sur la terre, et au-dessus de tout ce qui fut décrété dans les royaumes de la révélation et de la création. Nous t’avons choisi pour comme être notre propre Moi. Ce n’est qu’une preuve de la bonté que Dieu t’a accordée, une bonté qui durera jusqu’au Jour qui n’a pas de fin en ce monde contingent. Il perdurera aussi longtemps que perdurera Dieu, le Roi suprême, le Secours, le Puissant, le Sage. Car le jour de Dieu n’est autre que son propre Soi, apparu avec le pouvoir de la vérité. Voici le Jour qui ne sera pas suivi par la nuit, pas plus qu’il ne sera limité par quelque louange, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre !

(1.64)
Ô coeur de ce Temple, en vérité, nous avons fait en sorte que toutes les choses reflètent ta réalité, et nous avons fait de toi un miroir de notre propre Moi. Jette sur le coeur de toutes choses créées, les splendeurs de la lumière de ton Seigneur, afin qu’il soit libéré de toutes allusions et limitations. Ainsi resplendit le Soleil de la sagesse, au-dessus de l’horizon de la plume du Roi éternel. Bénis ceux qui le perçoivent ! Par toi, nous avons créé d’autres coeurs sanctifiés, et nous les ferons retourner à toi, en gage de notre grâce pour toi et pour nos serviteurs préférés. Sous peu, nous appellerons à l’existence, par toi, des hommes au coeur sanctifié et illuminé, qui n’attesteront que de ma beauté et ne montreront que la lumière resplendissante de mon visage. Ceux-ci seront, en vérité, les miroirs de mes Noms parmi toutes les choses créées.

(1.65)
Ô Temple de sainteté, en vérité, nous avons fait du tréfonds de ton coeur le trésor de toute la connaissance des âges passés et futurs, et le lieu d’où pointe l’aurore de notre savoir que nous avons ordonné pour les habitants de la terre et du ciel, afin que toute la création prenne sa part des générosités de ta grâce et parvienne, par les merveilles de ta science, à la reconnaissance de Dieu, l’Exalté, le Puissant, le Grand. En vérité, ce savoir qui appartient à ma propre Essence, est tel que personne ne l’a jamais compris ou n’en saisira jamais le poids, pas plus qu’aucun coeur ne sera capable de le porter. Si l’on devait divulguer une seule parole de ce savoir, les hommes seraient consternés, les fondations de toutes choses s’écrouleraient et le pied des plus sages en trébucherait.

(1.66)
Au coeur du trésor de notre sagesse, réside, celé, un savoir dont une seule parole, si nous choisissions de la divulguer à l’humanité, ferait reconnaître par chaque être humain la Manifestation de Dieu et admettre son omniscience, permettrait à chacun de découvrir les secrets de toutes les sciences, et d’atteindre un rang si élevé, qu’il se trouverait totalement indépendant de tout savoir passé et futur. Nous possédons aussi d’autres savoirs, dont nous ne pouvons divulguer une seule lettre, pas plus que nous trouvons l’humanité apte à entendre la plus simple référence à leur signification. Ainsi t’avons-nous informé de la science de Dieu, l’Omniscient, le Très-Sage. Si nous trouvions des réceptacles dignes, nous pourrions leur confier les trésors des sens cachés et les instruire d’un savoir, dont une seule lettre embrasserait toutes les choses créées.

(1.67)
Ô coeur intérieur de ce Temple, nous avons fait de toi l’aurore de notre connaissance et le jour de notre sagesse pour tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. De toi, nous avons fait naître toutes les sciences, et à toi nous les ferons retourner. Et de toi, nous les susciterons une deuxième fois. Telle est, en effet, notre promesse, et puissant sommes-nous pour accomplir notre dessein. Sous peu, nous appellerons à l’existence, par toi, des interprètes de sciences nouvelles et merveilleuses, d’arts puissants et créatifs, et par eux, nous rendrons manifeste ce que n’a encore conçu le coeur d’aucun de nos serviteurs. Ainsi, nous accordons à qui nous voulons ce que nous désirons, et nous retirons de qui nous voulons ce que nous avons autrefois donné. Ainsi décrétons-nous ce qui nous plaît par l’intermédiaire de notre ordre.

(1.68)
- Dis : Choisir, à un moment, de jeter les rayons de notre tendre providence sur les miroirs de toutes choses, et à un autre, de soustraire d’eux les splendeurs de notre lumière, est véritablement en notre pouvoir, et personne n’a le droit de demander « pourquoi » ou « pour quelle raison ». Car nous sommes puissants pour réaliser notre dessein, et ne pas rendre compte de ce que nous provoquons. Personne ne peut en douter sauf ceux qui donnent des partenaires à Dieu et mettent en cause sa vérité. Dis : Rien ne peut résister au pouvoir de notre puissance ou interrompre le cours de notre commandement. Nous exaltons qui nous plaît dans le Royaume de puissance et de gloire céleste, et, si nous le désirons, nous le jetons dans les abîmes les plus profonds de la dégradation.

(1.69)
Ô habitants de la terre, prétendriez-vous que si nous élevons une âme jusqu’au Sadratu’l-Muntahá [nota : « l’arbre au-delà duquel il n’y a pas de passage », une référence au rang de la Manifestation de Dieu] elle cesserait d’être soumise au pouvoir de notre souveraineté et de notre empire ? Non, par mon propre Moi ! Si tel était notre voeu, nous la retournerions à la poussière plus rapidement qu’un clin d’oeil. Voyez un arbre. Regardez comment nous le plantons dans un jardin, et comment nous le nourrissons des eaux de notre tendre attention. Et considérez comment, lorsqu’il est devenu grand, à maturité, qu’il a donné des feuilles et de bons fruits, alors nous lui envoyons les vents impétueux de notre décret et le déracinons et le mettons à terre. Ainsi avons-nous procédé avec toutes choses, et ainsi en est-il en ce jour. Telles sont, en vérité, les merveilles incomparables de notre méthode immuable, une méthode qui a toujours gouverné et gouverne toujours toutes choses, si vous êtes de ceux qui perçoivent. Nul, cependant, n’en connaît la sagesse, si ce n’est Dieu, l’Omnipotent, le Tout-Puissant, le Très-Sage.

(1.70)
Réfuteriez-vous, ô peuple, ce que vos voient yeux ? Malheur à vous, ô assemblée de détracteurs ! Seul est exempt du changement, son propre Soi, le Très-Miséricordieux, le Très-Compatissant, si vous voyiez avec les yeux de l’intuition, tandis que tout ce qui est autre que lui peut être altéré par un acte de sa Volonté. En vérité, il est l’Omnipotent, le Tout-Puissant, le Très-Sage.

(1.71)
Ô peuple, ne vous disputez pas en ce qui concerne ma Cause, car vous ne saisirez jamais la sagesse multiple de votre Seigneur, pas plus que vous ne mesurerez jamais la connaissance de celui qui est le Très-Glorieux, l’universel Dominant. Quiconque affirme avoir connu son Essence figure sans aucun doute parmi le plus ignorant de tout le peuple. Chaque atome dans l’univers accuserait d’imposture un tel individu, et de ceci porte témoignage ma langue, laquelle ne dit que la vérité. Magnifiez ma cause et promulguez mes enseignements et mes commandements, car aucun autre parcours ne vous conviendra, et aucun autre sentier ne mènera jamais à lui. Puissiez-vous seulement suivre notre conseil !

(1.72)
Ô Temple vivant, nous avons fait de toi la source de chacun de nos titres excellents, l’aube de chacun de nos plus augustes attributs et la fontaine de chacune de nos multiples vertus pour les habitants de la terre et du ciel. Par la suite, nous t’avons élevé à notre propre image entre le ciel et la terre, et avons décrété que tu sois le signe de notre gloire pour tous ceux qui sont dans les royaumes de la révélation et de la création, afin que mes serviteurs puissent suivre tes traces et être de ceux qui sont bien guidés. Nous t’avons désigné pour être l’Arbre de grâce et de bonté pour les habitants à la fois des cieux et de la terre. Bonheur à ceux qui recherchent l’abri de ton ombre et qui s’approchent de ton Soi, le Protecteur omnipotent des mondes.

(1.73)
Dis : Nous avons fait de chacun de nos Noms une source qui fait jaillir et s’écouler les torrents de la sagesse et de la compréhension divines dans le jardin de notre Cause, des torrents que personne ne peut dénombrer, si ce n’est ton Seigneur, le Très Saint, l’Omnipotent, l’Omniscient, le Très Sage. Dis : Nous avons engendré toutes les Lettres à partir du Point et nous les avons fait retourner à lui. Nous l’avons de nouveau envoyé sous la forme d’un temple humain. Toute gloire soit à l’Auteur de cet ouvrage incomparable et merveilleux ! Sous peu, nous le dévoilerons et l’expliquerons encore, en notre nom, le Très-Glorieux. C’est en effet un gage de notre grâce, et je suis, en vérité, le Très Généreux, l’Ancien des Jours.

(1.74)
Nous avons engendré toutes les Lumières à partir de l’Orbe de notre nom, le Véritable, nous les avons fait y retourner et nous les rendrons de nouveau manifestes sous la forme d’un temple humain. Toute gloire soit au Seigneur de force, de puissance et de pouvoir ! Personne ne peut s’opposer à l’opération de ma volonté ni à l’exercice de ma puissance. Je suis celui qui a créé toutes les créatures par une parole sortie de ma bouche et mon pouvoir est, en vérité, égal à mon dessein.

(1.75)
Dis : Il est en notre pouvoir, si nous le souhaitons, de faire expirer en un instant toutes les créatures et, l’instant d’après, de leur redonner vie. La connaissance en reste, cependant, avec Dieu seul, l’Omniscient, le Très-Informé. Il est en notre pouvoir, si nous le souhaitons, de permettre à un grain de poussière en suspension dans l’air, d’engendrer, plus rapidement qu’un clin d’oeil, des soleils d’une splendeur infinie, inimaginable, de faire d’une goutte de rosée, des océans vastes et innombrables, d’infuser en chaque lettre une force telle qu’elle pourrait dévoiler toute la connaissance des âges passés et futurs. C’est, en vérité, une simple question d’exécution. Telles sont les preuves de mon pouvoir, du commencement qui n’a pas de commencement jusqu’à la fin qui n’a pas de fin. Mes créatures, pourtant, se montrent négligentes envers mon pouvoir, elles répudient ma souveraineté et rivalisent avec mon propre Moi, l’Omniscient, le Très-Sage.

(1.76)
Dis : Rien de ce qui réside entre le ciel et la terre ne peut bouger sauf par ma permission, et personne ne peut accéder à mon Royaume sauf sur mon ordre. Mes créatures, cependant, sont restées séparées par le voile de ma puissance et de ma souveraineté, et sont comptées parmi les insouciants. Dis : Rien n’est visible en ma révélation si ce n’est la révélation de Dieu, et en ma puissance, sa puissance, si vous pouviez le savoir. Dis : Mes créatures sont comme les feuilles d’un arbre. Elles proviennent de l’arbre et dépendent de lui pour leur subsistance, pourtant elles demeurent inconscientes de leur racine et de leur origine. Nous établissons ces comparaisons pour le bien de nos serviteurs perspicaces afin qu’ils puissent dépasser un simple niveau d’existence comme celui du végétal, et parvenir à la véritable maturité en cette Cause irrésistible et ferme. Dis : Mes créatures sont comme un poisson de l’océan. Sa vie dépend de l’eau et pourtant, il reste inconscient de ce qui, par la grâce d’un Seigneur omniscient et omnipotent, pourvoit à son existence. Son inconscience est telle, que si on lui posait des questions concernant l’eau et ses propriétés, il s’avèrerait complètement ignorant. Ainsi, établissons-nous des comparaisons et des similitudes, afin que le peuple se tourne vers celui qui est l’objet de l’adoration de l’ensemble de la création.

(1.77)
Ô peuple, craignez Dieu et croyez en celui dont la grâce a enveloppé toutes choses, dont la miséricorde a pénétré le monde contingent et dont la Cause souveraine et puissante embrasse votre être à la fois intérieur et extérieur, votre commencement et votre fin. Demeurez dans la crainte du Seigneur, et soyez de ceux qui agissent avec rectitude. Prenez garde d’être au nombre de ceux qui permettent aux versets de leur Seigneur de passer près d’eux sans être entendus ni reconnus ; ceux-là, en vérité, figurent parmi les entêtés.

(1.78)
Dis : Vénéreriez-vous celui qui n’entend ni ne voit, et qui est véritablement le plus abject, le plus rebelle des serviteurs de Dieu ? Pour quelle raison avez-vous refusé de suivre celui qui est venu vers vous de la Source de Commandement divin, apportant les bonnes nouvelles de Dieu, le Plus Exalté, le Plus Grand ? Ô peuple, ne soyez pas comme ceux qui se sont présentés devant notre trône, et qui pourtant n’ont su ni percevoir ni comprendre. Ceux-là sont en effet un peuple méprisable. Nous leur avons récité des versets qui captiveraient les habitants de l’Empyrée céleste et ceux du Royaume d’en haut, et pourtant, ils s’en sont éloignés en se voilant la face et ont préféré écouter la voix de celui qui n’est qu’un serviteur de Dieu et une simple création de sa Volonté. Ainsi vous transmettons-nous ce qui vous guidera vers le sentier des favoris de Dieu.

(1.79)
Nombreux sont ceux qui entrèrent dans la demeure paradisiaque, le Siège où est établi le trône de Dieu, se tinrent devant leur Seigneur, le Plus Exalté, le Plus Grand, uniquement dans le but de s’enquérir des quatre Portes ou de quelque Imam de la foi de l’Islam ! [nota : ce sont des exemples du type de questions posées au Báb. D’après les enseignements de l’Islam chi’ite, la direction de la communauté musulmane appartenait de droit, après le décès du Prophète Muhammad, à une lignée de douze successeurs, descendants de sa fille Fatimih, connu sous le nom de « Imáms ». Cette lignée fut, en fait, interrompue par « l’occultation » du douzième Imám. La communication avec celui-ci fut maintenue pendant un certain temps par une succession de quatre intermédiaires connus sous le nom de « Portes »] Tel était l’état de ces âmes, si vous êtes de ceux qui comprennent. C’est exactement ce dont vous êtes aujourd’hui témoins : Ceux qui n’ont pas cru en Dieu et lui ont donné des associés, s’accrochent à un seul de nos Noms, et sont exclus de la reconnaissance de celui qui est le Créateur de tous les Noms. Nous attestons que ces hommes appartiennent véritablement au peuple du Feu. Ils demandent au soleil d’expliquer les paroles de l’ombre, et au seul Véritable d’expliquer les paroles de ses créatures, si vous pouviez le percevoir ! Dis : Ô peuple, le soleil offre le rayonnement de sa propre lumière et de ce qui en apparaît, tandis que tout le reste recherche l’éclairage de ses rayons. Craignez Dieu, et ne soyez pas du nombre des ignorants ! Parmi eux figurent ceux qui interrogèrent l’obscurité au sujet de la lumière. Dis : Ouvre les yeux, afin de pouvoir regarder l’éclat qui a visiblement enveloppé la terre. C’est, en vérité, une lumière qui s’est levée et resplendit d’un rayonnement évident au-dessus de l’horizon de l’Aube de la connaissance divine. Demanderiez-vous aux Juifs si Jésus était le seul Vrai envoyé de Dieu, ou aux idoles si Muhammad était un Apôtre de son Seigneur ? Interrogeriez-vous le peuple du Coran au sujet de celui qui était le Souvenir de Dieu, le Plus Exalté, le Plus Grand ?

(1.80)
Dis : Ô peuple, devant les splendeurs de cette Révélation, détachez-vous de ce que vous possédez, et adhérez à ce que Dieu vous a prescrit d’observer. Tel est son commandement envers vous, et il est, en vérité, le mieux à même de commander. Par ma Beauté ! dans ces paroles ce n’est pas de moi qu’il s’agit, mais de celui qui viendra après moi. En témoigne Dieu, l’Omniscient. N’agissez pas avec lui comme vous avez agi avec moi. N’ergotez pas, lorsque les versets de Dieu vous sont envoyés de la cour de ma générosité, en disant : « ils ne proviennent pas d’une nature innée et spontanée », car cette nature même est créée par ma parole et gravite autour de moi, si vous êtes de ceux qui saisissent cette vérité. Inhalez l’arôme des paroles de votre Seigneur, le Très-Miséricordieux et la douce odeur du vêtement des significations intérieures, qui se diffuse dans toute la création et répand ses parfums sur toutes les choses créées. Heureux sont ceux qui le perçoivent et se hâtent vers Dieu d’un coeur radieux.

(1.81)
Ô Temple vivant, en vérité, nous avons fait de toi un miroir pour le royaume des noms, afin que tu sois, parmi les hommes, un signe de ma souveraineté, un héraut de ma présence, un rassembleur devant ma beauté et un guide en mon droit et clair sentier. Nous avons exalté ton Nom parmi nos serviteurs, par bonté de notre présence. Je suis, en vérité, le Très-Généreux, l’Ancien des jours. Nous t’avons, de plus, paré du vêtement de notre propre Moi, et t’avons transmis notre Parole, afin que tu ordonnes dans ce monde contingent ce que tu veux et accomplisses ce qu’il te plaît. Nous t’avons destiné tout le bien des cieux et de la terre, et décrété que personne ne pourra y prendre part, à moins d’entrer sous ton ombre, ainsi que l’a voulu ton Seigneur, l’Omniscient, le Très-Informé. Nous t’avons octroyé le bâton de l’autorité et le pouvoir d’assigner en jugement, afin que tu puisses mettre à l’épreuve la sagesse de chaque commandement. Nous avons fait jaillir de ton coeur les océans de l’explication et du sens intérieurs, en souvenir de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, afin que tu lui rendes grâce et le loues, et que tu sois de ceux qui sont véritablement reconnaissants. Nous t’avons distingué parmi toutes nos créatures, et t’avons désigné comme la Manifestation de notre propre Moi pour tous ceux qui sont sur la terre et dans le ciel.

(1.82)
Avec notre permission, amène à l’existence des miroirs éclatants et des lettres exaltées qui attesteront de ta souveraineté et de ton empire, témoigneront de ta puissance et de ta gloire, et seront les manifestations de tes Noms parmi l’humanité. Nous avons fait encore en sorte que tu sois l’origine et le créateur de tous les miroirs, de même que, de toi, nous les avons engendrés auparavant. Et nous te ferons revenir à notre propre Moi, comme nous t’avons rappelé au commencement. Ton Seigneur, en vérité, est l’Indépendant, le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Avertis ces miroirs, dès qu’ils sont désignés, de peur qu’ils ne s’enflent d’orgueil devant leur Créateur, leur Façonneur lorsqu’il apparaît au milieu d’eux, ou qu’ils ne laissent les pièges du pouvoir les empêcher de se courber devant Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Généreux.

(1.83)
Dis : Ô assemblée de miroirs, vous n’êtes qu’une création de ma volonté et vous êtes venus à l’existence par vertu de mon commandement. Prenez garde de renier les versets de mon Seigneur, de faire partie des artisans d’iniquité et d’être comptés au nombre des égarés. Prenez garde de vous accrocher à ce que vous possédez, ou de vous enorgueillir de votre renommée et de votre prestige. Ce qui vous est nécessaire, c’est de vous détacher entièrement de tout ce qui est au ciel et sur terre. Ainsi en a-t-il été décrété par celui qui est le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(1.84)
Ô Temple de ma cause ! Dis : Si je souhaitais transformer, en un seul instant, toutes choses en miroirs de mes Noms, ce serait sans le moindre doute en mon pouvoir, et combien plus en celui de mon Seigneur, celui qui m’a appelé à l’existence par son commandement absolu et inscrutable. Et si je choisissais de révolutionner en un clin d’oeil la création entière cela me serait assurément possible, et combien le serait-il plus pour ce souverain Dessein enchâssé dans la volonté de Dieu, mon Seigneur et le Seigneur de tous les mondes.

(1.85)
Dis : Ô vous les manifestations de mes Noms, si vous offriez tout ce que vous possédez, vos vies mêmes, dans le sentier de Dieu, et l’invoquiez aussi souvent qu’il y a de grains de sable, de gouttes de pluie et de vagues de la mer, et vous opposiez cependant à la Manifestation de sa cause au moment de son apparition, vos oeuvres ne seraient en aucune façon mentionnées devant Dieu. Si vous négligiez toutes les oeuvres justes et choisissiez cependant de croire en lui en ces jours, Dieu peut-être remettra vos péchés. Il est, en vérité, le Très-Glorieux, le Très-Généreux. Ainsi le Seigneur vous informe de son dessein, afin que vous ne vous enorgueillissiez pas devant celui par qui est confirmé tout ce qui a été révélé de toute éternité. Heureux celui qui s’approche de cette très sublime Vision et malheur à ceux qui s’en détournent !

(1.86)
Combien nombreux sont ceux qui dépensent toute leur richesse dans le sentier de Dieu, et que nous trouvons, à l’heure de sa révélation parmi les rebelles et les impudents ! Combien sont ceux qui jeûnent le jour, uniquement pour protester contre celui par ordre de qui a d’abord été établie l’ordonnance du jeûne ! Ces hommes sont, en vérité, au nombre des ignorants. Et combien sont ceux qui mangent du pain le plus grossier, n’ont pour siège que l’herbe des champs et endurent toutes sortes de difficultés, simplement pour entretenir leur supériorité aux yeux des hommes ! Ainsi révélons-nous leurs actes, afin que cela serve d’avertissement aux autres. Ceux-là se soumettent à toutes sortes de privations sous le regard des autres, dans l’espoir de perpétuer leurs noms, tandis qu’en réalité, il ne restera aucun souvenir d’eux, sauf dans les anathèmes et les imprécations des habitants de la terre et du ciel.

(1.87)
Dis : Cela vous serait-il le moins du monde profitable si, comme vous vous plaisez à l’imaginer, vos noms devaient perdurer ? Non, par le Seigneur de tous les mondes ! Est-ce que l’idole ‘Uzza [nota : « ‘Uzza » est l’une des trois divinités de l’Arabie, dont le culte fut aboli par le Prophète Muhammad] en a été rendue plus grande, parce que son nom a vécu parmi les adorateurs des noms ? Non, par celui qui est le Soi de Dieu, le Très-Glorieux, l’Irrésistible ! Si vos noms devaient s’effacer de tout esprit mortel, mais que Dieu soit satisfait de vous, vous seriez comptés au nombre des trésors de son nom, le plus Caché. Ainsi avons-nous envoyé nos versets afin qu’ils vous attirent vers la Source de toutes lumières, et vous familiarise avec le dessein de votre Seigneur, l’Omniscient, le Très-Sage. Abstenez-vous donc de tout ce qui est interdit dans le Livre, et mangez des choses licites que Dieu a données pour votre subsistance. Ne vous privez pas de ses dons appréciables, car il est, en vérité, le Très-Généreux, le Seigneur de grâce abondante. Ne vous soumettez pas à des épreuves excessives, mais suivez le chemin évident que nous avons tracé pour vous grâce à nos versets lumineux et nos preuves explicites, et ne soyez pas au nombre des négligents.

(1.88)
Ô assemblée de théologiens, il ne vous sied pas de vous vanter de vous abstenir de boire du vin, et de vous interdire d’autres transgressions similaires, qui vous sont prohibées dans le Livre, car si vous commettiez de tels actes, la dignité de votre rang serait entachée aux yeux du peuple, vos affaires connaîtraient des difficultés et votre nom serait disgracié et déshonoré. Non, votre gloire véritable et pérenne réside en la soumission à la Parole de celui qui est la Vérité éternelle et en votre détachement à la fois intérieur et extérieur de tout autre chose que Dieu, l’Absolu, le Tout-Puissant. Grande est la béatitude de ce théologien qui n’a pas permis au savoir de tirer un voile entre lui et celui qui est l’objet de toute connaissance, et qui, lorsque l’Absolu est apparu, s’est tourné vers lui avec un visage rayonnant. Il est, en vérité, au nombre des érudits. Les habitants du paradis recherchent la bénédiction de son souffle, et sa lampe illumine tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Il est, en vérité, compté parmi les héritiers des Prophètes. Celui qui pose son regard sur lui a, en vérité, contemplé le Véritable, et celui qui s’est tourné vers lui, en vérité, s’est tourné vers Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage.

(1.89)
Ô vous qui êtes les aurores de la connaissance, prenez garde de ne pas tolérer qu’on vous change, car si vous changez, la plupart des hommes changeront de même. Ce serait, en vérité, une injustice envers vous-mêmes et les autres. De ceci atteste tout homme de discernement et d’intuition. Vous êtes semblables à une source. Si elle est changée, les ruisseaux qui en découlent le seront aussi. Craignez Dieu, et soyez du nombre des pieux. De la même façon, si le coeur de l’homme est corrompu, ses membres le seront aussi. Et si les racines d’un arbre sont corrompues, ses branches et ses boutures, ses feuilles et ses fruits le seront également. Ainsi avons-nous établi des similitudes pour votre instruction, afin que vos possessions ne vous empêchent d’atteindre ce qui vous est destiné par celui qui est le Très-Glorieux, le Très Généreux.

(1.90)
Il est, en effet, en notre pouvoir de prendre une poignée de poussière et de la parer du vêtement de nos Noms. Ce ne serait, cependant, qu’un signe de notre faveur et non une indication d’un quelconque mérite qu’elle aurait possédé de manière inhérente. Ainsi que le révèle celui qui est le souverain Révélateur, l’Omniscient. Considère la Pierre noire [nota : un petit rocher situé en bas de l’angle Est de la Kaaba] dont Dieu a fait un point autour duquel tous les hommes gravitent en adoration. Cette bonté lui a-t-elle été conférée en vertu de son excellence naturelle ? Non, par mon propre Moi ! Ou bien cette distinction trouve-t-elle son origine dans sa valeur intrinsèque ? Non, par ma propre existence, dont l’essence a échappé à toute la création !

(1.91)
Encore une fois, regarde la Mosquée d’Aqsá et les autres lieux dont nous avons fait, dans chaque pays et chaque région, des sanctuaires. L’honneur et la distinction dont ils jouissent ne sont dus, en aucune manière, à leur propre mérite, mais trouvent leur origine dans leur relation avec nos Manifestations, que nous avons choisies pour être les sources de notre Révélation parmi l’humanité, si vous êtes de ceux qui comprennent. En ceci réside une sagesse inscrutable pour tous sauf Dieu. Demandez, afin qu’il puisse gracieusement vous expliquer son dessein. Son savoir, en vérité, embrasse toutes choses. Ô peuple, détachez-vous du monde et de ses vanités, et ne prêtez pas attention à l’appel de ceux qui n’ont pas cru en Dieu et lui ont donné des associés. Levez-vous au-dessus de l’horizon de la parole pour chanter et louer votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Voici ce que Dieu vous a destiné. Bonheur à ceux qui le perçoivent.

(1.92)
Dis : ô peuple, nous vous avons ordonné dans nos Tablettes de vous efforcer, au moment de la révélation promise, de sanctifier votre âme de tous noms, et de la purifier de tout ce qui a été créé dans le ciel ou sur la terre, afin qu’y apparaissent les splendeurs du Soleil de vérité resplendissant au-dessus de l’horizon de la volonté de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Grand. Nous vous avons, de plus, ordonné d’épurer votre coeur de toute trace de l’amour ou de la haine des peuples du monde, de peur qu’ils ne vous détournent d’une direction ou vous dirige vers une autre. C’est en vérité, l’un des conseils des plus importants que je vous donne dans le Livre explicite, car quiconque s’attache à l’un ou à l’autre, ne pourra parvenir à une compréhension correcte de notre Cause. De ceci atteste chaque âme juste et clairvoyante.

(1.93)
Cependant, vous avez rompu l’Alliance de Dieu, oublié son Pacte, et enfin, vous vous êtes détournés de celui dont la venue a consolé les yeux de chaque véritable croyant en l’Unité divine. Levez les voiles et les coiffes qui obscurcissent votre vision, et considérez les témoignages des Prophètes et des Messagers, afin de pouvoir reconnaître la cause de Dieu en ces jours où le Promis est venu, investi d’une souveraineté puissante. Craignez Dieu, et ne vous privez pas de celui qui est la source de ses signes. Cela, en vérité, ne profitera qu’à vous-mêmes. Car votre Seigneur, en vérité, peut se permettre de se passer de toutes les créatures. Depuis toujours, il était seul ; il n’y avait personne d’autre que lui. C’est en son nom que l’étendard de l’Unité divine a été hissé sur le Sinaï des mondes visibles et invisibles, proclamant qu’il n’est pas d’autre Dieu que moi, l’Inégalable, le Glorieux, l’Incomparable.

(1.94)
Regarde, cependant, comment ceux qui ne sont qu’une création de sa volonté et de son commandement, se détournent de lui et se donnent un seigneur et un autre maître que Dieu. En vérité ils sont au nombre des entêtés. La mention du Très-Miséricordieux a de tout temps été sur leurs lèvres et pourtant, lorsque celui-ci leur fut manifesté par le pouvoir de la vérité, ils se sont dressés contre lui. Vile, en effet, sera la condition de ceux qui ont brisé l’Alliance de leur Seigneur lorsque le Luminaire du monde resplendit au-dessus de l’horizon de la volonté de Dieu, le Très Saint, l’Omniscient, le Très-Sage. Contre Dieu, ils dégainèrent les épées de l’inimitié et de la haine, et pourtant, ils ne le perçoivent pas. Ils demeurent morts et enterrés dans la tombe de leurs désirs égoïstes, bien que les brises de Dieu aient soufflé sur toutes les régions. Ils sont, en vérité, enveloppés dans un voile épais et honteux. Et aussi souvent que les versets de Dieu leur sont répétés, ils persistent dans un dédain orgueilleux. C’est comme s’ils étaient dénués de toute compréhension, ou n’avaient jamais entendu la mélodie de Dieu, le Très Exalté, l’Omniscient.

(1.95)
Dis : Hélas pour vous ! Comment pouvez-vous vous affirmer croyants, quand vous reniez les versets de Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient ? Dis : ô peuple, tournez votre visage vers votre Seigneur, le Très-Miséricordieux. Craignez d’être voilé par ce qui fut, par ailleurs, révélé dans le Bayán. Celui-ci, en vérité, n’a été révélé que pour faire mention de moi, le Tout-Puissant, le Très Haut, et n’avait d’autre objet que ma Beauté. Le monde entier est rempli de mon témoignage, si vous êtes de ceux qui jugent avec équité.

(1.96)
Si le Point Premier avait été quelqu’un d’autre que moi, comme vous le proclamez, et s’il était parvenu en ma présence, jamais il ne se serait permis d’être séparé de moi ; nous aurions plutôt éprouvé ensemble un plaisir mutuel en mes Jours. En vérité, il a pleuré avec douleur dans son éloignement de moi. Il m’a précédé afin de pouvoir appeler le peuple à mon Royaume, comme établi dans les Tablettes, si vous pouviez le percevoir ! Oh, si l’on pouvait trouver des hommes capables d’entendre la voix de ses lamentations s’apitoyer dans le Bayán sur ce qui m’est advenu aux mains de ces âmes inconscientes, gémir sur sa séparation d’avec moi et dire son désir d’être uni avec moi, le Puissant, l’Incomparable. En vérité, il regarde en ce moment son Bien-Aimé parmi ceux qui furent créés pour arriver à son Jour et pour se prosterner devant lui, et qui pourtant, dans leur tyrannie lui infligèrent une humiliation telle, que la plume confesse son incapacité à la décrire.

(1.97)
Dis : Ô peuple, en vérité, nous vous avons appelés, dans notre précédente Révélation, à cette Scène de gloire transcendante, ce Siège de sainteté immaculée, et nous vous avons annoncé l’avènement des Jours de Dieu. Pourtant, lorsque ce très grand voile s’est déchiré, et que la Beauté ancienne vint à vous dans les nuées du décret de Dieu, vous avez renié celui en qui vous aviez cru auparavant. Le malheur soit sur vous, ô compagnie d’infidèles ! Craignez Dieu, et n’invalidez pas la vérité à cause de ce que vous possédez. Lorsque le luminaire des divins versets se lève sur vous à l’horizon de la plume du Roi de tous les noms et attributs, prosternez-vous devant Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Car s’incliner en adoration au seuil de sa porte est meilleur pour vous que le culte de deux mondes, et vous soumettre à sa révélation vous est plus profitable que tout ce qui a été créé dans les cieux et sur la terre.

(1.98)
Dis : Ô peuple, je ne vous exhorte que pour l’amour de Dieu, et n’attends de vous aucune récompense. Car la compagnie de Dieu sera ma récompense, lui qui m’a amené à l’existence, m’a élevé par le pouvoir de la vérité et a fait de moi la Source de son souvenir parmi ses créatures. Hâtez-vous de contempler cette Image divine et glorieuse, le lieu où Dieu a établi son siège. Ne suivez pas ce que le Malin vous murmure dans le coeur, car en vérité, il vous incite à courir après vos appétits et vos désirs avides, et il vous empêche d’emprunter le Sentier droit qu’a ouvert cette Cause universelle irrésistible.

(1.99)
Dis : Le Malin est apparu d’une manière que l’oeil de la création n’a jamais vue. Celui qui est la Beauté du Très-Miséricordieux a de même été manifesté, paré d’une façon jamais attestée par le passé. L’appel du Très-Miséricordieux a été lancé et ensuite l’appel de Satan. Bonheur à ceux qui écoutent la Voix de Dieu, et tournent leur visage vers son trône pour contempler une image éminemment sainte et bénie. Car quiconque chérit en son coeur l’amour de tout autre que moi, ne serait-ce que dans la mesure d’un grain de moutarde, sera incapable d’entrer dans mon Royaume. De ceci porte témoignage ce qui orne le préambule du Livre de l’existence, si vous pouviez le percevoir. Dis : Voici le Jour où la très grande faveur de Dieu a été rendue manifeste. La voix de tous au plus haut des cieux et ici-bas sur la terre proclame mon Nom et chante mes louanges, si vous pouviez les entendre !

(1.100)
Ô Temple de la révélation divine, sonne la trompette en mon Nom ! Ô Temple des divins mystères, lance le clair appel de ton Seigneur, l’Inconditionné, l’Indépendant ! Ô Vierge du Paradis, avance d’un pas hors des chambres du paradis et annonce au peuple du monde : Par la rectitude de Dieu, il est désormais venu celui qui est le Bien-Aimé des mondes, lui qui a toujours été le Désir de chaque coeur perspicace, l’Objet de l’adoration de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre et le Phare des générations anciennes et des nouvelles

(1.101)
Prenez garde, de peur d’hésiter à reconnaître cette resplendissante Beauté une fois qu’elle est apparue dans la plénitude de sa puissance et majesté souveraines. En vérité, il est le Véritable ; tout autre que lui n’est rien même face à l’un de ses serviteurs et semble dérisoire face à la révélation de ses splendeurs. Hâtez-vous, alors, de parvenir aux eaux vivifiantes de sa grâce, et ne soyez pas au nombre des négligents. Quant à celui qui hésite, même pour moins qu’un instant, Dieu, en vérité, réduira ses oeuvres à néant et le renverra vers le siège de colère. Misérable est, en effet, le séjour de ceux qui s’attardent !


B) Tablette au pape Pie IX

(1.102)
Ô Pape, déchire les voiles : le Seigneur des Seigneurs est venu à l’ombre des nuées, et Dieu, le Tout-Puissant, l’Indépendant, a tenu sa promesse. Disperse les brumes par le pouvoir de ton Seigneur et élève-toi jusqu’au royaume de ses noms et de ses attributs. Ainsi te commande la Plume du Très-Haut sur l’ordre de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Oui, il est venu du ciel comme il en vint la première fois. Garde-toi d’argumenter avec lui comme le firent les pharisiens, sans aucun signe ni preuve évidente. À sa droite coulent les eaux vives de sa grâce, et à sa gauche le vin choisi de la justice, tandis que devant lui, porteurs des bannières de ses signes, marchent les anges du Paradis. Prends garde qu’un nom ne te cache Dieu, le créateur de la terre et du ciel. Oublie le monde pour te tourner vers ton Seigneur, par qui la terre tout entière fut illuminée.

(1.103)
De notre nom, le Très-Glorieux, nous avons décoré le Royaume. Ainsi en a décrété Dieu, qui façonne tout. Prends garde que tes vaines imaginations ne te retiennent, maintenant que le Soleil de certitude s’est levé à l’horizon de la parole de ton Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Peux-tu vivre dans des palais, alors que celui qui est le Roi de la révélation habite la plus délabrée des demeures? Laisse ces imaginations à ceux qui les désirent, et avec joie et ravissement, tourne ton visage vers le Royaume.

(1.104)
Dis : Ô peuples de la terre, détruisez les demeures de négligence par les mains du pouvoir et de l’assurance puis, au creux de votre coeur, construisez les palais du vrai savoir afin que le Très-Miséricordieux les inonde de la radiance de sa lumière. Cela vaut mieux pour vous que tout ce qui est sous le soleil comme en témoigne celui qui tient en sa main l’ultime décret. Lors de l’avènement du Désiré dans toute sa gloire, la brise de Dieu a soufflé sur le monde et chaque pierre, chaque motte de terre s’est exclamée : «Voici le Promis ! le royaume est à Dieu, le Puissant, le Généreux, l’Indulgent.»

(1.105)
Prends soin que la sagesse humaine ne t’éloigne de celui qui est l’objet suprême de toute connaissance ou que le monde ne te détourne de celui qui l’a créé et l’a mis en mouvement. Lève-toi au milieu des peuples du monde, au nom de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, et prends avec confiance la coupe de vie. Bois-en d’abord puis offres-en à ceux qui, parmi toutes les croyances, se tournent vers elle. Ainsi la lune de la parole se lève à l’horizon de la sagesse et de la compréhension.

(1.106)
Déchire le voile de la connaissance humaine de crainte qu’il ne te retienne loin de celui qui est mon nom, l’Absolu. Souviens-toi de celui qui était l’Esprit. Lorsqu’il vint, les plus érudits le condamnèrent en son propre pays alors qu’un simple pêcheur crut en lui. Prenez exemple, hommes au coeur éclairé. Tu es, en vérité, un des soleils du firmament de ses noms. Redoute que le voile des ténèbres ne s’étende sur toi et ne te prive de sa lumière. Médite sur ce qui fut révélé dans le Livre par ton Seigneur, le Puissant, le Très-Généreux.

(1.107)
Dis : immobilisez vos plumes, ô assemblée de prêtres, car voici que le crissement de la Plume de gloire s’élève entre le ciel et la terre. Rejetez tout ce que vous possédez et saisissez fermement ce que nous vous avons révélé avec puissance et autorité. L’Heure occultée dans la connaissance de Dieu a sonné et tous les atomes de la terre proclament : « L’Ancien des jours est venu dans sa grande gloire ! D’un coeur humble et contrit, hâtez-vous vers lui, ô peuples de la terre.» Dis : En vérité, nous nous sommes offerts en rançon pour vos vies. Hélas, lorsque nous revînmes, nous vous vîmes fuyant loin de nous et les yeux de ma tendre générosité pleurèrent amèrement sur mon peuple. Craignez Dieu, ô vous qui savez voir.

(1.108)
Considère ceux qui s’opposèrent au Fils quand il vint vers eux avec son souverain pouvoir. Combien de pharisiens attendaient sa venue et se lamentaient d’être séparés de lui ! Et pourtant lorsque leur parvint le parfum de sa présence et que sa beauté se dévoila, ils se détournèrent et entrèrent en contestation avec lui. Ainsi te rappelons-nous ce qui est écrit dans les Livres et les Écritures. Personne ne se tourna vers lui, sauf quelques-uns, dénués de tout pouvoir. Et cependant, aujourd’hui, tout homme doté de puissance et d’autorité s’enorgueillit de son Nom ! De même, considère combien sont nombreux aujourd’hui ces moines qui se cloîtrent dans leurs églises en se revendiquant de mon Nom ; ils ne nous reconnurent pas lorsqu’arriva le temps prévu pour dévoiler notre beauté alors qu’ils nous invoquaient soir et matin. Nous les voyons accrochés à mon Nom mais se détournant de moi. Quelle chose vraiment étrange !

(1.109)
Dis : Ne laissez pas vos dévotions vous retenir loin de celui qui est l’objet de toute dévotion, ni votre adoration vous éloigner de celui qui est l’objet de toute adoration. Lacérez les voiles de vos folles imaginations ! Voici votre Seigneur, le Puissant, l’Omniscient, qui vient revivifier le monde et unir tous ceux qui vivent sur terre. Tournez-vous vers la source de la révélation, ô peuple, et ne tardez pas, fut-ce d’un battement de paupière. Lisez-vous l’Évangile tout en refusant de reconnaître de Seigneur très glorieux ? Ceci ne vous convient pas, ô assemblée d’érudits !

(1.110)
Dis : Si vous reniez cette révélation, sur quelle preuve croyez-vous en Dieu ? Produisez-la. Ainsi l’appel pressant de votre Seigneur est révélé par la Plume du Très-Haut, sur l’ordre de ton Seigneur, le Très-Glorieux, dans cette épître à l’horizon de laquelle brille la splendeur de sa lumière. Nombreux sont nos serviteurs dont les actes, voiles entre eux et leur être propre, les ont retenus loin de Dieu, celui qui fait souffler les vents.

(1.111)
Ô assemblée de moines ! la création embaume la fragrance du Très-Miséricordieux. Béni celui qui oublie ses désirs et se cramponne à cet avis. Il est de ceux qui atteignent la présence de Dieu en ce jour où les habitants de la terre sont traumatisés et où tous sont désespérés à l’exception de ceux que Dieu protège, lui qui fait ployer le cou des hommes.

(1.112)
Alors qu’aux mains des êtres de négation, le manteau de Dieu est taché du sang de la haine, vous ornez vos corps ! Sortez de vos habitations et appelez le peuple à pénétrer dans le Royaume de Dieu, le Seigneur du jour du jugement. La parole cachée par le Fils est rendue manifeste. Elle est révélée en ce jour sous la forme du temple humain. Béni soit le Seigneur qui est le Père ! Il vient vers les nations dans sa grande majesté. Tournez-vous vers lui, ô assemblée de justes !

(1.113)
Ô disciples de toutes les religions ! nous vous voyons errer, perdus dans la solitude de l’erreur. Vous êtes les poissons de cet océan ; pourquoi vous éloigner de ce qui vous fait vivre ? Voyez : il s’enfle devant vous. Depuis toutes les collines, hâtez-vous vers lui. Voici le jour où le Rocher crie, s’exclame et célèbre la louange de son Seigneur, le Très-Haut, le Possesseur de toutes choses ; il dit : « Voyez ! le Père est venu et ce qui vous fut promis dans le royaume est accompli ! » Cette parole, préservée derrière le voile de grandeur, répand, avec évidence, sa lumière à l’horizon de la volonté divine, lorsque la Promesse s’accomplit.

(1.114)
Mon corps supporte l’emprisonnement afin que vos âmes soient libérées de leurs chaînes et nous consentons à être abaissés afin que vous soyez exaltés. Écoutez le Seigneur de gloire et de puissance plutôt que n’importe quel oppresseur impie. Mon corps désire ardemment la croix et ma tête espère le coup de lance dans le sentier du Très-Miséricordieux, pour que le monde soit purifié de ses transgressions. Ainsi le soleil de l’autorité divine brille à l’horizon de la révélation de celui qui est le possesseur de tous les noms et attributs.

(1.115)
Le peuple du Coran s’est rebellé contre nous et nous inflige de tels tourments que l’Esprit saint se lamente, que l’orage tonne et que les nuages pleurent sur nous. L’un de ces impies s’imagine que les calamités peuvent détourner Bahá d’accomplir le dessein de Dieu, le Créateur de tout. Dis : Par celui qui fait pleuvoir la pluie, rien, absolument rien, ne peut l’empêcher de se souvenir de son Seigneur.

