Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris (Religare - Bibliothèque des religions - Foi bahá'íe - Abdu'l-Bahá)
Religion bahá'íe

Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris

Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris
Auteur: Abdu'l-Bahá (révélation 1911)
Edition : MEB 1987 - ISBN 2-87203-006-9

Table des matières

Introduction
Préface
I. Causeries sur des sujets divers
   1. Des devoirs de sympathie et de bonté envers les étrangers
   2. La puissance et la valeur de la pensée juste dépendent de son efficacité pratique
   3. Dieu est le grand médecin compatissant, lui seul apporte la véritable guérison
   4. Nécessite de l'union entre les peuples de l'orient et de l'occident
   5. Dieu comprend tout, il ne peut être compris
   6. Des causes lamentables de la guerre et du devoir de tous de lutter pour la paix
   7. Le soleil de vérité
   8. La lumière de vérité brille aujourd'hui sur l'orient et l'occident
   9. L'amour universel
   10. L'emprisonnement d'Abdu'l-Bahá
   11. Le don suprême de dieu a l'homme
   12. Les nuages qui voilent le soleil de vérité
   13. Les préjugés religieux
   14. Les bienfaits de dieu envers les hommes
   15. Beauté et harmonie dans la diversité
   16. La véritable signification des prophéties relatives à la venue du christ
   17. L'esprit saint, puissance intermédiaire entre Dieu et l'homme
   18. Les deux natures de l'homme
   19. Progrès matériel et progrès spirituel
   20. Evolution de la matière et développement de l'âme
   21. Réunions spirituelles à paris
   22. Les deux sortes de lumières
   23. Aspirations spirituelles de l'occident
   24. Causerie dans un atelier d'artiste
   25. Bahá'u'lláh
   26. Les bonnes idées doivent être mises en pratique
   27. La véritable signification du baptême par l'eau et par le feu
   28. Causerie a l'alliance spiritualiste
   29. Evolution de l'esprit
   30. Les désirs et les prières d'Abdu'l-Bahá
   31. A propos du corps, de l'âme et de l'esprit
   32. Il faut que les bahá'ís s'efforcent de tout leur coeur d'améliorer la condition de l'humanité
   33. De la calomnie
   34. Il ne peut exister de vrai bonheur ni de véritable progrès sans spiritualité
   35. Joie et souffrance
   36. Vertus et sentiments parfaits chez l'homme
   37. Cruelle indifférence aux souffrances des races étrangères
   38. Ne vous découragez pas d'être en petit nombre
   39. Causerie d'Abdu'l-Bahá au foyer de l'âme, le temple du pasteur Wagner
II. Causeries sur des principes de Bahá’u’lláh
   40. Causeries d'Abdu'l-Bahá a la société théosophique
   41. Premier principe de Bahá'u'lláh: Recherche de la vérité
   42. Second principe de Bahá'u'lláh: Unité du genre humain
   43. Troisième principe de Bahá'u'lláh: Religion cause d'amour et d'amitié
   44. Quatrième principe de Bahá'u'lláh: Unité de la religion et de la science
   45. Cinquième principe de Bahá'u'lláh: Abolition des préjugés
   46. Sixième principe de Bahá'u'lláh: Egalisation des moyens d'existence
   47. Septième principe de Bahá'u'lláh: Egalité des hommes devant la loi
   48. Huitième principe de Bahá'u'lláh: Paix universelle
   49. Neuvième principe de Bahá'u'lláh: Non-ingérence de la religion dans la politique
   50. Dixième principe de Bahá'u'lláh: Education des femmes
   51. Onzième principe de Bahá'u'lláh: Puissance de l'esprit saint
   52. Premier principe: Recherche de la vérité
   53. Second principe: Unité du genre humain
   54. Troisième principe: Religion cause d'amour et d'amitié
   55. Quatrième principe: Accord entre la religion et la science
   56. Cinquième principe: Abolition des préjugés
   57. Sixième principe: Egalisation des moyens d'existence
   58. Septième principe: Egalité des hommes
   59. Huitième principe: paix universelle, langue universelle
   60. Neuvième principe: Non-ingérence de la religion dans la politique
   61. Dixième principe: Egalité des sexes
   62. Onzième principe: Puissance de l'esprit saint
   63. Conclusion d'Abdu'l-Bahá sur les onze principes expliqués
   64. La dernière réunion

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Introduction

Abdu'l-Bahá, fils de Bahá'u'lláh, le prophète fondateur de la foi bahá'íe, est né le 23 mai 1844, en Iran. Son enfance et son adolescence se sont écoulées dans les affres d'une misère et d'une affliction continuelles. Compagnon d'exil de son père, il dut quitter son pays à l'âge de 9 ans. A 24 ans, les portes de la prison de Saint-Jean-d'Acre se referment sur lui pour ne s'ouvrir que quarante ans plus tard. A sa libération, il avait soixante-quatre ans et c'est alors seulement que commence la mission dont l'a investi Bahá'u'lláh.

Malgré son âge et son affaiblissement causé par les privations, il entreprend la tache de porter en Occident le message d'amour, de paix et de justice révélé par Bahá'u'lláh. Il s'embarque en septembre 1910 pour visiter l'Egypte, l'Europe et les Etats-Unis. C'est lors de son séjour à Paris en 1911 que ces causeries furent enregistrées. Par testament, Bahá'u'lláh l'a choisi comme successeur pour interpréter ses écrits sacrés et lui a donné le titre de Centre du Covenant, c'est-à-dire de l'alliance entre Dieu et l'humanité, pour notre âge. A son tour, Abdu'l-Bahá a laissé un testament, véritable charte développant les structures administratives de l'ordre mondial bahá'í à établir.

Pour tous les bahá'ís, il est le modèle parfait de la foi, doué d'un savoir surhumain et considéré comme le miroir sans tache réfléchissant la lumière du prophète de Dieu. Après sa libération, il fit preuve d'une énergie et d'un courage extraordinaires: voyageant, exhortant les fidèles, enseignant les humbles et les érudits, secourant les pauvres, soignant les malades et, pendant la nuit, répondant aux innombrables lettres qu'il recevait de partout. Sa mort survint le 28 novembre 1921 après vingt-neuf ans de ministère personnel. Il avait écrit des milliers de tablettes, des prières, des poèmes, des commentaires...

Préface

Lors de son séjour à Paris, en 1911, Abdu'l-Bahá donnait, chaque jour, une courte causerie sur les principes de Bahá'u'lláh. Il s'exprimait en persan et un interprète traduisait ses paroles, en Français. Lady Blomfield et ses filles prirent des notes qui furent ensuite traduites en anglais. A la demande même d'Abdu'l-Bahá - qui les avait relues et approuvées (Note, p. 181 de "The Chosen Highway" par Lady Blomfield) - Lady Blomfield les publia. C'est la traduction, en français, de ces notes que l'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'ís de France publie ci-après.


I. Causeries sur des sujets divers

1. Des devoirs de sympathie et de bonté envers les étrangers

(1.1)
Dès qu'un homme se tourne vers Dieu, il voit le soleil resplendir partout. Tous les hommes deviennent ses frères.

(1.2)
Quand vous vous trouvez avec des étrangers, que le souci des conventions ne vous rende pas froid et distant. Ne les considérez pas avec suspicion comme des malfaiteurs, des voleurs ou des rustres. Vous estimez nécessaire d'être prudent, de ne pas courir le risque de lier connaissance avec des personnes peut-être indésirables. Je vous demande de ne pas songer uniquement à vous-mêmes.

(1.3)
Soyez bons pour les étrangers, qu'ils soient Turcs, Japonais, Persans, Russes, Chinois ou de toute autre nationalité. Faites en sorte qu'ils se sentent chez eux; tâchez de savoir où ils logent, cherchez à leur rendre service; Essayez de leur rendre la vie un peu plus agréable.

(1.4)
Même si, un jour, vos premiers soupçons étaient fondés, continuez de la même manière à leur manifester de la bienveillance; cette bonté les aidera à devenir meilleurs.

(1.5)
Après tout, pourquoi traiter en étrangers les habitants des autres pays ? Que ceux qui vous rencontrent sachent, sans que vous ayez à le proclamer, qu'en vérité vous êtes un bahá'í.

(1.6)
Mettez en pratique le précepte de Bahá'u'lláh: bonté envers toutes les nations. Ne vous contentez pas des paroles amicales, mais que votre coeur soit embrasé par une affectueuse bonté envers tous ceux qui peuvent croiser votre chemin.

(1.7)
O vous, peuples d'Occident, soyez bons envers ceux qui viennent des pays orientaux pour séjourner parmi vous. Oubliez votre formalisme quand vous conversez avec eux; ils n'y sont pas accoutumés. Cette attitude paraît froide et inamicale aux peuples d'Orient. Ayez plutôt une attitude de sympathie.

(1.8)
Montrez-vous pénétrés d'un amour universel. Quand vous rencontrez un Persan ou quelqu'un d’autre étranger, parlez-lui comme à un ami. S'il a l'air seul, tâchez de l'aider, offrez-lui spontanément vos services. S'il est triste, consolez-le; s'il est pauvre secourez-le; s'il est opprimé, délivrez-le; s'il est dans la détresse, réconfortez-le. En agissant ainsi, vous prouverez, non seulement en paroles mais en fait et en vérité, que vous considérez tous les hommes comme vos frères.

(1.9)
A quoi sert-il de convenir que l'amitié universelle est un bien et de parler de la solidarité du genre humain comme d'un grand idéal ? A rien si ces idées ne sont pas transformées en actes.

(1.10)
Le mal persiste dans le monde précisément parce que les gens ne parlent que de leurs idéaux sans s'efforcer de les mettre en pratique.

(1.11)
Si les actes remplaçaient les paroles, la détresse du monde serait bientôt transformée en bien-être.

(1.12)
Un homme qui fait beaucoup de bien sans en parler est sur le chemin de la perfection. Celui qui, ayant fait un peu de bien, l'amplifie dans ses discours, n'a que très peu de mérite.

(1.13)
Si je vous aime, je n'ai pas besoin de vous en parler sans cesse, vous le saurez sans que j'en souffle mot. D'autre part, si Je ne vous aime pas, vous le saurez également, et vous ferais-je mille protestations d'amitié que vous ne me croiriez pas.

(1.14)
Les gens font profession de bonté, multipliant les belles paroles afin de paraître plus grands et meilleurs que leurs semblables et d'acquérir une bonne renommée.

(1.15)
Ceux qui font le plus de bien sont ceux qui en parlent le moins. Les enfants de Dieu agissent bien sans s'en vanter, obéissant à ses lois.

(1.16)
J'espère que vous vous garderez toujours de toute tyrannie et oppression, que vous travaillerez sans relâche jusqu'à ce que règne la justice dans tous les pays, que vous conserverez un coeur pur et des mains nettes de toute action injuste. C'est la condition requise pour vous approcher de Dieu et c'est ce que j'attends de vous.


2. La puissance et la valeur de la pensée juste dépendent de son efficacité pratique

(2.1)
La réalité de l'homme c'est sa pensée, ce n'est pas son corps.

(2.2)
Force de pensée et force animale sont associées. Bien que l'homme fasse partie du monde animal, il possède un pouvoir de réflexion supérieur à celui de toute autre créature.

(2.3)
Quand les pensées d'un homme sont sans cesse dirigées vers des questions spirituelles, alors il se sanctifie; si au lieu de s'élever, ses pensées s'abaissent et se concentrent sur les choses de ce monde, il devient de plus en plus matériel et parvient à un état à peine supérieur à celui de l'animal.

(2.4)
On peut diviser les pensées en deux catégories: celles qui appartiennent à la pure spéculation et celles qui se traduisent par des actes. Il est des hommes et des femmes qui tirent gloire de leurs pensées élevées; toutefois, si celles-ci ne se traduisent jamais en actes, elles sont inutiles, car le pouvoir de la pensée se mesure à ses effets pratiques.

(2.5)
Cependant les idées des philosophes peuvent, en ce qui concerne l'évolution et le progrès, influencer la conduite des hommes, bien qu'ils soient eux-mêmes incapables ou se refusent à manifester leur grand idéal dans leur propre vie. C'est le cas de la plupart des philosophes dont les enseignements dépassent de bien loin la conduite.

(2.6)
C'est là la différence entre les philosophes qui sont des maîtres spirituels et ceux qui ne sont que des philosophes: le maître spirituel est le premier à suivre ce qu'il enseigne; il transpose en actes son idéal et ses conceptions spirituelles. Ses pensées divines se traduisent visiblement dans le monde. Ses pensées font partie intégrante de lui-même. Il en est inséparable.

(2.7)
Quand on se trouve en présence d'un philosophe qui met en relief l'importance et la grandeur de la Justice et qui, par ailleurs, encourage un monarque avide à pratiquer la tyrannie et l'oppression, on peut en conclure sur-le-champ qu'il appartient à la première classe, car il ne met pas en pratique les vertus célestes correspondant à ses pensées sublimes. Il ne peut en être ainsi des philosophes spirituels dont les actes sont toujours à l'image de leurs hautes et nobles idées.


3. Dieu est le grand médecin compatissant, lui seul apporte la véritable guérison

(3.1)
Toute guérison véritable vient de Dieu ! Il existe deux causes de maladie: l'une matérielle, l'autre spirituelle. La maladie du corps nécessite un remède matériel, celle de l'âme un remède spirituel.

(3.2)
La guérison complète ne peut survenir que si, pendant le traitement, nous recevons la bénédiction divine, car le traitement médical n'est que le moyen extérieur et visible qui nous permet d'obtenir la guérison spirituelle.

(3.3)
Guérir le corps sans l'esprit ne sert à rien. Tout est dans les mains de Dieu et sans Lui, nous ne pouvons recouvrer la santé.

(3.4)
Bien des hommes ont fini par mourir de la maladie même qu'ils avaient spécialement étudiée. Ainsi en fut-il d'Aristote qui avait particulièrement étudié la fonction digestive et qui mourut d'une maladie d'estomac. Avicenne fut un spécialiste du coeur, cependant il mourut d'une maladie de coeur. Dieu est le grand médecin compatissant qui, seul, possède le pouvoir de la vraie guérison.

(3.5)
Toutes les créatures dépendent de Dieu, si grands que puissent paraître leur savoir, leur pouvoir et leur indépendance. Considérez les puissants monarques de la terre: ils détiennent ici-bas toute la puissance que les hommes peuvent leur octroyer et cependant, à l'appel de la mort, ils doivent obéir comme le font les paysans à leur dernière heure.

(3.6)
Considérez aussi les animaux, comme ils sont impuissants dans leur force apparente ! Ainsi l'éléphant, le plus grand de tous, tourmenté par une mouche, et le lion incapable d'éviter l'irritation causée par le ver.

(3.7)
Même l'homme, la plus élevée parmi les créatures, a besoin de nombreux éléments pour assurer son existence: avant tout, de l'air dont la privation, fût-ce pendant quelques minutes, cause la mort. Il lui faut aussi de l'eau, des aliments, des vêtements, de la chaleur et quantités d'autres choses. De toutes parts, les dangers et les difficultés l'entourent, contre lesquels son corps physique seul ne peut lutter.

(3.8)
Si un homme observe le monde autour de lui, il voit combien toutes les choses créées sont dépendantes et prisonnières des lois de la nature. Seul, l'homme, par son pouvoir spirituel, a été capable de se libérer, de s'élever au-dessus du monde matériel et d'asservir celui-ci.

(3.9)
Sans l'aide de Dieu, l'homme serait semblable à l'animal qui périt; mais Dieu lui a conféré un pouvoir si merveilleux qu'il peut toujours porter ses regards vers le ciel et obtenir, parmi d'autres bienfaits de sa divine bonté, la guérison de ses maladies.

(3.10)
Mais hélas, l'homme n'est pas reconnaissant de ce bien suprême; il dort du sommeil de la négligence, insouciant de la grâce immense que Dieu lui a accordée, détournant son visage de la lumière et poursuivant son chemin dans les ténèbres. C'est ma prière fervente qu'il n'en soit pas ainsi pour vous, mais que votre visage demeure plutôt constamment tourné vers la lumière, afin que vous soyez comme des torches enflammées dans les heures sombres de la vie.


4. Nécessite de l'union entre les peuples de l'orient et de l'occident

(4.1)
Autrefois comme de nos jours, le Soleil spirituel de Vérité a toujours brillé à l'horizon de l'Orient. Abraham parut en Orient. Moïse se leva en Orient pour diriger et instruire le peuple. A l'horizon de l'Orient surgit le Seigneur Christ. Muhammad fut envoyé à une nation orientale. Le Báb se leva dans un pays de l'Est: la Perse. Bahá'u'lláh vécut et enseigna en Orient. Tous les grands instructeurs spirituels ont paru dans le monde oriental.

(4.2)
Mais, bien que le soleil du Christ se soit levé en Orient, son rayonnement fut apparent en Occident où la splendeur de sa gloire fut plus nettement perçue. La divine lumière de son enseignement brilla avec une force plus grande dans le monde occidental où elle progressa plus rapidement que dans le pays de sa naissance.

(4.3)
De nos jours, l'Orient a besoin de se développer sur le plan matériel et l'Occident manque de spiritualité. Il serait bon que l'Occident se tourne vers l'Orient pour en recevoir la lumière spirituelle et lui donner, en échange, ses connaissances scientifiques. Il faut que cet échange de dons ait lieu.

(4.4)
L'Est et l'Ouest doivent s'unir pour se donner mutuellement ce qui leur manque. De cette union naîtra une vraie civilisation dans laquelle le spirituel trouvera son expression et sa réalisation sur le plan matériel.

(4.5)
Par l'échange mutuel, la plus grande harmonie régnera, tous les peuples seront unis, ils atteindront à un état de haute perfection; il se formera un lien solide, et ce monde deviendra un brillant miroir où se refléteront les attributs de Dieu.

(4.6)
Nous, peuples de l'Orient et de l'Occident, devons tous lutter jour et nuit, de tout notre coeur et de toute notre âme, pour atteindre ce noble idéal: cimenter l'unité entre toutes les nations de la terre. Alors, tous les coeurs seront rafraîchis, tous les yeux s'ouvriront, le pouvoir le plus merveilleux nous sera donné et le bonheur de l'humanité sera assuré.

(4.7)
Il nous faut prier afin que, par la bonté de Dieu, la Perse puisse recevoir la civilisation matérielle et intellectuelle de l'Occident et lui donner, en retour, par la grâce divine, sa lumière spirituelle.

(4.8)
L'action énergique et dévouée des peuples unis d'Orient et d'Occident aboutira à ce résultat, car la force de l'Esprit saint les aidera.

(4.9)
Il vous faudrait étudier attentivement, un par un, les principes et les enseignements de Bahá'u'lláh jusqu'à ce que votre esprit et votre coeur en soient pénétrés et les comprennent; alors, vous deviendrez des disciples ardents de la lumière, des soldats de Dieu, sanctifiés et vraiment spirituels, connaissant la véritable civilisation, et vous répandrez celle-ci en Perse, en Europe et dans le monde entier.

(4.10)
Lorsque l'humanité tout entière sera rassemblée sous la tente de l'unité, dans le royaume de gloire, ce sera le paradis qui doit s'établir sur la terre.


5. Dieu comprend tout, il ne peut être compris

(5.1)
De nombreuses réunions ont lieu chaque jour à Paris pour discuter des questions de politique, de commerce, d'éducation, d'art, de science et de bien d'autres sujets. Toutes ces réunions sont utiles. Mais, en cette assemblée, notre but consiste à nous tourner vers Dieu, à trouver le meilleur moyen de travailler au bien de l'humanité, d'abolir les préjugés et de déposer, dans le coeur des hommes, le germe de l'amour et de la fraternité universels. Dieu approuve l'objet de notre réunion et nous donne sa bénédiction.

(5.2)
Nous voyons que Dieu a dit, dans l'Ancien Testament: "Faisons l'homme à notre propre image. " Dans l'Evangile, le Christ a dit: "Je suis dans le Père et le Père est en moi. " Dans le Qur'an, Dieu dit: "L'homme est mon mystère et je suis le sien. " Dans les écrits de Bahá'u'lláh, Dieu dit: "Ton coeur est ma demeure; sanctifie-le pour que je descende en lui. Ton esprit est le lieu de ma révélation; purifie-le pour que je me manifeste en lui. " Toutes ces paroles sacrées nous montrent que l'homme est fait à l'image de Dieu;
[voir "Les paroles cachées" 1.59 , "Sélection des écrits d'Abdu'l-Bahá" 118.2 ; Jean 14.10 ; Genèse 1.26 - L'homme est fait à l'image de Dieu, néanmoins, l'essence de Dieu est inconnaissable]

(5.3)
néanmoins, l'essence de Dieu est incompréhensible à l'esprit humain, car la compréhension limitée n'offre aucun recours pour saisir le Mystère infini.

(5.4)
Dieu contient tout; il ne peut être contenu. Le contenant est supérieur au contenu. Le tout est plus grand que les parties.

(5.5)
L'homme ne peut comprendre les choses qui dépassent sa capacité d'entendement, de sorte qu'il lui est impossible de saisir la nature de la majesté de Dieu. Notre imagination ne peut se représenter que ce qu'elle est capable de créer.

(5.6)
L'intelligence existe à des degrés divers suivant les règnes de la création. Les minéraux, les végétaux et les animaux sont incapables de comprendre ce qui est au-delà de leur propre création. Le minéral ne peut imaginer le pouvoir de croissance de la plante. L'arbre ne peut comprendre la faculté de locomotion de l'animal ni ce que peut signifier voir, entendre ou sentir.

(5.7)
Tout ceci fait partie de la création physique. L'homme en fait également partie, mais il est impossible à n'importe lequel des règnes inférieurs de comprendre ce qui se passe dans l'esprit d'un être humain. L'animal ne peut se faire une idée de l'intelligence de l'homme; il ne connaît que ce que perçoivent ses sens et ne peut rien se figurer d'abstrait. L'animal ne pourrait apprendre que la terre est ronde, qu'elle tourne autour du soleil, pas plus qu'il ne pourrait construire un télégraphe électrique. Ces choses-là ne sont accessibles qu'à l'homme.

(5.8)
L'homme est l'oeuvre la plus noble dans la création, et de toutes les créatures, c'est la plus proche de Dieu.

(5.9)
Tous les règnes supérieurs sont incompréhensibles pour les règnes inférieurs; comment, alors, serait-il possible à l'homme, cette créature, de comprendre le tout-puissant Créateur de tout ? Ce que nous imaginons n'est pas la réalité de Dieu; Lui, l'Inconnaissable, l'Inconcevable, est bien loin au-delà de la plus haute conception humaine.

(5.10)
Toutes les créatures sont tributaires de la bonté divine. La vie même est un don de la faveur divine. Comme la lumière du soleil brille sur le monde entier, ainsi, la grâce du Dieu infini se répand sur toutes les créatures. De même que le soleil fait mûrir les fruits de la terre et donne vie et chaleur à tous les êtres vivants, ainsi le Soleil de Vérité brille sur toutes les âmes, les remplissant du feu de l'amour divin et de la lumière de l'entendement.

(5.11)
La supériorité de l'homme sur le reste du monde créé apparaît encore dans le fait qu'il possède une âme où réside l'esprit divin; les âmes des créatures moins élevées sont d'une essence inférieure. Il n'y a donc aucun doute que, de tous les êtres créés, l'homme est le plus proche de la nature de Dieu et que, par conséquent, il reçoit une part plus grande de la divine bonté.

(5.12)
Le règne minéral possède le pouvoir d'exister. La plante a le pouvoir d'exister et de croître. En plus de l'existence et de la faculté de croître, l'animal peut se mouvoir et faire usage de ses sens. L'espèce humaine possède tous les attributs des règnes inférieurs et bien d'autres encore. L'homme est la synthèse des créations antérieures car il les contient toutes.

(5.13)
A l'homme est dévolu le don spécial de l'intelligence qui lui permet de recevoir une plus grande part de la lumière divine.

(5.14)
L'homme parfait est comme un miroir poli, réfléchissant le Soleil de Vérité et manifestant les attributs de Dieu.

(5.15)
Le Seigneur Christ a dit: "Celui qui m'a vu a vu le Père" - Dieu manifesté dans l'homme. Le soleil ne quitte pas sa place au ciel pour descendre dans le miroir, car monter et descendre, aller et venir n'est pas le propre de l'Infini mais le fait des êtres finis.

(5.16)
Dans la manifestation de Dieu, le miroir parfaitement poli, les qualités divines apparaissent sous une forme que l'homme est capable de saisir. Cela est si simple que tout le monde est capable de le comprendre; et ce que nous sommes capables de comprendre, nous devons forcément l'accepter.

(5.17)
Notre Père ne nous tiendra pas pour responsables de rejeter des dogmes que nous ne pouvons ni croire ni comprendre, car il est toujours infiniment juste envers ses enfants.

(5.18)
Cet exemple est d'ailleurs si logique que tout esprit peut le comprendre aisément s'il veut bien y réfléchir.

(5.19)
Puisse chacun d'entre vous devenir une lampe brillante dont l'amour de Dieu soit la flamme. Puissent vos coeurs s'embraser du rayonnement de l'unité. Puissent vos yeux être illuminés par la splendeur du Soleil de Vérité.

(5.20)
La ville de Paris est fort belle; il serait impossible de trouver dans le monde actuel une ville plus civilisée et mieux aménagée dans toutes ses réalisations matérielles. Mais la lumière spirituelle ne l'éclaire plus depuis longtemps; ses progrès spirituels sont bien en-deçà de sa civilisation matérielle.

(5.21)
Il faut un pouvoir souverain pour l'éveiller à la vérité spirituelle, pour faire pénétrer le souffle de vie en son âme endormie. Il faut vous unir tous pour la réveiller et ranimer sa population, avec l'assistance de cette force supérieure.

(5.22)
Quand un mal est bénin, un remède anodin suffit à le guérir; mais si ce mal devient une terrible maladie, un remède très énergique doit alors être employé par le divin Guérisseur.

(5.23)
Il est des arbres qui fleurissent et donnent des fruits sous un climat tempéré; d'autres ont besoin des rayons les plus ardents du soleil pour atteindre à une parfaite maturité: Paris est l'un de ces arbres dont le développement exige le grand soleil brûlant du divin pouvoir de Dieu.

(5.24)
Je demande à tous et à chacun de vous de suivre exactement la lumière de vérité des enseignements sacrés; alors, Dieu vous fortifiera par son esprit saint afin que vous soyez capables de surmonter les difficultés et de détruire les préjugés, causes de séparation et de haine entre les peuples.

(5.25)
Que vos coeurs soient remplis du grand amour de Dieu; puissiez-vous tous ressentir cet amour, car tout homme est un serviteur de Dieu et tous ont droit à une part de la divine bonté.

(5.26)
Par-dessus tout, montrez une bonté et une patience extrêmes à ceux dont les préoccupations sont matérielles et rétrogrades, les attirant de ce fait à l'unité confraternelle par votre rayonnante bonté.

(5.27)
Si vous êtes persévérants dans votre grande tâche, si vous suivez le Soleil sacré de Vérité sans vous en écarter, alors le jour béni de la fraternité universelle poindra sur cette ville magnifique.


6. Des causes lamentables de la guerre et du devoir de tous de lutter pour la paix

(6.1)
J'espère que vous êtes tous heureux et en excellente santé. Pour ma part, je ne suis pas heureux mais bien triste. Les nouvelles de la bataille de Bengazi me désolent.

(6.2)
Je suis étonné de la sauvagerie humaine qui existe encore de nos jours. Comment se peut-il que des hommes se battent du matin jusqu'au soir, s'entre-tuant et répandant le sang de leurs semblables ? Et dans quel but ? Pour s'emparer d'une portion de terre ! Même les animaux ont un motif immédiat et plus rationnel lorsqu'ils s'attaquent et se battent.

(6.3)
Quelle terrible chose de voir que les hommes, créatures supérieures, puissent s'abaisser à massacrer leurs semblables ou à les réduire à la misère pour la possession d'un morceau de terre. Les êtres les plus élevés de la création combattent pour s'emparer de la matière sous sa forme la plus basse: la terre.

(6.4)
La terre n'appartient pas à un seul peuple mais à tous.

(6.5)
Cette planète n'est pas la demeure de l'homme mais sa tombe. C'est donc pour leurs tombes que ces hommes s'affrontent. Il n'y a rien de plus horrible en ce monde que la tombe, l'abri du corps de l'homme en décomposition. Si grand que soit le conquérant, et quel que soit le nombre de pays qu'il réduise en esclavage, il ne peut jamais garder aucune partie de ces terres dévastées si ce n'est cette portion minuscule: sa tombe.

(6.6)
Lorsqu'un agrandissement territorial s'avère nécessaire à l'amélioration des conditions de vie d'un peuple, aux fins de répandre la civilisation (par exemple substituer des lois justes à des coutumes brutales), il devrait assurément être possible d'acquérir d'une manière pacifique ce territoire indispensable.

(6.7)
Mais la guerre est faite pour satisfaire l'ambition des hommes; pour le profit du gain matériel de quelques-uns, une misère terrible s'abat sur d'innombrables foyers, brisant le coeur de centaines d'hommes et de femmes.

(6.8)
Combien de veuves pleurent leurs maris, que d'histoires de sauvages cruautés ne devons-nous pas entendre ! Combien de petits enfants orphelins pleurent leurs pères disparus ! Combien de femmes versent des larmes sur leurs fils massacrés ! Il n'est rien de si terrible et de si déchirant qu'une explosion de sauvagerie humaine.

(6.9)
Je vous charge tous de concentrer, chacun pour sa part, toutes vos pensées et votre coeur sur l'amour et l'unité. A une pensée de guerre, opposez une plus forte pensée de paix. Une pensée de haine doit être détruite par une puissante pensée d'amour. Les pensées de guerre détruisent toute harmonie, tout bien-être, tout repos et toute satisfaction. Les pensées d'amour créent la fraternité, la paix, l'amitié et le bonheur.

(6.10)
Tandis que les soldats du monde tirent leurs épées pour tuer, les soldats de Dieu se serrent la main. Puisse ainsi disparaître toute la barbarie de l'homme par la grâce de Dieu, inspirant les coeurs purs et les âmes sincères.

(6.11)
Ne croyez pas que la paix mondiale soit un idéal impossible à atteindre. Rien n'est impossible à la bienveillance de Dieu. Si, de tout votre coeur, vous souhaitez pratiquer l'amitié envers toutes les races de la terre, votre idée spirituelle et positive se propagera; cette aspiration deviendra celle des autres et s'intensifiera de plus en plus jusqu'à toucher l'esprit de tous les hommes.

(6.12)
Ne désespérez pas ! Travaillez avec constance ! La sincérité et l'amour vaincront la haine. Que d'événements apparemment impossibles sont en train de se réaliser de nos jours ! Que votre visage se tourne avec persévérance vers la Lumière du monde.

(6.13)
Montrez-vous amical pour tout le monde: "L'amour est le souffle de l'Esprit saint dans le coeur de l'homme. "

(6.14)
Ne vous découragez pas ! Dieu n'abandonne jamais ses enfants qui luttent, travaillent et prient. Que votre coeur soit rempli du désir ardent de voir régner la tranquillité et l'harmonie dans ce monde en guerre. Ainsi vos efforts seront couronnés de succès et, avec la fraternité universelle, le royaume de Dieu s'établira dans la paix et la bonne volonté.

(6.15)
Aujourd'hui, dans cette pièce, les représentants de bien des nations, Français, Américains, Anglais, Allemands, Italiens, tous frères et soeurs, se trouvent réunis dans l'amitié et l'harmonie. Que cette assemblée soit un signe avant-coureur de ce qui se passera dans ce monde, quand tous les enfants de Dieu comprendront qu'ils sont les feuilles d'un même arbre, les fleurs d'un même jardin, les gouttes d'eau d'un seul océan et les fils et filles d'un même Père dont le nom est Amour.


7. Le soleil de vérité

(7.1)
C'est une journée splendide; le soleil brille, radieux, sur la terre, répandant lumière et chaleur sur toutes les créatures. Le Soleil de Vérité brille aussi, éclairant et réchauffant les âmes des hommes.

(7.2)
Le soleil donne la vie aux corps physiques de toutes les créatures terrestres; sans sa chaleur, leur croissance et leur développement s'arrêteraient, ils dépériraient et mourraient. Il en va de même pour les âmes humaines: les rayons du Soleil de Vérité sont nécessaires à leur développement pour les éduquer et pour les soutenir. Ce que le soleil donne au corps de l'homme, le Soleil de Vérité le donne à son âme.

(7.3)
Un homme peut atteindre à un degré élevé de progrès matériel; cependant, sans la Lumière de Vérité, son âme serait privée de nourriture et s'étiolerait. Un autre homme peut être dépourvu de possessions matérielles et se trouver en bas de l'échelle sociale; mais s'il a reçu la chaleur du Soleil de Vérité son âme s'est développée et sa compréhension spirituelle est éclairée.

(7.4)
Un philosophe grec des premiers temps du christianisme, pénétré de la doctrine chrétienne, quoique non pratiquant, écrivait: "Je suis convaincu que la religion est la base même de la vraie civilisation. " En effet, la civilisation n'a pas de fondement solide si le sens moral, l'intelligence et les aptitudes des hommes ne sont pas dirigés.

(7.5)
Du fait que la religion inculque les principes de moralité, c'est pour cette raison qu'elle est la philosophie la plus vraie et que, sur elle, on peut construire la seule civilisation qui soit durable.

(7.6)
Pour illustrer sa croyance, ce philosophe fait remarquer la très haute moralité des chrétiens de cette époque. L'opinion de ce philosophe est juste, car la civilisation chrétienne était la plus haute et la plus éclairée du monde.

(7.7)
Les enseignements chrétiens étaient illuminés par le divin Soleil de Vérité, aussi préconisaient-ils d'aimer tous les hommes comme des frères et de ne rien craindre, pas même la mort.

(7.8)
Aimer son prochain comme soi-même, oublier ses propres intérêts égoïstes, en s'efforçant d'améliorer le sort de l'humanité, voilà le but principal de la religion du Christ qui était d'amener tous les coeurs plus près de la radieuse vérité de Dieu.

(7.9)
Si les adeptes du Christ avaient continué de vivre selon ces principes avec une fidélité constante, il n'aurait pas été nécessaire de renouveler le message chrétien ni de réveiller ses adeptes, car une haute et glorieuse civilisation régnerait maintenant dans le monde, et le royaume de Dieu serait établi sur la terre. Mais au lieu de cela, qu'est-il arrivé ? Les hommes se détournèrent des préceptes divinement éclairés de leur maître et l'hiver s'abattit sur leur coeur.

(7.10)
En effet, de même que le corps humain reçoit la vie des rayons du soleil, ainsi, sans le rayonnement du Soleil de Vérité, les célestes vertus ne peuvent se développer dans l'âme.

(7.11)
Dieu ne laisse pas ses créatures sans aucun réconfort. Quand les ténèbres de l'hiver les enveloppent, de nouveau Il leur envoie ses messagers les prophètes, porteurs d'un autre printemps béni. Le Soleil de Vérité réapparaît à l'horizon du monde, éclairant les yeux de ceux qui sommeillent, et les éveillant dans la gloire de l'aurore nouvelle. Alors, une fois de plus, fleurit l'arbre de l'humanité, produisant le fruit de justice qui guérira les nations.

(7.12)
Parce que l'homme est resté sourd à la voix de la vérité, parce qu'il a fermé les yeux devant la lumière sacrée, négligeant la loi de Dieu, pour cette raison, les ténèbres du désordre et de la guerre, de l'inquiétude et de la misère ont affligé la terre.

(7.13)
Je prie pour que tous, vous vous efforciez d'amener chaque enfant de Dieu dans le rayonnement du Soleil de Vérité, afin que l'obscurité soit dissipée par les rayons pénétrants de sa gloire, et que les rigueurs et les frimas de l'hiver puissent disparaître sous la chaleur bienfaisante de son rayonnement.


8. La lumière de vérité brille aujourd'hui sur l'orient et l'occident

(8.1)
Quand un homme a trouvé la joie de vivre en un lieu quelconque, il y revient pour éprouver un plus grand bonheur. Quand un homme a découvert de l'or dans une mine, il y retourne pour en extraire encore davantage. Ceci démontre la force intérieure et l'instinct naturel que Dieu a donnés à l'homme, ainsi que la puissance de la force vitale qu'il possède.

(8.2)
L'Occident a toujours reçu l'illumination spirituelle de l'Orient. La mélodie du royaume est d'abord perçue dans l'Est, mais à l'Ouest elle éclate avec une résonance plus forte, frappant les oreilles attentives.

(8.3)
Le Seigneur Christ se leva comme une brillante étoile dans le ciel d'Orient; mais la lumière de ses enseignements resplendit d'une manière plus vive en Occident où son influence prit racine plus solidement, et où sa cause se répandit plus largement que dans sa terre natale. Les échos du chant du Christ retentirent à travers toutes les contrées du monde occidental et pénétrèrent les coeurs de ses peuples.

(8.4)
Les peuples d'Occident sont fermes, et les fondations sur lesquelles ils construisent sont de roc; ils sont doués de constance et n'oublient pas aisément. L'Occident ressemble à une plante vigoureuse et robuste; nourrie par les ondées et réchauffée par le soleil, elle fleurit alors en temps voulu et porte de beaux fruits.

(8.5)
Depuis bien longtemps, le Soleil de Vérité, reflété par le Seigneur Jésus-Christ, ne répand plus ses rayons sur l'Ouest, car la face de Dieu a été voilée par les péchés et l'oubli des hommes.

(8.6)
Mais aujourd'hui - Dieu en soit loué - l'Esprit saint s'adresse encore une fois au monde. De nouveau, les étoiles d'amour, de sagesse et de puissance brillent à l'horizon divin pour donner la joie à tous ceux qui tournent leurs visages vers la lumière de Dieu. Bahá'u'lláh a déchiré les voiles des préjugés et des superstitions qui étouffaient les âmes.

(8.7)
Prions Dieu pour que le souffle de l'Esprit saint rende le repos et l'espoir aux humains, éveillant en eux le désir d'accomplir la volonté de Dieu.

(8.8)
Puissent les âmes et les coeurs se ranimer, ainsi tous recevront la joie d'une naissance nouvelle. Alors l'humanité revêtira un nouvel aspect sous la splendeur de l'amour de Dieu, et ce sera l'aube d'une autre création. Alors la grâce du très Miséricordieux descendra sur toute l'humanité qui commencera une vie nouvelle.

(8.9)
Mon plus ardent désir est de vous voir tous travailler et vous efforcer d'atteindre ce but glorieux. Soyez de fervents et fidèles ouvriers pour édifier la nouvelle civilisation spirituelle. Soyez les élus de Dieu, désireux d'obéir, dans l'allégresse, à la réalisation de ses ultimes desseins.

(8.10)
Le succès est vraiment proche car le divin étendard a été levé et le soleil de la justice de Dieu est apparu à l'horizon, visible pour tous.


9. L'amour universel

(9.1)
"Mon but dans la vie est de transmettre de mon mieux le message de Krishna à l'humanité. " Abdu'l-Bahá répondit:

(9.2)
"Le message de Krishna, c'est celui de l'amour. Tous les prophètes nous ont transmis le message de l'amour. Aucun d'entre eux n'a jamais considéré la guerre et la haine comme des bienfaits. Tous s'accordent à déclarer que l'amour et la bonté sont préférables. "

(9.3)
L'amour se manifeste non seulement par des paroles qui, seules, n'ont aucun effet, mais par des actes.

(9.4)
Pour que l'amour puisse manifester son pouvoir, il lui faut un objet, un instrument, un mobile. L'amour peut s'exprimer de bien des manières: amour de la famille, du pays, de la race. IL y a l'enthousiasme pour un parti politique ou encore l'esprit de solidarité dans le service; tous sont des moyens de manifester le pouvoir de l'amour. Sans eux, il ne serait ni visible, ni perçu, ni ressenti, demeurant à la fois inexprimé et caché.

(9.5)
Le pouvoir de l'eau apparaît de différentes façons: elle apaise la soif, elle fait croître le grain, etc. L’une des propriétés du charbon devient visible dans le gaz d'éclairage, tandis que la lumière manifeste un des pouvoirs de l'électricité. S'il n'existait ni gaz ni électricité, les nuits resteraient obscures sur la terre. De même, il est nécessaire d'avoir recours à un canal, une raison, un objet, un mode d'expression pour manifester l'amour. Il nous faut trouver le moyen de répandre l'amour parmi les hommes.

(9.6)
L'amour est illimité, infini et sans borne. Les choses matérielles sont limitées, circonscrites, finies. Il est impossible d'exprimer l'amour infini d'une manière adéquate avec des moyens limités.

(9.7)
L'amour parfait a besoin d'un intermédiaire désintéressé, absolument libre de toute entrave.

(9.8)
L'amour de la famille est limité, les liens du sang ne sont pas les plus forts. Il arrive fréquemment que les membres d'une même famille soient en désaccord et même se haïssent.

(9.9)
L'amour de la patrie a ses limites: l'amour d'un pays, capable d'engendrer la haine des autres pays, n'est pas parfait. De plus, les compatriotes ne sont pas exempts de querelles intestines.

(9.10)
L'amour de la race est limité; bien que manifestant une certaine union, celle-ci est insuffisante; l'amour doit être libre de toute restriction. Aimer sa propre race peut signifier haïr toutes les autres, et même entre eux, les gens de même race se détestent souvent.

(9.11)
Les alliances politiques sont fortement entachées par la haine des partis; ce genre d'amour est très borné et incertain.

(9.12)
Le sentiment de solidarité dans le service pour un intérêt commun est également sujet à fluctuation: de fréquentes compétitions s'élèvent, conduisant à la jalousie et, à la longue, la haine prend la place de l'amour.

(9.13)
IL y a quelques années, la Turquie et l'Italie pratiquaient une politique d'entente amicale; maintenant elles sont en guerre. Tous ces liens d'attachement sont imparfaits. Il est évident que ces liens matériels limités sont insuffisants pour exprimer l'amour universel d'une manière convenable.

(9.14)
Que tous soient unis par cette divine puissance d'amour ! Que tous s'efforcent de se développer à la lumière du Soleil de Vérité et, reportant cet amour éclairé sur tous les hommes, puissent leurs coeurs s'unir si étroitement qu'ils vivent à jamais dans la splendeur de cet amour sans limite.

(9.15)
N'oubliez pas les paroles que je vous adresse pendant mon court séjour à Paris.

(9.16)
Je vous encourage fortement à ne pas laisser vos coeurs enchaînés par les choses matérielles de ce monde; je vous adjure de ne pas demeurer allongés complaisamment sur le lit de la négligence, prisonniers de la matière, mais bien de vous lever et de vous libérer de ses chaînes.

(9.17)
Le monde animal est esclave de la matière; à l'homme, Dieu a donné la liberté. L'animal ne peut échapper aux lois de la nature, tandis que l'homme peut dominer celle-ci, car il la contient et il peut s'élever au-dessus d'elle.

(9.18)
La puissance de l'Esprit saint, éclairant l'intelligence de l'homme, lui a permis de découvrir les moyens d'infléchir bien des lois naturelles selon sa volonté: il vole à travers les airs, vogue sur la mer et peut même se déplacer sous les eaux. Tout ceci prouve que l'intelligence de l'homme lui a permis de s'affranchir des limitations de la nature et de résoudre bien des mystères.

(9.19)
Jusqu'à un certain point, l'homme a brisé les chaînes de la matière. L'Esprit saint donnera à l'homme des pouvoirs supérieurs à ceux-ci, si seulement ses efforts tendent à la spiritualité et s'il essaie de mettre son coeur à l'unisson de l'amour divin infini.

(9.20)
Quand vous aimez un membre de votre famille ou un compatriote, que ce soit avec une étincelle de l'amour infini. Que ce soit en Dieu et pour Dieu.

(9.21)
Aimez toute personne en qui vous trouvez les attributs de Dieu, qu'elle soit de votre famille ou non. Versez la lumière d'un amour sans limites sur tous ceux que vous rencontrez, qu'ils soient de votre pays, de votre race, de votre parti politique, ou qu'ils soient de toute autre nation, race ou nuance d'opinion.

(9.22)
Le ciel vous assistera dans votre tâche, tandis que vous rassemblez les peuples épars à l'ombre de la tente suprême de l'unité.

(9.23)
Vous serez les serviteurs de Dieu, résidant près de Lui. Vous serez ses divins assistants dans le service, secourables à tous. Toute l'humanité ! Chaque créature humaine !

(9.24)
N'oubliez jamais ceci ! Ne dites pas: C'est un Italien, ou un Français, ou un Américain, ou un Anglais; retenez seulement que c'est un fils de Dieu, un serviteur du Très-Haut, un homme. Ce sont tous des hommes. Oubliez les nationalités. Au regard de Dieu, tous les êtres sont égaux.

(9.25)
Ne pensez pas à vos capacités limitées; l'aide de Dieu vous sera donnée. Oubliez-vous vous-mêmes. Le secours de Dieu viendra sûrement. Lorsque vous ferez appel à la grâce de Dieu, prête à vous fortifier, votre énergie sera décuplée.

(9.26)
Regardez-moi ! Je suis si faible; cependant la force de venir jusqu'à vous m'a été donnée, à moi pauvre serviteur de Dieu, pour me permettre de vous transmettre ce message. Je ne serai pas longtemps avec vous.

(9.27)
Il ne faut jamais considérer sa propre faiblesse. C'est la force de l'esprit sacré de l'amour qui donne le pouvoir d'enseigner. La pensée de notre propre faiblesse ne pourrait que nous désespérer.

(9.28)
Il nous faut porter l'attention plus haut que toutes les pensées de la terre, nous détacher de toute idée matérielle, et aspirer ardemment aux choses de l'esprit; nous devons fixer nos yeux sur l'éternelle et généreuse miséricorde du Tout-Puissant qui rendra nos âmes heureuses d'obéir avec joie à son commandement: "Aimez-vous les uns les autres".


10. L'emprisonnement d'Abdu'l-Bahá

(10.1)
Je regrette beaucoup de vous avoir fait attendre ce matin, mais j'ai tant à faire et en si peu de temps pour la cause de l'amour de Dieu. Vous ne me tiendrez pas rigueur d'avoir attendu un peu pour me voir. J'ai attendu en prison pendant des années et des années, avant de pouvoir venir vers vous.

(10.2)
Au-dessus de tout - que Dieu en soit loué - nos coeurs battent toujours à l'unisson, et dans une même aspiration, ils sont entraînés vers l'amour de Dieu. Par la bonté du royaume, notre coeur, notre esprit, nos souhaits ne sont-ils pas en harmonie ? Nos prières ne sont-elles pas offertes en vue de faire régner l'accord parmi tous les hommes ? Dès lors, ne sommes-nous pas toujours ensemble ?

(10.3)
Hier soir, en rentrant de chez Monsieur Dreyfus, j'étais très fatigué; cependant je ne dormais pas. Etendu mais éveillé, je réfléchissais et je me disais: "O mon Dieu ! Me voici à Paris. Qu'est-ce que Paris ? Et qui suis-je ? Dans l'obscure prison où je me trouvais, je n'aurais jamais rêvé à la possibilité de venir jusqu'à vous, et pourtant lorsque j'avais entendu la sentence qui me frappait, je n'y avais pas cru.

(10.4)
On m'avait dit qu'Abdu'l-Hamid me condamnait à un emprisonnement perpétuel, mais j'avais pensé: "C'est impossible. Je ne serai pas toujours en prison. Si Abdu'l-Hamid était immortel, une telle condamnation pourrait peut-être s'exécuter. Mais je serai certainement libre un jour. Mon corps peut être retenu en prison pour quelque temps, mais Abdu'l-Hamid n'a nul pouvoir sur mon esprit - qui doit rester libre - car lui, aucun homme ne peut l'enfermer. " Libéré par la puissance divine, me voici en ce lieu, parmi les amis de Dieu, et je Lui en suis reconnaissant.

(10.5)
Répandons cette cause divine pour laquelle j'ai souffert la persécution. Quel privilège de nous rencontrer ici, en toute liberté. Quelle joie pour nous de pouvoir, par la volonté de Dieu, travailler ensemble à l'avènement du royaume.

(10.6)
Etes-vous satisfaits de recevoir un tel visiteur, libéré de son emprisonnement pour vous apporter le glorieux message, et qui n'aurait jamais pu croire à la possibilité d'une telle rencontre ?

(10.7)
Aujourd'hui, par la grâce de Dieu, par son merveilleux pouvoir, me voici à Paris, m'entretenant avec vous, moi qui fus condamné à la prison perpétuelle dans une lointaine ville d'Orient.

(10.8)
Désormais, par le coeur, l'âme et l'esprit, nous serons toujours ensemble, brûlant les étapes, jusqu'à ce que tous les hommes soient rassemblés dans le sanctuaire du royaume, chantant les cantiques de paix.


11. Le don suprême de dieu a l'homme

(11.1)
Le don suprême de Dieu à l'humanité, c'est l'intelligence ou faculté de comprendre. C'est par cette faculté que l'homme acquiert la connaissance des différents règnes créés et des divers degrés d'existence, ainsi que d'une grande partie de ce qui est invisible.

(11.2)
Grâce à ce don - il est lui-même la synthèse des règnes inférieurs -, il peut se mettre en rapport avec ces règnes et, par ses connaissances scientifiques, parvenir souvent à prévoir l'avenir.

(11.3)
En vérité, l'intelligence est la plus précieuse des facultés que la bonté divine ait accordées à l'homme. Seul, parmi les êtres créés, il possède ce merveilleux pouvoir.

(11.4)
Tous les règnes précédant celui de l'homme sont liés par les lois rigoureuses de la nature. L'énorme soleil, la multitude des étoiles, les océans et les mers, les montagnes, les rivières, les arbres et les animaux, grands ou petits, sont tous incapables de se soustraire aux lois de la nature. L'homme seul détient la liberté, et par son intelligence et sa compréhension, s'est montré capable de contrôler quelques-unes de ces lois naturelles et de les adapter à ses propres besoins.

(11.5)
Par le pouvoir de son intelligence, il a découvert des moyens qui lui permettent, non seulement de traverser de vastes continents dans des trains rapides et, sur des navires, de parcourir des océans immenses, mais encore comme les poissons, de voyager en submersibles sous l'eau, et à l'instar des oiseaux, de voler dans les airs.

(11.6)
L'homme a réussi à employer l'électricité de plusieurs manières: pour s'éclairer, pour se mouvoir et pour envoyer des messages d'un bout à l'autre de la terre. Par des moyens électriques, il peut même entendre la voix humaine à des lieues et des lieues de distance.

(11.7)
Par ce don d'intelligence et de compréhension, il a également été capable d'utiliser les rayons du soleil pour fixer l'image des êtres et des choses, et même pour saisir la forme des corps célestes éloignés. Nous voyons ainsi comment l'homme a su, de tant de manières, plier les lois de la nature à sa volonté.

(11.8)
Qu'il est triste de constater comment il a usé de ce don divin pour créer des instruments de guerre, pour enfreindre le commandement de Dieu: "Tu ne tueras pas", et pour défier l'ordre du Christ: "Aimez-vous les uns les autres. "

(11.9)
Dieu a gratifié l'homme de ce pouvoir afin qu'il puisse s'en servir pour le progrès de la civilisation, pour le bien de l'humanité, et pour développer l'amour, la concorde et la paix. Mais l'homme préfère se servir de ce don pour détruire au lieu de construire, pour commettre des injustices, pour opprimer, pour semer la haine, la discorde, la dévastation, et pour exterminer ses semblables que le Christ lui avait commandé d'aimer comme lui-même.

(11.10)
J'espère que vous vous servirez de votre intelligence pour promouvoir l'unité et la tranquillité dans l'humanité, pour répandre la culture et la civilisation, susciter l'amour tout autour de vous et amener la paix universelle.

(11.11)
Etudiez les sciences pour acquérir de plus en plus de connaissances. Sans aucun doute on peut apprendre jusqu'à la fin de sa vie.

(11.12)
Que votre savoir soit toujours au service des autres, afin que la guerre disparaisse de la surface de cette terre si belle, et que s'établisse un état de paix et de concorde. Faites tous vos efforts pour que votre idéal élevé puisse se réaliser dans le royaume de Dieu, sur la terre, comme il se réalisera dans le ciel.


12. Les nuages qui voilent le soleil de vérité

(12.1)
Il fait beau aujourd'hui, l'air est pur, le soleil brille. Aucun nuage, aucune brume ne vient ternir son éclat. Ces rayons ardents pénètrent la cité de toutes parts. Puisse le Soleil de Vérité illuminer ainsi l'esprit des hommes.

(12.2)
Le Christ a dit: "Ils verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel. " Bahá'u'lláh a dit: "Quand le Christ vint pour la première fois, il descendit sur les nuages. " [voir Matthieu 14.30]

(12.3)
Le Christ a dit qu'il était venu du ciel - qu'il était né de Dieu - alors qu'il venait du sein de sa mère Marie. Mais quand il déclara qu'il était descendu du ciel, il est clair qu'il ne parlait pas du firmament, mais qu'il faisait allusion au ciel du royaume de Dieu; et c'est de celui-ci qu'il descendit sur les nuées.

(12.4)
Comme les nuages sont des obstacles au rayonnement du soleil, de même les brumes du monde ont caché aux yeux des hommes la splendeur de la divinité du Christ. Les hommes ont dit: "Il vient de Nazareth, il est le fils de Marie et nous le connaissons, lui et ses frères. Que veut-il dire en affirmant qu'il est venu de Dieu. " [voir Jean 6.42]

(12.5)
Le corps du Christ fut conçu par Marie de Nazareth, mais son esprit venait de Dieu. Ses capacités humaines étaient limitées, mais la puissance de son esprit était infinie et incommensurable.

(12.6)
Les hommes demandaient: "Pourquoi dit-il qu'il vient de Dieu ?" S'ils avaient compris ce qu'était la réalité du Christ, ils auraient su que son corps était un nuage cachant sa divinité. Le monde ne vit que sa forme humaine et se demanda dès lors comment il pouvait "descendre du ciel".

(12.7)
Bahá'u'lláh a dit: "Ainsi que les nuages cachent le soleil et le ciel à nos regards, de même l'élément humain du Christ a caché la réalité de sa nature divine aux yeux des hommes. "

(12.8)
J'espère que vous vous tournerez vers le Soleil de Vérité avec un regard lucide, sans voir les choses de la terre, afin que vos coeurs ne soient pas attirés par les plaisirs vains et éphémères du monde.

(12.9)
Que ce soleil vous communique une partie de sa force ! Alors les nuages des préjugés ne voileront pas son éclat à vos yeux, et pour vous, ce sera un soleil sans nuage.

(12.10)
Respirez l'air de pureté. Puissiez-vous, chacun et tous, profiter des divines bontés du royaume céleste. Que pour vous le monde ne soit pas un obstacle vous cachant la vérité, comme le corps humain du Christ a dissimulé sa divinité aux peuples de son époque.

(12.11)
Puisse l'Esprit saint vous donner une vision claire afin que vos coeurs soient illuminés et capables de reconnaître le Soleil de Vérité, brillant à travers tous les nuages physiques, et dont la splendeur inonde l'univers.

(12.12)
Ne laissez pas les questions d'ordre matériel obscurcir la lumière céleste de l'esprit afin que, par la bonté divine, vous puissiez entrer, avec les enfants de Dieu, dans son royaume éternel. Telle est ma prière pour vous tous.


13. Les préjugés religieux

(13.1)
La base de l'enseignement de Bahá'u'lláh est l'Unité du genre humain, et son plus grand désir fut de voir vivre l'amour et la bonne volonté dans les coeurs des hommes.

(13.2)
De même qu'il exhorta les peuples à mettre fin aux luttes et aux discordes, je désire moi aussi vous expliquer la raison principale du malaise qui existe chez les nations.

(13.3)
La cause primordiale est la présentation erronée de la religion par les chefs et les éducateurs religieux. Ils font croire à leurs adeptes que leur propre forme de religion est la seule qui plaise à Dieu, que les fidèles des autres croyances sont condamnés par le Père - qui est tout amour - et qu'ils sont privés de sa clémence et de sa grâce. Il en résulte que la réprobation, le mépris, la discorde et la haine s'élèvent entre les peuples.

(13.4)
Si ces préjugés religieux pouvaient disparaître, la paix et la concorde régneraient bien vite entre les nations.

(13.5)
Un jour, je me trouvais à Tibériade où les juifs possèdent une synagogue. J'habitais dans une maison située juste en face de cet édifice. Là, je vis et j'entendis un rabbin qui s'adressait en ces termes à son auditoire juif: "O juifs ! Vous êtes en vérité le peuple de Dieu. Toute autre race et toute autre religion viennent du diable. Dieu a fait de vous les descendants d'Abraham, et sur vous Il a répandu ses bénédictions.

(13.6)
Il vous a envoyé Moïse, Jacob et Joseph, et tant d'autres grands prophètes. Chacun de ces prophètes est de votre race. C'est pour vous que Dieu a brisé la puissance du pharaon et qu'Il a refoulé les eaux de la mer Rouge. C'est encore pour vous que Dieu a fait pleuvoir la manne pour vous nourrir, et qu'Il a fait surgir l'eau du rocher pour apaiser votre soif.

(13.7)
Vous êtes vraiment le peuple élu de Dieu, vous êtes au-dessus de toutes les races de la terre. C'est pourquoi toutes les autres races, Il les abhorre et les condamne. En vérité, vous gouvernerez et subjuguerez le monde, et tous les hommes deviendront vos esclaves. Ne vous dégradez pas en fréquentant ceux qui ne sont pas de votre religion et ne faites pas de tels hommes vos amis. " Quand le rabbin eut terminé son éloquent discours, ses auditeurs furent ravis et satisfaits. Il est impossible de vous décrire leur bonheur. Hélas, ce sont ces êtres ainsi égarés qui sont la cause des divisions et des haines sur la terre.

(13.8)
Aujourd'hui il existe encore des millions de gens qui adorent les idoles, et les grandes religions du monde sont en lutte les unes avec les autres. Il y a treize cents ans que les chrétiens et les musulmans sont en désaccord, alors qu'avec un tout petit effort leurs différends et leurs discordes pourraient être surmontés. La paix et l'harmonie pourraient régner entre eux et le monde vivrait tranquillement.

(13.9)
Nous lisons dans le Qur'an que Muhammad parlait ainsi à ses disciples: "Pourquoi ne croyez-vous pas à Jésus-Christ et aux Evangiles ? Pourquoi ne voulez-vous pas accepter Moïse et les prophètes, car la Bible est certainement le livre de Dieu ?

(13.10)
En vérité, Moïse était un prophète sublime, et Jésus était rempli du Saint-Esprit. Il vint dans le monde par le pouvoir de Dieu. Il naquit du Saint-Esprit et de la Sainte-Vierge Marie.

(13.11)
Marie, sa mère, était une sainte venue du ciel. Elle passait ses jours en prières dans le temple, et la nourriture lui était envoyée d'en Haut. Son père, Zacharie, vint à elle et lui demanda d'où venait cette nourriture. Marie répondit: "Du ciel. " Dieu a sûrement fait de Marie une femme honorée entre toutes. "

(13.12)
Tel est ce que Muhammad enseignait à son peuple au sujet de Jésus et de Moïse. Il leur reprochait leur manque de foi en ces grands éducateurs et leur donnait des leçons de vérité et de tolérance.

(13.13)
Dieu envoya Muhammad pour agir parmi ces peuplades aussi sauvages et incultes que des bêtes féroces. Elles étaient tout à fait dépourvues d'intelligence, de tout sentiment d'amour, de sympathie et de pitié. Les femmes étaient si abaissées et méprisées qu'un homme avait le droit d'enterrer vivante sa propre fille. De plus, il pouvait avoir autant te femmes qu'il voulait pour en faire ses esclaves.

(13.14)
C'est à ce peuple à demi bestial que Muhammad fut envoyé avec son message divin. Il lui apprit à ne pas adorer des idoles mais à révérer le Christ, Moïse et les prophètes. Sous son influence, ce peuple devint éclairé et civilisé, et il sortit de l'état de dégradation où il se trouvait. N'était-ce pas là une belle entreprise digne de louange, de respect et d'amour ?

(13.15)
Voyez l'Evangile du Christ et admirez-en la splendeur ! Cependant aujourd'hui encore, les hommes n'en saisissent pas la beauté inestimable et interprètent mal ses paroles de sagesse.

(13.16)
Le Christ a interdit la guerre. Quand son disciple, Pierre, voulant défendre son Seigneur, coupa l'oreille du serviteur du grand prêtre, le Christ lui dit: "Remets ton épée dans le fourreau." [voir Jean 18.11] Cependant, en dépit du commandement formel du Seigneur qu'ils font profession de servir, les hommes continuent à se disputer, à se faire la guerre, à s'entre-tuer, oubliant complètement ses conseils et ses enseignements. N'attribuez donc pas aux maîtres et aux prophètes, les mauvaises actions de leurs disciples.

(13.17)
Si les prêtres, les éducateurs et les peuples mènent une vie en contradiction avec la religion qu'ils professent, est-ce la faute du Christ ou des autres éducateurs ?

(13.18)
On enseigna aux peuples de l'Islam à croire que Jésus venait de Dieu, qu'il était né de l'esprit et qu'il devait être glorifié entre tous les hommes.

(13.19)
Moïse fut un prophète de Dieu, et en son temps, il révéla le livre de Dieu pour le peuple auquel il s'adressait.

(13.20)
Muhammad reconnut la sublime élévation du Christ et la grandeur de Moïse et des prophètes. Si le monde entier voulait seulement reconnaître la grandeur de Muhammad et de tous les éducateurs spirituels, la lutte et la discorde disparaîtraient bientôt de la surface de la terre, et le royaume de Dieu s'établirait parmi les hommes.

(13.21)
Les musulmans qui rendent gloire au Christ n'en sont pas humiliés pour cela. Le Christ fut le prophète des chrétiens. Moïse fut celui des Juifs. Pourquoi les disciples de chaque prophète ne pourraient-ils reconnaître et honorer aussi les autres ?

(13.22)
Si seulement les hommes pouvaient apprendre la leçon de tolérance mutuelle, de compréhension et d'amour fraternel, l'unité du monde serait bientôt un fait accompli.

(13.23)
Bahá'u'lláh a passé sa vie à donner cette leçon d'amour et d'unité. Ecartons donc loin de nous tout préjugé, toute intolérance, et de tout notre coeur et de toute notre âme, efforçons-nous d'amener l'entente et l'unité entre chrétiens et musulmans.


14. Les bienfaits de dieu envers les hommes

(14.1)
Dieu seul est Tout-Puissant et dirige toutes choses. Pourquoi donc envoie-t-Il des épreuves à ses serviteurs ? Les épreuves de l'homme sont de deux sortes. Elles sont les conséquences de ses actes: si un homme mange trop, sa digestion est mauvaise; s'il prend du poison, il tombe malade ou il meurt. Si quelqu'un joue de l'argent, il finira par perdre; s'il boit trop, il perdra l'équilibre. De toutes ces souffrances, l'homme lui-même est responsable. Il est donc clair que certaines infortunes résultent de nos propres actions.

(14.2)
D'autres souffrances atteignent les fidèles de Dieu. Voyez les peines immenses endurées par le Christ et par ses apôtres. Ceux qui souffrent le plus atteignent à la plus haute perfection.

(14.3)
Les hommes qui affirment vouloir souffrir pour l'amour du Christ doivent faire la preuve de leur sincérité. Ceux qui proclament leur aspiration aux grands sacrifices ne peuvent prouver leur bonne foi que par des actes.

(14.4)
Job démontra la constance de son amour à Dieu en restant fidèle aussi bien dans les grandes adversités que dans les périodes prospères de sa vie. Les apôtres du Christ qui supportèrent avec fermeté toutes leurs épreuves et leurs souffrances n'ont-ils pas démontré leur fidélité ? Leur endurance n'est-elle pas la meilleure des preuves ? Ces douleurs appartiennent maintenant au passé.

(14.5)
La vie de Caïphe fut heureuse et confortable tandis que celle de Pierre fut semée d'épreuves et de chagrins. Laquelle des deux est la plus enviable ? Sans aucun doute nous choisirions la condition actuelle de Pierre, car il possède l'immortalité, tandis que Caïphe est voué à la honte éternelle. Les tribulations de Pierre ont témoigné de sa fidélité.