(1.116)
Par la droiture de Dieu ! qu’ils le jettent dans une fournaise allumée sur la terre et sa tête émergera au coeur de l’océan pour proclamer : « Il est le Seigneur de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre ! » Qu’ils le précipitent au fond d’un puits ténébreux et ils le trouveront siégeant sur les plus hauts sommets, proclamant d’une voix forte à toute l’humanité : « Voici le Désir du monde, venu dans sa majesté, sa souveraineté et son empire transcendant ! » Qu’ils l’enterrent au tréfonds de la terre et son Esprit, s’élevant au sommet du ciel, lancera cet appel : « Voyez la venue de la Gloire. Contemplez le Royaume de Dieu, le Très-Saint, le Très-Puissant ! » Et qu’ils répandent son sang, chaque goutte s’époumonera en invoquant Dieu en ce Nom par lequel les fragrances de son vêtement se diffusent dans toutes les directions.

(1.117)
Menacé par l’épée de nos ennemis, nous appelons néanmoins toute l’humanité à Dieu, qui créa la terre et le ciel ; l’aide que nous lui offrons ne peut être perturbée ni par les armées de la tyrannie ni par le pouvoir des iniques. Dis : Ô peuples de la terre, détruisez les idoles de vos vaines imaginations au nom de votre Seigneur, le Très-Glorieux, l’Omniscient, et tournez-vous vers lui, en ce jour que Dieu a fait le Roi des jours.

(1.118)
Ô souverain Pontife ! tends l’oreille vers ce que te conseille celui qui ranime les os tombés en poussière, par la voix de celui qui est son plus grand Nom. Vends les somptueux vêtements que tu possèdes et dépenses-en le prix dans le chemin de Dieu, celui qui assure le retour des jours et des nuits. Abandonne ton royaume aux rois et, détaché du monde, le visage fixé sur le Royaume, sors de ta demeure pour chanter entre le ciel et la terre les louanges de ton Seigneur. Ainsi te l’ordonne, de la part de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l’Omniscient, celui qui est le possesseur des Noms. Exhorte les rois en ces termes : « Conduisez-vous de manière équitable avec les hommes. Veillez à ne pas transgresser les limites fixées dans le Livre ». Voilà ce qui te convient. Garde-toi de t’approprier les choses de ce monde et ses richesses. Laisse-les à ceux qui les désirent et attache-toi à ce que te prescrit celui qui est le Seigneur de la création. Quelqu’un t’offrirait-il tous les trésors de la terre, refuse d’y jeter même un simple coup d’oeil. Agis comme ton Seigneur a agi. Ainsi la langue de Révélation te transmet-elle les paroles dont Dieu fait l’ornement du Livre de la création

(1.119)
Regarde une perle dont la nature est de briller. Un voile de soie suffit à cacher son lustre et sa beauté. De même, la distinction de l’homme réside en l’excellence de sa conduite, dans l’acquisition de ce qui convient à son état et non dans la poursuite de jeux enfantins. Sache que l’ornement qui te convient est l’amour de Dieu et le détachement de tout sauf de lui, et non le luxe que tu possèdes. Abandonne celui-ci à ceux qui le recherchent et tourne-toi vers Dieu, qui fait couler les fleuves.

(1.120)
Tout ce qui est sorti de la bouche du Fils fut révélé en paraboles, alors que celui qui proclame en ce jour la Vérité ne s’en sert pas. Attention de ne pas t’accrocher à la corde des vaines imaginations et que cela t’écarte de ce qui est ordonné dans le Royaume de Dieu, le Puissant, le Bienfaisant. Si tu es grisé par le vin de mes versets, et décides de te présenter devant le trône de ton Seigneur, le créateur du ciel et de la terre, revêts-toi de mon amour, protège-toi avec mon souvenir et nourris-toi de la confiance en Dieu, qui dispense tout pouvoir.

(1.121)
Ô disciples du Fils ! nous vous avons de nouveau envoyé Jean qui, en vérité, a crié dans le désert du Bayán : Ô peuples du monde, lavez vos yeux ! Voici qu’arrive le jour où vous pourrez contempler le Promis et vous en approcher. Ô disciples de l’Évangile, préparez la voie ! Le jour de l’avènement du Seigneur glorieux est proche. Préparez-vous à entrer dans le royaume. Ainsi l’ordonne Dieu qui fait se lever l’aurore.

(1.122)
Tendez l’oreille aux roucoulements de la colombe d’Éternité perchée sur les branches de l’Arbre divin : « Ô disciples du Fils, nous vous avons envoyé Jean pour vous baptiser avec de l’eau afin que vos corps soient purifiés dans l’attente de l’apparition du Messie. Celui-ci, à son tour, vous purifia du feu de l’amour et de l’eau de l’esprit dans l’attente de ces jours prévus par le Très-Miséricordieux pour vous purifier avec l’eau de la vie, des mains de sa généreuse bonté. Voici l’Incomparable annoncé par Isaïe, le Consolateur que l’Esprit vous a promis. Ouvrez les yeux, ô assemblée d’évêques, afin de contempler votre Seigneur trônant sur le siège de puissance et de gloire.

(1.123)
Ô membres de toutes les religions, ne marchez pas dans les pas de ceux qui suivirent les pharisiens et s’écartèrent ainsi de l’Esprit. Ils se sont vraiment égarés dans l’erreur. La Beauté ancienne est venue dans son plus grand Nom et elle désire accueillir toute l’humanité dans son très saint Royaume. Les coeurs purs contemplent le Royaume de Dieu dévoilé devant sa Face. Hâtez-vous vers lui et ne suivez pas l’infidèle et l’impie. Si ton oeil s’y oppose, arrache-le [voir : Matthieu 5.29, Marc 9.47]. Ainsi l’a décrété la Plume de l’Ancien des jours sur l’ordre du Seigneur de toute la création. Certes, il est venu de nouveau pour vous sauver, ô peuples de la terre ! Allez-vous assassiner celui qui désire vous offrir la vie éternelle ? Craignez Dieu, ô vous qui comprenez !

(1.124)
Ô peuple, écoutez ce qui vous est révélé par votre Seigneur très glorieux et tournez vos visages vers Dieu, le Seigneur de ce monde et du monde à venir. Ainsi vous commande celui qui est l’Orient du soleil de l’inspiration divine selon l’ordre du Façonneur de toute l’humanité. Certes, nous vous avons créés pour la lumière et nous ne désirons pas vous abandonner au feu. Émergez de l’ombre, ô peuple, par la grâce de ce Soleil qui brille à l’horizon de la providence divine et tournez-vous vers lui, le coeur sanctifié, l’âme assurée, l’oeil attentif et la face éclairée. L’Ordonnateur suprême vous le conseille depuis le lieu de sa gloire transcendante, afin qu’ainsi vous soyez attirés vers le Royaume de ses noms.

(1.125)
Béni celui qui reste fidèle à l’Alliance de Dieu et malheur à celui qui la brise et qui ne croit pas en lui, le Détenteur des secrets. Dis : Voici le jour des bénédictions ! Empressez-vous afin que je fasse de vous des rois dans les royaumes de mon empire. Suivez-moi, et vous contemplerez ce qui vous fut promis ; je ferais de vous mes compagnons dans le domaine de ma majesté et les intimes de ma beauté au ciel de mon pouvoir, à jamais. Si vous vous rebellez contre moi, dans ma clémence, je le supporterai patiemment espérant que vous vous éveillerez et vous lèverez de la couche de la négligence. Ainsi ma miséricorde vous entoure-t-elle. Craignez Dieu et ne suivez pas ceux qui se sont détournés de sa Face alors qu’ils invoquent son nom jour et nuit.

(1.126)
Le jour de la moisson est certes venu et toutes choses sont séparées. Le Moissonneur a engrangé dans les greniers de la justice ce qu’il a choisi, et jeté au feu ce qui en est digne. Tel est, en ce jour promis, le décret de votre Seigneur, le Puissant, le Dieu d’amour. En vérité, Il ordonne ce qui lui plaît. Il n’est pas d’autre Dieu que lui, le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Le désir du divin moissonneur est d’engranger toute bonne chose pour Moi. Il n’a parlé que pour vous faire connaître ma Cause et vous guider vers le chemin de celui dont la mention orne tous les Livres sacrés.

(1.127)
Dis : Ô assemblée de chrétiens ! Nous nous sommes déjà révélés à vous en une occasion précédente et vous ne nous avez pas reconnu. Voici qu’une autre occasion vous est offerte. Voici le jour de Dieu ; tournez-vous vers lui. Il est descendu du ciel comme il le fit la première fois et il désire vous abriter à l’ombre de sa miséricorde. Il est, en vérité, l’Éminent, le Puissant, l’Aide suprême. Le Bien-Aimé n’aime pas vous voir consumés par le feu de vos désirs. Si un voile vous sépare de lui, ce n’est qu’en raison de votre égarement et de votre ignorance. Vous me mentionnez sans me connaître. Vous faites appel à moi, mais rejetez ma révélation bien que je sois venu vers vous dans ma gloire depuis le ciel de la préexistence. En mon Nom et par le pouvoir de ma souveraineté, déchirez les voiles pour découvrir un chemin vers votre Seigneur.

(1.128)
Depuis la tente de majesté et de grandeur, le roi de gloire proclame et dit : Ô peuple de l’Évangile, ceux qui n’étaient pas dans le royaume y sont maintenant entrés alors que nous vous voyons, en ce jour, vous attarder à la porte. Déchirez les voiles par le pouvoir de votre Seigneur le Puissant, le Très-Généreux et, en mon Nom, entrez dans mon Royaume. Ainsi vous le demande celui qui désire pour vous la vie éternelle. Il a en vérité pouvoir sur toutes choses. Bénis ceux qui ont reconnu la lumière et se hâtent vers elle. En vérité, ils résident dans le royaume et partagent la nourriture et la boisson des élus de Dieu.

(1.129)
Ô enfants du royaume, nous voyons que vous êtes dans l’ombre. Cela ne vous convient pas. Vos actes vous rendent-ils craintifs face à la Lumière ? Dirigez-vous vers lui. Les pas de votre Seigneur très glorieux ont béni les pays qu’ils ont foulés. Ainsi nous aplanissons pour vous le chemin de celui que l’Esprit a prophétisé. Je témoigne de lui comme il a témoigné de moi. Il a dit, en vérité : « Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Mais en ce jour nous disons : « Suivez-moi et je ferai de vous les vivificateurs de l’humanité ». Ainsi la Plume de la révélation a inscrit ce décret dans cette épître.

(1.130)
Ô Plume du Très-Haut, remue-toi en pensant à d’autres rois cités dans ce Livre lumineux et béni afin qu’ils se lèvent de la couche de négligence, écoutent les chants du Rossignol niché sur les branches de l’Arbre divin et se hâtent vers Dieu dans cette merveilleuse et sublime révélation.


C) Napoléon III

(1.131)
Ô roi de Paris [nota : il s’agit de la seconde épître adressée par Bahá’u’lláh à l’empereur des Français ; une première épître avait été révélée à Andrinople], dis aux prêtres de ne plus faire sonner les cloches. Par Dieu, le Vrai, celui qui est le plus grand Nom lance l’appel le plus puissant et les doigts de la volonté de ton Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime, le font résonner en son Nom au ciel d’immortalité. Ainsi, une fois encore descendent sur toi les versets puissants de ton Seigneur, afin que tu te lèves pour mentionner Dieu, le créateur de la terre et du ciel, en ces jours où gémissent tous les peuples de la terre, où sont ébranlées les colonnes des cités, et où la poussière de l’irréligion enveloppe tous les hommes sauf ceux qu’il a plu à Dieu, le Savant, le Sage, d’épargner. Dis : Celui qui est l’Inconditionné est venu, entouré de nuées de lumière, pour vivifier toutes choses créées par la brise de son Nom, le Très-Miséricordieux, pour unir le monde et pour rassembler tous les hommes autour de cette table descendue du ciel. Garde-toi de refuser la grâce de Dieu alors qu’il te l’a envoyée. Meilleure est-elle pour toi que tout ce que tu possèdes car disparaît ce qui est tien, alors que perdure ce qui est à Dieu. En vérité, il ordonne ce qui lui plaît. Oui, elles se lèvent les brises du pardon dispensées par ton Seigneur, le Dieu de miséricorde. Qui se tourne vers elles est purifié de ses péchés, de toute souffrance et de toute maladie. Heureux celui sur qui s’expose à ces brises et malheur à qui s’en protège.

(1.132)
Si tu tendais ton ouïe intérieure vers toutes choses créées, tu entendrais : « L’Ancien des Jours est apparu dans sa grande gloire ! » Tout célèbre la gloire du Seigneur. Certains ont connu Dieu et le mentionnent, d’autres le mentionnent sans le connaître. Aussi avons-nous consigné notre décret sur une tablette évidente.

(1.133)
Ô Souverain, écoute la voix du feu allumé dans cet arbre verdoyant, sur ce Sinaï élevé en ce lieu sacré et nivéen, par-delà la Cité éternelle : « Certes, il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Clément, le Très-Miséricordieux. » En vérité, nous envoyons celui que nous soutenons par le Saint-Esprit afin qu’il vous annonce cette Lumière qui brille de l’horizon de la volonté de votre Seigneur, le Sublime, le Très-Glorieux et dont les signes se manifestent en Occident. Tournez vos visages vers lui en ce jour que Dieu exalte au-dessus de tous les autres jours, et où le Très-Miséricordieux répand la splendeur de sa gloire rayonnante sur tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Lève-toi pour servir Dieu et soutenir sa cause. Il t’aidera vraiment par les armées du visible et de l’invisible et fera de toi le roi de tout ce qu’éclaire le soleil. Ton Seigneur est vraiment le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(1.134)
Les brises du Très-Miséricordieux soufflent sur toutes choses créées ; heureux l’homme qui découvre leur parfum et qui d’un coeur pur se dirige vers elles. Orne ton temple de la parure de mon Nom, ta parole de mon souvenir et ton coeur de ton amour pour moi, le Tout-Puissant, le Très-Haut. Nous ne désirons pour toi que le meilleur, meilleur que ce que tu possèdes et que tous les trésors de la terre. Ton Seigneur est réellement celui qui sait, il est informé de tout. Lève-toi en mon Nom parmi mes serviteurs et dis : « Ô peuples de la terre, tournez-vous vers celui qui se tourne vers vous. Il est en vérité le visage de Dieu parmi vous, son témoin et son guide pour vous. Il vient vers vous avec des signes qu’il est seul à présenter ». La voix du Buisson ardent retentit au centre du monde et le Saint-Esprit annonce aux nations : « Voyez ! Le Promis est venu avec un pouvoir évident. »

(1.135)
Ô Roi, elles sont tombées, les étoiles du ciel du savoir : celles qui cherchent à établir la vérité de ma cause par leurs propres moyens et font mention de Dieu en mon Nom. Et cependant quand je suis venu vers elles dans toute ma gloire, elles se sont détournées de moi. Elles sont, certes, parmi les déchues. Voilà ce que l’esprit de Dieu annonça quand il vint avec la vérité parmi vous, lui que les docteurs juifs contestèrent jusqu’à commettre ce qui provoqua les lamentations du Saint-Esprit et les larmes de ceux qui sont proches de Dieu. Pense à ce Pharisien qui adora Dieu pendant soixante-dix ans et rejeta le Fils lorsqu’il apparut alors que fut admis dans le Royaume quelqu’un qui avait commis l’adultère. Ainsi te conseille la Plume, selon l’ordre du Roi éternel, pour que tu saches ce qu’il advint dans le passé et que tu sois compté, en ce jour, parmi ceux qui croient sincèrement.

(1.136)
Dis : ô assemblée de moines, ne vous enfermez pas dans vos églises et vos cloîtres. Avec ma permission, sortez et travaillez à ce qui vous profitera et profitera aux autres. Ainsi vous ordonne celui qui est le Seigneur du jour de la résurrection. Enfermez-vous dans la forteresse de mon amour. Voici vraiment la réclusion qui vous convient si vous pouviez le savoir. Celui qui s’enferme chez lui est comme mort. Il convient à l’homme de produire ce qui bénéficie à l’humanité. Celui qui ne produit pas de fruit est destiné au feu. Ainsi vous conseille votre Seigneur. En vérité, il est le Fort, le Généreux. Mariez-vous afin que de vous naisse quelqu’un pour prendre votre place. Certes, nous interdisons la lubricité, mais pas ce qui favorise la fidélité. Etes-vous esclaves des inclinaisons de votre nature et rejetez-vous les lois de Dieu ? Craignez Dieu et ne soyez pas insensés. Si ce n’est l’homme, qui sur ma terre se souviendrait de moi, comment mes Noms et attributs pourraient-ils être connus ? Réfléchissez et ne soyez pas de ceux qui se cachent de lui derrière un voile et s’enfoncent rapidement dans le sommeil. Celui qui ne se maria pas [nota : Jésus] ne trouva aucune place pour demeurer ou pour poser sa tête à cause de ce qu’accomplirent les traîtres. Sa sainteté ne consistait pas en ce que vous pensez ou imaginez, mais plutôt en ce que nous possédons. Demandez à appréhender son rang qui est exalté au-dessus des imaginations vaines de tous les peuples. Bénis ceux qui comprennent.

(1.137)
Ô Roi ! Nous avons entendu la réponse que tu adressas au Tsar de Russie concernant ta décision au sujet de la guerre [nota : guerre de Crimée 1853-1856]. Certes, ton Seigneur sait, il est informé. Tu dis : « J’étais endormi sur ma couche et fus réveillé par les cris des malheureux qu’on noyait dans la Mer Noire. » Voilà ce que nous t’avons entendu dire, et ton Seigneur est vraiment le témoin de mes paroles. Nous affirmons que ce ne sont pas leurs cris qui t’ont réveillé mais l’aiguillon de tes propres passions, car nous t’avons mis à l’épreuve et nous t’avons pris en défaut. Comprends le sens de mes propos et sois perspicace. Nous ne souhaitons pas t’adresser de blâme en raison du haut rang que nous t’avons conféré en ce monde mortel. Nous préférons la courtoisie dont nous avons fait le signe distinctif de ceux qui sont proches de lui. La courtoisie est réellement le vêtement qui sied à tous les hommes, jeunes ou vieux. Heureux celui qui s’en pare et malheur à celui qui se prive de cette magnificence. Si ton discours avait été sincère, tu n’aurais pas rejeté le Livre de Dieu, lorsque le Tout-Puissant, le Très-Sage te l’a envoyé. Ainsi t’avons-nous éprouvé et nous ne t’avons pas trouvé tel que tu te prétendais. Lève-toi et fais amende honorable pour ce qui t’a échappé. Avant peu, le monde, et avec lui tout ce que tu possèdes, périra mais le Royaume appartiendra toujours à Dieu, ton Seigneur, le Seigneur de tes pères. Il ne te convient pas de gérer tes affaires selon les exigences de tes désirs. Redoute les soupirs de cet opprimé et protège-le contre les traits des fauteurs d’injustice.

(1.138)
Pour ce que tu as fait et en punition de ce que tu as tramé, ton empire s’échappera de tes mains et ton royaume sera jeté dans le chaos [nota : dans l’année, Napoléon III fut vaincu à la bataille de Sedan (1870) et envoyé en exil]. Tu comprendras alors à quel point tu t’es trompé. Dans ton pays, l’agitation s’emparera du peuple, à moins que tu ne te décides à soutenir cette cause et à suivre dans ce droit chemin celui qui est l’Esprit de Dieu. Ton faste t’a-t-il enorgueilli ? Par ma vie, il ne durera guère et s’évanouira bientôt, à moins que de ne pas renoncer à cette Corde solide. Nous voyons l’humiliation à tes trousses aussi longtemps que tu seras compté parmi ceux qui dorment profondément. Maintenant que tu entends voix venant du siège de gloire, il t’appartient d’abandonner tout ce que tu possèdes et de t’écrier : « Me voici, ô Seigneur de tout ce qui est au ciel et sur la terre. »

(1.139)
Ô, Roi, nous étions en Irak quand vint l’heure de la séparation [nota : lorsque Bahá’u’lláh reçut l’ordre de se rendre à Constantinople]. Sur l’ordre du roi de l’islam [nota : le sultan de Turquie], nous nous dirigeâmes vers son pays. Là, il nous advint de la part des méchants ce que les livres ne pourront jamais raconter, dont se lamentent sa les habitants du paradis et ceux qui demeurent dans les retraites sacrées ; et malgré cela, les gens sont toujours enveloppés d’un voile épais. Dis : Contestez-vous celui qui vient vers vous, porteur du seing de Dieu et de ses preuves, du témoignage de Dieu et de ses signes ? Ces choses ne sont pas de lui, mais de celui qui lui a ordonné de se lever, l’a envoyé avec le pouvoir de la vérité et en a fait une lampe pour l’humanité tout entière.

(1.140)
De jour en jour, que dis-je ! d’heure en heure, notre déplorable situation s’aggrava jusqu’à ce qu’on nous fit sortir de notre prison pour nous enfermer, avec une injustice flagrante, dans la plus grande Prison. Et si on leur demande : « Pour quels crimes les avez-vous emprisonnés ? », ils répondent : « Ils ont voulu remplacer la Foi par une nouvelle religion. » Si vous préférez ce qui est ancien, pourquoi avez-vous rejeté ce qui a été révélé dans la Torah ou dans l’Évangile. Soyez clairs, ô peuple ! Par ma vie ! il n’y a pas de refuge pour vous en ce jour. Si tel est mon crime, Muhammad, l’apôtre de Dieu, l’a commis avant moi, et avant lui, celui qui est l’Esprit de Dieu, et encore avant, celui qui conversa avec Dieu. Si mon péché est d’avoir exalté la parole de Dieu et d’avoir révélé sa cause, alors je suis le plus grand des pécheurs. Un tel péché, je ne l’échangerai pas pour les royaumes du ciel et de la terre.

(1.141)
Dès notre arrivée dans cette prison, nous décidâmes d’adresser aux rois les messages de leur Seigneur, le Fort, le Loué. Bien que nous leur ayons transmis, en plusieurs épîtres, ce qui nous fut ordonné, nous le faisons une fois de plus en signe de la grâce de Dieu. Peut-être reconnaîtront-ils le Seigneur venu sur les nuages avec une souveraineté évidente.

(1.142)
À mesure que mes tribulations augmentaient, croissait mon amour pour Dieu et pour sa cause au point que ne pouvait me détourner de mon but tout ce qui m’advenait des mains des armées des récalcitrants. Me cacheraient-ils dans les profondeurs de la terre qu’ils me trouveraient chevauchant les nuages et lançant l’appel de Dieu, le Seigneur de force et de puissance. Je me suis offert en sacrifice dans le chemin de Dieu, et j’aspire aux tribulations dans mon amour pour lui et par égard à son bon plaisir. En témoignent les malheurs qui m’ont affligé et n’ont rien de comparable à ce que d’autres ont souffert. Chaque cheveu de ma tête fait retentir l’appel que le Buisson ardent a lancé sur le Sinaï et chaque veine de mon corps invoque Dieu en disant : « Puis-je mourir dans ton sentier pour que bouge monde et que s’unissent ses peuples ! ». Ainsi en a-t-il été décrété par celui qui est l’Omniscient, l’Informé.

(1.143)
Sachez que vos sujets sont un dépôt que Dieu vous a confié. Aussi, veillez sur eux comme sur vous-mêmes. Attention à ne pas laisser les loups devenir les bergers du troupeau, et que l’orgueil et la vanité ne vous empêche pas de vous) occuper des pauvres et des affligés. Si tu pouvais boire le vin mystique de la vie éternelle au calice des paroles de ton Seigneur, le Magnanime, tu serais capable d’abandonner tout ce que tu possèdes et de proclamer mon Nom à toute l’humanité. Purifie donc ton âme par les eaux du détachement. En vérité, il est le Souvenir qui luit au-dessus de l’horizon de la création, il lavera ton âme de la poussière du monde. Abandonne tes palais aux peuples des tombeaux et ton empire à qui le désire. Puis tourne-toi vers le Royaume. C’est cela que Dieu a vraiment choisi pour toi, si tu étais de ceux qui se tournent vers lui. Ils sont comme privés de vie ceux qui ont manqué de se tourner vers la face de Dieu en cette révélation. Ils agissent sous l’impulsion de leurs désirs égoïstes : en réalité, ils appartiennent aux morts. Mais si tu souhaites porter le poids de ta souveraineté, fais le pour venir en aide à la cause de ton Seigneur. Glorifié soit ce rang ! Celui qui y parvient reçoit toutes les faveurs que dispense l’Omniscient, le Très-Sage.

(1.144)
Lève-toi, en mon Nom, au-dessus de l’horizon du renoncement et au commandement de ton Seigneur, le Fort, le Puissant, tourne ta face vers le Royaume. Par le pouvoir de ma souveraineté, dresse-toi devant les habitants du monde et dis : « Ô peuple, le Jour est venu et les bénédictions de Dieu se répandent sur la création tout entière. Ceux qui se sont détournés de son visage sont les victimes impuissantes de leurs inclinations corrompues. Ils se sont vraiment égarés.»

(1.145)
Pare le corps de ton royaume du vêtement de mon Nom, et lève-toi pour enseigner ma cause. Cela vaut mieux pour toi que tout ce que tu possèdes. Alors Dieu exaltera ton nom devant tous les rois. Il a pouvoir sur toutes choses. Au nom de Dieu, avance parmi les hommes, et par son pouvoir et sa puissance, fais connaître ses signes aux peuples. Brûle de la flamme du feu éternel que le Magnanime a allumé au coeur de la création afin que, par toi, la chaleur de son amour réchauffe le coeur de ses élus. Suis mon chemin et ravis le coeur des hommes par le souvenir de moi, le Tout-Puissant, le Très-Exalté.

(1.146)
Dis : Celui qui, en ce jour, n’a pas diffusé les doux parfums du souvenir de son Seigneur est vraiment indigne du rang d’homme. En vérité, il appartient à ceux qui suivent leurs désirs et se trouvera avant peu dans un profond désarroi. Pouvez-vous vous réclamer de celui qui est le Dieu de miséricorde et commettre ce que commet le Malin ? Par la beauté du Très-Glorifié, cela ne se peut, si vous pouviez le savoir. Purifiez vos coeurs de l’attrait du monde, vos langues de la calomnie et vos membres de tout ce qui vous empêche d’approcher Dieu, le Fort, le Loué. Dis : Par le monde, on entend ce qui vous tient éloigné de celui qui est l’aurore de la révélation et vous incline vers ce qui ne vous profite en rien. En vérité, ce qui, en ce jour, vous tient à l’écart de Dieu, est essentiellement le l’amour du monde. Rejetez-le et approchez-vous de cette vision sublime, de ce siège lumineux et resplendissant. Béni est celui qui ne permet à rien de s’interposer entre lui et son Seigneur. Assurément, rien ne peut lui arriver s’il goûte avec justice aux avantages de ce monde car nous avons créé toutes choses pour ceux de nos serviteurs qui croient sincèrement en Dieu.

(1.147)
Ô peuple, si vos paroles diffèrent de vos actes, qu’est-ce qui vous différenciera de ceux qui, tout en professant leur foi en leur Seigneur, leur Dieu, le rejettent lorsqu’il vient vers eux, entouré des nuages et font montre d’orgueil devant Dieu, l’Incomparable, l’Omniscient ? Ne répandez le sang de personne, ô peuple, et ne portez de jugement injuste envers personne. Ainsi vous commande celui qui sait et connaît toute chose. Ceux qui sèment le désordre dans le pays lorsque l’ordre est bien établi, outrepassent les limites fixées dans le Livre. Misérable sera le séjour des transgresseurs !

(1.148)
Dieu prescrit à chacun d’enseigner sa cause. Qui se lève pour accomplir ce devoir doit, avant de proclamer son message, s’orner d’un caractère empreint de droiture et digne de louange pour que ses paroles captivent le coeur de ceux qui entendent son appel. Sans cela, il n’a aucun espoir d’influencer ses auditeurs. Ainsi vous en instruit Dieu. En vérité, il est le Magnanime, le Très-Compatissant.

(1.149)
Ceux qui exhortent les autres à pratiquer la justice, alors qu’eux-mêmes commettent des iniquités, sont accusés de fausseté en raison de ce que leur langue profère, par les habitants du Royaume et par ceux qui gravitent autour du trône de leur Seigneur, le Puissant, le Bienveillant. Ne faites pas, ô peuple, ce qui déshonore votre nom et la renommée de la cause parmi les hommes. Prenez garde de ne pas toucher à ce qu’abhorre votre raison. Craignez Dieu et ne suivez pas ceux qui s’égarent. Ne passez pas des accords trompeurs avec vos voisins. Soyez dignes de confiance sur la terre et ne privez pas les pauvres de ce que Dieu, dans sa bonté, vous a donné. En vérité, il vous gratifiera du double de ce que vous possédez. Il est vraiment le Dieu de toute bonté, le Munificent.

(1.150)
Dis : Nous ordonnons d’enseigner notre cause par le pouvoir de la parole. Prenez garde d’entrer en confrontation stérile avec quelqu’un. L’Esprit-Saint fortifiera celui qui se lève pour enseigner sa cause uniquement par amour de son Seigneur et lui inspirera ce qui illumine le coeur du monde et plus encore le coeur de ceux qui le cherche. Ö peuple de Bahá, partez à la conquête du coeur des hommes, armés de l’épée de la sagesse et des paroles. Un voile épais enveloppe vraiment ceux qui contestent, poussés par leurs désirs. Dis : L’épée de la sagesse est plus brûlante que la chaleur de l’été et plus tranchantes que des lames d’acier, si vous êtes en mesure de comprendre. Tirez-la en mon nom et par la force de ma puissance ; employez-la pour conquérir les cités du coeur de ceux qui se sont retranchés dans la forteresse de leurs désirs corrompus. Ainsi vous en prie la Plume du Très-Glorieux, alors que les épées des rebelles sont suspendues au-dessus de sa tête.

(1.151)
Si vous avez connaissance d’un péché commis par quelqu’un, taisez-le afin que Dieu cache vos propres péchés. Il est l’oeil aveugle, le Seigneur de grâce abondante. Ô vous, les riches de la terre, si vous croisez un pauvre sur votre chemin, ne le traitez pas avec dédain. Pensez à ce dont vous fûtes créés. Tous furent créés d’une goutte d’eau vile [voir Coran : 32.8, 77.20]. Il vous convient d’observer la sincérité qui ornera vos temples, glorifiera votre nom, exaltera votre rang parmi les hommes et vous assurera d’une récompense généreuse devant Dieu.

(1.152)
Ô peuples de la terre, écoutez ce que vous commande la Plume du Seigneur des nations. Sachez que les révélations du passé atteignent leur plus haute et finale consécration dans la loi que ce très puissant Océan dispense. À notre commandement, hâtez-vous de la connaître. En vérité, nous ordonnons ce qui nous plait. Considère le monde comme le corps d’un homme affligé de maux divers, et dont la guérison dépend de l’agencement harmonieux de toutes ses composantes. Rassemblez-vous autour de ce que nous prescrivons et ne marchez pas sur les traces de ceux qui sèment la dissension.

(1.153)
Toutes les fêtes reçoivent leur consécration dans les deux plus grandes fêtes et dans deux autres fêtes qui tombent les jours jumeaux - La première de ces plus grandes fêtes évoque ces jours où Dieu répandit la gloire resplendissante de son Nom sublime sur tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, et la seconde est ce jour où nous avons fait se lever celui qui annonça la joyeuse nouvelle de cette grande Proclamation [nota : les deux plus grandes fêtes sont la Fête du Ridván, au cours duquel Bahá’u’lláh fit la première proclamation de sa mission, et la déclaration du Báb. Les « jours jumeaux » se réfèrent aux naissances du Báb et de Bahá’u’lláh - voir « Kitáb-i-Aqdas » MEB 2011 §110]. Ainsi en a-t-il été décrété dans le Livre par celui qui est le Fort, le Puissant. Les autres jours, vaquez à vos occupations journalières et n’hésitez pas à vous consacrer à vos commerces et à vos métiers. Voilà le commandement et la loi promulgués par celui qui est votre Seigneur, l’Omniscient, le Très-Sage.

(1.154)
Dis : Ô assemblée de prêtres et de moines, mangez ce que Dieu vous permet et ne vous abstenez pas de nourriture. En signe de sa grâce, Dieu vous autorise d’en user sauf pendant une brève période. En vérité, il est le Fort, le Bienfaisant. Renoncez à ce que vous possédez et attachez-vous aux desseins de Dieu. Voilà ce qui vous est profitable si vous êtes de ceux qui comprennent. Nous vous ordonnons un jeûne de dix-neuf jours lors de la saison la plus tempérée et vous libérons, en cette révélation resplendissante, de faire davantage. Ainsi donc, nous vous ordonnons clairement ce qui doit être observé pour vous permettre de suivre les commandements de Dieu et vous unir en ce que le Tout-Puissant, le Très-Sage vous a prescrit. Celui qui est le Seigneur, le Très-Miséricordieux, chérit en son coeur de voir la race humaine unie en une seule âme et un seul corps. Hâtez-vous de prendre votre part des bienfaits de Dieu et rendez grâce en ce jour qui éclipse tous les autres jours. Grand est le bonheur de l’homme qui se détache de tout ce qu’il a pour souhaiter obtenir ce qui est à Dieu. Un tel homme, nous en témoignons, est comptés parmi les élus de Dieu.

(1.155)
Ô Roi, témoigne de ce que Dieu a lui-même et pour lui-même témoigné avant la création du ciel et de la terre : « Il n’est d’autre Dieu que moi, l’Unique, le Suprême, l’Incomparable, l’Inaccessible ». Lève-toi résolument en faveur de la cause de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ainsi t’en instruit cette épître merveilleuse. En vérité, nous ne désirons rien d’autre pour toi que ce qui te bénéficiera plus que tous les biens de la terre. En témoignent toutes les choses créées et plus encore, ce Livre explicite.

(1.156)
Méditez sur le monde et sur la condition de ses peuples. Celui pour lequel fut créé le monde est emprisonné dans la plus désolée des cités [nota : Acre] à cause de ce qu’ont forgé les mains des égarés. De l’horizon de cette ville-prison, il appelle les hommes à l’Aurore de Dieu, le Suprême, le Très-Haut. Te félicites-tu des trésors en ta possession, tout en sachant qu’ils périront ? Te réjouis-tu de régner sur un arpent de terre alors que le monde entier, pour les gens de Bahá, n’a pas plus de valeur que la noire prunelle d’une fourmi morte ? Abandonne-le à ceux qui le chérissent et tourne-toi vers celui qui est le désir de l’Univers. Que sont devenus les orgueilleux et leurs palais ? Contemple leurs tombes et profite de cet exemple, car nous en avons fait une leçon pour ceux qui observent. Si les brises de la Révélation te saisissent, tu fuiras le monde pour te diriger vers le Royaume et tu dépenseras tout ce que tu possèdes pour te rapprocher de cette sublime vision.

(1.157)
Nous voyons la plupart des gens adorer des noms et s’exposer, comme tu le constates, à de terribles périls dans le seul espoir de perpétuer leur nom, alors que toute âme perspicace atteste qu’un nom ne servira en rien à son porteur, après la mort de celui-ci, si ce nom n’exprime pas sa relation avec Dieu, le Tout-Puissant, le Magnifié. Ainsi leurs vaines imaginations les rendent esclaves en punition de ce que leurs mains ont forgé. Vois l’étroitesse d’esprit des hommes. Ils courent furieusement après ce qui ne leur est d’aucun profit. Si tu leur demandais : « Y a-t-il un quelconque avantage en ce que vous désirez ? », tu les verrais terriblement perplexes. S’il se trouvait une âme impartiale, elle répondrait : « Non, par le Seigneur des mondes ! » Telle est la condition des hommes et de ce qu’ils possèdent. Laisse-les à leur folie et tourne ton regard vers Dieu. En vérité, c’est cela qui te convient. Hâte-toi de suivre le conseil de ton Seigneur et dis : Loué sois-tu, ô Dieu de tout ce qui est au ciel et sur la terre.


D) Tsar Alexandre II

(1.158)
Ô tsar de Russie ! Prête l’oreille à la voix de Dieu, le Roi, le Très-Saint, et tourne-toi vers le paradis où demeure celui qui, dans l’Assemblée suprême, porte les titres les plus éminents et qui, dans le monde de la création est appelé par le nom de Dieu, le Resplendissant, le Très-Glorieux. Prends garde que tes désirs ne t’empêchent de te tourner vers la face de ton Seigneur, le Compatissant, le Très-Miséricordieux. Nous avons entendu ce que tu as demandé à ton Seigneur lorsque tu l’interpellais secrètement. Alors les brises de ma tendre bonté soufflèrent, les vagues de ma miséricorde se soulevèrent, et nous t’avons répondu. Ton Seigneur est certes l’Omniscient, le Très-Sage. Tandis que je languissais en prison, chargé de chaînes et de fers, un de tes ministres me proposa son aide. C’est pourquoi Dieu t’a assigné un rang dont nul sauf lui ne peut avoir connaissance. Prends garde à ne pas aliéner cette sublime position. Ton Seigneur, certes, fait ce qu’il veut. Dieu abrogera ou confirmera ce qui lui plaît, car la connaissance de toutes choses est chez lui dans la Tablette préservée.

(1.159)
Crains que ta souveraineté ne te retienne loin de celui qui est le Souverain suprême. En vérité, il est venu avec son Royaume, et tous les atomes proclament ; « Voyez ! Le Seigneur est apparu dans toute sa majesté. » Celui qui est le Père est venu, et le Fils, dans la sainte Vallée, s’écrie : « Me voici ô Seigneur, mon Dieu, me voici ! » Tandis que le Sinaï gravite autour de la Demeure et que le Buisson ardent annonce à haute voix: « Le Très-Généreux est venu sur les nuages ! Béni est celui qui s’approche de lui et malheur à ceux qui se tiennent à l’écart. »

(1.160)
Lève-toi parmi les hommes au nom de cette cause impérative, et appelle les nations à Dieu, le Grand, le Suprême. Ne sois pas de ceux qui appellent Dieu par l’un de ses Noms, puis lorsque paraît celui qui est l’essence de tous les noms, le renient, se détournent de lui et finalement le condamnent avec une évidente injustice. Réfléchis et rappelle-toi les jours où l’Esprit de Dieu apparut, et où Hérode rendit son verdict contre lui. Dieu le secourut cependant par les armées de l’invisible ; il le protégea vraiment et l’envoya dans un autre pays, selon sa promesse. En vérité Il ordonne ce qui lui plaît. Certes, ton Seigneur protège qui il veut, qu’il soit au coeur de l’océan, dans la gueule du dragon ou sous l’épée du tyran.

(1.161)
Béni soit le roi que les voiles de gloire n’ont pas empêché de se tourner vers l’Aurore de beauté et qui a tout abandonné dans son désir d’obtenir ce qui est à Dieu. E, vérité, il est, aux yeux de Dieu, compté parmi les hommes d’excellence et loué par les habitants du paradis et par ceux qui gravitent jour et nuit autour du Trône suprême.

(1.162)
Je dis encore : Ecoute ma voix qui de ma prison, s’élève afin que je t’apprenne ce que ma beauté a souffert aux mains de ceux qui sont les manifestations de ma gloire, et afin que tu saches combien grande fut ma patience malgré mon pouvoir, et combien immense ma longanimité malgré ma puissance. Sur ma vie ! si seulement tu savais ce qu’a révélé ma plume, si tu découvrais les trésors de ma cause, les perles des mystères reposant au fond des mers de mes noms et dans les calices de mes paroles, tu sacrifierais ta vie dans mon chemin dans la soif d’entrer dans mon Royaume sublime et glorieux, et pour l’amour de mon Nom. Sache que même si mon corps se trouve sous les épées de mes ennemis et mes membres environnés d’innombrables dangers, mon esprit est, malgré tout, rempli d’une allégresse sans nulle comparaison avec les joies de la terre.

(1.163)
Tourne ton coeur vers celui qui est le centre d’adoration du monde et dis : « Ô peuples de la terre, avez-vous rejeté celui dans le sentier duquel le précurseur de votre Seigneur, le Très-Élevé, le Sublime souffrit le martyre ? ». Dis : c’est une nouvelle dont se sont réjouis les coeurs des prophètes et des Messagers. C’est celui dont se souvient l’âme de la création et qui est promis dans les Livres de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Dans leur désir de me rencontrer, les messagers ont levé leurs mains en supplication vers Dieu, le Puissant, le Glorifié. En témoigne ce que celui qui est le Seigneur de force et de puissance a révélé dans les Écritures saintes.

(1.164)
D’aucuns se sont lamentés d’être séparés de moi, d’autres ont supporté des épreuves dans mon chemin, d’autres encore ont fait le sacrifice de leur vie pour l’amour de ma beauté, puissiez-vous le savoir. Dis : Je n’ai certes pas cherché à prôner ma personne, mais plutôt à louer Dieu lui-même, si vous jugiez équitablement. On ne voit en moi rien d’autre que Dieu et sa cause, puissiez-vous le comprendre. Je suis celui qu’Isaïe a célébré, celui dont le nom orne la Thora et l’Évangile. Ainsi en est-il décrété dans les Écritures du Seigneur, le Magnanime. Il m’a, en vérité, rendu témoignage comme je témoigne de lui. Et Dieu atteste la véracité de mes paroles.

(1.165)
Dis : Les Livres n’ont été révélés que pour m’évoquer. Quiconque entendra leur appel, en percevra les fragrances délicieuses de mon nom et de ma glorification ; et celui qui n’a pas fermé l’accès de son oreille à son coeur en entendra chaque mot : « Le Véridique est venu ! Il est, en vérité, le bien-aimé des mondes ! »

(1.166)
C’est par égard pour Dieu que ma langue te conseille et que ma plume se meut pour te mentionner, car ni la malice ni le déni des habitants de la terre ne peuvent me nuire, pas plus que l’allégeance de toute la création ne peut me profiter. En fait, nous t’exhortons à accepter ce qui nous a été commandé et nous ne désirons pour toi rien d’autre que te voir bénéficier de ce qui te profitera en ce monde et dans l’autre. Dis : Ferez-vous périr celui qui vous somme d’accéder à la vie éternelle ? Craignez Dieu et ne suivez pas les oppresseurs rebelles.

(1.167)
Ô prétentieux de la terre, croyez-vous pouvoir vivre dans des palais alors que le Roi de la révélation habite le plus dévasté des lieux ? Non, par ma vie ! Des tombes sont vos demeures si vous pouviez comprendre. En vérité, celui qui, en ces jours, échappe à la caresse de la brise divine est compté parmi les morts aux yeux de celui qui est le Seigneur des noms et des attributs. Sortez donc des tombes de l’ego et du désir et tournez-vous vers le royaume de Dieu, le Possesseur du trône en haut et ici-bas afin de contempler ce que vous a promis de tout temps votre Seigneur, l’Omniscient.

(1.168)
Pensez-vous profiter des choses que vous possédez ? Elles appartiendront bientôt à d’autres et vous redeviendrez poussière sans personne pour vous aider ou vous secourir. Où est l’avantage d’une vie que la mort peut rattraper, d’une existence condamnée à la disparition ou d’une prospérité sujette au changement ? Détachez-vous des choses que vous possédez et tournez vos visages vers les faveurs que Dieu a dispensées en ce Nom merveilleux.

(1.169)
Ainsi la Plume du Très-Haut te diffuse ses mélodies avec la permission de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Ecoute-les et chante-les : « Loué sois-tu, ô Seigneur des mondes, car tu m’as évoqué par la langue de celui qui est la Manifestation de toi-même alors qu’il croupissait dans la plus grande Prison pour que le monde entier accède à la vraie liberté. »

(1.170)
Béni soit le roi que sa souveraineté n’a pas écarté de son Souverain et qui, de tout son coeur, s’est tourné vers Dieu. Il est, en vérité, de ceux qui ont accompli la volonté de Dieu, le Puissant, le Très-Sage. Avant peu un tel roi sera compté parmi les monarques des nations du Royaume. Ton Seigneur a vraiment la suprématie sur toutes choses. À qui il veut, il donne ce qui lui plaît et, à qui il veut, il le refuse. Il est certes le Tout-Puissant, le Fort.