(14.6)
Les épreuves sont des bienfaits de Dieu pour lesquelles nous devrions Lui être reconnaissants. Les chagrins et les afflictions ne nous atteignent pas par hasard; ils nous sont envoyés par la divine miséricorde pour notre propre perfectionnement.

(14.7)
Quand il est heureux, il se peut que l'homme oublie son Dieu. Mais quand vient le chagrin et que les afflictions l'accablent, il se souvient alors de son Père qui est au ciel et qui peut le délivrer de ses humiliations.

(14.8)
Les hommes qui ne souffrent pas n'atteignent pas à la perfection. La plante la plus émondée par le jardinier est celle qui, l'été venu, donnera les plus belles fleurs et les fruits les plus abondants. Le laboureur fend la terre avec sa charrue, et de cette terre surgit une riche et abondante moisson.

(14.9)
Plus un homme est châtié, plus nombreuses seront les vertus spirituelles qu'il manifestera. Un soldat ne deviendra un bon général qu'après avoir pris part aux plus furieuses batailles, et après avoir reçu les plus graves blessures.

(14.10)
La prière des prophètes de Dieu a toujours été et reste encore celle-ci: "O mon Dieu ! J'aspire à donner ma vie dans le chemin qui conduit vers toi. Je désire répandre mon sang pour toi et accomplir le suprême sacrifice. "


15. Beauté et harmonie dans la diversité

(15.1)
Le Créateur de tout c'est Dieu, l'Unique. De ce même Dieu, toute créature a reçu l'existence. Il est l'unique but vers lequel aspire toute chose dans la nature. Cette conception est implicite dans les paroles du Christ, lorsqu'il dit: "Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. "

(15.2)
L'homme est le résumé de la création et l'Homme parfait est l'expression de la pensée accomplie du Créateur: le Verbe de Dieu.

(15.3)
Considérez le monde des créatures: quelle diversité et quelles variétés dans leurs espèces, bien qu'elles aient une même origine. Toutes les différences visibles sont celles des formes extérieures et des couleurs. Cette diversité dans les types se retrouve partout dans la nature.

(15.4)
Regardez un beau jardin rempli de fleurs, d'arbres et d'arbustes. Chaque fleur a son charme différent, sa beauté particulière, une agréable couleur et un délicieux parfum qui lui sont propres. Il en est de même des arbres si variés dans leur taille, leur croissance, leur feuillage et les divers fruits qu'ils donnent. Cependant toutes ces fleurs, ces arbustes et ces arbres proviennent de la même terre; le même soleil les inonde de ses rayons et les mêmes nuages leur apportent la pluie. Ainsi en est-il pour l'humanité.

(15.5)
Composée de nombreuses races et de peuples de différentes couleurs - blancs, noirs, jaunes, bruns et rouges -, tous viennent du même Dieu et tous sont ses serviteurs.

(15.6)
Cette diversité parmi les enfants des hommes n'a malheureusement pas le même effet que dans le règne végétal, dans lequel les conditions témoignent de plus d'harmonie. Chez les hommes, il existe une hétérogénéité qui suscite l'animosité, et c'est ce qui provoque les haines et les guerres entre les diverses nations du monde.

(15.7)
Des différences dues simplement à la race les amènent à se massacrer les uns les autres. Hélas ! Faut-il qu'il en soit encore ainsi aujourd'hui.

(15.8)
Quant à nous, considérons plutôt la beauté dans la diversité et l'harmonie, et tirons une leçon du monde végétal. Si vous regardez un jardin dont toutes les plantes présentent la même forme, la même couleur et le même parfum, loin de vous sembler beau, il vous paraîtra plutôt triste et monotone.

(15.9)
Le jardin qui réjouit les yeux et le coeur est celui où poussent côte à côte des fleurs de toutes couleurs, de toutes formes et de tous parfums. C'est cet heureux contraste de couleurs qui en fait le charme et la beauté.

(15.10)
Il en est de même pour les arbres. Un verger rempli d'arbres fruitiers est un lieu de délices, de même qu'une plantation d'arbustes de toutes sortes. C'est précisément la diversité et la variété qui en font l'attrait: chaque fleur, chaque arbre, chaque fruit, outre sa beauté particulière, fait ressortir les qualités des autres et souligne la grâce spéciale de chacun et de tous. Il devrait en être ainsi entre les enfants des hommes.

(15.11)
Les différences au sein de la famille humaine devraient être la cause de l'amour et de l'harmonie, de même qu'en musique l'accord parfait résulte de la résonance simultanée d'un grand nombre de notes différentes.

(15.12)
Si vous vous trouvez avec des personnes d'autres races et d'autres couleurs, ne vous méfiez pas d'elles. Ne vous retranchez pas derrière le mur des conventions; mais au contraire, montrez-vous heureux et témoignez-leur de la bonté. Considérez-les comme des roses de nuances diverses qui croissent dans le beau jardin de l'humanité et réjouissez-vous d'être en leur compagnie.

(15.13)
De même, ne vous détournez pas de ceux qui ont des opinions différentes des vôtres. Tous cherchent la vérité, et bien des chemins y conduisent.

(15.14)
La vérité présente quantité d'aspects mais elle demeure une, pour toujours et à jamais. Ne permettez pas aux divergences d'opinion ou aux différences de pensée de vous séparer de vos semblables ou de causer la discorde, d'introduire la haine et la dissension dans vos coeurs. Recherchez plutôt la vérité avec diligence et faites de tous les hommes vos amis.

(15.15)
Tout édifice est composé de quantités de pierres différentes. Cependant chacune dépend à tel point des autres que, si on la déplaçait, toute la construction en serait endommagée: si une pierre est imparfaite, la structure est défectueuse.

(15.16)
Bahá'u'lláh a tracé le cercle de l'unité; il a fait un plan pour unir tous les peuples et les rassembler à l'ombre de la tente de l'unité universelle. Ceci est l'oeuvre de la bonté divine et nous devons nous efforcer de coeur et d'âme à réaliser cette unité parmi nous. Tandis que nous y travaillons, la force nous sera donnée.

(15.17)
Abandonnez toute pensée égoïste et essayez seulement d'obéir et de vous soumettre à la volonté de Dieu. C'est seulement par ce moyen que nous deviendrons les citoyens du royaume de Dieu et que nous atteindrons à la vie éternelle.


16. La véritable signification des prophéties relatives à la venue du christ

(16.1)
La Bible contient des prophéties concernant la venue du Christ. Les juifs attendent encore l'arrivée du Messie et prient Dieu nuit et jour de hâter son avènement. Quand vint le Christ, ils l'accusèrent et le firent périr en disant: "Ce n'est pas celui que nous attendons. N'oublions pas qu'à la venue du Christ, des signes et des miracles témoigneront qu'en vérité il est le Christ. Nous connaissons ces signes et ces conditions et ils ne sont pas réalisés.

(16.2)
Le Messie doit venir d'une ville inconnue. Il s'assoira sur le trône de David, il brandira une épée d'acier et gouvernera avec un sceptre de fer. Il accomplira la loi des prophètes, fera la conquête de l'Orient et de l'Occident et glorifiera son peuple élu, les juifs.

(16.3)
Il amènera le règne de la paix dans le monde; alors les animaux eux-mêmes cesseront d'être des ennemis pour l'homme. Car il est dit que le loup et l'agneau se désaltéreront à la même source, que le lion et la chevrette coucheront dans le même pré, le serpent et la souris partageront le même nid, et toutes les créatures de Dieu seront en repos. "

(16.4)
Selon les juifs, Jésus n'a réalisé aucune de ces conditions, car leurs yeux étaient fermés et ils ne pouvaient voir. Jésus venait de Nazareth qui n'était pas une ville inconnue. Il n'avait pas d'épée à la main ni même de bâton. Il n'était pas assis sur le trône de David. C'était un homme pauvre. Il réforma la loi de Moïse et abolit le jour du Sabbat.

(16.5)
Il ne conquit pas le monde du levant au couchant, mais fut lui-même soumis à la loi romaine. Il n'éleva pas le peuple juif mais il enseigna l'égalité et la fraternité, et il blâma les scribes et les pharisiens. Il n'apporta pas le règne de la paix, car pendant sa vie, la justice et la cruauté furent telles qu'il en fut lui-même victime, et qu'il mourut d'une mort ignominieuse sur la croix.

(16.6)
C'est ainsi que parlaient et pensaient les juifs, car ils ne comprenaient ni les Ecritures ni les vérités glorieuses qu'elles contenaient. Ils en connaissaient la lettre par coeur, mais de leur esprit vivifiant ils n'en comprenaient pas un mot.

(16.7)
Ecoutez-moi et je vous en donnerai la signification. Bien que venant de Nazareth, ville connue, le Christ venait aussi du ciel. Son corps était né de la Vierge Marie mais son esprit venait de Dieu.

(16.8)
L'épée qu'il portait était le glaive de sa parole, avec lequel il sépara le bien du mal, le vrai du faux, le fidèle de l'infidèle et la lumière des ténèbres. Sa parole fut vraiment une épée acérée.

(16.9)
Le trône sur lequel il était assis est le trône éternel d'où il règne à jamais; c'est un trône céleste et non terrestre car les choses de la terre passent mais les choses du ciel restent.

(16.10)
Il interpréta de nouveau et compléta la loi de Moïse et Il accomplit la loi des prophètes.

(16.11)
Sa parole conquit l'Orient et l'Occident et son royaume est éternel.

(16.12)
Il éleva les juifs qui le reconnurent. C'étaient des hommes et des femmes d'humble origine, mais la rencontre avec Jésus leur conféra la noblesse et la dignité éternelles.

(16.13)
Les animaux qui devaient vivre ensemble représentent les différentes races et sectes qui, après s'être fait la guerre, devaient désormais vivre dans l'amour et la charité, et boire ensemble l'eau de la vie provenant de cette source éternelle: le Christ.

(16.14)
Toutes les prophéties spirituelles concernant la venue du Christ étaient donc bien accomplies, mais les juifs fermèrent les yeux pour ne pas voir et se bouchèrent les oreilles pour ne pas entendre; ainsi la divine réalité du Christ passa au milieu d'eux sans être ni entendue, ni reconnue, ni aimée.

(16.15)
Il est facile de lire les saintes Ecritures, mais c'est uniquement avec un coeur pur et un esprit clair qu'on peut comprendre leur véritable signification. Demandons l'aide de Dieu afin d'être capables de comprendre les livres saints.

(16.16)
Prions pour que les yeux voient, pour que les oreilles entendent, et pour les coeurs qui désirent ardemment la paix.

(16.17)
La grâce éternelle de Dieu est incommensurable. De tout temps, Il a choisi certaines âmes sur lesquelles Il a répandu la divine bonté de son coeur, illuminant leur esprit de lumière céleste, leur révélant les mystères sacrés, et présentant à leurs yeux, dans toute sa pureté, le miroir de Vérité. Ce sont les disciples de Dieu, et sa bonté n'a pas de limites.

(16.18)
Vous qui êtes les serviteurs du Très-Haut, vous pouvez aussi être des disciples. Les trésors de Dieu sont infinis. L'esprit qui souffle à travers les saintes Ecritures est une nourriture pour tous ceux qui ont faim.

(16.19)
Dieu, qui s'est révélé aux prophètes, donnera sûrement le pain quotidien ainsi qu'une part de ses richesses à tous ceux qui le lui demanderont avec constance.


17. L'esprit saint, puissance intermédiaire entre Dieu et l'homme

(17.1)
La Réalité divine est inconcevable, invisible, éternelle, immortelle et sans limites. Le monde de la création est borné, mortel, et soumis aux lois de la nature.

(17.2)
Pour cette infinie Réalité, on ne peut parler de montée ni de descente. Elle dépasse l'entendement de l'homme et ne peut être décrite dans les termes qui s'appliquent aux phénomènes physiques du monde créé.

(17.3)
Aussi l'homme a-t-il grandement besoin du seul pouvoir qui lui permette de recevoir l'assistance de la divine Réalité, de l'unique pouvoir qui le mette en contact avec la Source de toute vie. Un intermédiaire est indispensable pour relier deux extrêmes l'un à l'autre. Richesse et pauvreté, abondance et besoin étant opposés, n'auraient aucune relation sans pouvoir de liaison entre eux.

(17.4)
C'est pourquoi on peut dire qu'il faut un médiateur entre Dieu et l'homme. Et celui-ci n'est autre que l'Esprit saint qui met le monde créé en relation avec l'Inconcevable, avec la divine Réalité.

(17.5)
On peut comparer la Réalité divine au soleil et l'Esprit saint aux rayons du soleil. De même que ses rayons répandent lumière et chaleur sur la terre, donnant la vie à toutes les créatures, ainsi les "manifestations" apportent la puissance de l'Esprit saint émané par le Soleil divin de Réalité, et donnent lumière et vie aux âmes des hommes. [nota : Les manifestations de Dieu, ou Messagers de Dieu]

(17.6)
Vous voyez qu'un intermédiaire est nécessaire entre le soleil et la terre; le soleil ne descend pas sur terre, et la terre ne monte pas vers le soleil. Leur contact a lieu par les rayons solaires apportant la lumière et la chaleur. L'Esprit saint est la lumière émise par le Soleil de Vérité. Par sa puissance infinie, il vivifie et illumine toute l'humanité inondant toutes les âmes de son divin rayonnement, et transmettant au monde entier les bienfaits de la miséricorde de Dieu.

(17.7)
Sans l'action de la chaleur et de la lumière des rayons solaires, la terre ne profiterait pas du soleil. De même l'Esprit saint est la cause réelle de la vie humaine. Sans lui, l'homme serait privé d'intelligence et serait incapable d'acquérir les connaissances scientifiques auxquelles il doit toute son influence sur le reste de la création.

(17.8)
L'illumination par l'Esprit saint donne à l'homme le pouvoir de la pensée, et lui permet de faire les découvertes par lesquelles il infléchit les lois de la nature selon sa volonté.

(17.9)
Par l'intermédiaire des prophètes de Dieu, c'est l'Esprit saint qui enseigne les vertus spirituelles à l'homme et lui permet d'atteindre à la vie éternelle. Toutes ces bénédictions, l'homme les doit à l'Esprit saint. Nous pouvons donc comprendre que l'Esprit saint est l'intermédiaire entre le Créateur et la création.

(17.10)
La lumière et la chaleur du soleil rendent la terre fertile et donnent la vie à tout ce qui croît. L'Esprit saint vivifie les âmes des hommes.

(17.11)
Les deux grands apôtres saint Pierre et saint Jean étaient d'humbles et simples travailleurs, peinant pour gagner leur pain quotidien. Par le pouvoir de l'Esprit saint, leur âme fut illuminée et ils reçurent les bénédictions éternelles du Seigneur Jésus-Christ.


18. Les deux natures de l'homme

(18.1)
C'est aujourd'hui un jour de fête à Paris. On célèbre la fête de "tous les saints". Pourquoi, croyez-vous, a-t-on donné à certaines personnes le titre de "saint" ? Ce mot a une signification littérale précise.

(18.2)
Un saint est celui qui mène une vie de pureté, qui s'est libéré de toutes faiblesses et imperfections humaines.

(18.3)
L'homme possède deux natures: sa nature élevée ou spirituelle et sa nature inférieure ou matérielle. Par l'une, il approche de Dieu, par l'autre il vit uniquement pour le monde.

(18.4)
On peut trouver les caractéristiques de ces deux natures dans l'homme. Par son côté matériel, il se révèle menteur, cruel et injuste, tous ces traits provenant de sa nature inférieure. Les attributs de sa nature divine se manifestent par l'amour, la pitié, la bonté, la vérité, la justice, chacun d'eux et tous étant l'expression de sa nature élevée.

(18.5)
Toutes les bonnes habitudes, toutes les nobles qualités appartiennent à la nature spirituelle de l'homme, alors que toutes ses imperfections et ses mauvaises actions proviennent de sa nature matérielle. Si la nature divine d'un homme domine sa nature humaine, il devient un saint.

(18.6)
L'homme est à même de faire le bien ou le mal. Si ses tendances vers le bien prédominent et s'il maîtrise ses mauvaises inclinations, alors on peut vraiment dire qu'il est un saint. Si, au contraire, il rejette les principes de Dieu et se livre à ses passions perverses, alors il ne dépasse pas l'état de pure animalité.

(18.7)
Les saints sont des hommes qui ont su s'affranchir du monde matériel et qui ont triomphé du péché. Ils vivent sur la terre mais ne lui appartiennent pas, leur pensée évoluant sans cesse dans le monde spirituel. Leur vie s'écoule dans la sainteté et leurs actions manifestent l'amour, la justice et la piété.

(18.8)
Recevant la lumière divine, ils sont comme des lampes brillantes qui éclairent les lieux obscurs de la terre. Ceux-là sont les saints de Dieu.

(18.9)
Les apôtres qui furent les disciples de Jésus-Christ étaient des hommes semblables aux autres. Comme eux, ils étaient attirés vers les choses de la terre et chacun d'eux ne pensait qu'à ses propres intérêts. Leurs connaissances sur la justice étaient réduites, et ils étaient dépourvus des perfections divines. Mais quand ils crurent au Christ et le suivirent, leur ignorance fit place à la connaissance, la cruauté se transforma en justice, le mensonge en vérité et l'obscurité en lumière.

(18.10)
Ils avaient été des hommes de ce monde, ils devinrent des êtres spirituels et divins. D'abord enfants des ténèbres, ils devinrent des fils de Dieu, des saints. Efforcez-vous donc de suivre leurs traces, abandonnant tout ce qui appartient à la terre pour tâcher d'atteindre au royaume spirituel.

(18.11)
Priez Dieu pour qu'Il fortifie en vous les vertus divines, afin que vous puissiez être comme des anges sur la terre, et des phares lumineux qui révéleront les mystères du royaume aux esprits doués d'entendement.

(18.12)
Dieu a envoyé ses prophètes aux hommes pour les éduquer, les éclairer et leur expliquer le mystère du pouvoir de l'Esprit saint, leur permettant ainsi de réfléchir la lumière et d'être capables, à leur tour, de guider les autres.

(18.13)
Les livres divins, la Bible, le Qur'an et les autres Ecritures sacrées ont été donnés par Dieu pour nous guider dans les voies de la vertu divine, de l'amour, de la justice et de la paix.

(18.14)
C'est pourquoi je vous dis: tâchez de suivre les prescriptions de ces livres bénis et d'organiser votre vie de telle sorte que, suivant ces exemples, vous deveniez vous-mêmes les saints du Très-Haut.


19. Progrès matériel et progrès spirituel

(19.1)
Comme le temps est beau aujourd'hui, le ciel clair, et le soleil resplendissant ! Le coeur de l'homme en est réjoui. Un temps si beau et si radieux renouvelle la vie et la force de l'homme, et s'il est malade, son coeur éprouve une fois de plus le joyeux espoir de recouvrer la santé.

(19.2)
Tous ces dons de la nature concernent le côté physique de l'homme, car seul son corps peut recevoir les bienfaits matériels.

(19.3)
Quand un homme réussit dans ses affaires, son art ou sa profession, il peut dès lors améliorer son bien-être matériel et s'accorder les facilités et le confort dans lesquels il se complaît.

(19.4)
De nos jours, nous voyons partout l'homme s'entourer de luxe et de tout le confort moderne et ne rien refuser à sa nature physique. Mais prenez garde d'oublier la vie de l'âme en vous préoccupant par trop des questions corporelles, car les avantages matériels n'élèvent pas l'esprit d'un homme. La perfection dans ce domaine procure un plaisir physique sans aucune gloire pour l'âme.

(19.5)
Il se peut qu'un homme soit comblé par la fortune, qu'il vive au sein du plus grand confort de la civilisation moderne, et qu'il soit dénué du précieux bienfait de l'Esprit saint.

(19.6)
Il est bon et louable de progresser au point de vue matériel, mais en même temps il ne faut pas négliger le progrès spirituel, bien plus important, et fermer les yeux à la lumière divine qui brille au milieu de nous.

(19.7)
C'est seulement en nous perfectionnant spirituellement, autant que matériellement, que nous pouvons faire de réels progrès et devenir des êtres parfaits.

(19.8)
C'est dans le but d'apporter cette lumière et cette vie spirituelles au monde que sont venus tous les grands éducateurs. C'est pour que le Soleil de Vérité soit manifesté et qu'il éclaire le coeur des hommes, afin qu'à travers son merveilleux pouvoir, ils atteignent à la lumière éternelle.

(19.9)
Quand vint le Christ, il répandit la lumière de l'Esprit saint tout autour de lui. Ses disciples et tous ceux qui reçurent son illumination devinrent des êtres spirituels et éclairés. C'est pour manifester cette lumière que naquit Bahá'u'lláh et qu'il vint dans le monde.

(19.10)
Il enseigna aux hommes l'éternelle vérité et répandit les rayons de la lumière divine dans tous les pays. Hélas ! Voyez comme les hommes ont méconnu cette lumière ! Ils poursuivent leur voie dans les ténèbres, la désunion et les querelles. Et les guerres cruelles continuent encore à sévir. Ils se servent des progrès matériels pour satisfaire leurs passions guerrières, et ils fabriquent du matériel de guerre et des engins de destruction pour tuer leurs frères.

(19.11)
Quant à nous, efforçons-nous plutôt d'obtenir les bienfaits spirituels, car c'est la seule voie du progrès réel, le seul qui vienne de Dieu.

(19.12)
Je prie pour que chacun et tous vous puissiez recevoir les grâces de l'Esprit saint. Vous serez ainsi véritablement éclairés. Ainsi vous progresserez toujours plus loin et plus haut, vers le royaume de Dieu. Alors vos coeurs seront prêts à recevoir la bonne nouvelle, vos yeux seront dessillés et vous verrez la Gloire de Dieu. Vos oreilles seront plus sensibles, vous entendrez l'appel du royaume et vos paroles deviendront éloquentes pour inviter les hommes à concevoir la puissance divine et l'amour de Dieu.


20. Evolution de la matière et développement de l'âme

(20.1)
Il commence à faire très froid à Paris, si froid que je serai bientôt obligé de partir, mais la chaleur de votre amour me retient encore ici. Si Dieu le veut, j'espère rester encore un peu avec vous.

(20.2)
Le froid et la chaleur du corps ne peuvent affecter l'esprit, car celui-ci est embrasé par le feu de l'amour de Dieu. Quand nous comprenons ceci, nous commençons à concevoir quelque chose de notre vie dans le monde à venir.

(20.3)
Dans sa bonté, Dieu nous a donné ici-bas un avant-goût ainsi que certaines preuves de la différence qui existe entre le corps, l'âme et l'esprit.

(20.4)
Nous voyons que le froid, la chaleur, la souffrance, etc., concernent seulement le corps et n'affectent pas l'esprit. Il est fréquent de voir des hommes pauvres, malades, vêtus misérablement et sans ressources, mais spirituellement forts. Quelle que soit leur souffrance corporelle, leur esprit est libre et en bonne condition. De même, combien de fois ne voyons-nous pas des hommes riches, physiquement forts et en bonne santé, mais dont l'âme est triste à mourir.

(20.5)
Il est tout à fait évident à l'intelligence lucide que l'esprit de l'homme est très différent de son corps physique. L'esprit est inaltérable et indestructible.

(20.6)
Les progrès et le développement de l'âme, sa joie et sa tristesse sont indépendants du corps. Si un ami nous cause du plaisir ou de la peine, si une affection est sincère ou feinte, c'est l'âme qui en est affectée. Si ceux que nous aimons sont loin de nous, c'est l'âme qui souffre, et les peines et les afflictions de l'âme peuvent agir sur le corps.

(20.7)
Donc, lorsque l'esprit est nourri par de saintes vertus, le corps est satisfait; si l'âme succombe au péché, le corps vit dans les affres du tourment.

(20.8)
Quand nous rencontrons la vérité, la constance, la fidélité et l'amour, nous sommes heureux; mais si nous sommes aux prises avec le mensonge, l'infidélité et la fausseté, nous sommes malheureux. Toutes ces considérations sont du domaine de l'âme et ne sont pas des maux corporels.

(20.9)
Il est donc évident que l'âme, comme le corps, possède sa propre individualité. Mais si le corps subit une transformation, l'esprit n'en est pas nécessairement atteint. Si vous brisez une glace sur laquelle se reflète le soleil, la glace est cassée mais le soleil brille toujours.

(20.10)
Si la cage qui contient un oiseau est détruite, le petit oiseau reste indemne. Si une lampe est fêlée, la flamme peut continuer à brûler d'un vif éclat. Le même raisonnement s'applique à l'esprit de l'homme. Bien que la mort détruise son corps, elle n'a aucun pouvoir sur son esprit. Celui-ci est éternel, impérissable, à la fois sans commencement et sans fin.

(20.11)
Quant à l'âme humaine, elle conservera, après la mort, l'état de pureté acquis pendant son évolution dans le corps physique et, après sa séparation du corps, elle restera plongée dans l'océan de la miséricorde de Dieu.

(20.12)
A partir du moment où l'âme quitte le corps pour atteindre le monde céleste, son évolution est spirituelle et cette évolution-là, c'est l'approche de Dieu.

(20.13)
Dans le monde physique, l'évolution consiste à passer d'un degré de perfection dans un autre. Le minéral passe dans le règne végétal avec ses perfections minérales. Le végétal passe dans le monde animal en conservant ses perfections et, de même, dans le règne humain.

(20.14)
Ce monde est plein d'apparentes contradictions. Chacun de ces royaumes (minéral, végétal et animal) possède la vie à un certain degré; quoique, par comparaison avec l'homme, la terre paraisse morte, elle aussi cependant vit, d'une vie qui lui est propre.

(20.15)
En ce monde les choses vivent et meurent, puis revivent sous d'autres formes; mais dans le monde de l'esprit il en est tout autrement. L'âme n'évolue pas graduellement, selon une loi; elle évolue seulement pour s'approcher de Dieu, et par l'effet de sa miséricorde et de sa bonté. C'est mon ardente prière, que nous puissions tous accéder au royaume de Dieu et près de Lui.


21. Réunions spirituelles à paris

(21.1)
Dans toute l'Europe, on entend parler aujourd'hui de la fondation de sociétés, d'assemblées et de réunions de toutes sortes. Il y en a qui concernent le commerce, les sciences, la politique, et bien d'autres encore. Ces sortes de réunions ont une utilité matérielle, leur but étant le progrès et le développement du monde de la matière. Mais il est rare qu'un souffle spirituel vienne les animer. Elles paraissent inconscientes à la voix de Dieu et insouciantes en ce qui concerne les questions divines.

(21.2)
Mais cette réunion, à Paris, est vraiment une réunion spirituelle.

(21.3)
La brise divine souffle sur vous, la lumière du royaume brille dans tous les coeurs. L'amour de Dieu est une puissance parmi vous et, d'une âme assoiffée, vous recevez le message du bonheur.

(21.4)
D'un commun accord, vous vous êtes tous réunis ici. Dans une attirance mutuelle du coeur et de l'âme, débordant de l'amour divin, vous aspirez et vous travaillez à l'unité du monde. Cette assemblée est véritablement une assemblée spirituelle ! Elle est pareille à un beau jardin parfumé sur lequel le soleil céleste répand ses rayons d'or, et dont la chaleur pénètre et réjouit tout coeur en attente.

(21.5)
L'amour du Christ, qui est au-dessus de toute connaissance, est parmi vous; l'Esprit saint est votre soutien. De jour en jour, cette assemblée s'agrandira et deviendra de plus en plus forte, jusqu'à ce que son esprit conquière le monde entier.

(21.6)
Efforcez-vous de tout coeur d'être les intermédiaires empressés de la bonté de Dieu. Car je vous le dis: Il vous a choisis pour être ses messagers d'amour dans le monde, pour être les dispensateurs de ses bienfaits spirituels, les propagateurs de l'unité et de la concorde sur la terre.

(21.7)
Remerciez Dieu du fond du coeur qu'un tel privilège vous ait été donné. Car ce n'est pas trop de toute une vie consacrée aux louanges de Dieu pour Lui rendre grâce d'une telle faveur.

(21.8)
Portez vos regards au-delà de l'époque actuelle et considérez l'avenir avec les yeux de la foi. Aujourd'hui c'est le temps des semailles, le grain tombe sur le sol; mais le jour viendra où s'élèvera un arbre splendide aux branches surchargées de fruits.

(21.9)
Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, car ce jour commence à poindre. Tâchez d'en apprécier la puissance car, véritablement, c'est un jour merveilleux.

(21.10)
Dieu vous a comblés d'honneur, et en votre coeur, Il a déposé une radieuse étoile dont, en vérité, la clarté illuminera le monde.


22. Les deux sortes de lumières

(22.1)
Aujourd'hui le temps est sombre et triste. En Orient le soleil brille sans relâche. Jamais les étoiles ne sont voilées et il y a très peu de nuages. La lumière apparaît toujours dans l'Est et envoie son rayonnement vers l'Ouest.

(22.2)
Il y a deux sortes de lumières. Celle du soleil est visible et nous permet de discerner les beautés du monde qui nous entoure. Sans elle nous ne pourrions rien voir. Néanmoins, bien que la fonction de cette lumière soit de nous rendre toutes choses visibles, elle ne peut nous donner la faculté de voir ni de comprendre leurs différentes beautés, car cette lumière n'a ni intelligence ni conscience.

(22.3)
C'est la lumière de l'intellect qui nous donne la connaissance et la compréhension, et sans elle nos yeux physiques seraient inutiles. Cette lumière de l'intellect est la lumière suprême car elle émane de la lumière divine.

(22.4)
La lumière de l'intelligence nous permet de comprendre et de connaître tout ce qui existe; mais seule la divine lumière peut nous donner la vision des choses invisibles, et nous permettre d'entrevoir des vérités qui ne se révéleront au monde que dans plusieurs milliers d'années.

(22.5)
C'est la lumière divine qui permit aux prophètes de voir à l'avance ce qui se passerait deux mille ans plus tard, et nous assistons aujourd'hui à l'accomplissement de leurs visions. C'est donc cette lumière que nous devons chercher car elle est supérieure à toute autre.

(22.6)
C'est par cette lumière que Moïse fut à même de voir et de comprendre la divine apparition, et d'entendre la céleste voix qui lui parlait depuis le buisson ardent. C'est de cette lumière que Muhammad parle quand il dit: "Allah est la lumière des cieux et de la terre."
[voir Exode 3.2 ; Coran 24.35 - La céleste voix qui lui parlait depuis le buisson ardent; Dieu est la lumière des cieux et de la terre]

(22.7)
Recherchez cette lumière céleste de toutes vos forces, afin de parvenir à comprendre les réalités, à connaître les secrets de Dieu, et afin que les voies cachées vous apparaissent clairement.

(22.8)
On peut comparer cette lumière à un miroir: de même qu'un miroir reflète tout ce qui est devant lui, ainsi cette lumière révèle à la vue de notre esprit tout ce qui existe dans le royaume de Dieu, et elle rend visible la réalité des choses.

(22.9)
Grâce à cette lumière éclatante, toute l'interprétation spirituelle des saintes Ecritures s'est trouvée éclairée, les choses cachées de l'univers de Dieu ont été manifestées, et nous avons pu comprendre quels sont les objectifs divins pour l'humanité.

(22.10)
Je prie Dieu pour que, en sa miséricorde, Il illumine vos coeurs et vos âmes de sa glorieuse lumière. Alors chacun de vous brillera comme une radieuse étoile dans les régions obscures du monde.


23. Aspirations spirituelles de l'occident

(23.1)
Soyez les bienvenus ! Des contrées orientales, je suis venu en Occident pour séjourner quelque temps parmi vous. On dit souvent en Orient que les peuples occidentaux sont dépourvus de spiritualité, mais je ne trouve pas qu'il en soit ainsi. Dieu merci, je vois et je sens qu'il existe une grande aspiration spirituelle chez les peuples d'Occident, et que leur perception spirituelle est parfois même plus aiguë que celle de leurs frères de l'Est.

(23.2)
Si l'enseignement donné en Orient avait été consciencieusement répandu en Occident, le monde actuel serait aujourd'hui plus éclairé.

(23.3)
Bien que tous les grands éducateurs spirituels du passé aient paru en Orient, on y trouve encore bien des hommes totalement dépourvus de spiritualité. Eu égard aux choses de l'esprit, ils sont aussi inanimés que des pierres et n'aspirent pas à changer, car ils considèrent seulement l'homme comme une espèce d'animal supérieur, et ils pensent que les questions relatives à Dieu ne le concernent pas.