E) Reine Victoria

(1.171)
Ô reine de Londres, prête l’oreille à la voix de ton Seigneur, le Seigneur de l’humanité, qui appelle de l’arbre divin : En vérité, il n’est pas d’autre Dieu que moi, le Tout-Puissant, le Très Sage ! Rejette loin de toi tout ce qui est sur terre et pare la tête de ton royaume de la couronne du souvenir de ton Seigneur, le Très-Glorieux. Il est certes venu en ce monde dans sa gloire suprême, et tout ce qui est mentionné dans l’Evangile est accompli. La terre de Syrie est honorée par les pas de son Seigneur, le Seigneur de tous les hommes, et le Nord et le Sud sont tous deux enivrés du vin de sa présence. Béni est l’homme qui, en cette aube resplendissante, respire l’effluve du Très-Miséricordieux et se tourne vers l’Orient de sa beauté. La mosquée d’Aqsa frémit sous les brises de son Seigneur, Le Très-Glorieux, tandis que Bathá [nota : la Mecque] tremble à la voix de Dieu, le Très-Elevé, le Sublime. Aussi chacune de leurs pierres loue le Seigneur par ce Nom majestueux.

(1.172)
Mets tes désirs de côté et tourne ton coeur vers ton Seigneur, l’Ancien des Jours. Nous faisons mention de toi pour l’amour de Dieu et nous désirons que ton nom soit magnifié pour ta souvenance de Dieu, le créateur du ciel et de la terre. En vérité, il est témoin de ce que je dis. Nous avons appris que tu as interdit le commerce des esclaves, hommes et femmes. C’est précisément ce que Dieu recommande dans cette merveilleuse Révélation. Pour cela, Dieu te réserve une récompense certaine. Il rétribue selon son dû l’auteur de toute bonne action, si tu agis selon ce que t’envoie celui qui est l’Omniscient, l’Informé. Quant à celui qui se détourne de Dieu et s’enfle d’orgueil après avoir reçu les témoignages évidents de celui qui révèle les signes, Dieu réduira son oeuvre à néant. Certes il a pouvoir sur toutes choses. Les actes d’un homme ne sont acceptables que s’il la reconnaît la Manifestation. Quiconque se détourne du Véridique est la plus aveugle de ses créatures. Ainsi en a décrété celui qui est le Fort, le Tout-Puissant.

(1.173)
Nous avons appris également que tu as remis les rênes du gouvernement entre les mains des représentants du peuple. Tu as certes bien agi car cela renforcera les fondations de l’édifice de tes affaires et rassurera les coeurs de ceux qui vivent sous ton ombre, riches ou pauvres. Il faut cependant qu’ils soient dignes de la confiance des serviteurs de Dieu et qu’ils se considèrent comme les représentants de tous ceux qui habitent sur terre. Voilà ce que leur conseille dans cette Tablette celui qui est le Souverain, le Très-Sage. Quand l’un d’entre eux se dirige vers l’Assemblée, qu’il tourne son regard vers l’Horizon suprême et dise : « Ô mon Dieu, par ton Nom le plus glorieux, je te demande de m’aider à faire prospérer les affaires de tes serviteurs et fleurir tes cités. En vérité, tu as suprématie sur toutes choses ! » Béni celui qui entre dans l’Assemblée pour l’amour de Dieu et rend saine justice entre les hommes. En vérité, il est compté parmi les bienheureux.

(1.174)
Ô vous qui, en chaque pays, représentez les peuples ! Réunissez-vous pour vous consulter et souciez-vous seulement de ce qui profite à l’humanité et en améliore les conditions, si vous êtes de ceux qui sont scrupuleux. Considérez le monde comme s’il était un corps humain qui, bien que créé complet et parfait, souffre de désordres et de maladies graves pour beaucoup de raisons. Il n’est pas un jour où il s’améliore ; au contraire, sa maladie croît en sévérité car il est traité par des médecins ignorants qui donnent libre cours à leurs désirs et errent cruellement. Et même si de temps à autre, un organe de ce corps est guéri, les autres n’en restent pas moins affligés. Ainsi vous en informe l’Omniscient, le Très-Sage.

(1.175)
Nous le trouvons aujourd’hui à la merci de dirigeants si imbus d’orgueil qu’ils ne discernent même pas leurs propres avantages, encore moins une révélation aussi déroutante et aussi provocatrice que celle-ci. Et si l’un d’entre eux s’efforce d’améliorer sa condition, c’est par appât du gain, qu’il l’avoue ou non ; et l’indignité de ses motifs limite ca capacité à guérir ou soigner.

(1.176)
Le remède souverain et l’instrument tout puissant de la guérison du monde entier est l’union de ses peuples en une Cause universelle, une seule et même Foi : voilà ce qu’ordonne le Seigneur. Rien ne peut réaliser cela, sauf le pouvoir d’un médecin habile, tout puissant et inspiré. Voilà la seule vérité, tout le reste n’est qu’erreur. Chaque fois qu’est apparu cet Instrument tout puissant et que l’Aurore ancienne a lui, des médecins ignorants l’en ont empêché et, comme des nuages, se sont interposés entre lui et le monde. Celui-ci ne peut donc guérir et sa maladie persiste jusqu’aujourd’hui. Ces médecins ne peuvent le protéger ni le soigner alors que celui qui est la Manifestation de puissance parmi les hommes est empêché d’atteindre son but en raison de ce qu’ont forgé les mains des médecins ignorants.

(1.177)
Etudie ces jours pendant lesquels est venu la Beauté ancienne sous le plus grand Nom pour vivifier le monde et unir ses peuples. Ceux-ci se sont cependant dressés contre lui, brandissant des épées affûtées et ont commis ce qui a provoqué les lamentations de l’Esprit de fidélité. Finalement, ils l’ont emprisonné dans la plus désolée des cités et rompu le lien qui attachait les fidèles au pan de son vêtement. Que quelqu’un leur dise : « Le Réformateur du monde est venu », ils répondaient : « Il est prouvé qu’il est un semeur de discorde », et pourtant, ils ne s’étaient associés à lui en aucune façon ni avaient compris qu’à aucun moment, il avait cherché à se protéger. Il était en permanence à la merci des malfaiteurs. D’abord, ils l’ont jeté en prison, puis ils l’ont banni et enfin ils l’ont ballotté de pays en pays. Telle est la manière dont ils nous ont jugés et vraiment, Dieu sait ce que je dis. De telles personnes, Dieu les tient pour les plus ignorantes de ses créatures. Ils ont amputé leurs propres membres et ne le voient pas ; ils se sont privés de ce qu’il leur convient le mieux et ne le savent pas. Ils ressemblent à ces jeunes enfants qui ne distinguent pas le malfaiteur du réformateur, ni le mauvais du bon. Nous les voyons aujourd’hui enveloppés dans un voile évident.

(1.178)
Ô dirigeants de la terre, Pourquoi obscurcir l’éclat du soleil et l’empêcher de briller ? Écoutez le conseil que vous donne la plume du Très-Haut afin d’atteindre, vous et le pauvre, la paix et la tranquillité. Nous supplions Dieu d’aider les rois à établir la paix sur la terre. En vérité, il fait ce qu’il veut.

(1.179)
Ô rois de la terre, nous vous voyons augmenter chaque jour vos dépenses et en faire peser le fardeau sur vos sujets. Quelle honte et quelle injustice ! Craignez les soupirs et les larmes de cet Opprimé, et n’imposez pas de charges trop lourdes sur vos peuples. Ne les dépouillez pas pour vous construire des palais ; au contraire, choisissez pour eux ce que vous choisissez pour vous-mêmes. Ainsi ouvrons-nous vos yeux sur ce qui vous profite, si vous pouvez le voir. Vos peuples sont votre trésor. Prenez garde de ne pas violer par vos décrets les commandements de Dieu et de ne pas livrer vos états aux mains des voleurs. C’est par eux que vous régner, par eux que vous vous maintenez et avec leur aide que vous conquérez. Et pourtant quel dédain dans le regard que vous leur jetez. Étrange, vraiment étrange !

(1.180)
Maintenant que vous refusez la très grande paix, attachez-vous au moins à promouvoir une moindre paix, afin d’améliorer votre condition et celle de vos sujets.

(1.181)
Ô dirigeants de la terre, réconciliez-vous de manière à vous passer d’armements sauf pour maintenir la sécurité de vos territoires et possessions. Faites attention de ne pas méconnaître le conseil de l’Omniscient, du Fidèle.

(1.182)
Soyez unis, ô rois de la terre, pour apaiser la tempête de la discorde entre vous et apporter la tranquillité à vos peuples, si vous pouvez le comprendre. Si l’un de vous prend les armes contre un autre, levez-vous pour vous opposer à lui, car ce n’est que justice évidente. Ainsi vous en avions-nous déjà adjurés dans une tablette antérieure [nota : Súriy-i-Mulúk], et vous sommons à nouveau de suivre ce qu’a révélé celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Sage. Si quelqu’un cherche refuge auprès de vous, accordez-lui votre protection et ne le trahissez pas. Tel est le conseil de la plume du Très-Haut, que vous prodigue celui qui est l’Omniscient, l’Informé.

(1.183)
Prenez garde de ne pas agir comme le fit le roi de l’islam [nota : le Sultan de Turquie] lorsque nous répondîmes à son invitation. Ses ministres prononcèrent contre nous un jugement inique qui provoqua les lamentations de toute la création et consuma le coeur de ceux qui sont proches de Dieu. Les vents de l’ego et de la passion les ont ballottés à leur gré et nous les avons tous trouvés privés de constance. En vérité, ils sont au nombre des égarés.

(1.184)
Donne-toi libre cours, ô Plume de l’Ancien des jours, et laisse les à eux-mêmes car ils sont plongés dans leurs vaines imaginations. Invoque la Reine pour qu’elle dirige un coeur pur vers la scène de la gloire transcendante, n’empêche pas son regard de se porter sur son Seigneur, l’Ordonnateur suprême et informe-toi de ce qui est révélé dans les livres et tablettes du Créateur - Lui, qui jette son ombre sur le soleil et éclipse la lune ; lui, par qui l’appel est lancé entre ciel et terre.

(1.185)
Tourne-toi vers Dieu et dis : O Seigneur, mon Roi, je ne suis pour toi qu’un vassal et toi, en vérité, tu es le Roi des rois. Je tends des mains suppliantes vers le ciel de ta grâce et de ta générosité. Fais descendre sur moi des nuées de ta munificence ce qui me détachera de tout autre que toi, et me rapprochera de toi. Ô mon Seigneur, par ton nom que tu as fait le roi des noms et la manifestation de toi-même pour tous ceux qui sont au ciel et sur terre, je te supplie de déchirer les voiles qui s’interposent entre moi et la reconnaissance de l’Aurore de tes signes, et de l’Aube de ta révélation. Tu es en vérité, le Tout-Puissant, l’Omnipotent, le Très-Généreux. Ô mon Seigneur, ne me prive pas, en tes jours, des parfums suaves du vêtement de ta clémence et écris pour moi ce que tu as écrit pour tes servantes qui ont cru en toi et en tes signes, qui t’ont reconnu, et ont tourné leur coeur vers l’horizon de ta cause. Tu es en vérité, le Seigneur des mondes et de ceux dont a pitié le Magnanime. Ô mon Dieu, aide-moi à rappeler ton souvenir parmi tes servantes et à soutenir ta cause sur la terre. Oublie ce qui m’a échappé lorsque ta face rayonna de lumière. Certes, tu as pouvoir sur toutes choses. Que la gloire soit sur toi, ô toi qui tiens dans ta main le royaume des cieux et de la terre !


F) Násiri'd-Dín Sháh (Lawh-i-Sultan)

(1.186)
Ô roi terrestre ! Entends l’appel de ce vassal : En vérité, je suis un serviteur qui croit en Dieu et en ses signes et qui s’est sacrifié en son chemin. En portent témoignage les malheurs qui m’affligent, malheurs tels qu’aucun homme n’en a jamais supporté. Mon Seigneur l’Omniscient témoigne de la vérité de mes paroles. Je n’ai fait qu’appeler les hommes à Dieu, ton Seigneur et le Seigneur des mondes, et par amour de lui j’ai enduré des afflictions telles que la création n’en avait jamais vues. En témoignent ceux que les voiles de l’imagination humaine n’ont pas empêché de se tourner vers la plus sublime vision et, au-delà d’eux celui qui possède la connaissance de toute chose sur la Tablette préservée.

(1.187)
Chaque fois que les nuages de tribulations laissaient pleuvoir les flèches de l’affliction sur le chemin de Dieu, le Seigneur de tous les noms, je me suis hâté à leur rencontre, ainsi qu’en attestera toute âme juste et judicieuse. Nombreuses furent les nuits pendant lesquelles les bêtes des champs reposaient dans leur tanière et les oiseaux du ciel dans leurs nids alors que cet Adolescent languissait dans ses chaînes et ses fers avec personne pour le secourir !

(1.188)
Souviens-toi de la miséricorde de Dieu ; comment, alors que tu étais emprisonné avec d’autres, il te délivra et t’aida, par les milices du visible et de l’invisible, jusqu’à ce que le Roi t’envoie en Irak après que nous lui ayons montré que tu ne faisais pas partie des fauteurs de troubles. Ceux qui suivent leurs désirs corrompus et rejettent la crainte de Dieu font vraiment une grave erreur. Nous nous tenons à l’écart de ceux qui mettent le désordre dans un pays, répandent le sang des uns et s’approprient le bien des autres ; nous supplions Dieu de ne pas nous associer avec eux, que ce soit dans ce monde où dans le monde à venir, sauf s’ils s’en repentaient devant lui. Il est vraiment le plus miséricordieux des miséricordieux.

(1.189)
Quiconque se tourne vers Dieu doit se distinguer des autres par chacun de ses actes et doit suivre ce que le Livre lui enjoint. Ainsi en est-il décrété dans une épître explicite. Quant à ceux qui rejettent les commandements de Dieu et suivent les incitations de leurs propres désirs, ils font vraiment une erreur grave

(1.190)
Ô roi ! Par ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, je te supplie de jeter un regard généreux sur tes serviteurs et de les traiter avec justice, afin que Dieu puisse te traiter avec miséricorde. Ton Seigneur a le pouvoir de faire ce qu’il lui plaît. Le monde, ses humiliations et sa gloire passeront mais la souveraineté sera toujours à Dieu, le Plus-Loué, l’Omniscient.

(1.191)
Dis : Il alluma la lampe de la parole et la nourrit de l’huile de la sagesse et de la compréhension. Ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, est trop élevé pour que quiconque dans l’univers résiste à sa Foi. Il révèle ce qu’il veut par le pouvoir de sa souveraine puissance et protège sa révélation d’une armée de ses anges préférés. Il est exalté au-dessus de ses serviteurs et exerce un pouvoir indiscutable sur sa création. Il est, en vérité, l’Omniscient, le Très-Sage.

(1.192)
Ô roi ! Je n’étais qu’un homme comme tant d’autres, endormi sur ma couche, lorsque soudain les brises du Très-Glorieux passèrent sur moi et m’enseignèrent la science de tout ce qui fut. Ceci ne vient pas de moi mais de celui qui est le Tout-Puissant et l’Omniscient. Il m’ordonna d’élever la voix entre la terre et le ciel et, pour cela, il m’advint ce qui a fait couler les larmes de tout homme de discernement. Les sciences répandues parmi les hommes, je ne les ai pas étudiées ; leurs écoles, je ne les ai jamais fréquentées. Renseigne-toi dans la ville où j’habitais pour t’assurer que je ne mens pas. Voici une simple feuille qu’agitent les vents de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant, le Loué. Peut-elle rester immobile alors qu’ils se déchaînent ? Par le Seigneur de tous les noms et attributs, ils la déplacent à leur gré. L’éphémère n’est que néant face à l’éternel. Son ordre irrésistible me parvint et me fit célébrer sa louange parmi les peuples. En vérité, quand cet ordre me parvint j’étais comme mort ; la main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, me transforma. Par celui qui révéla les mystères éternels à la Plume, qui, sinon celui qui fut fortifié par la grâce du Tout-Puissant, de l’Omnipotent, pourrait de lui-même clamer ce que contesteront tous les hommes, grands et petits ?

(1.193)
La plume du Très-Haut s’adressa à moi, disant : N’aie crainte ! Conte à sa majesté le Shah ce qui t’est arrivé. En vérité, son coeur est entre les mains de ton Seigneur, le Dieu de miséricorde, afin que brille le soleil de justice et de générosité depuis l’horizon de son coeur. Ainsi le décret fut-il révélé par celui qui est le Très-Sage.

(1.194)
Ô roi, considère cet Adolescent avec justice puis porte un jugement impartial sur ce qui lui est arrivé. En vérité, Dieu a fait de toi son ombre parmi les hommes et le symbole de son pouvoir sur tous ceux qui vivent sur terre. Tranche entre nous et ceux qui nous firent du mal sans preuve ni livre probant. Ceux qui t’entourent ne t’aiment que par intérêt alors que cet Adolescent t’aime pour ton bien et n’a d’autre désir que de t’attirer vers le siège de grâce et de te placer à la droite de la justice. Ton seigneur témoigne de ce que je dis.

(1.195)
Ô roi, tends l’oreille vers le grincement de la plume de gloire et vers le roucoulement de la colombe d’éternité qui, sur les branches de l’arbre sacré au-delà duquel nul ne passe, chante les louanges de Dieu, l’auteur de tous les noms, et le créateur de la terre et du ciel. Alors tu t’élèveras en un lieu d’où tu ne verras rien d’autre dans le monde de l’existence que l’éclat de l’Adoré, tu considéreras ta souveraineté comme la plus méprisable de tes possessions l’abandonnant à quiconque la convoiterait, et tu tourneras ton visage vers l’horizon éclairé de la lumière de sa Face. Tu refuseras à jamais de supporter le poids du pouvoir sauf dans le but d’aider ton Seigneur, l’Exalté, le Très-Haut. Béni seras-tu alors par l’assemblée céleste. Ô que cet état sublime est excellent, si tu peux y parvenir grâce au pouvoir d’une souveraineté que l’on sait découler du Nom de Dieu !

(1.196)
Il en est qui affirment que cet Adolescent n’a d’autre but que de perpétuer son nom, alors que d’autres prétendent qu’il recherche pour lui-même les vanités terrestres, en dépit du fait que jamais, au cours de ma vie, je n’ai trouvé d’endroit sûr, si petit soit-il. J’ai toujours été immergé dans une mer de tribulations dont seul Dieu connaît l’ampleur. Il sait de quoi je parle. Combien de fois mes bien-aimés furent-ils profondément choqués par mes afflictions, combien de nuits mes proches ont-ils pleuré amèrement et se sont-ils lamentés en craignant pour ma vie ! Qui peut nier cela si ce n’est un menteur ? Est-il concevable que celui qui s’attend à perdre la vie à tout instant recherche les vanités terrestres ? Quelles étranges idées ont ceux qui parlent poussés par leurs lubies et qui errent dans le désert de l’égoïsme et des passions ! Avant peu, on leur demandera compte de leurs paroles et alors ils ne trouveront aucun ami pour les aider.

(1.197)
Il en est d’autres qui prétendent qu’il ne croit pas en Dieu ; pourtant chaque membre de mon corps témoigne qu’il n’est pas d’autre Dieu que lui ; que ceux qu’il a élevés en vérité et envoyés au loin sous sa guidance sont les manifestations de ses noms les plus excellents, les révélateurs de ses attributs très exaltés et les dépositaires de sa révélation dans le royaume de sa création. Grâce à eux, la preuve de Dieu se parfait pour tous sauf pour lui, l’étendard de l’unité divine se dresse et le symbole de la sainteté devient manifeste ; par eux, chaque âme trouve un chemin vers le Seigneur du Trône céleste. Nous témoignons qu’il n’est d’autre Dieu que lui, qu’éternellement il est seul, que personne n’est à ses côtés et qu’il sera pour l’éternité ce qu’il a toujours été. Trop élevé est le Très-Miséricordieux pour que le coeur de ceux qui l’ont reconnu appréhende sa vraie nature ou pour que l’intelligence des hommes espère sonder son essence. Il est exalté au-dessus de la compréhension de tous sauf de lui-même et sanctifié au-delà de la compréhension de tout autre que lui. De toute éternité il est indépendant de la création tout entière.

(1.198)
Souviens-toi des jours où le soleil de Bathá [nota : Muhammad] brillait à l’horizon de la volonté de ton Seigneur, l’Exalté, le Très-Haut ; rappelle-toi de quelle manière les religieux de ce temps-là se détournèrent de lui, comment les érudits s’opposèrent à lui et tu auras peut-être une chance d’appréhender ce qui, en ce jour, reste caché derrière les voiles de gloire. Son sort devint si terrible qu’il demanda à ses compagnons de se disperser. Tel fut le décret révélé du ciel de la gloire divine. Souviens-toi aussi que, lorsque l’un de ces mêmes compagnons arrivant devant le roi d’Éthiopie, lui récita une sourate du Coran, celui-ci déclara à ses serviteurs : « En vérité, ceci a été révélé par celui qui est l’Omniscient, le Très-Sage. Quiconque reconnaît la vérité et croit dans les enseignements de Jésus, ne peut renier ce qui vient d’être récité. En vérité, nous témoignons de son exactitude de même que nous témoignons qu’en vérité, nous possédons des Livres de Dieu, le Secours, l’Absolu. »

(1.199)
Ô roi ! Je le jure par Dieu ! Si tu tendais l’oreille aux mélodies de ce rossignol qui, selon l’ordre de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux, module des chants mélodieux dans le buisson mystique, tu renoncerais à ta souveraineté, tu te tournerais vers cette scène de gloire transcendante, cet état à l’horizon duquel brille le Livre de l’Aube [voir : Coran 17.78] et tu dépenserais tout ce que tu possèdes dans ton ardeur à obtenir ce qui est à Dieu. Tu te trouverais alors au sommet de l’exaltation et de la gloire, au pinacle de la majesté et de l’indépendance. Le décret en est inscrit dans le Livre-Mère par la plume du Très-Miséricordieux. À quoi sert ce que tu possèdes aujourd’hui et qui demain sera à d’autres ? Choisis pour toi ce que Dieu a choisi pour ses élus et Dieu t’accordera une puissante souveraineté dans son royaume. Nous supplions Dieu d’aider Ta Majesté à entendre ce verbe dont la lumière enveloppe le monde, et de te protéger de ceux qui sont loin de la cour de sa présence.

(1.200)
Gloire à toi, ô Seigneur, mon Dieu ! Nombreuses en ton sentier sont les têtes dressées à la pointe des piques et nombreuses les poitrines qui sont la cible des flèches pour ton bon plaisir ! Nombreux les coeurs lacérés pour l’exaltation de ton Verbe et la promotion de ta cause, et innombrables les yeux qui pleurent à chaudes larmes pour l’amour de toi ! Ô toi qui es le Roi des rois et qui as pitié des humbles ! Par ton Plus grand Nom dont tu as fait l’Aurore de tes noms les plus excellents et l’Orient de tes attributs très exaltés, je t’implore de supprimer les voiles qui s’interposent entre toi et tes créatures et de supprimer ce qui les empêche de se tourner vers l’horizon de ta révélation. Ô mon Dieu, par ton Nom très exalté, fais qu’ils se tournent de la gauche de l’oubli et de l’illusion vers la droite de la connaissance et de la certitude, afin qu’ils comprennent ce que ta générosité et ta grâce désirent pour eux et qu’ils dirigent leurs visages vers celui qui est la Manifestation de ta cause et le Révélateur de tes signes.

(1.201)
Ô mon Dieu ! Tu es le Très-généreux dont la grâce est infinie. Ne retiens pas tes serviteurs loin de l’océan très puissant où gisent les perles de ta connaissance et de ta sagesse, et ne les détourne pas du portail que tu as largement ouvert pour tous ceux qui sont au ciel et pour tous ceux qui sont sur la terre. Ô Seigneur ! Ne les abandonne pas à eux-mêmes car ils ne comprennent rien et s’éloignent de ce qui est meilleur pour eux que tout ce que tu as créé sur la terre. Ô mon Dieu, jette sur eux un regard favorable et bienveillant, libère-les de l’égoïsme et de la passion afin qu’ils se rapprochent de ton horizon très exalté, goûtent à la douceur de ton souvenir et se régalent de ce pain que tu as fait descendre du ciel de ta volonté et du firmament de ta grâce. De toute éternité ta générosité embrasse la création tout entière et ta miséricorde surpasse tout. Il n’est de Dieu que toi, qui toujours pardonnes, le Très-Compatissant.

(1.202)
Sois glorifié, ô Seigneur, mon Dieu ! Tu sais que mon coeur fond pour ta cause et que le feu de ton amour fait bouillir le sang dans mes veines à tel point que chaque goutte proclame au plus profond de moi-même : « Ô mon seigneur, le Très-Haut, laisse-moi me répandre sur le sol par amour de toi pour que de ce coeur jaillisse ce que tu as décidé dans tes épîtres et que tu as caché aux yeux de tous à l’exception de ceux de tes serviteurs qui ont goûté, des mains de ta grâce, au flot cristallin de la connaissance, et qui ont bu, à la coupe de tes dons, l’eau fraîche de la compréhension.

(1.203)
Ô mon Dieu, tu sais que dans toutes mes affaires, je n’ai cherché qu’à obéir à ton ordre, que dans chacune de mes paroles je n’ai voulu que chanter tes louanges et que dans tout ce qui est issu de ma plume je n’ai voulu que gagner ton bon plaisir et révéler ce que tu m’as ordonné par ta souveraineté.

(1.204)
Ô mon Dieu, tu me vois perdu dans ton pays. Chaque fois que j’évoque ce que tu m’as commandé de dire, tes créatures se moquent de moi. Et pourtant, si je négligeais ce que tu m’as demandé d’observer, je mériterais la verge de ta colère et serais éloigné des prairies de ton approche. Mais, par ta gloire ! j’ai tourné mon visage vers ton bon plaisir et me suis détourné de ce en quoi tes serviteurs ont placé leurs affections. J’ai pris tout ce qui est à toi en abandonnant tout ce qui me conduirait loin des retraites de ta proximité et des hauteurs de ta gloire. Je le jure par ton pouvoir ! Le coeur plein de ton amour, rien ne peut m’alarmer et dans le chemin de ton bon plaisir toutes les afflictions du monde ne peuvent me décourager. Mais tout ceci n’est dû qu’à ton pouvoir et à ta puissance, à ta générosité et à ta grâce, et non à mon propre mérite.

(1.205)
Cette épître, ô mon Dieu, j’ai décidé de l’envoyer au roi. Tu sais que mon seul souhait c’est qu’il soit juste envers tes serviteurs et qu’il étende ses faveurs au peuple de ton royaume. Je ne désire pour moi que ce que tu désires, et par ton aide, je ne souhaite que ce que tu souhaites. Périsse l’âme qui recherche près de toi un autre que toi ! Je le jure par ta gloire ! Mon souhait le plus cher est ton bon plaisir et ton dessein mon plus grand espoir. Ô mon Dieu, aie pitié de cette pauvre créature qui s’accroche au pan du vêtement de tes richesses, de cette âme suppliante qui te conjure par ces mots : « Tu es en vérité le Seigneur de puissance et de gloire ! » Ô mon Dieu, aide Sa Majesté le Shah, à garder tes lois parmi tes serviteurs et à manifester ta justice parmi tes créatures, afin qu’il traite ces gens comme il traite les autres. Tu es, en vérité, le Dieu de pouvoir, de gloire et de sagesse.

(1.206)
Avec la permission du roi de ce jour, ce serviteur voyagea du siège de la souveraineté [nota : Téhéran] jusqu’en Irak où il séjourna douze ans. Pendant toute cette période, aucune explication sur notre situation ne fut présentée à la cour de ta présence et aucun rapport ne fut envoyé aux Puissances étrangères. Plaçant toute notre confiance en Dieu, nous restâmes dans ce pays jusqu’à l’arrivée d’un haut fonctionnaire [nota : Mírzá Buzurg Khán, Consul général persan à Bagdad] qui dès son arrivée entreprit le harassement de cette pauvre communauté d’exilés. À l’instigation de quelques soi-disant érudits et d’autres individus, il créa, jour après jour, des problèmes à ces serviteurs bien que ceux-ci n’aient jamais commis aucun acte répréhensible contre l’État et ses peuples ou contraire aux lois et coutumes des citoyens du royaume.

(1.207)
Craignant que les actes de ces transgresseurs produisent des effets contraires à ton jugement souverain, ce serviteur écrivit un bref récit de la situation à Mírzá Sa’íd Khán [nota : le Mu’taminu’l-Mulk, Mírzá Sa’íd Khán-i-Anṣarí, ministre des Affaires étrangères] des Affaires étrangères. Il aurait pu ainsi le soumettre à la royale présence de sorte qu’aurait été respecté quoique ce soit que tu aies décrété à ce sujet. Un long temps s’écoula, et aucun décret ne fut publié. Les choses en arrivèrent à un point tel que d’imminentes luttes et tueries furent à craindre. Le besoin de protéger les serviteurs de Dieu contraignit quelques-uns d’entre eux à faire appel au gouverneur d’Irak.

(1.208)
Si tu regardais ces évènements avec équité, il serait clair et évident dans le miroir de ton coeur que ce qui arriva était le résultat des circonstances et qu’il n’y avait pas d’autre choix. Sa Majesté elle-même constate que dans toutes les villes où réside un certain nombre de ces gens, l’hostilité de certains fonctionnaires a allumé la flamme de la dispute et de la discorde. Cette âme humble, depuis son arrivée en Irak, a interdit à tous de s’engager dans la lutte et les dissensions. Les témoins de ce serviteur sont ses actes, et tous savent et peuvent témoigner qu’en Irak, où vivent ces gens en nombre plus grand que nulle part ailleurs, jamais aucun d’eux n’a outrepassé ses limites, ni agressé ses voisins. Fixant leur regard sur Dieu et plaçant en lui toute leur confiance, ils vivent en paix maintenant depuis plus de quinze ans et, dans tous les évènements qui leur sont arrivés ils se sont montrés patients et résignés à la volonté de Dieu.

(1.209)
Après l’arrivée de ce serviteur en la cité d’Andrinople, quelques individus, d’Irak et d’ailleurs, s’enquirent du sens de l’expression « porter assistance à Dieu » qui est citée dans les Écritures saintes. On donna plusieurs réponses, dont l’une est formulée dans ce texte, qui peut prouver clairement, en la cour de ta présence, que ce serviteur n’a d’autre but que de promouvoir l’amélioration et le bien-être du monde. Et si certaines des faveurs divines qui, aussi indigne que je sois, me furent octroyées par le bon plaisir de Dieu ne sont pas évidentes et manifestes, il sera au moins établi que dans sa miséricorde et sa grâce infinies, il n’a pas privé mon coeur de l’ornement de la raison. Voici le passage concernant le sens de « porter assistance à Dieu ».

Il est Dieu. Que sa gloire soit exaltée !

(1.210)
Il est clair et évident que le seul vrai Dieu - Glorifiée soit sa mention ! - est sanctifié au-delà du monde et de tout ce qu’il contient. Par « porter assistance à Dieu » nous n’entendons pas qu’une âme doive se battre ou en affronter une autre. Le souverain Seigneur qui fait ce qui lui plaît a confié le royaume de la création, ses terres et ses mers, aux mains des rois qui sont, selon ce qu’il a décrété, les manifestations de son pouvoir divin. S’ils s’abritaient à l’ombre du Véridique, ils seraient considérés comme du parti de Dieu ; sinon, ton Seigneur sait vraiment et remarque tout.

(1.211)
Ce que Dieu - que son nom soit glorifié - désire pour lui-même, c’est le coeur de ses serviteurs, qui sont les trésors de son amour et de son souvenir ainsi que les châsses de sa connaissance et de sa sagesse. C’est le voeu permanent du Roi éternel de libérer le coeur de ses serviteurs des choses de ce monde et de tout ce qui en dépend afin qu’ils deviennent les dignes bénéficiaires de la splendeur de celui qui est le Roi de tous les noms et de tous les attributs. Ainsi, aucun étranger ne doit être admis dans la cité du coeur afin que l’Ami incomparable puisse entrer dans son foyer. Par là on entend la splendeur de ses noms et de ses attributs, non pas son essence exaltée car ce Roi incomparable a toujours été et sera toujours sanctifié de l’élévation et de l’abaissement.

(1.212)
Il s’ensuit que l’expression « porter assistance à Dieu » ne signifie pas, en ce jour, affronter quelqu’un ou entrer en conflit avec lui. Loin de là ! ce qui est préférable aux yeux de Dieu, c’est que les cités du coeur des hommes, qui sont dirigées par les armées de l’égoïsme et de la passion, soient soumises par l’épée de la parole, de la sagesse et de la compréhension. Ainsi, quiconque cherche à aider Dieu doit, avant toute chose, conquérir par l’épée du sens spirituel et de l’explication, la cité de son propre coeur, la protéger du souvenir de tout sauf Dieu et ensuite seulement partir à la conquête des cités du coeur des autres.

(1.213)
C’est cela le vrai sens de l’expression « porter assistance à Dieu ». La sédition n’a jamais plu à Dieu, pas plus qu’il n’accepta les actes commis dans le passé par certains sots. Sache qu’être tué dans la voie de son bon plaisir vaut mieux pour toi que tuer. En ce jour, les bien-aimés du Seigneur doivent se conduire parmi ses serviteurs, en sorte que leurs actes guident les hommes vers le paradis du Très-Glorieux.

(1.214)
Par celui qui brille à l’orient de sainteté ! Les amis de Dieu ne placent pas et ne placeront jamais leurs espoirs dans le monde et dans ses possessions éphémères. Le seul vrai Dieu a toujours considéré que le coeur des hommes lui appartient d’une manière exclusive. C’est aussi une expression de sa miséricorde qui surpasse tout, afin qu’ainsi les âmes mortelles soient épurées et sanctifiées de tout ce qui appartient au monde de poussière et entrent aux royaumes d’éternité. Sinon, ce Roi idéal, en lui-même et par lui-même, se suffit à lui-même et est indépendant de tout. L’amour de ses créatures ne saurait lui profiter et leur malveillance ne saurait lui nuire. Tous viennent de la poussière, tous retourneront à la poussière cependant que le vrai Dieu, le seul et l’unique, est établi sur son trône, un trône qui est au-delà du temps et de l’espace, sanctifié au-delà de toute parole ou expression, allusion, description et définition, exalté au-delà de toute notion d’abaissement et de glorification. Cela nul ne le sait sauf lui et ceux qui ont la connaissance du Livre. Il n’est de Dieu que lui, le Tout-Puissant, le Bienfaisant.

(1.215)
Mais il revient à la bienveillance du souverain d’examiner tous les problèmes avec l’oeil de la justice et de la miséricorde et de ne pas se contenter des accusations sans fondements de certains individus. Nous supplions Dieu d’aider généreusement le roi à accomplir ce qu’il Lui plaît ; en vérité, ce qu’il désire devrait être le désir de tous les mondes.

(1.216)
Plus tard, ce serviteur fut sommé de venir à Constantinople où nous arrivâmes en compagnie de quelques pauvres exilés. Nous n’avons jamais cherché à rencontrer quelqu’un puisque nous n’avions rien à demander et que notre seul but était de démontrer à tous que ce serviteur n’avait pas l’esprit malfaisant et ne s’était jamais associé à des semeurs de discorde. Par Celui qui pousse la langue de tous les êtres à chanter ses louanges, il fallut bien prendre des mesures pour protéger certaines âmes puisque certaines circonstances rendaient difficiles l’installation dans n’importe quel quartier. Mon Seigneur sait ce qui est en moi et il témoigne de la vérité de ce que je dis.

(1.217)
Un roi juste est l’ombre de Dieu sur la terre. Tous devraient chercher refuge à l’ombre de sa justice et se reposer à l’abri de ses faveurs. Il ne s’agit pas d’un sujet particulier ou limité dans ses perspectives, que l’on pourrait appliquer à l’un ou à l’autre car l’ombre nous rappelle celui qui la projette. Dieu, glorifié soit son souvenir, s’est appelé lui-même le Seigneur des mondes car il a nourri et nourrit toujours tout le monde. Et glorifiée soit sa grâce qui précède toutes choses créées et sa miséricorde qui surpasse les mondes.

(1.218)
Il est clair et évident que ceux qui se sont associés à cette Cause, qu’elle soit considérée par les autres comme juste ou non, l’ont acceptée comme vraie et qu’ils ont tout abandonné dans leur désir de participer aux choses divines. Qu’ils montrent une telle renonciation dans la voie de l’amour du Très-Miséricordieux est un témoignage fidèle et éloquent de la vérité de leurs convictions. A-t-on jamais vu un homme de bon sens sacrifier sa vie sans motif ni raison ? Il est tout aussi improbable de suggérer que ces gens ont perdu l’esprit, car une telle attitude n’est pas l’apanage d’une ou deux personnes. Au contraire, une grande multitude de gens venant de classes différentes burent leur content des eaux vivifiantes de la connaissance divine et, intoxiqués, se précipitèrent, coeur et âme, vers le champ du sacrifice dans la voie du Bien-aimé.

(1.219)
Si ces âmes, qui ont renoncé à tout sauf à Dieu par amour de lui et ont offert leur vie dans son sentier, doivent être vues comme des imposteurs, qu’offrent les autres pour prouver leurs assertions en ta présence ? Feu Hájí Siyyid Muhammad [nota : Áqá Siyyid Muhammad-i-Ṭabátabá’iy-i-Iṣfáhání, connu comme « Mujáhid »] - Que Dieu exalte son rang et le plonge dans l’océan de son pardon et de sa miséricorde ! - fut l’un des clercs les plus érudits de son temps, l’un des hommes les plus dévot et pieux. Il était si bien considéré que tous le louaient et reconnaissaient sa droiture et sa piété. Pourtant, lors de la guerre avec la Russie [nota : la seconde guerre russo-persane de 1825-28] lui qui avait signé le décret de la guerre sainte et qui, bannière au vent, avait quitté son pays natal pour défendre sa foi, abandonna, après la violence d’une brève échauffourée, toutes ses bonnes intentions et s’en retourna d’où il était venu. Si seulement le voile pouvait se lever et les yeux des hommes découvrir ce qui était jusqu’à présent caché !

(1.220)
Depuis plus de vingt ans, ces gens sont, jour et nuit, victimes du courroux furieux du souverain et les orages impétueux de son déplaisir les ont disséminés dans différents pays. Combien d’enfants devinrent orphelins et combien de pères perdirent leurs fils ! Combien de mères n’eurent pas le courage, sous la peur ou la menace, de pleurer leurs enfants assassinés ! Combien qui, riches et influents le soir, se virent au matin destitués et profondément humiliés ! Il n’est pas de pays dont le sol ne soit pas teinté de leur sang et nul endroit du ciel où leurs soupirs ne soient pas montés. Au long des années, les flèches des tourments n’ont cessé de pleuvoir des nuages de la volonté divine et malgré toutes ces calamités, toutes ces tribulations, la flamme de l’amour divin brûle toujours dans leur coeur au point que si l’on déchiquetait leurs corps, non seulement ils n’abandonneraient pas leur amour de celui qui est le Bien-Aimé des mondes, mais ils accueilleraient de tout coeur ce qui peut leur advenir dans le chemin de Dieu.

(1.221)
Ô roi, les brises de la grâce du Très-Miséricordieux ont transformé ces serviteurs et les ont attirés jusqu’à sa Cour sacrée. «Les preuves d’un vrai amour se voient sur les manches de l’amant ». Et pourtant, quelques soi-disant érudits ont troublé le coeur lumineux du roi de ce jour, concernant ces âmes qui gravitent autour de la tente du Très-Miséricordieux et cherchent à atteindre le sanctuaire de la vraie connaissance. Si seulement Sa Majesté daignait décider que ce serviteur soit mis face à face avec les religieux de ce temps afin qu’il produise des preuves et des témoignages en présence de sa majesté le Shah ! Ce serviteur est prêt et il place en Dieu son espoir que cette réunion sera organisée afin que la vérité de cette question soit claire et évidente devant Sa Majesté le Shah. C’est à toi d’ordonner et je me tiens prêt devant le trône de ta souveraineté. Décide donc, pour ou contre moi.

(1.222)
Dans le Coran, son témoignage éternel à tous les peuples du monde, le Très-Miséricordieux affirme : « Souhaitez la mort si vous êtes des hommes de vérité » [voir Coran : 2.94 ; 62.6]. Vois comme il a désigné le désir de la mort comme preuve de la sincérité ! Et ton jugement lumineux sait clairement, sans aucun doute et avec évidence, lesquels ont choisi, en ce jour, de donner leur vie dans le sentier du Bien-Aimé des mondes. Si l’on écrivait des livres exposant les croyances de ces gens avec le sang qu’ils ont répandu dans le sentier de Dieu - exalté soit sa gloire ! - on pourrait déjà en lire d’innombrables volumes.

(1.223)
Nous osons demander comment il est possible d’attaquer ces gens dont les actes sont en conformité avec leurs paroles et de croire plutôt ceux qui refusent d’abandonner un iota de leur autorité mondaine dans le chemin de celui qui est l’Indépendant ? Quelques-uns des religieux qui ont déclaré infidèle ce serviteur ne m’ont jamais rencontré. Sans m’avoir jamais vu, sans connaître mon dessein, ils ont parlé et agi selon leur désir. Pourtant, chaque prétention exige une preuve et pas seulement des mots et des étalages d’apparente piété.

(1.224)
À ce propos, plusieurs passages du Livre caché de Fátimih - que Dieu la bénisse ! - sont pertinents et seront cités en persan afin que certains sujets, jusqu’à maintenant cachés, soient révélés en ta présence. Les personnes à qui s’adresse ce livre, qu’on appelle aujourd’hui Les paroles cachées, sont celles qui, bien que connues pour leurs apparentes connaissance et piété, ne sont au fond d’eux-mêmes qu’esclaves de l’égoïsme et de la passion.

(1.225)
Il dit : Ô vous qui êtes sots et cependant, passez pour sages ! Pourquoi prenez-vous l’apparence de bergers alors qu’au fond, vous êtes devenus des loups acharnés contre mon troupeau ? Vous êtes comme l’étoile qui précède l’aurore, elle paraît brillante et lumineuse alors qu’elle égare les voyageurs de ma cité sur les chemins de perdition.

(1.226)
De même, il dit : Ô vous qui paraissez justes, mais qui au fond êtes perfides ! Vous êtes comme une eau claire et amère apparemment pure comme du cristal, mais le divin Dégustateur n’en accepte aucune goutte. Certes, le rayon de soleil tombe sur la poussière comme sur le miroir, mais leur reflet diffère comme diffère l’étoile de la terre ; immense est la différence !

(1.227)
Il dit encore : Ô essence de désir ! Bien des fois, à l’aurore, depuis les royaumes de l’infini, je suis venu vers ta demeure et t’ai trouvé sur la couche de repos, occupé avec d’autres que moi. Aussi, tel l’éclair de l’esprit, je suis retourné au royaume de gloire céleste et, dans mes retraites d’en-haut, je n’en ai soufflé mot aux armées de sainteté

(1.228)
Et de nouveau, il dit : Ô esclave du monde ! Que de fois, à l’aurore, la brise de ma tendre bonté est passée sur toi et t’a trouvé profondément endormi. Alors, pleurant sur ta condition, elle est repartie d’où elle était venue. [voir : « Paroles cachées » en persan : 24, 25, 28 et 30]

(1.229)
Ainsi, dans l’exercice de la justice royale, il n’est pas suffisant d’écouter le seul plaignant. Dans le Coran, la balance qui distingue sans erreur le vrai du faux, Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Si un méchant homme vous apporte une nouvelle, vérifiez-la de suite, de peur que par ignorance vous ne fassiez du mal à d’autres et que vous vous repentiez ensuite de ce que vous avez fait » [voir : Coran 49.6]. Les saintes traditions contiennent en outre ce conseil : «Ne croyez pas le conteur d’histoires » Certains des religieux qui ne nous ont jamais vu ont mal interprété la nature de notre cause. Mais ceux qui nous ont rencontré témoigneront que ce serviteur ne parle qu’en accord avec ce que Dieu commande dans le Livre et qu’il a rappelé ce verset béni - qu’exaltée soit sa parole - : « Nous rejetez-vous seulement parce que nous croyons en Dieu, en ce qu’il nous a révélé et en ce qu’il révéla dans le passé ? [voir : Coran 5.59 - « De quoi nous accusez-vous ? Sinon de croire en Dieu, à ce qui est descendu vers nous et à ce qui était descendu auparavant ? »]

(1.230)
Ô roi de ce temps ! les yeux de ces réfugiés se tournent vers le Très-Miséricordieux et comptent sur sa clémence. Il ne fait aucun doute que ces tribulations seront suivies par une effusion de grâce divine et qu’à ces dures adversités succèdera une prospérité abondante. Nous osons pourtant espérer que Sa Majesté, le Shah, examinera lui-même ces questions et apportera de l’espoir au coeur. Ce que nous soumettons à ta majesté n’est vraiment que pour ton plus grand bien. En vérité, Dieu m’en est un témoin suffisant.

(1.231)
Glorifié sois-tu, ô Seigneur, mon Dieu ! Je témoigne que le coeur du roi est vraiment entre les doigts de ton pouvoir. Si c’est ton souhait, ô mon Dieu, incline le vers la charité et la miséricorde. Tu es, en vérité, le Tout-Puissant, le Très-Exalté, le Très-Généreux. Il n’est de Dieu que toi, le Très-Glorieux, celui dont tous recherchent le secours.

(1.232)
En ce qui concerne les qualités des érudits, il dit : « Si, un érudit reste calme, défend sa foi, réfrène ses désirs et obéit aux commandements de son Seigneur, tous se doivent de l’imiter... » [nota : tradition attribuée au onzième Imám, Abú Muhammad al Hasan al-’Askarí]. Si le roi de ce jour méditait cette affirmation, sortie de la bouche de celui qui est l’Aurore de la révélation du Très-Miséricordieux, il réaliserait que ceux qui sont ornés des attributs énumérés dans cette sainte tradition sont plus rares que la pierre philosophale. Il s’ensuit que tout le monde ne peut prétendre à un savoir digne d’être cru.

(1.233)
Concernant les religieux du Temps de la fin, il dit encore : « Les docteurs en religion de ces jours-là seront les religieux les plus vicieux qu’ont aie vus sous les cieux. D’eux sortira la malfaisance et vers eux elle retournera. » Il dit aussi : « Quand l’étendard de la vérité sera visible, les peuples de l’Orient et de l’Occident le maudiront » [nota : tradition attribuée au sixième Imám, Abú ‘Abdu’lláh Ja’far aṣ-Sádiq]. Si quelqu’un conteste ces traditions ce serviteur entreprendra d’établir leur validité car, par souci de brièveté, on a omis de citer les détails de leur transmission.

(1.234)
Les théologiens qui ont bu à la coupe de la renonciation n’ont jamais fait obstacle à ce serviteur. Ainsi, par exemple, Shaykh Murtadá [nota : Shaykh Mutadáy-i-Anṣarí, un éminent mujtahid] - Que Dieu exalte son rang et fasse qu’il repose à l’ombre de sa grâce ! - nous a traité avec bonté lors de notre séjour en Irak et n’a jamais parlé de cette cause autrement que selon ce que Dieu permet. Nous supplions Dieu d’aider généreusement chacun à faire sa volonté et son bon plaisir.

(1.235)
Pourtant, ils ont maintenant tous perdu de vue toute autre considération et ils ne font que persécuter ces gens. Ainsi de certaines personnes qui, par la grâce de leur Seigneur, reposent à l’ombre de ta royale miséricorde et jouissent de faveurs innombrables, à qui l’on demanderait : « Quel service avez-vous rendu en retour de ces faveurs royales, avez-vous, par une politique habile, annexé un nouveau territoire au royaume, vous êtes-vous consacrés exclusivement à ce qui assurerait le bien-être du peuple, la prospérité du royaume et la gloire durable de l’État ? », la seule réponse est de désigner en ta royale présence un groupe de gens comme étant, à tort ou à raison, bábís et de pratiquer ensuite massacres et pillage. À Tabríz par exemple, comme dans la ville égyptienne de Manṣúríyyih, plusieurs personnes furent ainsi rançonnées, de grandes sommes d’argent volées, et pourtant aucun rapport ne fut fait sur ces évènements à la cour de ta présence.

(1.236)
Tout cela est arrivé parce que, trouvant ces infortunés sans protection, leurs persécuteurs oublièrent les problèmes plus importants et consacrèrent leur temps à harasser ces malheureux. Nombreuses sont les confessions et diverses sont les croyances qui vivent en paix à l’ombre de ta souveraineté. Fais que ces gens soient comptés parmi elles. Ceux qui servent le roi devraient être animés par des buts si élevés et des intentions si sublimes qu’ils s’efforceraient constamment de placer toutes les religions à l’abri de son ombre et de les administrer en parfaite justice.

(1.237)
Appliquer les lois de Dieu n’est que justice et c’est la source du bien-être général. Bien mieux, les lois divines ont toujours été et seront toujours la cause et l’instrument de la protection de l’humanité, ainsi qu’en témoignent ses paroles exaltées : « Dans la punition vous trouverez la vie, ô hommes de compréhension ! » [voir : Coran 2.179] Mais il ne convient pas à la justice de Ta Majesté que tout un groupe soit soumis à la verge de ton courroux pour la faute d’une seule âme. Le seul vrai Dieu - glorifié soit son nom ! - dit : « Aucune ne portera le fardeau d’une autre » [voir : Coran 6.164 ; 17.15 ; 35.18 ; 39.7 ; 53.38] Il est clair et évident qu’en chaque communauté il y a toujours eu et il y aura toujours l’érudit et l’ignorant, le sage et le sot, le débauché et le pieux. Qu’une âme sage et réfléchie commette un acte odieux est très improbable car une telle personne, soit recherche ce monde, soit le rejette. Dans le second cas, il ne regarderait rien d’autre que Dieu et la crainte de Dieu l’empêcherait encore plus de commettre tout acte illégal ou répréhensible. Dans le premier cas, il éviterait certainement tout acte qui alarmerait et ferait peur aux gens, il agirait de telle sorte qu’il gagnerait leur confiance. Il est donc évident que des actes répréhensibles ont toujours été accomplis, et le seront toujours, par des âmes sottes et ignorantes. Nous implorons Dieu d’empêcher ses serviteurs de se tourner vers tout autre que lui et de les attirer vers sa présence. Son pouvoir, en vérité, égale tout.

(1.238)
Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Tu entends la voix de mes lamentations, tu vois ma condition, ma détresse, mon affliction. Tu sais tout ce qui est en moi. Si je ne lance cet appel que par amour de toi, attire le coeur de tes créatures vers le paradis de ta connaissance et le coeur du souverain vers la droite du trône de ton nom, le Très-Miséricordieux. Ô mon Dieu, accorde-lui une part de cette bonne nourriture qui vient du ciel de ta générosité et des nuages de ta miséricorde afin qu’il renonce à tout et se tourne vers la cour de ta faveur. Aide-le ô mon Dieu, à soutenir ta cause et à exalter ton verbe parmi tes créatures. Renforce-le des armées visibles et invisibles afin qu’il conquière toutes les villes en ton nom et domine, par ta souveraineté et ton pouvoir, tout ce qui vit sur terre. Ô toi qui tiens entre tes mains le royaume de la création ! Tu es l’Ordonnateur suprême du commencement à la fin. Il n’est de Dieu que toi, le Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Sage.

(1.239)
Notre cause a été si dénaturée en ta royale présence que chaque acte inconvenant commit par l’un de ses adeptes, est présenté comme suscité par leurs croyances. Par celui auprès de qui il n’est pas d’autre Dieu, ce serviteur a refusé de sanctionner le fait de commettre des actions réprouvées, que dire alors de celles qui sont explicitement interdites dans le Livre de Dieu.

(1.240)
Dieu interdit aux hommes de boire du vin et cette interdiction est révélée et inscrite dans son Livre. Malgré tout et en dépit du fait que les érudits d’aujourd’hui - que Dieu augmente leur nombre ! - ont interdit à tous cet acte misérable, quelques-uns le font toujours. La punition qu’un tel acte appelle, ne doit pourtant s’appliquer qu’aux négligents qui l’accomplissent alors que les nobles Manifestations de la sainteté suprême sont sanctifiées et exemptes de tout blâme. En fait, toute la création visible et invisible, témoigne de leur sainteté.

(1.241)
Ces serviteurs regardent le seul vrai Dieu comme étant celui qui « fait ce qu’il veut » [voir : Coran 3.40 ; 14.27 ; 22.18] et qui « ordonne ce qui lui plaît » [voir : Coran 5.1]. C’est pourquoi ils ne voient pas comme impossible l’apparition continue dans le monde contingent des Manifestations de son unité. Si quelqu’un croit le contraire, comment peut-il être différent de ceux qui croient que Dieu est « enchaîné » ? [voir : Coran 5.64] Et si le seul vrai Dieu - Glorifiée soit sa mention ! doit être vraiment considéré comme libre, alors toute cause qu’il plaît à cet ancien Roi de manifester depuis la source de son commandement doit être embrassée par tous. Il n’y a de refuge pour personne et nul abri où se précipiter si ce n’est auprès de Dieu ; il n’y a de protection pour personne et nul abri si ce n’est auprès de lui.

(1.242)
La condition essentielle de celui qui avance une prétention c’est de pouvoir la prouver par des preuves et des témoignages évidents. Sinon, le rejet par les hommes, qu’ils soient ignorants ou érudits, n’a et n’a jamais eu d’importance. Les prophètes de Dieu, ces perles de l’océan de l’unité divine et dépositaires de la révélation divine, ont toujours été rejetés et refusés par les hommes. Comme il dit : « Chaque nation couvait de mauvais desseins contre son Messager pour s’en saisir ; on disputait avec des mensonges pour détruire la vérité » [voir : Coran 40.5] et aussi : « Aucun messager n’est venu vers eux qu’ils ne l’eussent pris pour l’objet de leurs railleries. » [voir : Coran 36.30]

(1.243)
Considère la révélation de celui qui est le Sceau des prophètes et le Roi des élus - que les âmes de toute l’humanité soient offertes par amour de lui ! Le soleil de vérité s’étant élevé au-dessus de l’horizon du Hijáz, grandes furent alors les cruautés que les tenants de l’erreur infligèrent à cette incomparable manifestation du Très-Glorieux ! Leur irréflexion était telle qu’ils considéraient chaque blessure infligée à cet être sacré comme un acte des plus louable, comme un moyen d’arriver à Dieu, le Très-Haut. Car dans les premières années de sa mission les religieux de ce temps, qu’ils fussent juifs ou chrétiens, se détournaient de ce Soleil du ciel de gloire et tous, grands ou petits, s’affairaient à éteindre la lumière de cet Astre de l’horizon du sens spirituel. Le nom de ces religieux sont mentionnés dans les livres anciens ; parmi eux on trouve Wahb Ibn-i-Ráhib, Ka’b Ibn-i-Ashraf, ‘Abdu’lláh-i-Ubayy et d’autres tous pareils.

(1.244)
Les choses en arrivèrent au point où ces hommes se réunirent et conspirèrent pour répandre son sang pur, comme Dieu - glorifiée soit sa mention ! - le dit : « Et souviens-toi quand les infidèles tramaient un complot contre toi, quand ils voulaient te saisir, te tuer ou te chasser, Dieu, à son tour, complota contre eux, et certes Dieu est le plus habile à nouer un complot. » [voir : Coran 8.30] Il dit aussi : « Leur opposition te pèse ; certes, si tu le pouvais, tu désirerais pratiquer un antre dans la terre ou une échelle pour monter au ciel, afin de leur montrer un mirage. Si Dieu voulait, ils se réuniraient tous dans la direction du chemin droit. Ne soit donc pas du nombre des ignorants. » [voir : Coran 6.35] Par Dieu ! le coeur de ses favoris se consume devant le sens de ces deux versets bénis. Ces faits, bien établis et indiscutables, sont oubliés et plus personne, ni hier ni aujourd’hui, ne s’arrête pour réfléchir à ce qui fit les hommes se détourner des Révélateurs de la lumière de Dieu au temps de leur manifestation.

(1.245)
De même, avant l’apparition du Sceau des Prophètes, considère Jésus, fils de Marie. Quand cette manifestation du Très-Miséricordieux se révéla, tous les prêtres accusèrent cette quintessence de la foi d’impiété et de rébellion. Finalement, avec la caution d’Anne, le plus érudit des prêtres de son temps et de Caïphe, le grand prêtre, sa personne bénie souffrit ce que la plume a honte de mentionner et est impuissante à décrire. Le monde entier dans toute sa grandeur ne pouvait plus le contenir et Dieu finit par l’élever jusqu’aux cieux.

(1.246)
Conter en détail l’histoire de tous les Prophètes serait fastidieux. Les docteurs de la Torah, par exemple, affirment qu’aucun prophète indépendant ne viendra avec une nouvelle loi après Moïse. Ils affirment qu’un rejeton de la maison de David sera manifesté, qui promulguera la Loi de la Torah et contribuera à établir et à appliquer ses commandements tant en l’Orient qu’en Occident.

(1.247)
Les disciples de l’Évangile tenaient aussi pour impossible qu’après Jésus, fils de Marie - que la paix soit sur lui ! - le porteur d’une nouvelle révélation brille de nouveau à l’orient de la volonté de Dieu. Pour preuve de cette position, ils s’appuient sur le verset suivant de l’Évangile : « Le ciel et la terre passeront, mais les paroles du Fils de l’homme ne passeront pas. » [voir : Matthieu, 24.35, Marc 13.31, Luc 21.33] Ils maintiennent que ni les enseignements ni les commandements de Jésus - Paix sur lui ! - ne peuvent jamais être altérés.

(1.248)
Il dit dans l’Évangile : « Je m’en vais et je reviendrai » [voir : Jean 14.28] De même, dans l’évangile de Jean, il prédit la venue d’un Consolateur qui viendra après lui [voir : Jean 14.16, 14.26, 15.26, 16.7]. Dans l’évangile de Luc aussi un certain nombre de signes et de prodiges sont mentionnés. Certains religieux de cette religion ont pourtant interprété ces affirmations selon leur fantaisie et n’ont pas réussi à comprendre leur vrai sens.

(1.249)
Ô Shah, si seulement tu pouvais me permettre de t’envoyer ce qui réjouirait les yeux, calmerait les âmes et persuaderait toutes personnes équitables qu’il a la connaissance du Livre. Certains, incapables de répondre aux objections élevées par ses opposants, prétendent que la Torah et l’Évangile ont été corrompus ; en réalité, les références à la corruption ne concernent que certains cas précis. Sans le rejet des sots et la connivence des religieux, j’aurais prononcé un discours qui aurait ravi les coeurs, les transportant jusqu’en un royaume d’où l’on perçoit dans le murmure des vents : Il n’est de Dieu que Lui ! ». Mais le temps n’est pas encore venu, aussi la langue de mon éloquence est-elle immobile et le vin de l’explication reste-t-il scellé jusqu’à ce que Dieu, par la force de son pouvoir, daigne l’inaugurer. Il est le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(1.250)
Loué sois-tu, ô Seigneur mon Dieu ! Par ton Nom, par lequel tu soumets tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, je te demande de protéger la lampe de ta cause au sein du globe de ton omnipotence et de ta généreuse faveur, de crainte que ceux qui sont insouciants des mystères de ton nom, l’Indépendant, ne l’exposent aux coups de la dénégation. Que l’huile de ta sagesse augmente alors la radiance de sa lumière ! Tu as vraiment pouvoir sur tous les habitants de la terre et du ciel.

(1.251)
Ô mon Seigneur, par ton Verbe très exalté qui frappe de terreur le coeur de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, à l’exception de ceux qui tiennent fermement ta Poignée sûre, je t’implore de ne pas m’abandonner au milieu de tes créatures. Élève-moi vers toi, fais-moi entrer à l’ombre de ta miséricorde et donne-moi à boire du vin pur de ta providence afin que je vive sous la tente de Ta Majesté, sous le dais de ta bienveillance. Tu as le pouvoir de faire ce qui te plaît. Tu es vraiment le Secours, l’Absolu.

(1.252)
Ô roi, la lampe de la justice est éteinte et le feu de la tyrannie brûle de tout côté à tel point que mon peuple fut conduit captif de Zawrá’ [nota : Bagdad] vers Mosul, connue sous le nom de Hadbá’. Ce n’est pas le premier outrage subi dans la voie de Dieu. Chacun doit examiner ce qui est arrivé aux parents du Prophète lorsqu’on les entraîna, captifs, jusqu’à Damas, connue sous le nom de Fayhá’. Parmi eux, on trouvait le prince des adorateurs de Dieu, le soutien de ceux qui sont proches de Lui, le sanctuaire de ceux qui recherchent sa présence - que la vie de tous lui soit offerte en sacrifice ! [nota : ‘Alí Ibn Husayn, connu comme « Zaynu’l-Ábidín », le deuxième fils de l’Imám Husayn, qui devint le quatrième Imám]

(1.253)
On leur demanda : «Êtes-vous du parti des Sortants ? » [voir : Coran 57.16] Ils répliquèrent : « Par le Seigneur Tout-Puissant, nous sommes des serviteurs qui croient en Dieu et en ses versets. Grâce à nous, le visage de la foi resplendit de joie. Grâce à nous le signe du Très-Miséricordieux brille. À la mention de nos noms le désert de Bathá [nota : La Mecque] se couvre d’eau et l’obscurité qui sépare le ciel et la terre s’évanouit.

(1.254)
On leur demanda : « Avez-vous interdit ce que Dieu a rendu légal, ou permis ce qu’il a interdit ? » Il répondit : « Nous sommes les premiers à suivre les commandements divins. Nous sommes la racine et l’origine de sa cause, le début de tout bien et sa fin. Nous sommes le signe de l’Ancien des Jours et son souvenir parmi les nations »

(1.255)
On leur demanda : « Avez-vous oublié le Coran ? » Il répondit : « C’est dans notre maison que le Très-Miséricordieux le révéla. Nous sommes les brises du Très-Glorieux parmi sa création. Nous sommes les eaux qui jaillissent du très grand Océan et par lesquelles Dieu revivifie la terre, et la revivifiera encore après sa mort. Grâce à nous ses signes se diffusent, ses preuves se révèlent, ses symboles se dévoilent. Nous connaissons ses sens cachés et ses mystères inouïs. »

(1.256)
On leur demanda : « Pour quel crime êtes-vous punis ? » Il répondit : « Pour notre amour de Dieu et notre détachement de tout sauf de lui. »

(1.257)
Que la paix soit sur lui ! Nous n’avons pas relaté ses paroles exactes, nous avons plutôt dispensé quelques gouttes de cet océan de vie éternelle qui gît en elles afin que ceux qui entendent soient ranimés et prennent conscience de ce qui est arrivé aux fidèles de Dieu livrés aux mains d’une génération méchante et égarée. Nous voyons aujourd’hui les gens blâmer les oppresseurs du passé alors qu’eux-mêmes commettent des vilenies encore plus grandes et ne le savent pas !

(1.258)
Dieu m’est témoin que mon but n’est pas de fomenter la sédition mais de purifier ses serviteurs de tout ce qui les empêche de s’approcher de lui, le Seigneur du Jour du jugement. J’étais endormi sur ma couche et voilà que les brises de mon Seigneur, le Très-Miséricordieux, soufflèrent sur moi, me tirèrent de mon sommeil et me forcèrent à élever la voix entre ciel et terre. Cela ne vient pas de moi, mais de Dieu. En témoignent les habitants de son Empire et de son Royaume, ainsi que les citoyens des villes de sa gloire impérissable. Par lui qui est la vérité, je ne crains ni tribulation en son chemin, ni affliction en raison de mon amour pour lui et dans le sentier de son bon plaisir. En vérité, Dieu a voulu que l’adversité soit une rosée matinale pour son vert pâturage et une mèche pour sa lampe qui éclaire le ciel et la terre.

(1.259)
La fortune d’un homme dure-t-elle toujours ? Peut-elle le protéger de celui qui, avant peu, le saisira par les cheveux ? En contemplant ceux qui dorment dans les tombes, couchés dans la poussière, peut-on distinguer le crâne effrité du souverain des os désagrégés d’un de ses sujets ? Par celui qui est le Roi des rois, peut-on faire la différence entre le suzerain et le vassal, entre le riche, le nanti, et celui qui n’avait ni chaussures ni matelas ? Par Dieu ! toute distinction est gommée sauf pour ceux qui défendirent le droit et gouvernèrent avec justice.

(1.260)
Où sont les érudits, les religieux, les potentats du passé ? Que sont devenues leurs vues pénétrantes, leur perception sagace, leurs idées subtiles et leurs sages décisions ? Où sont leurs coffres cachés, leurs ornements prétentieux, leurs couches dorées, leurs tapis et leurs coussins éparpillés ? Disparue à jamais leur génération ! Tous ont péri et, par décret de Dieu, rien ne reste d’eux que poussière disséminée. Dissipée la richesse qu’ils avaient accumulée, dispersées les réserves qu’ils avaient thésaurisées, épuisés les trésors qu’ils avaient cachés ! On ne voit plus que leurs demeures désertes, leurs maisons sans toit, leurs arbres déracinés et leur splendeur flétrie. Aucun homme perspicace ne laissera la richesse le distraire de son objectif ultime, aucun homme de compréhension ne laissera la fortune l’empêcher de se tourner vers celui qui possède tout, le Très-Haut.

(1.261)
Où est celui qui dominait partout où brille le soleil, qui vivait avec extravagance, et recherchait les pompes de la terre et de tout ce s’y trouve ? Où est le commandeur de la légion basanée qui portait haut l’étendard doré ? Où est le dirigeant de Zawrá’, le tyran de Fayhá’? [nota : les Abassides dont la forteresse était Zawrá (Bagdad) étaient célèbres par leur légion basanée tandis que les Omeyyades dont la forteresse était Fayhá’ (Damas) avaient des étendards rouges et or] Où sont ceux dont la munificence faisait honte aux trésors de la terre, dont les largesses et l’enflure orgueilleuse humiliaient l’océan lui-même ? Où est celui qui leva le bras en signe de rébellion et se retourna contre le Très-Miséricordieux ?

(1.262)
Où sont ceux qui recherchèrent les plaisirs terrestres et les fruits des désirs charnels ? Ou se sont enfuies leurs belles et charmantes femmes ? Où sont leurs arbres ondulants, leurs buissons verdoyants, leurs beaux manoirs, leurs jardins bien dessinés ? Et qu’en est-il des délices de ces jardins : le sol meuble, les brises fraîches, le murmure des ruisseaux, le chuchotement du vent, le roucoulement des colombes et le bruissement des feuilles ? Où sont maintenant leurs matins splendides et les sourires qui éclairaient leurs visages ? Hélas ! ils ont tous péri et reposent maintenant sous un dais de poussière. Nul n’en parle ni ne les mentionne, nul ne connaît leur histoire et rien ne reste de leurs traces.

(1.263)
Quoi ! Va-t-on contester ce dont on est témoin ? Va-t-on nier ce qu’on sait être vrai ? Quelle confusion ! ne voit-on pas qu’on est embarqué pour un voyage dont on ne revient pas ? Va-t-on longtemps encore errer de montagne en vallée, de colline en ravin ? « N’est-ce pas le temps, pour les croyants, d’humilier leur coeur à la mention de Dieu ? » [voir : Coran 57.16] Heureux celui qui a dit ou qui dira : « Oui, par mon Seigneur ! voici que le temps est venu, que l’heure a sonné ! » et qui, ensuite, se détachera de tout ce qui fut et se donnera entièrement à celui qui est le Possesseur de l’univers et le Seigneur de toute la création.

(1.264)
Et pourtant, quelle espérance ! Car rien ne se récolte qui n’ait été semé, et rien n’est relevé qui n’ait été couché [voir : Luc 19.21] si ce n’est par la grâce et les dons du Seigneur. Le monde a-t-il déjà conçu dans son sein celui dont les voiles de gloire ne l’empêchent pas de monter jusqu’au royaume de son Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Haut ? Nous appartient-il encore d’accomplir ces actes qui dissipent nos afflictions et nous rapprochent de celui qui est la Cause des causes ? Nous supplions Dieu de nous traiter avec générosité, non avec justice, et de nous accorder d’être de ceux qui se sont tournés vers leur Seigneur et se sont détachés de tout le reste.

(1.265)
Ô Shah ! J’ai subi dans le sentier de Dieu ce qu’aucun oeil n’a vu et aucune oreille entendu. Mes connaissances m’ont répudié et mes chemins se sont étrécis. La fontaine du bien-être s’est asséchée et la demeure confortable est tombée en ruine. Nombreuses sont les épreuves qui ont plu et pleuvront bientôt sur moi ! Je m’avance, le visage tourné vers le Tout-Puissant, le Très Généreux, tandis que derrière moi rampe le serpent. Mes yeux ont tant pleuré que mes larmes ont trempé ma couche.

(1.266)
Mais ce n’est pas sur moi que je m’attriste. Par Dieu ! ma tête désire ardemment la lance pour l’amour de son Dieu. Je ne suis jamais passé près d’un arbre sans que mon coeur ne lui dise : « Ô ! puisses-tu être abattu en mon nom pour que mon corps soit crucifié sur toi, dans le chemin de son Seigneur ! » car je vois les gens errer dans l’affliction et inconscients dans leur stupeur éthylique. Ils adorent leurs passions et ont détrôné leur Dieu. Peut-être ont-ils pris sa cause pour une plaisanterie et la considèrent-ils comme un jouet ou un passe-temps, tout en pensant qu’ils font le bien et vivent en sécurité dans la citadelle de sûreté. Cependant les choses ne sont pas ce qu’ils aiment imaginer : ils découvriront demain ce qu’aujourd’hui ils nient.

(1.267)
Avant peu les riches et les puissants nous banniront du pays d’Andrinople vers la ville d’Acre. On raconte que c’est la plus désolée des villes du monde, la plus désagréable en apparence, au climat le plus détestable et à l’eau la plus immonde. Elle ressemble à une ville de hiboux dans l’enceinte de laquelle on n’entend que leur cri. C’est là qu’ils ont décidé d’emprisonner cet Adolescent, de nous refuser l’accès au bien-être et au confort et de nous priver de tous les bienfaits terrestres pour le reste de nos jours.

(1.268)
Par Dieu ! la fatigue m’abat, la faim m’épuise, la roche nue me sert de lit et les bêtes sauvages sont mes compagnons, mais je ne me plaindrai pas, je le supporterai patiemment comme tant d’autres l’ont supporté avec patience, constance et fermeté par le pouvoir de Dieu, l’éternel Souverain, le Créateur des nations. Et je rendrai grâce à Dieu en toutes circonstances. Nous prions pour que, dans sa bonté, Dieu - loué soit-il - délivre, par cet emprisonnement, les hommes des chaînes et des fers, et leur permette de se tourner, avec sincérité, vers la face de celui qui est le Tout-Puissant, le Généreux. Il est prêt à répondre à quiconque l’invoque et il est proche de celui qui communie avec lui. Nous le supplions aussi de faire de cette sombre épreuve un bouclier pour le temple de sa cause et de la protéger des assauts des épées aiguisées et des poignards affûtés. L’adversité a toujours donné lieu à l’élévation de sa cause et à la glorification de son nom. Telle est la méthode de Dieu depuis des siècles et des âges. Ce qu’aujourd’hui les gens ne peuvent comprendre, ils le découvriront bientôt, le jour où leur monture trébuchera, où leurs atours seront repliés, leurs lames émoussées et où leurs pieds achopperont.

(1.269)
Je ne sais pas pendant combien de temps ils éperonneront le destrier de l’ego et des passions pour se perdre dans le désert de l’erreur et de la négligence. La pompe du puissant ou le malheur de l’humilié dureront-ils ? Celui qui repose sur le siège le plus élevé, au pinacle de la gloire et de la puissance, y restera-t-il toujours ? Non ! par mon Seigneur, le Très-Miséricordieux. Tout ce qui est sur la terre passera. Seule restera la face de Dieu, le Très-Glorieux, le Très-Généreux. [voir : Coran 55.26]

(1.270)
Quelle armure n’est pas percée par la flèche de destruction et quel front royal n’est pas dépouillé par la main du destin ? Quelle forteresse résiste à l’approche du messager de la mort, quel trône n’est pas réduit en pièces, quel palais changé en ruines ? Si ces gens goûtaient au vin choisi par la miséricorde de son Seigneur, le Tout-Puissant, l’Omniscient, et mis en réserve pour eux dans l’au-delà, ils arrêteraient leur censure et ne rechercheraient que le bon plaisir de cet Adolescent. Pourtant, ils m’ont caché derrière un voile de noirceur tissé par les mains des désirs oiseux et des vaines imaginations. Avant peu, la main nivéenne de Dieu déchirera la noirceur de cette nuit et ouvrira un grand portail dans cette ville. Alors ils y pénétreront par troupes en proclamant ce que les accusateurs proclamaient dans le passé [voir : Coran 12.31], ainsi sera manifeste à la fin ce qui apparut au commencement.

(1.271)
Désirent-ils s’attarder ici alors qu’ils ont déjà un pied dans l’étrier ? Veulent-ils revenir alors qu’ils s’en sont allé ? Non, par celui qui est le Seigneur des seigneurs ! pas avant le jour du jugement, le jour où les hommes sortiront de leurs tombes et devront rendre compte. Bienheureux celui qui ne sera pas écrasé par son fardeaux ce jour-là, le jour où les montagnes disparaîtront et où tous seront réunis pour être interrogés en présence de Dieu, le Très-Exalté. Sévère est-il dans ses punitions !

(1.272)
Nous supplions Dieu de purger le coeur de certains religieux de l’inimitié et de l’hostilité afin qu’ils regardent les choses d’un oeil dégagé de mépris. Puisse-t-il les élever jusqu’à un état où ni l’attrait du monde ni la fascination pour le pouvoir ne parviendront à détourner leur regard de l’horizon suprême et où ni les bienfaits terrestres ni les désirs charnels ne les empêcheront d’arriver à ce jour où les montagnes seront réduites en poussière. Ils se réjouissent aujourd’hui des malheurs qui nous atteignent mais bientôt viendra le temps où ils se lamenteront et pleureront. Par mon Seigneur ! si je pouvais choisir entre, d’une part, la richesse et l’opulence, le confort et l’aisance, les honneurs et la gloire qu’ils connaissent et, d’autre part, les adversités et les épreuves qui sont miennes, je choisirais sans hésiter ma présente condition et je refuserais d’échanger un seul atome de ces malheurs contre tout ce qui fut créé dans le monde de l’être.

(1.273)
Si ce n’était pour les épreuves que j’ai subies dans le chemin de Dieu, la vie n’aurait pour moi aucune douceur et mon existence ne m’aurait pas profité. Pour ceux qui sont dotés de discernement et dont les yeux sont fixés sur cette vision sublime, ce n’est pas un secret que je fus, pendant presque toute ma vie, comme un esclave assis sous une épée suspendue par un fil, ne sachant pas si elle tomberait ou non sur lui. Et néanmoins nous remercions Dieu, le Seigneur des mondes et nous le louons toujours et en toutes conditions. En vérité, il est témoin de tout.

(1.274)
Nous supplions Dieu d’étendre largement son ombre afin que le vrai croyant et l’amoureux sincère s’y abritent. Puisse-t-il offrir aux hommes les fleurs de sa bonté et les étoiles du ciel de sa providence. Nous prions Dieu, de plus, d’aider avec bienveillance le roi à faire Sa volonté et Son bon plaisir et de le confirmer dans ce qui le rapprochera de la Source des noms de Dieu les plus excellents. Ainsi il ne cèdera pas à l’injustice à laquelle il assiste, il verra ses sujets avec des yeux pleins de tendresse et il les protègera de l’oppression. Nous supplions encore Dieu, exalté soit-il, de réunir toute l’humanité autour du Golf de ce Très-Grand-Océan dont chaque goutte proclame qu’il est le messager de joie pour le monde et le vivificateur de tous ses peuples. Loué soit Dieu, le Seigneur du jour du jugement.

(1.275)
Enfin nous supplions Dieu, exaltée soit sa gloire, de te permettre d’aider sa Foi et de te tourner vers sa justice afin que tu juges entre les gens comme tu jugerais entre les membres de ta famille, afin que tu choisisses pour eux ce que tu choisirais pour toi-même. Il est le Tout-Puissant, le Très-Exalté, le Secours, l’Absolu.

(1.276)
Ainsi, des mains du pouvoir et de la puissance, avons-nous construit le Temple, si tu le savais. C’est lui le Temple qui t’est promis dans le Livre. Approches-en. C’est ce qui te sera profitable, si tu pouvais le comprendre. Soyez justes, ô peuples de la terre ! Lequel est préférable, ce Temple ou un temple d’argile ? Tournez-vous vers lui. Ainsi vous l’ordonne Dieu, le Secours, l’Absolu. Suivez ses commandements et louez Dieu, votre Seigneur, pour les dons qu’il vous a fait. Il est la Vérité. Il n’est de Dieu que lui. Il révèle ce qui lui plaît par ses mots « sois et c’est ».

2. SÚRIY-I-RA’ÍS

En son nom, le Très-Glorieux.

(2.1)
Ô chef [nota : cette épître fut révélée en arabe en l’honneur de Hájí Muhammad Ismá’il-i-Káshání, surnommé Dhabíh (Sacrifice) et Anís Compagnon) par Bahá’u’lláh. Elle interpelle ‘Álí Pashá, le premier Ministre ottoman, appelé ici Ra’ís (Chef ou Dirigeant)], écoute la voix de Dieu, le Souverain, le Secours, l’Absolu. En vérité, il lance son appel entre le ciel et la terre et il appelle toute l’humanité à découvrir sa gloire transcendante. Ni les grognements, ni les aboiements de ceux qui t’entourent, ni l’opposition des armées du monde ne peuvent empêcher le Tout-Puissant d’atteindre son but. La terre entière est enflammée par le Verbe de ton Seigneur, le Très-Glorieux, Verbe qui est plus doux que la brise matinale. Il se manifeste sous la forme d’un temple humain par lequel Dieu vivifie l’âme de ses serviteurs sincères. En son essence, ce verbe est l’eau-de-vie par laquelle Dieu purifie le coeur de ceux qui se tournent vers lui en oubliant toute autre mention, et par laquelle il les attire vers le siège de son puissant Nom. Nous en avons aspergé le peuple des tombes et vois : ils se lèvent les yeux fixés sur la beauté éblouissante et resplendissante de leur Seigneur.

(2.2)
Ô chef, tu as commis ce qui fait se lamenter Muhammad, l’Apôtre de Dieu dans le Paradis le plus sublime. Le monde t’a rendu si fier que tu t’es détourné de la face qui illumine l’assemblée céleste. Bientôt tu te trouveras en plein désarroi. Tu as conspiré avec l’ambassadeur persan pour me nuire bien que je sois allé vers toi venant de la source de majesté et de grandeur, porteur d’une Révélation qui console les yeux des aimés de Dieu.

(2.3)
Par Dieu ! En ce jour, toutes choses créées ne cessent de lancer le cri du Buisson ardent : « Le Bien-Aimé des mondes est venu !» et un Moïse se tient devant toute chose à l’écoute du Verbe de ton Seigneur, le Tout-Puissant, l’Omniscient. Si nous nous dépouillions du vêtement mortel que nous avons revêtu en considération de votre faiblesse, tous ceux qui sont au ciel et sur la terre offriraient leur âme pour moi. Le Seigneur lui-même en témoigne. Et pourtant, nul ne peut le comprendre à l’exception de ceux qui se sont détachés de tout par amour pour leur Seigneur le Tout-Puissant, l’Omnipotent.

(2.4)
T’imagines-tu capable d’étouffer le feu allumé par Dieu au coeur de la création ? Par celui qui est la vérité éternelle, si tu pouvais seulement le savoir, c’est au contraire ce que tes mains commirent qui le fait brûler plus haut et plus fort. Avant peu il embrassera la terre et tout ce qui y vit. Ainsi en a décrété Dieu et les puissances de la terre et du ciel sont incapables d’étouffer son dessein.

(2.5)
Proche est le jour où le Pays du mystère [nota : Andrinople] et ses environs seront transformés. Ils échapperont des mains du roi et seront ébranlés ; la voix des lamentations s’élèvera, les preuves des méfaits seront visibles de toutes parts, la confusion sera partout en raison du sort que les armées de l’oppression ont infligé à ces prisonniers. Le cours des choses sera changé, les conditions deviendront si dramatiques que le sable même des collines désolées gémira, les arbres sur les montagnes sangloteront et le sang jaillira de toutes choses. Tu verras alors le peuple dans une profonde détresse [nota : le sultan ‘Abdu’l-Azíz perdit son trône et sa vie en 1876 pendant la guerre avec la Russie qui s’en suivit (1877-1878)], l’ennemi occupa Andrinople et les Turcs connurent un violent bain de sang.

(2.6)
Ô Chef, nous nous sommes déjà révélé à toi sur le mont Tíná, puis sur le mont Zaytá [nota : littéralement, « Mont des Figues » et « Mont des Oliviers » - voir Coran 95.1], puis une fois encore en ce lieu sacré. Pourtant, suivant tes tendances corrompues, tu n’as pas su répondre et tu fus comptés parmi les égarés. Souviens-toi du temps où Muhammad apparu chargé de preuves évidentes venant de celui qui est le Tout-Puissant, l’Omniscient. Le peuple lui lançait des pierres, tantôt en se cachant, tantôt ouvertement sur les places publiques et rejetait les signes de Dieu, ton Seigneur et le Seigneur de tes pères. Les religieux le renièrent aussi, ainsi que leurs disciples, et les rois du monde firent de même comme tu l’as entendu dire dans les contes du passé. Parmi ces rois, Chosroes [nota : Chosroes II, le monarque sassanide qui régnait en Perse au temps de Muhammad, reçut une épître bénie envoyée par Muhammad, l’appelant à Dieu et lui enjoignant de ne pas être infidèle]. En vérité, ton Seigneur connaît tout. Pourtant, motivé par ses désirs mauvais et corrompus, Chosroes se conduisit avec arrogance devant Dieu et déchira l’épître. Il fait partie des habitants du feu abyssal.

(2.7)
Alors qu’il imposait ses caprices sur le pays et faisait partie des transgresseurs, Pharaon avait-il le pouvoir d’empêcher la main de Dieu d’exercer sa souveraineté ? C’est de sa maisonnée et contre sa volonté que nous fîmes sortir celui qui conversait avec Dieu. Nous atteignons toujours notre but. Souviens-toi aussi comment Nemrod alluma le feu de l’impiété afin que ses flammes consument Abraham, l’Ami de Dieu. Mais par le pouvoir de la vérité, nous l’en avons délivré et nous avons saisi Nemrod dans la furie de notre colère. Dis : l’oppresseur [nota : Muhammad Sháh] met à mort le Bien-aimé des mondes [nota : Le Báb] afin d’éteindre la lumière de Dieu parmi les hommes et de les empêcher d’approcher de la source de la vie éternelle, aux jours de ton Seigneur, le Généreux, le Très-miséricordieux.

(2.8)
Nous aussi avons révélé la cause de Dieu dans ses cités et dressé haut son souvenir parmi ceux qui croient vraiment en lui. Dis : Cet Adolescent vient pour vivifier le monde et pour unir tous ses peuples. Le jour approche où se réalisera ce que Dieu a prévu et où tu verras la terre devenir le paradis très-glorieux. C’est ce qu’a écrit la plume de la révélation en cette puissante épître.

(2.9)
Ô Plume, cesse de mentionner ce Chef et souviens-toi d’Anís, cet intime de l’amour de Dieu, qui s’est séparé de l’égaré et de l’infidèle. Il déchira les voiles de telle sorte que les habitants du paradis purent l’entendre. Glorifié soit Dieu, le Souverain, le Puissant, l’Omniscient, le Très-Sage.

(2.10)
Ô Rossignol, tends l’oreille vers la voix du Très-Glorieux en cette nuit où des troupes armées nous encerclent alors que nous sommes dans un état de joie extrême. Ô ! Que notre sang soit répandu sur la terre et que nos corps soient jetés dans la poussière sur le chemin de Dieu ! Oui ! c’est là mon désir et le désir de quiconque me cherche et atteint mon merveilleux et incomparable royaume.

(2.11)
Ô serviteur, sache qu’un jour, au réveil, nous trouvâmes les bien-aimés de Dieu à la merci de nos adversaires. Des sentinelles étaient postées à chaque porte et l’on ne pouvait ni entrer ni sortir. Ils commirent vraiment une grave injustice, car les aimés de Dieu et leur famille furent laissés sans nourriture la première nuit. Voilà le sort de ceux pour qui le monde et tout ce qu’il contient a été créé. Malheur à ceux qui le perpétrèrent et à ceux qui les guidèrent vers une telle ignominie. Bientôt Dieu consumera leur âme dans le feu. Il est en vérité le plus féroce des vengeurs.

(2.12)
La foule entourait la maison ; musulmans et chrétiens pleuraient sur notre sort, et devant ce qu’accomplissait la main des oppresseurs les lamentations s’élevaient entre la terre et le ciel. Nous remarquâmes que les sanglots du peuple du Fils étaient plus forts que ceux des autres - un signe qui fait réfléchir.

(2.13)
L’un de mes compagnons offrit sa vie, se tranchant la gorge de sa propre main pour l’amour de Dieu, acte inouï dans les siècles passés et que Dieu a mis en exergue dans cette révélation, preuve du pouvoir de sa puissance ; on l’empêcha à temps de mettre fin à sa vie [nota : Hájí Ja’far-i-Tabrízí]. Il est, en vérité, le Libre, le Conquérant. Quant à celui [nota : Siyyid Ismá’il de Zavárih] qui, en Irak, s’est tué de la même manière, il est le roi et le bien-aimé des martyrs et son acte est un témoignage de Dieu pour les peuples du monde. De telles âmes sont influencées par le Verbe de Dieu, goûtent à la douceur de son souvenir et sont transportées par la brise de la réunion à tel point que, se détachant de tout ce qui est sur la terre, elles se tournent vers la Face divine, le visage rayonnant. Leur acte est interdit par Dieu, mais il leur a néanmoins pardonné, en gage de sa miséricorde. Oui ! il est celui qui toujours pardonne, le Très-Miséricordieux. Ces âmes étaient si captivées par Celui qui s’impose à tous que les rênes de la volonté glissèrent de leurs mains, qu’ils montèrent jusqu’à la demeure de l’Invisible et entrèrent en présence de Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient.

(2.14)
Dis : En quittant ce pays cet Adolescent a laissé sous chaque arbre et chaque pierre un souvenir qu’avant peu Dieu fera fructifier par le pouvoir de la vérité. Ainsi vint le Véritable et fut accompli l’ordre de celui qui est l’Ordonnateur, le Très-Sage. Les armées de la terre et du ciel sont incapables de résister à sa cause et les rois et les dirigeants du monde ne peuvent pas détourner son dessein. Dis : L’adversité est l’huile qui nourrit la lampe et augmente sa lumière, si vous le saviez. Certes, le rejet par l’obstiné ne sert qu’à proclamer cette Foi et à répandre la cause de Dieu et sa révélation de par le monde.

(2.15)
Grande est votre bénédiction pour avoir abandonné vos foyers, errant dans le pays de l’amour de votre Seigneur, le Tout-Puissant, l’Ancien des jours, jusqu’à entrer dans le pays du Mystère alors que le feu de l’oppression y faisait rage et qu’on y entendait le croassement des corbeaux de la discorde. Vous êtes mes partenaires de tribulations puisque vous étiez présents avec nous pendant cette sombre nuit durant laquelle fut perturbé le coeur de ceux qui témoignent de l’unité de Dieu. C’est par amour de nous que vous êtes entrés dans ce pays et en êtes sortis sur notre commandement. Par la droiture de Dieu, grâce à vous la terre est plus glorieuse que le ciel ! Excellente est cette bénédiction sublime, glorieuse et exaltée ! Vous avez été privés de votre nid, ô oiseaux d’éternité, pour l’amour de votre Seigneur, l’Indépendant, mais votre vraie résidence est à l’ombre des ailes de la grâce du Très-Miséricordieux. Bénis soient ceux qui comprennent.