(23.4)
Mais l'homme devrait nourrir une ambition plus élevée. Il devrait porter ses regards au-dessus de lui-même. Toujours plus avant et plus haut, jusqu'à ce que, par la grâce de Dieu, il puisse atteindre au royaume des cieux.

(23.5)
Encore une fois, il est des hommes qui ne font attention qu'au progrès physique et à l'évolution du monde matériel. Ceux-là préfèrent chercher les ressemblances entre leur propre corps et celui du singe, plutôt que de contempler la glorieuse parenté de leur esprit avec celui de Dieu.

(23.6)
C'est une chose vraiment étrange, car c'est seulement au point de vue physique que l'homme ressemble aux créatures inférieures; par son intelligence il en est totalement différent. L'homme est toujours en progrès; le champ de ses connaissances s'étend sans cesse, et son activité intellectuelle se manifeste de bien des manières.

(23.7)
Considérez ce que l'homme a réalisé dans le domaine scientifique, ses nombreuses découvertes ses inventions innombrables et sa profonde compréhension des lois de la nature. Il en est de même dans le monde des arts, et ce merveilleux développement des facultés humaines est de plus en plus rapide avec le temps.

(23.8)
Si l'on pouvait estimer l'ensemble des découvertes inventions et réalisations matérielles des quinze cents dernières années, on s'apercevrait que le progrès a été plus grand au cours des cent dernières années que pendant les quatorze siècles précédents. Car la rapidité avec laquelle l'homme progresse s'accroît de siècle en siècle.

(23.9)
La faculté de l'intelligence est l'un des dons les plus importants que Dieu ait fait à l'homme. C'est ce pouvoir qui fait de lui une créature supérieure à l'animal. Car tandis que, de siècle en siècle et d'âge en âge, l'intelligence de l'homme grandit et devient plus pénétrante, celle de l'animal ne varie pas.

(23.10)
Les animaux ne sont pas plus intelligents aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a mille ans. Est-il besoin d'une meilleure preuve pour montrer la dissemblance entre l'homme et l'animal ? Celle-ci est certainement aussi claire que le jour. Quant aux perfections spirituelles, l'homme seul les possède, et par droit de naissance, dans toute la création.

(23.11)
L'homme est réellement un être spirituel et ne peut être véritablement heureux que par la vie de l'esprit. Cette perception spirituelle et cet ardent désir, tous les hommes les ressentent, et c'est ma ferme conviction que les peuples occidentaux ont de hautes aspirations spirituelles.

(23.12)
C'est ma prière fervente que l'étoile de l'Est inonde le monde occidental de ses brillants rayons et que les peuples de l'Ouest se lèvent avec énergie, ardeur et courage, pour aider leurs frères de l'Est.


24. Causerie dans un atelier d'artiste

(24.1)
Cet atelier est en vérité un foyer bahá'í. Chaque fois qu'une maison ou un lieu de réunion semblable est établi, il contribue puissamment au développement général de la ville et de la contrée où il est situé. Il favorise le progrès de l'instruction et de la science, et il est connu pour sa puissante spiritualité et pour l'atmosphère d'amour qu'il répand chez les habitants.

(24.2)
L'établissement d'un lieu de réunion de ce genre est toujours suivi du plus grand des progrès.

(24.3)
La première assemblée bahá'íe fondée à Téhéran fut bénie de manière remarquable. En un an, elle s'était si rapidement développée que le nombre initial de ses membres s'était multiplié neuf fois. Aujourd'hui, dans la lointaine Perse, il existe un grand nombre d'assemblées de ce genre, où les amis de Dieu se réunissent dans la plénitude de la joie, de l'amour et de l'unité.

(24.4)
Ils enseignent la cause de Dieu, font l'éducation des ignorants et rapprochent les coeurs dans une bienveillance fraternelle. Ce sont eux qui viennent en aide aux pauvres et aux nécessiteux et qui leur donnent leur pain quotidien. Ils aiment les malades et en prennent soin. Ce sont des messagers d'espoir et de consolation pour les affligés et les opprimés. Vous qui êtes à Paris, faites en sorte que vos assemblées puissent ressembler à celles-là et produisent de meilleurs fruits encore.

(24.5)
O amis de Dieu ! Si vous mettez votre confiance dans la parole de Dieu, si vous demeurez fermes, si vous suivez les préceptes de Bahá'u'lláh: soigner les malades, relever les êtres déchus, prendre soin des pauvres et des nécessiteux, abriter les indigents, protéger les opprimés, réconforter les affligés, et si vous aimez l'humanité de tout votre coeur, alors je vous le dis ce lieu de réunion verra avant peu, se lever une moisson merveilleuse.

(24.6)
De jour en jour, chacun des membres de votre groupe progressera, devenant de plus en plus spirituel. Mais vous devez bâtir sur une fondation solide; il faut que vos buts et vos ambitions soient clairement compris par chaque membre. On peut ainsi les formuler: 1) Montrer compassion et bienveillance envers tous les humains. 2) Servir l'humanité. 3) S'efforcer de guider et d'éclairer ceux qui sont dans les ténèbres. 4) Etre bon pour chacun et témoigner de l'affection à toute créature vivante.

(24.7)
5) Se montrer humble envers Dieu, rester en union constante avec Lui par la prière, afin de s'approcher chaque jour plus près de Lui.

(24.8)
6) Vous montrer si loyal et si sincère en toutes vos actions, que chaque membre soit connu comme la personnification de l'honnêteté, de l'amour, de la foi, de la bienveillance, de la générosité et du courage.

(24.9)
7) Etre détaché de tout ce qui n'est pas Dieu, être attiré par le souffle céleste, être comme une âme divine, afin que le monde sache qu'un bahá'í est un être parfait.

(24.10)
Efforcez-vous d'atteindre cet objectif au cours de vos réunions. Vous serez alors véritablement les amis de Dieu, rassemblés dans la joie. Aidez-vous les uns les autres, soyez comme une seule âme, réalisant ainsi l'unité parfaite.

(24.11)
Je prie Dieu pour que, chaque jour, Il vous fasse progresser en spiritualité, que son amour se manifeste de plus en plus en vous, que vos pensées et vos coeurs soient purifiés, et vos visages tournés vers Lui à tout jamais.

(24.12)
Puissiez-vous approcher, chacun et tous, du seuil de l'unité et entrer dans le royaume. Puisse chacun d'entre vous ressembler à une torche flamboyante, allumée et embrasée par le feu de l'amour de Dieu.


25. Bahá'u'lláh

(25.1)
Aujourd'hui, je vous parlerai de Bahá'u'lláh. Trois ans après que le Báb eût déclaré sa mission, Bahá'u'lláh, accusé par les mullas fanatiques de croire à la nouvelle doctrine, fut arrêté et jeté en prison. [nota : un mulla est un prêtre musulman]

(25.2)
Cependant; le lendemain, il fut remis en liberté par l'intervention de plusieurs ministres et autres personnages influents du gouvernement. Plus tard, il fut de nouveau arrêté, et les prêtres le condamnèrent à mort. Le gouverneur, craignant une révolution, hésita à exécuter cette sentence.

(25.3)
Les prêtres se réunirent à la mosquée devant laquelle était fixé le lieu de l'exécution. Les habitants s'amassèrent en foule autour de la mosquée, les charpentiers apportèrent leurs scies et leurs marteaux, les bouchers vinrent avec leurs couteaux, les maçons et les constructeurs portaient leurs pelles sur l'épaule et tous, excités par les mullas frénétiques voulaient à toute force participer à l'honneur de le tuer.

(25.4)
A l'intérieur de la mosquée, les docteurs en religion s'étaient rassemblés. Bahá'u'lláh se tenait devant eux et, avec une grande sagesse, il répondait à toutes leurs questions. Le plus important de ces sages, en particulier, était complètement réduit au silence par Bahá'u'lláh qui réfutait tous ses arguments.

(25.5)
Une discussion s'éleva entre deux de ces prêtres sur la signification de quelques mots contenus dans les écrits du Báb. Accusant celui-ci d'inexactitude, ils défièrent Bahá'u'lláh d'être en mesure de le défendre. Ces prêtres furent tout à fait humiliés car Bahá'u'lláh, devant toute l'assemblée, prouva que le Báb avait absolument raison et que l'accusation était portée par ignorance.

(25.6)
Vaincus, les sages le soumirent au supplice de la bastonnade, et plus furieux encore qu'auparavant, l'amenèrent devant les murs de la mosquée jusqu'au lieu d'exécution où l'attendait une population égarée. Cependant, le gouverneur craignait d'accéder à la demande d'exécution des prêtres. Se rendant compte du danger qui entourait ce noble prisonnier, il envoya quelques hommes pour le sauver.

(25.7)
Ils y parvinrent en faisant une brèche dans le mur de la mosquée et conduisirent Bahá'u'lláh en lieu sûr mais sans le libérer; le gouverneur, se déchargeant de sa responsabilité, l'envoya à Téhéran. Là, il fut emprisonné dans un cachot souterrain où la lumière du jour ne pénétrait jamais.

(25.8)
Une lourde chaîne fut placée autour de son cou, par laquelle il fut attaché à cinq autres bábís. Ces chaînes furent réunies par de grosses vis et de solides écrous. Les vêtements de Bahá'u'lláh et son fez furent mis en lambeaux. C'est dans ces conditions effroyables qu'il fut maintenu pendant quatre mois.

(25.9)
Durant cette période, aucun de ses amis ne put le voir. Un fonctionnaire de la prison tenta de l'empoisonner, mais en dehors des grandes souffrances qu'il en éprouva, le poison n'eut sur lui aucun effet.

(25.10)
Au bout de quelque temps, le gouvernement le libéra puis l'exila à Bagdad avec sa famille, où il resta pendant onze ans. Au cours de ce séjour, entouré par la haine vigilante de ses ennemis, il fut l'objet de cruelles persécutions. Il supporta tous ces malheurs et ces tourments avec le plus grand courage et la plus grande force d'âme. Souvent, quand il se levait le matin, il ignorait s'il vivrait encore au coucher du soleil.

(25.11)
Pendant ce temps, les prêtres lui rendaient visite chaque jour et le questionnaient sur la religion et la métaphysique.

(25.12)
Finalement le gouvernement turc l'exila à Constantinople. De là, il fut envoyé à Andrinople où il demeura pendant cinq ans. En fin de compte, Bahá'u'lláh fut relégué dans la lointaine prison forteresse d'Akka. Il fut enfermé dans la caserne, et soumis à la plus stricte surveillance.

(25.13)
Les mots me manquent pour vous dépeindre les nombreuses épreuves qu'il eut à souffrir et toute la détresse qu'il endura dans cette prison. C'est néanmoins de cette prison que Bahá'u'lláh écrivit à tous les monarques d'Europe, et ses lettres, à l'exception d'une seule furent envoyées par la poste.

(25.14)
L'Epître à Nasiri'd-Din Shah fut confiée à un bahá'í persan, Mirza Badí Khurásání, qui entreprit de la délivrer entre les mains du Shah lui-même. Cet homme courageux attendit le Shah qui devait passer aux environs de Téhéran pour se rendre à son palais d'été. Cet intrépide messager suivit le Shah jusqu'à son palais et attendit, près de l'entrée, sur la route, pendant plusieurs jours.

(25.15)
On le voyait toujours sur cette route, guettant au même endroit, jusqu'au jour où les gens commencèrent à se demander pourquoi il était là. A la fin, le Shah entendit parler de lui et donna l'ordre à ses serviteurs de lui amener cet homme. "O serviteurs du Shah, déclara Badí, je suis porteur d'une lettre que Je dois remettre en main propre. " Et s'adressant au Shah, il lui dit: "Je vous apporte une lettre de Bahá'u'lláh. "

(25.16)
Il fut immédiatement saisi et interrogé par ceux qui cherchaient à obtenir des informations qui leur permettraient de poursuivre leurs persécutions contre Bahá'u'lláh. Badí ne prononça pas un seul mot. Ils le torturèrent alors mais sans plus de succès. Au bout de trois jours, ils le tuèrent sans avoir pu le faire parler. Ces hommes cruels le photographièrent pendant qu'il subissait la torture.
[nota : un homme qui était présent lorsque Badí reçut la mission de porter l'Epitre au Shah le vit transfiguré; il en devint rayonnant de joie]

(25.17)
Le Shah donna la lettre aux prêtres et leur en demanda l'explication. Quelques jours plus tard, ces prêtres lui dirent que la lettre provenait d'un ennemi politique. Le Shah se mit en colère et dit: "Ceci n'est pas une explication. Je vous paie pour lire mes lettres et y répondre, alors obéissez. "

(25.18)
L'esprit et le sens de la tablette adressée à Nasiri'd-Din Shah se résument en ceci: "Maintenant que l'heure a sonné, que la cause de la Gloire de Dieu s'est manifestée, je demande qu'il me soit permis de venir à Téhéran afin de répondre à toutes les questions que les prêtres pourront me poser. Je vous exhorte à vous détacher de la splendeur terrestre de votre empire. Souvenez-vous de tous ces grands rois qui vécurent avant vous, leur gloire a disparu. "

(25.19)
La lettre était rédigée dans un très beau style. Elle contenait d'autres avertissements et annonçait au roi l'établissement futur du royaume de Bahá'u'lláh, en Orient comme en Occident.

(25.20)
Le Shah ne prêta aucune attention à ces avertissements et continua à vivre de la même manière jusqu'à la fin de son existence.

(25.21)
Bien que Bahá'u'lláh fût en prison, l'immense pouvoir de l'Esprit saint était en lui. Personne n'aurait pu se comporter comme lui dans ces conditions.

(25.22)
Malgré toutes les privations qu'il eut à subir, jamais il ne se plaignit. Dans sa dignité majestueuse, il refusa toujours de recevoir le gouverneur ou les personnalités influentes de la ville. Et en dépit d'une surveillance constante et rigoureuse, il allait et venait comme il voulait. Il mourut dans une maison située à environ trois kilomètres de Saint-Jean-d'Acre.


26. Les bonnes idées doivent être mises en pratique

(26.1)
Partout dans le monde on entend célébrer les belles paroles et admirer les nobles préceptes. Tous les hommes déclarent qu'ils aiment le bien et détestent tout ce qui est mal.

(26.2)
La sincérité est digne d'admiration, tandis que le mensonge est méprisable. La loyauté est une vertu et la trahison une honte pour la nature humaine.

(26.3)
C'est une bonne chose d'apporter la joie au coeur des hommes et c'est mal de leur causer de la peine. Se montrer bon et indulgent est correct, tandis que haïr est une faute.

(26.4)
La justice est une noble qualité et l'injustice une iniquité. C'est un devoir de se montrer compatissant, de ne faire de tort à personne et d'éviter à tout prix la jalousie et la méchanceté.

(26.5)
La sagesse et la lumière font la gloire de l'homme, et non pas l'ignorance et l'obscurité. Il est bon de se tourner vers Dieu et il est stupide de l'ignorer.

(26.6)
Il est de notre devoir de guider les hommes dans le but de les élever, non de les induire en erreur ni de provoquer leur chute.

(26.7)
Il existe bien d'autres préceptes semblables à ceux-ci. Mais toutes ces maximes ne sont que de belles paroles et nous en voyons bien peu qui soient mises en pratique. Nous nous apercevons au contraire que les hommes sont emportés par la passion et l'égoïsme, chacun ne songeant qu'à ce qui lui sera profitable, même si cela doit entraîner la ruine de son prochain.

(26.8)
Ils sont tous anxieux de faire fortune et se soucient peu ou pas du tout du bien-être des autres. Ils s'inquiètent de leur propre paix et de leur confort, alors que le sort de leurs semblables ne les trouble pas du tout. Telle est malheureusement la voie suivie par la plupart des hommes.

(26.9)
Mais les bahá'ís ne doivent pas être ainsi; il leur faut se comporter d'une manière plus noble. Pour eux, les actions doivent dépasser les paroles. Ce n'est pas seulement leurs paroles qui doivent manifester l'indulgence mais leurs actes, confirmant ainsi, en toutes occasions, ce qu'ils proclament. Leur manière d'agir doit démontrer leur loyauté, et leurs actes refléter l'inspiration divine.

(26.10)
Que vos actions proclament hautement au monde que vous êtes vraiment des bahá'ís, car ce sont les actes qui parlent au monde et qui sont la cause du progrès de l'humanité.

(26.11)
Si nous sommes de vrais bahá'ís, point n'est besoin de paroles. Nos actes serviront le monde: ils aideront à répandre la civilisation, à faire progresser la science et fleurir les arts.

(26.12)
Sans actes, rien ne peut être accompli dans le monde matériel, et les paroles à elles seules ne peuvent faire avancer un homme vers le royaume spirituel.

(26.13)
Ce n'est pas seulement avec des paroles du bout des lèvres que les élus de Dieu sont parvenus à la sainteté, c'est par une vie de patience et de service effectif qu'ils ont apporté la lumière dans le monde. Faites donc tous vos efforts pour que, de jour en jour, vos actes deviennent de belles prières.

(26.14)
Tournez-vous vers Dieu et tâchez d'agir toujours selon la droiture et la noblesse. Enrichissez le pauvre, relevez celui qui est déchu, consolez l'affligé, guérissez le malade, rassurez le timide, délivrez l'opprimé, rendez l'espoir au désespéré et donnez asile au malheureux. Telle est la tâche d'un vrai bahá'í et c'est ce qu'on attend de lui.

(26.15)
Si nous nous efforçons d'accomplir tous ces préceptes, nous sommes de vrais bahá'ís; si nous les négligeons, nous ne sommes pas des disciples de la lumière et nous n'avons pas le droit de porter ce nom. Dieu, qui lit dans tous les coeurs, sait jusqu'à quel point notre vie est l'accomplissement de nos paroles.


27. La véritable signification du baptême par l'eau et par le feu

(27.1)
Dans l'Evangile selon saint Jean, le Christ a dit: "Si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. " Les prêtres ont interprété ces paroles en disant: "Le baptême est indispensable au salut. " [voir "Livre de la certitude" 2.97 ; "Les leçons de Saint-Jean d'Acre" 60.4 ; "Sélection des écrits d'Abdu'l-Bahá" 129.5 ; Jean 3.5-7 ; Coran 25.48]

(27.2)
Dans un autre Evangile, il est dit: "Il vous baptisera du Saint-Esprit et du feu. " Ainsi, l'eau du baptême et le feu ne font qu'un. Par "eau", il ne peut être question d'eau physique, car l'eau s'oppose directement au "feu" et l'un détruit l'autre. [voir Matthieu 3.11]

(27.3)
Quand le Christ parle de "l'eau" dans les Evangiles, il veut dire ce qui donne la vie car, sans eau, aucune créature terrestre ne peut vivre; elle est indispensable aux minéraux, aux végétaux, aux animaux et aux hommes.

(27.4)
Les plus récentes découvertes scientifiques nous prouvent que même les minéraux ont une certaine forme de vie, et qu'ils ont également besoin d'eau pour subsister.

(27.5)
L'eau est la cause de la vie, et quand le Christ y fait allusion, il symbolise l'eau qui est la cause de la vie éternelle. Cette eau vivifiante dont il parle est semblable au feu, car elle n'est autre que l'amour de Dieu, et cet amour apporte la vie à nos âmes.

(27.6)
Par le feu de l'amour de Dieu, le voile qui nous sépare des réalités divines est consumé. Nous pouvons alors, en connaissance de cause, nous efforcer d'aller de l'avant, progressant toujours dans la voie de la vertu et de la sainteté, et d'apporter la lumière au monde.

(27.7)
Il n'est rien de plus grand ni de plus précieux que l'amour de Dieu. Cet amour apporte la guérison aux malades, le baume pour les blessés, la joie et la consolation à tous et, par lui seul, l'homme peut atteindre à la vie éternelle.

(27.8)
L'essence de toutes les religions c'est l'amour de Dieu, et cet amour est la base de tous les enseignements sacrés.

(27.9)
Ce fut l'amour de Dieu qui conduisit Abraham, Isaac et Jacob, fortifia Joseph en Egypte et donna le courage et la patience à Moïse.

(27.10)
C'est par l'amour de Dieu que le Christ fut envoyé au monde. Ce modèle d'inspiration mena une vie parfaite de dévotion et de sacrifice personnel, donnant aux hommes le message de vie éternelle.

(27.11)
C'est l'amour de Dieu qui donna à Muhammad le pouvoir d'amener les Arabes d'un état de dégradation animale à une condition d'existence plus élevée.

(27.12)
Ce fut l'amour de Dieu qui soutint le Báb et le mena jusqu'au suprême sacrifice. C'est pour l'amour de Dieu qu'il offrit volontairement sa poitrine à un millier de balles.

(27.13)
Enfin, ce fut l'amour de Dieu qui fit paraître Bahá'u'lláh en Orient et qui, maintenant, fait parvenir la lumière de son enseignement dans le lointain Occident et jusqu'aux pôles.

(27.14)
Aussi, vous pénétrant du pouvoir et de la beauté de l'amour de Dieu, je vous engage tous à sacrifier toutes vos pensées, vos paroles et vos actions pour apporter à tous les coeurs la connaissance de cet amour.


28. Causerie a l'alliance spiritualiste

(28.1)
Je désire vous exprimer mes remerciements pour votre accueil ainsi que ma joie de vous voir en bonne disposition spirituelle. Je suis heureux d'assister à une réunion comme celle-ci dont les membres se sont rassemblés pour écouter parler d'un message divin.

(28.2)
Si votre oeil était clairvoyant, vous pourriez percevoir en ce lieu de grandes vagues de spiritualité. Le pouvoir de l'Esprit saint est ici sur vous tous. Dieu en soit loué, vos coeurs sont remplis d'une divine ferveur.

(28.3)
Vos âmes sont comme les vagues de la mer spirituelle; bien que chacune d'elle soit indépendante des autres, il n'y a qu'un seul océan, car toutes sont unifiées en Dieu.

(28.4)
Tous les coeurs devraient rayonner dans l'unité, de telle sorte que la lumière de la Source divine puisse jaillir, claire et brillante.

(28.5)
Il ne faut pas prendre en considération chaque vague isolée, mais l'océan tout entier. Il faut s'élever du particulier au général. L'esprit est comme un grand océan et ses vagues sont les âmes des hommes.

(28.6)
Dans l'Ecriture sainte, il est dit que la nouvelle Jérusalem apparaîtra sur la terre. Or, il est évident que cette cité céleste n'est pas construite avec des pierres matérielles ni de la chaux et du ciment, qu'elle n'est pas édifiée de main d'homme mais qu'elle est éternelle, dans les cieux. Ceci est un symbole prophétique désignant le renouvellement de l'enseignement divin, afin d'éclairer l'esprit des hommes.

(28.7)
Il y a longtemps que ces préceptes sacrés ne dirigent plus la vie humaine. Mais aujourd'hui, la cité sainte, la nouvelle Jérusalem est enfin revenue; elle a reparu au ciel de l'Orient. De l'horizon de la Perse, sa splendeur a surgi telle une lumière, pour éclairer le monde entier.

(28.8)
En ces jours, nous assistons à l'accomplissement de la divine prophétie. Jérusalem avait disparu. La cité sainte était détruite; elle est aujourd'hui reconstruite; elle avait été rasée jusqu'au sol, mais ses murs et ses tourelles ont été restaurés et s'élèvent très haut dans leur nouvelle et glorieuse beauté.

(28.9)
Dans le monde occidental, le développement matériel a triomphé, tandis qu'en Orient, le soleil spirituel a rayonné. Je suis très heureux de voir, à Paris, une assemblée comme celle-ci, où le progrès matériel et le progrès spirituel sont harmonieusement mêlés.

(28.10)
L'homme - l'homme véritable - est une âme et non un corps; bien que, physiquement, l'homme appartienne au règne animal, son âme l'élève au-dessus du reste de la création.

(28.11)
Voyez comme la lumière solaire éclaire le monde physique, de même, la lumière divine projette ses rayons sur le royaume de l'âme. C'est l'âme qui fait de l'homme une entité céleste.

(28.12)
Par le pouvoir de l'Esprit saint, agissant par l'intermédiaire de l'âme, l'homme arrive à connaître la réalité des choses. Toutes les grandes oeuvres artistiques et scientifiques prouvent la puissance de cet esprit. Ce même esprit donne la vie éternelle.

(28.13)
Seuls, ceux qui seront baptisés par l'Esprit divin seront capables d'amener tous les peuples dans les liens de l'unité.

(28.14)
C'est par la puissance de l'esprit que le monde oriental de la pensée spirituelle peut se mêler à l'empire occidental de l'action, de manière que le monde matériel devienne spirituel.

(28.15)
Il s'ensuit que tous ceux qui travaillent au dessein suprême sont des soldats dans l'armée de l'esprit. La lumière du monde divin fait la guerre au monde de ténèbres et d'illusions. Les rayons du Soleil de Vérité dissipent les superstitions et les malentendus.

(28.16)
Vous êtes des spiritualistes. A vous qui cherchez la vérité la révélation de Bahá'u'lláh apportera une grande joie. Cet enseignement vient de l'esprit; il ne renferme aucun principe qui ne procède de l'Esprit divin.

(28.17)
L'esprit ne peut être perçu par les sens du corps physique que s'il se manifeste par des oeuvres et des signes apparents.

(28.18)
Le corps humain est visible; l'âme est invisible. C'est pourtant l'âme qui gouverne l'homme et dirige ses facultés.

(28.19)
L'âme possède deux facultés essentielles. Tout comme l'âme perçoit les faits extérieurs par l'entremise des yeux, des oreilles et du cerveau de l'homme, elle transmet ses désirs et ses intentions à ses mains et à ses lèvres, à travers le cerveau; c'est ainsi qu'elle s'exprime.

(28.20)
L'esprit est l'essence même de la vie dans l'âme.

(28.21)
La seconde faculté de l'âme se manifeste dans le monde de la vision où se trouve l'âme habitée par l'esprit, et où elle agit sans l'aide des organes du corps. Là, dans le royaume de la vision, l'âme voit sans l'aide des yeux physiques, entend sans se servir des oreilles physiques et voyage sans se déplacer physiquement.

(28.22)
Il est donc clair que l'esprit peut agir, dans l'âme de l'homme, à travers le corps physique en utilisant ses sens et qu'il est également capable de vivre et d'agir sans leur aide dans le monde de la vision. Ceci prouve sans aucun doute la supériorité de l'âme humaine sur le corps, la supériorité de l'esprit sur la matière.

(28.23)
Prenons un exemple: Regardez cette lampe, la lumière n'est-elle pas supérieure à son support, la lampe ? Quelle que soit la beauté de la forme de cette lampe, si elle ne donne pas de lumière, son but n'est pas atteint; elle est sans vie, c'est une chose morte.

(28.24)
La lampe a besoin de la lumière mais la lumière n'a pas besoin de la lampe. L'esprit n'a pas besoin d'un corps mais le corps a besoin de l'esprit, sinon il ne peut pas vivre.

(28.25)
L'âme peut vivre sans corps, mais le corps meurt s'il est privé d'une âme. Si un homme perd la vue, l'ouïe, les mains ou les pieds, du moment que son âme occupe toujours le corps, cet homme vit et peut manifester les divines vertus. D'autre part, il serait impossible à un corps parfait d'exister sans l'esprit.

(28.26)
La plus haute puissance de l'Esprit saint se trouve chez les manifestations divines de la vérité.

(28.27)
Les préceptes divins ont été apportés à l'humanité par le pouvoir de l'esprit. A travers ce pouvoir, les enfants des hommes sont parvenus à la vie éternelle. A travers ce pouvoir encore, la divine gloire a brillé de l'Est à l'Ouest, et les divines vertus de l'humanité deviendront manifestes.

(28.28)
Il faut consacrer nos plus grands efforts à nous détacher des choses de ce monde; il nous faut tâcher de devenir plus spirituels, plus rayonnants, de suivre les recommandations de l'enseignement divin, de servir la cause de l'unité et de la véritable égalité;

(28.29)
il faut nous montrer miséricordieux et réfléchir l'amour du Très-Haut sur tous les hommes afin que la lumière de l'esprit apparaisse en tous nos actes, jusqu'à ce que, à la fin, toute l'humanité soit unifiée, que la mer démontée se calme, et que les vagues déchaînées disparaissent de la surface de l'océan de la vie, désormais lisse et paisible. Alors, l'humanité verra la nouvelle Jérusalem; elle franchira ses portes et entrera, et elle éprouvera la bonté divine.

(28.30)
Je rends grâce à Dieu de cette après-midi passée avec vous et je vous remercie de votre sympathie spirituelle.

(28.31)
Je prie Dieu d'accroître votre ferveur divine et pour que la puissance de l'unité spirituelle grandisse, afin que les prophéties puissent s'accomplir et qu'en ce grand siècle de la lumière de Dieu, toutes les bonnes nouvelles consignées dans les livres sacrés se réalisent.

(28.32)
Voici l'époque glorieuse dont le Seigneur Jésus-Christ a parlé quand il nous a dit d'adresser à Dieu cette prière: "Que ton règne arrive et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. " J'espère que vous désirez ardemment ce règne et que vous l'attendez vous aussi.

(28.33)
Nous sommes unis dans le même espoir et le même but: Que tous soient comme un seul être et que tous les coeurs soient illuminés par l'amour de Dieu, notre Père divin. Puissent tous nos actes devenir spirituels ! Que notre intérêt et nos affections soient fixés sur le royaume de gloire.


29. Evolution de l'esprit

(29.1)
Ce soir, je vais vous parler de l'évolution et des progrès de l'esprit.

(29.2)
Dans la nature, le repos absolu n'existe pas. Tout progresse ou perd du terrain; tout avance ou recule; rien n'est stationnaire. De sa naissance à sa maturité, l'homme progresse physiquement. Puis, à la fleur de l'âge, il commence à décliner; sa force et ses capacités physiques diminuent peu à peu jusqu'à l'heure de sa mort.

(29.3)
De même, une plante se développe à partir de la graine jusqu'à son épanouissement, puis elle dépérit, se flétrit et meurt. Un oiseau s'élève à une certaine hauteur puis, ayant atteint le point culminant de son vol, il commence à redescendre vers la terre.

(29.4)
Il est donc évident que le mouvement est indispensable à l'existence. Tout ce qui est matériel progresse jusqu'à un certain point, puis commence à décliner. Telle est la loi qui gouverne toute la création physique.

(29.5)
Considérons maintenant la question de l'âme.

(29.6)
Nous avons vu que le mouvement est essentiel à la vie; rien de ce qui est vivant n'est dépourvu de mouvement. Toute créature, qu'elle appartienne au règne minéral, végétal ou animal, est forcée d'obéir à la loi du mouvement: monter ou descendre.

(29.7)
Mais pour l'âme humaine, il n'est pas de déclin. Son seul mouvement s'effectue vers la perfection. Le développement et le progrès sont les seuls mouvements de l'âme.

(29.8)
La perfection divine étant infinie, le progrès de l'âme est également infini. Dès la naissance d'un être humain, l'âme progresse, l'intelligence se développe et sa connaissance augmente. A la mort du corps, l'âme continue à vivre.

(29.9)
Les différents degrés qui existent dans les êtres appartenant à la création physique sont soumis à des limites, mais l'âme n'a pas de limites.

(29.10)
La croyance à l'immortalité de l'âme existe dans toutes les religions. On intercède en faveur des morts bien-aimés, on prie pour leur évolution et pour la rémission de leurs péchés. Si l'âme mourait avec le corps, tout ceci n'aurait aucune signification. De plus, si une fois délivrée du corps, il était impossible à l'âme d'évoluer vers la perfection, à quoi serviraient toutes ces pieuses et ardentes prières.

(29.11)
Les Ecritures sacrées nous disent que "toutes les bonnes actions se retrouvent". Dès lors, si l'âme ne survivait pas, ces paroles n'auraient aucun sens.

(29.12)
Le simple fait de notre intuition spirituelle - certainement pas dispensée en pure perte - nous incite à prier pour le bien-être des disparus que nous aimons; n'est-ce pas là un témoignage en faveur de la continuité de leur existence ?

(29.13)
Dans le monde de l'esprit, il n'y a pas de retour en arrière. Le monde mortel est fait d'oppositions et de contradictions. Le mouvement étant une loi, tout doit avancer ou reculer. Dans le royaume de l'esprit, le recul est impossible, tout mouvement allant obligatoirement vers un état de perfection.