(2.16)
Ô mon Dhabíh, que l’esprit souffle sur toi et sur ceux qui cherchent à communier avec toi, qui respirent sur toi le doux parfum de ma présence et écoutent ce qui sanctifie le coeur du vrai chercheur. Remercie Dieu d’avoir atteint le rivage de ce Très-Grand océan et entends les atomes mêmes de la terre qui proclament : « Voici le Bien-Aimé des mondes ! » Les habitants de la terre lui ont fait du tort et n’ont pas su reconnaître celui dont ils invoquent sans cesse le nom. Ils sont perdus les insouciants qui se sont opposés à celui dont les aimés méritent qu’on offre sa vie pour eux ; et combien plus convient-il de l’offrir pour sa beauté lumineuse et resplendissante !

(2.17)
Sois patient, même si ton coeur se consume d’être séparé de Dieu, parce qu’il t’a accordé en sa présence une position si exaltée qu’on peut dire que dès maintenant tu es devant sa Face et que nous t’offrons, par la langue de pouvoir et de puissance, ces mots que même les oreilles des sincères n’ont pas eu le droit d’entendre. Dis : S’il ne disait qu’un mot, ce seul mot dépasserait en douceur tout ce qu’ont jamais dit les hommes.

(2.18)
Si Muhammad, l’Apôtre de Dieu, vivait en ce jour, il s’exclamerait : « En vérité, je te reconnais, ô Désir des messagers divins ! » Si Abraham vivait en ce jour, lui aussi, dans son humilité totale, se prosternerait sur le sol, et devant le Seigneur son Dieu, il s’écrierait : « Mon coeur est en paix, ô Seigneur de tout ce qui est au ciel et sur terre ! Je témoigne que tu as dévoilé devant mes yeux toute la gloire de ta puissance et la pleine majesté de ta loi ! Je témoigne de plus que ta révélation a rassuré le coeur des fidèles et les a satisfait. » Si Moïse avait vécu maintenant, il aurait lui aussi élevé la voix, disant : « Toutes louanges à toi qui m’a éclairé par ta face et m’a enrôlé parmi ceux qui ont le privilège de contempler ton visage ! »

(2.19)
Vois dans quelles conditions sont ces gens. Pense à ce que leurs lèvres ont prononcé et ce que leurs mains ont forgé en ce jour trois fois béni et incomparable. Ceux qui ont terni le beau nom de la cause de Dieu et se sont tournés vers le Méchant sont maudits par toutes les créatures et sont comptés au nombre des habitants du feu. En vérité, quiconque entend mon appel restera imperturbable sous les clameurs de tous ceux qui sont sur la Terre et quiconque est influencé par les paroles de tout autre que moi n’a jamais entendu mon appel. Par Dieu ! un tel homme est empêché d’entrer dans mon royaume, interdit dans les domaines de ma majesté et de mon pouvoir ; il est de ceux qui sont complètement perdus.

(2.20)
Ne t’afflige pas de ce qui t’arrive. Tu as supporté, pour l’amour de moi, ce que la plupart des gens n’ont jamais enduré. Ton Seigneur le sait, il est informé de tout. Il était avec toi dans ces réunions et ces assemblées, et il entendit ce qui coula de la source de ton coeur en souvenir de ton Seigneur, le Très-Miséricordieux. C’est vraiment un témoignage de son abondante générosité.

(2.21)
Avant peu, Dieu fera se dresser parmi les rois celui qui aidera ses bien-aimés. En vérité, il embrasse toutes choses. Il insufflera dans les coeurs l’amour pour ses bien-aimés. Irrévocable est le décret de celui qui est le Tout-Puissant, le Bienveillant.

(2.22)
Nous supplions Dieu que ton appel réjouisse le coeur de ses serviteurs, que tu sois un étendard de direction dans ses contrées, et que tu apportes l’aide divine à ceux qui furent abaissés. Ne te préoccupe pas de celui qui protesta violemment ni de celui qui proteste aujourd’hui. Que ton Seigneur, Celui qui toujours pardonne, le Très-Généreux, te suffise ! Rapporte à mes bien-aimés ce que tu as vu et appris de l’histoire de cet Adolescent et transmet leur ce que nous t’avons donné. En vérité, ton Seigneur t’aide et te protège en tout temps et en toutes circonstances. Les bénédictions de l’assemblée céleste t’environnent, les membres et les feuilles de la sainte famille qui gravitent en priant autour de l’Arbre céleste parlent de toi et te louent avec émerveillement.

(2.23)
Ô plume de la révélation, souviens-toi de celui [nota : Anís] dont la lettre nous parvint au cours de cette sombre nuit. C’était lui qui errait de région en région jusqu’à ce qu’il entre dans la Ville [nota : Andrinople], recherchant le refuge de la miséricorde de son Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Haut. Espérant ardemment les bienfaits de son Seigneur, il résida ici une nuit puis s’en alla le matin suivant selon la volonté de Dieu, remplissant de chagrin le coeur de cet Adolescent. Le Tout-Puissant lui-même en porte témoignage.

(2.24)
Grande est ta bénédiction, car tu reçus des mains du Très-Miséricordieux, le vin de la parole, tu fus si captivé par les doux parfums du Bien-Aimé que tu renonças à ton confort et fus de ceux qui se pressèrent vers son paradis, l’orient des signes de ton Seigneur, le Gracieux, l’incomparable. Heureux qui boit le vin du mystère caché offert par le visage de son Seigneur et qui s’enivre de cette gorgée pure comme du cristal. Par Dieu ! grâce à lui tout croyant sincère s’élève jusqu’au ciel de majesté et de grandeur et par lui le doute devient certitude.

(2.25)
Ne t’afflige pas de ce qui t’est arrivé, place ton entière confiance en Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient, le Sage. Bâtis ta maison sur les solides fondations de la parole divine et loue ton Seigneur. En vérité, il te suffira plus que tous les peuples de la terre.

(2.26)
En vérité, Dieu a inscrit tes noms sur une tablette qui contient les secrets cachés de tout ce qui fut. Avant peu, les fidèles évoqueront ton exil et de tes voyages en son chemin. Il aime profondément ceux qui l’aiment et il aide les sincères. Par la droiture de Dieu ! Les regards de l’assemblée céleste sont fixés sur toi et leurs doigts te désignent. Ainsi t’enveloppe la générosité de ton Seigneur. Si seulement ils pouvaient reconnaître ce qui leur a échappé pendant les jours de Dieu, le Très-Glorieux, le Loué.

(2.27)
Remercie Dieu de t’avoir aidé à le reconnaître et à pénétrer dans les parages de sa cour alors que les mécréants entouraient la famille de ton Seigneur et ses bien-aimés et les expulsaient de leurs foyers avec une évidente cruauté, voulant nous séparer sur le rivage de la mer. Oui, ton Seigneur sait ce qui se cache dans le coeur des incroyants. Dis : Même si vous tailliez notre corps en pièces, vous ne pourriez bannir de notre coeur l’amour de Dieu. Nous avons, en vérité, été créés pour nous sacrifier et nous en sommes fiers devant toute la création.

(2.28)
O toi qu’illumine le feu de l’amour de Dieu, sache que ta lettre est arrivée jusqu’à nous et que nous en avons découvert le contenu. Nous supplions Dieu de te confirmer dans son amour et dans son bon plaisir, de t’aider dans la promotion de sa cause et de te compter parmi ceux qui se sont levés pour le triomphe de sa foi.

(2.29)
Quant à ta question concernant l’âme, sache que d’innombrables traités et de nombreux points de vue concernant ses états circulent parmi les gens. Parmi ceux-ci, on évoque l’âme du royaume, l’âme de l’empirée, l’âme céleste, l’âme divine, l’âme sanctifiée, ainsi que l’âme bienveillante, l’âme satisfaite, l’âme qui plaît à Dieu, l’âme inspirée, l’âme irascible et l’âme concupiscente. Chaque groupe avance ses propres conceptions concernant l’âme et nous n’avons pas envie de nous pencher sur les affirmations du passé. En vérité, la connaissance des générations passées et à venir appartient à ton Seigneur.

(2.30)
Si tu pouvais être présent devant notre trône tu pourrais entendre de la langue de grandeur elle-même ce que tu désires et atteindre les hauteurs les plus élevées de la connaissance par la grâce de celui qui est l’Omniscient, le Très-Sage ! Mais les impies se sont interposés entre nous. Surtout, n’en sois pas affligé. Contente-toi de ce qui fut ordonné par un décret irrévocable et sois de ceux qui endurent avec patience.

(2.31)
Sache que l’âme qui est commune à tous les hommes est issue du mélange des choses après leur maturation, comme tu peux l’observer dans le germe ; une fois que ce mélange a atteint son état prédestiné, Dieu manifeste l’âme qui est latente en lui. Ton Seigneur fait ce qu’il veut et ordonne ce qu’il lui plaît.

(2.32)
Quant à l’âme dont il est question, elle a vraiment été générée par le Verbe de Dieu et elle est faite en sorte que si elle est enflammée par l’amour de son Seigneur, ni les eaux de l’opposition ni les océans du monde ne peuvent l’éteindre Cette âme est un feu allumé dans l’arbre de l’homme qui proclame : « Il n’est de dieu que Dieu !» Quiconque entend son appel est en réalité de ceux qui sont en sa présence. Et lorsqu’elle abandonne sa forme terrestre, Dieu la relève dans la forme la plus excellente et la fait entrer dans un paradis sublime. Ton Seigneur a vraiment pouvoir sur toutes choses.

(2.33)
Apprends, de plus, que la vie de l’homme procède de l’esprit et que l’esprit se dirige là où l’âme le conduit. Réfléchis sur ce que nous t’avons révélé afin que tu reconnaisses l’Âme de Dieu qui est apparue, investie de souveraineté manifeste, à l’orient de la générosité.

(2.34)
Sache aussi que l’âme est dotée de deux ailes : Qu’elle s’envole dans l’atmosphère de l’amour et du contentement et elle sera reliée au Très-Miséricordieux ; qu’elle s’envole dans l’atmosphère de l’ego et du désir et elle appartiendra au Mauvais. Que Dieu nous en protège et vous en protège, ô vous qui comprenez ! Que l’âme s’embrasse du feu de l’amour de Dieu et elle sera appelée bienveillante et plaisant à Dieu, mais qu’elle se consume du feu de la passion et elle sera connue comme l’âme concupiscente. Nous t’exposons ainsi ce sujet afin que tu en aies une compréhension claire.

(2.35)
Ô plume du Très-Haut ! Expose à celui qui s’est tourné vers ton Seigneur, le Très-Glorieux, ce qui lui permettra de se passer des affirmations humaines. Dis : L’esprit, l’intelligence, l’âme, la vue et l’ouïe ne sont qu’une seule réalité qui se manifeste différemment selon les divers instruments qu’elle utilise. Tu observes que la capacité de l’homme de comprendre, de se bouger, de parler, d’entendre et de voir dérive toujours de ce signe de son Seigneur qui est en lui. Il est unique en son essence et diversifie par ses nombreux instruments. Ceci est une vérité évidente. Par exemple, s’il dirige son attention vers les moyens pour entendre, alors l’ouïe et ses attributs apparaissent. De même, s’il se tourne vers les moyens pour voir, un attribut et un effet différents apparaissent. Réfléchis sur ce sujet afin de comprendre le sens profond de ce qui se dit, de devenir indépendant des dires des hommes et d’être de ceux qui ont la certitude. De même, lorsque ce signe de Dieu se tourne vers le cerveau, la tête et d’autres instruments semblables, les pouvoirs de l’intelligence et de l’âme deviennent clairs. En vérité, ton Seigneur a le pouvoir de faire ce qu’il lui plaît.

(2.36)
Tout ce dont nous venons de parler est déjà élucidé dans les épîtres que nous avons révélées en réponses aux questions concernant les lettres séparées du Coran Étudie-les afin de comprendre ce qui fut révélé depuis le royaume de celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Loué. C’est pourquoi nous avons choisi d’être concis dans cette épître. Nous supplions Dieu de te faire comprendre, grâce à ce bref exposé, ce que les mots ne pourront jamais espérer épuiser. Qu’il te donne à boire dans cette coupe de ses océans sans limites ! En vérité, ton Seigneur est le Très-Généreux et son pouvoir est invincible.

(2.37)
Ô Plume de l’Ancien des Jours ! Souviens-toi de ‘Alí qui fut avec toi en Irak jusqu’à ce que le Soleil du monde quitte ce pays. Il abandonna son foyer pour atteindre la cour de ta présence alors que nous étions captifs aux mains de ceux qui sont privés des douces saveurs du Très-Miséricordieux. Ne te lamente pas de ce qui nous arrive à tous deux dans le sentier de Dieu. Reste ferme et persévère. En vérité, il rendra victorieux ceux qui l’aiment et son pouvoir égale toutes choses. Quiconque se tourne vers lui réjouit par-là l’assemblée céleste, et Dieu lui-même en est mon témoin.

(2.38)
Dis : ô peuple, t’imagines-tu qu’après avoir rejeté celui par qui les religions du monde furent manifestées, tu portes toujours allégeance à la Foi de Dieu ? Par la droiture divine ! Vous êtes comptés parmi les habitants du Feu. Le décret en est inscrit dans les Tablettes par la Plume de Dieu. Dis : L’aboiement des chiens n’empêchera jamais le Rossignol de lancer ses mélodies. Méditez quelque temps afin de découvrir peut-être un sentier menant à la Vérité éternelle.

(2.39)
Dis : Magnifié sois-tu, O Seigneur mon Dieu ! Par les larmes que tes aimés versent dans leur désir de toi, par les cris passionnés de ceux qui sont séparés de toi et par ton bien-aimé tombé aux mains de tes adversaires, je te supplie de bien vouloir aider ceux qui ont cherché refuge sous les ailes protectrices de ta faveur et de ta tendre bonté, ne désirant d’autre Seigneur que toi !

(2.40)
Ô Seigneur, dans notre précipitation à te rencontrer et dans notre désir d’être unis à toi, nous avons abandonné nos demeures. Nous avons traversé terre et mer pour atteindre la cour de ta présence et pour entendre tes versets. Pourtant, en arrivant aux rives de la mer, nous fûmes retenus loin de toi par des mécréants qui s’interposèrent entre nous et l’éclat de ton visage.

(2.41)
Ô Seigneur, nous sommes assoiffés et c’est toi qui dispenses les douces eaux de la vie éternelle. Tu as le pouvoir de faire ce qu’il te plaît. Ne nous refuse pas l’objet de notre quête. Écris pour nous la récompense promise à ceux de tes serviteurs qui jouissent de ta proximité et se soumettent complètement à ta volonté. Rends nous si fermes en ton amour que rien ne saura nous retenir loin de Toi ni ne pourra nous empêcher de t’adorer. Tu as le pouvoir de faire selon ton plaisir. Tu es vraiment le Tout-Puissant, le Très-Généreux.


3. LAWH-I-RA’ÍS

Il est, de plein droit, le Seigneur suprême !

(3.1)
La plume du Très-Haut proclame : Ô toi qui crois être le plus important des hommes et qui considères comme la plus misérable des créatures cet Adolescent divin qui fit briller et rayonner les yeux de l’Assemblée céleste ! Cet Adolescent ne te demande rien, ni à toi ni à ceux qui te ressemblent. De temps immémorial, chaque fois que les Manifestations du Très-Miséricordieux, interprètes de sa gloire éternelle, apparaissant du royaume d’éternité dans ce monde mortel, se révèlent pour ressusciter les morts, des hommes comme toi considérèrent ces âmes saintes, temples de l’unité divine dont dépend la réhabilitation des peuples de la terre, comme des fauteurs de troubles méritant le blâme. Ces hommes sont maintenant retournés à la poussière. Toi aussi, avant longtemps, tu y retourneras et tu subiras une grande déchéance.

(3.2)
Même si tu es convaincu que ce donneur de vie, réformateur du monde, est coupable de sédition et de troubles, quel crime ont bien pu commettre un groupe de femmes, d’enfants et de mères nourricières pour mériter d’être affligés par la verge de ta colère ? Aucune religion n’a jamais considéré les enfants comme responsables. La plume du commandement divin les a épargnés et pourtant le feu de ta tyrannie et de ton oppression les a enveloppés. Si tu es fidèle à une religion quelle qu’elle soit, tu devrais savoir que selon tous les Livres saints, toutes les Écritures probantes et inspirées, les enfants ne sont jamais tenus pour responsables. Cela dit, même ceux qui ne croient pas en Dieu n’ont jamais accompli des actes aussi inconvenants. Puisque chaque acte produit un effet, ce que personne ne peut nier sauf ceux qui sont privés de raison et de compréhension, il est certain que les gémissements de ces enfants et les cris de ces persécutés auront leur conséquence inéluctable.

(3.3)
Tu as pillé et injustement dépouillé un groupe de personnes qui, loin de se rebeller tout en vivant sur tes terres ou de désobéir à ton gouvernement, s’occupaient de leurs affaires en priant Dieu jour et nuit. Lorsque plus tard l’ordre fut donné de bannir cet Adolescent, tous furent emplis d’angoisse. Mais les officiers chargés de mon expulsion déclarèrent : « Ceux-là ne sont accusés d’aucun délit et ne sont pas expulsés par le gouvernement. S’ils désirent vous accompagner, personne ne s’y opposera. » Ces âmes démunies payèrent donc leurs propres dépenses, abandonnèrent tous leurs biens et, se contentant de notre présence, plaçant toute leur confiance en Dieu, voyagèrent encore une fois avec nous jusqu’à ce que la forteresse d’Acre devînt la prison de Bahá.

(3.4)
À notre arrivée, entourés de gardes nous fûmes emprisonnés ensemble, hommes et femmes, jeunes et vieux, dans une caserne. La première nuit nous fûmes privés de nourriture et de boisson car les sentinelles qui gardaient le portail de la caserne ne permirent à personne de sortir. Nul ne se préoccupa du sort de ces opprimés. Même l’eau qu’ils mendièrent leur fut refusée.

(3.5)
Le temps passa et nous restâmes confinés dans ces casernes en dépit du fait que pendant les cinq années que nous vécûmes à Andrinople, tous ses habitants, instruits ou ignorants, riches ou pauvres, témoignèrent de la pureté et de la sainteté de ces serviteurs. Lorsque cet Adolescent quitta Andrinople, un des bien-aimés de Dieu tenta de mettre fin à sa vie tant lui était insupportable la vue de cet opprimé aux mains de ses oppresseurs. Durant ce voyage, nous fûmes contraints de changer trois fois de navire et la souffrance que les enfants en ressentirent est évidente. En débarquant, quatre des croyants furent séparés et empêchés de nous accompagner. Au moment du départ de cet Adolescent, l’un des quatre, nommé ‘Abdu’l-Ghaffár, se jeta dans la mer et nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite.

(3.6)
Tout cela n’est qu’une goutte de l’océan des épreuves qui nous furent infligées et tu n’es toujours pas satisfait ! Les fonctionnaires appliquent chaque jour un nouveau décret et l’on ne voit pas la fin de leur tyrannie. Nuit et jour ils conçoivent de nouveaux plans. Les trois pains, ration journalière venant des réserves gouvernementales accordée à chaque prisonnier, sont immangeables. On n’a jamais vu ni entendu une telle cruauté depuis la fondation du monde.

(3.7)
Par la droiture de celui qui fait parler Bahá devant tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, vous n’avez ni rang ni mention parmi ceux qui ont offert leur âme, leur corps et leur être pour l’amour de Dieu, le Puissant, l’Irrésistible, le Tout-Puissant. Une poignée d’argile a plus de valeur aux yeux de Dieu que tous vos domaines et votre souveraineté, votre puissance et votre fortune. Si c’était son désir, il vous disséminerait dans la poussière. Bientôt, il vous saisira en sa terrible colère, la sédition règnera parmi vous et vos domaines seront perturbés. Alors vous vous lamenterez et gémirez, et vous ne trouverez personne pour vous aider ou vous secourir.

(3.8)
Nous ne mentionnons pas ce qui précède dans le dessein de vous éveiller de votre sommeil, car la fureur de la colère de Dieu vous a tellement submergés que vous n’entendrez jamais nos avertissements. Il n’est pas non plus dans notre intention de faire la liste des iniquités que subirent ces âmes pures et bénies, car elles étaient tellement intoxiquées par le vin du Très-Miséricordieux et tellement bouleversées par l’effet enivrant des eaux vivifiantes de sa tendre providence que, même si elles subissaient toutes les cruautés du monde par amour de lui, elles resteraient sereines et lui rendraient grâce. Ces âmes n’ont jamais prononcé et ne prononceront jamais aucune doléance. Au contraire, elles ne cessent d’implorer et de supplier le Seigneur des mondes pour que leur sang soit répandu dans la poussière de son chemin et leur tête espère être brandie à la pointe de piques par amour du Bien-aimé des coeurs et des âmes.

(3.9)
Plusieurs calamités vous ont déjà affligés, mais vous n’en avez pas pris conscience. L’une d’elles fut l’embrasement dont les flammes de justice dévorèrent la plus grande partie de la ville. Vous êtes pourtant restés indifférents. La peste frappa à son tour et vous êtes toujours restés insensibles ! Pourtant, soyez prêts car la colère de Dieu est sur le point de vous submerger. Avant peu, vous serez témoins de ce que révèle la plume de mon commandement.

(3.10)
Vous seriez-vous laissé aller à imaginer que votre gloire est impérissable et votre pouvoir éternel ? Par celui qui est le Très-Miséricordieux, votre gloire sera d’aussi courte durée que mon abaissement. Un tel abaissement est considéré par un homme véritable comme le plus précieux des honneurs.

(3.11)
J’étais encore un enfant, n’ayant pas atteint l’âge de la maturité, lorsque mon père organisa à Téhéran le mariage d’un de mes grands frères et, comme c’est la coutume en cette ville, les réjouissances durèrent sept jours et sept nuits. C’est lors du dernier jour qu’on annonça la représentation de la pièce intitulée « Le Sháh Sultán Salím ». Un grand nombre de princes, de dignitaires et de notables de la capitale étaient présents pour l’occasion. Assis dans l’une des pièces supérieures du bâtiment, j’observais la scène. Une tente était dressée dans la cour et bientôt, sortant de cette tente, de petits personnages de forme humaine, ne semblant pas plus grands qu’une main, annoncèrent : « Sa majesté arrive ! Préparez immédiatement les sièges ! » D’autres personnages apparurent, certains s’occupant à balayer, d’autres aspergeant le sol d’eau. Puis l’annonceur officiel de la ville, élevant la voix, demanda aux gens de s’avancer pour obtenir une audience du roi. Alors, plusieurs groupes de personnages apparurent et prirent place, certains portant chapeaux et écharpes en ceintures à la mode persane, d’autres brandissant des haches de guerre ; un troisième groupe était formé de soldats et de bourreaux portant le matériel pour la bastonnade. Enfin, souverain et majestueux, couronné d’un diadème éblouissant, un personnage royal, se comportant d’une manière hautaine et arrogante, s’avança puis s’arrêta dans sa progression, alla s’asseoir sur le trône avec solennité, dignité et assurance.

(3.12)
Soudain, des coups de feu furent tirés, les trompettes sonnèrent, le roi et la tente furent enveloppés dans un nuage de fumée qui, en se dégageant, découvrit le roi bien installé sur son trône, entouré de sa cour de ministres, de princes et de dignitaires de l’État, chacun attentif à sa place. Un voleur fut amené en présence du roi qui donna l’ordre de le décapiter. Sans attendre, le bourreau en chef coupa la tête du voleur d’où jaillit un flot de liquide rouge sang. Puis le roi tint audience avec ses courtisans, on reçut des informations sur une rébellion qui avait éclaté aux frontières, le roi passa alors ses troupes en revue et envoya plusieurs régiments soutenir l’artillerie et étouffer la rébellion. On entendit les coups de canon dans les coulisses derrière la tente, la bataille était engagée.

(3.13)
Le jeune garçon que j’étais, découvrait ce spectacle surprenant. L’audience royale prit fin et le rideau tomba. Après vingt minutes environ, un homme sortit de derrière la tente en portant une boîte sous le bras.

(3.14)
Je lui demandai : « Quelle est cette boîte, et quel est le sens de ce spectacle ? »

(3.15)
Il répondit : « Toutes ces splendeurs et toutes ces inventions raffinées, le roi, les princes et les ministres, leurs pompes et leur gloire, leur puissance et leur pouvoir, tout ce que tu as vu est maintenant enfermé dans cette boîte. »

(3.16)
Je le jure par mon Seigneur qui, d’un mot de ses lèvres, créa tout ce qui est créé ! Depuis ce jour, toutes les apparences du monde sont aux yeux de cet Adolescent identiques à ce spectacle. Elles n’ont jamais eu, et n’auront jamais, aucune importance, aucun poids, fut-ce celui d’un grain de moutarde. Quel étonnement de voir des hommes se glorifier de telles naïvetés alors que ceux qui sont perspicaces perçoivent avec certitude le déclin inévitable de toute gloire humaine quels qu’en soient ses signes. « Je n’ai jamais rien regardé sans y percevoir d’abord sa disparition, et Dieu est vraiment un témoin suffisant. »

(3.17)
Il convient à chacun de traverser ce bref pan de vie avec sincérité et équité. Même si on ne reconnaît pas celui qui est l’éternelle Vérité, qu’on se conduise au moins avec raison et justice. Avant peu, ces apparences trompeuses, ces trésors matériels, ces vanités terrestres, ces armées déployées, ces habits décorés, ces êtres fiers et outrecuidants, tout finira entre les parois d’une tombe, comme dans cette boîte. Aux yeux de ceux qui savent voir, tous ces conflits, ces querelles, ces vanités, sont et seront toujours identiques aux jeux et distractions des enfants. Soyez attentifs et ne soyez pas de ceux qui voient et pourtant nient.

(3.18)
Ce n’est ni pour nous ni pour les aimés de Dieu que nous en appelons à toi, car nous sommes déjà éprouvés, emprisonnés et n’attendons rien d’hommes tels que toi. Notre but est de t’inciter à te lever de la couche de l’insouciance, à secouer le sommeil de la négligence et à cesser de faire obstacle aux serviteurs de Dieu. Aussi longtemps que durent ton pouvoir et ta puissance, efforces-toi de soulager la souffrance des opprimés. Si tu jugeais avec équité et observais de l’oeil du discernement les conflits et les affaires de ce monde éphémère tu admettrais immédiatement qu’ils sont comme cette pièce que nous avons décrite.

(3.19)
Écoute les paroles du Dieu vrai et ne te glorifie pas des choses de ce monde. Que sont devenus ceux qui, comme toi, prétendirent régner sur la terre et qui cherchèrent à étouffer la lumière de Dieu en son pays ainsi qu’à détruire la fondation de son puissant édifice dans ses cités ? Où peut-on les rencontrer aujourd’hui ? Sois juste en ton jugement et retourne à Dieu pour qu’il efface peut-être les transgressions de ta vie inutile. Hélas, nous savons que tu n’y arriveras jamais car ta cruauté est telle qu’elle attise les flammes de l’enfer, qu’elle secoue les piliers du trône, que l’Esprit se lamente et que le coeur des fidèles en tremble.

(3.20)
Ô peuples de la terre, tendez l’oreille à l’appel de cet Opprimé et pensez à l’histoire que nous venons de vous conter. Peut-être ne serez-vous pas consumés par le feu de l’ego et des passions et ne laisserez-vous pas les choses vaines et sans valeur de ce bas monde vous retenir loin de lui, qui est la Vérité éternelle. Gloire et humiliation, richesse et pauvreté, tranquillité et tribulations, tout passera et avant peu, tous les peuples de la terre seront couchés dans leurs tombes. Il convient donc à tout homme de discernement de fixer son regard sur le but éternel, afin d’atteindre, par la grâce de celui qui est l’ancien Roi, le royaume immortel et de s’abriter à l’ombre de l’arbre de sa révélation.

(3.21)
Tout imprégné d’illusions et de duperies qu’il soit, ce monde ne cesse néanmoins d’avertir tous les hommes de leur fin imminente. La mort du père annonce au fils qu’il mourra aussi. Si seulement les habitants du monde, qui ont accumulé des richesses et se sont éloignés du seul Vrai, pouvaient savoir entre les mains de qui leurs trésors finiront par échouer ! Mais, par la vie de Bahá, nul ne le sait sauf Dieu, exaltée soit sa gloire.

(3.22)
Saná’í, le poète, sur qui soit la miséricorde de Dieu, dit : « Soyez attentifs, ô vous dont la conduite inconvenante a noirci le visage ! Soyez attentifs, ô vous dont l’âge a blanchi la barbe ! » Hélas ! la plupart des hommes sont profondément endormis. Ils sont comme cet homme qui, dans son ivresse, fut attiré par un chien, le prit dans ses bras et en fit son jouet. Mais lorsque l’aube du discernement se leva et que la lumière du soleil éclaira l’horizon, il réalisa que l’objet de son affection n’était qu’un chien. Alors, honteux et empli de remords, il rentra chez lui.

(3.23)
Ne crois pas que tu puisses abaisser cet Adolescent ni le dominer. La moindre créature a prise sur toi et tu ne t’en aperçois pas. Tu es manipulé par ce qu’il y a de plus bas, de plus abjecte et par ce qui fut toujours condamnable : l’égoïsme et les passions. Si ce n’était la sagesse accomplie de Dieu, tu pourrais clairement voir ta propre impuissance et celle de tous ceux qui vivent sur la terre. Certes, notre abaissement est la gloire de sa cause, si tu pouvais le comprendre.

(3.24)
Cet Adolescent s’est toujours refusé à prononcer des paroles contraires à la courtoisie, car la courtoisie est notre vêtement dont nous avons orné le temple de nos serviteurs favoris. Sinon, certains des actes que tu crois ignorés auraient été exposés dans cette épître.

(3.25)
Ô détenteurs de la puissance et du pouvoir, ces jeunes enfants et ces pauvres en Dieu n’avaient pas besoin d’être accompagnés par des officiers et des soldats. À notre arrivée à Gallipoli, un major du nom de ‘Umar vint à notre rencontre. Dieu sait ce qu’il nous dit. En quelques mots, son innocence et ta culpabilité furent évoquées et nous déclarâmes : « Dès le commencement, il aurait fallu réunir une assemblée de sages qui auraient pu rencontrer cet Adolescent et lui signifier le crime commis par ces serviteurs. Maintenant, cette affaire est allée trop loin et par ta propre assertion, tu es accusé de nous avoir incarcérés dans la plus désolée des cités. Si c’est possible, demande à sa majesté le Sultan de rencontrer cet Adolescent pendant dix minutes et de préciser ce qu’il veut comme témoignage suffisant et comme preuve de la véracité de celui qui est la vérité. Et si Dieu nous permet de l’apporter, alors, qu’il relâche ces opprimés et les laisse en paix. »

(3.26)
Il promit de transmettre ce message et de nous donner la réponse. Mais nous n’avons plus jamais eu de ses nouvelles. Il ne convient pas à celui qui est la Vérité de se présenter devant quelqu’un, puisque tous furent créés pour lui obéir, néanmoins, devant les conditions subies par ces petits enfants et le grand nombre de femmes éloignées de leurs amis et de leur pays, nous avions accepté de le faire. Mais rien n’en est sorti. ‘Umar est en vie et accessible. Pose-lui la question afin de connaître la vérité.

(3.27)
La plupart de nos compagnons gisent aujourd’hui malades dans cette prison et nul ne sait ce qui nous advint, si ce n’est Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient. Dans les jours qui suivirent notre arrivée, deux de ces serviteurs rejoignirent rapidement le royaume céleste. Pendant toute une journée, les gardes refusèrent que ces corps bénis soient transportés, parce qu’ils n’avaient rien reçu pour les linceuls et l’enterrement, alors qu’aucune aide ne leur avait été demandée. Privé de tout bien terrestre, nous les avons suppliés de nous laisser nous en occuper et de nous permettre de transporter les corps, mais ils refusèrent. Enfin, un tapis vendu au bazar nous permit de donner de l’argent aux gardes. Nous avons appris plus tard qu’ils avaient simplement creusé une tombe peu profonde dans laquelle ils placèrent ces deux corps bénis alors qu’ils avaient demandé deux fois le prix normal pour des linceuls et un enterrement.

(3.28)
La plume et la langue sont incapables de décrire les épreuves que nous subîmes mais l’amertume de ces tribulations est plus douce pour moi que le miel. Je voudrais qu’à chaque instant, dans le chemin de Dieu et par amour de lui, tous les malheurs du monde soient infligés à cette âme évanescente qui est immergée dans l’océan de la connaissance divine !

(3.29)
Nous demandons à Dieu patience et indulgence, car tu n’es qu’une faible créature privée de compréhension. Si tu t’éveillais et respirais le parfum des brises qui soufflent depuis les retraites éternelles, tu abandonnerais immédiatement tout ce que tu possèdes et dont tu profites pour venir habiter dans l’une des pièces délabrées de la plus grande Prison. Supplie Dieu de t’accorder cette compréhension réfléchie qui te permettra de distinguer entre les actions louables et celles qui méritent le blâme. Paix sur celui qui suit la voie de la direction.


4. LAWH-I-FU’AD

Il est le Très-Saint, le Très-Glorieux !

(4.1)
Káf, Zá’ [nota : Lawh-i-Fu’ád à s’adresse Shaykh Kázim-i-Samandar de Qazvín, un des apôtres de Bahá’u’lláh. Son objet concerne l’ancien homme d’état ottoman, Fu’ád Páshá, décédé en France en 1869. Les noms des lettres Káf et Zá se réfèrent aux K et Z de Kázim]. Nous t’appelons d’au-delà de l’océan de grandeur, depuis la terre cramoisie, au-dessus de l’horizon des tribulations. En vérité, il n’est pas d’autre Dieu que lui, le Tout-Puissant, le Très-Généreux. Marche avec constance en ma cause et ne suis pas les voies de ceux qui renièrent Dieu le Seigneur des Seigneurs en atteignant l’objet de leur désir. Avant peu il fera peser sur eux sa colère et, en vérité, il est le Tout-puissant, le Conquérant.

(4.2)
Sache que par le pouvoir de sa souveraine puissance Dieu s’est emparé de celui qui était le plus important parmi ceux qui prononcèrent un jugement contre nous. Voyant approcher son tourment il s’enfuit à Paris à la recherche d’un médecin.

(4.3)
"N’y a-t-il personne pour m’aider ?", demanda-t-il.

(4.4)
La réponse arriva, cinglante : « Il n’y a pas d’échappatoire ! ». [voir : Coran 38.3]

(4.5)
Il se tourna vers l’ange de la colère, il faillit mourir de peur et supplia : « Je possède une maison pleine de richesses, un palais sur le Bosphore sous lequel coulent les rivières."

(4.6)
L’ange répliqua : " En ce jour, nous n’accepterons aucune rançon de toi quand bien même tu proposerais toutes les choses visibles et invisibles. N’entends-tu pas les soupirs des enfants de Dieu que tu jetas en prison sans la moindre preuve, sans le moindre témoignage ? Devant un tel acte, les habitants du Paradis et ceux qui tournent autour du trône suprême se lamentent. « La colère de ton Seigneur est sur toi ; terrible est son châtiment ! » [voir : Coran 13.13]

(4.7)
Il répondit : " Je commande au peuple, voici le mandat qui me donne autorité. "

(4.8)
« Calme-toi, ô toi qui nie le jour du jugement ! » [voir : Coran 40.32]

(4.9)
Il implora : « Un répit est-il possible afin que je fasse venir ma famille ? »

(4.10)
« C’est impossible, ô toi qui renie les versets de Dieu ! »

(4.11)
Les gardiens de l’abysse insondable lui lancèrent alors leur appel : « Les portes de l’enfer sont grandes ouvertes pour te recevoir, ô toi qui t’es détourné de ton Seigneur, l’Indépendant. Rejoins ce feu car il languit après toi. Aurais-tu oublié, ô toi qui es banni, comment ta tyrannie éclipsa les cruautés mêmes de Pharaon, le Maître des pieux, alors que tu étais le Nemrod de ton époque [nota : « Maître des pieux » - voir : Coran 38.12, 89.10 - en note de sa traduction du Coran, Kasimirski écrit que « cette épithète est donnée ici à Pharaon à cause des châtiments qu’il infligeait aux coupables, et qui consistaient à les faire attacher à quatre pieux et à leur faire subir divers tourments » (Le Coran, Flammarion, Paris, 1970)]. Par Dieu ! Ton iniquité déchira le voile de la sainteté et fit trembler les colonnes du paradis. Où peux-tu trouver un refuge, maintenant ? Qui te protègera du terrifiant châtiment de ton Seigneur, l’Irrésistible ? Il n’est pas d’abri pour toi en ce jour, ô sceptique impie ! » Alors l’agonie de la mort le saisit et il perdit la vue. Notre colère l’empoigna, et sévère est ton Seigneur dans sa punition.

(4.12)
Puis l’ange à droite du Trône l’appela : « Vois l’ange de l’affliction. Où fuir si ce n’est en enfer où cuit le coeur ? » [nota : « Coeur » traduit fu’ád, le nom donné au ministre ottoman] Et l’ange du châtiment recueillit son âme pendant qu’une voix s’exclamait : « Plonge dans le puits sans fond qui est promis dans le Livre et dont tu nies l’existence jour et nuit ! »

(4.13)
Nous renverrons bientôt celui qui lui ressemble [nota : ‘Álí Páshá] et nous saisirons leur chef qui dirige ce pays [nota : Sultan ‘Abdu’l-Azíz]. En vérité, je suis le Tout-Puissant, l’Irrésistible. Sois ferme dans la Cause de Dieu et loue ton Seigneur, soir et matin. Que les calomnies de celui qui fut si aveuglé par notre générosité [nota : Mírzá Yahyá] qu’il se détourna de Dieu, le Seigneur de tous les noms, n’étouffent pas la flamme de ton âme ! Il inspira ses dévots fidèles comme le Méchant l’inspira. Avant peu, tu verras sa perte évidente, dans ce monde et dans l’autre. Il est vraiment de ceux qu’un tourment douloureux attend. Il envoya à quelqu’un dans ce pays une lettre rédigée par les fauteurs d’iniquité dans laquelle il se moquait de Dieu et décrivait ce qui épouvanta toutes créatures. Dis : Peux-tu trouver quelqu’un pour te protéger lorsque te frappera la vengeance de Dieu, le Tout-Puissant, l’Indépendant ?

(4.14)
Ainsi t’avons-nous informé de ce qui est caché dans le coeur des hommes. Ton Seigneur est vraiment le Tout-Puissant, l’Omniscient. Lève-toi pour le triomphe de cette Cause et réunis mes bien-aimés. Aide-les à voir la vérité en ce Jour où le pied des hommes a glissé. Dis : Il convient à chaque vrai croyant d’aider son Seigneur. Oui, il est votre aide, alors que les autres n’ont personne vers qui se tourner.

(4.15)
Puis nous saisîmes Mihdi [nota : Mírzá Mihdíy-i-Rashtí, un juge à Constantinople, partisan de Mírzá Yahyá] à qui nous avions promis le châtiment divin dans nos Livres et nos Écritures. Écrasé par notre majesté terrible, il supplia : « Ne puis-je faire marche arrière ? »

(4.16)
Une voix répondit : « Malheur à toi qui ne croit pas au jour de la résurrection ! Voici le feu de l’enfer dont les flammes ne brûlent que pour toi. Dans ta vie futile et vaine tu as évité tous les actes vertueux et maintenant rien ne peut te protéger de Dieu. Tu es vraiment celui par qui tous les coeurs se consument et qui fait se lamenter l’Esprit-Saint. »

(4.17)
Il plaida : « N’y a-t-il plus de refuge pour moi ? »

(4.18)
« Non, par mon Seigneur, même en utilisant tous les moyens possibles ! »

(4.19)
Ses cris exprimèrent alors une détresse telle que le peuple des ténèbres en trembla. Alors la main du pouvoir invincible le saisit et une voix s’exclama : « Retourne où siège la colère dans le feu de l’enfer. Que ta demeure soit misérable et pitoyable ! ».

(4.20)
Ainsi nous nous saisîmes de lui comme nous le fîmes de ceux qui le précédèrent. Leurs demeures appartiennent aux araignées ; réfléchissez, vous qui êtes dotés de compréhension. Il s’opposa à Dieu et pour lui furent révélés dans le Livre les versets de la colère. Heureux celui qui les lit et qui réfléchit à ce qu’ils contiennent, car l’attend, en vérité, une fin heureuse.

(4.21)
Ainsi t’avons-nous conté l’histoire des méchants, afin que tes yeux soient consolés. Toi, seule une fin bienheureuse t’attend.


5. SÚRIY-I-MULÚK

Il est le Tout-Puissant !


(5.1)
Voici une épître adressée par ce serviteur, appelé Husayn dans le royaume des noms, à tous les rois de la terre. Puissent-ils la recevoir sans préjugés, découvrir dans son message les mystères de la providence divine, et compter parmi ceux qui en saisissent le sens ; peut-être alors pourront-ils renoncer à tout ce qu’ils possèdent, se tourner vers les retraites de sainteté et s’approcher de Dieu, le Très-Glorieux, l’Incomparable.

(5.2)
Ô rois de la terre, prêtez l’oreille à la voix de Dieu vous appelant de l’Arbre sublime, chargé de fruits, qui a poussé sur la colline vermeille de la sainte plaine. Elle proclame : « Il n’est pas d’autre Dieu que lui, le Fort, le Très-Puissant, le Très-Sage. » Dieu a sanctifié ce lieu pour tous ceux qui s’en approchent ; un lieu d’où il fait entendre sa voix depuis l’arbre céleste de sainteté. Craignez Dieu, ô assemblée de rois, et ne tolérez pas d’être privés de cette très sublime grâce. Rejetez tous vos biens, et tenez-vous fermement à la corde de Dieu, l’Éminent, le Grand. Tournez vos coeurs vers la Face de Dieu et abandonnez ce que vos désirs vous ont incités à rechercher ; ne soyez pas de ceux qui périssent.

(5.3)
Raconte-leur, ô serviteur, ce qui advint à ‘Alí [nota : Le Báb], lorsqu’il vint vers eux, avec sincérité, portant son Livre glorieux et puissant, tenant dans sa main le témoignage de Dieu, sa preuve et ses signes bénis et saints. Cependant, ô rois, vous n’avez pas su prêter attention au Souvenir de Dieu [nota : nom pris par le Báb] quand son jour est venu, ni vous laisser guider par la lumière qui s’est levée et brille au-dessus de l’horizon du ciel resplendissant. Vous n’avez pas examiné sa cause ; pourtant cela aurait mieux valu pour vous que tout ce que le soleil éclaire, puissiez-vous le comprendre ! Vous êtes demeurés indifférents même quand les membres du clergé de Perse - ces hommes cruels - le condamnèrent injustement et le mirent à mort. Son esprit s’éleva vers Dieu, et cette cruauté arracha de douloureuses larmes aux habitants du paradis et aux anges qui sont près de Dieu. Gardez-vous désormais d’être aussi négligents que vous le fûtes jusqu’à présent. Retournez donc vers Dieu, votre créateur, et ne soyez pas de ceux qui sont insouciants.

(5.4)
Dis : Le Soleil de la vice-royauté s’est levé, le Point du savoir et de la sagesse est clairement désigné, et le Témoin de Dieu, le Tout-Puissant, le Très-Sage, est rendu manifeste. Dis : La lune éternelle a atteint son point culminant et sa lumière illumine les habitants du royaume céleste. Dégagée de ses voiles, ma face répand son rayonnement sur tout ce qui existe sur la terre et dans les cieux, et cependant, vous ne vous êtes pas tournés vers elle bien que vous soyez créés pour elle, ô assemblée de rois ! Suivez donc mes conseils, écoutez-les de tout votre coeur et ne soyez pas de ceux qui se détournent. Car ce n’est pas de votre souveraineté qu’il convient de vous glorifier, mais plutôt d’être proches de Dieu et d’observer ses commandements, tels qu’ils vous ont été envoyés dans ses saintes tablettes préservées. S’il advenait que l’un de vous régnât sur la terre entière et sur ce qui vit en son sein et à sa surface, sur ses mers, ses contrées, ses montagnes et ses plaines, mais que Dieu ne se souvint pas de lui, rien de tout cela ne lui serait d’aucun profit, puissiez-vous le comprendre.

(5.5)
Sachez que la gloire du serviteur consiste à être proche de Dieu et, à moins de l’approcher, ce serviteur n’en tirera aucun profit, dût-il tenir sous son emprise la création tout entière. Dis : La brise de Dieu souffle sur vous des retraites du Paradis, mais vous l’ignorez et choisissez de continuer à n’en faire qu’à votre tête. Les conseils de Dieu vous sont parvenus, mais vous négligez de les suivre, préférant en rejeter la vérité. La lampe de Dieu est allumée dans la niche de sa cause, mais vous négligez de rechercher l’éclat de sa gloire et de vous approcher de sa lumière. Et vous continuez à sommeiller sur le lit de l’insouciance !

(5.6)
Levez-vous donc, affermissez vos pas, faites réparation pour ce qui vous a échappé et dirigez-vous vers sa cour sacrée, sur les rivages de son puissant Océan, afin que vous soient révélées les perles de savoir et de sagesse déposées par Dieu dans l’écrin de son coeur radieux. Voilà le conseil qui vous sera le plus utile ; faites-en votre règle afin d’être de ceux qui suivent le droit chemin. N’empêchez pas la brise de Dieu de souffler sur vos coeurs, cette brise qui vivifie les coeurs de ceux qui se sont tournés vers lui. Prêtez l’oreille aux admonitions sans équivoque que nous vous avons révélées dans cette épître, afin que Dieu puisse à son tour vous prêter l’oreille et dévoiler à vos yeux les portes de sa miséricorde. Il est, en vérité, le Compatissant, le Miséricordieux.

(5.7)
Ne négligez pas la crainte de Dieu, ô rois de la terre, et prenez garde de ne pas transgresser les limites fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions de son Livre, et gardez-vous d’en outrepasser les limites. Veillez à n’être injustes envers personne, ne fût-ce que dans la mesure d’un grain de moutarde. Suivez le sentier de la justice, car c’est là, en vérité, le droit sentier.

(5.8)
Résolvez vos différends et réduisez vos armements, afin d’alléger le fardeau de vos dépenses, et que vos esprits et vos coeurs soient apaisés. Réglez les discordes qui vous divisent, et vous n’aurez point besoin d’armements excepté pour la protection de vos villes et territoires. Craignez Dieu, et gardez-vous d’outrepasser les bornes de la modération et d’être comptés parmi les extravagants.

(5.9)
Nous avons appris que vous augmentez chaque année vos dépenses et que vous en faites peser le fardeau sur vos sujets. En vérité, c’est plus qu’ils ne peuvent supporter et cela constitue une grave injustice. Tranchez avec justice entre les hommes, ô rois, et soyez parmi eux l’emblème de la justice. C’est là, si vous jugez avec discernement, ce qui vous incombe et convient à votre rang.

(5.10)
Gardez-vous de traiter injustement celui qui en appelle à vous et se place sous votre protection. Vivez dans la crainte de Dieu, et soyez de ceux qui mènent une vie pieuse. Ne vous reposez jamais sur votre pouvoir, vos armées et vos trésors. Placez votre foi et votre confiance en Dieu qui vous a créés, et dans toutes vos affaires sollicitez son aide. Le secours ne vient que de lui et il le donne à qui il veut, grâce aux armées du ciel et de la terre.

(5.11)
Sachez que Dieu vous a confié les pauvres. Veillez à ne pas trahir sa confiance en les traitant injustement, et à ne pas suivre la voie des perfides. Vous serez certainement appelés à rendre compte de ce qui vous a été confié le jour où sera établie la balance de la justice, le jour où chacun recevra son dû, où les actes de tous, riches ou pauvres, seront rigoureusement pesés.

(5.12)
Si vous ne prenez garde aux conseils qu’en un clair et incomparable langage nous vous révélons dans cette épître, le châtiment de Dieu fondra sur vous de toutes parts, et la sentence de sa justice sera prononcée contre vous. Vous n’aurez, ce jour-là, aucun pouvoir de lui résister, et vous reconnaîtrez votre propre impuissance. Ayez pitié de vous-mêmes et de vos sujets. Jugez entre eux selon les préceptes édictés par Dieu dans sa sainte et sublime épître, une épître dans laquelle il assigne à toute chose les limites fixées pour chacune d’elles et dans laquelle il donne une claire explication de toutes choses, une épître qui constitue en elle-même une admonition pour tous ceux qui croient en lui.

(5.13)
Examinez notre cause, informez-vous de ce qui nous est advenu, tranchez avec justice entre nous et nos ennemis, et soyez de ceux qui agissent équitablement envers leur prochain. Si vous ne retenez pas la main de l’oppresseur, si vous ne protégez pas les droits de l’opprimé, de quoi pouvez-vous vous glorifier parmi les hommes ? De quoi au juste pouvez-vous être fiers ? Vous ferez-vous gloire de ce que vous mangez et buvez, des richesses que vous amassez, du prix et de la variété des ornements dont vous vous parez ? Si la vraie gloire consistait en la possession de ces choses périssables, la terre sur laquelle vous marchez devrait alors se vanter de vous être supérieure, car c’est elle qui, par décret du Tout-Puissant, vous fournit et vous accorde ces choses. Ses entrailles renferment, selon ce que Dieu a ordonné, tout ce que vous possédez. D’elle, en signe de sa miséricorde, vous tirez toutes vos richesses. Considérez donc votre condition, ce dont vous vous enorgueillissez ! Puissiez-vous en prendre conscience !

(5.14)
Non, par celui qui tient en sa main le royaume tout entier de la création ! Votre gloire constante et véritable ne réside que dans votre ferme adhésion aux préceptes de Dieu, dans votre observance sincère de ses lois, dans votre résolution de veiller à leur application et de suivre fermement le droit chemin.

(5.15)
Ô rois de la chrétienté, n’avez-vous pas entendu la parole de Jésus, l’Esprit de Dieu : « Je m’en vais mais je vous reviendrai » ? [voir : Jean 14.28] Lorsqu’il vous est revenu dans les nuées, vous ne vous êtes pas approchés de lui pour contempler son visage, vous n’avez pas atteint sa présence. Pourquoi cette défaillance ? Dans un autre passage, il dit : « Lorsque celui qui est l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira à toute la vérité. » [voir : Jean 16.13] Et pourtant, voyez comment, lorsqu’il vous a apporté la vérité, vous avez refusé de tourner vos visages vers lui et continué de vous vautrer dans vos loisirs et vos caprices. Vous ne l’avez pas accueilli ni n’avez recherché sa présence pour entendre les versets de Dieu coulant de ses propres lèvres et goûter à la sagesse infinie du Tout-Puissant, le Très-Glorieux, le Très-Sage. En raison de votre échec, vous avez empêché le souffle de Dieu de passer sur vous et privé vos âmes de la douceur de son parfum. Vous continuez à errer avec délices dans la vallée de vos désirs corrompus. Par Dieu ! vous êtes vous-mêmes, ainsi que tout ce que vous possédez, appelés à disparaître. Vous allez assurément retourner à Dieu, et vous aurez à répondre de vos actes en présence de celui qui rassemblera la création tout entière.

(5.16)
De plus, ne savez-vous pas ce qui est écrit dans l’Évangile au sujet de « Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » [voir : Jean 1.13], c’est-à-dire ceux qui ont été rendus manifestes par le pouvoir de Dieu ? Pour cette raison, il apparaît évident que se manifeste dans le monde de la création un être réellement issu de Dieu, le Tout-Puissant, l’Omniscient, le Très-Sage. Pourquoi alors, lorsque vous parvint la nouvelle de notre cause, avez-vous refusé de vous informer auprès de nous, afin de distinguer la vérité de l’erreur, de découvrir notre but et nos intentions et d’apprendre les afflictions dont nous avons souffert aux mains d’une génération malveillante et rebelle.

(5.17)
Ô ministre du roi de Paris [nota : l’ambassadeur de France à Constantinople], aurais-tu oublié la déclaration contenue dans l’Évangile selon saint Jean concernant le Verbe et ceux qui en sont les manifestations ? Et aurais-tu choisi de fermer les yeux sur les conseils de l’Esprit [nota: Jésus] concernant les manifestations du Verbe, pour ensuite compter parmi les insouciants ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi as-tu conspiré avec le ministre de Perse [nota: l’ambassadeur de Perse à Constantinople] pour nous faire subir ce qui a fait fondre le coeur des hommes de discernement et d’entendement, couler les larmes des habitants du royaume éternel et se lamenter les âmes de ceux qui sont proches de Dieu ? Tout cela, tu l’as fait sans chercher à examiner notre cause ou à discerner sa vérité. Car n’est-il pas manifestement de ton devoir d’examiner cette cause, de t’informer de ce qui nous est advenu, de juger équitablement et de t’en tenir à la justice ?

(5.18)
Tes jours sont comptés, ton pouvoir prendra fin et tes possessions se réduiront jusqu’à disparaître. Alors, en présence du Roi tout-puissant, tu seras appelé à répondre de ce que tes mains ont forgé. Combien de ministres sont passés avant toi dans ce monde, des hommes dont le pouvoir surpassait le tien, dont le rang dépassait le tien, dont les richesses excédaient les tiennes ? Pourtant ils sont redevenus poussière, ne laissant sur cette terre ni nom ni trace, et sont à présent affligés d’un remords cruel. Parmi eux se trouvent ceux qui ont manqué à leur devoir envers Dieu, ont suivi leurs propres désirs et choisi le chemin de la convoitise et de la méchanceté. Parmi eux se trouvent aussi ceux qui ont observé ce qui a été prescrit dans les versets de Dieu et qui, ayant jugé avec équité sous la protection de la divine providence, ont trouvé refuge à l’abri de la miséricorde de leur Seigneur.

(5.19)
Je t’exhorte, toi et ceux qui te ressemblent, à n’agir envers personne comme tu as agi envers nous. Prends garde de ne pas suivre les pas du Malin ni de marcher dans les traces des injustes. Ne puise dans ce monde que selon la mesure de tes besoins, et renonce au superflu. Sois équitable dans tous tes jugements, ne transgresse point les limites de la justice et ne sois pas de ceux qui dévient de son chemin.

(5.20)
Ô rois, vingt années se sont écoulées durant lesquelles nous avons été soumis, chaque jour, à l’agonie d’une tribulation nouvelle. Aucun de ceux qui nous ont précédés n’a enduré ce que nous avons souffert. Puissiez-vous le comprendre ! Ceux qui se sont levés contre nous, nous ont mis à mort, ont répandu notre sang, pillé nos biens et violé notre honneur. Bien qu’informés de la plupart de nos maux, vous n’avez jamais arrêté la main de l’agresseur. N’est-ce pas cependant votre devoir le plus clair que de refréner la tyrannie de l’oppresseur

et de traiter équitablement vos sujets, afin que soit pleinement démontré à toute l’humanité votre haut sens de la justice.

(5.21)
Dieu a remis entre vos mains les rênes du gouvernement du peuple pour que vous le gouverniez avec équité, que vous sauvegardiez les droits des opprimés et punissiez les malfaiteurs. Si vous négligez les devoirs que Dieu vous a imposés dans son Livre, vos noms seront comptés parmi les noms de ceux qui sont injustes à ses yeux. Grave, en fait, serait votre erreur. Vous attachez-vous à ce que votre imagination a conçu, et rejetez-vous les commandements de Dieu, le Très-Loué, l’Inaccessible, l’Irrésistible, le Tout-Puissant ? Rejetez ce que vous possédez et attachez-vous à ce que Dieu vous ordonne d’observer. Sollicitez sa grâce, car celui qui la sollicite marche dans son droit chemin.

(5.22)
Considérez l’état auquel nous sommes réduits, voyez les maux et tribulations qui nous accablent. Ne vous désintéressez pas de notre cas, ne fût-ce qu’un instant, et jugez avec équité entre nous et nos ennemis. Cela sera pour vous un avantage manifeste. Nous vous faisons ce récit et nous vous rapportons ce qui nous est advenu, afin que vous puissiez nous délivrer de nos maux et alléger notre fardeau. Que celui qui le veut nous libère de nos épreuves ; quant à celui qui s’y refuse, mon Seigneur est assurément le meilleur des secours.

(5.23)
Avertis le peuple, ô Serviteur, et informe-le de ce que nous t’avons envoyé ; ne te laisse effrayer par rien ni personne et ne sois pas de ceux qui hésitent. Le jour approche où Dieu exaltera sa cause et magnifiera sa preuve aux yeux de tous ceux qui sont sur la terre et dans les cieux. En toute circonstance, place en Dieu ton entière confiance, fixe sur lui ton regard et détourne-toi de ceux qui répudient sa vérité. Que Dieu, ton Seigneur, soit ta seule aide, ton unique secours. Nous nous sommes engagés à assurer ton triomphe sur la terre et à exalter notre cause au-dessus de tous les hommes, bien qu’il ne se soit trouvé aucun roi pour se tourner vers toi.

(5.24)
Rappelle-toi ton arrivée dans la ville [nota : Constantinople], et comment les ministres du sultan, te jugeant étranger à tout ce qui constituait leurs lois et règlements, te jugèrent ignorant. Dis : En vérité, par mon Seigneur, je suis ignorant de toutes choses, à l’exception de celles qu’il a plu à Dieu, dans sa bonté, de m’enseigner. Cela, je l’atteste et le confesse sans aucune hésitation.

(5.25)
Dis : Si les lois et les règlements auxquels vous vous attachez sont votre oeuvre, nous ne nous y conformerons en aucune manière. Telles sont les instructions que nous avons reçues de celui qui est le Très-Sage, l’Omniscient. Telle fut dans le passé notre attitude et telle elle restera dans l’avenir, par le pouvoir de Dieu et sa puissance. C’est là le vrai et droit chemin. Mais si ces lois viennent de Dieu, alors fournissez-en la preuve, si vous êtes de ceux qui disent la vérité. Dis : Nous avons consigné dans un livre où sont enregistrées les actions de tout homme, aussi insignifiantes soient-elles, tout ce qu’ils t’ont imputé et tout ce qu’ils t’ont fait.

(5.26)
Dis : Il vous sied, ô ministres d’État, de respecter les préceptes de Dieu, de renoncer à vos propres lois et règlements, et d’être de ceux qui sont bien guidés. Cela vaudrait mieux pour vous que tout ce que vous possédez, puissiez-vous le savoir. Si vous transgressez le commandement de Dieu, pas un iota de vos oeuvres ne trouvera grâce devant lui. Avant peu, vous découvrirez les conséquences de ce que vous avez fait dans cette vaine existence, et vous en recevrez le juste salaire. Telle est la vérité, l’indubitable vérité.

(5.27)
Bien des hommes ont commis dans le passé ce que vous avez commis et bien que d’un rang supérieur au vôtre, sont finalement retournés à la poussière, livrés à leur sort ! Si seulement vous pouviez méditer sur la cause de Dieu ! Pourtant vous marcherez sur leurs traces, et vous entrerez dans une demeure où vous ne trouverez ni amitié ni aide d’aucune sorte. Il vous sera demandé compte de vos actes, de tous vos manquements envers la cause de Dieu et du dédain avec lequel vous avez rejeté ses amis qui venaient à vous en toute sincérité.

(5.28)
C’est vous qui, après avoir délibéré entre vous sur leur cas, avez préféré suivre l’impulsion de vos mauvais désirs et négligé le commandement de Dieu, le Secours, le Tout-Puissant.

(5.29)
Dis : Rejetterez-vous les préceptes de Dieu pour vous attacher à vos propres élucubrations ? C’est à vous-mêmes, autant qu’aux autres, que vous faites ainsi tort, puissiez-vous le comprendre. Dis : Si vos règles et principes se fondent sur la justice, comment se fait-il que vous suiviez ceux qui s’accordent avec vos inclinations corrompues et rejetiez ceux qui les contrarient ? De quel droit prétendez-vous juger équitablement entre les hommes ? Est-ce au nom de ces principes et de ces règles que vous avez repoussé celui qui, sur votre ordre, s’était présenté devant vous ? Est-ce pour vous y conformer que vous le persécutez, que vous lui infligez tous les jours de si indignes traitements ? Vous a-t-il jamais désobéi, ne fût-ce qu’un instant ? Tous les habitants d’Irak et, avec eux, tous les observateurs pourvus de discernement témoigneront de la vérité de mes paroles.

(5.30)
Soyez équitables en votre jugement, ô ministres d’État ! Qu’avons-nous commis qui justifie notre exil ? Quelle offense motive notre bannissement ? C’est nous qui avons cherché à vous rencontrer. Et voyez, cependant, comment vous avez refusé de nous recevoir ! Par Dieu ! c’est là une grave injustice que vous avez commise, une injustice que n’égale aucune autre injustice commise sur la terre. De cela est témoin le Tout-Puissant lui-même.

(5.31)
Ai-je jamais transgressé vos lois ou désobéi à aucun de vos ministres en Irak ? Informez-vous auprès d’eux afin de pouvoir agir envers nous avec discernement et d’être comptés parmi ceux qui sont bien informés. Quelqu’un leur a-t-il jamais présenté une plainte contre nous ? L’un d’eux a-t-il jamais entendu de notre part une parole contraire à ce que Dieu a révélé dans son Livre ? Avancez donc vos preuves, que nous puissions approuver vos actions et reconnaître vos prétentions.

(5.32)
Si vous aviez voulu agir envers nous selon vos critères et principes, il aurait été de votre devoir de nous respecter et de nous honorer puisque nous nous sommes soumis à vos ordres et avons suivi ce qu’il vous a plu de décréter. En outre, il aurait été judicieux que vous remboursiez les dettes que nous avons contractées en Irak pour accomplir vos désirs. Vous auriez alors dû tendre l’oreille, écouter le récit de nos malheurs et juger avec équité, comme vous le feriez pour vous-mêmes. Vous n’auriez pas dû souhaiter pour nous ce que vous ne souhaitez pas pour vous-mêmes ; vous auriez plutôt dû choisir de vous montrer généreux. Par Dieu ! vous n’avez agi envers nous ni selon vos propres critères et principes ni selon ceux de tout être humain, mais plutôt selon vos passions néfastes et capricieuses, ô assemblée d’insoumis et d’arrogants.

(5.33)
Ô Oiseau de sainteté, envole-toi vers le ciel de la communion avec moi et informe les hommes de ce que nous t’avons dévoilé dans les océans tumultueux de l’immortalité au-delà du mont de la gloire. Ne crains personne, place ta confiance en Dieu, le Tout-Puissant, le Bienfaisant. En vérité, nous te protégerons de ceux qui t’ont fait grand tort sans détenir une preuve manifeste de Dieu ni l’éclairage d’un Livre.

(5.34)
Dis : Dieu m’est témoin, ô assemblée de négligents ! Nous ne sommes pas venu parmi vous pour répandre le désordre dans vos contrées ni pour semer la dissension parmi vos peuples. Non, nous sommes plutôt venu afin d’obéir au commandement du souverain, et d’exalter votre autorité, de vous instruire dans la voie de notre sagesse et de vous rappeler ce que vous aviez oublié, ainsi qu’il le dit vraiment : « Avertis-les hommes car le rappel est utile aux croyants » [voir : Coran 51.55]. Mais vous n’avez pas prêté l’oreille aux douces mélodies de l’Esprit et, sans discernement, vous avez écouté nos ennemis, ceux qui suivent l’appel de leurs inclinations corrompues, ceux qui, poussés par le malin, estiment leurs actions équitables et dont la langue profère des calomnies contre nous. N’avez-vous pas entendu ce qui a été révélé dans son Livre infaillible et très glorieux : « Si un homme méchant vient vous apporter une nouvelle, vérifiez-la sur le champ » ? [voir : Coran 49.6 - « Si un homme pervers vient vous apporter une nouvelle, faites attention »] Pourquoi donc avez-vous rejeté loin de vous les commandements de Dieu et suivi les pas des fauteurs de trouble ?

(5.35)
Nous avons appris que l’un de ces calomniateurs a allégué que ce Serviteur a pratiqué l’usure durant son séjour en Irak, et qu’il était occupé à amasser des richesses. Dis : Comment pouvez-vous porter un jugement sur une affaire dont vous ne savez rien ? Comment pouvez-vous proférer des calomnies contre les serviteurs de Dieu et nourrir des soupçons si injurieux ? Et comment cette accusation peut-elle être justifiée, puisque Dieu interdit cette pratique à ses serviteurs dans le Livre très saint et bien préservé, révélé à Muhammad, l’Apôtre de Dieu et le Sceau des prophètes, Livre qui selon son décret constitue son témoignage éternel, ses directives et son avertissement à toute l’humanité ? Ce n’est là qu’un des points sur lesquels nous nous sommes opposé aux membres du clergé en Perse, car nous avons, conformément au texte du Livre, interdit à tous la pratique de l’usure. Dieu lui-même est témoin de la vérité de mes paroles. « Je ne m’innocente pas, l’âme est instigatrice du mal » [voir : Coran 12.53]. Notre seule intention est de vous faire part de la vérité, afin que vous en soyez informés et que vous soyez de ceux qui mènent une vie pieuse. Veillez à ne pas prêter l’oreille aux paroles de ceux dont on peut discerner l’odeur fétide de la méchanceté et de la jalousie ; ne leur prêtez aucune attention, et soyez les défenseurs de la droiture.

(5.36)
Sachez que le monde et ses vanités passeront. Rien ne durera sauf le royaume de Dieu qui n’appartient qu’à lui, le souverain Seigneur de toutes choses, le Secours, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant. Les jours de votre vie s’écouleront, toutes les choses périront qui maintenant vous occupent et flattent votre vanité ; par une milice de ses anges, vous serez sommés à comparaître en ce lieu où la création sera saisie de crainte et de tremblement et où la chair de tout oppresseur frémira. Il vous sera demandé compte de tout ce que vos mains auront forgé en votre vaine existence, et vous en recevrez le juste salaire. Voici le jour qui, inéluctablement, s’abattra sur vous, voici l’heure que nul ne pourra différer. De cela porte témoignage la langue de celui qui dit la vérité et qui est l’Omniscient.

(5.37)
Craignez Dieu, habitants de la cité [nota : Constantinople], et ne semez point les germes de la discorde parmi les hommes. Ne suivez pas les sentiers du Malin. Marchez plutôt, durant les quelques jours qui vous restent à vivre, dans les voies du seul vrai Dieu. Vos jours passeront comme ont passé les jours de ceux qui vous ont précédés, et vous retournerez à la poussière comme vos pères y sont retournés.

(5.38)
Sachez que je n’ai peur de personne d’autre que de Dieu, qu’en nul autre que lui je n’ai placé ma confiance, que je ne suis attaché qu’à lui seul et que je ne désire rien d’autre que ce qu’il a désiré pour moi. Tel est, en vérité, le voeu de mon coeur, puissiez-vous le savoir. J’ai offert mon âme et mon corps en sacrifice à Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Quiconque a connu Dieu ne connaîtra jamais que lui, et quiconque a craint Dieu, n’aura point d’autre crainte, alors même que toutes les puissances de la terre se dresseraient contre lui. Je ne parle que sur son ordre et, par le pouvoir de Dieu et par sa puissance, je ne me conforme qu’à sa vérité. En vérité, je vous le dis, il récompensera les coeurs sincères.

(5.39)
Conte, ô serviteur, ce dont tu fus témoin lors de ton arrivée dans la ville, afin que ton témoignage demeure parmi les hommes et serve d’avertissement à ceux qui croient. À notre arrivée dans la cité, nous avons trouvé les dirigeants et les anciens tels des enfants s’amusant ensemble dans le sable. Nous n’en avons trouvé aucun ayant une maturité d’esprit suffisante pour recevoir de nous les vérités que nous tenons de Dieu ni qui soit prêt à entendre nos merveilleuses paroles de sagesse. Notre coeur a pleuré sur eux et sur leurs transgressions, ainsi que sur leur ignorance des raisons de leur création. Voilà ce que nous avons observé dans cette cité et ce que nous avons voulu noter dans notre livre en guise d’avertissement pour eux et pour le reste de l’humanité.

(5.40)
Dis : Si vous aspirez aux vanités de ce monde, pourquoi ne les avoir point cherchées alors que vous étiez dans le sein de votre mère, car alors vous ne cessiez de vous en approcher, puissiez-vous le comprendre. Mais depuis que vous êtes nés et avez atteint l’âge adulte, vous n’avez fait que vous distancer du monde et vous rapprocher de la poussière. Pourquoi donc cette avidité à amasser les trésors de la terre, alors que vos jours sont comptés et que vos chances sont presque nulles ? Ne vous déciderez-vous pas, ô négligents, à sortir de votre sommeil ?

(5.41)
Prêtez l’oreille aux conseils que, pour l’amour de Dieu, ce serviteur vous donne. Il n’attend de vous, en vérité, aucune récompense et, entièrement soumis à la volonté de Dieu, il est résigné à ce que cette volonté lui réserve.

(5.42)
Les jours de votre vie sont déjà largement dépensés, ô peuple, et votre fin approche à grands pas. Renoncez donc à ces vaines entreprises qui vous retiennent encore et attachez-vous aux préceptes de Dieu, afin d’obtenir ce qu’il vous a destiné et d’être de ceux qui suivent le droit chemin. Ne vous délectez point des choses de ce monde et de ses vains ornements, et ne placez point vos espérances en eux. Que votre confiance repose tout entière dans le souvenir de Dieu, le Suprême et le Très-Grand. Avant peu, il réduira à néant tout ce que vous possédez. Craignez-le donc, n’oubliez pas l’alliance qu’il a faite avec vous, et ne soyez point de ceux qu’un voile sépare de lui.

(5.43)
Gardez-vous de vous gonfler d’orgueil devant Dieu et de repousser ceux qu’il aime. Suivez plutôt en toute humilité ceux qui sont fidèles, qui ont cru en lui et en ses signes, dont les coeurs témoignent de son unité, dont les bouches proclament son unicité, et qui ne parlent qu’avec sa permission. Nous vous exhortons ainsi au nom de la justice, et nous vous avertissons, au nom de la vérité, pour vous tirer, si possible, de votre sommeil.

(5.44)
Ne faites peser sur aucune âme un poids dont vous ne voudriez point que la vôtre fût chargée, et ne souhaitez à personne ce que vous ne souhaitez pas pour vous-mêmes. Tel est le meilleur conseil que je puisse vous donner, puissiez-vous le suivre.

(5.45)
Respectez parmi vous les religieux et les savants, ceux dont la conduite s’accorde avec ce qu’ils professent, qui ne transgressent point les limites fixées par Dieu, et dont les jugements sont conformes aux commandements révélés dans son Livre. Sachez qu’ils sont des lampes destinées à guider les habitants des cieux et de la terre. Ceux qui dédaignent et négligent les religieux et les savants qui vivent parmi eux ont en fait altéré la grâce que Dieu leur avait accordée.

(5.46)
Dis : Attendez-vous que Dieu vous ait retiré sa faveur ? Rien ne lui échappe. Il connaît les secrets des cieux et de la terre. Sa science embrasse toutes choses. Ne vous réjouissez pas de ce que vous avez fait ni de ce que vous ferez, et ne vous félicitez point de la souffrance que vous nous avez infligée, car ce n’est pas ainsi que vous exalterez votre condition, si vous pouviez juger vos actions avec discernement. De même, serez-vous incapables de porter atteinte à la noblesse de notre condition. Non, Dieu accroîtra la récompense qu’il nous destine pour avoir enduré patiemment les tribulations que nous avons subies. En vérité, il récompense toujours davantage ceux qui endurent avec constance.

(5.47)
Sachez que, de temps immémorial, épreuves et tribulations sont le lot des élus de Dieu et de ses bien-aimés, de ses serviteurs détachés de tout sauf de lui, de ceux qu’aucun commerce ni négoce ne détournent du souvenir du Tout-Puissant, qui ne parlent que lorsqu’il a parlé et observent ses commandements. Telle fut dans le passé la méthode de Dieu, telle elle restera dans l’avenir. Bénis ceux qui souffrent avec longanimité, restent patients dans les peines et dans les privations, ne se lamentent point de ce qui leur advient et marchent dans le sentier de la résignation.

(5.48)
Ce qui nous est advenu a déjà été vécu dans le passé. Nous ne sommes pas le premier en terre d’islam dont la coupe est brisée, comme ce n’est pas la première fois que de tels intrigants complotent contre les bien-aimés du Seigneur. Les tribulations que nous avons subies sont semblables aux épreuves qu’a connues autrefois l’Imám Husayn. Car des messagers envoyés par des conspirateurs malveillants et mal intentionnés l’invitèrent à sortir de la cité et quand il vint vers eux, en compagnie de sa famille, ils usèrent de toute leur force pour l’assaillir et finalement le tuer ainsi que ses fils et ses frères, et capturer le reste de sa famille. Voilà ce qui s’est produit en ces temps anciens et, en vérité, Dieu est témoin de mes paroles. De tous ses descendants, jeunes ou vieux, aucun ne survécut à part son fils ‘Alí-al-Awsat, connu sous le nom de Zaynu’l-’Ábidín.

(5.49)
Ô vous, insouciants, voyez avec quel éclat le feu de l’amour de Dieu a flambé jadis dans le coeur de Husayn, si vous êtes de ceux qui réfléchissent. Si intense était sa flamme que la ferveur et le désir lui arrachèrent finalement les rênes de la patience, et l’amour de celui qui est l’Irrésistible ravit tellement son coeur qu’il abandonna son âme, son esprit, son corps et son être entier dans la voie de Dieu, le Seigneur des mondes. Par Dieu ! cet état était plus doux à ses yeux que la domination totale de la terre et du ciel. Car l’amant véritable ne désire rien d’autre que la compagnie du bien-aimé et le chercheur n’a d’autre but que d’atteindre l’objet de sa quête. Leurs coeurs aspirent à la réunion comme le corps se languit de l’esprit. Que dis-je ! Leur désir est plus ardent encore, si seulement vous pouviez le percevoir.

(5.50)
Dis : Ce même feu brûle maintenant dans ma poitrine, et mon souhait est que cet Husayn [nota : Bahá’u’lláh] puisse faire le même sacrifice de sa vie dans l’espoir d’atteindre un rang aussi auguste et aussi sublime, où le serviteur meurt à lui-même et vit en Dieu, le Tout-Puissant, le Glorifié, le Grand. Si je devais vous dévoiler les mystères qui sont enchâssés par Dieu dans un tel rang, vous chercheriez, en vérité, à sacrifier vos vies dans son sentier, à renoncer à vos richesses et à délaisser tout ce que vous possédez, afin d’atteindre cette condition transcendante et glorieuse. Mais Dieu a couvert vos coeurs d’un voile et obscurci votre vision de crainte que vous ne saisissiez ses mystères et en compreniez la portée.

(5.51)
Dis : L’âme sincère aspire à se rapprocher de Dieu comme le nourrisson recherche le sein de sa mère. Que dis-je ! Bien plus ardent encore est ce désir, puissiez-vous le savoir ! Il est semblable à celui de l’assoiffé qui recherche ardemment les eaux vivifiantes, ou du pécheur qui souhaite de tout coeur le pardon et la miséricorde. C’est pourquoi nous vous exposons les mystères de la Cause et vous transmettons ce qui vous rendra indépendants de tout ce qui vous a préoccupés jusqu’ici, afin que vous ayez une chance d’accéder à la cour de sainteté, au sein de ce paradis exalté. Je jure par Dieu ! Quiconque y pénètre ne quittera jamais cette enceinte et quiconque y pose son regard jamais ne s’en détournera, même si les épées des infidèles et des obstinés s’acharnent contre lui. Ainsi, nous vous avons rapporté ce qui est advenu à Husayn, et nous supplions Dieu de nous réserver le même sort. Il est, en vérité, le Munificent, le Très-Généreux.

(5.52)
Par la justice de Dieu ! grâce à ses actes, les parfums de sainteté se sont répandus sur toutes choses, la preuve de Dieu est complète et manifeste aux yeux de tous. Et après sa disparition, Dieu a suscité un peuple qui a vengé sa mort, tué ses ennemis et l’a pleuré à l’aube comme au crépuscule. Dis : Dieu promet dans son Livre de se saisir de tous les tyrans et de renverser les fauteurs de trouble. Sache que ces gestes saints exercent par eux-mêmes un grand pouvoir sur le monde de l’existence, un pouvoir qui demeure cependant impénétrable, sauf pour ceux dont Dieu a ouvert les yeux, libéré les coeurs des voiles qui obscurcissent la vue et guidé l’âme dans le droit chemin.

(5.53)
Le jour approche où Dieu suscitera un peuple qui se souviendra de nos jours, fera le récit de nos épreuves et exigera, de ceux qui sans la moindre preuve nous ont traité avec une indéniable injustice, la restitution de nos droits. Dieu assurément a tout pouvoir sur la vie de ceux qui nous ont fait du tort, et il connaît toutes leurs actions. Nul doute qu’en raison de leurs péchés, son bras se saisira d’eux. Il est, en vérité, le plus terrible des vengeurs.

(5.54)
Nous vous avons ainsi entretenus des affaires du seul vrai Dieu, vous faisant connaître les choses qu’il a préordonnées, afin que vous sollicitiez son pardon, lui reveniez animés d’un sincère repentir, preniez conscience de vos fautes et secouiez votre torpeur, que vous quittiez votre insouciance, expiiez tous vos méfaits et vous résolviez à faire le bien. Que celui qui le veut, reconnaisse la vérité de mes paroles. Quant à celui qui s’y refuse, qu’il s’en détourne. Mon unique tâche est de vous rappeler que vous avez failli à votre devoir envers la cause de Dieu, si vous prenez garde à mes avertissements. Écoutez-les donc, repentez-vous et retournez à Dieu afin que, par sa grâce, il ait pitié de vous, vous lave de vos péchés et vous pardonne vos offenses. La grandeur de sa miséricorde dépasse la violence de sa colère, et sa grâce embrasse ceux qui, de tous temps, sont appelés à l’existence et sont parés du vêtement de la vie.

(5.55)
Ô assemblée de ministres d’État, croyez-vous sincèrement que nous soyons venu vous dépouiller de vos possessions terrestres et de votre orgueil ? Non, par celui qui tient mon âme dans sa main ! Notre intention est de vous démontrer que nous ne sommes pas opposés aux ordres du souverain, et ne comptons pas parmi les rebelles. Soyez assurés que tous les trésors de la terre, tout l’or, l’argent et les pierres rares et précieuses sont, pour Dieu, pour ses élus et ses bien-aimés, aussi dépourvus de valeur qu’une poignée de poussière. Car avant peu, tout ce qui est sur la terre périra, et le Royaume demeurera à Dieu, le Tout-Puissant, l’Incomparable. Tout ce qui périt ne peut nous être d’aucun profit, et il en est de même pour vous, si vous pouviez y songer.

(5.56)
Par la justice de Dieu ! je ne mens pas et ne prononce que ce qui m’est ordonné par Dieu. Les paroles mêmes de cette épître en portent témoignage, si vous prenez la peine d’y réfléchir. Ne succombez pas à vos propres désirs, et n’écoutez pas les chuchotements du Malin en vos âmes. Suivez plutôt la cause de Dieu, aussi bien dans votre vie sociale que dans votre vie intérieure et ne soyez pas parmi les négligents. Cela vaut mieux pour vous que tout ce que vous avez amassé dans vos maisons et tout ce que, jour et nuit, vous avez désiré.

(5.57)
Le monde disparaîtra, et avec lui tout ce qui réjouit votre coeur ou dont vous tirez orgueil devant les hommes. Purifiez le miroir de votre coeur de la poussière de ce monde et de tout ce qu’il contient, afin qu’il puisse refléter la lumière resplendissante de Dieu. Cela vous permettra, en vérité, de vous passer de tout sauf de Dieu et d’atteindre le bon plaisir de votre Seigneur, le Très-Bienfaisant, l’Omniscient, le Très-Sage. Nous avons, en vérité, étalé sous vos yeux ce qui vous sera profitable tant dans ce monde que dans le royaume de la foi, et vous mènera vers le chemin du salut. Puissiez-vous regarder dans cette direction !

(5.58)
Écoute, ô Roi [nota : le sultan ‘Abdu’l-’Azíz], le discours de celui qui ne dit que la vérité, qui ne te demande pas en récompense les choses que Dieu t’a accordées et qui jamais ne s’écarte du droit chemin. C’est lui qui t’appelle à Dieu, ton Seigneur, qui te montre le droit chemin conduisant au vrai bonheur, afin que tu rejoignes ce pour qui tout ira bien.

(5.59)
Garde-toi, ô Roi, de t’entourer de ministres qui suivent leurs inclinations corrompues, négligent ce qui leur est confié et manifestement trahissent leur mission. Sois bienveillant envers les autres comme Dieu l’est envers toi, et ne laisse pas les intérêts de ton peuple à la merci de tels ministres. Ne méconnais pas la crainte de Dieu, et sois de ceux qui agissent avec droiture. Entoure-toi de ministres qui exhalent le parfum de la foi et de la justice, sollicite leur avis, retiens ce qui te semblera le mieux, et sois de ceux qui agissent avec générosité.

(5.60)
Tiens pour certain que quiconque ne croit pas en Dieu n’est ni digne de confiance ni véridique. Telle est, en effet, la vérité, l’indubitable vérité. Celui qui trahit Dieu trahit aussi son roi. Rien ne peut le détourner du mal, rien ne peut l’empêcher de trahir son voisin, rien ne peut l’amener à agir avec droiture.

(5.61)
Prends soin de ne pas remettre aux mains d’autrui les rênes des affaires de ton État, n’accorde pas ta confiance à des ministres qui ne la méritent point, ne sois pas de ceux qui vivent dans l’insouciance. Évite ceux dont le coeur se détourne de toi, ne leur accorde pas ta confiance, et ne les charge point de tes affaires ni des affaires de ceux qui professent ta foi. Assure-toi de ne pas laisser le loup devenir le berger du troupeau de Dieu, et ne laisse pas à la merci des méchants le sort de ceux qu’il aime. N’attends pas de ceux qui violent les commandements de Dieu qu’ils soient dignes de quelque confiance, ou qu’ils puissent être sincères dans la foi qu’ils professent. Évite-les donc, et protège-toi soigneusement, de peur d’être victime de leurs ruses et de leurs méfaits. Détourne-toi d’eux, fixe ton regard sur Dieu, ton Seigneur, le Très-Glorieux, le Très-Bienfaisant. Dieu sera assurément avec celui qui se donne entièrement à lui ; il préservera de tout mal celui qui place toute sa confiance en lui et le protègera contre les complots des méchants.

(5.62)
Si tu prêtes l’oreille à mes discours et suis mes conseils, Dieu t’élèvera à un rang si éminent qu’aucun dessein humain ne pourra t’atteindre ni te nuire. Ô Roi, observe de tout ton coeur et de toutes tes forces, les commandements de Dieu, et ne marche pas dans les sentiers de l’oppresseur. Saisis-toi des rênes du gouvernement de ton peuple et tiens-les fermement, examine personnellement tout ce qui s’y rapporte. Que rien ne t’échappe, car c’est là le bien le plus grand.

(5.63)
Rends grâces à Dieu de t’avoir choisi entre tous comme chef suprême de ceux qui professent ta foi. Il te convient, en effet, d’apprécier les bienfaits dont Dieu t’a gratifié et de sans cesse magnifier son nom. La meilleure louange que tu puisses lui adresser est d’aimer ceux qu’il aime, de sauvegarder les intérêts de ses serviteurs, de les protéger contre les traîtres et de faire en sorte qu’ils ne soient plus opprimés. Tu dois, en outre, faire respecter parmi eux la loi de Dieu, afin d’être toi-même du nombre de ceux qui sont fermement établis dans cette loi.

(5.64)
Si, par toi, les rivières de la justice venaient à répandre leurs eaux sur tes sujets, Dieu assurément t’assisterait des armées de l’invisible et du visible, et te fortifierait dans tes affaires. Il n’est d’autre Dieu que lui. La création est sienne, avec tout son empire. À lui retourneront les oeuvres des fidèles.

(5.65)
Ne place pas ta confiance dans tes trésors. Place-la plutôt dans la grâce de Dieu, ton Seigneur. Compte sur lui en tout ce que tu fais, et sois de ceux qui se soumettent à sa volonté. Laisse-le t’aider et t’enrichir de ses trésors car c’est à lui qu’appartiennent tous les trésors de la terre et du ciel. Il les accorde à qui lui plaît, et les retire à qui il veut. Il n’est pas d’autre Dieu que lui, le Possesseur de toutes choses, le Très-Loué. Tous sont pauvres au seuil de sa miséricorde ; tous sont impuissants devant la révélation de sa souveraineté et implorent ses faveurs.

(5.66)
Ne franchis jamais les bornes de la modération et traite équitablement ceux qui te servent. Donne-leur selon leurs besoins, mais pas dans une mesure qui leur permettrait d’entasser pour eux-mêmes des trésors, de parer leur personne, d’embellir leur foyer, d’acquérir ce qui ne leur serait d’aucun profit et les ferait compter au nombre des extravagants. Exerce envers eux une indéfectible justice, de sorte que nul d’entre eux ne soit dans le besoin ni ne regorge de richesses. Ce n’est là que justice manifeste.

(5.67)
Ne permets pas que l’abject domine ceux qui sont nobles et dignes d’honneur, et ne souffre point que le juste soit à la merci du vil et du méprisable, car c’est ce que nous avons constaté lors de notre arrivée dans la cité [nota : Constantinople], et nous en témoignons. Parmi ses habitants, nous en avons vu qui possédaient d’immenses fortunes et vivaient dans une richesse excessive, alors que d’autres vivaient dans une noire misère et une extrême pauvreté. Cela ne saurait convenir à ta souveraineté ni être digne de ton rang.

(5.68)
Accueille donc mes avis et efforce-toi de gouverner avec équité, afin que Dieu exalte ton nom et répande dans le monde entier la renommée de ta justice. Veille à ne pas favoriser tes ministres aux dépens de tes sujets. Crains les soupirs du pauvre et du juste qui, à chaque aurore, se lamentent sur leur triste sort, et sois pour eux un souverain bienveillant. Ils sont, en vérité, tes trésors sur la terre. Il t’appartient donc de mettre tes trésors à l’abri des assauts de ceux qui voudraient te les dérober. Enquiers-toi de leurs affaires et inquiète-toi chaque année, chaque mois même, de leur condition. Ne sois pas de ceux qui négligent leur devoir.

(5.69)
Garde les yeux rivés sur l’infaillible balance de Dieu et tel celui qui se tient en sa présence, pèse sur tes actions chaque jour, en chaque instant de ta vie. Fais ton examen de conscience chaque jour avant d’y être convié au jour du jugement, jour où personne n’aura la force de se tenir debout par crainte de Dieu, jour où le coeur des négligents se mettra à trembler.

(5.70)
Il incombe à tout roi d’être aussi bienveillant que le soleil qui assure la croissance de tous les êtres et donne à chacun son dû, et dont les bienfaits ne proviennent pas de lui-même, mais de la volonté du Tout-Puissant, de l’Omnipotent. Un roi doit être aussi généreux, aussi libéral dans sa grâce que les nuages dont les ondées bienfaisantes arrosent tous les pays sur l’ordre de celui qui est l’Ordonnateur suprême, l’Omniscient.

(5.71)
Prends soin de ne pas t’en remettre entièrement à d’autres pour les affaires de l’État. Nul mieux que toi-même ne pourrait remplir tes fonctions. Ainsi avec clarté, nous te donnons nos sages avis, nous t’envoyons ce qui te permettra de passer de la main gauche de l’oppression à la main droite de la justice et de t’approcher du resplendissant océan des faveurs de Dieu. Telle est la voie que suivirent, avant toi, les rois qui gouvernèrent avec équité et suivirent le droit chemin de la justice.