(29.14)
Le "progrès" est l'expression de l'esprit dans le monde physique. L'intelligence de l'homme, son pouvoir de raisonner, ses connaissances et son acquis scientifique sont des manifestations de l'esprit. Ces facultés, soumises à la loi inéluctable du progrès spirituel, sont forcément immortelles.

(29.15)
Mon espoir est de vous voir progresser tant dans le domaine de l'esprit que dans celui de la matière. Que votre intelligence se développe. Que votre savoir augmente et que votre compréhension soit plus étendue. Vous devez toujours être diligents et ne jamais vous arrêter. Evitez de rester stationnaire, c'est le premier pas vers le déclin et la régression.

(29.16)
Toute la création est périssable; la matière est composée d'atomes; quand ces atomes commencent à se séparer, c'est le début de la décomposition qui conduit à ce que nous appelons la mort. Cette combinaison d'atomes qui constituent le corps, ou principe mortel de tout être créé, est temporaire. Quand disparaît la force d'attraction qui maintient ces atomes ensemble, le corps comme tel cesse d'exister.

(29.17)
Pour l'âme, il en va différemment. L'âme n'est pas une combinaison d'éléments; elle n'est pas composée d'une multitude d'atomes, mais d'une substance unique et indivisible; c'est pourquoi elle est éternelle. Elle est d'un tout autre rang que les créatures du monde physique: elle est immortelle.

(29.18)
La science a démontré qu'un corps "simple" - "simple" voulant dire "non composé", - est indestructible, éternel. L'âme n'étant pas composée de plusieurs éléments joue le rôle d'un corps simple, et par conséquent, ne peut cesser d'exister. Formée de cette substance une et indivisible, elle ne peut subir ni désintégration ni destruction; aussi n'y a-t-il aucune raison pour qu'elle meure.

(29.19)
Tout ce qui vit manifeste des signes de son existence; il s'ensuit que ces signes ne pourraient d'eux-mêmes exister si ce qu'ils manifestent ou ce qu'ils prouvent n'existait pas. Ce qui n'existe pas ne peut, bien entendu, manifester aucun signe.

(29.20)
Les innombrables signes d'existence de l'esprit sont pour toujours devant nos yeux. Les traces de l'esprit de Jésus-Christ, l'influence de son enseignement divin sont encore présentes aujourd'hui et elles sont éternelles.

(29.21)
On admet que ce qui n'existe pas ne peut se manifester par des signes. Pour pouvoir écrire, un homme doit être en vie, sinon il ne peut pas écrire. L'écriture est en elle-même un signe que l'âme et l'intelligence de l'écrivain existent. Les Ecritures sacrées - qui donnent toujours le même enseignement - prouvent la continuité de l'esprit.

(29.22)
Considérez le but de la création: se peut-il que tout ait été créé pour évoluer et se développer pendant d'innombrables siècles, avec cette fin dérisoire en vue: les quelques années d'une vie humaine sur la terre ? Une telle fin est-elle concevable ?

(29.23)
Le minéral évolue jusqu'à son entrée dans la vie végétale. Le végétal progresse jusqu'à ce que, finalement, sa vie passe dans celle de l'animal. L'animal, à son tour, entre dans le cycle de l'homme. Ainsi, il est prouvé que l'homme est la somme de toute la création, la créature supérieure entre toutes, l'aboutissement d'innombrables siècles d'évolution.

(29.24)
L'homme passe tout au plus quatre-vingt-dix ans dans ce monde. Période bien courte en vérité ! Son existence est-elle finie quand il abandonne le corps ? S'il en est ainsi, l'évolution qui a précédé est inutile, et tout est vain. Peut-on croire que la création n'ait pas un but plus élevé que celui-là ?

(29.25)
L'âme est éternelle, immortelle. Les matérialistes disent "Où est-elle ? Qu'est-ce que l'âme ? Nous ne pouvons ni la voir; ni la toucher. " Voici la réponse: quels que soient les progrès du minéral, il ne peut concevoir le monde végétal. Ce défaut de compréhension ne prouve cependant pas la non-existence de ce monde. Quel que soit le degré d'évolution de la plante, elle est incapable de comprendre le monde animal, ignorance qui ne prouve pas l'inexistence de ce monde.

(29.26)
Si bien développé que soit l'animal, il ne peut imaginer l'intelligence de l'homme ni concevoir la nature de son âme. Mais de nouveau, ceci ne prouve pas que l'homme n'ait ni âme ni intelligence. Cela prouve seulement qu'une forme d'existence est incapable de concevoir une forme supérieure à elle-même.

(29.27)
Cette fleur peut n'avoir pas conscience de l'existence d'un être tel que l'homme, mais le fait de son ignorance n'empêche pas le genre humain d'exister. Dans le même ordre d'idée, si les matérialistes ne croient pas à l'existence de l'âme, leur incrédulité ne prouve pas qu'un royaume comme celui de l'esprit n'existe pas. L'intelligence même de l'homme est une preuve de son immortalité;

(29.28)
d'ailleurs l'obscurité prouve la présence de la lumière, car sans lumière il n'y aurait pas d'ombre. La pauvreté prouve l'existence de la richesse, car sans la richesse, comment pourrions-nous mesurer la pauvreté ? L'ignorance témoigne que le savoir existe, car sans savoir, comment y aurait-il de l'ignorance ? C'est pourquoi la notion de mortalité entraîne celle d'immortalité, car s'il n'y avait pas de vie éternelle, il n'y aurait aucun moyen de mesurer la vie de ce monde.

(29.29)
Si l'esprit n'était pas immortel, comment les manifestations de Dieu pourraient-elles endurer de si cruelles épreuves ? Pourquoi le Christ a-t-il souffert cette effroyable mort sur la croix ? Pourquoi Muhammad a-t-il supporté les persécutions ? Pourquoi le Báb a-t-il fait le sacrifice suprême ? Et pourquoi Bahá'u'lláh a-t-il passé presque toute sa vie en prison ? Pourquoi toutes ces souffrances, sinon pour prouver la vie éternelle de l'esprit ?

(29.30)
Le Christ a souffert et il accepta toutes ses épreuves à cause de l'immortalité de son esprit.

(29.31)
Si un homme réfléchit, il comprend la signification spirituelle de la loi d'évolution et comment tout progresse du degré inférieur au degré supérieur. Seul un homme sans intelligence pourrait imaginer, après toutes ces considérations, que le grand plan de la création puisse soudain cesser de s'accomplir, et que l'évolution aboutisse à une fin aussi inadéquate.

(29.32)
Les matérialistes qui raisonnent dans ce sens et prétendent que nous sommes incapables de voir le royaume de l'esprit, ou de percevoir les bénédictions de Dieu, sont sûrement comme des animaux dépourvus d'intelligence: ils ont des yeux et ne voient pas, ils ont des oreilles mais ils n'entendent pas.

(29.33)
Le fait qu'ils ne voient pas et n'entendent pas ne prouve que leur infériorité. C'est à leur sujet qu'on lit dans le Qur'an: "Ce sont des hommes sourds et aveugles à l'esprit. " Ils n'utilisent pas ce don suprême de Dieu, le pouvoir de l'intelligence, par lequel ils pourraient voir et entendre avec les yeux et les oreilles de l'esprit, et aussi comprendre avec un coeur divinement éclairé.

(29.34)
L'incapacité pour le cerveau matérialiste à saisir l'idée de la vie éternelle ne démontre nullement que cette vie n'existe pas. La conception de cette autre vie dépend de notre naissance spirituelle.

(29.35)
Je prie Dieu pour que vos facultés et vos aspirations spirituelles puissent s'accroître de jour en jour, et que vous ne permettiez jamais à vos sens de vous voiler les splendeurs de l'illumination céleste.


30. Les désirs et les prières d'Abdu'l-Bahá

(30.1)
Vous êtes tous les bienvenus et je vous aime tous très tendrement. Jour et nuit, j'invoque le ciel pour que vous soyez forts, pour que vous puissiez profiter les uns et les autres des bénédictions de Bahá'u'lláh et entrer dans le royaume de Dieu.

(30.2)
Je prie pour que vous deveniez comme des êtres nouveaux, éclairés par la lumière divine, semblables à de resplendissants flambeaux, et que la connaissance de l'amour de Dieu puisse se répandre d'un bout à l'autre de l'Europe.

(30.3)
Que cet amour illimité comble vos coeurs et vos esprits de telle sorte que la tristesse ne puisse vous atteindre et que d'un coeur joyeux, vous preniez votre essor, tel un oiseau, vers la splendeur divine.

(30.4)
Que votre coeur soit innocent et pur, semblable à un miroir brillant sur lequel le Soleil de Vérité puisse se refléter dans toute sa gloire.

(30.5)
Que vos yeux s'ouvrent à la contemplation des signes du royaume de Dieu et que vos oreilles soient attentives, afin que vous puissiez entendre et comprendre parfaitement la proclamation céleste qui retentit autour de vous.

(30.6)
Puissiez-vous être aidés et réconfortés, et ainsi fortifiés, vivre en accord avec les enseignements de Bahá'u'lláh.

(30.7)
Je prie pour que chacun et tous vous soyez enflammés d'un amour ardent pour le monde, et que l'éclat de votre lumière et la chaleur de votre affection atteignent le coeur triste et affligé de tous les enfants de Dieu. Puissiez-vous devenir à jamais semblables à d'étincelantes et splendides étoiles dans le royaume de Dieu.

(30.8)
Je vous conseille d'étudier consciencieusement les enseignements de Bahá'u'lláh afin que, avec l'aide de Dieu, vous soyez, en toute vérité, des bahá'ís.


31. A propos du corps, de l'âme et de l'esprit

(31.1)
L'être humain se présente sous trois aspects: le corps, l'âme et l'esprit.

(31.2)
Le corps est la partie physique ou animale de l'homme. Au point de vue corporel, l'homme fait partie du règne animal. Le corps de l'homme et celui de l'animal se composent d'éléments maintenus ensemble par la loi de l'attraction. Comme l'animal, l'homme possède des facultés sensorielles; il ressent la chaleur, le froid, la faim, la soif, etc.

(31.3)
A la différence de l'animal, il possède une âme douée de raison: l'intelligence humaine. Cette intelligence est l'intermédiaire entre son corps et son esprit.

(31.4)
Si l'homme accepte que l'esprit [nota: Esprit saint], à travers son âme, éclaire son entendement, il peut alors contenir toute la création, car cet homme, étant l'aboutissement de tout ce qui a paru avant lui, est par conséquent supérieur à tous les êtres des évolutions antérieures, et il contient en lui-même le monde inférieur tout entier.

(31.5)
Illuminé par l'esprit, à travers l'âme, la brillante intelligence de l'homme fait de lui la couronne même de la création. Mais si l'homme n'ouvre pas son coeur et sa raison à la bénédiction de l'esprit [nota: Esprit saint] et s'il tourne son âme vers la matière et vers le côté physique de sa nature, il déchoit de son rang élevé et devient inférieur aux créatures du règne animal.

(31.6)
En ce cas, l'homme est dans une condition misérable; car si les capacités spirituelles de l'âme, accessible au souffle de l'Esprit divin, ne sont jamais utilisées, elles s'affaiblissent, s'atrophient et deviennent finalement inutilisables; et pendant ce temps, les capacités matérielles de l'âme, s'exerçant seules, deviennent terriblement puissantes et le malheureux, non dirigé, devient plus sauvage, plus injuste, plus vil, plus cruel et plus malveillant que les animaux intérieurs eux-mêmes.

(31.7)
Toutes ses aspirations et tous ses désirs étant fortifiés par sa nature inférieure, il devient de plus en plus brutal, jusqu'à ce que son être tout entier ne dépasse pas le niveau des bêtes périssables. Des hommes tels que celui-ci se préparent à mal agir, à nuire et à détruire; ils sont entièrement dépourvus du divin esprit de compassion, car la nature divine de leur âme a été dominée par son côté matériel.

(31.8)
Si, au contraire, le caractère spirituel de l'âme a été fortifié au point de maîtriser le côté physique de l'homme, celui-ci peut alors s'approcher du divin; sa nature humaine devient si glorieuse que les vertus de l'Assemblée céleste se manifestent en lui; il rayonne la grâce de Dieu, stimule le progrès spirituel de l'humanité, car il devient un phare éclairant son chemin.

(31.9)
Vous comprenez comment l'âme est l'intermédiaire entre le corps et l'esprit. De la même manière, cet arbre est l'intermédiaire entre la graine et le fruit. [nota : cet arbre est un petit oranger posé sur la table, près de lui]

(31.10)
Quand le fruit de l'arbre paraît et mûrit, nous savons alors que l'arbre est parfait; si l'arbre ne portait aucun fruit, son développement serait tout simplement inutile et sans objet. Quand une âme porte en elle la vie de l'esprit, elle produit un bon fruit et devient un arbre divin. Je voudrais que vous tachiez de comprendre cet exemple.

(31.11)
J'espère que l'indicible bonté de Dieu vous rendra si forts, que cette nature divine de votre âme - qui la relie à l'esprit - dominera pour toujours le côté matériel en vous, maîtrisant si complètement vos sens que votre âme s'approchera des perfections du royaume céleste.

(31.12)
Puisse votre visage, constamment tourné vers la lumière divine, devenir si lumineux, que toutes vos pensées, paroles et actions refléteront la splendeur divine prédominant en votre âme afin que, dans les assemblées du monde, votre vie soit un témoignage de perfection.

(31.13)
Certains hommes sont uniquement préoccupés par les choses de ce monde; leur attention s'attache à tel point aux moeurs et aux traditions qu'ils sont indifférents aux autres domaines de l'existence et à la signification spirituelle de toutes choses.

(31.14)
Ils pensent au développement matériel et rêvent de célébrité terrestre. Leur horizon se borne aux plaisirs sensuels et à un cadre de vie confortable; leurs plus hautes ambitions sont de remporter des succès eu égard aux conditions et aux circonstances de ce monde.

(31.15)
Ils ne réfrènent pas leurs penchants inférieurs; ils mangent, ils boivent et ils dorment ! Comme les animaux, ils ne pensent qu'à leur bien-être physique. Il est vrai qu'il faut satisfaire à ces nécessités. La vie est un fardeau qu'il nous faut porter sur terre, mais il ne faut pas que le souci des questions triviales de la vie accapare l'être humain au détriment de ses pensées et de ses aspirations.

(31.16)
Les désirs du coeur devraient tendre à un but plus glorieux et l'activité intellectuelle se porter à des niveaux plus élevés. Les hommes devraient garder dans l'âme la vision de la perfection divine et y préparer une demeure pour l'inépuisable bonté de l'Esprit divin.

(31.17)
Mettez votre ambition dans l'établissement d'une civilisation céleste sur la terre. Je sollicite pour vous la bénédiction suprême afin que l'Esprit divin vous remplisse d'un tel dynamisme que vous deveniez la cause de la vie dans le monde.


32. Il faut que les bahá'ís s'efforcent de tout leur coeur d'améliorer la condition de l'humanité

(32.1)
Quel bonheur de voir une réunion comme celle-ci ! C'est vraiment une "assemblée céleste".

(32.2)
Nous sommes tous unis dans un même but sacré, sans aucun mobile matériel, et notre plus cher désir est de répandre l'amour de Dieu dans le monde.

(32.3)
Nous travaillons et prions pour établir l'unité de l'humanité, pour que toutes les races de la terre fusionnent en une seule, que toutes les nations deviennent une nation unique, et pour que tous les coeurs battent comme un seul coeur dans un effort commun vers l'unité et la fraternité parfaites.

(32.4)
Rendons grâce à Dieu de ce que nos efforts soient sincères et que nos coeurs soient tournés vers le royaume.

(32.5)
Notre plus ardent désir est que cette vérité soit instaurée dans le monde, et c'est dans cet espoir que, par notre amour et notre amitié, nous nous rapprochons les uns des autres.

(32.6)
Chacun d'entre nous est sincère et désintéressé, disposé à sacrifier toute ambition personnelle en vue du grand idéal vers lequel nous tendons de toutes nos forces: fraternité, amour, paix et union entre les hommes.

(32.7)
Nul doute que Dieu soit avec nous, omniprésent, que de jour en jour Il n'augmente notre nombre, et que nos réunions deviennent plus fortes et plus efficaces.

(32.8)
C'est mon plus cher espoir que vous deveniez tous une source de bénédiction pour les autres, que vous donniez la vue et l'ouïe à ceux qui sont spirituellement sourds et aveugles, et la vie à ceux qui sont endurcis dans le péché.

(32.9)
Puissiez-vous aider ceux qui ont sombré dans le matérialisme à se rendre compte de leur filiation divine, les encourager à s'élever et à se montrer dignes de leur droit de naissance.

(32.10)
Ainsi, par vos efforts, le monde pourra devenir le royaume de Dieu et de ses élus. Je rends grâce à Dieu que nous soyons unis dans cet idéal grandiose, que mon ardent désir soit aussi le vôtre et que notre coopération ait lieu dans une parfaite unité.

(32.11)
Aujourd'hui, sur la terre, nous assistons au triste spectacle de guerres cruelles. L'homme massacre son frère pour un intérêt égoïste et pour agrandir son territoire. La haine s'est emparée de son coeur à cause de cette ambition ignoble et le sang coule de plus en plus. De nouvelles batailles se livrent, on forme de nouvelles armées, on fabrique plus de fusils, plus de canons et plus d'explosifs de toutes sortes; et ainsi, la haine et l'amertume augmentent de jour en jour.

(32.12)
Mais cette assemblée, Dieu en soit loué, aspire uniquement à la paix et à l'unité. Il faut qu'elle travaille de tout coeur pour établir une meilleure condition dans le monde.

(32.13)
Vous qui êtes les serviteurs de Dieu, luttez contre l'oppression, la haine et la discorde, afin que les guerres disparaissent et que les lois de Dieu: paix et amour, puissent s'établir parmi les hommes.

(32.14)
Travaillez ! Travaillez de toutes vos forces à propager la cause du royaume de Dieu parmi les hommes. Apprenez à l'orgueilleux à se tourner humblement vers Dieu, au pécheur à renoncer au péché, et attendez dans la joie et l'espoir la venue du royaume.

(32.15)
Aimez votre Père céleste et obéissez-Lui, et soyez certains que l'assistance divine vous est acquise.

(32.16)
En vérité, je vous le dis: vous ferez réellement la conquête du monde. Ayez seulement de la foi, de la patience et du courage. Nous ne faisons que commencer, mais vous réussirez sûrement, parce que Dieu est avec vous.


33. De la calomnie

(33.1)
Depuis la naissance de l'humanité jusqu'à nos jours, chaque manifestation envoyée par Dieu a rencontré l'opposition de la part d'une incarnation des "Puissances des Ténèbres". Cette force obscure a toujours tâché d'éteindre la lumière. [nota : Les manifestations de Dieu, ou Messagers de Dieu]

(33.2)
La tyrannie a toujours cherché à triompher de la justice. L'ignorance a essayé de manière persistante de fouler aux pieds la connaissance. Telle fut, depuis les âges les plus lointains, la méthode du monde matériel.

(33.3)
Au temps de Moïse, le pharaon s'efforça d'empêcher la diffusion de la lumière de Moïse.

(33.4)
Au temps du Christ, Anne et Calphe excitèrent le peuple juif contre lui, et les savants docteurs d'Israël s'unirent pour résister à son pouvoir. Toutes sortes de calomnies furent mises en circulation contre lui. Les scribes et les pharisiens conspirèrent pour faire croire au peuple que c'était un menteur, un apostat et un blasphémateur. Ils répandirent partout dans le monde oriental ces médisances contre le Christ, et ils le firent condamner à une mort infamante.

(33.5)
Il en fut de même pour Muhammad. Les savants docteurs de son temps résolurent d'anéantir le rayonnement de son influence. Ils essayèrent d'enrayer par la force de l'épée, la propagation de son enseignement. En dépit de tous leurs efforts, le Soleil de Vérité se montra à l'horizon.

(33.6)
L'armée de lumière a toujours vaincu les puissances ténébreuses sur le champ de bataille du monde, et le rayonnement de l'enseignement divin a illuminé la terre. Ceux qui acceptèrent cet enseignement et travaillèrent pour la cause de Dieu devinrent des étoiles lumineuses au ciel de l'humanité.

(33.7)
De nos jours, l'histoire se répète. Ceux qui voudraient faire croire aux hommes que la religion est leur monopole unissent leurs efforts une fois de plus pour lutter contre le Soleil de Vérité. Ils résistent au commandement de Dieu, ils inventent des calomnies, n'ayant contre lui ni preuves ni arguments. Ils attaquent sournoisement, n'osant affronter la lumière du jour.

(33.8)
Nos méthodes sont tout autres; nous n'employons ni les attaques, ni les calomnies. Nous ne voulons pas discuter avec eux. Nous produisons nos preuves et nos arguments, et nous les invitons à réfuter nos assertions. Ils sont incapables de répondre; aussi écrivent-ils contre Bahá'u'lláh, le divin messager, tout ce qu'ils peuvent imaginer.

(33.9)
Que vos coeurs ne soient pas désemparés par ces écrits diffamatoires ! Obéissez à Bahá'u'lláh et ne leur répondez pas. Réjouissez-vous plutôt, car ces écrits mensongers eux-mêmes amèneront la diffusion de la vérité.

(33.10)
Ces calomnies provoquent des enquêtes et conduisent ainsi à connaître la foi. Si quelqu'un déclare: "Il y a une lampe dans la pièce voisine qui ne donne aucune lumière", certains pourront se contenter de ce rapport. Mais une personne avisée ira dans la pièce pour juger par elle-même, et voyant alors la lumière qui jaillit brillamment de la lampe, elle saura la vérité.

(33.11)
De même, si quelqu'un s'écrie: "Je connais un jardin où les arbres ne portent pas de fruits, dont les branches sont brisées et les feuilles flétries et jaunies. On y trouve encore des plantes à fleurs qui ne fleurissent pas et des buissons de roses fanés et mourants. N'allez pas dans ce jardin. " En entendant cette description, une personne réfléchie ne s'en contentera pas mais vérifiera par elle-même.

(33.12)
Une fois entrée dans ce jardin, elle constatera qu'il est cultivé avec soin: les branches des arbres, fortes et vigoureuses, sont surchargées de fruits mûrs des plus exquis, au milieu d'un exubérant et admirable feuillage vert. Les plantes sont épanouies en fleurs multicolores, les rosiers sont couverts de ravissantes roses parfumées, et tout est verdoyant et bien soigné.

(33.13)
Découvrant la splendeur de ce jardin, cette personne avisée rendra grâce à Dieu d'avoir été conduite, par le fait d'une indigne calomnie, dans un lieu d'une si merveilleuse beauté. Tel est le résultat de la médisance: amener les hommes à découvrir la vérité.

(33.14)
Nous savons que tous les mensonges répandus sur le Christ et sur ses apôtres, ainsi que tous les livres écrits contre lui, amenèrent simplement les peuples à s'enquérir de sa doctrine. Lorsqu'ils virent la beauté et respirèrent le parfum de ce céleste jardin, ils cheminèrent à jamais parmi ses roses et ses fruits.

(33.15)
C'est pourquoi je vous dis: "Répandez de votre mieux la divine vérité, afin d'éclairer l'intelligence des hommes. Ce sera la meilleure réponse à la calomnie. "

(33.16)
Je n'ai pas envie de vous parler des calomniateurs ni de vous dire du mal d'eux, mais seulement de vous avertir que la calomnie est sans importance.

(33.17)
Des nuages peuvent voiler le soleil, mais si épais qu'ils soient, ses rayons perceront quand même. Rien ne peut arrêter le rayonnement du soleil descendant sur le divin jardin pour lui donner la chaleur et la vie. Rien ne peut empêcher la pluie de tomber du ciel. Rien ne peut empêcher les paroles de Dieu d'atteindre leur but.

(33.18)
Aussi, quand vous découvrirez des livres et des documents contre la révélation, n'en soyez pas tourmentés; consolez-vous dans la certitude que la cause en sera renforcée.

(33.19)
Personne ne jette de pierres à un arbre sans fruits. Personne ne tâche d'éteindre une lampe si elle n'est pas allumée.

(33.20)
Considérez les temps passés: les calomnies du pharaon eurent-elles de l'effet ? Il affirma que Moïse était un meurtrier, qu'il avait tué un homme et méritait d'être exécuté. Il déclara encore que Moïse et Aaron étaient des fomentateurs de discorde, qu'ils essayaient de détruire la religion d'Egypte et que, par conséquent, il fallait les mettre à mort. Ces paroles, le pharaon les prononça en vain. La lumière de Moïse brilla, la splendeur de la loi de Dieu a encerclé le monde.

(33.21)
Quand les pharisiens dirent du Christ qu'il avait rompu le sabbat, qu'il avait bravé la loi de Moïse, qu'il avait menacé de détruire le temple et la sainte cité de Jérusalem et qu'il méritait d'être crucifié, nous savons que toutes ces attaques calomnieuses ne réussirent pas à empêcher les évangiles de se répandre. Le soleil du Christ resplendit au ciel et la brise du Saint-Esprit souffla sur la terre tout entière.

(33.22)
Et je vous l'affirme, aucune calomnie ne peut prévaloir contre la lumière de Dieu; elle ne peut que provoquer son acceptation universelle.

(33.23)
Si une doctrine ne signifie rien, qui donc se donnera le mal de la réfuter ? Mais il en est toujours ainsi: plus grande est la cause, plus nombreux sont les ennemis qui s'élèvent pour tenter de la renverser. Plus la lumière brille, plus dense est l'obscurité.

(33.24)
Notre rôle est d'agir conformément aux enseignements de Bahá'u'lláh, dans l'humilité, la fermeté et la persévérance.


34. Il ne peut exister de vrai bonheur ni de véritable progrès sans spiritualité

(34.1)
La férocité et la sauvagerie sont naturelles chez les animaux, mais les hommes devraient faire preuve de sentiments d'amour et d'affection.

(34.2)
Dieu a envoyé tous ses prophètes au monde dans un seul et même but: semer dans le coeur des hommes l'amour et la bonne volonté. Et dans ce noble dessein, les prophètes acceptèrent les souffrances et la mort.

(34.3)
Tous les livres sacrés furent écrits pour guider et diriger l'humanité dans la voie de l'amour et de l'unité; et cependant, en dépit de tout cela, nous assistons au lamentable spectacle de la guerre et des effusions de sang.

(34.4)
En tournant les pages de l'histoire ancienne et contemporaine, nous voyons cette malheureuse terre rougie de sang humain. Les hommes s'entre-tuent comme des loups sauvages, oubliant les lois de l'amour et de la tolérance.

(34.5)
A présent, nous sommes dans un âge lumineux, apportant avec le progrès matériel une merveilleuse civilisation.

(34.6)
L'intelligence des hommes s'est développée, l'acuité de leurs perceptions s'est agrandie mais hélas, malgré tout cela, on continue chaque jour à verser le sang.

(34.7)
Pensez à la guerre qui se déroule en ce moment entre les Italiens et les Turcs, et réfléchissez un instant à ces peuples infortunés. Combien d'individus ont péri en cette sombre période ? Que de foyers ruinés, de veuves désespérées et d'enfants orphelins ? Et qu'y a-t-il à gagner en compensation de ces angoisses et de ces chagrins ? Seulement un lopin de terre.

(34.8)
Ceci prouve que le progrès matériel seul ne suffit pas à élever l'homme. Au contraire, plus il se concentre sur les avantages matériels, plus sa spiritualité s'affaiblit.

(34.9)
L'avancement dans le domaine matériel n'était pas si rapide autrefois et l'on ne répandait pas le sang des hommes en telle profusion. Les combats anciens se livraient sans canons ni fusils, sans obus ni explosifs, sans torpilleurs, sans cuirassés ni sous-marins. Par suite de la civilisation matérielle, nous possédons maintenant toutes ces inventions, et la guerre est plus meurtrière que jamais.

(34.10)
L'Europe elle-même est devenue comme un immense arsenal plein d'explosifs. Que Dieu les empêche de prendre feu, sinon le monde tout entier sera entraîné.

(34.11)
Je veux vous faire comprendre que le progrès matériel et le progrès spirituel sont deux choses très différentes. Aucun progrès réel ne sera accompli, et la très grande Paix ne s'établira pas dans le monde tant que l'avancement matériel et le développement spirituel ne marcheront pas de concert.

(34.12)
Si les hommes suivaient les préceptes sacrés et les enseignements des prophètes, si la lumière divine éclairait tous les coeurs et que les hommes fussent vraiment religieux, nous verrions bientôt régner la paix sur la terre et le royaume de Dieu s'établir parmi les hommes.

(34.13)
On peut comparer les lois de Dieu à l'âme et le progrès matériel au corps. S'il n'était animé par l'âme, le corps cesserait d'exister.

(34.14)
Ma prière la plus ardente est que la spiritualité puisse croître et se développer sans cesse dans le monde, pour que les moeurs soient éclairées et que s'établissent la paix et la concorde.

(34.15)
La guerre, les rapines et les cruautés qui en découlent sont abominables aux yeux de Dieu et portent en elles-mêmes leur propre châtiment, car le Dieu d'amour est aussi un Dieu de justice, et chaque homme doit inévitablement récolter ce qu'il a semé.

(34.16)
Tâchons de comprendre les commandements du Très-Haut et d'organiser notre vie selon ce qu'Il nous a ordonné. Le véritable bonheur dépend du bien spirituel et il exige un coeur toujours ouvert pour recevoir la bonté divine. Si le coeur se détourne des bénédictions que Dieu offre, quel bonheur peut-il espérer ? S'il ne met pas son espoir et sa confiance en la grâce de Dieu, où trouvera-t-il le repos ?

(34.17)
Ah confiez-vous à Dieu ! Car sa bonté est inépuisable et ses bénédictions sont merveilleuses. Placez votre foi dans le Tout-Puissant, car Il est infaillible et sa générosité durera à jamais. Son soleil donne continuellement la lumière.

(34.18)
Les nuées de sa grâce sont gonflées par les flots de sa compassion dont Il inonde le coeur de ceux qui croient en Lui. Sa brise fraîche apporte toujours la guérison aux âmes desséchées des hommes. Est-il sage de se détourner d'un Père aussi aimant qui fait pleuvoir sur nous ses bénédictions, et de rester volontairement les esclaves de la matière ?

(34.19)
Dieu, dans son infinie bonté, nous a élevés à un si grand honneur ! Et Il a fait de nous les maîtres du monde matériel ! En deviendrons-nous les esclaves ? - Certes non, faisons plutôt valoir notre droit de naissance et efforçons-nous de vivre la vie des enfants spirituels de Dieu.

(34.20)
Une fois encore, le radieux Soleil de Vérité s'est levé en Orient. Du lointain horizon de la Perse, son rayonnement se répand de toutes parts, dissipant les nuages opaques de la superstition.

(34.21)
La lumière de l'unité de l'humanité commence à éclairer le monde, et bientôt l'étendard de l'harmonie divine et de la solidarité des nations flottera très haut dans les cieux. Oui, les brises de l'Esprit saint inspireront le monde entier.

(34.22)
O peuples et nations ! Levez-vous, travaillez et soyez heureux ! Rassemblez-vous sous la tente de l'unité du genre humain.


35. Joie et souffrance

(35.1)
En ce monde, nous sommes influencés par deux sentiments: la joie et la peine.

(35.2)
La joie nous donne des ailes. Quand nous sommes heureux, notre énergie est plus grande, notre intelligence plus vive et notre compréhension moins voilée. Nous semblons mieux à même d'affronter la vie et de découvrir un champ d'activité utile.

(35.3)
Mais quand la tristesse nous étreint, notre force nous abandonne, nous devenons faibles, notre compréhension diminue et notre intelligence s'obscurcit. Les réalités de l'existence semblent nous échapper, les yeux de notre esprit ne réussissent pas à découvrir les mystères sacrés, et nous devenons comme des êtres sans vie.

(35.4)
Aucune créature humaine n'est à l'abri de ces deux influences, mais tous les chagrins et toutes les afflictions proviennent du monde de la matière; le monde spirituel ne dispense que la joie.

(35.5)
Nos souffrances sont dues à des causes matérielles; toutes les épreuves et tous les soucis proviennent de ce monde d'illusions.