(5.72)
Tu es l’ombre de Dieu sur la terre. Efforce-toi donc d’agir de la manière qui convient à un rang aussi éminent et aussi majestueux. Tu ne saurais, sans déroger à un honneur aussi grand et inestimable, t’abstenir de suivre les enseignements qui, par nous, te sont envoyés du ciel. Retourne donc à Dieu, attache-toi fermement à lui, purifie ton coeur du monde et de ses vanités, et ne souffre pas que l’amour d’un étranger y pénètre pour s’y établir. Et tant que tu n’auras pas purifié ton coeur des traces d’un tel amour, l’éclat de la lumière divine n’y pourra briller car Dieu n’a donné à chacun qu’un seul coeur. Tel est, en vérité, le décret divin enregistré dans son livre antique. Et puisque le coeur humain, tel que Dieu l’a façonné, est un et entier, il t’incombe de veiller à ce que ses affections soient elles aussi unes et entières. Attache-toi donc, avec toute la tendresse de ton coeur, à l’amour de Dieu et renonce à tout autre amour afin qu’il t’aide à te plonger ainsi dans l’océan de son unité et à devenir un vrai défenseur de son unicité. Dieu m’en est témoin : Je n’ai, en te révélant ces paroles, d’autre objet que de te détacher des choses éphémères de la terre, et de t’aider à entrer dans le royaume de la gloire éternelle, afin qu’avec la permission de Dieu, tu sois de ceux qui l’habitent et y règnent.

(5.73)
Ô Roi, as-tu appris combien nous avons souffert aux mains de tes ministres et comment ils nous ont traité, ou comptes-tu parmi les négligents ? Si tu es effectivement informé de ces actes, pourquoi n’as-tu pas interdit à tes ministres de les commettre ? Comment as-tu pu désirer, pour celui qui s’est plié à tes ordres et a obéi à ton décret, ce que nul roi ne désirerait pour aucun de ses sujets ? Et si tu n’en es point informé, c’est là une erreur plus grave encore si tu es de ceux qui craignent Dieu. C’est pourquoi je vais te conter ce que nous avons enduré aux mains de ces oppresseurs.

(5.74)
Sache donc que nous sommes venus dans ta ville sur ton ordre. Entré avec tous les honneurs, ils nous en ont pourtant expulsés en nous humiliant comme jamais personne ne le fut, si tu es de ceux qui sont informés. Ils nous ont forcé à voyager jusqu’à ce lieu [nota : Andrinople] où nul ne pénètre hormis ceux qui se révoltent contre l’autorité du souverain et comptent parmi les transgresseurs. Et tout cela en dépit du fait que jamais nous ne t’avions désobéi, pas même pour un instant, car dès que nous avons pris connaissance de tes ordres, nous les avons suivis et nous sommes soumis à ta volonté. Tes ministres, par contre, ont agi envers nous sans se soucier des règles et des commandements de Dieu, ni tenir compte de ce qui a été révélé aux prophètes et aux messagers. Ils nous ont traité sans pitié et nous ont infligé ce que nul fidèle n’inflige à ses pairs, ni aucun croyant à un infidèle. Dieu sait et il est témoin de la vérité de nos paroles.

(5.75)
Lorsqu’ils nous expulsèrent de ta ville, ils nous placèrent dans des chariots normalement réservés au transport de bagages ou autres objets. Tel fut le traitement qu’ils nous réservèrent, si tu désires connaître la vérité. C’est ainsi qu’ils nous firent prendre la route et nous conduisirent vers la ville qu’ils considèrent comme la demeure des rebelles. À notre arrivée, nous ne pûmes trouver de logement et fûmes obligés de demeurer dans un endroit où nul n’accepterait de pénétrer sauf le plus démuni des étrangers. Nous y logeâmes pendant quelque temps ; après quoi, souffrant de plus en plus du manque d’espace, nous louâmes des logements que les occupants avaient quittés en raison du froid extrême. Ainsi, nous fûmes contraints de vivre, au coeur de l’hiver, dans des maisons où nul n’habite sauf dans la chaleur de l’été. Ni ma famille ni mes compagnons n’avaient les vêtements nécessaires pour se protéger de ce froid glacial.

(5.76)
Si seulement tes ministres nous avaient traités selon les principes qu’ils observent entre eux ! Par Dieu, ils ne nous ont traité ni selon les commandements de Dieu, ni selon les pratiques auxquelles ils souscrivent, ni selon les règles habituelles des hommes ; même le pauvre reçoit mieux un voyageur. Voilà le récit de ce qu’ils nous ont fait endurer, et que nous te rapportons dans un langage véridique et sincère.

(5.77)
Tout cela m’est advenu alors que je me suis présenté chez eux sur leurs ordres et ne me suis pas opposé à leur autorité dérivée de la tienne. Ainsi, nous avons accepté et suivi leur injonction. Eux, par contre, semblent avoir oublié ce que Dieu a commandé. Il dit, et sa parole est vérité : « Agissez avec humilité envers les croyants » [voir : Coran 15.88 - « Abaisse ton aile sur les croyants »]. Ils n’avaient d’autre souci que leur propre confort et leur tranquillité et leurs oreilles étaient sourdes aux soupirs des pauvres et aux cris des opprimés. Ils semblent croire qu’ils sont créés de pure lumière, alors que les autres ont été façonnés dans l’argile. Quelle pitoyable illusion ! Ne vous avons-nous pas créés d’une eau vile. [voir : Coran 77.20 ; « il lui a suscité une descendance à partir d’une goutte d’eau vile » ; 32.8]

(5.78)
Par Dieu, je le jure, ô Roi ! Je n’ai point dessein de me plaindre auprès de toi de ceux qui me persécutent. C’est à Dieu que j’expose mes griefs et mon chagrin, à Dieu qui m’a créé et qui les a créés, qui connaît bien notre situation, et qui veille sur toutes choses. Je veux seulement les mettre en garde contre les conséquences de leurs actions, dans l’espoir qu’ils s’abstiendront d’en traiter d’autres comme ils m’ont traité moi-même, et se rangeront finalement parmi ceux qui suivent mes avertissements.

(5.79)
Les tribulations qui nous accablent, le dénuement dont nous souffrons, les tourments divers qui de toutes parts nous assaillent, tout cela passera comme passeront les plaisirs dont se délectent nos ennemis et l’abondance dont ils jouissent. Telle est la vérité qu’aucun homme ne peut rejeter. Bientôt prendront fin les jours où nous aurons été abaissés dans la poussière, comme se termineront avant peu leurs jours de gloire. Dieu, assurément, jugera entre nous et eux, et il est, en vérité, le meilleur des juges.

(5.80)
Nous rendons grâces à Dieu pour tout ce qui nous est advenu, et nous endurons patiemment ce qu’il a ordonné dans le passé et ordonnera dans le futur. En lui je place ma confiance, et entre ses mains, je remets ma cause. Il ne saurait manquer de récompenser qui souffre sans se plaindre et place en lui sa confiance. La création est sienne, avec tout son empire. Il exalte qui il veut, et abaisse qui bon lui semble. Il ne lui sera point demandé compte de ses actes. Il est, en vérité, le Très-Glorieux, le Tout-Puissant.

(5.81)
Que ton oreille, ô Roi, soit attentive aux paroles que nous t’adressons. Contrains l’oppresseur à renoncer à sa tyrannie et sépare les artisans d’iniquité de ceux qui professent ta foi. Par la justice de Dieu ! l’angoisse ne peut que submerger celui qui relate les tribulations que nous avons subies. En supporter le récit dépasse d’ailleurs les forces de tout croyant en l’unité de Dieu et de tout défenseur de celle-ci. Si grandes sont nos souffrances que même nos ennemis pleurent sur nous ainsi que tout être doué de discernement. Et toutes ces épreuves nous ont été infligées bien que nous allions vers toi, et que nous ayons invité le peuple à se placer sous ta protection afin que tu sois une forteresse pour ceux qui croient en l’unité de Dieu et la soutiennent.

(5.82)
T’ai-je jamais désobéi, ô Roi ? Ai-je jamais transgressé une de tes lois ? Un de tes ambassadeurs en Irak peut-il établir contre moi la preuve du moindre manquement à ma loyauté envers toi ? Par celui qui est le Seigneur de tous les mondes, pas un moment nous ne nous sommes rebellé contre toi ni contre aucun de tes ministres. Et jamais, à Dieu ne plaise, nous ne le ferons à l’avenir, dussions-nous être soumis à des épreuves plus cruelles que celles qu’on nous a infligées dans le passé.

(5.83)
Jour et nuit, soir et matin, nous avons prié Dieu pour toi, le suppliant de te rendre obéissant à sa loi, et de te garder des assauts des méchants. Agis selon ton bon plaisir, et traite-nous comme il convient à ton état et comme il sied à ta souveraineté. En tout ce que tu désires ou désireras accomplir, n’oublie jamais la loi de Dieu. Dis : Louange à Dieu, le Seigneur de tous les mondes !

(5.84)
Ô Ministre du Shah en la cité [nota : Constantinople], imagines-tu que je tienne en ma main le sort définitif de la cause de Dieu ? Crois-tu que son cours puisse être détourné par mon emprisonnement, par la honte qui m’a été infligée ou même par ma mort et mon annihilation ? Misérable est ce qui naît dans ton coeur ! Tu es, en vérité, de ceux qui suivent les vaines imaginations de leur coeur. Il n’est d’autre Dieu que lui. Il a le pouvoir d’exalter son témoignage, de réaliser la moindre de ses volontés, de manifester sa Cause et d’élever celle-ci à une position si éminente que ni tes actions ni les actions de ceux qui se sont détournés de lui ne pourront la toucher ou lui nuire.

(5.85)
Crois-tu pouvoir faire échec à sa volonté, l’empêcher d’exécuter son jugement ou d’exercer sa souveraineté ? Prétends-tu que quelque chose dans le ciel ou sur la terre puisse résister à sa Foi ? Par celui qui est la Vérité éternelle, rien dans toute la création ne peut contrecarrer son dessein. Renonce donc à ce qui n’est chez toi que pure suffisance, car jamais l’orgueil n’a pu tenir lieu de vérité. Sois de ceux qui se repentent sincèrement et retournent à Dieu, le Dieu qui t’a créé, qui t’a nourri et a fait de toi un ministre parmi ceux qui professent ta Foi.

(5.86)
Sache, de plus, que c’est lui qui, par son ordre, a créé tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Comment ce qui a été créé sur son ordre pourrait-il prévaloir sur lui ? Dieu est infiniment loué au-dessus de ce que vous imaginez de lui, ô peuple malveillant ! Si cette Cause est la cause de Dieu, il n’est point d’homme qui puisse prévaloir sur elle ; et si elle n’est pas de Dieu, vos prêtres parmi vous, ainsi que ceux qui suivent leurs désirs corrompus et ceux qui se sont révoltés contre lui n’auront aucune peine à la renverser.

(5.87)
N’as-tu pas entendu conter ce qu’un croyant de la famille de Pharaon a dit, il y a longtemps, et que Dieu révéla à l’Apôtre qu’il avait choisi entre tous pour lui confier son message et faire de lui la source de sa miséricorde envers tous ceux qui habitent sur la terre ? Il a dit, et ce qu’il dit est vérité : « Tuerez-vous un homme parce qu’il a dit mon Seigneur est Dieu, alors qu’il vous a apporté des preuves évidentes de la part de votre Seigneur ? S’il est un menteur, son mensonge retombera sur lui, s’il dit la vérité, ce dont il vous menace vous atteindra » [voir : Coran 40.28]. Voilà ce que Dieu a révélé à son Bien-aimé, dans son Livre infaillible.

(5.88)
Et pourtant, vous n’avez pas prêté l’oreille à son injonction, vous avez dédaigné sa loi, rejeté le conseil donné dans son Livre et vous êtes comptés parmi ceux qui errent loin de lui. Combien d’hommes, chaque année, chaque mois même, ont été mis à mort à cause de vous ! Combien d’injustices avez-vous perpétrées, d’une iniquité telle que l’oeil de la création n’en avait jamais vu de semblables ni aucune chronique rapporté de pareilles ! Ô êtres injustes, combien de nourrissons et de petits enfants sont, par votre cruauté, devenus orphelins, combien de pères pleurent leurs fils, combien de soeurs languissent dans le deuil d’un frère, combien d’épouses se lamentent sur la mort d’un mari, leur unique soutien !

(5.89)
Votre iniquité s’est accrue chaque jour jusqu’à ce que vous en arriviez à tuer celui qui n’avait jamais détaché son regard de la face de Dieu, le Suprême, le Très-Grand [nota : le Báb]. Si seulement vous l’aviez mis à mort comme les hommes le font habituellement pour se détruire les uns les autres ! Mais vous l’avez tué dans des circonstances telles qu’on n’en a jamais vu de semblables. Les cieux ont versé sur lui des larmes amères, et les âmes de ceux qui sont près de Dieu ont pleuré sur ses malheurs. N’était-il pas un descendant de l’ancienne maison de votre prophète ? Le fait qu’il était un descendant direct de l’Apôtre n’était-il pas connu de vous ? Pourquoi donc lui avez-vous infligé ce que, de temps immémorial, nul homme n’avait jamais infligé à un autre homme ? Par Dieu ! la création n’a jamais vu votre pareil. Vous avez mis à mort un fils de la maison de votre prophète, et sur vos sièges d’honneur, vous continuez de vous réjouir et de vous divertir. Vous prononcez des imprécations contre ceux qui, avant vous, perpétrèrent les crimes que vous avez perpétrés et demeurez toujours inconscients de vos atrocités.

(5.90)
Soyez équitables en votre jugement. Ceux que vous maudissez et sur qui vous appelez la vengeance du ciel, ont-ils agi différemment de vous ? N’ont-ils pas mis à mort le descendant de leur prophète [nota : l’Imám Husayn], comme vous avez mis à mort le descendant du vôtre ? Votre conduite n’est-elle pas semblable à la leur ? Comment donc osez-vous prétendre vous différencier d’eux, ô semeurs de discorde parmi les hommes ?

(5.91)
Et quand vous lui eûtes enlevé la vie, un de ses fidèles se leva pour venger sa mort. C’était un inconnu, et nul ne connaissait son dessein. Il accomplit finalement ce qui avait été préordonné. Il vous appartient donc de n’accuser que vous-mêmes des crimes que vous avez perpétrés, si seulement vous jugez avec impartialité. Qui sur terre a commis ce que vous avez commis ? Personne, par celui qui est le Seigneur de tous les mondes !

(5.92)
Tous les dirigeants et rois de la terre honorent et révèrent les descendants de leurs prophètes et de leurs saints, puissiez-vous le comprendre ! Vous êtes, au contraire, responsables d’actes qu’aucun homme avant vous n’avait jamais accomplis, et pour ces méfaits, les coeurs éclairés se sont consumés de chagrin. Cependant, vous demeurez dans l’indolence, insouciants de la cruauté de vos actes.

(5.93)
Vous vous êtes obstinés jusqu’à vous lever contre nous, pourtant nous n’avions rien fait qui justifie votre inimitié. N’avez-vous donc aucune crainte du Dieu qui vous a créés et façonnés, à qui vous devez votre force et qui vous a comptés parmi ceux qui s’en sont remis à lui ? [nota : les musulmans] Jusqu’à quand vous obstinerez-vous ? Jusqu’à quand refuserez-vous de réfléchir ? Combien de temps vous faudra-t-il pour sortir de votre sommeil et de votre insouciance ? Jusqu’à quand méconnaîtrez-vous la vérité ?

(5.94)
Médite en ton coeur. Ta conduite et ce que tes mains ont forgé t’ont-ils permis d’étouffer le feu de Dieu ou d’éteindre la lumière de sa révélation, celle qui a enveloppé de son éclat ceux qui sont plongés dans les océans tumultueux de l’immortalité et attiré les âmes qui croient en son unité et la soutiennent ? Ne sais-tu pas que la puissance de Dieu prévaut sur la tienne, que son décret l’emporte sur tous tes stratagèmes ? Ne sais-tu pas qu’il domine ses serviteurs, qu’il est à la hauteur de son dessein, qu’il fait ce qu’il veut, qu’il ne lui sera point demandé compte de ce qu’il lui aura plu de faire, qu’il ordonne selon son bon plaisir, qu’il est le Tout-Puissant, l’Omnipotent ? Et si tu crois que c’est là la vérité, que ne cesses-tu alors de te tourmenter et que ne fais-tu la paix avec toi-même ?

(5.95)
Tu commets chaque jour une nouvelle injustice, et tu me traites comme tu m’as traité dans le passé, encore que je ne me sois jamais immiscé dans tes affaires. Jamais je ne suis entré en opposition avec toi, ni ne me suis rebellé contre tes lois. Et vois comment finalement tu as fait de moi un prisonnier en cette terre reculée ! Mais, quoi que vos mains ou les mains des infidèles aient forgé, sois assuré que la cause de Dieu n’en sera pas affectée ni ses voies altérées, ainsi qu’il en a toujours été.

(5.96)
Prêtez attention à mes avertissements, ô habitants de la Perse ! Si je péris entre vos mains, Dieu en suscitera un autre qui occupera le siège que ma mort aura rendu vacant, car telle est la manière dont Dieu a procédé dans le passé, et vous ne constatez aucun changement dans cette méthode. Chercheriez-vous à éteindre sa lumière qui brille sur sa terre ? Dieu lui-même s’y oppose. Il ne cessera de rendre plus parfaite sa lumière, même si, dans le secret de vos coeurs, vous la détestez.

(5.97)
Ô Ministre, réfléchis ne fût-ce qu’un instant et sois équitable en ton jugement. Qu’avons-nous commis qui justifie que tu nous aies dénigré devant les ministres du roi, suivant tes désirs, dénaturant la vérité et proférant des calomnies contre nous ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés, sinon dans la maison de ton père, lors des commémorations du martyre de l’Imám Husayn. En ces rencontres, l’occasion ne s’est jamais offerte à aucun de nous de faire connaître aux autres ses vues et ses croyances, soit par des conversations, soit par des discours. Tu témoigneras toi-même de la vérité de mes paroles, si tu es sincère. Je n’ai fréquenté aucune autre assemblée où tu aurais pu, pas plus d’ailleurs que quiconque, connaître mes pensées. Comment donc, sans m’avoir entendu, peux-tu me condamner ? Ne sais-tu pas que Dieu, exaltée soit sa gloire, a dit : « Ne dites pas à celui qui vous offre la paix : « Tu n’es pas croyant. » [voir : Coran 4.94] « Ne repousse pas ceux qui prient matin et soir leur Seigneur et qui recherchent sa Face. » [voir : Coran 6.52] Tu as, en vérité, négligé de suivre les prescriptions du Livre de Dieu, et cependant tu prétends être un croyant !

(5.98)
En dépit de ce que tu as fait, et bien que toi et d’autres nous aient fait subir des offenses qu’aucun croyant en l’unité de Dieu ne saurait supporter, je ne nourris contre toi, ni contre qui que ce soit, aucune malveillance. Dieu m’en est témoin ! Ma cause est entre les mains de Dieu, et ma confiance n’est placée en personne d’autre qu’en lui. Avant peu, vos jours passeront comme passeront les jours de ceux qui, orgueilleusement, se croient aujourd’hui supérieurs à leur voisin. Bientôt, rassemblés en la présence de Dieu, il vous sera demandé compte de vos actions. Vous en recevrez le juste salaire, et misérable est la demeure des malfaiteurs.

(5.99)
Par Dieu ! si tu prenais conscience de ce que tu as fait, il est certain que tu pleurerais amèrement sur toi-même, chercherais en Dieu un refuge, languirais et te lamenterais tous les jours de ta vie, jusqu’à ce que tu aies obtenu de Dieu son pardon, car il est, en vérité, le Très-Généreux, le Munificent. Mais occupé que tu es de tout ton coeur, de toute ton âme et de ton être le plus intime, par les vanités de ce monde, tu persisteras dans l’insouciance jusqu’à l’heure de ta mort. Et ce n’est qu’après avoir quitté ce monde que tu découvriras la vérité de ce que nous t’avons révélé. Tu trouveras alors tes actions consignées dans le Livre où sont inscrites les oeuvres de ceux qui sont sur la terre, qu’elles soient d’un poids supérieur ou inférieur à celui d’un atome. Prête l’oreille à mes conseils et du fond de ton coeur écoute mes discours, ne néglige aucune de mes paroles, et ne sois pas de ceux qui rejettent ma vérité. Ne te fais point gloire des choses qui t’ont été données. Ne quitte pas des yeux ce qui a été révélé dans le livre du Seigneur, le Secours, le Très-Glorieux: « Lorsque ces gens eurent oublié ce qui leur avait été rappelé, nous leur avons ouvert les portes de toutes choses » [voir : Coran 6.44], comme nous vous avons ouvert, à toi et à tes homologues, les portes de cette terre et de tout ce qui l’orne. Attends-toi à ce qui a été promis dans la seconde partie de ce verset sacré, car c’est la promesse du Tout-Puissant, du Très-Sage, et ce n’est pas une vaine promesse. [nota : la suite du verset est la suivante : « mais après qu’ils eurent joui des biens qui leur avaient été accordés, nous les avons emportés brusquement et ils se trouvèrent désespérés »]

(5.100)
Je ne sais quel chemin vous avez choisi de fouler, ô vous qui me voulez du mal ! Nous vous adjurons de vous tourner vers Dieu, nous vous rappelons son jour, nous vous annonçons la nouvelle de votre rencontre avec lui, nous vous permettons de vous approcher de sa cour, et nous faisons descendre sur vous les signes de sa merveilleuse sagesse. Et pourtant voyez comment vous nous rejetez, comment vous nous condamnez par les mensonges que vous proférez comme si nous étions un infidèle, et comment vous ourdissez des complots contre nous ! Et quand nous manifestons à vos yeux ce qu’en sa bonté Dieu nous a accordé, vous dites : « Ce n’est là que pure magie ! » Les mêmes objections furent soulevées par les générations qui vous ont précédés et qui étaient toutes semblables à la vôtre, puissiez-vous le comprendre ! Vous vous êtes ainsi privés des bienfaits de Dieu et de sa grâce, et jamais vous ne les obtiendrez avant le jour où il jugera entre nous et vous. Il est, en vérité, le meilleur des juges.

(5.101)
Certains parmi vous disent : « Voilà celui qui a voulu se faire passer pour Dieu ! » Par Dieu lui-même ! C’est là une grossière calomnie. Je ne suis qu’un serviteur de Dieu, qui a cru en lui et en ses signes, en ses prophètes et en ses anges. Ma langue et mon coeur, tout mon être intime comme mon être extérieur, attestent qu’il n’est point d’autre Dieu que lui, que tous les autres êtres furent créés à son commandement et façonnés par l’opération de sa volonté. Il n’est d’autre Dieu que lui, le Créateur, celui qui peut ressusciter les morts, qui donne la vie à toutes choses et qui la leur retire à son gré. Je suis celui qui répand au loin la nouvelle des bienfaits dont sa bonté m’a favorisé. Si c’est là une transgression contre Dieu, je suis, en vérité, le plus grand des transgresseurs. Nous sommes à votre merci, moi et les miens. Faites de nous ce qu’il vous plaira, et surtout n’hésitez point, que je puisse retourner vers Dieu, mon Seigneur, là où, enfin, je ne verrai plus vos visages. Tel est, en vérité, mon désir le plus cher, mon voeu le plus ardent. Dieu, qui me voit, en sait assez long sur mon état.

(5.102)
Imagine-toi sous le regard de Dieu, ô Ministre du Shah ! Car si tu ne le vois pas, lui te voit clairement. Examine et juge équitablement notre cause. Si tu es juste, qu’avons-nous commis qui puisse ainsi te soulever contre nous, et t’inciter à nous calomnier auprès du peuple ? Nous avons quitté Téhéran sur l’ordre du roi [nota : Náṣiri’d-Dín Sháh] et, avec sa permission, nous avons transféré notre résidence en Irak. Comment le roi nous aurait-il rendu la liberté s’il avait eu quelque chose à nous reprocher ? Et si je suis innocent, pourquoi nous infliges-tu des tribulations que n’a jamais souffertes aucun de ceux qui professent ta Foi ? Un seul de mes actes, depuis mon arrivée en Irak, a-t-il contribué à la subversion de l’autorité qui y est établie ? Qui pourrait prétendre avoir surpris en notre conduite quoi que ce soit de répréhensible ? Fais toi-même une enquête auprès des habitants de ce pays, afin d’être de ceux qui discernent la vérité.

(5.103)
Nous habitions ce pays depuis onze ans quand arriva, pour représenter ton gouvernement, ce ministre [nota : le consul général persan à Bagdad] que notre plume se refuse à nommer, qui s’adonnait au vin et à la débauche, suivait ses passions, commettait des iniquités, et qui, corrompu, corrompit l’Irak. De cela porteront témoignage la plupart des habitants de Bagdad, si tu es de ceux qui cherchent à connaître la vérité et si tu t’en enquiers auprès d’eux. Au mépris de toute justice, il s’emparait du bien de son prochain, violait tous les commandements de Dieu et commettait ce que Dieu réprouve. Finalement, obéissant à ses penchants, il se leva contre nous et s’engagea dans les voies de l’iniquité. Dans une lettre qu’il t’adressa, il lança ses accusations et, bien qu’il n’apportât pas la moindre preuve contre nous, tu le crus sur parole et tu abondas dans son sens. Tu ne demandas aucune explication, tu ne procédas à aucune enquête, tu ne recherchas aucune preuve ni aucun témoignage dignes de foi qui eussent pu t’aider à distinguer l’erreur de la vérité et à juger avec discernement. Afin de découvrir quelle sorte d’homme il est, renseigne-toi personnellement, tant auprès des ministres qui se trouvaient alors en Irak que du gouverneur de la ville [nota : Bagdad] et de son haut conseiller, afin que la vérité te soit connue et que tu sois bien informé sur notre cas.

(5.104)
Dieu nous en est témoin, jamais, en aucune circonstance, nous ne lui avons fait la moindre opposition, pas plus d’ailleurs qu’à d’autres. Nous n’avons jamais fait que suivre, en toute circonstance, les préceptes de Dieu, nous gardant soigneusement de nous ranger parmi les fauteurs de désordre. Lui-même en témoigne. Son intention était de mettre la main sur nous et de nous renvoyer en Perse afin d’exalter par là sa renommée. Tu as, aux mêmes fins, commis le même crime. Vous vous valez donc tous deux aux yeux de Dieu, le souverain Seigneur de tous, l’Omniscient.

(5.105)
Nous ne cherchons point, en t’adressant ces paroles, à alléger le fardeau de notre malheur ni à t’amener à intercéder pour nous auprès de quiconque. Non certes, par celui qui est le Seigneur de tous les mondes ! Nous t’avons exposé toute l’affaire pour que, prenant peut-être ainsi conscience de ce que tu as fait, tu t’abstiennes désormais d’infliger à d’autres ce que tu nous as infligé et que, sincèrement repentant devant Dieu qui t’a créé et qui a créé toutes choses, tu agisses à l’avenir avec plus de discernement. Cela vaudra mieux pour toi que tout ce que tu possèdes et que ton ministère dont les jours sont comptés.

(5.106)
Veille à ne point te faire le complice de l’injustice. Dirige résolument ton coeur vers l’équité, n’altère pas la cause de Dieu, et sois de ceux qui fixent leur regard sur les révélations de son Livre. Ne cède, en aucun cas, aux impulsions de tes mauvais désirs. Observe la loi de Dieu, ton Seigneur, le Bienfaisant, l’Ancien des jours. Tu retourneras certainement en poussière, et tu périras ainsi que toutes les choses dont tu t’es délecté. Voilà ce que te dit la Langue de vérité et de gloire.

(5.107)
Souviens-toi des avertissements de Dieu dans le passé, pour que tu sois de ceux qui prêtent attention à son conseil ? Il a dit, et la vérité parle par sa bouche : « De la terre, nous vous avons créés; en elle nous vous ramènerons et d’elle nous vous ferons sortir une fois encore » [voir : Coran 20.55]. Voilà ce que Dieu a décrété pour tous ceux, petits et grands, qui sont sur la terre. Il ne convient donc pas à celui qui a été créé avec de la poussière, qui y retournera et qui en sera tiré à nouveau, de s’enfler d’orgueil devant Dieu et devant ceux qu’aime celui-ci, de les considérer avec mépris et d’être rempli d’une dédaigneuse arrogance. Ce qui plutôt vous convient, à toi et à tes semblables, c’est de vous soumettre à ceux qui sont les Manifestations de l’unité de Dieu, de vous incliner humblement devant les fidèles qui ont tout quitté pour l’amour de lui et se sont détachés de toutes les choses qui, absorbant l’attention des hommes, les détournent de la voie du Seigneur, le Très-Glorieux, le Magnifié. Ainsi vous faisons-nous connaître ce qui vous sera profitable, et ce qui profitera à ceux qui ont placé dans le Seigneur toute leur confiance et tout leur espoir.

(5.108)
Ô religieux de la cité, nous sommes venus à vous, apportant la vérité, et vous ne vous en êtes pas souciés ! Vous êtes semblables à des morts, enveloppés dans le vêtement de votre ego. Vous n’avez pas recherché notre présence, alors que cela aurait été plus avantageux pour vous que tous vos actes. Sachez que le Soleil de la vice-royauté est apparu en toute vérité, et pourtant vous vous en êtes détournés. La Lune de la direction s’est levée dans les cieux et a atteint son zénith, et pourtant vous êtes restés aveugles. L’Étoile de la générosité divine a brillé au-dessus de l’horizon de l’éternelle sainteté, et pourtant, loin d’elle vous vous êtes égarés.

(5.109)
Sachez-le ! Si vos maîtres, à qui vous devez allégeance, dont vous êtes si fiers, dont vous parlez jour et nuit, et dans les traces de qui vous marchez, avaient vécu en ces jours, ils auraient gravité autour de moi et n’auraient pas voulu se séparer de moi, ni au crépuscule ni à l’aube. Et cependant, vous n’avez pas tourné votre regard vers ma face, ne serait-ce qu’un instant ; vous vous êtes enorgueillis et n’avez fait aucun cas de cet opprimé, qui a subi de telles afflictions aux mains des hommes qui ont agi envers lui selon leur bon plaisir. Vous ne vous êtes pas enquis de ma condition, ni ne vous êtes informés de ce qui m’est advenu. Ainsi avez-vous retenu loin de vous les vents de la sainteté et les brises de la générosité qui soufflent de ce lieu lumineux et clair.

(5.110)
Vous vous attachez aux choses extérieures et vous avez oublié les choses intérieures, vous dites ce que vous ne faites pas. Vous êtes amoureux des noms, et semblez vous être abandonnés à eux. C’est pourquoi vous faites mention des noms de vos maîtres. Et si quelqu’un leur ressemblant ou leur étant supérieur venait à vous, vous vous enfuiriez loin de lui. Grâce à leurs noms, vous vous êtes élevés et avez assuré votre position ; vous vivez et prospérez. Mais s’ils devaient réapparaître, vous ne renonceriez pas à votre autorité, vous n’iriez pas à leur rencontre, ni ne tourneriez vos visages vers eux.

(5.111)
Nous vous avons trouvés, comme nous avons trouvé la plupart des hommes, adorant des noms qu’ils mentionnent pendant les jours de leur vie et qui les occupent. Cependant, les Porteurs de ces noms ne sont pas plutôt arrivés qu’ils les renient et s’enfuient. C’est ainsi que nous vous avons trouvés, que nous avons jugé vos actions et témoigné de tous vos actes en ce jour. Sachez qu’aujourd’hui, Dieu n’acceptera ni vos pensées, ni vos invocations, ni vos prières, ni vos dévotions, ni vos actes, à moins que vous ne renaissiez aux yeux de ce Serviteur, puissiez-vous seulement le comprendre !

(5.112)
Par Dieu ! l’Arbre de la vice-royauté est planté, le Point de toute connaissance est rendu manifeste, et la souveraineté de Dieu, le Secours, l’Absolu, est établie. Craignez donc le Seigneur. Ne suivez pas l’appel de vos désirs pervers, mais observez la loi de Dieu durant vos jours. Changez les règles qui régissent votre comportement afin d’être guidés par la lumière et de vous hâter dans la voie du seul vrai Dieu.

(5.113)
Ô sages de cette ville [nota : Constantinople] et philosophes du monde, prenez garde que les connaissances et la sagesse humaines ne vous poussent à vous gonfler d’orgueil devant Dieu, le Secours, l’Absolu. Sachez que la sagesse véritable consiste à craindre Dieu, à le connaître et à reconnaître ses Manifestations. Cette sagesse, cependant, n’est accessible qu’à ceux qui se détachent du monde et suivent le chemin du bon plaisir de leur Seigneur. Votre sagesse est-elle plus grande que celle de celui qui a créé une lune qui se levait d’un puits et se couchait dans un autre, et dont la lumière était visible à une distance de trois lieues [nota : Al-Muqanna’ de Khurásán - 8e siècle]. Dieu a, en vérité, effacé toute trace de son oeuvre et l’a renvoyé à la poussière, comme vous l’avez déjà appris ou en êtes maintenant informés.

(5.114)
Combien de sages et de philosophes l’ont égalé ou surpassé en connaissance et en sagesse ! Et combien impressionnant le nombre de ceux qui vous égalent ou vous surpassent, vous ! Certains d’entre eux croyaient en Dieu, d’autres n’y croyaient pas et lui donnaient des partenaires. Ces derniers ont fini par être jetés au feu où ils ont élu domicile, alors que les premiers sont revenus à la miséricorde de leur Seigneur pour y demeurer à jamais. Car ce n’est pas de votre science que Dieu s’enquiert, mais bien de votre foi et de votre conduite. Vous croyez-vous plus sages que celui qui vous a donné la vie, qui a façonné les cieux et tout ce qu’ils contiennent, la terre et tout ce qui y vit ? Dieu miséricordieux ! la vraie sagesse lui appartient. La création et son empire lui appartiennent. Il accorde sa sagesse à qui il choisit parmi les hommes, et la refuse à quiconque il désire. Il est, en vérité, celui qui donne et qui retient, et certes, il est le Très-Généreux, le Très-Sage.

(5.115)
Ô savants du monde, vous avez négligé de rechercher notre présence, afin de pouvoir entendre les douces mélodies de l’Esprit et percevoir ce que Dieu, dans sa générosité, a choisi de me conférer. En vérité, cette grâce vous a désormais échappé, si seulement vous le saviez. Si vous aviez cherché notre présence, nous vous aurions transmis un savoir qui vous aurait rendus indépendants de toute autre chose. Mais vous avez omis de saisir cette chance ; par conséquent, le décret de Dieu a été exécuté. Il m’est désormais interdit de le dévoiler, puisque nous voici accusé de sorcellerie, si vous me comprenez bien. Les mêmes accusations furent proférées par ceux qui nous renièrent dans le passé, ces hommes que la mort a emportés depuis longtemps et qui sont à présent dans le feu, se lamentant sur leur sort. Le même sort attend ceux qui, en ce jour, nous renient. Tel est le décret irrévocable de celui qui est le Tout-Puissant, l’Absolu.

(5.116)
Je vous conseille, enfin, de ne pas outrepasser les limites assignées par Dieu, et de ne pas tenir compte des us et coutumes des hommes, car ces dernières ne peuvent « ni vous profiter ni apaiser votre faim ». Fixez plutôt votre regard sur les préceptes de Dieu. Que celui qui le désire accepte ce conseil comme un sentier menant à son Seigneur, et que celui qui le désire retourne à ses vaines imaginations. Mon Seigneur est, en vérité, indépendant de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, et au-dessus de tout ce qu’ils peuvent dire ou faire.

(5.117)
Je conclus avec ces mots prononcés par Dieu, exaltée soit sa gloire : « Ne dites pas à celui qui vous offre la paix : “Tu n’es pas croyant” ! » [voir : Coran 4.94]

(5.118)
Que la paix soit avec vous, ô assemblée de fidèles, et loué soit Dieu, le Seigneur des mondes.


Index

Les références se rapportent aux paragraphes de chacune des tablettes, précédés de lettres mentionnant la tablette en abrégé.
Par exemple, le thème mentionné dans le deuxième paragraphe de la Súriy-i-Mulúk est cité sous M2.
Clé des abréviations :
Súriy-i-Haykal H
Súriy-i-Ra’is SR
Lawh-i-Ra’is LR
Lawh-i-Fu‘ád F
Súriy-i-Mulúk M

'Abdu'l-Aziz (Sultan de Turquie), H139, F183 ; M56-83
     maltraitance de Baha'u'llah, M73
     perdra Andrinople, SR5
     proposition d'une rencontre avec Baha'u'llah, LR25-26
'Abdu'l-Ghaffar, LR5
'Abdu'llah-i-Ubayy, H243
Abraham, SR7, 18
Acre (plus grande Prison, H140,156,169, 267 ; LR3-6, 27, 29
Actes (Actions)
     accord avec les paroles, H147 ; 223 ; M45, 110
     cachés, H110
     conséquences des, M26-27,78
     croyants distingués par, H189
     de foi, voir foi, actes de foi, M64
     de l'ignorant, H176
     enregistrés, M25, 99
     guidant l'humanité, H213
     jugement des, M15, 18, 27, 69, 98
     méritoires, H189 ; LR29
     recevabilité des, H172, M26
     saints, M52
     voir aussi conduite
Adam, H24
Adoration, H78, 87, 97, 109, 252
Adultère, H135
Adversité, voir Tests, épreuves
Alcohol, H88, 240 ; M103
Alexandre II (Tsar de Russie), H137, 158-170
     rang élevé pour aide à Baha'u'llah, H158
     prière pour, H169
'Ali-Akbar-i-Naraqi, Mirza, SR37
'Ali Pasha (Ra'is), F13
     actes de, LR24
     appelé à se lever, LR29
     appelé à être juste, LR18
     impuissance de, LR23
     insouciant des calamités, LR9
     mortalité de, LR10
     rejet de Baha'u'llah, SR2, 6
     responsable de l'exil de Baha'u'llah, LR123
     tyrannie de, LR2-6
Alliance de Dieu, H18, 122, 125 ; M42
Âme(s), H157, 197 ; F13 ; M15, 52
     âme (personne) impartiale, juste, H15, 187, 249
     de Dieu, SR33
     des croyants, M94
     libérée, H114
     même que esprit, raison, vision, écoute
     nature expliquée, SR29-35
     purifiée, H143
     sincère, M51
     vivifiée par la parole de Dieu, SR1, 32
Amour, H92, 99, 122, 194, 221 ; SR21, 34 ; M72
     amant cherche réunion Bien-aimé, M49
     du monde, H146
Andrinople (Edirne), H27, 267 ; SR5, 15, 23 ; LR5 ; M74-75
Anges, H102, 191 ; F3-10, 12 ; M3 ; 36, 101
Anis, voir Dhabih
Annas, H245
Aqsa (Mosquée), H91, 171
Armes, armements, H181 ; M8, 10
Artisanat, H67, 153
Ascétisme et austérité, H86-87, 136
Assemblée céleste, H21, 158, 195 ; SR2, 22, 26, 37
     éclairée par Baha'u'llah, LR1
     rejetée par peuple du Bayan, H11
Assister Dieu, H209-214
Athées, M60
Avidité, M40
Azal, Subh-i, voir Yahya Mirza

Bab (Point ; Ali), H60, 73, 80
     déclaration du H153
     identique à Baha'u'llah, H96-97
     martyre du, H163 ; SR7 ; M3, 89, 91
     naissance du, H153
     rejeté par les rois, M3
     retour de Jean Baptiste, H121
Babis (peuple du Bayan)
     attentat à la vie du shah, H188, M91
     dénonciation de baha'is comme Babis, H235
     insouciance des, H10-11, 15
Babis
     rejet de Baha'u'llah, H8-9
     voilés par le Bayan, H95
Bagdad (Zawra'), H103, 252, 261
     consul général persan à, voir Buzurg Khan, Mirza
Baha'is (croyants, élus ; véritables croyants, peuple de foi)
     actes inconvenants des, H239
     âmes des, M94
     cachent les péchés des autres, H151
     contemplent le Royaume, H123
     courage des, H16
     courtoisie des, LR24
     dépendance de Dieu, H14, 32, 218, 274 ; SR1, 37
     détachement des, H213 ; SR13
     dévouement des, H212-213
     emprisonnement des, LR18, 27 ; F6
     exécution des, M88
     fermeté des, H13, 61 ; SR41
     fidélité des, H14-16, 145, 218
     humilité des, H263
     illumination des, H12, 35, 48, 64
     interdiction de luttes et de disputes, H210-213
     miroir des noms de Baha'u'llah, H64, 82-84
     nouvelle race d'hommes, H8, 13, 23-25, 30, 34, 41, 48, 61 64 ; M53
     objectifs des, H211-214 ; SR41 ; F14
     patience des, H27-28, 208
     persécution des, H204, 206, 208, 215, 216, 220, 230, 235-236, 252 ; SR5, 11-15, 26-27, 39-40 ; LR2-6, 8, 18 ; M20
     récompense des, SR41
     rois devraient protéger, M63
     sacrifice de leur vie, H16, 218-219, 222
     sagesse des, H150
     sanctifiés, H48, 240
     sincérité des, H222-223
Baha'u'llah,
     accusations (calomnies) contre, H196-197
     amour pour Dieu, H142
     amour de, H52
     anime la création, H57, 131
     arrivée à Constantinople, M24
     autorité de, H58, 81, 139
     bienveillance de, H125, 158
     bon plaisir de, H270
     clémence de, H122 ; SR23
          envers le Tsar, H158
     confiance en Dieu, H251 ; M38, 80
     connaissance de, H21, 43, 65-66 ,192 ; M24, 39
     courage de, H193, 258 ; M23, 33, 38
     déclaration de (Ridvan), H153
     demeure de, H103, 167
          maisons à Andrinople, M75
     dépositaire du dessein de Dieu, H37
     désire retourner à Dieu, M101
     désigné par Dieu, H63, 72, 81, 192
     dessein de, H5, 13, 44, 64, 72, 81, 107, 114, 123, 164, 177, 186, 202, 209, 266, 268 ; SR10, 27 ; LR28 ; M38, 72
     destin de, H5
     dit la vérité, M56
     droits de, M53
     écrits (tablettes) de, H141 ; SR36
          Paroles cachées, H224-228
          Suriy-i-Haykal, H43, 110
          Suriy-i-Muluk, H182 ; M1, 6, 12, 56
          Suriy-i-Ra'is, SR36
     emprisonnement de, H114, 140-141 156, 158, 162, 167, 177, 188, 267-268 ; SR37 ; LR18, 27 ; M95
     enfance de, LR11-16
     ennemis de, H5, 25-29, 117 ; M100
     entouré de troupes, SR10 ; LR25
     esprit (âme) de, H116, 162 ; M38
     exil de, H139-141, 216, 267 ; SR11-14, 39-40 ; M30, 74-75
     famille de, H196 ; SR22, 27 ; LR11 ; M75, 101
     grâce de, H46-48, 52, 61, 65, 102
     gratitude de, H5, 273 : M80
     habits de, H48, 116 ; SR3
     indépendance de, H23, 115, 166 ; SR38 ; M25, 33, 55
     innocence de, M102
     jugement de, H52, 81 ; M111
     loué par Isaïe, H164
     lumière de, H57
     naissance de, H153
     obéissance de
          à Dieu, H203
          aux rois et dirigeants, M31-32, 34, 55, 82, 95, 102, 104
          pas de demande aux rois et dirigeants, H216 ; M105
     pas d'intervention auprès des Puissances étrangères, H206
     patience de, H4-5, 125, 162, 268 ; M46, 80
     Persécution de, H112, 115-116, 139-140, 150, 177, 204, 249, 273 ; SR2, 16, 39-40 ; M29, 33, 95, 97, 103
     pouvoir de, H162
     présence de, H57
     preuves de, H221, 223 ; LR25
     protégé par Dieu, H23, 27
     rang de, H21, 23, 29, 62, 141, 144 ; SR38 ; M101
     rejet de, H49, 54, 60, 62, 80, 177 ; M100
          par babis, H8-11
          par chrétiens, H108-109, 127-128
          par musulmans, H115
          par Napoléon III, H137
     requête rencontre religieux, H221
     requête rencontre sultan, LR25-26
     retour Manifestations du passé
          du Bab, H96-97
          de Jésus Christ, H102, 113, 127, 129, 159 ; M15
     révélation de, H10, 120
          modalités de, H51
          voir aussi révélation
     souffrances (tribulations ; adversité) de, H4-5, 25, 29-30, 115, 142, 156, 162, 186-187, 192, 194, 196, 204, 265, 272-273 ; SR14 ; LR18, 23, 27-28 ; F1 ;M16-17, 20, 22, 32, 46, 48,53, 73-81, 84, 95, 98
     titres de
          Adolescent, H22, 25, 34, 62, 187, 194, 196, 267, 270 ; SR8, 14, 22-23 ; LR1, 3, 5, 16, 18, 23-25
          Annonciateur de joie, H274
          Aurore de la révélation, H118
          Beauté ancienne, H55, 57, 97, 123, 177
          Beauté de Dieu, H7
          Bien-aimé, H7, 96, 100 ; SR3, 16, 39
          Désiré (le) (Désiré du monde), H104, 116, 156, 134
          Divin moissonneur, H126
          Donneur de vie, LR2
          Face de Dieu, H143
          Guide, H134
          Jeune, voir adolescent
          Jour de Dieu, H63, 127
          Langue de grandeur, SR30
          Langue de révélation, H118
          Lune d'éternité, M4
          Manifestation de puissance, H176
          Mystère de Dieu, H7
          Oiseau de sainteté, M33
          Opprimé, H137, 179 ; LR5, 20 ; M109
          Père, H112-113, 122
          Plume de, H24, 30, 53, 102, 107, 110, 123, 129, 130, 150, 152, 169, 178, 182, 184, 192, 193, 195, 199 ; SR8, 23, 35, 37, 38 ; LR1, 2
          plus grand Nom, H118, 123, 131, 177, 200 ; M7
          plus grand Océan, H33, 152, 255, 274 ; SR16
          plus puissant appel, H131
          Point d'adoration, H163
          Possesseur des Noms, H118
          Promis (le), H93, 104, 121
          Réformateur du monde, H177 ; LR2
          Roi de gloire, H128
          Rossignol, H130, 199 ; SR38
          Sentier de Dieu H1
          Souvenir, H143
          Souverain suprême, H159
          Temple, H12-13, 17-18, 31, 36, 43, 44, 48-49, 62-63, 65, 72, 81, 84, 100, 268, 276
          Témoignage, H134 ; M4
          Trésor de Dieu, H7
          Trahit par Mírza Yaḥya, H25-29
          Unit le monde, H131
          Visage de Dieu, H134
          Vivificateur, H274
          Voix de, H192, 249 ; LR7
          Volonté de, H31, 58-59, 68, 74, 152, 276
Balance, H229 ; M11, 69
Batha (La Mecque), H171, 198, 253
Bayan, H21, 95-96, 121
     peuple du, voir babis
Bible,
     Évangile, H109, 140, 164, 247-249 ; M16
     voir aussi chrétiens ; juifs ; Torah
Bien, H33, 81, 126, 143, 172, 219, 230, 254 ; M54, 62
Bienveillance, H274
     voir aussi de Baha'u'llah ; du roi
Bosphore, F5
Buisson ardent, H133-134, 142, 159
     voir aussi Moïse
Buzurg khan Mirza (Consul-général persan à Bagdad), H206, M103

Caïphe, H245
Calumnies, H229 ; M34-35, 97, 102
Caractère (intégrité), H148
Célibat, H136
Certitude, H53, 103, 200
Chagrin (lamentations), H5, 27, 131, 220 ; M17, 78, 88, 92, 99
Charité, H231
Chercheurs, SR16 ; M40, 49
Chimères, voir vaines imaginations
Chosroes, SR6
Chrétiens, H122 ; M15-16
     consolateur (père) attendu par, H112, 122, 248
     moines, H108, 111, 136, 154
     pas de messager après Jésus, H247-248
     pleurent l'exil de Baha'u'llah, SR12
     refus de reconnaître Baha'u'llah, H188, 127-129
     rejet de Muhammad, H243
     roi (de la chrétienté), M15-16
Ciel, cieux, H2, 15, 19, 31, 40, 106, 116, 125, 131, 184, 185, 220 ; LR27 ; M3
     colonnes du, F11
     de la communion avec Dieu, M33
     échelle vers, H244
     Jésus et Baha'u'llah descendent du, H102, 127
     Jésus retourné au, H245
     larmes du, M89
     ombre du, H233
     secrets du, M46
     terre plus glorieuse que, SR15
     trésors du, M65
Colline vermeille, M2
Comportement, voir caractère, conduite, actes
Compréhension, voir connaissance et sagesse
Conduite, H119, 218 ; LR22 ; M45, 90, 94, 102, 114
     voir aussi Actes
Connaissance et sagesse, H33, 42, 47, 65, 73, 75, 104, 135, 150, 158, 201-202, 212 ; SR30 ; M6, 39, 114
     Baha'is recherchent véritable, H221
     coeurs, dépositaires de, H211
     de Dieu, H65 ; M100, 114
     divine, rend indépendant, H66 ; M115
     Dieu dispense, M114
     prétendant à, pas toujours être suivis, H232
     reconnaissance de Baha'u'llah, H66, 105-106
     savants,
          devraient reconnaître la Manifestations de Dieu, M113
          devraient ne pas tenir compte des coutumes des hommes, M116
          devraient savoir que sagesse est crainte de Dieu, M113
          échouèrent à reconnaître Baha'u'llah, M115
          ne peuvent rivaliser avec connaissance de Dieu, H43
          mortalité des, H260 ; M113
          interdirent consommation de vin, H240
          ont troublé le roi au sujet des baha'is, H221
          pas plus sages que Dieu, M114
          peuvent croire ou ne pas croire, M114
          qualités des, H232
          rejetèrent Jésus, H135
          rejetèrent Muhammad, H198 ; SR6
          sont tombés, H135
     voiles des, H88
Consolateur, H122, 248
Constance, voir fermeté
Constantinople (Istanbul), H216 ; LR9 ; M24, 37, 39, 67, 74-75, 84, 108, 113
     incendie de, LR9
Contentement, SR30, 34
Coran, H229, 239, 255
     lettres espacées, SR36
     impressionne roi d'Éthiopie, H198
     interdit usure, M35
     interdit vin, H240
     peuple du, voir musulmans
     témoignage irréfutable, H222
Corruption, H8, 89, 144, 150, 188 ; SR6 ; M15, 29, 34, 59, 86, 103,
     des Textes sacrés, H249
Courtoisie, H137 ; LR24
Crainte, H34, 106 ; M36, 38
     Voir aussi Dieu ; crainte de
Création (existence), H13, 40, 145, 158, 166 ; M114
     appelée à reconnaître, H18
     aux soins des rois, H210
     bénédictions répandues sur, H144
     coeur de, SR4
     Dieu, indépendant de, H197
     glorifie (loue) Dieu, H21, 132
     livre de, H99, 118
     oeil de, H99, 186, M88-89
     peur de, H18
     peuple peut partager les bienfaits de, H171
     réceptacle de révélation, H47
     révolutionnée, H84
     royaume de, H7, 12, 158, 197, 210, 238
Cruauté, voir mal

Damas, (Fayha), H252, 261
David, H246
Dépenses, M8-9
Destinée (destin), H5, 270 ; SR11 ; M61, 84
Désir (soif), H98, M18, 103
Détachement, H17, 80, 83, 88, 91-92, 107, 118-119, 138, 143, 156, 168, 171, 199, 263 ; SR3 ; M21, 40, 42, 47, 113
Devoir, H148 ; M17, 18, 20-21, 27, 54, 58
Dhabih (Haji Muhammad Isma'il-i-Kashani ; Anis), SR9, 16, 20, 22, 23, 28
Dieu
     acceptation par, dépend de renaissance, H111
     aide de, H3
     alliance de, voir alliance
     âme de, SR33
     amour de, H204 ; SR26 ; M49
          voir aussi amour de Baha'u'llah
     attributs de, H197, 211
     autorité de, H58
     avertissements de, M107
     bon plaisir de, H3, 6, 203-205 ; M113
     crainte de, H32, 52, 56, 60, 76, 77, 79, 89, 93, 97, 107, 123, 125, 136, 149, 166, 189, 237 ; M2, 7, 8, 9, 10, 36, 38, 42, 59, 60, 69, 73, 93, 112, 113
     colère de, H35, 204 ; SR7, 11 ; LR7-8 ; F1, 6, 13 ; M53-54
     dessein de, M85
     essence de, H37, 90, 211
          inconnue, H65, 71, 197
     grâce de, H46-48, 64, 77, 131, 154, 185, 201-202, 217, 221, 264 ; SR15 : M54, 65, 100
     guidance de, H1, 197
     inconnaissable, H197
     indépendance de, H197, 214 ; F13 ; M116
     jugement de, H111 ; F15 : M12, 79, 85, 87, 100
     justice de, H205, 264
     lumière de, H14, 22 ; SR7 ; M96
     main de, H33, 241, 270 ; M94
     miséricorde de, H14, 28, 32, 42, 77, 81, 105, 127, 131, 146, 158, 185, 188, 190, 193, 201, 205, 209, 214, 217, 219, 230, 231, 238, 251, 270 ; SR13, 23 ; LR22 ; M6, 13, 18, 51, 54, 65, 87, 114
     nom(s) de, H45, 250
     obéissance à, H20
     oeil de, M102
     pardonne, H131, 219 ; SR13 ; M54
     parle, H2
     paroles de, voir Paroles
     porter assistance à, H209-214
     prescrit une mesure fixée, H4
     présence de, SR13
     preuve (signes) de, H19 ; M52
     protège Jésus d'Hérode, H160
     providence, H68, 124, 251, 274 ; LR9 ; M1, 18
     proximité de, H204 ; M4, 5, 51
     puissance (pouvoir) de, H35, 39, 204, 238, 250 ; SR13
     rassemble l'humanité, H274
     réduit 'Ali Pasha en poussière, LR7
     révèle des versets, H1-2
     sagesse de, LR23 ; M100, 114
          voir aussi Connaissance et sagesse
     sentier de, H1
     seul, H93, 197, 214, 269
     signe de, H22
     souveraineté de, H35, 38-39, 62, 191 ; M85
     unité (unicité) de, H45, 93, 155 ; M43, 81
     visage (contempler) de, H22, 269
     voit tout, M102
     voix de, SR1
     volonté de, H3, 35, 58-59, 113, 126, 131, 158, 160, 170, 191, 210, 223, 236, 241 ; SR31 ; M80, 85, 94
Dirigeants, voir rois et dirigeants
Disputes, voir lutte ; guerre
Doutes, H49, 68 ; SR24 ; F11
Droiture, H15, 32, 58, 77, 112, 177 ; F16 ; M59, 60, 68
Dualité, H45

Écoute, H14, 20, 23, 57, 66, 77, 78, 96, 99, 138, 238, 262 ; SR9, 17, 30 ; F6 ; M15
     du coeur, H132, 165 ; M99
     oreille, H158, 171, 195, 199, 265 ; SR10 ; M62, 81
Écritures, voir Livres, saints
Edirne, voir Andrinople
Ego, voir soi
Égoïsme, H60, 94, 143
Egypte
     Jésus en, H160
     Mansuriyyih, H235
     persécution des baha'is en, H235
Enseigner la Cause, H71, 145, 148, 150 ; SR20
Equité, H56, 58, 95, 208 ; LR17, 18 ; M17, 19, 22, 32, 68, 71, 106
     équitable (ment), H249, M13, 17, 19, 20, 29, 30, 34, 66, 90, 97, 102
Enfants, LR11, 25-26 ; M51
     massacrés, H220
     orphelins, M88
     souffrance des, LR2, 5
Enfer, H225 ; F11, 12
     délivrance de, H54
     feu de, H35, 54, 124 ; SR6, 19 ; LR19 ; F11, 16, 19 ; M15
          consume âmes des persécuteurs, SR11
          opposants à Baha'u'llah condamnés à, SR38
     peuple de, H79
     savants incroyants jetés dans, M114
Épître, voir tablette
Erreur, H113, 123, 176, 188-189, 243, 269 ; M21, 73
Esclavage (esclave), H228, 273
     interdit, H172
     voir aussi soi, esclavage du
Esprit, H60, 177, 227, 261 ; LR19 ; F12 ; M3, 115
     âme, intelligence, raison,
          vision, écoute, SR35
     apaisé, M8
     de Baha'u'llah, H116, 162
     corps aspire à, M49
     de Dieu, H62
     étroitesse d'esprit, H157
     des hommes, H4, 6
     mortel, H87
     saint, H50, 115, 133-134, 150 ; F16
     Très grand, H50
     voir aussi Jésus Christ
     voir aussi âme

Éternité (éternel, vie éternelle), H123, 128, 166, 214, 257 ; SR7, 41 ; LR20, 29
Éthiopie, H198
Évangile, voir Bible
Évêques, H122
     voir aussi religieux
Existence, voir création

Fadl (Grâce), voir Temple, lettres de
Faimih, H79, 224
Fayhya', voir Damas
Fermeté, H27, 61, 155 ; SR41 ; F1, 13 ; M6, 14, 47
Femmes (servantes), H172, 185 ; LR2, 26
Fête(s), voir Jours saints
Fidélité, H136, 269
Fierté, voir orgueil
Foi, H10, 137, 245, 253 ; M57, 59, 114
     et actes, H85-87, 172 ; M111, 114
     voir aussi foi baha'ie ; religion
Foi baha'ie (Cause ; Foi de Dieu), H61, 71, 92-93, 126, 149, 160, 162, 176, 218, 229, 238 : M17, 27
     déformée, H235
     destinée de, SR4 ; M84, 86
     échec des rois à reconnaître, M54
     expansion de, SR14
     lumière de, H250
     pas affecté par incroyants, M95
     protection de, H250, 268 ; M106
     rang de, H191 ; M23
     triomphe de, F14
Fu'ad Pasha, F1-21

Gallipoli, LR25
Génération méchante et égarée,malveillante et rebelle H257, 260, M16
Générosité, H39, 40, 185, 238 ; M32, 39, 59
Gratitude, H5, 35, 61, 81, 268, 273 ; SR16, 27 ; LR8 ; M63, 80
Guerre (conflits), H137, 182 ; SR5 ; LR17-18
     abolie, H42
     sainte, H42, 210
Guerre de Crimée (1853-1856), H137
Guerre russo-persane, deuxième (1825-1828), H219
Gouvernement, M21, 61, 102
     obéissance à, LR3
     représentants élus, H173-174

Haine, H5, 28, 61, 94, 112
Haji Ja'far-i-Tabrizi, SR13
Haji Muhammad Isma'il-i-Kashani, Voir Dhabih
Haji Siyyid Muhammad (Aqa Siyyid Muhammad-i-Tabataba-i-Isfahani, Mujahid, H219
Hérode, H160
Hijaz, H243
Honte, H261 ; LR22 ; M84
Humanité
     acceptation de Baha'u'llah, H47, 85, 107
     admise au Royaume, H123
     adore les noms, H157
     appel à, H100, 152, 186 ; M41
     avertissement à, LR17 ; M45, 117
     connaissance de, H104
     créée par Dieu, H52
     détachement de, H80, 111, 154
     égalité de, H151 ; M77
     gloire, être près de Dieu, M5
     guérison de, H152
     hésitation de, H101
     hommes de compréhension, H260
     insouciance de, H76, 157, 266 ; SR26 ; LR22
     matérialisme de, M39
     mortalité de, H269-270 ; M37, 40, 42, 106-107
     purifiée, H34, 92
     rang de, H91, 146, 156-157
     rejet de Baha'u'llah, H7
          conséquences du, H85
     rejet de Dieu, H75
     rejet des Manifestations, H160, 243-248
     responsabilité de, H271
     résurrection de, H271 ; SR1 ; LR1 ; M107
     Soumise à Dieu, H71, 113, 166, 214 ; SR1 ; M86
     soumise aux rois et dirigeants, M9, 12
     unité de, H142 ; SR8
Humilité, H107, 263 ; M77
Husayn (Imam), M48-52, 90, 97
Huviyyah (Essence de divinité), voir Temple, lettres du
Hypocrisie, H257 ; M89-90

Idolâtres, H78, 99, 117, 266 ; SR19
     noms, H157 ; M110-111
     question du rang de Muhammad, H79
     'Uzza (idole mecquoise), H87
Ignorance, H31, 71, 76, 79, 86, 174, 176, 177, 237, 242, 244 ; LR5 ; M24
Imam(s), H79, 252-257
Inspiration, H42, 124
Intégrité, voir caractère
Intelligence, voir connaissance et Sagesse
Intérêts sur prêts, voir usure
Iran, voir Perse
Irak, H59, 139, 188, 206-207, 234 ; SR13 ; M29, 32, 35, 82, 102-103
Isaie, H122, 164
Istanbul, voir Constantinople

Jean le Baptiste, H122
     Bab, retour de, H121
Jésus Christ
     consolateur annoncé par, H122, 248
     coupable annoncer foi nouvelle, H140
     et islam, H198
     monta aux cieux, H245
     pardonna l'adultère, H135
     parle des Manifestations, M17
     paroles cachées par, H112-113
     persécution de, H135
     prépara le peuple, H122
     prophétisa Baha'u'llah, H129, 133, 135 ; M15
     reconnu par les humbles, H106
     rejet de, H106, 108, 123, 245
     retour de, H102, 121, 123, 127, 159, 248 ; M15
     révélé par versets, paraboles, H120
     sauvé de Hérode, H160
     vint du ciel, H127
Jeûne, H86, 154
Joie, H12, 103, 253, 274 ; SR10
Jours saints (fêtes)
     déclaration du Bab, H153
     naissance du Bab, H153
     naissance de Baha'u'llah, H153
     Ridvan, H153
Jugement, Jour de, voir révélation
Juifs
     affirme aucun nouveau prophète viendra avec nouvelle loi, H246
     interrogé au sujet de Jésus, H79
     rejetèrent Jésus, H123, 135
     rejetèrent Muhammad, H243
     suivirent les Pharisiens, H123
Justice, H56, 126, 147, 149, 173, 179, 190, 193, 194, 205, 236, 237, 259, 264 ; M7, 11, 12, 19-21, 29, 30, 64, 66, 68, 71
     voir aussi Dieu, justice de ; rois et dirigeants

Kaaba (Ka'bih), H90
Ka'b Ibn-i-Ashraf, H243
Karim (Très-Généreux), voir Temple, lettres du,
Kharijites, H253

Lamentations, voir chagrin
La Mecque, H171, 198, 253
Lettre(s), H73
     séparées, SR36
     voir aussi Paroles ; Temple, lettres du,
Liberté, H169
Livre(s), H155, 163, 194, 199, 214, 222, 276 ; M3, 31, 33, 45, 52, 87-88, 97
     anciens, M72
     baha'is, H130, 184, 189 ; M39
          voir aussi Baha'u'llah, écrits de
     sacrés des religions antérieures, H106, 108, 126, 164-165 ; LR2 ; M34-35
          voir aussi Bible, Coran, Torah
Lois (commandements ; décrets ; préceptes), H71, 87, 152-154, 179, 189, 237, 239, 246, 247, 254 ; M14, 21, 26, 28-29, 47, 71, 74 76, 83, 88, 104, 106, 112, 116
     humaines, M25
Lutte (conflit ; dispute, dissension ; hostilité, etc.), H53, 147, 152, 188, 207-208, 213 ; LR17-18 ; M8, 34, 37, 90
     interdite pour aider Dieu, H210-214
Magie, voir sorcellerie
Mal (mauvais), H5, 229, 233 ; SR6, 11 ; M18, 35, 48, 60-61, 83, 90, 92, 103
     actions, H11, 88 ; F16-21 ; M27, 34, 92
          cachées par courtoisie de Baha'u'llah, LR24
          cause perte, SR19
          jugées équitables, M34
          provoquant lamentations du paradis, F6
     appel de Satan, H99
     désirs, H8, 60, 94, 98, 127, 137, 143, 146, 150, 157, 158, 161, 167, 172, 188-189, 195, 223, 227, 232, 262, 272 ; SR6, 34 ; M2, 15, 18, 28-29, 32, 56, 59, 86, 96, 97, 103, 106, 112
     demeure du, F19
     génération, M16
     méchants, H21, 98-99, 146 ; SR19, 34 ; F13 ; M19, 34, 37, 56
     ne doit pas être craint, H21
     négateurs incapables de distinguer, H177
Maladie (peste), H49, 131, 174-176 ; LR9
Manifestation(s) de Dieu, H66, 90-91, 93,197 ; M17, 113
     aspirent à rencontrer Baha'u'llah, H163-164 ; SR18
     but des, H81
     continuent à apparaître, H241
     ressuscitent les morts, LR1
     rejet des, H242, 244 ; LR1
     temples de l'unité divine, LR1
     vérité des, M87
Mansuriyyih, H235
Mariage, LR11
     des moines, du clergé, H136
Marionnettes, spectacle de, LR11-18
Martyre, H163, 200 ; SR10 ; M49
     de l'Imam Husayn, M97
     par suicide, SR13 ; LR5
Maturité, H69, 76 ; LR11, 29 ; M39, 40
Mauvais traitements, H28, 177, 216, 233 ; SR5 ; LR1 ; M34, 52, 61, 63
Médecin(s), H174-176 ; F2
Mer Morte, H137
Messagers, voir Manifestation(s) de Dieu
Messie, H122
          voir aussi, Jésus Christ
Meurtre, H188
     interdit, H147
     voir aussi guerre
Mihdiy-i-Rashti, Mirza, F15-20
Miséricorde, H215, 231, 235 ; M12, 59, 61, 67, 70, 74, 101
          voir de Dieu, du roi
     pécheurs demandent, M51
Ministres d' État, voir roi et dirigeants
Modération, M8, 19, 66
Moines, voir chrétiens, moines
Moïse, H246 ; SR3
     aspirait à voir ces jours, SR18
     de la maison de Pharaon, SR7
     révéla une foi nouvelle, H140
Monde
     lié au corps humain, H152, 174
     voir aussi terre ; création

Mont Tinan, SR6
Mont Zyta, SR6
Moralité, voir caractère ; conduite, actes
Mort physique, H157, 168, 260-262 ; LR1 ; F11 ; M27, 37, 88, 115
     égalité devant, H259
     inévitable, LR16-17, 20-21 ; M107
     messager de, H270
     richesse ne protège pas, H259
     son désir, gage de sincérité, H222
     tombes de richesse (puissance), H156
Mort spirituelle, H94, 136, 143, 167 ; LR1 ; M27, 108
Mosul (Hadba), H252
Muhammad, H243-247, M87
     aspirait à ce jour, SR18
     coupable d'avoir révélé une foi nouvelle, H140
     descendants de (Siyyids), M89
     famille de (emprisonnés à Damas), H252-257
     lamentations de, SR2
     persécution de, SR6
     rejet de, H198, 243
Muhammad Shah, SR7
Mujahid, voir Haji Siyyid Muhammad al-Muqanna' de Khurasan, M113
Musulmans, H79
     chiites vengeant la mort d'Husayn, M52
     interrogés au sujet du Bab, H79     
     prétendent Évangile et Torah corrompus, H249
     rejetant le Bab, H55, 79
     pleurent lors de l'exil de Baha'u'llah, SR12
     traditions des, H243
Mystères (secrets), H66, 162, 192, 198, 229 ; M50-51
     cachés dans le coeur des hommes, F14
     connus de Dieu, H39 ; M46
     connus des Imams, H255
     de la providence divine, M1
     des Noms de Dieu, H250
     supplications secrètes du tsar, H158
     vins des, SR24

Napoléon III (Empereur de France), H131-157 : M17
     décision au sujet de la guerre de Crimée, H137
     doit abandonner royaume, palace, richesses, H143
     doit enseigner la cause, H145
     doit reconnaître Dieu, H155
     prophéties de Baha'u'llah à, H138
     puissance de, H156
     règnerait sur tout s'il aidait la cause, H133
     temple (corps) de, H134
Nasiri'd-Din Shah, H186-275
     abandon de souveraineté, H199
     amour de Baha'u'llah pour son bien, H194
     atteinte à la vie de, H188 ; M91
     coeur de, entre les mains de Dieu, H193
     courtisan de, H194, 235
     désire ce que Dieu désire, H215
     devrait aider la foi baha'ie, H275
     devrait être miséricordieux, H215
     devrait rendre justice, H190, 215
     devrait réunir Baha'u'llah et religieux, H221
     devait reconnaître Baha'u'llah, H195
     doit décider pour ou contre Baha'u'llah, H221
     doit être juste envers les baha'is H230
     doit observer les commandements de Dieu, H205
     doit traiter ses sujets avec justice, H274
     exila Baha'u'llah, M102
     exalté par foi et actes, H199
     informé de la méconduite de ses représentants, H207
     libéra Baha'u'llah de prison, M102
     miséricorde de Dieu pour, H188
     ombre de Dieu (signe de sa puissance), H194
     persécuta les baha'is, H220
     prière de Baha'u'llah pour, H238, 274
     rang s'il croyait, H195
     roi du temps, H206, 221, 230, 232
     souverain de possessions méprisables, H195
     tenu ignorant de la condition de Baha'u'llah, H206
Nation(s), H112, 134, 242, 254
     appelées à Dieu, H160
     Seigneur (créateur) des, H152, 268
Nature innée (spontanée), H49-50, 52, 80
Nimrod, SR7, F11
Nom(s), H17, 86, 87, 92, 168, 243 ; SR26 ; M21
     adorateur des, H30, 87 ; M110-111
     ne doivent pas être un voile, H10
     révélé par l'homme, H136
     royaume des, H40, 45, 49, 81, 102, 124, 167 ; M1
Nourriture, SR11 ; LR4 ; M13
     ne pas s'abstenir de, H154

Occident, H133, 233, 246
Oeil, voir Temple, oeil du
Oppresseur(s), voir Tyrannie ; roi et dirigeants
Orgueil (fierté), H26, 82, 143, 172, 175 ; SR27 ; LR10, 16, 19 ; M13, 43, 57, 98, 107, 109

Paix (tranquillité), H18, 178, 208 ; LR29 ; M8
     intérieure, M94
     moindre, H180-182
     plus grande, H180
     voir aussi sécurité collective
Palais, H103, 143, 156, 167, 179, 270 ; F5
Pape, voir Pie IX
Paraboles (versets révélés en), H120
Paradis, H22, 79, 100, 213 ; SR24 ; M5, 51
     anges du, H102
     habitants du, H88, 161 ; SR9
     lieu de séjour de Baha'u'llah, H158
     sublime, SR2, 32
     très-glorieux, SR8
Pardon, H131, 219 ; SR13 ; M51, 54, 99
Paris, F2 ; M17
Parlement(s), voir gouvernement
Parole(s) (discours ; voix ; langage ; verbe), H20, 22, 55, 60, 65, 191 ; SR19, 24 ; M100, 115
     attirent les coeurs, H148
     calomnies, H146 ; M34-35
     contre Bahá’u’lláh, H230
     de commandement, H46
     contre Baha'u'llah, H223
     du Bab, H96
     de Baha'u'llah, H56, 80, 133, 137, 138, 162, 192, 232, 238, 249, 258 ; SR17 ; M35, 39, 54, 58, 62, 71, 72, 99, 105
     du Buisson ardent, H133-134
     de Dieu, H20, 24, 26, 33, 74, 99, 103, 158, 171, 200, 238 ; SR1, 3, 10, 13, 25 ; M2, 17, 99
          altérer (pervertir) la, H32
          appelée sorcellerie, H54, 56
          créatrice, H23 ; LR16
          créatrice de l'âme, SR32
          écouter la, H20
          enflamme le monde, SR1
          manifestée dans temple humain, SR1
          puissance de, H50
          rejet de, H49
          révélée à Baha'u'llah, H81
          Roi de la parole, H53
          soumission à, H88
     d'Isaïe, H164
     de Jésus, H247
          voir Jésus, parole cachée par,
     de Moïse, SR18
     de la plume, H107
     de la Vierge des cieux, H6-7
     Dieu sanctifié au-dessus des, H214
     épée de, H42, 150, 212
     enseigner la Cause par, H150 ; SR20
     et actes, H56,
     voir aussi actes en accord avec paroles
     frappe de terreur les coeurs des incroyants, H251
     insensées, H11
     lamentation, SR5, 12
     louanges à Dieu, H21, 23, 134, 216
     mensonges, H149
     puissance de, H21, 150 ; SR17
     vaines, H54, 242
Passion(s), H137, 183, 196, 201, 212, 224, 266, 269 : SR34 ; LR20, 23 ; M32
Pauvreté (matérielle), H143, 149, 151, 178, 220 ; LR20 : M67, 76, 77
     pauvres, dépôt divin, H143 ; M11, 68
Pauvreté (spirituelle), M65
Patience, H27, 28, 48, 208 ; SR17, 30 ; LR29 ; M47, 49
Péché(s), M53
     cache des, H151
     des citoyens de Constantinople, M39
     croyants purifiés des, H131
     jugés par Dieu, H271
     pardon des, M51
     des rois et dirigeants, M54
Perse
     ambassadeur à Constantinople (Haji Mirza Husayn Khan), SR2 : M17, 84-107
     consul général à Bagdad (Mirza Buzurg Khan), H206 ; M103
     dignitaires gouvernementaux de, H206-208, 236 ; SR2 ; M84-107
     peuple de, M96
     religieux de, M3
Persécution, voir croyants, persécution de ; Baha'u'llah, persécution de
Peur, H18, 220, 237 ; F5 ; M38
Pharaon, SR7 ; F11 ; M87
Pharisiens, H102, 108, 123
Philosophie et philosophes, H232 ; M113-114
     Voir aussi connaissance ; sagesse
Pièce (vue par Baha'u'llah, enfant), LR11-18
Pie IX (Pape), H102-130
     abandonner son royaume (palais, richesses), H103, 118
     devrait dépenser ses richesses dans le sentier de Dieu, H118
     devrait se tourner vers Dieu, H103
Pierre philosophale, H232
Pierre noire, H90
Pierre, Saint, H106, 113
Piété, H29, 223, 224, 237
Plus grand esprit, voir esprit
Plus grande paix, voir paix
Plus grande prison, voir Acre
Point, voir Bab
Possessions, voir détachement ; Richesse
Pouvoir (puissance), voir Dieu, pouvoir de ; Rois et dirigeants, pouvoir de,
Prêtres, voir religieux
Preuve(s), H9, 10, 35, 51, 56, 102, 110, 139, 194, 197, 219, 221, 255 ; LR25 ; F6 ; M3, 25, 52, 82, 87, 103
     prétention demande, H223, 242
Prière (supplication), H268, 274 ; M83
     de la reine Victoria, H185
     du tsar, H158
Principes et standards, H136 ; M29, 32, 74, 76
Prophétie, H129, 263 ; M15, 87
     balance de la justice, M11
     consolateur, H122, 248
     de Baha'u'llah, H139, 267 ; SR4-5, 21
     Esprit de vérité, M15
     Évangile, H171
     Temple, H276
     venue du Père, H112, 113, 122, 159
Prophètes, voir Manifestation(s) de Dieu
Prospérité, voir richesses
Protection, H182, 207, 236, 241 ; M8
Punition, voir rétribution et punition

Qadir (Tout-Puissant), voir Temple, lettres du
Questions, H58, 79, 271 ; SR29, 36

Raison, H149, 209 ; LR2, 17
Rébellion, voir sédition
Règle d'or, H143, 179, 275 ; M32, 44
Religieux (savants ; prêtres ; érudits ; etc.), H88,131, 154, 219 ; M108
     aveuglement des, H109
     Baha'u'llah demande être confronté avec, H221
     certains faisant preuve de renoncement, H234
     chrétiens, H122, 131, 243, 248
     connivence des, H249
     déformant la nature de la foi, H229
     désaccord de Baha'u'llah avec, M35
     des derniers jours, les plus méchants, H233
     devraient abandonner possessions H154
     devraient faire taire leur plume, H107
     dignes de respect lorsqu'ils suivent les voies de Dieu, M45
     et la foi baha'ie, M86
     jugeant le Bab, M3
     juifs, H243, 245-246
     musulmans, H219 ; M3, 35, 108
     périront, H260
     persans, H198, 243-244
     rejetant Baha'u'llah, H223, 249
     rejetant Jésus, H245
     rejetant Muhammad, H198, 243-244
     richesse des, H272
Religion(s), foi(s)
     disciples, interpellés, H105, 113, 123
     enfants pas responsables, LR2
     en Iran, H236
     manifestée par Baha'u'llah, SR38
     nouvelle, H140
     prise pour plaisanterie, H266
     réalisées dans foi baha'ie, H152
     unité des, H176
Renoncement, H144, 218-219, 234
Repentir, H129, 188 ; M54, 85, 105
Représentants élus, voir gouvernement
Résurrection, SR1 ; F16 ; M101, 107
     de l'âme, H167 ; SR32
     de la terre, H235
     par les Manifestations, LR1
Rétribution et punition, H98, 138, 172, 237 : M46, 98
Réunion, SR13 ; M49, 100
Révélation, H33, 35, 47, 53, 76, 80, 97, 110, 127, 130, 143, 172, 175 ; SR2, 13, 14, 18 ; M94
     armée de, H42, 49
     Aurore de, H91, 109, 146, 185, 232
     brises de, H156
     dépositaire(s) de, H197, 242
     doux accents de, H20
     heure de, H86, 92
     naissance de, H6-7, 192, 258
     plume de, H129 ; SR8-9, 23
     précédentes, H97
     preuves de, H221
     voir aussi preuves
     progressive, H241
     voir aussi Manifestation(s) de Dieu
     porteur d'une nouvelle, H247
     roi de, H103, 167
     royaume de, H2, 7, 31, 37, 63, 72
     styles de, H51
     des versets, H59
Richesses (possessions ; prospérité ; trésors), H86, 97, 220 ; LR21
     accumulation découragée, H118-119
     de Dieu, H162, 205 ; M65
     de Fu'ad Pasha, F5-6
     des royaumes, H235
     du clergé, H272
     éphémères, H156, 214, 259-260, 270 ; MR17, 21 ; M18
     excessives, M66-67
     Pape devrait dépenser dans sentier de Dieu, H118
     nullité des, H135, 156, 167 ; M55
     et pauvres, H151
     peuples sont trésors, H179 ; M68
     succèdent à l'adversité, H230
     sujet au changement, H168
Rocher, voir Pierre, Saint
Rois et dirigeants, H130
     actes des, M46
     antérieurs auraient reconnu Baha'u'llah, M109
     appliquent loi de Dieu, M63
     auraient dû traiter Baha'u'llah avec justice, M32
     autorité (souveraineté) de, H195 ; LR19 ; F7 ; M4
          évanescence, LR10 ; M18
          ne doit pas empêcher reconnaissance, H159, 161, 170
          refus d'abandonner, H223
     avertissements profitables, M34
     Baha'u'llah ne leur fit aucune demande, H216
     bienveillants, H215, 251 ; M68
     chrétiens, M15-16
     création confiée à, H210
     dépenses des, H179 ; M8
     d'Ethiopie, H198
     doivent abandonner leurs possessions, M2
     doivent aider la cause de Dieu, H143
     doivent êtres justes, H118
     doivent nommer gens de confiance M59, 61, 67
     doivent obéir aux commandements de Dieu, H118 ; M7, 12-14, 21, 26, 62
     doivent pas déléguer responsabilité, M61, 67, 71
     doivent pas exagérer, M66
     doivent protéger contre agressions, M13, 20, 63
     doivent se repentir, M54
     doivent s'informer, M103
     doivent suivre les fidèles (en toute humilité), M43, 77, 107
     échec des, M15, 54
     établissent la paix, H178, M8
     exilèrent Baha'u'llah, H267
     générosité des, M70
     honorent descendants du Prophète, M92
     hypocrisie des, M89
     imposent charges leurs sujets, H179 ; M9
     justes, H217, 259
     maltraitèrent Baha'u'llah, M73
     manifestations du pouvoir de Dieu, H210
     ministres des, H158 ; LR12, 15 ; M17-18, 24, 26, 30, 31, 55, 59, 61,68, 73-74, 76, 82, 97, 102, 103
     mortalité des, H261, 269-270 ; LR19 ; M15, 36, 79, 98, 106-107
     miséricorde du, H215, 235
     ombre de Dieu sur terre, H194, 217 ; M72
     oppression par, M71
     orgueil des, M107
     palais, des tombes, H167
          construits en pressurant le peuple, H179
     protègent ceux qui cherchent refuge, H182
     puissance des, M10, 18
     qui aideront les baha'is, SR21
     recherchent leur intérêt, H175
     reconnaissance des Manifestations par, H210 ; M107
          de Baha'u'llah, M1, 6, 13
     refusent très grande paix, H180
     rejettent Baha'u'llah, M16
     rejetèrent Muhammad, SR6
     rendront compte de leurs actes, M27
     responsables de leurs (pauvres) sujets H143, 149 ; M11-12
     souveraineté des, voir autorité
     suivent leurs désirs (inclinations corrompues), M28-29
     suffit pas écouter plaignant, H229
     tablettes aux, H141 ; M1-118
     tombes des, H156
     tyrannie des, H252 ; LR2
     unité des, H182
Royaume(s), (de Dieu ; création ; noms ; ciel et terre ; des souverains, etc.), H22, 103, 112, 123, 124-125, 140, 145, 156, 159, 162, 170, 171, 190, 197, 199, ; LR20 ; M36, 55
Royaume Uni, voir Victoria, reine de
Russie, H137, 219
     Ministres offrent leur aide à Baha'u'llah, H158
     Voir aussi Alexandre II (tsar de Russie)

Sadratu'l-Muntaha, H12, 69, 122, 130, 171, 195
Sa'id Khan-i-Ansari, Mirza (ministre persan des Affaires étrangères), H207
Sacrifice, H16, 186, 218 : SR27 ; M38
Sainte famille, voir Baha'u'llah, famille de
Sainteté, H8, 24, 63, 65, 139, 227, 240 ; M1, 2, 33, 51, 52, 108, 109
Salut, M57
Sana'i, R22
Satan, voir mal
Science(s), H66-67 ; M114
Sceau des prophètes, voir Muhammad
Secrets, voir mystères
Sédition (rébellion), H13, 86, 125, 188, 213, 216, 245, 258, 261 ; LR2, 7 ; M55, 74-75, 82
Sécurité collective, H182 ; M8
Servante(s), voir femmes
Service, H62, 133, 235
     Voir aussi aide à Dieu
Shah Sultan Salim, voir pièce ; marionnettes
Shaykh Kazim-i-Samandar, H234
Shaykh Murtaday-i-Ansari, H234
Sinai, H93, 133, 142, 159
Siyyid Isma'il de Zavarih, SR13
Soi, moi, ego, égoïsme, H27, 201, 212, 232, 269 ; SR34 ; LR20, 23
     de Dieu ou Baha'u'llah, H17, 21, 43, 44, 45, 54, 60, 63, 64, 69, 70, 72, 81, 82, 87, 90, 108, 126, 164, 169
     esclavage du ; désir du, H167, 196, 224
Sois (le commandement), H2, 3, 8, 36, 46, 60, 276
Sorcellerie (magie), H54, 56 : M100, 115
Souffrance, voir Baha'u'llah, souffrances de ; baha'is, souffrance de
Souveraineté, voir Dieu, souveraineté de ; Rois et dirigeants
Styles de révélation, H51
Suicide, SR13 ; LR5
Supplication, voir prières
Syrie, H171

Tablette(s) (épîtres), H31, 33, 43, 92, 96, 110, 129, 141, 155, 173, 182, 184, 202 ; SR26, 36, 38 ; LR24 ; M1, 6, 12, 56
     écrite, H41
     évidente, H132
     explicite, H189
     de Muhammad, SR6
     préservée, H4, 10, 25, 30, 46, 48, 158, 186 ; M4
     puissante, SR8
Tabriz, H235
Téhéran, H206 ; LR11 ; M102
Temple, H43-44
     coeur du, H64
     langue du, H21
     lettres du,
          Fadl (grâce), H46
          Huviyyah (essence de divinité), H37
          Karim (Très-Généreux), H39
          Qadir (Tout-Puissant), H38
     mains du, H31
     oeil du, H19
     oreilles du, H20
     pieds du, H61
     saint des saints du, H67
     voir aussi Baha'u'llah, titres de
Terre (monde), H54, 167, 184-185, 214 272 ; LR16-21 ; M13
     bas monde, LR20
     comme la noire prunelle d'une fourmi morte, H156
     créée par les croyants, H15
     enflammée par la parole de Dieu, SR1
     état de, H156
     humanité créée de, M107
     joie de, inférieure à joie spirituelle, H162
     malade, H152
     menace homme d'une mort imminente, LR21
     passera, H190 ; M36, 40, 42, 55, 57, 79
     peuple recherche le monde alors qu'il est dans le sein de sa mère, M40
     plus glorieuse que le ciel, SR15
     possession de, n'a de valeur qu'en se souvenant de Dieu, M4
     renouvelée, H47, 255 ; SR8
     vanité de, H91, 196 ; LR16-17 ; M36, 40, 55, 72, 99
     vivifiée, H131 ; SR8
     voir aussi création
Terre sainte, H129
Tests et épreuves, H226 ; SR14 ; LR28 ; M47
     Voir aussi baha'is, persécution des ; Baha'u'llah, persécution de ; Baha'u'llah, souffrance de
Torah, H140, 164, 246, 249
Travail, suspendu les jours saints, H153
Tsar, voir Alexandre II, tsar de Russie
Turquie,
     demande de nationalité par baha'is, H207
     ministre du gouvernement de, H183, M24
Tyrannie (oppression), H96, 114, 117, 160, 252, 257, 261, 274 ; SR5, 7, 12, 15 ; LR2, 5, 6 ; F11 ; M13, 20, 36, 52, 62, 63, 71, 73, 81
     voir aussi rois et dirigeants, tyrannie de
Union mystique, M49-50
Unité (unicité)
     divine, H12, 15, 93, 197, 241, 242 ; SR15 ; LR1, M43, 72, 81, 94, 98, 107
     de l'humanité, H109, 142, 152, 177 ; SR8
     des rois, H182
     avec Dieu, SR40
     voir aussi religion(s), unité des
Ustad Muhammad-'Aliy-i-Salmani, H27
Usure (intérêt sur prêt), M35
'Uzza (idole mecquoise), H87

Vaines imaginations (chimères), H8, 16, 103, 109, 117, 120, 157, 184, 186, 270 ; M84, 116
Vérité (véracité), H151, 198, 218-219 ; F14 ; M35, 38, 39, 60, 79, 87, 94, 97, 99, 108
     aspiration à la mort démontre la, H222
     contestation de, H242
     de la mission du Bab, H163 ; M3
     de la mission de Baha'u'llah, H221 ; LR25
     de la Cause, H135, 218 ; M17
     Dieu est, H258, 276
     distinguée de l'erreur, H229 ; M16
     Esprit de, M15
     étendard de, H233
     langage de, M76
     protection de, H160
     puissance de, H139 ; SR7, 14
     recherche de, M103
     rejet de, M5, 23, 99
Versets, voir paroles de Dieu, de Baha'u'llah
Vertus, H72
Viande, à ne pas rejeter, H154
Victoria (reine d'Angleterre), H171-185
     appelée à abandonner les choses terrestres, H171
     appelée à se tourner vers Dieu, H172
     interdit esclavage, H172
     remet affaires entre mains représentants, H173
     sera récompensée, H172
Vie, H75, 76, 137, 168, 196, 237, 273 ; LR17, 19 ; F16 ; M26, 36, 37, 42, 54, 69, 91, 99, 111
     éternelle, voir éternité
     divine, M10, 35
     procède de l'esprit, SR23
     sacrifice de, H162, 218, 219 ; SR13 ; LR5 ; M50
     Vie après la mort (immortalité au-delà), H131, 270 ; M33, 94
     voyage sans retour, H263
Vierge du ciel, H6-7, 22, 100
Vision, H19, 93, 98, 99, 156, 157, 265, 272, 273 ; SR35 ; LR5 ; M57
     intérieure, M39
     même que âme, esprit, raison, écoute, SR35
     obscurcie, M50, 93
     ouverte par Dieu, M52
     pour reconnaître le Créateur, H19
     voir aussi Temple, yeux du
Voix, voir paroles

Wahb Ibn-i-Rahib, H243

Yahya, Mirza (demi-frère de Baha'u'llah, H25-29, 55

Zawra', voir Bagdad
Zaynu'l-'abidin, 'Ali Husayn (quatrième Imam) H252-257 ; M48


© Maison d’éditions bahá’íes, 52-54 rue Henri Evenpoel, 1030 Bruxelles, Belgique