(35.6)
Un marchand pourra, par exemple, faire faillite et tomber dans le découragement, un ouvrier être congédié et réduit à des privations, un fermier faire une mauvaise récolte et se sentir plein d'angoisse. Un homme qui a construit sa maison et la voit anéantie par un incendie, se trouvera aussitôt sans foyer, ruiné et désespéré. Tous ces exemples sont destinés à vous montrer que les épreuves qui nous assaillent à chaque pas, tous nos chagrins, nos peines, nos humiliations et nos douleurs sont d'origine matérielle, tandis que le monde spirituel n'est jamais cause de tristesse.

(35.7)
L'homme qui dirige ses pensées vers ce royaume connaît une joie sans fin. Les maux physiques ne l'atteignent pas; ils l'affectent seulement d'une manière superficielle, mais il demeure, au fond de lui-même, dans le calme et la sérénité.

(35.8)
L'humanité fléchit aujourd'hui sous le poids de l'inquiétude, du chagrin et de la douleur. Personne n'y échappe. Le monde est une vallée de larmes; mais grâce à Dieu, le remède est à notre portée.

(35.9)
Que notre coeur se détourne de la matière pour vivre dans le monde de l'esprit. Seul, ce monde peut nous donner la liberté.

(35.10)
Si nous sommes entourés de difficultés, il nous suffit d'invoquer Dieu et, par sa grâce infinie, nous serons assistés. Si nous sommes dans l'adversité et le chagrin, que notre visage se tourne vers le royaume qui nous apportera la consolation céleste. Sommes-nous souffrants ou malheureux, implorons de Dieu notre guérison et Il nous exaucera.

(35.11)
Quand nos pensées sont remplies par l'amertume de ce monde, tournons notre esprit vers la douceur de la compassion divine, et un calme céleste nous envahira.

(35.12)
Sommes-nous emprisonnés sur cette terre, notre esprit peut s'élever vers les cieux et nous serons vraiment libres.

(35.13)
Quand notre vie touche à sa fin, songeons aux mondes éternels et nous serons dans la plénitude de la joie.

(35.14)
Tout autour de vous, vous découvrez les preuves de l'insuffisance des choses matérielles qui sont transitoires, et qui ne peuvent donner ni la joie, ni le repos, ni la paix, ni la consolation.

(35.15)
N'est-ce donc pas une folie de se refuser à chercher ces trésors où ils peuvent être trouvés ? Les portes du royaume spirituel sont ouvertes à tous; hors de ce royaume, ce n'est que ténèbres absolues.

(35.16)
Vous tous ici présents, vous savez cela; Dieu en soit loué, car dans tous vos malheurs, vous pouvez trouver la consolation suprême.

(35.17)
Si vos jours sont comptés sur la terre, vous savez que la vie éternelle vous attend. Si les soucis matériels vous enveloppent d'un obscur nuage, le rayonnement spirituel éclaire votre chemin. En vérité, ceux qui sont éclairés par l'esprit du Très-Haut connaissent la consolation suprême.

(35.18)
J'ai vécu moi-même en prison pendant quarante années, alors qu'une seule aurait déjà été impossible à supporter. Personne ne survécut plus d'un an à cet emprisonnement. Mais grâce à Dieu, pendant ces quarante années, je fus suprêmement heureux.

(35.19)
Chaque jour, au réveil, c'était comme l'annonce d'une bonne nouvelle, et chaque nuit je ressentais une joie infinie. Les pensées spirituelles étaient mon réconfort, et recourir à Dieu était mon plus grand bonheur. S'il n'en avait pas été ainsi, croyez-vous que l'aurais pu supporter ces quarante années de prison ?

(35.20)
Ainsi, la spiritualité est le plus grand don de Dieu, et "recourir à Dieu" donne la "vie éternelle". Puissiez-vous, les uns et les autres, progresser chaque jour sur le plan spirituel. Puissiez-vous être fortifiés pour tout ce qui est bon. Puisse la divine consolation vous soutenir de plus en plus et l'Esprit saint vous libérer.

(35.21)
Puisse enfin le pouvoir du divin royaume s'établir et agir parmi vous. Tel est mon plus ardent désir, et je prie Dieu de vous accorder cette faveur.


36. Vertus et sentiments parfaits chez l'homme

(36.1)
Vous devriez être tous très heureux et très reconnaissants envers Dieu du grand privilège qui est le vôtre.

(36.2)
Notre réunion est purement d'ordre spirituel. Dieu soit loué, vos coeurs sont tournés vers Lui, vos âmes attirées vers le royaume, vos aspirations sont spirituelles et vos pensées s'élèvent au-dessus de ce monde de poussière. Vous appartenez au monde de la pureté.

(36.3)
Non satisfaits d'une vie animale, vous ne passez pas uniquement vos Jours à manger, boire et dormir. Vous êtes vraiment des hommes ! Vos préoccupations et vos ambitions tendent à acquérir la perfection humaine.

(36.4)
Vous vivez pour faire le bien et le bonheur des autres. Votre plus grand désir est de consoler ceux qui pleurent, de fortifier ceux qui sont faibles, et de rendre l'espoir aux âmes désespérées.

(36.5)
Jour et nuit, vos pensées sont dirigées vers le royaume et vos coeurs sont embrasés par l'amour de Dieu. Vous ignorez ainsi l'opposition, l'antipathie et la haine, car toutes les créatures vivantes vous sont chères, et vous désirez leur bonheur à toutes.

(36.6)
Ce sont là des vertus et des sentiments humains parfaits. Celui qui n'en aurait aucun ferait mieux de disparaître. Si une lampe cesse d'éclairer, il vaut mieux la jeter. Il est préférable de couper un arbre qui ne donne aucun fruit, car il occupe inutilement la terre. Il est vraiment mille fois préférable qu'un homme disparaisse plutôt que de continuer à vivre sans vertu.

(36.7)
Nous avons des yeux pour voir, mais à quoi bon si nous ne nous en servons pas. Nous avons des oreilles pour entendre, mais si nous sommes sourds, à quoi nous servent-elles ? Nous avons une langue pour louer Dieu et proclamer les bonnes nouvelles, mais si nous sommes muets, combien elle est inutile !

(36.8)
Dieu, qui est tout amour, a créé l'homme pour qu'il reflète la divine lumière et pour qu'il illumine le monde par ses paroles, sa vie et ses oeuvres. S'il n'a aucune vertu, il n'est pas meilleur qu'un simple animal, et un animal dépourvu d'intelligence est une chose sans valeur.

(36.9)
Le Père céleste a pourvu l'homme du don inestimable de l'intelligence, afin qu'il puisse devenir un flambeau spirituel qui perce les ténèbres de la matérialité, et qui apporte la bonté et la vérité au monde.

(36.10)
Si vous suivez avec ferveur les préceptes de Bahá'u'lláh, vous deviendrez certainement la lumière et l'âme du monde, vous serez un réconfort et un secours pour l'humanité et la source de salut pour tout l'univers.

(36.11)
Efforcez-vous donc de suivre, de tout votre coeur et de toute votre âme, les préceptes de la Perfection bénie; et soyez certains que si vous réussissez à vivre suivant ses prescriptions, vous atteindrez à la vie éternelle et à la joie infinie du royaume céleste, et l'aide divine viendra vous fortifier chaque jour de votre vie. C'est ma prière très sincère que chacun d'entre vous puisse atteindre à ce bonheur parfait. [nota : la Perfection bénie est l'un des titres de Bahá’u’lláh]


37. Cruelle indifférence aux souffrances des races étrangères

(37.1)
Je viens d'apprendre qu'un terrible accident s'est produit en France. Un train est tombé dans une rivière, occasionnant la mort d'au moins vingt personnes. Ce fait sera l'objet d'une discussion au Parlement français aujourd'hui, et le directeur des chemins de fer de l'Etat sera invité à faire son rapport. Il sera interrogé sur l'état de la voie ferrée et sur ce qui a pu provoquer l'accident, ce qui donnera lieu à une vive discussion.

(37.2)
Je suis confondu de surprise et d'étonnement de voir quel intérêt et quelle surexcitation la mort de ces vingt personnes soulève dans ce pays, alors que tout le monde reste froid et indifférent devant le massacre de milliers d'Italiens, de Turcs et d'Arabes, tués à Tripoli. L'horreur de cette hécatombe n'a nullement ému le gouvernement. Pourtant ces malheureux sont aussi des êtres humains.

(37.3)
Pourquoi témoigner tant d'intérêt et une aussi vive sympathie pour ces vingt personnes et rester indifférent devant cinq mille victimes ? Ce sont tous des hommes. Ils font tous partie de la famille humaine, mais ils appartiennent à d'autres pays et à d'autres races.

(37.4)
Il importe peu aux nations indifférentes que ces hommes soient taillés en pièces; ce massacre en masse ne les touche pas. Que ceci est injuste ! Que ceci est cruel et dénote l'absence totale de tout sentiment vrai et bon !

(37.5)
Les habitants de ces autres pays ont des enfants, des épouses, des mères, des filles et des petits-enfants. En ces contrées-là, aujourd'hui, à peine reste-t-il une maison où l'on n'entende pas le bruit d'amers sanglots et où l'on puisse trouver un foyer que la main cruelle de la guerre ait épargné.

(37.6)
Nous découvrons partout, hélas, combien l'homme est injuste, cruel, rempli de préjugés, et comme il est long à croire en Dieu et à suivre ses commandements.

(37.7)
Si ces peuples s'aimaient et s'entraidaient au lieu d'être si empressés à détruire par l'épée et le canon, comme ce serait plus noble ! Ne vaudrait-il pas mieux vivre comme une volée de tourterelles, dans la paix et l'harmonie, au lieu de se déchirer les uns les autres comme des loups ?

(37.8)
Pourquoi l'homme fait-il preuve d'une telle dureté de coeur ? - C'est parce qu'il ne connaît pas encore Dieu. S'il le connaissait, il ne pourrait agir en opposition complète avec ses lois. S'il était ouvert à la spiritualité, une telle conduite lui serait impossible.

(37.9)
Si seulement on avait cru aux lois et aux préceptes des prophètes de Dieu, si on les avait compris et observés, la guerre cesserait d'assombrir la surface de la terre. Si l'homme possédait, ne fussent que d'élémentaires notions de justice, un tel état de choses serait impossible.

(37.10)
C'est pourquoi je vous dis de prier. Tournez-vous vers Dieu et priez-le pour que, en sa miséricorde et en sa compassion infinies, Il porte aide et secours à ces égarés.

(37.11)
Implorez-le de leur accorder l'entendement spirituel, de leur enseigner la tolérance et la pitié, afin que s'éveille leur intelligence et qu'ils puissent recevoir le don de l'esprit. La paix et l'amour progresseront alors de concert à travers le monde, et ces peuples infortunés trouveront le repos.

(37.12)
Nuit et jour, efforçons-nous de contribuer à améliorer les conditions de la vie. Mon coeur est brisé de chagrin et je déplore bien haut cet effroyable état de choses. Puisse ce cri de douleur toucher d'autres coeurs !

(37.13)
Alors les aveugles verront, les morts seront ressuscités, et la justice s'établira et régnera sur la terre. Je vous conjure tous de prier de tout votre coeur et de toute votre âme pour que ces conditions se réalisent.


38. Ne vous découragez pas d'être en petit nombre

(38.1)
Quand le Christ apparut, ce fut à Jérusalem qu'il se manifesta. Il invita les hommes à entrer dans le royaume de Dieu et à participer à la vie éternelle, les incitant à acquérir des perfections humaines.

(38.2)
Cette radieuse étoile indiqua la voie lumineuse à l'humanité puis, à la fin, sacrifia sa vie pour elle. Tout au long de sa sainte existence, le Christ endura les persécutions et les souffrances, et malgré cela, l'humanité fut son ennemie.

(38.3)
Les hommes le renièrent, le méprisèrent, le malmenèrent et le maudirent, ne le traitant pas comme un être humain. Et pourtant, en dépit de tout, il fut la personnification de la pitié, de la bonté suprême et de l'amour.

(38.4)
Il aima tous les hommes, mais eux le traitèrent en ennemi et furent incapables de l'apprécier. Ils n'accordèrent aucune valeur à ses paroles et ne furent pas illuminés par la flamme de son amour. Plus tard, ils découvrirent qui il était: il était la lumière divine et sacrée, et ses paroles donnaient la vie éternelle.

(38.5)
Son coeur fut rempli d'amour pour l'humanité tout entière, sa bonté était destinée à tous les êtres. Quand les hommes commencèrent à s'en rendre compte, ils se repentirent, mais il avait été crucifié.

(38.6)
Ce fut seulement bien des années après son ascension qu'ils comprirent qui il était, car à l'époque, il n'avait que très peu de disciples. Quelques-uns seulement croyaient à ses préceptes et observaient ses lois.

(38.7)
L'ignorant disait: "Qui est cet individu ? Il n'a que quelques disciples !" Mais ceux qui savaient disaient: "Il est le soleil qui brillera sur l'Orient et l'Occident, la manifestation qui donnera la vie au monde. " Ce que les premiers disciples avaient compris, le monde s'en rendit compte plus tard.

(38.8)
Aussi, vous qui êtes en Europe, ne soyez pas découragés parce que vous êtes peu nombreux ou parce que l'on pense que votre cause est sans importance. S'il ne vient que peu de personnes à vos réunions, ne perdez pas courage.

(38.9)
Et si vous êtes en butte aux contradictions et tournés en ridicule, n'en soyez pas affligés, car les apôtres du Christ eurent le même sort. Ils furent abaissés et persécutés, maudits et maltraités, mais à la fin, ils eurent la victoire et leurs ennemis furent confondus.

(38.10)
Si l'histoire devait se répéter et qu'il en advint de même pour vous, n'en soyez pas attristés mais soyez plein de joie, et remerciez Dieu de vous avoir appelés à souffrir comme ses saints d'autrefois.

(38.11)
Si vous rencontrez de l'opposition, faites preuve de douceur. Si l'on vous contredit, restez fermes dans votre foi. Si quelqu'un vous délaisse et vous fuit, recherchez-le pour lui témoigner votre bienveillance. Ne faites de mal à personne. Priez pour tous.

(38.12)
Tâchez de faire rayonner votre lumière sur le monde et de faire flotter votre étendard bien haut dans les cieux. Le parfum suave de vos vies exemplaires pénétrera partout.

(38.13)
La lumière de vérité allumée dans vos coeurs resplendira jusqu'au lointain horizon. L'indifférence et le mépris du monde n'ont aucune importance alors que votre vie, elle, est de la plus haute importance.

(38.14)
Tous ceux qui cherchent la vérité du royaume céleste luiront comme des étoiles. Ils sont semblables à des arbres fruitiers surchargés de fruits sélectionnés, ou encore à des océans remplis de perles précieuses. Ayez simplement foi en la grâce de Dieu et répandez la vérité divine.


39. Causerie d'Abdu'l-Bahá au foyer de l'âme, le temple du pasteur Wagner

(39.1)
Je suis profondément touché des paroles de sympathie qui m'ont été adressées et j'espère que l'amour sincère et l'affection grandiront de jour en jour entre nous. Dieu a voulu que l'amour soit une force vitale dans la création, et vous savez tous à quel point je me réjouis de parler de l'amour.

(39.2)
A travers tous les âges, les prophètes de Dieu ont été envoyés sur terre pour servir la cause de la vérité. Moïse apporta la loi de la vérité et après lui, tous les prophètes d'Israël cherchèrent à la répandre.

(39.3)
Quand Jésus vint, il alluma la torche flamboyante de la vérité et il l'éleva bien haut, de manière à illuminer le monde entier. Ses apôtres choisis par lui vinrent ensuite, portant au loin, dans le monde ténébreux, la lumière de l'enseignement de leur Maître; puis, à leur tour, ils disparurent.

(39.4)
Alors parut Muhammad qui, à son époque et selon sa voie, répandit la connaissance de la vérité parmi des peuples sauvages, car telle fut toujours la mission des élus de Dieu.

(39.5)
Aussi, lorsque Bahá'u'lláh, à la fin, parut en Perse, son plus ardent désir fut de rallumer, dans tous les pays, la lumière vacillante de la vérité.

(39.6)
Tous les saints de Dieu se sont appliqués, avec la plus grande ardeur, à répandre la lumière de l'amour et de l'unité à travers le monde, pour que les ténèbres du matérialisme disparaissent et que la lumière de l'esprit illumine tous les enfants des hommes. Alors, la haine, la calomnie et le meurtre ayant disparu, l'amour, l'unité et la paix pourront régner à leur place.

(39.7)
Toutes les manifestations de Dieu sont venues avec le même dessein, et toutes ont cherché à guider les hommes dans les voies de la vertu. Cependant nous, leurs serviteurs, continuons à nous disputer. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi ne vivons-nous pas dans l'amour et l'unité ? C'est parce que nous avons fermé les yeux aux principes fondamentaux de toutes les religions, c'est-à-dire: que Dieu est Un, qu'Il est notre Père à tous et que nous sommes plongés dans l'océan de sa grâce, abrités et protégés par sa tendre sollicitude.

(39.8)
Le glorieux Soleil de Vérité brille pour tous de la même manière; les eaux de sa miséricorde divine inondent chacun et, à tous ses enfants, il dispense sa faveur divine.

(39.9)
Ce Dieu d'amour désire la paix pour toutes ses créatures. Pourquoi donc passent-elles leur temps à se faire la guerre ? Il aime et protège tous ses enfants. Pourquoi eux l'oublient-ils ? Il nous accorde à tous sa vigilance paternelle, pourquoi négligeons-nous nos frères ?

(39.10)
Lorsque nous comprendrons combien Dieu nous aime et veille sur nous, nous devrons assurément organiser notre vie de manière à mieux Lui ressembler.

(39.11)
Dieu nous a créés tous sans exception. Pourquoi agissons-nous contre ce qu'Il désire, puisque nous sommes tous ses enfants et que nous aimons le même Père ? Ces querelles, ces contestations et ces divisions que nous voyons de toutes parts, proviennent du fait que les hommes s'attachent au rituel et aux pratiques extérieures, tout en oubliant la simple vérité de base.

(39.12)
Ce sont les pratiques extérieures de la religion qui sont tellement différentes et qui provoquent les querelles et l'hostilité, cependant que la réalité demeure toujours la même et qu'elle est une.

(39.13)
La réalité, c'est la vérité, et celle-ci n'a pas de division. Cette vérité réside dans les directives que Dieu nous donne; elle est amour, elle est miséricorde, elle est la lumière du monde. Ces attributs de la vérité sont aussi des vertus humaines inspirées par l'Esprit saint. Restons donc tous fermement attachés à la vérité et nous serons vraiment libres.

(39.14)
Le jour approche où toutes les religions du monde s'uniront,

(39.15)
car dans leur essence, elles sont déjà une. Il n'y a pas de raison de désunion, puisque ce sont les formes extérieures seules qui les séparent.

(39.16)
Parmi les enfants des hommes, quelques âmes souffrent à cause de leur ignorance, hâtons-nous de les instruire. D'autres sont comme des enfants qui ont besoin d'être formés et entourés de sollicitude, jusqu'à croissance complète. D'autres sont malades: à ceux-là il nous faut apporter la guérison divine. Qu'ils soient malades, ignorants ou semblables à des enfants, il faut les aimer, les aider et non pas les détester à cause de leur imperfection.

(39.17)
Le rôle des chefs religieux est d'apporter la guérison spirituelle aux peuples et de faire régner l'harmonie entre les nations. S'ils deviennent la cause de divisions, mieux vaudrait qu'ils n'existent pas.

(39.18)
Un remède est destiné à guérir une maladie; mais s'il ne fait que l'aggraver, il est préférable de l'abandonner. Si la religion devait n'être qu'une cause de discorde, il vaudrait mieux qu'il n'y en eût pas.

(39.19)
Toutes les manifestations divines que Dieu nous a envoyées ont supporté leurs souffrances et leurs terribles épreuves dans le seul espoir de répandre la vérité, l'unité et la concorde parmi les hommes.

(39.20)
Le Christ a enduré une vie de douleur, de peines et d'afflictions pour apporter au monde l'exemple parfait de l'amour. Et en dépit de cela, nous continuons à agir dans un esprit contraire, les uns envers les autres.

(39.21)
Le principe fondamental que Dieu a fixé comme but pour l'homme c'est l'amour, et Il nous a demandé de nous aimer les uns les autres comme Il nous aime.

(39.22)
Toutes ces querelles et ces discordes qui sévissent partout contribuent seulement à accroître le matérialisme. La plus grande partie du monde a sombré dans le matérialisme et ignore les bienfaits de l'Esprit saint. La véritable notion du spirituel est bien faible. Presque tous les progrès sont uniquement d'ordre matériel.

(39.23)
Les hommes deviennent comme des bêtes qui périssent, car nous savons qu'elles n'ont pas le sens du spirituel. Ils ne se tournent pas vers Dieu, ils n'ont aucune religion.

(39.24)
Ces notions n'appartiennent qu'à l'homme. S'il ne les possède pas, il reste prisonnier de la nature, et il n'est aucunement supérieur à l'animal. Comment l'homme peut-il se contenter de mener simplement une existence animale, quand Dieu a fait de lui une créature si élevée ?

(39.25)
Toute la création est assujettie aux lois de la nature mais l'homme s'est montré à même de vaincre ces lois. Le soleil, malgré sa puissance et sa splendeur, dépend des lois de la nature et ne peut modifier sa course, fût-ce de l'épaisseur d'un cheveu. L'immense et formidable océan est impuissant à modifier le flux et le reflux de ses marées.

(39.26)
Rien, sauf l'homme, ne peut résister aux lois de la nature. En effet, Dieu a doué l'homme d'une puissance si merveilleuse qu'il est capable de guider, maîtriser et contrôler la nature.

(39.27)
Selon la loi naturelle, l'homme ne doit se déplacer que sur la terre, mais il fabrique des vaisseaux et il sillonne les airs. Créé pour vivre sur la terre ferme, il navigue sur les mers et même voyage dans les profondeurs marines. Il s'est exercé à contrôler la force de l'électricité; il en dispose à son gré et parvient à la retenir dans une ampoule. La voix humaine ne peut porter qu'à de faibles distances, mais le pouvoir de l'homme est tel, qu'il a fabriqué des instruments portant sa voix de l'Est à l'Ouest.

(39.28)
Tous ces exemples vous montrent comment l'homme peut commander à la nature et comment, lui arrachant pour ainsi dire son arme, il l'utilise contre elle-même.

(39.29)
Etant donné que l'homme a été créé pour être le maître de la nature, quelle folie de sa part d'en devenir l'esclave ! Quel aveuglement et quelle stupidité d'honorer et d'adorer la nature quand Dieu, dans sa bonté, nous en a fait les maîtres.

(39.30)
La puissance de Dieu est visible pour tous, cependant les hommes ferment les yeux et ne la voient pas. Le Soleil de Vérité brille dans toute sa splendeur; mais leurs yeux sont hermétiquement clos, ils ne peuvent contempler sa gloire.

(39.31)
C'est mon ardente prière que, par la grâce et la tendre bonté de Dieu, vous soyez tous unis et remplis d'une joie ineffable.

(39.32)
Je vous supplie tous, les uns et les autres, de joindre vos prières aux miennes pour faire cesser les guerres et les massacres, afin que l'amour, l'amitié, la paix et l'unité puissent régner dans le monde.

(39.33)
Nous constatons à quel point le sang a souillé la terre au cours des siècles passés. Mais aujourd'hui, un rayon de lumière plus puissant est apparu. L'intelligence de l'homme est plus ouverte, la spiritualité commence à se développer, et le temps approche où, cela est certain, toutes les religions du monde vivront en paix.

(39.34)
Abandonnons les divergences d'opinion sur les formes extérieures, et unissons-nous pour hâter le développement de la divine cause de l'unité jusqu'à ce que tous les humains, réunis dans l'amour, sachent qu'ils ne sont qu'une seule famille.


II. Causeries sur des principes de Bahá’u’lláh

40. Causeries d'Abdu'l-Bahá a la société théosophique

(40.1)
Depuis mon arrivée à Paris, j'ai entendu parler de la Société théosophique, et je sais qu'elle est constituée par des personnes honorées et respectées. Vous êtes des intellectuels et des penseurs imbus d'idéal spirituel, et c'est un plaisir pour moi d'être parmi vous.

(40.2)
Remercions Dieu qui nous a rassemblés ce soir. J'en retire une grande joie, car je vois que vous êtes des chercheurs de vérité. Vous n'êtes pas enchaînés par les préjugés, et votre plus grand désir est de connaître la vérité.

(40.3)
La vérité peut être comparée au soleil. Le soleil est le corps lumineux qui disperse toutes les ombres. De la même manière, la vérité dissipe les brumes de notre imagination. Ainsi que le soleil donne la vie au corps de l'homme, de même la vérité donne la vie à son âme.

(40.4)
La vérité est un soleil qui surgit en différents points du ciel. Parfois, le soleil s'élève au milieu de l'horizon; en été, il s'élève plus au nord, en hiver plus au sud, mais c'est toujours le même soleil, quels que soient les différents lieux où il paraît. De même, la vérité est une, bien que ses manifestations puissent être très différentes.

(40.5)
Il est des hommes qui ont des yeux et qui savent voir: ils adorent le soleil à quelque point de l'horizon qu'il paraisse. Et quand il a quitté le ciel d'hiver pour le ciel d'été, ils savent comment le retrouver. D'autres n'adorent que le lieu où il se lève, et quand, dans toute sa gloire, il s'élève d'un autre horizon, ils continuent à contempler celui où il était apparu auparavant. Hélas ! Ces hommes se privent de ses bénédictions.

(40.6)
Ceux qui adorent vraiment le soleil lui-même le reconnaîtront quel que soit son lieu d'apparition, et ils tourneront immédiatement leur visage vers lui.

(40.7)
Nous devons adorer le soleil lui-même et pas simplement l'endroit où il se lève. De la même manière, les hommes au coeur éclairé adorent la vérité quel que soit le pays où ils la rencontrent. Ils ne s'attachent pas à la personnalité, mais ils recherchent et suivent la vérité, et ils sont capables de la reconnaître d'où qu'elle puisse provenir.

(40.8)
C'est cette même vérité qui aide l'humanité à progresser et qui donne la vie à toute créature, car elle est l'arbre de vie.

(40.9)
Dans ses enseignements, Bahá'u'lláh nous explique ce qu'est la vérité, et je désire vous en parler brièvement, car je vois que vous êtes pleins d'entendement.


41. Premier principe de Bahá'u'lláh: Recherche de la vérité

(41.1)
L'homme doit se libérer de tout préjugé et de ce qui provient de sa propre imagination, afin de pouvoir rechercher la vérité sans aucune entrave.

(41.2)
La vérité est la même dans toutes les religions et, par elle, l'unité du monde peut être réalisée. Tous les peuples ont en commun une même croyance fondamentale.

(41.3)
La vérité, qui est une, ne peut être divisée, et les différences qui paraissent exister parmi les nations proviennent seulement de leur attachement aux préjugés. Si seulement les hommes cherchaient la vérité, ils se trouveraient unis.


42. Second principe de Bahá'u'lláh: Unité du genre humain

(42.1)
Le Dieu un, tout amour, répand sa grâce et sa faveur divines sur tous les humains. Ceux-ci sont les serviteurs du Très-Haut qui répand sa bonté, sa miséricorde et sa tendre sollicitude sur toutes ses créatures. La gloire de l'humanité est l'héritage de chacune d'elles.

(42.2)
Tous les hommes sont les feuilles et les fruits d'un seul et même arbre. Ils ont la même origine: ils sont les branches de l'arbre d'Adam. La même pluie les a tous arrosés, le même soleil ardent les a fait croître et la même brise les a tous rafraîchis.

(42.3)
Les seules différences qui existent et qui les séparent sont celles-ci: Il y a des enfants qui ont besoin d'être guidés, des ignorants à instruire, des malades à soigner et à guérir.

(42.4)
Voilà pourquoi je dis que toute l'humanité est enveloppée par la clémence et la grâce de Dieu. Comme les saintes Ecritures nous le disent, tous les êtres sont égaux devant Dieu. Il ne fait aucune différence entre eux.


43. Troisième principe de Bahá'u'lláh: Religion cause d'amour et d'amitié

(43.1)
La religion devrait unir tous les coeurs et faire disparaître les guerres et les dissensions de la surface de la terre. Elle devrait faire naître la spiritualité et donner la vie et la lumière à chaque âme.

(43.2)
Si la religion devient une cause d'inimitié, de haine et de division, mieux vaudrait qu'elle n'existât pas. Abandonner une telle religion serait un véritable acte religieux. Car il est clair que le but d'un remède est de guérir; mais si le remède ne fait qu'aggraver le mal, mieux vaut le laisser de côté.

(43.3)
Toute religion qui n'est pas une cause d'amour et d'unité n'est pas une religion.

(43.4)
Tous les saints prophètes furent en quelque sorte comme des médecins pour l'âme. Ils donnèrent des prescriptions pour guérir l'humanité. Aussi, tout remède qui rend malade ne provient-il pas du Médecin éminent et suprême.


44. Quatrième principe de Bahá'u'lláh: Unité de la religion et de la science

(44.1)
Nous pouvons comparer la science à une aile et la religion à une autre aile. Pour voler, l'oiseau a besoin de deux ailes; une seule lui serait inutile.

(44.2)
Toute religion qui contredit la science ou qui lui est opposée n'est que de l'ignorance, car l'ignorance est le contraire de la connaissance.

(44.3)
La religion qui comporte uniquement des rites et des cérémonies routinières n'est pas la vérité.

(44.4)
Efforçons-nous sincèrement d'être des instruments d'union entre la religion et la science. Ali, le gendre de Muhammad, disait: "Ce qui est conforme à la science est également conforme à la religion. "

(44.5)
Tout ce que l'intelligence de l'homme ne peut comprendre, la religion ne devrait pas l'accepter.

(44.6)
La religion et la science marchent la main dans la main, et toute religion en contradiction avec la science n'est pas la vérité.


45. Cinquième principe de Bahá'u'lláh: Abolition des préjugés

(45.1)
Les préjugés de religion, de race ou de secte détruisent les fondations de l'Humanité. Toutes les causes de division du monde, la haine, la guerre et l'effusion de sang sont dues à l'un de ces préjugés.

(45.2)
Le monde entier doit être considéré comme un seul pays, toutes les nations comme une seule nation, tous les hommes comme appartenant à une seule race.

(45.3)
Les notions de religion, de race et de nation ne sont que des divisions instituées par l'homme et ne sont nécessaires que dans sa pensée.

(45.4)
Devant Dieu, il n'y a ni Persan, ni Arabe, ni Français ni Anglais. Dieu est le Dieu de tous, et pour Lui toute la création n'est qu'une.

(45.5)
Il faut Lui obéir et s'efforcer de le suivre, en abandonnant tous nos préjugés et en établissant la paix sur la terre.


46. Sixième principe de Bahá'u'lláh: Egalisation des moyens d'existence

(46.1)
Tous les êtres humains ont droit à la vie, au repos et à un certain degré de bien-être.

(46.2)
De même qu'un homme riche peut vivre dans son palais, dans le luxe et le plus grand confort, un homme pauvre devrait avoir le nécessaire pour vivre.

(46.3)
Personne ne devrait mourir de faim. Chacun devrait avoir des vêtements en suffisance. L'un ne devrait pas vivre au milieu d'un luxe excessif, tandis que l'autre n'a aucun moyen d'existence. Essayons de toutes nos forces de modifier heureusement ces conditions, afin que personne ne puisse être dépourvu de tout.


47. Septième principe de Bahá'u'lláh: Egalité des hommes devant la loi

(47.1)
C'est la loi qui doit régir la société et non pas l'individu. Cette terre deviendra alors un lieu resplendissant de beauté où la vraie fraternité régnera.

(47.2)
En pratiquant la solidarité, les hommes auront trouvé la vérité.


48. Huitième principe de Bahá'u'lláh: Paix universelle

(48.1)
Un tribunal suprême sera élu par les peuples et les gouvernements de toutes les nations. Ses membres se réuniront dans un esprit d'unité. Tous les conflits seront examinés devant ce tribunal dont la mission sera d'empêcher la guerre.


49. Neuvième principe de Bahá'u'lláh: Non-ingérence de la religion dans la politique

(49.1)
La religion se rapporte aux choses de l'esprit, la politique aux affaires du monde. La religion agit dans le domaine de la pensée, tandis que la politique concerne les événements mondiaux.

(49.2)
C'est la tâche du clergé d'éduquer et d'instruire les peuples et de les conseiller utilement, afin qu'ils puissent progresser au point de vue spirituel. Les questions de politique ne le regardent nullement.


50. Dixième principe de Bahá'u'lláh: Education des femmes

(50.1)
Les femmes ont des droits égaux à ceux des hommes sur la terre. En matière religieuse comme dans la société, leur rôle est de première importance.

(50.2)
Tant que les femmes seront empêchées d'exercer leurs plus hautes capacités, les hommes resteront incapables d'atteindre à la haute condition qui pourrait être la leur.


51. Onzième principe de Bahá'u'lláh: Puissance de l'esprit saint

(51.1)
Le développement spirituel ne peut avoir lieu que par le souffle de l'Esprit saint. Le monde aura beau progresser et embellir merveilleusement, il ne sera jamais qu'un corps sans vie s'il n'a pas d'âme, car c'est l'âme qui anime le corps. Celui-ci n'a, par lui-même, aucune signification réelle. Sans les bénédictions de l'Esprit saint, le corps matériel serait inerte.

(51.2)
Voici, très brièvement expliqués, quelques-uns des principes de Bahá'u'lláh. En résumé, il convient que nous soyons tous des amoureux de la vérité. Cherchons-la constamment et partout, en prenant garde soigneusement de ne jamais nous attacher aux personnalités. Sachons voir la lumière où elle brille.

(51.3)
Puissions-nous être à même de reconnaître la lumière de la vérité partout où elle se présente. Respirons le parfum qu'exhale la rose entourée de ses épines. Désaltérons-nous à l'eau courante de toute source pure.

(51.4)
Depuis mon arrivée à Paris, j'ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer des Parisiens tels que vous car, loué soit Dieu, vous êtes intelligents, sans préjugés, et vous aspirez à connaître la vérité.

(51.5)
Vous nourrissez en vos coeurs l'amour de l'humanité, et autant que vous le pouvez, vous vous employez à des oeuvres de charité, ainsi qu'à réaliser l'unité. C'est principalement ce que Bahá'u'lláh a désiré.

(51.6)
C'est pour cette raison que je suis si heureux d'être parmi vous. Et je prie pour vous, afin que vous puissiez recevoir les bénédictions de Dieu et répandre la spiritualité dans ce pays.

(51.7)
Vous avez déjà une merveilleuse civilisation matérielle, vous atteindrez de même à la civilisation spirituelle.

(51.8)
M. Bleck remercia Abdu'l-Bahá et répondit: "Je vous suis très reconnaissant des sentiments aimables que vous venez d'exprimer. J'espère qu'avant longtemps, ces deux mouvements seront répandus sur toute la terre. Alors, l'unité de l'humanité aura planté sa tente autour du monde. "


52. Premier principe: Recherche de la vérité

(52.1)
Le premier principe de la doctrine de Bahá'u'lláh est la "Recherche de la vérité". Celui qui veut réussir à trouver la vérité doit tout d'abord laisser de côté toutes les superstitions traditionnelles du passé. Les juifs ont des superstitions traditionnelles; les bouddhistes et les zoroastriens, pas plus que les chrétiens, n'en sont affranchis.

(52.2)
Toutes les religions se sont trouvées peu à peu liées par la tradition et les dogmes. Chacune d'elles se considère comme la seule gardienne de la vérité, tandis que toutes les autres sont dans l'erreur. Chacune a raison et pense que toutes les autres ont tort.

(52.3)
Les juifs croient être les seuls à posséder la vérité et ils condamnent toutes les autres religions. Les chrétiens affirment que la leur est la seule vraie et que toutes les autres sont fausses. Il en est de même des bouddhistes et des musulmans.

(52.4)
Toutes ces religions se limitent elles-mêmes. Si toutes se condamnent les unes les autres, où chercherons-nous la vérité ? Puisqu'elles se contredisent l'une l'autre, elles ne peuvent toutes être vraies.

(52.5)
Si chacun croit que sa religion particulière seule est vraie, il ferme les yeux à la vérité contenue dans les autres. Si un juif, par exemple, est attaché aux pratiques extérieures de la religion d'Israël, cela l'empêche de concevoir que la vérité peut exister dans toute autre religion; pour lui, cette vérité est contenue tout entière dans la sienne.

(52.6)
C'est pourquoi nous devrions nous détacher des formes et des pratiques extérieures. Il faut se rendre compte que ces formes et ces pratiques, si belles soient-elles, ne sont que les vêtements qui abritent le coeur ardent et les membres vivants de la divine vérité.

(52.7)
Il nous faut abandonner les préjugés de la tradition si nous voulons réussir à trouver la vérité au coeur de toutes les religions. Comment un zoroastrien, qui croit que le soleil est Dieu, peut-il être en accord avec les autres religions ? Comment les idolâtres pourraient-ils comprendre l'unité de Dieu tant qu'ils croiront en leurs différentes idoles.

(52.8)
Il est donc évident que, pour faire quelque progrès dans la recherche de la vérité, nous devons abandonner les superstitions. Si tous les chercheurs se conformaient à ce principe, ils parviendraient à une claire vision de la vérité.

(52.9)
Lorsque quelques personnes se réunissent pour chercher la vérité, elles doivent commencer par se libérer elles-mêmes de toutes les conditions particulières dans lesquelles elles se trouvent, et renoncer à leurs idées préconçues.

(52.10)
Pour trouver la vérité, il faut abandonner ses préjugés, ses petites notions superficielles. Il est essentiel d'avoir un esprit ouvert et réceptif.

(52.11)
Si notre calice est rempli du moi, il n'est point de place pour l'eau de vie. Le fait de nous imaginer que nous avons raison et que tous les autres ont tort est le plus grand de tous les obstacles dans la voie vers l'unité; et l'unité est nécessaire si nous voulons parvenir à la vérité, car la vérité est une.

(52.12)
Par conséquent, il nous faut renoncer strictement aux préjugés et aux superstitions personnelles, si nous désirons sincèrement rechercher la vérité. Si notre esprit ne fait pas la distinction entre dogmes, superstitions et préjugés d'une part, et vérité d'autre part, nous ne pourrons réussir.

(52.13)
Quand nous voulons sérieusement trouver une chose, nous la cherchons partout. Il faut adopter ce principe dans notre recherche de la vérité.

(52.14)
La science doit être acceptée. Aucune vérité ne peut contredire une autre vérité. La lumière est bonne quelle que soit la lampe dans laquelle elle brille. Une rose est belle quel que soit le jardin où elle fleurit. Une étoile a le même éclat si elle scintille à l'est ou à l'ouest.

(52.15)
Libérez-vous des préjugés; ainsi vous aimerez le Soleil de Vérité de quelque point de l'horizon qu'il puisse s'élever. Vous comprendrez que si la divine lumière de vérité brilla en Jésus-Christ, elle brilla aussi en Moïse et en Bouddha. Le chercheur sincère parviendra à cette vérité.

(52.16)
Tel est le sens de "chercher la vérité. " Cela veut dire aussi que nous devons consentir à écarter tout ce que nous avions précédemment appris, tout ce qui entraverait nos pas sur le chemin de la vérité. Si cela est nécessaire, nous ne devons pas hésiter à recommencer toute notre éducation.

(52.17)
Nous ne devons pas permettre à notre amour pour une religion ou une personnalité particulière de nous aveugler au point de nous entraîner dans la superstition. Quand nous serons délivrés de toutes ces attaches et que nous chercherons en toute indépendance d'esprit, alors nous serons capables d'arriver au but.

(52.18)
"Cherchez la vérité, la vérité vous rendra libres. " Nous verrons ainsi la vérité dans toutes les religions, car elle existe dans toutes, et cette vérité est une.


53. Second principe: Unité du genre humain

(53.1)
Hier, j'ai parlé du premier principe de l'enseignement de Bahá'u'lláh: "La Recherche de la Vérité". J'ai dit comment il est nécessaire à l'homme de laisser de côté toutes les superstitions et les traditions qui le rendraient aveugle à la vérité contenue dans toutes les religions.

(53.2)
Dans son amour et son attachement à une forme de religion, il ne doit pas se permettre de détester toutes les autres. Il est indispensable qu'il recherche la vérité dans toutes, et si ses efforts sont sincères, il réussira certainement.

(53.3)
Or, notre premier pas dans la recherche de la vérité nous amènera au second principe qui est "l'Unité du Genre humain"

(53.4)
Tous les hommes sont les serviteurs du Dieu unique. Un seul Dieu règne sur l'ensemble des nations de la terre, mettant son bon plaisir en tous ses enfants.

(53.5)
Tous les hommes forment une seule famille. La couronne de l'humanité repose sur la tête de tous les humains.

(53.6)
Aux yeux du Créateur, tous ses enfants sont égaux. Il répand sa bonté sur tous. Il ne favorise pas telle ou telle nation, Il les a toutes créées au même titre. Puisqu'il en est ainsi, pourquoi établir des divisions et séparer les races les unes des autres ? Pourquoi créer ces barrières formées de superstitions et de traditions, qui amènent la discorde et la haine au sein des peuples.

(53.7)
La seule différence entre les membres de la famille humaine est une différence de degré. Les uns sont comme des enfants ignorants et doivent être éduqués pour parvenir à l'âge mûr. D'autres sont comme des malades et doivent être traités avec soin et tendresse. Aucun n'est méchant ni mauvais.

(53.8)
Nous ne devons pas éprouver de la répulsion pour ces pauvres enfants mais les traiter avec une grande bonté, instruire les ignorants et soigner tendrement les malades.

(53.9)
Réfléchissez à ceci: l'unité est nécessaire à l'existence. L'amour est la cause réelle de la vie. D'autre part, la séparation conduit à la mort.

(53.10)
Dans le monde de la création matérielle, par exemple, toutes les choses doivent effectivement leur vie à l'unité. Les éléments dont se composent le bois, le minéral et la pierre sont retenus ensemble par la loi de l'attraction. Si cette loi cessait un seul instant d'agir, ces éléments ne resteraient pas assemblés; ils se sépareraient et l'objet cesserait d'exister sous cette forme particulière.

(53.11)
La loi de l'attraction a réuni certains éléments pour former cette belle fleur. Mais quand cette force d'attraction cessera d'agir au coeur de la fleur, elle se décomposera et cessera d'exister en tant que fleur.

(53.12)
Il en est ainsi du grand corps que constitue l'humanité. Les lois merveilleuses de l'attraction, de l'harmonie et de l'unité assurent la cohésion aux éléments de cette admirable création. Il en est de même du tout et de ses parties: qu'il s'agisse d'une fleur ou du corps humain, quand le principe d'attraction s'en retire, l'homme ou la fleur cesse de vivre.

(53.13)
Il est donc clair que l'attraction, l'harmonie, l'unité et l'amour sont les causes de la vie, tandis que la répulsion, la discorde, la haine et la séparation conduisent à la mort.

(53.14)
Nous avons vu que tout ce qui produit la division dans le monde de l'existence cause la mort. Cette même loi agit de façon identique dans le monde de l'esprit. Aussi chacun des serviteurs du Dieu unique devrait-il obéir à la loi d'amour, éviter la haine, la discorde et la lutte.

(53.15)
En observant la nature, on remarque que les animaux les plus doux s'assemblent pour vivre en petits groupes ou en troupeaux, tandis que les créatures sauvages et féroces telles que le lion, le tigre et le loup, vivent dans les forêts vierges, à l'écart de la civilisation.

(53.16)
Deux loups ou deux lions peuvent vivre ensemble d'une manière amicale; mais mille moutons partageront la même bergerie, et un grand nombre de daims peuvent former un seul troupeau. Deux aigles peuvent habiter au même endroit; mais un millier de colombes se rassembleront sous un seul abri.

(53.17)
L'homme devrait au moins pouvoir être compté parmi les animaux les plus doux. Mais quand il devient féroce, il est plus cruel et plus méchant que l'animal le plus sauvage de la création.

(53.18)
Or, Bahá'u'lláh a proclamé l'unité du genre humain. Tous les peuples et toutes les nations forment une seule famille; ce sont les enfants d'un seul père et ils devraient se comporter comme des frères et des soeurs les uns pour les autres.

(53.19)
J'espère que vous vous efforcerez, par votre conduite, de manifester et de propager cet enseignement.

(53.20)
Bahá'u'lláh a dit que nous devrions aimer même nos ennemis et nous conduire en amis avec eux. Si tous les hommes se conformaient à ce principe, l'entente et l'unité les plus grandes régneraient dans le coeur des êtres humains.


54. Troisième principe: Religion cause d'amour et d'amitié

(54.1)
Ce principe est exposé avec ampleur dans les nombreux autres discours contenus en ce volume, ainsi que dans les explications de plusieurs autres des principes.


55. Quatrième principe: Accord entre la religion et la science

(55.1)
Je vous ai entretenu de quelques-uns des principes de Bahá'u'lláh: Recherche de la Vérité et Unité du Genre humain. Je vais maintenant vous développer le quatrième principe; il consiste à accepter le lien qui existe entre la religion et la science.

(55.2)
La vraie religion et la science ne sont pas en contradiction. Lorsqu'une religion est en opposition avec la science, elle devient une pure superstition. Ce qui est contraire à la connaissance est ignorance.

(55.3)
Comment un homme peut-il croire à la réalité d'un fait démontré impossible par la science ? Si, contre toute raison, il y croit encore, c'est plutôt par une superstition aveugle que par la foi.

(55.4)
Les vrais principes de toutes les religions sont conformes aux enseignements de la science.

(55.5)
L'unité de Dieu est une idée logique qui n'est pas en opposition avec les conclusions résultant des études scientifiques. Toutes les religions enseignent que nous devons faire le bien et nous montrer généreux, sincères, francs, fidèles et respectueux de la loi. Tout cela est raisonnable, et c'est logiquement le seul moyen par lequel l'humanité peut progresser.

(55.6)
Toutes les lois religieuses sont conformes à la raison. Elles conviennent aux peuples pour lesquels elles ont été conçues, et pour la période pendant laquelle elles devront être suivies.

(55.7)
La religion possède deux aspects essentiels: 1) Le côté spirituel, 2) Le côté pratique. Ce qui est d'ordre spirituel ne change jamais. Toutes les manifestations et tous les prophètes de Dieu ont enseigné les mêmes vérités et nous ont donné la même loi spirituelle. Tous donnent le même code de moralité. La vérité ne se divise pas.

(55.8)
Le soleil a projeté bien des rayons pour éclairer l'intelligence humaine. La lumière est toujours la même.

(55.9)
L'aspect pratique de la religion traite des cérémonies et des formes extérieures, ainsi que des modes de punition, pour certaines offenses. C'est le côté matériel de la loi qui règle les moeurs et les coutumes des peuples.

(55.10)
Au temps de Moïse, dix crimes étaient punis de mort. Quand vint le Christ, ceci fut modifié. Le vieil axiome: "oeil pour oeil, dent pour dent" fut remplacé par: "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. " La vieille loi rigide fut changée en une loi d'amour, de pitié et de patience.

(55.11)
Dans les temps anciens, on coupait la main droite à un voleur. Aujourd'hui, cette loi ne pourrait plus être appliquée. De nos jours, un homme qui maudit son père est laissé en vie, alors qu'autrefois il eut été mis à mort.

(55.12)
Par conséquent, il est évident que la loi spirituelle ne change jamais, alors que les règles pratiques doivent s'adapter aux nécessités de l'époque.

(55.13)
L'aspect spirituel de la religion est le plus élevé, le plus important des deux. C'est le même en tous temps: hier, aujourd'hui, demain et toujours. Il ne change jamais; comme il fut au commencement, il est maintenant et sera à jamais.

(55.14)
Toutes les questions morales comprises dans la loi spirituelle immuable de chaque religion sont logiquement justes. Si la religion était contraire à la raison logique, elle ne serait plus une religion, mais simplement une tradition.

(55.15)
La religion et la science sont les deux ailes qui permettent à l'intelligence de l'homme de s'élever vers les hauteurs, et à l'âme humaine de progresser. Il n'est pas possible de voler avec une aile seulement.

(55.16)
Si quelqu'un essayait de voler avec l'aile de la religion seulement, il tomberait bientôt dans le marécage de la superstition, tandis que, d'autre part, avec l'aile de la science seulement, il ne ferait aucun progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme.

(55.17)
Toutes les religions du temps présent sont tombées dans les pratiques superstitieuses qui ne sont en accord ni avec les vrais principes de l'enseignement qu'elles représentent, ni avec les découvertes scientifiques d'aujourd'hui.

(55.18)
De nombreux chefs religieux en sont venus à penser que l'importance de la religion consiste principalement à accepter certains dogmes et à pratiquer des rites et des cérémonies. Ceux dont ils prétendent guérir les âmes apprennent à croire de même, et ils s'attachent avec ténacité à ces formes extérieures, les confondant avec la vérité profonde.

(55.19)
Or, ces formes et ces rites changent selon les églises et les différentes sectes. Ils se contredisent même les uns les autres faisant naître la discorde, la haine et la désunion.

(55.20)
Le résultat de toutes ces dissensions est la croyance - professée par bien des hommes cultivés - que religion et science sont des termes qui se contredisent, que la religion ne nécessite aucune réflexion et ne devrait en aucune façon être réglementée par la science, mais que forcément toutes deux doivent être en opposition.

(55.21)
La conséquence fâcheuse de ceci, c'est que la science s'est écartée de la religion et que celle-ci est devenue une mise en pratique purement aveugle et plus ou moins apathique des préceptes de certains chefs religieux. Et ces chefs insistent pour que leurs dogmes préférés soient acceptés, même s'ils sont en contradiction avec la science. Ceci est ridicule, car il est bien évident que la science est lumière, et par conséquent, la religion vraiment digne de ce nom ne peut s'opposer à la connaissance.

(55.22)
Les expressions "lumière et obscurité", "religion et science", nous sont familières. Mais la religion qui n'avance pas la main dans la main avec la science se trouve elle-même dans les ténèbres de la superstition et de l'ignorance.

(55.23)
La discorde et la désunion qui règnent dans le monde proviennent pour une grande part de ces oppositions et de ces contradictions forgées par les hommes.

(55.24)
Si la religion était en accord avec la science, et si toutes deux progressaient côte à côte, cela mettrait fin à bien des haines et des animosités qui, actuellement, plongent la race humaine dans la détresse.

(55.25)
Réfléchissez à ce qui distingue l'homme des autres créatures et en fait un être à part; n'est-ce pas sa faculté de raisonner, son intelligence ? Ne se servira-t-il pas de ces pouvoirs pour étudier la religion ?

(55.26)
Je vous recommande de peser soigneusement dans la balance de la raison et de la science, tout ce qui vous est présenté comme religion. Si l'examen est satisfaisant, acceptez-la, car c'est la vérité. Si, au contraire, cette religion n'est pas en accord avec la science, rejetez-la car c'est de l'ignorance.

(55.27)
Regardez autour de vous et voyez comme le monde actuel est submergé par la superstition et les formes extérieures. Il est des gens qui adorent le fruit de leur propre imagination; ils se créent un dieu imaginaire et ils l'adorent, alors que cette création de leur intelligence limitée ne peut être le Créateur puissant et infini de toutes choses, visibles et invisibles.

(55.28)
D'autres vénèrent le soleil ou les arbres, ou encore les pierres. Autrefois, il y eut ceux qui adoraient la mer, les nuages et même l'argile.

(55.29)
Aujourd'hui, les hommes en sont venus à un attachement tel pour les cérémonies et les formes extérieures, qu'ils se disputent sur tel point du rituel ou telle pratique particulière, et qu'on entend de tous côtés l'écho de leurs arguments fastidieux et de leur inquiétude.

(55.30)
Il y a des individus à l'esprit faible dont les facultés rationnelles ne sont pas développées. Il ne faut pourtant pas douter de la force et du pouvoir de la religion, parce que ces personnes sont incapables de la comprendre.

(55.31)
Un jeune enfant ne peut comprendre les lois qui gouvernent la nature, mais c'est parce que son intelligence n'est pas développée. Quand il aura grandi et qu'il sera éduqué, lui aussi comprendra les vérités éternelles.

(55.32)
Un enfant ne réalise pas le fait que la terre tourne autour du soleil mais lorsque son intelligence sera éveillée, ce fait lui paraîtra clair et simple. Il est impossible que la religion soit contraire à la science même si certains esprits sont trop faibles ou n'ont pas la maturité voulue pour comprendre la vérité.

(55.33)
Dieu a fait la religion et la science pour servir en quelque sorte de critère à notre entendement. Veillez à ne pas négliger un si merveilleux pouvoir. Pesez toutes choses sur cette balance.

(55.34)
Pour celui qui peut comprendre, la religion est comme un livre ouvert. Mais comment serait-il possible à un homme dépourvu de raison et de facultés intellectuelles de saisir les divines réalités de Dieu ?

(55.35)
Conformez toutes vos croyances à la science. Il ne peut exister d'opposition, puisque la vérité est une.

(55.36)
Quand la religion délivrée de ses superstitions, de ses traditions et de ses dogmes inintelligibles, se trouvera en conformité avec la science, alors une grande force d'union et d'assainissement paraîtra dans le monde. Cette force détruira toutes les guerres, les conflits, les luttes et les discordes, et l'humanité sera unie dans la puissance de l'amour de Dieu.


56. Cinquième principe: Abolition des préjugés

(56.1)
Il faut renoncer à tous les préjugés, qu'ils soient de nature religieuse, raciale, nationale ou politique, car ils sont la cause des maux dont souffre l'humanité. Il s'agit d'une grave maladie qui, à moins d'être arrêtée, est capable de détruire la race humaine tout entière.

(56.2)
Toutes les guerres désastreuses, avec leur cortège de misères et de carnages, ont eu leur point de départ dans les préjugés. Les luttes déplorables, qui continuent de nos jours, sont provoquées par la haine religieuse et fanatique d'un peuple pour un autre, ou par des préjugés de race ou de couleur.

(56.3)
Tant que toutes ces barrières dressées par les préjugés ne seront pas jetées bas, l'humanité ne trouvera pas la paix. C'est pourquoi Bahá'u'lláh a dit: "Ces préjugés sont la ruine du genre humain. "

(56.4)
Envisagez d'abord le préjugé religieux. Considérez les nations peuplées de gens soi-disant religieux. S'ils étaient de vrais adorateurs de Dieu, ils obéiraient à sa loi qui leur défend de s'entre-tuer. Si les prêtres de la religion adoraient réellement le Dieu d'amour et suivaient la divine lumière, ils enseigneraient à leurs fidèles d'observer le principal commandement: "amour et charité envers tous les hommes. " Mais nous voyons le contraire, car ce sont souvent les prêtres qui encouragent les nations à combattre. La haine de religion est toujours la plus cruelle.

(56.5)
Toutes les religions nous apprennent que nous devrions nous aimer les uns les autres, que nous devrions rechercher nos propres défauts, avant de nous permettre de condamner les fautes d'autrui, et que nous ne devons pas nous considérer comme étant supérieurs à notre prochain.

(56.6)
Il faut prendre garde de ne pas avoir une trop haute opinion de nous-mêmes, de peur d'être humiliés ensuite. Qui sommes-nous pour juger les autres ?

(56.7)
Comment reconnaîtrons-nous celui qui, au regard de Dieu, est l'homme le plus droit ? Les pensées de Dieu ne sont pas comme les nôtres. Combien d'hommes, considérés comme des saints par leurs amis, ne sont-ils pas tombés ensuite dans la plus grande humiliation. Pensez à Juda Iscariote; il avait bien commencé, mais souvenez-vous de sa fin. Par ailleurs, l'apôtre Paul fut un ennemi du Christ au début de sa vie cependant que, plus tard, il devint son plus fidèle serviteur.

(56.8)
Comment pouvons-nous alors nous vanter et mépriser les autres ? Soyons donc humbles, sans préjugé, préférant le bien des autres à notre bien personnel. Ne disons jamais: "Je suis croyant, lui c'est un infidèle. ", "Je suis près de Dieu, tandis que lui est un réprouvé. " Nous ne pouvons jamais savoir quel sera le jugement final.

(56.9)
Aussi, aidons tous ceux qui ont besoin de secours quel qu'il soit. Instruisons l'ignorant. Prenons soin du jeune enfant jusqu'à son âge mûr. Quand nous rencontrons un être tombé dans un abîme de misère ou de péché, nous devons être bons pour lui, le prendre par la main, l'aider à reprendre pied et à retrouver ses forces. Il faut le guider avec amour et tendresse, le traiter comme un ami et non comme un ennemi.

(56.10)
Nous n'avons aucun droit de considérer nos compagnons mortels, quels qu'ils soient, comme des êtres mauvais.

(56.11)
Quant au préjugé de race, c'est une illusion, une superstition pure et simple. Car Dieu nous a créés tous de la même race. Il n'existait pas de différence au commencement puisque nous descendons tous d'Adam. Il n'y avait non plus ni frontières ni limites entre les différents pays. Aucune région de la terre n'appartenait plus spécialement à un peuple qu'à un autre.

(56.12)
Pour Dieu, il n'y a aucune différence entre les diverses races. Pourquoi l'homme inventerait-il un tel préjugé ? Comment pouvons-nous soutenir une guerre au nom d'une illusion ? Dieu n'a pas créé les hommes pour qu'ils se détruisent mutuellement.

(56.13)
Toutes les races, les tribus, les sectes et les classes reçoivent équitablement leur part des bontés du Père céleste. La seule différence réside dans le degré de fidélité ou d'obéissance aux lois de Dieu. Il est des êtres qui sont comme des torches lumineuses, d'autres qui scintillent comme des astres au ciel de l'humanité.

(56.14)
Ceux qui aiment l'humanité sont des êtres supérieurs quelles que soient leur nationalité, leur couleur ou leur croyance. Car c'est à eux que Dieu adressera ces paroles bénies: "C'est bien ainsi, mes bons et fidèles serviteurs " Ce jour-là, Il ne demandera pas: "Etes-vous Anglais, Français ou Persan ? Venez-vous d'Orient ou d'Occident ?"

(56.15)
La seule distinction qui soit réelle est celle-ci: Il y a des êtres qui appartiennent au monde spirituel et d'autres au monde terrestre; les uns servent l'humanité, faisant abnégation d'eux-mêmes pour l'amour du Très-Haut, amenant l'harmonie et l'union et préconisant la paix et la bonne volonté parmi les hommes. Les autres sont des hommes égoïstes qui haïssent leurs frères, dont le coeur renferme des préjugés au lieu d'une aimante bienveillance, et dont l'influence engendre la discorde et la lutte.

(56.16)
A quelle race ou à quelle couleur appartiennent ces deux catégories d'êtres humains, à la blanche, à la jaune, ou à la noire ? Viennent-ils de l'Est ou de l'Ouest, du Nord ou du Sud ? Si ces traits distinctifs viennent de Dieu, pourquoi en inventer d'autres ?

(56.17)
Le préjugé politique est également néfaste. C'est une des causes les plus graves des conflits implacables entre les enfants des hommes.

(56.18)
Il existe des gens qui prennent plaisir à provoquer la discorde, qui s'efforcent de pousser sans cesse leur pays à faire la guerre aux autres nations. Et pourquoi ? Ils croient en retirer un bénéfice pour leur propre pays, au détriment de tous les autres. Ils envoient des armées pour harceler ces territoires et les détruire, pour le plaisir de conquérir et de se couvrir de gloire aux yeux du monde, afin qu'on dise: "Tel pays en a vaincu un autre, et il l'a mis sous le joug de sa loi, plus forte et bien supérieure à la sienne. "

(56.19)
Cette victoire, acquise au prix de tant de sang, n'est pas durable Un jour, le conquérant sera conquis à son tour et les vaincus seront victorieux. Souvenez-vous de l'histoire du passé: La France n'a-t-elle pas conquis l'Allemagne plus d'une fois ? Et à son tour l'Allemagne n'a-t-elle pas vaincu la France ? Nous savons aussi que la France a conquis l'Angleterre; puis ce fut l'Angleterre qui l'emporta sur la France.

(56.20)
Ces conquêtes fameuses sont tellement éphémères ! Pourquoi y attacher une si grande importance et leur attribuer cette gloire, jusqu'à vouloir répandre le sang des peuples pour y parvenir ?

(56.21)
Est-il une victoire qui vaille l'inévitable suite des maux dû aux massacres, aux chagrins, à la désolation et à la ruine qui accablent tant de foyers chez les deux nations en conflit ? Car il est impossible qu'un seul des deux pays en souffre.

(56.22)
Oh ! Pourquoi l'homme, l'enfant désobéissant de Dieu, qui devrait être un exemple illustrant le pouvoir de la loi spirituelle, se détourne-t-il de l'enseignement divin pour porter tous ses efforts sur la guerre et la destruction ?

(56.23)
J'ai l'espoir qu'en ce siècle éclairé, la divine lumière de l'amour répandra son rayonnement sur toute la terre et touchera les coeurs réceptifs de tous les humains.

(56.24)
J'espère que la lumière du Soleil de Vérité incitera les politiciens à se débarrasser de toutes ces prétentions dues aux préjugés et à la superstition et que, d'un esprit libéré, ils suivront la politique de Dieu, car cette divine politique est puissante, tandis que celle des hommes est impuissante.

(56.25)
Dieu a tout créé dans le monde, et Il accorde sa divine bonté à toutes les créatures. Ne sommes-nous pas des serviteurs de Dieu ? Allons-nous négliger de suivre l'exemple de notre Maître et ignorer ses commandements ?

(56.26)
Je prie pour que s'établisse le royaume de Dieu sur la terre, et pour que toute l'obscurité soit dissipée par le rayonnement du Soleil céleste.


57. Sixième principe: Egalisation des moyens d'existence

(57.1)
L'un des principes les plus importants de l'enseignement de Bahá'u'lláh est le droit de chaque être humain au pain quotidien qui entretient la vie ou à l'égalisation des moyens d'existence.

(57.2)
L'ajustement des conditions de vie doit être tel que la pauvreté des peuples disparaisse et que chacun, autant que possible et suivant son rang et sa position, ait sa part de confort et de bien-être.

(57.3)
Nous voyons autour de nous, d'une part des gens surchargés de richesses, et de l'autre, des êtres malheureux, affamés, privés de tout, ceux qui possèdent plusieurs palais somptueux, et ceux qui ne savent pas où reposer leur tête.

(57.4)
Les uns se nourrissent de plats délicats et coûteux, alors que d'autres trouvent à peine assez de croûtes de pain pour subsister. Quelques-uns sont vêtus de velours, de fourrures et de lingeries fines, les autres de minces vêtements de mauvaise qualité, insuffisants pour les protéger du froid. Cet état de choses est injuste et il faut y remédier.

(57.5)
Mais le remède doit être choisi avec circonspection. Il ne peut consister à établir l'égalité absolue entre les hommes. Celle-ci est une chimère tout à fait impraticable. Même si on parvenait à l'établir, elle ne pourrait durer. Et si cette égalité était possible, tout l'ordre du monde en serait détruit.

(57.6)
La loi de l'ordre doit toujours prévaloir chez les humains. Le ciel l'a ainsi décrété en créant l'homme.

(57.7)
Il est des êtres très intelligents, d'autres pourvus d'une intelligence ordinaire, et d'autres encore dépourvus d'intellect. Entre ces trois catégories de personnes, il y a de l'ordre mais pas d'égalité. Comment pourrait-il y avoir égalité entre la sagesse et la stupidité ?

(57.8)
L'humanité exige, comme une grande armée, un général, des capitaines, des sous-officiers de tous grades et des soldats qui aient chacun une affectation bien déterminée.

(57.9)
La hiérarchie est absolument nécessaire pour assurer une organisation méthodique. Une armée ne pourrait se composer seulement de généraux, ou de capitaines, ou seulement de soldats sans une autorité à leur tête. Il en résulterait à coup sûr le désordre et la démoralisation pour toute l'armée.

(57.10)
Le roi et philosophe Lycurgue avait combiné un vaste plan pour établir l'égalité parmi les habitants de Sparte. L'expérience fut tentée avec sagesse et esprit de sacrifice. Le roi appela ensuite les sujets de son royaume, puis il leur fit jurer solennellement de maintenir le même système de gouvernement s'il quittait le pays, et de n'en rien modifier jusqu'à son retour. Ayant reçu ce serment, il quitta le royaume de Sparte et n'y revint jamais. [nota : le roi et philosophe Lycurgue vécu au IXe siècle avant Jésus-Christ]

(57.11)
Lycurgue abandonna ainsi sa situation, renonçant à sa haute position, et croyant assurer le bonheur permanent du pays par l'égalisation des biens et des conditions d'existence dans son royaume. Tout le sacrifice de ce roi fut vain. La grande expérience échoua. Au bout de quelque temps, tout fut aboli et sa constitution soigneusement élaborée fut changée.

(57.12)
La puérilité d'une telle tentative apparut, et l'impossibilité d'établir des conditions égales d'existence fut proclamée dans l'ancien royaume de Sparte. De nos jours, tout essai de ce genre serait également voué à l'échec.

(57.13)
Etant donné l'excessive richesse des uns et la pauvreté lamentable des autres, une organisation est nécessaire pour contrôler et améliorer cet état de choses. Il importe de limiter les fortunes et aussi de limiter la pauvreté. Ces extrêmes ne sont pas justes. Il est préférable d'avoir des ressources moyennes.

(57.14)
Si, pour un capitaliste, il est juste de posséder une grande fortune, il est également juste que ses employés aient des moyens d'existence suffisants. Un financier ne devrait pas posséder une richesse considérable alors que son malheureux voisin est dans un cruel dénuement.

(57.15)
Quand on voit la pauvreté aller jusqu'à la famine, c'est un signe certain que la tyrannie se cache quelque part.

(57.16)
Les hommes doivent se hâter sans plus attendre de modifier ces conditions qui réduisent un grand nombre de gens à une déprimante pauvreté. Il faut que les riches ouvrent leur coeur, développent en eux une intelligente compassion, qu'ils s'occupent de ces malheureux dénués des premières nécessités de la vie et leur donnent une partie de leurs richesses.

(57.17)
Des lois spéciales doivent être établies concernant ces conditions extrêmes de richesse et de pauvreté.

(57.18)
Les membres du gouvernement devraient réfléchir aux lois de Dieu quand ils forment des plans pour gouverner les peuples.

(57.19)
L'ensemble des droits de l'humanité doit être maintenu et préservé.

(57.20)
Les gouvernements devraient se conformer à la loi divine qui témoigne une égale justice à tous. Tel est le seul moyen permettant de supprimer le regrettable superflu que procure une immense fortune, ainsi que la pauvreté déplorable qui démoralise et dégrade l'homme. Tant que ceci ne sera pas accompli, nous n'aurons pas obéi à la loi de Dieu.


58. Septième principe: Egalité des hommes

(58.1)
"Les lois de Dieu ne sont pas des contraintes provenant d'une volonté, d'un pouvoir ou d'un bon plaisir, mais des résolutions dictées par la vérité, la raison et la justice. "

(58.2)
Tous les hommes sont égaux devant la loi qui doit régner de façon absolue.

(58.3)
L'objet de la punition n'est pas la vengeance mais la prévention du crime.

(58.4)
Les rois doivent gouverner avec sagesse et justice. Les princes, les pairs et les paysans ont des droits égaux à la justice. Personne ne doit avoir de privilège particulier.

(58.5)
Un juge ne doit pas "respecter la personnalité", mais appliquer la loi avec une stricte impartialité, dans tous les cas qui se présentent.

(58.6)
Si quelqu'un commet un crime envers vous, vous n'avez pas le droit de le punir. Mais la loi se doit de le punir afin d'éviter la réédition du même crime par d'autres, car la souffrance de l'individu est de peu d'importance à côté du bien public en général.

(58.7)
Quand la justice parfaite régnera dans tous les pays d'orient et d'occident, la terre deviendra une planète de beauté.

(58.8)
La dignité et l'égalité de chaque serviteur de Dieu seront reconnues. Cet idéal, la solidarité de la race humaine et la vraie fraternité, sera réalisé, et la glorieuse lumière du Soleil de Vérité illuminera les âmes de tous les hommes.


59. Huitième principe: paix universelle, langue universelle

(59.1)
Un tribunal suprême sera établi par les peuples et les gouvernements de chaque nation. Il se composera des membres élus par ces pays et ces gouvernements. Les membres de ce grand conseil s'assembleront dans un esprit d'unité. Tout litige d'ordre international sera soumis à cette cour dont le rôle sera d'arbitrer tout ce qui, autrement, serait une cause de guerre.

(59.2)
L'un des grands pas vers la paix universelle serait l'établissement d'une langue universelle.

(59.3)
Bahá'u'lláh ordonne aux serviteurs de l'humanité de se réunir pour choisir ensemble une langue qui existe déjà, ou pour en former une nouvelle.

(59.4)
Ceci fut révélé dans le Kitáb-i-Aqdas il y a quarante ans. Ce livre indique que la question de la diversité des langues est très difficile à régler. Il y a plus de huit cents langages différents dans le monde, et personne ne pourrait les connaître tous. [nota : le Kitáb-i-Aqdas est le livre des lois de Bahá’u’lláh]

(59.5)
Les races qui composent l'humanité ne sont plus isolées comme jadis. Aujourd'hui, pour être en étroite relation avec tous les pays, il est nécessaire de pouvoir parler leur langue. Une langue universelle rendrait possible les relations avec chaque pays.

(59.6)
Il suffirait ainsi de connaître deux langues seulement: la langue maternelle et la langue universelle. Cette dernière permettrait à un homme de communiquer avec n'importe qui dans le monde. Une troisième langue ne serait pas nécessaire.

(59.7)
Comme ce serait utile et agréable de pouvoir s'entretenir avec un membre de n'importe quelle race et de n'importe quel pays, sans recourir à un interprète.

(59.8)
C'est dans ce but que l'espéranto a été composé. C'est une belle invention, un admirable travail, mais qui demande à être perfectionné. Tel qu'il est, l'espéranto présente de grandes difficultés pour certaines personnes.

(59.9)
Un congrès international devrait être convoqué, comprenant des délégués de toutes les nations d'Orient et d'Occident. Ce congrès devrait composer une langue que tout le monde pourrait apprendre, et chaque pays en retirerait un grand bénéfice.

(59.10)
Tant qu'un tel langage ne sera pas utilisé, le monde continuera à ressentir le grand besoin de ce moyen d'entente.

(59.11)
La diversité des langues est l'une des causes les plus fécondes de méfiance et d'animosité entre les nations; celles-ci restent à l'écart les unes des autres à cause de leur incapacité à se comprendre, plus que pour toute autre raison.

(59.12)
Si tout le monde pouvait parler la même langue, comme ce serait plus facile de servir le genre humain.

(59.13)
Aussi faut-il apprécier l'espéranto, car c'est le début de l'accomplissement d'une des plus importantes lois de Bahá'u'lláh et il faut continuer à l'améliorer et à le perfectionner.


60. Neuvième principe: Non-ingérence de la religion dans la politique

(60.1)
La conduite de l'homme est inspirée par deux mobiles principaux: "l'espoir de la récompense" et "la crainte du châtiment". Les autorités qui remplissent d'importantes fonctions au sein du gouvernement doivent donc prendre ces deux sentiments en considération. Leur tâche consiste, après s'être consultées, à créer des lois et à en assurer la stricte application.

(60.2)
L'édifice de l'ordre dans le monde est érigé et construit sur les deux piliers de "la récompense et de la rétribution".

(60.3)
Sous un gouvernement despotique, occupé par des hommes dénués de foi en Dieu, dans lequel la crainte de la rétribution spirituelle est absente, l'application des lois est faite d'une manière tyrannique et injuste.

(60.4)
Il n'est pas de meilleur moyen d'éviter l'oppression que ces deux sentiments d'espoir et de crainte. Ils ont tous deux des conséquences politiques et spirituelles.

(60.5)
Si les administrateurs de la loi prenaient en considération les conséquences spirituelles de leurs décisions, et s'ils suivaient les directives de la religion, "ils seraient les divins agents sur le plan effectif, les représentants de Dieu pour les habitants de la terre. Pour l'amour de Dieu, ils défendraient les intérêts de ses serviteurs comme ils défendraient les leurs. "

(60.6)
Si un gouverneur se rend compte de sa responsabilité et s'il craint de braver la loi divine, ses jugements seront justes. Si, par-dessus tout, il croit que les conséquences de ses actes le poursuivront au-delà de sa vie terrestre, et qu'il "récoltera ce qu'il aura semé", cet homme fuira certainement l'injustice et la tyrannie.

(60.7)
Au contraire, si un fonctionnaire pense que la responsabilité de ses actes doit prendre fin avec sa vie terrestre, s'il n'a aucune idée sur les faveurs divines ni sur le royaume de félicité, et s'il n'y croit pas, il manquera du stimulant nécessaire pour se conduire avec droiture, ainsi que de l'inspiration voulue pour détruire l'oppression et l'injustice.

(60.8)
Quand un souverain sait que ses jugements seront pesés sur la balance du divin Juge, et que, si l'examen est satisfaisant, il entrera dans le royaume céleste où la lumière de la bonté divine brillera sur lui, il agira certainement avec équité et justice. Voyez combien il importe que les ministres d'Etat soient éclairés par la religion.

(60.9)
Le clergé cependant, doit rester en dehors des questions politiques. Dans l'état actuel du monde, les affaires religieuses ne devraient pas être mêlées à la politique, leurs intérêts n'étant pas les mêmes. La religion touche aux questions du coeur, de l'esprit et de la morale. La politique concerne le côté matériel de la vie.

(60.10)
Les instructeurs religieux ne devraient pas empiéter sur le domaine politique. Ils devraient se consacrer à l'éducation spirituelle des peuples, donner sans cesse d'utiles conseils aux hommes, essayant de servir Dieu et l'espèce humaine. Ils devraient tâcher d'éveiller les aspirations spirituelles et s'efforcer d'élargir la compréhension et les connaissances des humains, de perfectionner la morale et de développer l'amour de la justice.

(60.11)
Tout ceci est conforme aux enseignements de Bahá'u'lláh. Dans les Evangiles aussi, il est écrit: "Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu. "

(60.12)
En Perse, quelques-uns des ministres d'Etat sont des hommes religieux, exemplaires, adorant Dieu et craignant de désobéir à ses lois; ils jugent avec justice et gouvernent le peuple avec équité. D'autres gouverneurs de ce pays n'ont aucune crainte de Dieu; ils ne se soucient pas de leurs actes, travaillant pour satisfaire leurs propres désirs, ce qui a jeté la Perse dans de graves ennuis et difficultés.

(60.13)
O amis de Dieu, soyez de vivants exemples de justice afin que, par la grâce de Dieu, le monde puisse voir d'après vos actes que vous manifestez les attributs de justice et de pitié.

(60.14)
La justice n'est pas limitée; c'est une qualité universelle. Son action doit s'étendre à toutes les classes, de la plus élevée à la plus basse.

(60.15)
La justice doit être une chose sacrée. Il faut que les droits de tous les peuples soient pris en considération. Ne souhaitez aux autres que ce que vous désirez pour vous-mêmes. Nous nous en réjouirons sous le soleil de justice qui brille de l'horizon de Dieu.

(60.16)
Tout homme a été placé à un poste d'honneur qu'il ne doit pas déserter. L'humble ouvrier qui commet une injustice mérite le même blâme qu'un tyran célèbre. Ainsi, nous avons tous le choix entre la justice et l'injustice.

(60.17)
J'espère que chacun d'entre vous deviendra juste et dirigera ses pensées vers l'unité de l'humanité, que vous ne direz du mal de personne et ne nuirez pas à votre prochain. J'espère que vous respecterez les droits de chacun, vous souciant plus des intérêts des autres que de vos propres intérêts. Vous deviendrez ainsi des flambeaux de divine justice.

(60.18)
Vous agirez conformément aux enseignements de Bahá'u'lláh qui, pendant sa vie, supporta d'innombrables épreuves et persécutions, dans le but de manifester au sein de l'humanité les vertus du monde divin. Vous pourrez ainsi réaliser la suprématie de l'esprit et vous réjouir en la justice de Dieu.

(60.19)
Par sa miséricorde, la bonté divine descendra sur vous, et c'est pour cela que je prie.


61. Dixième principe: Egalité des sexes

(61.1)
Le dixième principe de l'enseignement de Bahá'u'lláh, c'est l'égalité des sexes. Dieu a créé tous les êtres par couples. Homme, animal ou végétal, toutes les créatures de ces trois règnes sont des deux sexes, et l'égalité est absolue entre elles.

(61.2)
Le monde végétal comprend des plantes mâles et des plantes femelles dont les droits sont égaux, et qui partagent pareillement la beauté de leur espèce, quoiqu'on pourrait vraiment dire que l'arbre donnant des fruits est supérieur à l'arbre stérile.

(61.3)
Dans le monde animal, nous voyons que le mâle et la femelle ont les mêmes droits, et que chacun d'eux jouit des avantages de son espèce.

(61.4)
Nous avons donc constaté que, dans les deux règnes inférieurs de la nature, il n'est pas question de la supériorité d'un sexe sur l'autre. Dans l'espèce humaine il y a une grande différence; le sexe féminin est considéré comme inférieur, et on ne lui accorde pas de droits et de privilèges égaux à ceux de l'autre sexe. Cette condition ne vient pas de la nature mais de l'éducation.

(61.5)
Dans la création divine, il n'y a pas de distinction semblable et, au regard de Dieu, l'un des sexes n'est pas supérieur à l'autre. Pourquoi donc l'un d'eux devrait-il affirmer l'infériorité de l'autre, lui refusant les justes droits et les privilèges, comme si Dieu avait autorisé une telle ligne de conduite ?

(61.6)
Si les femmes bénéficiaient, comme les hommes, des avantages de l'éducation, le résultat démontrerait leur égale capacité pour les études.

(61.7)
A certains égards, la femme est supérieure à l'homme. Elle a le coeur plus tendre, elle est plus réceptive et possède une intuition plus vive.

(61.8)
On ne peut nier qu'en différents domaines, la femme soit actuellement moins avancée que l'homme, ni que cette infériorité temporaire soit due à ce que l'occasion de s'instruire lui ait fait défaut.

(61.9)
Face aux nécessités de la vie, la femme est mieux armée que l'homme, car c'est à elle qu'il doit son existence même.

(61.10)
Si la mère est éduquée, ses enfants recevront une bonne éducation. Une mère sage guide ses enfants dans la voie de la sagesse. Une mère pieuse leur enseigne comment ils devraient aimer Dieu. Une mère douée d'une bonne moralité dirigera ses jeunes enfants dans la voie de l'honnêteté.

(61.11)
Il est donc clair que la génération future dépend des mamans d'aujourd'hui. N'est-ce pas une responsabilité vitale pour la femme ? N'est-il pas nécessaire de lui donner tous les avantages possibles pour l'équiper en vue d'une telle tâche ?

(61.12)
Par conséquent, Dieu n'est sûrement pas satisfait qu'un instrument aussi important que la femme doive souffrir du manque d'instruction, et ne puisse acquérir les qualités souhaitables et nécessaires pour accomplir la grande oeuvre de sa vie.

(61.13)
La justice divine exige que les droits des deux sexes soient également respectés puisque, au regard de Dieu, aucun des deux n'est supérieur à l'autre.

(61.14)
Pour Dieu, la dignité ne dépend pas du sexe mais de la pureté et de l'éclat du coeur.

(61.15)
Les vertus humaines sont données à tous de manière équivalente. La femme doit donc s'efforcer d'atteindre à une plus haute perfection, d'être l'égale de l'homme à tous égards et de faire des progrès pour rattraper son retard, afin que l'homme soit obligé de reconnaître cette égalité d'aptitudes et de réalisation.

(61.16)
En Europe, les femmes ont fait de plus grands progrès qu'en Orient, mais il reste encore beaucoup à faire.

(61.17)
Quand les étudiants sont arrivés au terme de leur année d'école, ils passent un examen dont le résultat détermine la somme de connaissances et de capacités de chacun d'eux. Il en sera de même pour la femme: ses actions démontreront sa mesure; il ne sera plus nécessaire de la proclamer par des paroles.

(61.18)
C'est mon espoir que les femmes progresseront rapidement en Orient comme en Occident, jusqu'à ce que l'humanité atteigne la perfection.

(61.19)
La bonté de Dieu est destinée à tous et donne à chacun la force de progresser.

(61.20)
Quand les hommes reconnaîtront l'égalité des hommes et des femmes, celles-ci n'auront plus besoin de lutter pour leurs droits.

(61.21)
L'un des principes de Bahá'u'lláh, c'est donc l'égalité des sexes. Les femmes doivent faire les plus grands efforts pour acquérir la force spirituelle et pour accroître leurs qualités de sagesse et de sainteté, jusqu'à ce que leurs lumières et leur ardeur réussissent à établir l'unité du genre humain.

(61.22)
Il leur faut travailler avec un enthousiasme fervent pour propager les enseignements de Bahá'u'lláh parmi les peuples, afin que la lumière radieuse de la bonté divine puisse entourer les âmes de toutes les nations du monde.


62. Onzième principe: Puissance de l'esprit saint

(62.1)
Dans les enseignements de Bahá'u'lláh, il est écrit: "C'est seulement par la force de l'Esprit saint que l'homme est capable de progresser, car la puissance de l'homme est limitée, alors que la puissance divine est sans bornes. "

(62.2)
L'étude de l'histoire nous porte à conclure que tous les hommes vraiment grands, les bienfaiteurs de la race humaine, ceux qui ont fait aimer le bien et haïr le mal, qui ont Suscité un progrès réel, ont été inspirés par la force l'Esprit saint.

(62.3)
Les prophètes de Dieu n'ont pas tous étudié dans les écoles de haute philosophie. Ce furent souvent des êtres d'humble naissance, ignorants en apparence, des inconnus sans aucune importance aux yeux du monde, parfois même ne sachant ni lire ni écrire. Ce qui éleva ces êtres supérieurs au-dessus des autres hommes et leur permit d'enseigner la vérité, ce fut le pouvoir de l'Esprit saint. C'est par la vertu de cette puissante inspiration qu'ils eurent une grande et profonde influence sur l'humanité.

(62.4)
Dépourvue de cet esprit divin, l'influence des philosophes les plus sages fut, par comparaison, de peu d'importance, malgré leurs études approfondies et l'étendue de leur savoir.

(62.5)
Les esprits exceptionnels de Platon, d'Aristote, de Pline et de Socrate, par exemple, n'a pas assez influencé les hommes pour qu'ils désirent sacrifier leur vie pour leurs doctrines. Tandis que certains de ces hommes simples - les prophètes - ont remué si profondément l'humanité, que des milliers d'êtres ont volontairement subi le martyre pour soutenir leurs paroles, car ces paroles étaient inspirées par l'esprit de Dieu.

(62.6)
Les prophètes de Juda et d'Israël: Elisée, Jérémie, Esaïe et Ezéchiel furent des hommes humbles, comme le furent également les apôtres de Jésus-Christ.

(62.7)
Pierre, le chef des apôtres, avait l'habitude de partager le produit de sa pêche en sept parts, une pour chaque jour; et quand il arrivait à la septième, il savait que c'était le jour du Sabbat. Réfléchissez à ceci ! Et puis considérez la condition et la gloire où il parvint, parce que le Saint-Esprit avait accompli de grandes oeuvres à travers lui.

(62.8)
Nous nous rendons compte que l'Esprit saint est la source d'énergie dans la vie humaine. Quiconque obtient cette force est capable d'influencer tous ceux avec lesquels il entre en contact.

(62.9)
Sans cet esprit, les plus grands philosophes sont impuissants, leur âme est sans vie, leur coeur est mort. Si l'Esprit saint ne vibre pas dans leur âme, ils ne peuvent faire oeuvre utile.

(62.10)
Aucun Système de philosophie n'a jamais été capable de transformer les moeurs et les coutumes d'un peuple pour les améliorer.

(62.11)
De savants philosophes, privés de la lumière de l'esprit divin, furent souvent des hommes de moralité inférieure, ne manifestant pas dans leurs actes la sincérité de leurs beaux discours.

(62.12)
La différence entre les philosophes spirituels et les autres apparaît dans leurs vies. L'instructeur spirituel prouve sa conviction dans la valeur de sa propre doctrine en vivant lui-même ce qu'il recommande aux autres.

(62.13)
Un homme humble, sans instruction, mais rempli de l'Esprit saint est plus puissant que l'érudit le plus accompli de noble naissance, mais dénué de cette inspiration divine.

(62.14)
Celui qui a été formé par cet esprit divin peut, pendant sa vie, guider les autres vers ce même esprit.

(62.15)
Je prie pour vous afin que vous soyez inspirés par le souffle de l'esprit divin et que, par votre entremise, les autres puissent être éclairés.

(62.16)
La vie et la moralité d'un être spirituel sont par elles-mêmes un mode d'éducation pour ceux qui le connaissent.

(62.17)
Ne pensez pas à vos capacités personnelles qui sont limitées. Attachez-vous seulement à faire prospérer le royaume de gloire.

(62.18)
Considérez l'influence de Jésus-Christ sur ses apôtres, puis songez à l'action de ceux-ci sur le monde. Ces hommes modestes furent capables de répandre les bonnes nouvelles par le pouvoir de l'Esprit saint.

(62.19)
Puissiez-vous tous recevoir l'assistance divine ! Aucun talent n'est limité quand il est guidé par l'esprit de Dieu.

(62.20)
La terre n'a, par elle-même, aucune vie qui lui soit propre. Si le soleil et la pluie ne viennent pas la fertiliser, elle reste sèche et stérile. Pourtant, la terre n'a pas à se lamenter de ses propres limitations.

(62.21)
Puisse la vie vous être donnée ! Puissent la pluie de la grâce divine et la chaleur du Soleil de Vérité rendre vos jardins fertiles afin que fleurissent en abondance d'admirables fleurs d'amour au parfum exquis.

(62.22)
Détournez votre attention de votre propre moi limité et fixez-la sur la splendeur éternelle. Vos âmes recevront alors pleinement la force divine de l'esprit et les bénédictions de la bonté infinie.

(62.23)
Si vous vous préparez ainsi, vous deviendrez une torche enflammée dans le monde, une étoile de direction, un arbre chargé de fruits. Vous changerez toute douleur en joie et toute obscurité en lumière, par le rayonnement du soleil de la grâce et les bienfaits infinis des bonnes nouvelles.

(62.24)
Voici ce qu'on entend par puissance de l'Esprit saint, puissance que je prie Dieu de répandre généreusement sur vous.


63. Conclusion d'Abdu'l-Bahá sur les onze principes expliqués

(63.1)
Pendant ces réunions où nous nous sommes entretenus les uns avec les autres, vous avez tous appris à connaître les principes de cette révélation et la réalité des faits.

(63.2)
A vous, il a été donné de connaître ces choses, mais quantité de gens demeurent encore privés de lumière et plongés dans la superstition. Ils ne savent que peu de chose au sujet de cette cause éminente et glorieuse, et la connaissance qu'ils en ont est basée principalement sur des "on dit". Les informations de ces pauvres gens ne sont pas, hélas, basées sur la vérité.

(63.3)
Le fondement de leur croyance n'est pas l'enseignement de Bahá'u'lláh. Assurément, il y a une part de vérité dans ce qu'on leur a dit, mais pour la plupart, leurs informations sont inexactes. Les véritables principes de la cause bénie de Dieu sont les onze lois que je vous ai données, et que je vous ai soigneusement expliquées une par une.

(63.4)
Il faut vous efforcer de vivre et d'agir toujours en conformité absolue avec les enseignements et les lois de Bahá'u'lláh afin qu'en tous vos actes, chacun puisse voir que vous êtes, en paroles et en actions, des disciples de la Perfection bénie.

(63.5)
Faites tous vos efforts pour que cette cause glorieuse puisse envelopper le monde et pour que la spiritualité pénètre le coeur de tous les hommes. Le souffle de l'Esprit saint vous confirmera, et quoique bien des gens se lèveront contre vous, ils n'auront pas la prédominance sur vous.

(63.6)
Quand le Seigneur Christ fut couronné d'épines, il savait que tous les diadèmes du monde étaient à ses pieds. Toutes les couronnes terrestres, si brillantes, si puissantes, si resplendissantes qu'elles fussent, s'inclinèrent en adoration devant la couronne d'épines. C'est en vertu de cette connaissance sûre et certaine qu'il parlait, quand il disait: "Tout pouvoir m'est donné au ciel et sur la terre." [voir Matthieu 28.18]

(63.7)
Aujourd'hui, je vous dis: gardez ceci en vos coeurs et en vos esprits. En vérité, votre lumière éclairera le monde entier, et votre spiritualité agira profondément sur les choses. Vous deviendrez véritablement les torches enflammées du globe. Ne craignez rien, ne soyez pas effrayés, car votre lumière traversera les ténèbres les plus épaisses. C'est la promesse de Dieu que je vous donne. Levez-vous et servez la puissance de Dieu !


64. La dernière réunion

(64.1)
Quand j'arrivai pour la première fois à Paris il y a quelque temps, je regardai autour de moi avec beaucoup d'intérêt, et en mon esprit, je comparai cette superbe ville à un grand jardin. J'en examinai le terrain avec un soin bienveillant et beaucoup d'attention. Je le jugeai très bon et dans des conditions favorables pour y établir de fermes croyances et une foi inébranlable, car une semence de l'amour de Dieu avait été jetée dans ce terrain.

(64.2)
Les nuages de la grâce céleste l'arrosèrent de leurs pluies, le Soleil de Vérité inonda de ses chauds rayons les jeunes semences, et l'on peut voir aujourd'hui, parmi vous, la naissance de la croyance.

(64.3)
Le grain enfoui dans le sol a commencé à lever et vous le verrez grandir de jour en jour. Les bontés du royaume de Bahá'u'lláh produiront en vérité une merveilleuse moisson.

(64.4)
Ecoutez ! Je vous apporte de bonnes et heureuses nouvelles. Paris deviendra un jardin de roses. Toutes sortes de magnifiques fleurs pousseront et s'épanouiront dans ce jardin, et la renommée de leur parfum et de leur beauté se répandra dans tous les pays.

(64.5)
Quand je pense au Paris de l'avenir, il me semble le voir baigné dans la lumière de l'Esprit saint. En vérité, nous sommes à l'aube du jour où Paris sera illuminé, où la bonté et la miséricorde de Dieu seront perçues par chaque créature vivante.

(64.6)
Ne laissez pas votre esprit s'attarder sur le présent, mais regardez vers l'avenir avec les yeux de la foi car, en vérité, l'esprit de Dieu travaille parmi vous.

(64.7)
Depuis mon arrivée, il y a quelques semaines, j'ai pu voir grandir la spiritualité. Au début, quelques personnes seulement venaient à moi pour être éclairées; mais durant mon court séjour ici, le nombre de visiteurs a doublé. Voilà une promesse pour l'avenir.

(64.8)
Quand le Christ fut crucifié et quitta ce monde, il n'avait que onze disciples et très peu de fidèles. Mais comme il servait la cause de la vérité, voyez aujourd'hui le résultat de l'oeuvre accomplie pendant sa vie. Il a illuminé le monde et donné la vie à une humanité morte. Après son ascension, sa cause progressa peu à peu, les âmes de ses fidèles devinrent de plus en plus éclairées, et le délicieux parfum de leurs vies saintes s'est répandu partout.

(64.9)
Aujourd'hui, grâce à Dieu, les mêmes circonstances se reproduisent pour Paris. Bien des âmes se sont tournées vers le royaume de Dieu et sont attirées par l'unité, l'amour et la vérité. Tâchez de travailler si bien, que la grâce et la bonté d'Abhá puissent envelopper tout Paris. [nota : Abhá signifie le Père, Dieu, ou la beauté, la gloire, la splendeur]

(64.10)
Le souffle de l'Esprit saint vous aidera, la lumière céleste du royaume brillera en vos coeurs et, du haut du ciel, les anges bénis de Dieu vous donneront force et assistance.

(64.11)
Remerciez donc Dieu de tout votre coeur d'avoir obtenu ce bienfait suprême. Une grande partie du monde est plongée dans le sommeil, mais vous avez été éveillés. Beaucoup sont aveugles, mais vous, vous voyez.

(64.12)
Vous avez répondu à l'appel du royaume. Gloire à Dieu ! Vous êtes nés de nouveau, vous avez été baptisés par le feu de l'amour de Dieu. Vous avez été plongés dans l'océan de vie et régénérés par l'esprit d'amour. Soyez reconnaissants envers Dieu d'une telle faveur.

(64.13)
Ne doutez jamais de sa bonté ni de sa tendre bienveillance, mais ayez une foi inaltérable dans les bienfaits du royaume.

(64.14)
Soyez unis par l'amour fraternel et prêts à sacrifier votre vie l'un pour l'autre, pas seulement pour ceux qui vous sont chers, mais pour toute l'humanité.

(64.15)
Considérez la race humaine tout entière comme les membres d'une seule famille, tous enfants de Dieu. En agissant ainsi, vous ne trouverez aucune différence entre eux.

(64.16)
On peut comparer l'humanité à un arbre qui possède des branches, des feuilles, des boutons et des fruits. Imaginez tous les êtres comme des fleurs, des feuilles ou des boutons de cet arbre, et essayez d'aider chacun et tous à concevoir et apprécier les bénédictions de Dieu.

(64.17)
Dieu ne néglige personne, Il aime chacun.

(64.18)
La seule différence réelle entre les gens se trouve dans le degré de leur développement. Certains sont imparfaits et doivent être dirigés en vue de se perfectionner. D'autres sont assoupis, il faut les éveiller. Quelques-uns sont négligents et doivent être stimulés. Mais tous, les uns comme les autres, sont les enfants de Dieu. Aimez-les de tout votre coeur. Nul n'est un étranger pour les autres, tous sont des amis.

(64.19)
Ce soir, je viens pour vous faire mes adieux. Mais retenez bien ceci: Bien que nos corps puissent être très loin les uns des autres, nous serons toujours unis en esprit. Je garde chacun de vous en mon coeur. Je n'en oublierai aucun, et j'espère qu'aucun de vous ne m'oubliera.

(64.20)
Moi en Orient et vous en Occident, essayons de tout notre coeur et de toutes nos forces de faire régner l'unité dans le monde, pour que tous les êtres forment un seul peuple, et que toute la terre soit comme un seul pays, car le Soleil de Vérité brille sur tous de la même manière.

(64.21)
Tous les prophètes de Dieu sont venus pour l'amour de cet objectif grandiose. Voyez comment Abraham s'efforça d'amener le peuple à la foi et à l'amour, comment Moïse essaya d'unir les hommes par de saines lois, comment le Seigneur Christ souffrit jusqu'à la mort pour apporter la lumière de l'amour et de la vérité à un monde enténébré.

(64.22)
Voyez comment Muhammad chercha à établir l'unité et la paix entre les différentes tribus sauvages au milieu desquelles il vivait. Et le dernier de tous, Bahá'u'lláh, a souffert quarante années pour la même cause, dans le seul et noble dessein de répandre l'amour parmi les enfants des hommes. Et c'est pour la paix et l'unité du monde que le Báb sacrifia sa vie.

(64.23)
Aussi, efforcez-vous de suivre l'exemple de ces êtres divins; désaltérez-vous à leur source, et que leur lumière vous illumine.

(64.24)
Soyez comme des symboles de la miséricorde et de l'amour de Dieu, comme des pluies et des nuées de grâce, comme des soleils de vérité pour le monde. Transformez-vous en armée céleste et vous ferez vraiment la conquête de la cité des coeurs.

(64.25)
Soyez reconnaissants envers Dieu que Bahá'u'lláh vous ait donné une fondation ferme et solide. Il n'a pas laissé place à la tristesse pour les coeurs, et les écrits de sa plume sacrée offrent la consolation pour le monde tout entier.

(64.26)
Il possédait les paroles de vérité, et tout ce qui est contraire à son enseignement est faux. Le but essentiel de toute son oeuvre fut d'abolir les divisions.

(64.27)
Le testament de Bahá'u'lláh est une pluie de bonté, un soleil de vérité, une eau de vie. C'est l'Esprit saint. Aussi, ouvrez vos coeurs à la pleine puissance de sa beauté, et je prierai pour vous tous, afin que cette joie puisse être la vôtre.

(64.28)
Maintenant je vous dis: "Au revoir". Ceci, je le dis seulement à votre personne visible; je ne le dis pas à votre âme, car nos âmes seront toujours ensemble.

(64.29)
Armez-vous de courage et soyez certains que, jour et nuit, le me tournerai en supplication pour vous vers le royaume d'Abhá, afin que, de jour en jour, vous puissiez devenir meilleurs, que vous soyez plus saints, plus près de Dieu, et de plus en plus illuminés par le rayonnement de son amour.


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